Texte
Hyginus Thalassius (1654)
alias Pierre De Mercenne,
Brevis Destructio de la
première Responsio (1652)
de Jean ii Riolan (1654) :
chapitre iv  >

[Page 207 | LAT | IMG]

Les principaux arguments de Riolan
contre les lactifères thoraciques sont démolis
[1][2]

Dans les précédents chapitres, j’ai défendu la bonne réputation de bien chers amis, [3][4] que la loi m’ordonnait de protéger en repoussant les invectives de Riolan à leur encontre. Dans ce chapitre-ci, il vaut maintenant la peine de réfuter les principaux arguments qu’il a avancés, comme « un balai dénoué », [5] contre l’existence des lactifères thoraciques. [1]

Si les neuf arguments contre les lactifères thoraciques que j’ai choisis dans le présent chapitre lui déplaisent, parce que seuls trouvent grâce à ses yeux ceux qu’il a exposés dans sa conclusion contre les lactifères, [51] alors je regroupe tous lesdits arguments et leur procure cette résolution tout à fait certaine et nécessaire : i. si les innombrables lactifères mésentériques ne peuvent se résoudre en deux fins canaux thoraciques, ii. s’ils ne peuvent délivrer le chyle en quantité proportionnée à celle du sang qui jaillit du cœur, iii. si le réservoir du chyle s’efface sous le poids du mésentère et des intestins, iv. si les lactifères sont étouffés par la graisse, v. si le chyle qu’ils contiennent n’est ni poussé, ni attiré, ni capable de s’écouler spontanément, vi. si les veines chylifères rompent, vii. si le chyle est souillé par les ordures de la bile, viii. si le chyle est incapable de monter au cœur en raison de la distance à parcourir, ix. si le chyle peut nuire au cœur et aux poumons ; alors, selon Riolan, les fibres manqueront au sang veineux, le ferment manquera au sang artériel, la nutrition manquera à diverses parties du corps qui ont besoin d’un aliment distinct, comme les os et leur moelle, la reproduction et la réparation manqueront de la graisse qu’on trouve partout dans le corps, l’humeur pituiteuse enfin manquera d’un lieu où se former et s’épaissir. Telles sont en effet toutes les fonctions [Page 227 | LAT | IMG] qu’il a attribuées aux lactifères thoraciques aux pages 187‑188 de sa Responsio : voilà la palinodie qu’il y chante ; [52] voilà comme il établit l’utilité de veines qu’il avait entrepris de culbuter par un grand concours d’arguments. Non seulement il les confirme, mais il leur conçoit de telles fonctions que pas un instant la vie ne pourrait se faire sans elles. Voici l’ordre et la séquence de la Responsio que Riolan a donnée aux Experimenta nova anatomica : d’abord, pages 144‑145, il reconnaît l’existence des lactifères thoraciques, puis il la nie sur des arguments qu’il expose pages 147‑149, et surtout pages 143, 164, 181 ; il l’admet à nouveau ensuite et énonce les fonctions nécessaires des lactifères pages 187‑188 ; et finit par réfuter de nouveau leur existence en recourant dix fois au même raisonnement page 191. C’est ainsi que le vieillard tombe puis se relève, puis tombe encore et titube en permanence ; mais il ne dresse aucun procès-verbal de ses propos, et ne tient rien pour certain et solide, il a pour habitude in diem vivere, comme dit le proverbe. [53][130] Il disait page 181, ligne 12, « il est impossible que le chyle soit porté au cœur en raison de la distance », mais le contraire, page 187, ligne 20 : « Le chyle se déverse dans le tronc de la veine cave près des axillaires, afin qu’une portion du sang, s’étant épaissie par le mélange de ce chyle, s’attarde dans le cœur, et y serve, comme d’un levain plus chaud et plus acide, à la préparation du nouveau sang artériel ». [22] Comment le chyle mélangé au sang peut-il s’attarder dans les fossettes du cœur s’il lui est impossible d’y pénétrer ?

Il dit page 153, « Il est vrai que les lactifères existent chez l’homme, comme je l’ai jadis publiquement démontré, avec admiration de l’auditoire, avant même la publication d’Aselli » ; mais au contraire, pages 184‑185, « Bien qu’elles existent dans les animaux bien repus, en leur ouvrant le ventre quatre heures après, il ne s’ensuit pas qu’il s’en puisse trouver d’identiques chez les hommes ; et s’il s’y en rencontre, je crois que ce sont de petites branches du rameau mésaraïque de la veine porte » : le voilà qui met en doute des veines qu’il a dit un peu plus haut avoir démontrées publiquement.

[Page 228 | LAT | IMG] Page 153, « Si ces veines lactées et ce réservoir du chyle existent chez les bêtes, il ne va pas de soi qu’on les trouve chez l’homme, jamais vous ne les y verrez à moins de le disséquer vivant » ; mais à la dernière ligne de la même page, c’est le contraire, « J’entreprendrai d’observer cela sur des condamnés à la pendaison qu’on aura complaisamment nourris à satiété avant de les exécuter et dont on aura ouvert le corps immédiatement après, s’il m’est permis par les juges et les confesseurs de gaver des suppliciés ». [131]

De même, pages 169‑170, il veut que chez l’homme une portion du chyle que les lactifères ont fait couler dans la veine cave rende les urines laiteuses, et que « le surnageant blanchâtre qu’on voit à la surface du sang recueilli dans un récipient soit du chyle qui s’est corrompu à l’intérieur de la veine cave » ; voyez aussi page 188 de la Responsio[54][132]

Enfin, Guiffart avait écrit sæpius in cadaveribus humanis observatum est, magnam chyli corrupti copiam à receptaculo intra viscerum spatia profusam, quam ob similitudinem decepti medici arbitrabantur pus esse quoddam liquidius, ideóque abscessum aut vomicam [133] per omnes abdominis partes frustra perquirendo, tempus consumpserunt ; à quoi, page 218 de son Admonitio, Riolan répond Istam observationem laudo, addo ex insertione illarum venarum lactearum ad truncum cavæ iuxta emulgentes nonnunquam urinas fluere puriformes, sine ullo renum aliorumque viscerum præcedente ulcere ; interdum etiam per intestina eadem purulentia lactiformis effluit, vel sincera, vel stercoribus permixta, sine ullo dolore intestinorum, quæ reputatur manare à mesenterio ulcerato et abscessum passo. Cum tamen procedat ab ista collectione chyli in magna glandula mesenterij, [134] et in venis lacteis, qui in eas partes protrusus fuit. Idem in thorace contingere potest ruptis istis tubis chyliferis, quod est funestum, ut in ruptura earumdem venarum lactearum in abdomine, nisi venæ illæ lacteæ exarescant, ad sistendum fluorem continuum chyli, atque vacuata fuerit purulentia [Page 229 | LAT | IMG] in abdomine vel thorace diffusa et collecta[55][135] Riolan ne confirme-t-il pas ici, plus clairement que le Soleil en plein midi, l’existence des lactifères thoraciques chez l’homme ? Étant naturâ lynces insitum habent ne post tergum respicientes meminerint priorum, et mens perdat quod oculi videre desierint[56][136] en heureux sacrifice à la vérité, il oublie entièrement ses précédents arguments. Pour que dorénavant sa légèreté de voltigeur ne le fasse plus si souvent changer d’avis, qu’il apprenne de Salomon que « la langue de la vérité est affermie pour jamais ». [57][137][138]


1.

Scopæ dissolutæ, « un balai dénoué », est un adage qu’Érasme a commenté (adage no 495) :

Cicero […] in Oratore profecto agens contra eos, qui numeros orationis contemnunt, scopas dissolvere dixit pro eo, quod est : rem prorsus inutilem efficere. Nam scopæ colligatæ et speciem videntur habere qualemcumque et ad verrendum pavimentum sunt accommodatæ. Porro si dissolveris, nihil inutilius, nihil inelegantius.

[Cicéron (…), dans L’Orateur, s’insurgeant vivement contre ceux qui méprisent l’agencement d’un discours, dit qu’ils ont désuni leur balai, car ils sont parfaitement inefficaces : nouées autour d’un bâton, les brindilles forment un balai qui sert à nettoyer le sol ; mais si tu les en détaches, elles perdent toute cohérence et toute utilité].

Hyginus Thalassius se méprenait en attaquant l’opinion de Jean ii Riolan adversus Lactearum Thoracicarum hyparxim, c’est-à-dire « contre l’existence des lactifères thoraciques » (en prenant υπαρξις dans le sens que lui donne le dictionnaire Bailly) : Riolan niait en effet la fonction des lactifères pecquétiens dans la sanguification cardiaque, mais sans émettre de doute sur leur réalité anatomique.

2.

Deuxième partie de la première « Réponse » de Jean ii Riolan (1652) aux « Expériences anatomiques nouvelles » de Jean Pecquet (1651) : dans ce chapitre, Hyginus Thalassius cite abondamment la Responsio ; j’ai traduit en français et mis entre guillemets ces extraits, même s’ils ne sont pas toujours parfaitement textuels, parce qu’ils sont fidèles aux critiques de Riolan.

3.

Préface de la Responsio, page citée :

« Voyant ces débats, Aselli, très savant anatomiste de Pavie, en ouvrant l’abdomen de chiens vivants, y a découvert des veines lactées qui sont séparées des veines mésaraïques, lesquelles se portent vers le foie sans se réunir en un tronc commun, mais sous la forme de trois ou quatre branches. »

4.

La « deuxième lettre » est celle de Pierre De Mercenne (alias Hyginus Thalassius) à Jean Pecquet ; elle est identique dans les deux éditions des Experimenta nova anatomica (1651 et 1654), mais ne contient pas de renvois explicites à ces références peu spécifiques d’Hippocrate et Aristote sur la préférence de la nature pour la simplicité.

5.

Les trois étapes successives de la digestion (coction) des aliments étaient assurées par :

  1. l’estomac, qui préparait le chyme, précurseur du chyle, ou mélange nutritif débarrassé de ses impuretés grossières ou terrestres (végétaux et minéraux indigestes), vouées à passer dans les fèces ;

  2. l’intestin grêle, qui absorbait le chyle ;

  3. le foie qui, parmi maintes éminentes fonctions, produisait et éliminait la bile contenue dans le sang, et dont l’imperfection provoquait l’apparition d’un ictère (jaunisse).

Le sérum (partie liquide du sang) devait gagner les reins pour être purifié, en l’étant aussi par tous les « pores » du corps (cutanés ou muqueux, v. note [10], Dissertatio anatomica, chapitre v).

Tout cela était alors parfaitement admis, mais s’est depuis avéré simpliste et partiellement erroné.

6.

Abrégé des deux derniers paragraphes de la page indiquée, dans la 5e partie de la Responsio (Discours de Jean ii Riolan contre la nouvelle doctrine des veines lactées).

7.

Ici comme dans son huitième argument (v. infra note [27]), Hyginus Thalassius (Pierre De Mercenne) optait pour l’existence de deux chyles, que Thomas Bartholin avait défendue dans le chapitre xv de son Historia anatomica (1652, v. sa note [2]).

Pour De Mercenne, le sang était fait dans le foie et parfait dans le cœur, mais il se fondait sur d’obscures conjectures : v. notes [15][20], Nova Dissertatio de Jean Pecquet, expérience i, pour la distinction complexe entre diarrhées chyleuse et hépatique (lientérie, avec excréments ressemblant à la lavure de viande).

De Mercenne n’a pas publié d’autre livre. Des quatre thèses qu’il a présidées à la Faculté de médecine de Paris, sa cardinale du 7 avril 1661 a très utilement approfondi la pertinente hypothèse qu’il énonçait ici ; mais sa quodlibétaire du 1er décembre 1661 a abouti à cette décevante conclusion : Ergo Hippocratis medendi Methodus posterorum inuentis mutari non potest [Les découvertes faites pas ceux qui ont suivi Hippocrate ne peuvent pas changer la méthode qu’il a établie pour remédier] ; v. note [1], Brevis Destructio, chapitre v, pour sa conclusion négative.

8.

Livre ii, chapitre xix, Du Mésentère, ou fraise, qui est au milieu des boyaux, dans l’édition française du Manuel anatomique et pathologique de Jean ii Riolan, avec ce long avis sur les lactifères (Paris, 1661, page 165) : {a}

« La quatrième espèce de ces vaisseaux comprend les veines différentes des autres, que l’on appelle les veines lactées, desquelles Aselli a été le premier inventeur, et il est hors de raison d’en douter maintenant, puisque c’est une chose fort commune, et que tous ceux qui se veulent donner la peine de les chercher en un animal vivant, demeurent d’accord qu’elles s’y rencontrent. Tout ce qui donne de la peine est de savoir de quelle sorte elles sont parsemées et conduites en ce lieu, d’autant que nous remarquons, après avoir fait l’ouverture d’un animal vivant, qui a été rempli de beaucoup de nourriture, une grande quantité de veines qui sont de la couleur du lait et qui sont séparées en divers endroits de la fraise ; mais les unes aboutissent au pancréas, ou grosse glande du mésentère, de laquelle fait mention Vésale, où se fait la rencontre de la plus grande partie des veines mésaraïques ; {b} les autres au foie, les autres à la veine cave, n’y en ayant point qui aille à la rate. Et l’on ne voit point que ces veines s’assemblent en un gros tronc, comme fait la veine porte ; tout ce que l’on peut conjecturer étant que leur origine et fondement est dans le pancréas, et que de là elles se répandent en divers endroits.

Si les veines lactées s’insèrent et aboutissent dans le tronc de la veine cave, n’est-ce point pour ce sujet que nous voyons souvent les urines lactées sans qu’il y ait aucune purulence dans les reins, le chyle s’étant transporté dans la veine cave, qui l’évacue ensuite dans les reins. {c}

La rencontre que l’on a fait de ces veines lactées coupe le pied à quantité de difficultés que l’on avait autrefois, touchant le passage du sang et du chyle par le même canal, puisque ces veines lactées sont faites pour porter cette dernière humeur au foie, et que le sang qui doit servir de nourriture aux boyaux est porté par les veines mésaraïques que nous avons ci-dessus décrites. {d} Et ainsi, les unes peuvent être bouchées sans que les autres le soient, et la nourriture peut être empêchée d’aller aux boyaux sans que, pour cela, le cours du chyle ou de l’humeur, qui va des boyaux au foie, en soit corrompu ; ce qui est assez considérable pour n’être pas trompé {e} dans la guérison que l’on entreprend des maladies qui arrivent dans le ventre. »


  1. Traduction fort enjolivée et augmentée de l’Encheiridion anatomicum et pathologicum (Paris, 1658, v. note [3], Responsiones duæ, Avertissement au lecteur), chapitre xviii, pages 112‑113.

  2. Sic pour les lactifères du mésentère, et non pour ses veines sanguines.

  3. Confusion entre la chylurie vraie (très rare alors comme aujourd’hui, v. notule {h}, note [55] infra) et l’évacuation d’un abcès froid (bien plus fréquente alors, v. infra note [23]).

  4. Pour Riolan, tout le chyle mésentérique était blanc et gagnait le foie. Il n’envisageait pas, comme faisait Hyginus Thalassius, qu’une partie s’en rende au foie en passant par les veines sanguines du mésentère.

  5. Méconnu.

9.

Les deux voies imaginées par Hyginus Thalassius n’avaient pas pour intérêt de véhiculer des nutriments de différentes natures, mais d’offrir deux passages anatomiques au chyle : en plus de permettre sa purification, le chemin hépatique pouvait suppléer aux défaillances du chemin thoracique. Cela n’est plus concevable aujourd’hui car le foie n’est pas capable de digérer le chyle laiteux brut.

10.

Ces deux observations de cachexie (dénutrition profonde) progressive ne démontrent pas, tant s’en faut, qu’elle était due à une obstruction des lactifères mésentériques compensée par la digestion hépatique du chyle.

11.

« Car les eaux se gâtent si elles croupissent », Ovide. {a}

V. notes [25], Brevis Destructio, chapitre iii, et [25], Responsio ad Pecquetianos, 4e partie, pour les ligatures expérimentales du mésentère puis de la veine porte chez l’animal vivant, dont Jean ii Riolan jugeait les résultats impossibles ou faux.

Une note marginale d’Hyginus Thalassius renvoie à deux passages du Ioannis Riolani Tractatus de Motu Sanguinis eiusque Circulatione vera ex doctrina Hippocratis [Traité de Jean Riolan sur le Mouvement du sang et sa véritable Circulation, conformément à la doctrine d’Hippocrate]. {b}

12.

« La nature de l’homme imite celle du monde : le flux et le reflux n’existent que sur les rives de l’Océan, il n’y a pas de marée en mer Méditerranée ; {a} de même, dans le corps humain, le sang de la veine porte ne circule pas, seul le fait celui qui est contenu dans les très grands vaisseaux que sont l’aorte et les veines caves. » {b}


  1. V. note [4], lettre de Riolan à la Compagnie des docteurs régents de la Faculté de médecine de Paris.

  2. Ioannis Riolani Responsio ad Harvei primam Exercitationem de Circulatione sanguinis [Réponse de Jean ii Riolan aux deux derniers Essais anatomiques de William Harvey… sur la Circulation du sang] (Paris, 1652, v. note [14], première Responsio de Riolan, 2e partie) ; chapitre v, Harvei rationes contra secundam propositionem examinantur et refutantur [Examen et réfutation des raisons que Harvey oppose à ma deuxième proposition], page 20, avec quelques minimes adaptations du latin.

13.

« elle passe sous la terre par des chemins cachés, puis apparaît au grand jour et retourne dans la mer ; après avoir été secouée en traversant les multiples anfractuosités des sols, elle perd son amertume et devient douce » ; Sénèque le Jeune, Questions naturelles, livre iii, chapitre v :

Quidam judicant, terram, quidquid aquarum emisit, rursus accipere, et ob hoc maria non crescere, quia quod influxit, non in suum vertunt, sed protinus reddunt. Occulto enim itinere subit terras, et palam venit, secreto revertitur, colaturque in transitu mare : quod per multiplices anfractus terrarum verberatum, amaritudinem ponit, et pravitatem saporis in tanta soli varietate exuit, et in sinceram aquam transit.

[Certains jugent que la terre réabsorbe l’eau qu’elle a produite, et de fait, les mers ne grossissent pas car elles gardent pas l’eau qui s’y écoule, mais la rendent aussitôt : elle passe sous la terre par des chemins cachés, puis apparaît au grand jour et retourne dans la mer. Elle est filtrée pendant ce parcours : après avoir été secouée en traversant les multiples anfractuosités des divers sols qui la captent, elle perd son amertume et sa salinité, et devient douce].

Pour résumer ces tortueuses explications : le va-et-vient des marées océaniques n’est pas une vraie circulation, mais Jean ii Riolan en faisait un modèle pour le mouvement du sang dans la veine porte, puisque ses extrémités étaient borgnes ; mais il imaginait des anastomoses entre artères et veines qui permettaient la circulation ailleurs ; pour Hyginus Thalassius, au contraire, la véritable circulation était celle de l’eau de la mer qui, selon Sénèque, pénètre dans la terre pour ressortir dans les fleuves et les lacs après avoir été filtrée. Cela cherche à préfigurer, « à l’aveuglette », le réseau capillaire sanguin (v. notes [1] et [2], Dissertatio anatomica, chapitre v).

14.

Une telle conception de la peau surprend aujourd’hui mais était alors fort répandue : ses pores sudoraux et sébacés en faisaient un émonctoire (v. note [8], Nova Dissertatio, expérience iii) de première importance étant donné l’étendue du tégument. Cette fonction est réelle mais il est fort exagéré d’associer toutes les maladies de la peau au dépôt des « ordures » qu’elle est supposée éliminer.

Les idées du xviie s. sur les affections citées sont résumées dans les notes Patin :

15.

« et d’où il se plaît très souvent à sourdre dans les veines » ; Pline l’Ancien, Histoire naturelle, livre iii, chapitre ii, à propos du Guadiana, fleuve hispano-portugais qui parcourt le sud-ouest de la péninsule ibérique (Littré Pli, volume 1, page 154) :

Ortus hic in Laminitano agro citerioris Hispaniæ, et modo se in stagna fundens, modo in angustias resorbens, aut in totum cuniculis condens, et sæpius nasci gaudens, in Atlanticum Oceanum effunditur.

« Ce fleuve, qui a sa source dans le territoire de Laminium, < en > Espagne citérieure, tantôt s’épanche en nappes, tantôt se resserre dans un chenal étroit, ou même disparaît absolument dans des trajets souterrains, comme s’il se plaisait à naître plus d’une fois, {a} et finit par se jeter dans l’océan Atlantique. »


  1. La traduction que je donne au début de la présente note, avec « très souvent à sourdre » au lieu de « à naître plus d’une fois », m’a paru mieux adaptée au contexte : pénétration du sang artériel dans les capillaires (alors virtuels) et dans les tissus, suivie de son passage dans les veines.

Les humeurs corporelles (microcosme) correspondaient aux humeurs terrestres (macrocosme) : la bile jaune au feu, la pituite à l’eau, la bile noire à la terre, le sang à l’air (vnote Patin 4/9042).

16.

Avec sa laborieuse (mais somme toute pertinente) comparaison entre l’irrigation du sol par l’eau et celle des tissus par le sang artériel, Hyginus Thalassius est allé le plus loin qu’il pouvait dans ses intuitions sur la fonction des capillaires, sans craindre de se faire sévèrement tancer par Jean ii Riolan qui, pour sa part, ne croyait que dans les synanastomoses (v. note [1], Dissertatio anatomica, chapitre v) qu’il prétendait voir entre les veines et les artères en de multiples endroits.

17.

« Le jour au jour en publie le récit », Psaumes, 18:3, sur la gloire de Dieu : pour dire, me semble-t-il, qu’il faut passer d’un sujet à un autre qui en est proche.

18.

Cet obscur propos de Jean ii Riolan est expliqué dans la note [7] de sa première Responsio, 2e partie.

19.

Cette objection de Jean ii Riolan est expliquée dans la note [22] de sa première Responsio, 4e partie.

20.

Une note marginale renvoie à la page 144 qui, comme la page 145 (sur la démonstration de Jean Gayan), appartient à la préface de la Responsio. Hyginus Thalassius trouvait malicieux l’adjectif « pecquétiens », percquetianos, que Jean ii Riolan avait inventé pour qualifier les canaux « lactés thoraciques », lacteos thoracicos, comme pour faire entendre qu’ils existaient, mais ne servaient à rien puisqu’ils ne contenaient pas de chyle : pecquetianus était donc bien un mot « vide de sens », inane nomen.

21.

Deux extraits du premier livre des Institutions Pyrrhoniennes de Sextus Empiricus, {a} expliquent cette érudite saillie d’Hyginus Thalassius contre Jean ii Riolan.

22.

Extrait du Discours contre la nouvelle doctrine des veines lactées, à la page indiquée (première Responsio de Jean ii Riolan, 5e partie), mais dans une traduction plus fidèle que celle de Sauvin (1661).

V. note [41], Responsio ad Pecquetianos, 4e partie, pour la surprenante réplique de Riolan à cette critique d’Hyginus Thalassius sur ses incohérences.

23.

« cela est mortel, tout comme quand les lactifères rompent dans l’abdomen » : v. infra note [55] pour la source et le commentaire de cette citation qu’Hyginus Thalassius a reprise et développée à la fin du présent chapitre.

Les épanchements chyleux du tronc (chylothorax et ascite chyleuse) sont très rares de nos jours. Ils devaient l’être tout autant alors, et ceux que les médecins considéraient comme tels correspondaient à des collections purulentes, notamment consécutives aux ruptures des abcès tuberculeux, dits abcès froids (car sans inflammation ni douleur) et contenant un pus appelé caséum, pour sa ressemblance avec du lait caillé.

24.

Sauf très complaisante mauvaise foi, les deux autopsies qu’Hyginus Thalassius a rapportées dans sa discussion du premier argument (v. supra note [10]) sont très loin d’avoir démontré ce qu’il dit ici de l’obstruction des deux canaux thoraciques.

À la fin de la 2e partie de sa première Responsio (page 152, v. sa note [21]), Jean ii Riolan avait écrit : « si vos deux veines lactées thoraciques se trouvent obstruées, c’en est fini de la vie car le chyle ne parvient plus au cœur. »

Heureusement rarissime, l’occlusion des deux canaux thoraciques est due à un envahissement tumoral massif du médiastin postérieur et n’est pas compatible avec une longue survie.

25.

« dont le travail, comme aux paysans, se répète en un cycle perpétuel » : Virgile Géorgiques, ii, 401 ; l’opportunité de cette référence poétique est douteuse, tout comme le raisonnement qui y a conduit, mais cela marque clairement la conviction d’Hyginus Thalassius que le foie demeurait l’organe de la sanguification.

26.

Dialogue entre Socrate et Chéréphon, L’Alcyon ou la Métamorphose est un apocryphe de Platon, généralement attribué à Lucien de Samosate (vnote Patin 14/41). À quelques minimes variantes près, Hyginus Thalassius a emprunté la traduction latine de Jacobus Micyllus (Luciani Samosatensis Opera, Lyon Ioannes Frellonius, 1549, in‑fo, colonnes 44‑45) ; en voici ma traduction française :

« Nous jugeons selon les ressources de l’esprit humain, lequel est ignorant, grossier, difficile à convaincre, mais dépourvu de toute perspicacité. Nous tenons donc souvent ce qui est facile pour difficile et pour impossible à accomplir. Cela est certes parfois le fait de l’ignorance, mais plus souvent d’une certaine puérilité d’esprit, car tout homme, même bien vieux, semble n’être qu’un enfant : qu’est-ce en effet que l’enfance et la durée de notre vie face à l’éternité ? Comment donc, mon bon monsieur, quiconque pourrait-il discerner le possible de l’impossible sans connaître les volontés cachées des dieux et des déesses, qui détiennent tout pouvoir sur les forces de la nature ? À moi comme à toi et à bien d’autres, ce qui semble impossible est très facile au jugement de certains. »

27.

Aristote, De la Production et Destruction des choses, livre i, chapitre v, § 11, sur le mélange de l’eau au vin : « c’est l’élément dominant qui donne son nom au mélange, comme quand on dit que le mélange est du vin parce que le mélange entier fera l’effet de vin et non pas d’eau. »

Le point capital ici est que, fidèle à son admirable intuition sur la partition du chyle entre des voies mésentériques et thoraciques (v. supra note [7]), Hyginus Thalassius insistait sur sa portion qui se rendait au cœur. En outre, il n’admettait pas la sanguification dans le cœur, estimant que le chyle s’y mêlait seulement au sang, ce qui faisait de lui du sang.

28.

Pages 50‑51 de ce traité de Jean ii Riolan : {a}

Interea notabis me cum Hippocrate et Galeno, statuere motum arteriarum, licet alternum, dependere ab ipso Corde, nec id inficiantur Circulationis Sanguinis aduersarij. Atque cum iisdem authoribus asseuero, Sanguinem posse è venis in arterias remigrare, et in ipso ingressu, naturam arteriosi Sanguinis acquirere, alterius permixtione, qui continenter fluit è Corde ; Propterea Sanguis iste venosus è manibus, et cubito per longitudinem Aortæ progrediens, altero Sanguine à Corde prodeunte continenter rigatus, euadit æquè arteriosus, ac si per ipsum Cor et pulmones, totus fuisset traductus, per illam Circulationem Sanguinis Hauei et Vallæi, in quo plurimum ei deperit de illa perfectione arteriosi Sanguinis, quam possidet, quando ab vno ventriculo per medium pulmonem traductus, in sinistro Cordis sinu perficitur.

[Cependant, noterez-vous, j’établis, comme Hippocrate et Galien, que le mouvement des artères, bien qu’alterné, {b} dépend du cœur, et les adversaires de la circulation du sang ne le nient pas ; mais comme ces mêmes auteurs, j’affirme que le sang peut revenir des veines dans les artères et, ce faisant, il acquiert la nature du sang artériel en se mêlant à celui qui s’écoule continuellement du cœur. Ainsi, le sang veineux venant des mains et des bras, qui se répand sur toute la longueur de l’aorte et s’est mêlé à l’autre sang sortant sans interruption du cœur, devient-il pareillement artériel, {c} comme s’il avait entièrement traversé le cœur et les poumons, selon la circulation de Harvey et de Wale ; {d} mais le sang artériel y perd beaucoup de la perfection qu’il avait acquise par l’intermédiaire du poumon quand il est passé d’un ventricule < droit > dans la cavité cardiaque gauche]. {e}


  1. Paris, 1652, v. supra note [11].

  2. Battement qui fait alterner dilatation et contraction.

  3. Pour une raison qui m’échappe, cette « artérialisation » du sang veineux par mélange n’intéresserait apparemment que celui qui vient des membres supérieurs.

  4. V. note [4], lettre de Riolan à la Compagnie des docteurs régents de la Faculté de médecine de Paris.

  5. Riolan admettait une fois encore la petite circulation : v. supra notule {d}, note [11].

29.

« Aune se dit proverbialement en ces phrases : “ Cet homme mesure tout le monde à son aune ”, pour dire qu’il croit que tous les autres sont faits comme lui ; on dit, qu’“ Il ne faut pas mesurer les hommes à l’aune ”, pour dire qu’il y a de petits hommes qui ont autant de cœur et d’esprit que les grands » (Furetière).

Pline l’Ancien, Histoire naturelle, loc. cit., mais chapitre ix dans Littré Hip, volume 1, pages 106‑107, sur le calcul des éclipses solaires et lunaires :

Apud Græcos autem investigavit primus omnium Thales Milesius, Olympiadis xlviii anno quarto, prædicto solis defecti, qui Alyatte rege factus est, Urbis conditæ anno clxx. Post eos utrisuque sideris cursum in sexcentos annos præcinuit Hipparchus, menses gentium, diesque et horas, ac situs locorum, et visus populorum complexus, ævo teste, haud alio modo, quam consiliorum particeps.

« Le premier qui s’en occupa chez les Grecs fut Thalès de Milet, dans la quatrième année de la quarante-huitième olympiade (an 585 av. J.‑C.), l’an 170 de la fondation de Rome, et prédit une éclipse de Lune qui arriva sous le roi Alyatte. Après eux, Hipparque {a} dressa pour six cents ans la table du cours du Soleil et de la Lune, déterminant les mois des divers calendriers, les jours, les heures, les localités et les apects, suivant les contrées. Le cours des ans ne lui a donné aucun démenti, et il semble avoir été admis aux conseils de la nature. » {b}


  1. Hipparque de Nicée, mathématicien grec du iie s. av. J.‑C.

  2. Mise en exergue du passage emprunté par Hyginus Thalassius pour se moquer de Jean ii Riolan dont l’argument faire penser qu’il veut donner des leçons à la nature.

30.

La duplication urétérale est une anomalie bien décrite, mais très rarement bilatérale. V. notes :

Les satyres sont des « divinités champêtres, représentées comme de petits hommes fort velus, avec des cornes et des oreilles de chèvre, la queue, les cuisses et les jambes du même animal ; quelquefois ils n’ont de la chèvre que les pieds » (Fr. Noël).

31.

Le troisième paragraphe du premier argument a résumé les idées de Jean ii Riolan sur les relations entre les veines gastriques et le foie.

La référence à Galien renvoie notamment au livre iv, de L’Utilité des parties du corps, dont les premier et dernier paragraphes du chapitre ii décrivent les veines intestinales de manière fort imagée (traduction de Daremberg, volume 1, pages 280‑281) :

« Ces veines sont comme les portefaix des villes. Ceux-ci prennent le blé nettoyé dans le grenier et le portent à l’une des boulangeries communes de la cité, où il sera cuit et transformé en un aliment déjà utile : de même, les veines conduisent la nourriture élaborée dans l’estomac à un lieu de coction commun à tout l’animal, lieu que nous appelons foie. La route qui y mène, coupée de nombreux sentiers, est unique. Elle a reçu d’un ancien, habile je pense dans les choses de la nature, le nom de porte, qu’elle a gardé jusqu’à ce jour. C’est ce nom que lui donnent aussi Hippocrate et tous les disciples d’Esculape, rendant hommage à la sagesse de leur devancier qui assimila l’économie animale à l’administration d’une cité.

[…] figurez-vous que dans le corps de l’animal aucune partie ne demeure ni paresseuse ni inactive. Toutes sont douées par le Créateur non seulement d’une structure convenable, mais aussi de puissances divines ; et les veines ne se bornent pas à mener l’aliment au foie, elles l’attirent et lui font subir une première préparation très conforme à celle qui s’achève dans ce viscère, attendu qu’elles sont d’une nature voisine de la sienne et qu’elles tirent de lui leur première origine. »

Après une telle sentence de Galien, on comprend mieux en quoi les Funérailles du foie étaient sacrilèges (tout autant que ridicules), mais Hyginus Thalassius refusait clairement de les célébrer.

32.

Defensio de Jean ii Riolan contre Paul Markward Schlegel (Opuscula anatomica varia et nova), {a} loc. cit., à propos des valvules veineuses :

[…] intra canales duræ meningis nullæ reperiuntur valuulæ, nec in vestibulo plexus choroidis, qui constituit quartum canalem duræ meningis, ibi necessaria erat valuula, vel duæ, ad impediendum repentinum Sanguinis influxum, qui causa esse potest apoplexiæ, ex isto plexu disrupto præ abundantia Sanguinis […].

[(…) on ne trouve aucune valvule dans les sinus de la dure-mère, pas même dans le vestibule du plexus choroïde, qui forme le quatrième sinus de la dure-mère, {b} où il était nécessaire qu’il y eût une valvule, voire deux, pour empêcher un afflux soudain de sang, {c} qui peut provoquer une apoplexie par rupture de ce plexus qui contient une grande abondance de sang (…)].


  1. Paris, 1652, v. note [20], Brevis Destructio, chapitre i.

  2. Les deux principaux plexus choroïdes se situent au centre du cerveau, de part et d’autre du 3e ventricule (qui formait leur « vestibule »), à sa jonction avec chacun des ventricules latéraux. On les supposait drainés par le sinus veineux dure-mérien droit (alors numéroté quatrième), qui parcourt d’avant en arrière le milieu de la tente du cervelet, au pied de la faux du cerveau.

  3. Riolan s’imaginait que le sinus droit alimentait en sang les plexus choroïdes.

33.

Hyginus Thalassius se référait aux propos de deux antiques Pères de l’Église.

34.

Un achille ou argument achilléen est le « nom qu’on donnait dans les écoles à l’argument principal de chaque secte : “ Voilà son achille ”, c’est-à-dire une raison invincible, un argument indissoluble. En particulier on appelait achille le fameux argument de Zénon d’Élée {a} contre le mouvement : ce philosophe mettait en comparaison la lenteur d’une tortue avec la vitesse d’Achille {b} pour montrer qu’un mobile lent, qui précède tant soit peu un mobile vite, n’en peut jamais être devancé » {c} (Trévoux).


  1. Philosophe grec du ve s. av. J.‑C.

  2. Héros grec de la guerre de Troie.

  3. Fameux paradoxe absurde : la tortue continue d’avancer tandis qu’Achille la poursuit, il ne peut donc pas la rattraper.

35.

Il s’agit de la lettre de Pierre De Mercenne à Jean Pecquet, qui blâmait ainsi (page 153) l’argumentaire des opposants aux nouvelles voies du chyle.

Le renvoi d’Hyginus Thalassius (alias De Mercenne) à la page 205 du traité de Jean ii Riolan contre Pierre Guiffart (v. infra note [55]) n’est pas tout à fait innocent, car il permet de lire cet inepte morceau de bravoure :

Quis enim prudens Medicus in doctrina Hippocratis et Galeni versatus, æquo animo ferat, Cor nobilissimum viscus, cui reliqua viscera famulantur, nostri corporis Solem, cuius influxu et irradiatione omnes corporis partes calent, et subsistunt, ex quo suum ortum atque vitam repetunt, dici et reputari coquum totius corporis ? in eius conclaui culinam fieri ? et si credimus Circulatoribus Harveianis, cloacam esse totius corporis, dum sordes cum Sanguine ad ipsum vndiquaque refluunt, vt per arterias deferantur, et expurgentur per loca conuenientia ? An ita Cor vindicatum est ab illis inquinamentis, quibus conspurcatur ? imò vindicatum erit Cor, et liberatum ab isto vilissimo ministerio nostra industria, nobilioribus officiis addictum ; Vt sit nostri corporis primum mobile, et perpetuum, quamdiu viuitur ; Saltuosus aruspex, pulsatili malleolo fabricans protrudensque spiritus in palingenesiam spiritus insiti, æteherei elemento stellarum respondentis : et significans nobis motu suo vitæ fatum, præterea animæ domicilium, quod nitidum, et purum ipsa conatur conseruare quantum potest. Ac proinde animal in animali sanguisorbum αιματοφαγον dici potest, ratione Circulationis, sed nunquam erit culinarium, neque foricarium.

[Quel sage médecin imprégné par la doctrine d’Hippocrate et de Galien supporterait tranquillement que le cœur soit dit et réputé être le cuisinier de tout le corps, quand il est le plus noble des viscères, que servent tous les autres, le Soleil de notre corps dont l’écoulement et le rayonnement réchauffent et nourrissent toutes les parties, d’où elles tirent éveil et vie ? Ferait-on la cuisine dans ses cavités ? Et si nous en croyions les circulateurs harvéens, serait-il l’égout de tout de corps puisque les ordures y affluent de toutes parts avec le sang pour être transportées par les artères et purgées par les lieux idoines ? Le cœur est-il ainsi puni par ces saletés qui le souillent ? Bien au contraire, car nos travaux le vengeront et libéreront de cette charge qui est la plus vile de toutes, et de très nobles fonctions lui seront attribuées, faisant de lui le premier mobile de notre corps, qui ne cesse d’agir tant que nous vivons ; le devin sylvestre, {a} qui façonne les esprits vitaux de son maillet palpitant {b} et les expédie pour régénérer l’esprit animal, lequel est l’égal de l’élément éthéré des astres ; son mouvement nous indique la destinée de la vie, étant en outre le domicile de l’âme et mettant toute la force dont il est capable à le conserver propre et pur. Si on adhère à la circulation, on peut donc dire qu’il est, à l’intérieur de l’animal, {c} un animal avaleur de sang, hématophage, mais jamais il n’y sera un cuisinier ni un vidangeur].


  1. Traduction littérale d’une métaphore que je n’ai pas bien comprise : s’agirait-il d’un druide ?

  2. En tenant pulsatili (cas datif) pour une coquille, au lieu de pulsatile (ablatif).

  3. En tenant animali (cas datif) pour une coquille, au lieu d’animale (ablatif).

36.

Ce disant, Hyginus Thalassius paraît à deux doigts d’avouer qu’il est l’auteur de la deuxième lettre, c’est-à-dire Pierre De Mercenne.

37.

Une note marginale d’Hyginus Thalassius ajoute que Sordities chyli ibi coacervantur ex Riol. Encheirid. anat. l. 2. c. 19. pag. 112, « La crasse du chyle s’entasse à cet endroit, d’après Riolan, Manuel anatomique, livre ii, chapitre xix, page 112 » (édition de Leyde, 1649, {a} chapitre intitulé De Pancreate), sur le canal de Wirsung : {b}

Quo fine conditus fuerit incertum. An ut sordes Pancreatis, vel potius Lienis eo deductas expurget : Sic Fallopius canales invenit in Pancreate nullo modo cum Venis communicante, qui bile referti, ipsam deponunt in Intestina ? An potius ut chyli portio exsugatur deferenda ad Lienem, ad sanguinis particularem elaborationem. Sed si non pertingat canalis ad Lienem, cessat istud officium, atque potius inservit expurgandis sordibus, quæ cumulantur in ea parte, sive fluant â Liene, sive ab Hepate, sive sit sordities chyli, quæ ibi coarcevatur.

[Sa raison d’être est incertaine. Est-ce pour purger les ordures du pancréas, ou plutôt celles de la rate qui y sont conduites ? Fallope a trouvé dans le pancréas des canaux qui ne communiquent en aucune manière avec les veines et qui sont remplis de bile, {c} le canal de Wirsung la dépose-t-il dans l’intestin ? Ne sert-il pas plutôt à sucer la portion du chyle qui est transportée vers la rate, en vue d’une élaboration séparée de sang ? Néanmoins, si ce canal n’a pas de contact avec la rate, il ne peut assurer cette fonction, et il servirait plutôt à purger les ordures qui s’accumulent dans le pancréas, soit qu’elles s’y écoulent depuis la rate ou depuis le foie, soit qu’il s’agisse de la crasse du chyle, qui s’entasse à cet endroit].


  1. V. note [8], Experimenta nova anatomica, chapitre i.

  2. V. note [5], Dissertatio anatomica, chapitre x.

  3. V. note [xx], Historia anatomica de Thomas Bartholin, chapitre xv.

38.

Gaspare Aselli, De Lactibus seu Lacteis Venis… Dissertatio [Dissertation… sur les lactifères ou veines lactées], {a} chapitre xxi, § xiv, page 67, sur les petites glandes qui forment la substance du pancréas :

Qui vsus earum, vt non sunt contemnendi, ita meo iudicio maximus, et Pancreatis præcipuè […] ille est, quem facilè candor illarum insignis, et substantiæ ipse modus arguunt, cænosiorem, crudiorem, et pinguiorem chyli partem in sese corriuare, ac combibere (modo non dissimili quo in fœtu iecur, seu placenta vteri nuncupata, quod in materno sanguine fœculentum est, exhaurit in sese, et absorbet) quò sic, quod restat illius, puriùs, liquidiùsque ad hepar, in sanguinis ibi formam induendum, subeat et permanet.

[Leur utilité n’est pas à négliger, et elle est à mon avis très importante car elles confèrent au pancréas (…) sa remarquable blancheur et la texture de son parenchyme, lesquelles suggèrent que la partie la plus fangeuse, crue et épaisse du chyle y converge et s’y infiltre (de la même manière que, chez le fœtus, le placenta, qu’on appelle le foie utérin, {b} absorbe et puise dans sa substance ce qu’il y a de bourbeux dans le sang maternel), permettant à la partie restante, qui est plus pure et plus liquide, de gagner le foie et d’y pénétrer pour être transformé en sang]. {c}


  1. Milan, 1627, v. note [1], Experimenta nova anatomica, chapitre i

  2. V. note [2], Dissertatio anatomica, chapitre iv.

  3. La physiologie moderne a balayé tout cela : pas une goutte de chyle ne parvient au pancréas, qui est une glande à la fois exocrine (sécrétion digestive de sels et d’enzymes essentiels à la digestion) et endocrine (sécrétion sanguine d’hormones, dont la plus vitale est l’insuline).

    Toutefois, en citant ce passage, Hyginus Thalassius confirmait sa conviction qu’une partie du chyle gagne le foie pour y former le sang, bien qu’il parlât ici de celle qui va dans le cœur.


39.

« dans les intestins, les glandes sont plus grosses que partout ailleurs dans le corps ; elles absorbent, par expression, l’humeur » ; loc. cit., § 5, Littré Hip, volume 8, pages 560‑561 :

« Dans les intestins […] les glandes sont plus grosses que partout ailleurs dans le corps ; elles absorbent, par expression, l’humeur dans les intestins ; [ceux-ci la reçoivent des vaisseaux et la transmettent à l’épiploon, qui la distribue aux glandes]. »

40.

« Exalter, en termes de chimie, c’est élever les métaux et les autres corps naturels à un degré de perfection et de pureté tel qu’ils sont capables de le souffrir, en telle sorte qu’ils font un plus grand effet sur les corps sur lesquels on les fait agir » (Furetière).

La distillation (autrement appelée circulation) recourait à un récipient en verre qui portait le nom de pélican (vnote Patin 5/1146), mais aussi à la cornue et à l’alambic.

Hyginus Thalassius confirmait avec la plus grande clarté qu’existaient à ses yeux deux sortes de chyle, l’un épais et l’autre délié, qui empruntaient deux voies anatomiques distinctes : les veines mésaraïques mènent le premier au foie, et les lactifères mènent le second au cœur.

41.

On n’appelait pas encore cérumen l’enduit qui tapisse « la cavité qui est auprès du conduit de l’oreille, en laquelle s’amassent ses ordures, [et qui] s’appelle ruche ; et cette glu ou ordure, qu’on en tire avec un cure-oreille, s’appelle le suif, et par quelques-uns la cire » (Furetière).

La digression d’Hyginus Thalassius se fondait sur l’amertume et la couleur du cérumen qui pouvaient le faire croire bilieux, mais aussi sur l’idée que le cerveau se déchargeait de ses « excréments » par les orifices de la base du crâne, dans le nez, la bouche, les yeux et les oreilles. Il en tirait un curieux argument pour défendre l’innocuité de la bile. Tout peut s’expliquer, mais l’explication peut se périmer.

42.

Une note marginale d’Hyginus Thalassius renvoie au Manuel anatomique, livre iii, chapitre viii, De Corde, page 298, ce qui correspond à la page 221 dans l’édition de Leyde, 1649 (v. supra note [37]), où Jean ii Riolan s’obstine une fois de plus dans son refus de la circulation harvéenne :

Cum animadverterem truncum Venæ Cavæ separatum ab Hepate, continuum à jugulo usque ad Os sacrum, nullo modo interruptum, neque per Hepar transmeantem, ut oculis patet, et introducto bacillo deprehendi potest. In eam opinionem adductus sum ; Venam Cavam oriri à Corde, ut Vena Porta nascitur ab Hepate. Duplicem sanguinem in istis Venis contineri, quamvis in Hepate uterque elaboretur : Unum, qui demandatur in Portam, alterum qui per ramum in Hepate radicatum, duplo minorem trunco Cavæ, defertur ad Cor.

Qui continetur Vena Porta, non circulatur, quamvis habet fluxum et refluxum intra sua conceptacula, et communicet cum Arteriis Cœliacis quæ per anastomoses mutuas junguntur inter se.

Intra ista vasa reciprocum fluxum habere potest sanguis, sed per longitudinem corporis non excurrit, atque circulatur.

Ideoque Circulatio quæ fit in Corde, materiam ab hepate mutuatur per Venam Cavam. Vasa Circulatoria sunt Aorta, et Cava, nec eorum propagines recipiunt istam circulationem, quia effusus sanguinis in omnes partes secundæ et tertiæ regionis, ibi remanet ad nutritionem, nec refluit ad majora vasa, nisi vi revulsus, in maxima inopia sanguinis vasorum majorum, vel impetu et œstro percitus affluat, ad majora vasa circulatoria.

[Je remarque que le tronc de la veine cave est séparé du foie, et ce de manière continue et strictement ininterrompue depuis la base du cou jusqu’au sacrum, et sans passer à travers le foie, comme l’inspection en atteste et comme on peut le prouver en y introduisant une baguette. Cela me conduit à l’opinion que la veine cave naît du cœur, et la veine porte, du foie. Ces veines contiennent deux sortes de sangs, bien qu’ils soient tous deux élaborés dans le foie : l’un alimente la veine porte ; l’autre sort du foie par une branche {a} deux fois plus petite que le tronc de la veine cave et est transporté au cœur.

Le sang contenu dans la veine porte ne circule pas, bien qu’il aille et vienne dans ses branches, et qu’elles communiquent avec les artères cœliaques par des anastomoses qui vont des unes aux autres et inversement.

Dans ces vaisseaux le sang peut s’écouler dans les deux sens, mais il ne se répand pas et ne circule pas dans le reste du corps.

La Circulation fait que le cœur échange de la matière avec le foie par la veine cave. Les vaisseaux circulatoires sont l’aorte et la cave, {b} mais leurs branches n’admettent pas cette circulation car le sang qui se répand dans toutes les parties des deuxième et troisième régions {c} y demeure pour assurer la nutrition et ne reflue pas vers les grands vaisseaux, à moins qu’il n’y soit forcé : en cas de très profonde disette de sang dans les grands vaisseaux, ou d’agitation du sang due à l’effort ou à l’émotion qui le fait affluer dans lesdits grands vaisseaux]. {d}


  1. Les veines sus-hépatiques qui sont ordinairement au nombre de trois.

  2. Affirmation reprise par Hyginus Thalassius ; pour Riolan, dans les autres vaisseaux (notamment mésentériques), le mouvement du sang n’était pas circulaire, mais oscillant (va-et-vient en vase clos).

  3. Le thorax et l’abdomen.

  4. V. note [4], lettre de Riolan à la Compagnie des docteurs régents de la Faculté de médecine de Paris, pour une autre présentation des mêmes idées.

43.

Hippocrate, De la Nature de l’homme, chapitre 4, Littré Hip, volume 6, pages 39‑41 :

« Le corps de l’homme a en lui sang, pituite, bile jaune et noire ; c’est là ce qui constitue la nature et ce qui y crée la maladie et la santé. Il y a essentiellement santé quand ces principes sont dans un juste rapport de crase, {a} de force et de quantité, et quand le mélange en est parfait ; il y a maladie quand un de ces principes est soit en défaut soit en excès, ou, s’isolant dans le corps, n’est pas combiné avec tout le reste. »


  1. Juste mélange.

44.

Hippocrate, De l’ancienne Médecine, chapitre 14, Littré Hip, volume 1, page 603 :

« [Dans le corps, en effet, se trouvent] l’amer, le salé, [le doux, l’acide, l’acerbe, l’insipide, et mille autres dont les propriétés varient à l’infini par la quantité et par la force. Ces choses] mêlées ensemble et tempérées l’une par l’autre, ne sont pas manifestes et ne causent pas de souffrances ; mais si l’une d’elles se sépare et s’isole du reste, alors elle devient visible et cause la douleur. »

Hyginus Thalassius aurait exulté en apprenant que la bile n’est plus aujourd’hui un poison que dans de rares circonstances (comme chez les nouveau-nés), et qu’elle joue un rôle digestif vital dans l’absorption des acides gras et de plusieurs vitamines, dites liposolubles ; elle est même si précieuse qu’elle est réabsorbée par l’intestin après y avoir accompli ses indispensables fonctions (cycle entéro-hépatique de la bile) ; en bref, pas de chyle sans bile !

45.

Une note marginale d’Hyginus Thalassius renvoie au Manuel anatomique, livre iii, chapitre vi, page 284, ce qui correspond aux pages 211‑212 dans l’édition de Leyde, 1649 (v. supra note [37]), De Pulmone [Du poumon] :

Solum hoc viscus alio modo nutritur quam aliæ partes Corporis, nam suum sanguinem mutuatur à Corde, vasa inde assumit non à Cava, ideoque turpiter hallucinantur Medici, qui in affectibus Pulmonum asserunt opprimi ab affluxu sanguinis, quem innumeræ venæ ipsos effundunt. […]

Quia Pulmonis substantia mollis est, ac spongiosa, idcirco præ cæteris visceribus, fluxionibus opportuna, seu à Cerebro, sive à visceribus manent mediante Corde.

Medius jacet inter Caput et Diaphragma, non tanquam inter malleum et incudem, ut vulgo dici solet, sed inter duos malleos, quibus hinc et inde percutitur et læditur, dum Caput distillat in Pulmonem et jecur, sanguinem impurum, vel copiosorem Cordi suppeditat, quem revomit et reiicit in pulmonem, inde Pulmo inficitur, vel obruitur.

Labes illa Pulmonis, non à Corde manat, sed à visceribus intemperatis, et male moratis, quæ suggerunt Cordi sanguinem impurissimum, cujus vitium non potest emendare Cor, nisi per multas Circulationes.

Interea Pulmo graviter afficitur ab isto sanguine per ejus substantiam transeunte, nam famulatur Cordi tanquam emunctorium et emissarium, dum ejus sordes eo confluunt simul cum sanguine, ac proinde variis morbis patet.

[Ce viscère est le seul à être nourri autrement que les autres parties du corps, car il emprunte son sang au cœur et ne reçoit donc pas de vaisseaux de la veine cave. Par conséquent les médecins se trompent en prétendant que les poumons malades sont opprimés par l’afflux du sang que de multiples veines y répandent.

Comme la substance des poumons est molle et spongieuse, ils sont plus sujets que les autres viscères aux fluxions, {a} qui leur viennent du cerveau ou des autres organes, par l’intermédiaire du cœur.

Les poumons se situent entre la tête et le diaphragme, non pas comme entre marteau et enclume, comme on dit ordinairement, mais entre deux marteaux qui les frappent et blessent à l’envi : tantôt la tête envoie un sang impur au poumon et au foie, tantôt elle en envoie une trop grande quantité au cœur, qui s’en décharge dans les poumons, lesquels s’en trouvent incommodés voire accablés.

Cette maladie ne vient pas du cœur, mais des viscères mal tempérés et malades qui envoient au cœur un sang très impur, {b} lequel ne peut être purifié qu’en accomplissant plusieurs circulations ; ce qui donne à ce sang le temps d’affecter gravement les poumons en traversant plusieurs fois leur substance, car ils servent d’émonctoire et d’égout au cœur, où les ordures se ramassent avec le sang, ce qui donne lieu à diverses maladies].


  1. Chute d’humeur sur quelque partie du corps (équivalant à l’inflammation moderne) ; les deux principales fluxions du poumon étaient la pneumonie et la pleurésie.

  2. Notamment contaminé par le chyle cru et la bile.

Hyginus Thalassius reprochait à Riolan de décrire une physiologie qui exposait constamment les poumons aux ordures charriées par le sang, et donc à être toujours malades. Plus généralement, tous les raisonnements qu’il développait dans ce neuvième argument voulaient contrer l’idée que la bile et le chyle mêlés au sang sont toxiques pour les organes qu’il irrigue.

46.

Une note marginale d’Hyginus Thalassius renvoie à deux textes de Jean ii Riolan :

47.

Cette description ne devient vaguement intelligible que si on y traduit rheumaticis par « rhumatiques », {a} si on se souvient que le chyle appartenait à la catégorie humorale de la pituite, et si on appelle au secours la Pathologie de Jean Fernel, {b} chapitre x, Les Maladies des poumons, leurs causes et leurs signes, livre cinquième, pages 368‑369 :

« Et quand après plusieurs défluxions réitérées, il est resté de chacune quelque chose de cette pituite grossière et plâtreuse, il se fait enfin un vrai asthme de la grande abondance qui s’en amasse dans les trous et cavernes des poumons. […] Le mal venant à s’augmenter, l’humeur visqueuse se coagule en grêle, {c} et finalement en vrais calculs, {d} dont nous avons quelquefois remarqué, par la dissection, que les poumons étaient tout pleins : les uns fort durs et solides, les autres de la consistance d’un vieux fromage, et d’autres qui ne faisaient que commencer à durcir, tenant encore de la pituite plâtreuse ; et chacun d’eux était enveloppé de sa propre pellicule. » {e}


  1. L’adjectif « rhumatismal » oriente vers le sens moderne du substantif rhumatisme, qui désigne une affection articulaire et n’a guère de sens quand on parle d’une atteinte pulmonaire. C’est pourquoi j’ai préféré « rhumatique » qui est certes un adjectif archaïque, mais qui se réfère plus pertinemment au sens étymologique (rhein, « couler » en grec), lié au substantif rhume, qui désignait généralement tout écoulement anormal et abondant (fluxion) d’une humeur dans une partie quelconque du corps, et ici celui de la pituite dans les bronches.

  2. Édition française de Paris, 1655, v. note [17], Dissertatio anatomica, chapitre xi.

  3. Grêlons.

  4. Petits cailloux.

  5. Au cours de l’asthme moderne, cela peut évoquer les « perles » qui caractérisent les crachats visqueux que René Laennec a dits perlés.

48.

Vnote Patin 17/80 pour l’épicrase qui consiste à tempérer les humeurs viciées par quelque remède que ce soit. L’épaphérèse consiste à les retrancher (purger) du corps, notamment par la saignée, mais aussi par les laxatifs, les vomitifs, les sudorifiques, etc.

49.

V. note [17], Brevis Destructio, chapitre v, pour cet avis d’Hippocrate dans son Livre des Chairs.

50.

V. supra note [46] pour la page 21 du traité de Jean ii Riolan sur la circulation du sang.

Admonitio ad Guiffartum (v. infra note [55]) pages 210‑211, sur les émonctoires de l’abdomen :

At partes istæ destinatæ excrementis secernendis pertinent ad primam regionem, quæ aluntur à vena Porta, arteria cœliaca et mesenterica, ergo necessum est Sanguinem totum ab extremis partibus redire et transire per venam Portam et Hepar, postquam sanguis enutriuit universum corpus, per excursum suum, à Corde usque ad extremos artus, ab iis per venas ad Hepar recurrens. Quo fine tum expurgarentur excrementa, si iam vniversum corpus impuro Sanguine enutritum ?

[Les parties destinées à éliminer les excréments se situent dans la première région {a} et sont irriguées par la veine porte, et par les artères cœliaques et mésentériques. Il est donc nécessaire que la totalité du sang qui revient des extrémités passe par la veine porte et le foie, après que le sang a nourri le corps entier en se rendant du cœur aux parties les plus éloignées, pour en revenir au foie en passant par les veines. {b} À quelle fin les excréments seraient-ils éliminés si du sang impur satisfaisait la nutrition de tout le corps ?]


  1. Partie sus-ombilicale de l’abdomen (et non première région du corps, qui était la tête).

  2. Il va sans dire que la circulation harvéenne a corrigé ce trajet aberrant.

Tout cela ne rend pas les notions exposées dans cette fin de neuvième argument aisément accessibles à l’entendement médical moderne.

51.

Une note marginale d’Hyginus Thalassius renvoie aux pages 187‑188 du Discours contre la nouvelle doctrine des veines lactées, où Jean ii Riolan a abrégé son point de vue sur la curiosité anatomique des canaux thoraciques et son opposition catégorique à la fonction que Jean Pecquet leur a attribuée, pour conclure qu’ils ne servent à rien d’autre qu’à perturber l’économie corporelle.

52.

« Chanter la palinodie, pour signifier : dire le contraire de ce qu’on avait dit auparavant » (Furetière).

53.

In diem vivere, ex tempore vivere [Vivre au jour le jour, vivre hors du temps] est un double adage antique qu’Érasme a commenté (no 762) : les Grecs appelaient cette façon de vivre καθημεριος βιος (kathêmérios bios), et ses adeptes, καθημεροβιοι (kathêmérobioï).

54.

V. note [34], Responsio, 4e partie, pour un commentaire des propos que Jean ii Riolan a tenus pages 169‑170.

À la page 188 de son Discours contre la nouvelle doctrine des veines lactées, il est revenu sans se contredire sur la relation entre le chyle et les fibres du sang qui interviennent dans sa coagulation.

Dans cette dernière volée de critiques ponctuelles, Hyginus Thalassius n’a pas toujours repris les propos de Riolan avec une absolue fidélité, en particulier dans les phrases où Riolan poussait les arguments de Jean Pecquet pour tenter de montrer leur absurdité.

55.

Plus haut dans ce chapitre, {a} Hyginus Thalassius a déjà brièvement cité ce passage des Opuscula anatomica varia et nova de Jean ii Riolan, {b} dans son attaque contre Pierre Guiffart, {c} 2e partie, pages 217‑218 :

“ Pag. 33. […] Neque hoc chyli per lacteas receptaculum, bifidumque ad subclauios demeaculum, instar inanis cuiusdam spectaculi Philosophum solius curiositatis auidum nata sunt oblectare. Sæpius in cadaveribus humanis obseruatum est, magnam chyli corrupti copiam ab hoc receptaculo intra viscerum spatia profusam, (addo et intra cauitatem peluis factam ab ossibus ilium et osse sacro) quam ob similitudinem decepti Medici, arbitrabantur pus esse quoddam liquidius, ideoque abscessum aut vomicam per omnes abdominis partes frustra perquirendo, tempus consumpserunt. ” {d}

Istam observationem laudo, addo ex insertione illarum venarum lactearum ad truncum Cavæ iuxta emulgentes, nonnunquam vrinas fluere puriformes, sine ullo renum aliorumque viscerum præcedente inflammatione vel ulcere ; interdum etiam per intestina eadem purulentia lactiformis effluit, vel sincera, vel stercoribus permixta, sine vllo dolore intestinorum, quæ reputatur manare à mesenterio ulcerato et abscessum passo. Cum tamen procedat ab ista collectione chyli in magna glandula mesenterij, et in venis lacteis, qui in eas partes protrusus fuit ; Idem in thorace contingere potest ruptis istis tubis chyliferis, quod est funestum, vt in ruptura earumdem venarum lactearum in abdomine. Nisi venæ illæ lacteæ exarescant, ad sistendum fluorem continuum chyli, atque vacuata fuerit purulentia in abdomine, vel thorace diffusa et collecta. {e}

[Page 33 {f} « (…) Ce réservoir du chyle traversé par les lactifères et ce double passage souterrain qui mène aux subclavières n’ont pas été créés comme un spectacle vide de sens, uniquement destiné à distraire un naturaliste curieux. À l’ouverture des cadavres humains, on observe très souvent qu’une grande abondance de chyle corrompu s’est épanchée depuis ce réservoir dans les interstices des viscères (j’y ajoute la cavité pelvienne limitée par les os iliaques et le sacrum), et les médecins, trompés par son apparence, pensent qu’il s’agit d’un pus fort délié, et perdent leur temps à chercher inutilement une vomique {g} ou un abcès partout dans l’abdomen. » {d}

Je loue cette observation et ajoute que parfois, en raison de l’insertion de ces veines lactées au tronc de la veine cave près des rénales, s’écoulent des urines puriformes, sans survenue préalable d’une quelconque inflammation ou ulcération des reins ou des autres viscères. {h} Il arrive parfois aussi qu’un écoulement purulent d’aspect laiteux se fasse par les intestins, soit pur, soit mêlé aux fèces, sans aucune douleur abdominale ; lequel est réputé causé par l’ulcération d’un abcès du mésentère, mais provient d’une collection de chyle dans la grande glande {i} et dans les lactifères du mésentère, qui a été chassée dans les intestins. {j} La même chose peut se produire dans le thorax quand les canaux chylifères s’y sont rompus, ce qui est mortel, tout comme quand les lactifères rompent dans l’abdomen, à moins que ces veines lactées ne s’assèchent pour tarir l’écoulement continu du chyle, et que ne s’évacue la collection de pus qui s’est répandue dans l’abdomen ou le thorax]. {e}


  1. V. supra note [53].

  2. Paris, 1652, v. note [10], Brevis Destructio, chapitre i.

  3. Section intitulée Admonitio ad D. Petr. Guiffartum, Medicum eruditissimvm, de Cordis officio novo [Avertissement adressé au très savant médecin Pierre Guiffart sur la nouvelle fonction du cœur], où Riolan attaquait le traité que ce médecin de Rouen avait publié sur le même sujet en 1652 et où il défendait la découverte de Jean Pecquet (v. la même note [10] que dans la notule {b} supra).

  4. Mise en exergue du passage repris par Hyginus Thalassius dans le texte de Guiffart (mis entre guillemets) ; la parenthèse intercalaire est une addition de Riolan.

  5. Mise en exergue du passage de Riolan intégralement repris par Hyginus Thalassius (avec de minimes variantes).

  6. Second paragraphe, page 33, du livre de Guiffart.

  7. On appelait vomique une collection purulente du tronc qui peut s’ouvrir dans un viscère creux (bronche, tube digestif haut) pour provoquer une expulsion soudaine et abondante de pus par la bouche, ressemblant à un vomissement.

  8. La chylurie vraie était et demeure un phénomène exceptionnel, qui traduit une communication entre le réservoir du chyle et les voies excrétrices urinaires. En revanche, un abcès froid tuberculeux (sans inflammation) pouvait plus souvent qu’aujourd’hui évacuer son pus (caséum) par ces voies.

  9. Nom que Riolan donnait au réservoir de Pecquet : v. note [4], Nova Dissertatio, expérience i.

  10. Même mécanisme que la vomique (notule {g} supra), mais avec évacuation de la collection purulente par voie basse.

56.

Jérôme de Stridon, lettre ix, à Chrysogonus, moine d’Aquilée :

[…] charissimus ambobus Heliodorus tibi potuit fideliter nuntiare […] ut semper in ore meo nomen tuum sonem, ut ad primam quamque confabulationem jucundissimi mihi consortii recorder, ut humilitatem admirer, virtutem efferam, prædicem charitatem. Verum tu, quod naturâ lynces insitum habent ne post tergum respicientes meminerint priorum, et mens perdat quod oculi videre desierint, ita nostræ es necessitudinis penitus oblitus, ut illam epistolam quam in corde Christianorum scriptam Apostolus refert, non parva litura, sed imis, ut aiunt, ceris eraseris.

« […] Héliodore, notre ami commun, a pu vous dire fidèlement […] comme toujours votre nom retentit sur mes lèvres ; comme dans toutes les conversations j’aime à rappeler ces heureux jours que nous avons passés ensemble ; comme j’admire votre humilité, comme je loue votre vertu, comme je préconise votre charité. Mais vous, d’une nature pareille aux lynx qui, regardant par derrière, oublient ce qu’ils avaient devant les yeux, et ne songent plus aux objets qu’ils cessent de voir, {a} vous avez tellement perdu le souvenir de notre amitié que cette lettre écrite dans le cœur des chrétiens, au dire de l’Apôtre, {b} vous l’avez effacée non point par une petite rature, mais, comme on dit, jusqu’au fond de la cire. » {c}


  1. Mise en exergue du passage cité par Hyginus Thalassius, en se référant donc à la mauvaise mémoire des lynx, et non à leur regard perçant.

  2. Saint Paul.

  3. Dans l’Antiquité, les lettres étaient écrites sur des tablettes de cire à l’aide d’un stylet. La traduction est celle de J.‑F. Grégoire et F.‑Z. Collombet, 1837.

57.

Une note marginale d’Hyginus Thalassius renvoie au verset 12:19 des Proverbes (livre biblique attribué au roi Salomon), dans le latin de la Vulgate :

labium veritatis firmum erit in perpetuum qui autem testis est repentinus concinnat linguam mendacii.

[La langue de la vérité est affermie pour jamais, mais la langue du mensonge ne témoigne qu’un instant].

La pépite de ce chapitre ne figure pas dans sa conclusion, bien qu’Hyginus Thalassius y ait semblé intimement convaincu qu’il existe deux chyles empruntant deux voies anatomiques distinctes pour rejoindre l’un le foie et l’autre le cœur : v. supra notes [7], [9], [27] et [40].

a.

Page 207, brevis destructio responsionis riolani, auctore hygino thalassio.

Caput iv.

Destruuntur præcipua Riolani argumenta adversus
Lacteas Thoracicas
.

Superioribus capitibus virorum mihi ami-
corum famam, quam plusquam oculos
custodiendam lex jubet, repulsis Riolani
conviciis defendi ; nunc operæ precium
est præcipua argumenta, quæ velut scopas dissolutas
adversus Lactearum Thoracicarum hyparxim protu-
lit, hoc capite confutare.

I. Argumentum. Venæ lacteæ innumeræ non possunt
reduci ad duas venulas Thoracicas : quia brevior esset vias et
commodior in cavam descendentem vicinam. pag. 147. res-
ponsion. ad Experim.

Falsum supponit {a} Lacteas innumeras non posse re-
duci ad duas venulas, quæ affixæ lumbis et aortæ {b}
trunco, totóque dorsi latere decurrentes, hinc et
inde ad subclavias se pandunt, aut, ne sit lusus in
nomine, ad eas quæ in brutis subclaviis respondent.
Quoniam non difficilior est hæ reductio quàm me-
saraicarum omnium, quæ inseruntur in Hepar in tres
quatuor ve ramos collectæ, ut vult Riolanus post A-


  1. Sic pour : supponit in sua sententia (Errata).

  2. Sic pour : aortæ descendentis (Errata).

b.

Page 208, brevis destructio responsionis riolani, auctore hygino thalassio.

sellium pag. 143. suæ responsionis.

Nititur quoque hoc argumentum infirma ratione.
Quid (inquit) brevior esset via et commodior in cavam
descendentem vicinam
. Imò ex hoc ipso, quod hanc viam
in cavam descendentem natura non elegit, optimè
sequitur illam non esse commodiorem. Natura enim
ex Hippocrate convenientia præstat, et ex Aristotele
semper quod melius est facit. Quod annotatum fue-
rat in secunda ad Pecquetum epistola.

Quamvis etiam alia brevior foret via. Non sequi-
tur hanc in chyli anadosi naturam tenuisse. Alioqui
si ex eo argumento infertur nullas esse Lacteas Tho-
racicas, ex eodem concludetur nullas prorsus esse
mesenterij venas, quia ex Riolano pag. 147. cum totum
mesenterium est scirrosum, jecur, pancreas, lien, venas ha-
bent in ventriculum productas, quæ exsugunt chylum defe-
tuntque ad Hepar
.

Brevior esset via, si quamprimùm chylus in inte-
stinis, omnibus terrenis sordibus expurgaretur. Cur
ergo in tertia coctione adhuc sordes cutem inficiunt ?
brevior esset via si è corporis centro cum urinis se-
rum excerneretur, quàm ex habitu corporis. Non er-
go natura breviorem semper viam sequitur, nec illa
semper melior est. Non commodiorem autem fuis-
se viam in cavam descendentem ostendetur in con-
futatione octavi et noni argumenti hujus capitis, et
capite sequenti cum de Lactearum Thoracicarum
usu agetur. Et ipse Riolanus dum earundem usum in-
quirit pag. 187. rationes affert cur commodior non
esset viam cavam descendentem. {a} Vt, inquit, sanguini
violenter fluenti intra arterias per circulationem, in venis
crassities addatur ob fibrosæ materiæ productionem, circa di-


  1. Sic pour : via cavæ descendentis.

c.

Page 209, brevis destructio responsionis riolani, auctore hygino thalassio.

remptus trunci cavæ versus axillares ramos. Vt etiam san-
guinis portio ex permixtione chyli crassior facta hæreat cordi
et instar fermenti calidioris et acidioris inserviat ad elabo-
rationem novi sanguinis arteriosi
. Sic deserit partes suas
Riolanus : nihil illi constat, nihil diu placet, fluctuat,
petita relinquit, relicta repetit, alternas agens inter
negationem et affirmationem vices.

Præterea falsò supponit admissis Pecquetianis cana-
libus innumeras venas ad eos solum reduci. Etenim
chylus per intestinorum poros exiliens non univer-
sus fertur in mesenterij Lacteas, in Receptaculum,
et canales Thoracicos, sed tenuior et purior, hanc
viam affectat. alius vero crassior, mediâ fermè sui
parte vulgarium mesaraicarum oscilla subit. Quæ {a} ad
noxiorum humorum expurgationem intestinorum
tunicis adaperiuntur. Quæ vis autem prohibere po-
test ne per aperta hæc foraminula chylus mesaraicas
ingrediatur ? et in fluxu hepatico cùm dejectiones lo-
turæ carnium similes obseruantur, quid aliud quàm
cruentum chylum, propter Hepatis ατονιαν, ex istis
venis effluentem præ se ferunt ? At verò cum sanum
est animal, crassior ille chylus in vasis mesaraicis ad-
mixtus sanguini, alteratur faciliùs ac cum eo asporta-
tus in Hepar, novâ coctione vi parenchymatis trans-
mutatur in sanguinem, atque excrementis repurga-
tur, tandemque in cordis sinubus ultimò perficitur.

Non igitur aliud videtur lactearum et mesaraica-
rum venarum discrimen, quàm quod in his rubet
chylus perfusus sanguine, ob eam quam habent cum
arteriis {b} communionem ; in aliis vero lactis instar can-
didus decurrit, quia nihil illæ sanguinis hauriunt ex
arteriis, et quartum vasorum genus constituunt ut


  1. Sic pour : subit, quæ.

  2. Sic pour : arteriis per (Errata).

d.

Page 210, brevis destructio responsionis riolani, auctore hygino thalassio.

testatur post Asellium Riolanus in Encheirid. anatom.
l. 2. cap. 18.

Hæc per venas mesaraicas et Lacteas partita chyli
anadosis optimè subsistit cum invento Pecquetiano,
nihil derogat hepatis, visceris principis, dignitati ea
non habet incommoda quæ Riolanus objecit. Nullus
in illa metus est, ne chyli delatio proportione non
respondeat exilenti è corde sanguini, neve ruptis
aut obstructis duabus Lacteis Thoracicis privetur
cor chyli commeatu. Nullus quoque superest sor-
dium metus, quas è Pecquitianis canalibus cordi non
oggeri infrà ostendentur in solutione noni argumenti.

Hîc duo afferam experimenta, quibus adductus
sum ut credam chylum non solum sursum ad thora-
cem per lacteas, sed quoque per alias sanguinis ba-
julas ad hepar deferri. Observavi jam pridem in dis-
secti hominis ventriculo, qui post annum integrum
assiduâ vomitione vexatus interierat, ita coaluisse et
occalluisse pylorum, ut cartilagineus videretur, vix-
que novaculâ dividi posset. Vidi etiam in alterius
hominis cadavere mesenterium prorsus Scirrhosum.
Illud in unum veluti ingens glandosum corpus con-
versum fuerat, quod sub umbilicali regione tam al-
tè attollebatur ut intestina in lateralem partem pror-
sus ejecisset. Secta illa moles humorem reddebat pu-
ri persimilem. Quis ergo per pylorum cartilagineum
aut per scirrhosum mesenterium chylo transitus esse
potest in Lacteas, quarum cavitas prementis unde-
quaque tumoris pondere aboletur et obliteratur ?
Quoniam tamen in illa calamitate non statim inter-
eunt ægri, sed longâ macie conficiuntur donec ni-
hil præter ossa et cutem supersit. Tunc certè faten-

e.

Page 211, brevis destructio responsionis riolani, auctore hygino thalassio.

dum est chylo per ventriculi venas ad hepar delato,
velut alimento carceris, vitam prorogari.

Neque metuendum est ne in sanis chylo per vul-
gatas mesaraicas ad hepar appellenti contrarius san-
guinis motus obsistat. Nam ex circulationis legibus
naturæ consuetis, sanguis ex intestinis ad hepar per-
petuò refluus illuc commodè secum chylum deve-
hit. Hîc quidem non me latet sanguinis in porta cir-
culationem Riolano displicere. Sed evertat, amabo,
manifestissimum experimentum capite superiori al-
latum. Et si præclarè ex illius doctrina, circulatio in
vena cava necessaria fuit ad extensionem caloris, et
ad sanguinis distributionem in variarum partium nu-
tricarum, {a} atque ejusdem ventilationem ;

Nam vitium capiunt ni moveantur aquæ. {b}

Eadem est, imò major circulationis necessitas in
porta, in qua fæculentus et impurus sanguis ignavo
situ torpens faciliùs putresceret : venæ ergo partes
nutritias irrigantes, ut et aliæ, non sunt sanguinis
lacus sed rivi : prætereà innumeræ arteriæ ac venæ ad
intestina pertinentes, ac multò plures quàm partium
frigidarum et exanguium nutritio postulet, satis in-
dicant ibi publicum munus exerceri, et sanguinem
ex arteriis in venas remigrare.

Verùm instat Riolanus, Natura humana mundanæ natu-
ræ est imitatrix, ut mare mediterraneum non movetur fluxu
et refluxu, sed tantum Oceanus, ita in corpore humano san-
guis venæ portæ non circulatur, sed solus qui majoribus ca-
nalibus aortæ et venæ cavæ concluditur
. Ex respons. ad
Harv. de circul. sang. pag. 20. At vera non est illa cir-
culatio Oceani fluxum et refluxum patientis, sed po-
tius aquarum per pluminum alveos in mare curren-


  1. Sic pour : variis partibis nutricariis.

  2. Note marginale : L. de circul. sang. ex doctr. Hippocr. p. 21. et 49.

f.

Page 212, brevis destructio responsionis riolani, auctore hygino thalassio.

tium, et earumdem per cœcos et multiplices anfra-
ctus in terras refluentium. Non enim in refluxu cir-
culantur aquæ Oceani, sed dum intumescunt et
inundant, per easdem vias accedunt ad littora, à qui-
bus, subsidendo et se sorbendo recedunt. Contrave-
rò quemadmodum occulto itinere subit terras et pa-
lam venit, secretò revertitur mare, quod, inquit Se-
neca, per multiplices anfractus terrarum verberatum
amaritudinem ponit, et in sinceram aquam transit ;
sic sanguinis alterni recursus sunt, isque à corde emis-
sus eidemque redditus vera circulatione per carnes
transcolatur ; ubi cum impurus est, sordes suas depo-
nit, scabiei, lepræ, impetiginis causas, ac tot affe-
ctionum cutis, quæ ideò rectè universale emuncto-
rium appellata est. Quemadmodum etiam in terra
humoris sunt genera complura, quæ terram ubivis
replens et permeans aqua non abducit in transitu,
nec impedit quin in lapides et metalla concrescant ;
quemadmodum tot rerum semina, tot succos, tot li-
quores, tot mineralia, tot plantas aqua non confun-
dit, sic sanguis è corde ameno {a} blandus alveo, modo
se in arterias fundens, modo in angustias resorbens,
aut carnium cuniculis condens, et hinc sæpius in ve-
nis nasci gaudens (quod de quodam amne dixit Pli-
nius) partium nutritioni non officit, cui potiùs cir-
cum fluxu suo facilem materiam præbet, nisi cum
aliundè præter naturam quidpiam simul quod oppri-
meret et mergeret venit. Iam ad cætera Riolani argu-
menta me converto.

II. Argumentum. Delatio Chyli æque velox ac copio-
sa esse debet ad venas subclavias, ac fuit traductio.
Respons.
pag. 147. et pag. 148. Nam proportio esse debet inter ve-


  1. Sic pour : cordis amœno.

g.

Page 213, brevis destructio responsionis riolani, auctore hygino thalassio.

nas lacteas deferentes chylum ad cisternam, et tubulos duos
referentes ad venas subclavias, atque consimilis esse debet pro-
portio inter illos tubos chyliferos cum sanguine ubertim et af-
fatim è corde prosiliente
.

Hujus secundi argumenti dissolutio ex 1. refutatione
pendet. Addo præterea illud magis Riolanum urgere,
ac mesenterij Lacteas destruere. Nam tres vel qua-
tuor ramuli per quos Lacteæ inseruntur in hepar, ex
Riolani sententia pag. 143. proportione non respon-
dent innumeris vasis mesentericis, et si nunc, quo-
niam dies diei eructat verbum, illos ramulos non am-
plius agnoscit, nullam certè proportionem inveniet
inter mesenterij venas cum poris Hepatis, per quos
in illius sententia chylus in sanguinem mutatus de-
fertur per hepatis parenchyma è vena porta in cavam.
Neque innumeræ mesenterij venæ ad illos hepatis
poros reduci possunt, aut iis æquipari, nec per
eos æque velox esse potest sanguinis delatio, nec
æque copiosa ac fuit in venis mesaraicis. Nec pari
copia et cursûs celeritate sanguis permeare potest
hepatis parenchyma, et cavam ascendentem ut cordi
sufficientem materiam suppeditet, et ut sit propor-
tio inter anadosim chyli per venas mesaraicas in he-
par, et inter transcolationem sanguinis per poros he-
patis, cum sanguine ubertim et affatim è corde pro-
siliente. Ergo hæcce proportio naturæ ipsi ignota est
et in Riolani cerebro nata, non tam ad Lactearum
Thoracicarum quàm ad omnium mesenterij vena-
rum eversionem.

III. Argumentum. Quomodo distendi et repleri chy-
lo sufficienti potest isthæc lacuna exigua ?
(sic Receptacu-
lum vocat) cum habeat mesenterium superpositum cum pon-

h.

Page 214, brevis destructio responsionis riolani, auctore hygino thalassio.

dere intestinorum incumbentium præsertim in supino decu-
bitu
, resp. pag. 148.

Receptaculum chyli exiguum non est, sed pellu-
cidissima illa ac tenuissima membranula, vesiculæ in-
star, oblongo situ omnibus ferè lumborum vertebris
innixa est, atque aortæ {a} trunco firmiter inhærescit.
Mesenterium autem in brutis animantibus quæ pro-
næ spectant ad pastum, lumbis non incumbit, ideo-
que nec chyli receptaculo : in hominibus verò inte-
stina superposita et mesenterium non ita permunt re-
ceptaculum et lacteas ut chylo non distendantur ;
alioquin hâc gravi compressione gravitas venarum
deficeret, et interciperetur non modo chyli, sed
etiam sanguinis anadosis. Igitur mediocris est illa
compressio quæ prodest chyli distributioni, tantum
abest ut noceat. Experientia enim et visus probat
manu compressis mesenterij lacteis chylo magis di-
stendi receptaculum, compresso receptaculo chylo
turgere lacteas thoracicas, eumque in cavam secun-
dum longitudinem sectam, salientis aquæ instar, ad
cor usque manifestissimè effundere, ut vicissim iis
compressis redit receptaculo moles et impulsi copia
lactis ; modò id propè diaphragma tentetur : nam
supra duos ultra digitos descendenti chylo valvulæ
perpetuò obsistunt, quæ nodorum instar foris assur-
gere conspiciuntur.

Hîc objicit Riolanus intestina receptaculum pre-
mere, et pag. 162. manifestissima contradictione se-
cum ita pugnat. Possunt ne, inquit, intestina superne
adeo revelli per contractionem musculorum vt comprimere
valeant istas venas lacteas ? hoc est ridiculum
.

IV. Argumentum. In obeso corpore sunt obrutæ et


  1. Sic pour : aortæ descendentis (Errata).

i.

Page 215, brevis destructio responsionis riolani, auctore hygino thalassio.

suffocatæ adipe circumfuso, tam membranæ rerum {a} adiposæ
quàm pinguenide mesenterij,
pag. 148. et 149.

Si adeps membranæ rerum {a} adiposæ et mesenterij
alias venas non obruit, cur nostras ? atqui alias non
obruit, ita enim fraudaretur animal chyli et sangui-
nis commeatu.

V. Argumentum. Chylus venarum lactearum vel
sponte labitur supra cor ascendens, cum nullo modo propelli
queat, vel attrahitur à corde, quod est impossibile,
pag. 164.

Si nec pellitur chylus, nec trahitur, nec sponte
fluit ; Ergo nullus in lacteis continetur ; Ergo impos-
sibile suis oculis vidit Riolanus, cum observavit Gaya-
no
demonstratore, canales Pecquetianos chylo disten-
tos pag. 145. Vidit chylum qui in hos canales neque
propelli potuit, neque attrahi, neque sponte flue-
re. Dicat jam se non disputare de hyparxi et existen-
tiâ lactearum, quas hoc loco velut inane nomen exa-
gitat ; {b} nisi forte velit venas esse sine chylo chyliferas.
Ecce quantum infesta est veritati nimia subtilitas, his
argutiis sibimet oculos suffodit Riolanus, et verbis
evertere tentat quod oculis vidit. Brevi nivem ni-
gram cum Anaxagorâ, et Pyrrhonis Epochen, et
ακαταληψιαν nos docebit vir magnus supra sensum
philosophatus. Soluit tamen ipse quintum istud ar-
gumentum pag. 182. suæ respons. contradictione, ut
solet, manifestâ. Et si supra lumbos, inquit, jacet inter
duos renes et musculos psoas istud receptaculum quid opus est
incitabulo per hepatis pistillum, beneficio respirationis ? quid
contractione musculari ? nec alia opus est probatione per me-
chanica artificia, si solus motus lumborum sufficit ad pellen-
dum chylum, quod tu ignorabas
. Addo ego motu intesti-
norum peristaltico protrudi chylum in Lacteas me-


  1. Sic pour : renum.

  2. Note marginale : Pag. 144. respons.

j.

Page 216, brevis destructio responsionis riolani, auctore hygino thalassio.

senterij, ac postmodum veluti undâ undam pellente
in Receptaculum et Lacteas Thoracicas ; quem mo-
tum juvat, musculorum abdominis contractio, ac
verberatio diaphragmatis, et ipsius aortæ. Ipse tan-
dem chylus, quoniam in liquidis insitum est motionis
principium fluiditas, qua data porta in lacteas sponte
effluit, et quandiu nova guttula ad aliam appellit,
tandiu ascendendi finis esse non potest.

VI. Argumentum. Possunt istæ igitur venæ, simul-
que receptaculum effringi in cyphosi magna et violentis mo-
tionibus lumborum
. Pag. 182. resp.

Quid inde absurdi colligi potest ? si rumpantur id
funestum esse
respondet Riolan. ad Guiffartum pag. 218.
ut in ruptura earumdem venarum Lactearum in abdomine.
Tunc autem chylus in thoracis vel abdominis cavi-
tatem effunditur, et putrescens varia invehit sym-
ptomata à Riolano graphicè enarrata. Si contingat
utrámque Thoracicam obstrui non actum esse de vi-
ta, ut vult Riolanus pag. 152. suæ respons. demonstravi
in solutione primi argumenti hujus capitis.

VII. Argumentum. Vtraque bilis cum expurgatur per
intestina, inquinabit chylum, qui cum isto inquinamento per
venas dorsales deferetur ad cor. Idem accidet in diarrhæa bil-
iosa. pag. 180. resp
.

Respondeat ipse Riolanus, et in sua sententia irri-
tum inde concludat hepatis laborem, nunquam enim
hoc modo expurgabitur bilis et cum chylo retrò acta
semper ad hepar remeabit. Si reponat hunc esse na-
turæ ordinem ut excidat solum bilis in intestina diver-
so tempore, et jam facta chyli anadosi, cum depellen-
dæ sunt cibi reliquiæ ; nobis ne os occludet ne idem
afferamus ? Illam autem tunc excerni inde probatur,

k.

Page 217, brevis destructio responsionis riolani, auctore hygino thalassio.

quia chylus non inquinatur : at nulla vis videtur id
incommodi arcere posse, si in jejunum chylo disten-
tum bilis è vesicula descenderet ; nisi forsan cogitaret
aliquis hâc figurâ constructos esse intestinorum po-
ros, ut per eos chylo facilis aditus pateat, qui bili jam
secretæ occludatur. Velut sal aquâ liquatus facilè
transit per linteum, secretus autem, linteo inhærescit.
Cum autem fluit assiduè diarrhœa biliosa, etiamsi
chylus feratur ad hepar, eodem modo ille infici po-
test biliosis humoribus, qui si ad cor ascendant per
Lacteas Thoracicas, quidni pariter ad hepar per me-
senterij lacteas, vnde impedietur hæmatosis, si hepati
alio modo quàm agricolis redit labor actus in orbem.
Liberet censor istud viscus hoc periculo, eâdem ope-
râ cor ab excrementis biliosis vindicabit.

VIII. Argumentum. Ad cor chylum deferre impossi-
bile propter distantiam cordis octo digitorum intervallo ab
insertione venarum in ramos subclavios, pag. 183
.

De isto impossibili sic loquitur Socrates apud Pla-
tonem in dialogo, qui Alcyon inscribitur. Iudicamus,
inquit, pro humanæ facultatis viribus, quæ et rerum ignara
et rudis est et difficilè adducitur, ut credat, sed et nequa-
quam perspicaciter intuetur. Itaque et compluria nobis de iis,
quæ facilia sunt difficilia, et quæ consequi possunt impossibi-
lia sæpe judicantur. Atque id quidem nonnunquam propter
imperitiam, sæpe verò ob quandam mentium infantiam ; om-
nis itaque homo infans esse videtur vel ultimâ senectute pro-
vectus. Quid est enim pusillum ac præsens vitæ tempus ad
omne ævum. Quid est igitur, ô bone vir ! quod ex ejusmodi
rebus, possibiles-ne an impossibiles sint, dicere quipiam possint ?
ii quos deorum divinarumque rerum latent potestates, quibus-
ve totius naturæ vis incognita est. Multa tibi et mihi et aliis

l.

Page 218, brevis destructio responsionis riolani, auctore hygino thalassio.

impossibilia videntur, quæ aliis forsitan perfacillia. Hæc
ipse. Nos verò non dicimus chylum immutatum et
adhuc lacteum ex axillaribus in cor derivari ; sed san-
guine permixtum, eo modo quo ipsum in vulgari-
bus mesaraicis jam rubescentem ad hepar asportari
supra exposui. Non igitur defertur ad cor chylus, sed
sanguis chyli portione perfusus. Et hac permixtio-
ne paucus chylus, nam guttatim stillat in subcla-
vias, plurimo sanguini inditus ita penè in sanguinem
convertitur ; sic aquæ gutta multo vino affusa fit vi-
num ex Aristotele. Sic testatur Riolanus sanguinem
venosum arterias subeuntem in ipso ingressu naturam
arteriosi saguinis acquirere, lib. de circul. sang. ex
doctr. Hipp. p. 50. Ideo longior fuit distantia, ut hoc
itinere et morâ appararetur chylus ac facilius à corde
conficeretur : vt postea dicetur in nono argumento.

At Riolanus : Si fuisset naturæ intentio ad cor chylum
transmittere ; potuisset iuxta diaphragma duorum digitorum
distantiâ, vel potius diaphragmatis intervallo, à dextro ven-
triculo cordis venas Lacteas inserere in cavam
, pag. 183. resp.

Ergo Riolane, haud alio modo quàm naturæ consi-
liorum particeps, quod de Hipparcho dixit Plinius
lib. 2. c. 12. illius potentiam tuâ metiris ulnâ : Sic er-
go argumentare : si naturæ fuisset intentio hominem
sanum diutissimè servare ; potuisset statim morborum
causas rescindere, luxuriantem sanguinem deplere,
cacochymiam expurgare, nec ulla diu in corpore ex-
crementa cumulare. Ergo fecit, quia potuit ! potuis-
set Monoscelos, Satyros, et alios ejusmodi miræ
pernicitatis ac stupendæ conformationis homines
quotidie generare. Ergo fecit quia potuit, aut ubi-
que facit quod fecit alicubi. Potuisset situm partium

m.

Page 219, brevis destructio responsionis riolani, auctore hygino thalassio.

vitalium et nutritiarum invertere, duos lienes con-
struere, quatuor ureteres, et infinita ejusmodi ;
quoniam quod interdum facit, potuit semper ; Ergo
fecit qui a potuit. Quid dixisset Galenus si hoc argu-
mento contendisset aliquis mesaraicas venas non esse
hepatis manus, nec uti naturam mesenterio veluti
ponte ad transvehendum chylum, quia potuisset per
ventriculi venas idem munus præstare, ut voluit su-
pra Riolanus : potuisset natura in vestibulo plexûs
choroidis ; qui constituit quartum canalem duræ me-
ningis, valvulam apposuisse, quæ ibi necessaria erat
ex Riolan. in defens. advers. Slegel. p. 248. ad impe-
diendum repentinum sanguinis influxum apoplexiæ
causam : Ergo fecit quia potuit ; potuisset meatus
cholidochus solùm inseri in crassa intestina, fæcum
conceptacula, nec tunc ullum fuisset inquinationis
chyli periculum. Ergo, concludet Dialecticus, mea-
tus cholidochi non in jejuni intestini initium, sed in
crassa intestina inseruntur. Multa alia natura potuis-
set, Riolane, si Deo creatori ita fuisset placitum. Na-
tura enim ex Divo Augustino, Dei voluntas est, et
ex Tertulliano, Voluntas Dei etiam solens mundi ar-
tifex. Sed tu meliùs potuisses naturæ sapientiam in
vasis Lacteis mirari non carpere ; illius in partium fa-
brica leges scrutari, non novas præscribere ; atque
uno verbo rationem naturæ non naturam rationi sub-
mittere. Vbi eras quando ponebam fundamenta terræ, in-
quit Deus, Iob. c. 38. v. 32. indica mihi si habes intelligentiam,
quis posuit mensura ejus
, et infrà, quis posuit in visceribus
hominis sapientiam
, et c. 39, v. 32. nunquid qui contendit
eum Deo tam facilè conquiescit, utique qui arguit Deum de-
bet respondere ei
.

n.

Page 220, brevis destructio responsionis riolani, auctore hygino thalassio.

IX. Argumentum. Chylus impurus absque coctione,
sed ne quidem concepto calore, id est crudus ac indigestus per
venas lacteas ascendit ad cor, transeundo per pulmones devol-
vitur in aortam ; si hoc ita sit, nonne potest inquinare cor, et
pulmones labefacere, et arteriosum sanguinem, pag. 167. resp
.

Istud Achilleum argumentum, quod toties repe-
tit, pag. 179. 180. 181. 191. respons. et pag. 205. ad
Guiffartum, deprompsit Riolanus à secunda epistola ad
Pecquetum scripta, quæ sic habet opponant consusis {a} ador-
nandi chyli et perficiendi sanguinis officinis turbari primæ et
secundæ regionis fines, chylum adhuc crudum et immutatum
cordi oggeri, atque ita non tam culinæ nidore quàm sordidâ
incocti cibi permixtionem 
{b} spiritus vitales inquinari. Tela
prævisa minùs feriunt : ideoque non difficile erit,
opinor, ab istis sordibus Lacteas Thoracicas expe-
dire.

Supposita earum hyparxi quam post αυτοψιαν fa-
tetur Riolanus pag. 145. nemo cum ratione dubitare
potest chylum impurum et sordibus inquinatum ad
sublcavias accedere. Natura enim blanda animan-
tium conservatrix, ac de earum salute summè sollici-
ta, cujus gratià cuncta exequitur, has venas fabrica-
ta est, ad per eas naturæ lege et instituto it chylus in
subclavias et cavam ascendentem. Ergo ex hoc ipso
necessariò sequitur chylum hunc non impurum ac
sordibus inquinatum ad cor et pulmones ascendere,
hæc fuerat anticipata brevis hujus argumenti solu-
tio in secunda ad Pecquetum epistolâ. Non silebit in sua
causa natura, responæbitque semper se quod melius est præ-
stare et animantium saluti convenientius
. Et verò licet
nobis nondum probè constaret chyli depurationis
ratio, quoniam agit sæpe natura miris et occultis mo-


  1. Sic pour : confusis (Errata).

  2. Sic pour : permixtione (Errata).

o.

Page 221, brevis destructio responsionis riolani, auctore hygino thalassio.

dis, hanc tamen rei necessariæ non defuisse, et bilio-
sis inquinamentis cor non obruisse, absque alia ulla
ratione, certissimum ac firmissimum nobis esse de-
beret.

Nihilominus etiam clarissimè patet in chylo Tho-
racico falsò sordes supponi, iis enim in alvina regio-
ne repurgatur, quas non solùm in intestinis relinquit,
cum per eorum tunicas transcolatur, sed etiam in
pancreatis bibula substantia, {a} in qua miris anfractibus,
ac quibusdam veluti capreolis, ac reticulis lacteæ
implicantur ex Asellio. Pancreatis candor insignis,
ac substantiæ modus, inquit idem, arguunt cœno-
siorem et crudiorem chyli partem in se combibere ;
ut placenta uteri {b} quod in materno sanguine fœcu-
lentum est absorbet. Id docuit ipse Hippocrates, lib.
de glandulis. Glandulæ, inquit, in intestinis majores sunt
quam alibi in corpore et expressam ex intestinis redundan-
tem humiditatem depascuntur
. νεμονται αι αδενες εν τοισιν
εντεροισιν εκπιεζομεναι τον πλαδον. Tot filtra itaque arti-
fex natura ita formasse credi debet, ut defæcatissimum
et purgatissimum chylum cordi appararet. Igitur cum
crassior et impurior chylus statim, ut initio dixi, diver-
tatur in mesaraicas, ut in hepate excoquatur ac biliosis
excrementis liberetur. Tenuis, qui purior est et proxi-
mè ad naturam sanguinis accedit, à quo fermè solo can-
dore discrepat, tantisper in receptaculo veluti ad di-
gestionem asservatur, antequam ad subclaviarum
ostia sursum emicet ; et dum ab intestinis ad cor va-
rios torquet ac corrigit flexus ac longa fertur regione
viarum, suo ac partium vicinarum calore attenuatur,
elaboraturque magis ac magis, tandémque sanguini
permixtus illius miscellâ adhuc excoqnitur {c} antequam


  1. Note marginale : Sordities chyli ibi coacervatur ex Riol. Encheirid. anat. l. 2. c. 19. pag. 153 (sic pour : pag. 112).

  2. Sic pour : placenta seu iecur uteri.

  3. Sic pour : excoquitur (Errata).

p.

Page 222, brevis destructio responsionis riolani, auctore hygino thalassio.

cordis ventriculos subeat. Sic Chymici in longo quo-
dam ac contorto instrumento, quod Pelicanum vocant
distillatione liquores suos et spiritus exaltant. Quibus
attentè perspectis conspicuum sit chylum cordi nocere
non posse. Si enim is jecoris non nocet ad quod crudus,
et in Riolani sententia immutatus appellit, si
in hoc viscere, ubi calor longè quàm in corde remis-
sior est, ubi exiliora vasa, ac proinde minor sanguinis
copia, habitâ proportione totius molis, chylus spi-
tituum naturalium generationem non impedit, cur
sanguis aliqua purissimi et elaboratissimi chyli por-
tione paulò ante quàm cor subeat perfusus spiritus
vitales inquinabit.

At bilis, inquies, quam continet chylus, ubi sanguinis
characterem in hepate adeptus est ab eo secernitur quæ
non expurgatur in corde, unde urget Riolanus, bilis
chylo continetur, itaque is impurus in cor et pulmo-
nes truditur. Pace tanti viri dicam, chylus in se bilem
continet, paucam, victamque aliarum partium tem-
peratione, nec dum mixtionis vinculis solutam ; Et
naturæ instituto chylus, aut potius sanguis chylo in-
tinctus in cordis sinus influit. Ergo bilis hæc impura
non est, imo suos usus habet ; natura enim nihil facit
frustra, quibus sanguis animiosor et vividior reddi-
tur, quibus cum defuncta est, post multos circuitus
tum in hepate tum in renibus secernitur. Sic serum
ablegatur ubi suam corpori utilitatem præstitit, nec
purissimus sanguis qui per arterias carotidas transmit-
titur in cerebrum, bile caret, quod demonstrant bi-
liosæ sordes aurium, etiam in perfectè sanis. Malè er-
go Riolanus, Si sanguinis, inquit, pag. 179. respons.
per venam cavam labentis bilis secernitur in renibus. Si bilis

q.

Page 223, brevis destructio responsionis riolani, auctore hygino thalassio.

sanguinis per venam portæ fluentis separatur in jecore, utra-
que bilis continebatur chylo et sic impurus truditur et tra-
ditur in cor et pulmones
. Nam si valeret istud argu-
mentum, sequeretur, contra Riolani sententiam, san-
guinem in cava non circulari. {a} Si enim circulatur, se-
cundum leges circulationis rectà tendit ex corpo-
ris extremis in cor, remeat quoque ex emulgentibus
venis in cavam. Itaque bilis sanguinis per venam ca-
vam labentis non secernitur in renibus, sed bilis san-
guinis per aortam labentis ; Ergo bilis illa debet priùs
cum sanguine per cor transfluxisse. Præterea aut unâ
circulatione et unico sanguinis in renes impulsu bilis
transcolatur, aut pluribus ; unico non potest ; sic
enim totus corporis sanguis uno impulsu ad renes
afflueret ; si pluribus circulationibus id perficiatur,
quod certè aliter fieri nequit, Ergo ita sæpius cum
sanguine redit bilis ex corporis extremis ad cor. Cur
autem nec cordi nec aliis partibus naturalis illa bilis
non nocet, sic explicat Hippocrates lib. de Natura
Humana : Hominis corpus in se sanguinem et pituitam et
bilem duplicem continet, ex quibus corporis ipsius natura con-
stat, et per hæ dolet et sanum est. Sanum quidem sum hæc
moderatam inter se tum facultate tum copiâ temperationem
habuerint, idque præsertim, si permixta fuerint. Dolet, ubi
horum quidquam vel minus vel copiosius fuerit, aut in cor-
pore separatum nec reliquis contemperatum
, et lib. de Veteri
Medicina Amarum salsum, etc. mixtione et mutuâ in-
ter se contemperatione, neque cernuntur, neque molestiâ affi-
ciunt. At ubi horum quidpiam secretum fuerit, et per se con-
stiterit, tunc et conspicuum sit, et hominum molestiâ af-
ficit
.

Redit in aciem Riolanus pag. 179. resp. Si non fit,


  1. Note marginale : Vide Encheirid. anat. l. 3. c. 8. pag. 298.

r.

Page 224, brevis destructio responsionis riolani, auctore hygino thalassio.

inquit, istius excrementi secretio, nisi post multas revo-
lutiones sanguinis per venas et arterias, Ergo cor et pulmo-
nes deteriùs nutriuntur quàm reliquæ partes corporis, quia pri-
mæ excipiunt chylum impurum
.

Sic retorqueo. Ergo ventriculus, intestina, la-
cteæ, et hepar, ex Riolano deteriùs nutrientur, quàm
reliquæ corporis partes, quia primæ chylum impu-
rum excipiunt. Falsò ergo supponit statim pulmo-
nes, et cor eo sanguine nutriri. Nam ut ventriculus
et intestina non nutriuntur chylo, sed sanguine variis
alterationibus in corde et hepate excocto ; sic cor et
pulmones non nutriuntur nisi purissimo sanguine,
qui primo ingressu non subito talis evadit, nec priùs
agglutinatur, quàm multiplici circulatione partes
acquisierit eorum substantiæ resarciendæ similes. {a} Vt
autem variarum partium quas in ventre præterfluit
chylus, simul perfectiorem nutritionem non impe-
dit, sic primus nondum perfecti sanguinis per cor et
pulmones transfluxus eandem non perturbat.

Quærit Riolanus, pag. 191. respons. Potest ne concoqui
chylus et mutari, in sanguinem tam celeri transitu per cor et
pumones ?
Nouit ipse vitalem sanguinem rapidâ unius
systoles ac diastoles celeritate non absolvi, atque
ideò in cor revolui 
{a} pluries, ut circulatione ita natu-
ræ vices pensentur. At indignum est, inquit, cor solem,
et regem microcosmi in animæ conclavi culinam cor-
poris exercere
, pag. 181. Non vilescit munus cor-
dis ob novam purissimi chyli accessionem, ut ex su-
pradictis colligi potest, nec dedecet principis ma-
jestatem subditis alimoniam præbere. Et si perficien-
di sanguinis munus atque alimenti coquendi et distri-
buendi sedes ad culinam spectat, vita ipsa ac nutritio
tota erit culinaria.


  1. Note marginale : Vide Encheirid. anat. l. 3. c. 6. pag. 284.

  2. Sic pour : revolvi (Errata).

s.

Page 225, brevis destructio responsionis riolani, auctore hygino thalassio.

Igitur falsissimum est, impuritates alvinæ regionis per
lacteas thoracicas ad cor transferri
, det ideò {a} ærumnosam
vitam fore, nisi præter naturam id contingat, ut in fe-
bribus assiduis, et aliis morbis, quod fatetur etiam Riola-
nus
, {b} et tunc deprehendi potest impurum chylum cum
sanguine ad pulmones deferri ; scilicet ubi in dispo-
sitionibus rheumaticis rejicitur è pulmonibus in-
gens copia pituitæ viscidæ ac glutinosæ, chylum,
viscidum cibi liquamen, adhuc referentis : quam pi-
tuitam agnoscunt ægri è cibis malè concoctis gigni,
quos ferè totos aiunt in sputa facessere.

Quod certè accidit propter chylosum sanguinem
per obstructos pulmones pigro lapsu trajectum, aut in
iis cespitantem ac malè confectum. Nunquam enim
tot implendis uno die crassorum sputorum pelvibus
sufficere posset pulmonis excrementorum copia.
Ideóque ad curationem, post επαφαιρεσιν, maximè al-
vinæ regionis habenda ratio est, quâ frequentissimè
repurgatâ enematis et blanda επικρασει, vel exhau-
riuntur sputa, vel plurimùm minuuntur. Ejusdem
quoque chylosi sanguinis vitium in humidiori cerebro
apparet, unde tantus scaturit muci proventus è nari-
bus effluentis. Cum enim cerebrum sit metropolis
frigidi et glutinosi ex Hippocrate, naturaliter simili
sanguine nutriri debet, ut dicetur capite sequenti,
qui quidem cum abundat, aut malè coquitur in ce-
rebro intemperato, nimiam hanc pituitæ copiam pro-
generat ; ut non sine causa agnoverit Riolanus pag. 188.
respons. ex chylo venis sublcaviis infuso, pituitosum
humorem nasci et concrescere.

Itaque ex tota hac noni argumenti solutione dilu-
cidum fiet, arbitror, cor dum sanum est, ob lacteas


  1. Sic pour : transferri et ideo (Errata).

  2. Note marginale : In Encheirid. anatom. l. 3. c. 6. p. 284. et l. de circul. sang. ex doct. Hipp. p. 21.

t.

Page 226, brevis destructio responsionis riolani, auctore hygino thalassio.

thoracicas, alvinæ regionis illuvie non sordescere. Et
certè in Riolani opinione major sordium metus im-
pendet. Si enim, ut vult lib. de circulat. sanguin. ex
doctr. Hippoc. pag. 21. et Admonit. ad Guiffartum
pag. 211. Sanguis cum delectu cor ingreditur, tunc
impurior respui debet, qui ideò circa cor restagna-
bit, ac limus ibi subsistet crassior, et multæ sordes ibi
generabuntur, quæ graviora inferent incommoda
quàm fictæ chyli sordes propter quas tantoperè se
angit Riolanus.

Qui tandem si novem argumentis lacteas thoraci-
cas oppugnantibus nondum me hoc capite satisfecis-
se reclamet ; Quoniam illi sua solùm placent, ex il-
lius adversus lacteas commentationis conclusione, {a}
omnium simul argumentorum certissimam ac neces-
sariam solutionem depromam. i. Si innumeræ me-
senterij venæ reduci non possint ad duas venulas tho-
racicas. ii. Si per eas Chylus non defertur habita
proportione cum exilienti è corde sanguine. iii. Si
chyli receptaculum aboleatur mesenterij et intesti-
norum pondere. iv. Si lacteæ adipe suffocentur.
v. Si per eas chylus nec propelli possit, nec attrahi,
nec sponte fluere. vi. Si venæ chyliferæ rumpan-
tur. vii. Si chylus bilis sordibus inficiatur. viii. Si
chylum ad cor deferri impossibile propter distantiam.
ix. Si chylus potest inquinare cor et pulmones.
Tunc ex Riolano deerunt fibræ venoso sanguini ; Deerit
sanguini arterioso in corde fermentum ; Deerit nutritio di-
versarum corporis partium, quæ diverso gaudent alimento,
ut ossium et medullæ
 ; Deerit generatio et reparatio adipis
per universum corpus extensi
 ; Deerit tandem pituitosus
humor inde natus et concretus
. Hos enim lactearum tho-


  1. Note marginale : Pag. 187. et 188.

u.

Page 227, brevis destructio responsionis riolani, auctore hygino thalassio.

racicarum usus omnes attulit pag. 187. et 188. suæ
respons. sic ibi palinodiam cantat, sic venas astruit,
quas multiplici argumentorum apparatu evertere
conatus erat ; nec astruit modo, sed earum tales usus
excogitat, ut iis ne momento quidem vita carere pos-
sit. Hic ergo est ordo, hæc series reponsionis Riolani
ad experimenta nova, primùm pag. 144. et 145. la-
ctearum thoracicarum hyparxim fatetur : Deinde hanc
argumentis convellit pag. 147. 148. 149. sed maximè
pag. 164. 182. et 143. {a} postmodum hanc admittit et la-
ctearum necessarios usus profert pag. 187. et 188. ean-
dem denique argumento decies repetito refutat pag.
191. sic cadit, erigitur, iterum cadit, et ubique titubat
senex. Sed cum ipso obsignatis tabellis agendum
non est, nec aliquid habet certi ac constituti : solet
enim, ut est proverbio, in diem vivere. Dixerat
pag. 181. lin. 12. Ad cor chylum deferri impossibile propter
distantiam
. Contradictorium dicit pag. 187. l. 20. Chy-
lus trunco venæ cavæ juxta axillares infunditur, ut sanguinis
portio ex permixtione chyli crassior facta hæreat cordi, et
instar fermenti calidioris et acidioris inserviat ad elaboratio-
nem novi sanguinis arteriosi
. Quomodo chylus sanguini
permixtus cordis scrobiculis hærere potest, si cor {b} ad
chylum ferri impossibile ?

Verum est, inquit pag. 153. lacteas in homine extare, id
à me olim publicè demonstratum cum admiratione, etiamsi
tum essent mihi ignotæ lacteæ Asellij
.

Contrà pag. 184. et 185. Quamvis extent in animalibus
bene pastis, et post quatuor horas aperto abdomine, non sequi-
tur in hominibus similes reperiri. Si reperiuntur credo esse sur-
culos rami mesenterici venæ portæ
. Hîc dubitat de venis
quas mox se publicè demonstrasse dixit.


  1. Sic pour : pag. 143. 164. 181. (Errata).

  2. Sic pour : si ad cor (Errata).

v.

Page 228, brevis destructio responsionis riolani, auctore hygino thalassio.

Pag. 153. Si extant in brutis non sequitur reperiri in homine,
nisi hominem vivum secueris, nunquam invenies istas venas
lacteas cum receptaculo chyli
.

Contrà in eadem pagina ultima linea, id conabor in
hominibus supplicio addictis et genialiter pastis ac saturis obser-
vare, mox à strangulatione apertis, si liceat per judices et con-
fessarios cruciarios lautè alere
.

Idem etiam pag. 169. et 170. vult in hominibus
portionem chyli per lacteas effusi in cavam urinas
lacteas reddere, et superficiem albicantem in superficie
sanguinis vasculo excepti concretam pro chylo intra venam
cavam corrupto ostendi
. Vide etiam pag. 188. respons.

Denique pag. 218. in Admonit ad Guiffartum, qui
scripserat, sæpius in cadaveribus humanis observatum est
magnam chyli corrupti copiam à receptaculo intra viscerum
spatia profusam, quam ob similitudinem decepti medici ar-
bitrabantur pus esse quoddam liquidius, ideóque abscessum aut
vomicam per omnes abdominis partes frustra perquirendo,
tempus consumpserunt
. Sic Riolanus Respondet ; istam ob-
servationem laudo : addo ex insertione illarum venarum
lactearum ad truncum cavæ iuxta emulgentes nonnun-
quam urinas fluere puriformes, sine ullo renum aliorúm-
que viscerum præcedente ulcere, interdum etiam per intesti-
na eadem purulentia lactiformis effluit vel sincera vel ster-
coribus permixta sine ullo dolore intestinorum, quæ reputatur
manare à mesenterio ulcerato et abscessum passo. Cum tamen
procedat ab ista collectione chyli in magna glandula mesente-
rij, et in venis lacteis, qui in eas partes protrusus fuit, idem
in thorace contingere potest ruptis istis tubis chyliferis, quod
est funestum, ut in ruptura earumdem venarum lactearum
in abdomine, nisi venæ illæ lacteæ exarescant, ad sistendum
fluorem continuum chyli, atque vacuata fuerit purulentia

w.

Page 229, brevis destructio responsionis riolani, auctore hygino thalassio.

in abdomine vel thorace diffusa et collecta. Nonnè hîc
meridiano sole clariùs lacteas thoracicas in homine
confirmat Riolanus ? Et ut naturâ lynces insitum ha-
bent ne post tergum respicientes meminerint prio-
rum, et mens perdat quod oculi videre desierint, sic
ut veritati litet, superiorum argumentorum prorsus
obliviscitur. Cæterùm ne imposterùm desultoriâ le-
vitate toties sententiam mutet, discat à Salomone
labrum {a} veritatis firmum fore in perpetuum. {b}


  1. Sic pour : labium (Errata).

  2. Note marginale : Proverb. c. 12. v. 19.


Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte. Hyginus Thalassius (1654), alias Pierre De Mercenne, Brevis Destructio de la première Responsio (1652) de Jean ii Riolan : chapitre iv

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(Consulté le 03/06/2024)

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