Universitaire érudit hollandais, Martinus Schockius (Utrecht 1614-Francfort-sur-l’Oder 1669) [1] était né dans une famille d’arminiens (remontrants, v. note [7], lettre 100). Par sa mère Schoock était neveu d’Ælius Everardus Vorst, et donc cousin germain d’Adolf Vorst (v. note [6], lettre latine 215). Doté d’un très vaste savoir qui faisait l’admiration de Guy Patin, Schoock enseigna l’histoire, l’éloquence, la géographie, la logique et la physique à Utrecht, Deventer et Groningue. D’abord disciple du théologien calviniste rigoriste Gisbertus Voetius (v. note [8], lettre 534) et champion du pur aristotélisme, Schoock se déclara vivement contre la nouvelle philosophie de Descartes en 1643 ; le Français s’en plaignit et l’Université de Groningue obligea son professeur à se dédire après qu’il eut passé plus de trois mois en prison ; il se justifia en montrant que Voetius avait abusé de sa signature pour écrire contre Descartes (v. lettre de Christiaen Utenbogard à Guy Patin le 21 août 1656).
En 1664, obéré de dettes, Schoock s’exila définitivement en Allemagne et devint historiographe et conseiller de l’électeur de Brandebourg puis professeur d’Histoire à Francfort-sur-l’Oder (v. note [6], lettre latine 318). Sa méticuleuse bibliographie établie par Jean-Noël Paquot en 1764 (tome troisième, pages 310‑327) compte 63 titres imprimés entre 1634 et 1677, portant sur les sujets les plus divers et parfois triviaux ou bizarres (v. notes [2] de sa lettre à Guy Patin du 12 août 1656, et [2], lettre 719, pour deux aperçus dressés en 1654 et 1662).
Notre édition contient une lettre de Schoock à Patin, datée du 12 août 1656 (où il demeure opposé au cartésianisme, v. sa note [3]), et huit que Patin a ensuite écrites à Schoock, datées du 2 février 1657 au 29 octobre 1665. Leur amitié et leur admiration mutuelles devaient sans doute quelque chose à leur aversion partagée pour Descartes et à leur esprit satirique ; Isaac Vossius qualifiait, dit-on, Schoock d’impudentissima bestia [très impudente bête].