L. latine 63.  >
À Jan van Horne,
le 3 novembre 1656

[Ms BIU Santé no 2007, fo 48 ro | LAT | IMG]

Au très distingué M. van Horne, docteur en médecine et professeur en l’Université de Leyde.

Très distingué Monsieur, [a][1]

J’ai reçu votre très agréable lettre et m’en réjouis doublement car elle m’assure non seulement de votre retour, mais aussi de votre bonne santé, ce qui importe le plus pour les humains que nous sommes. Les lettres sont les interprètes de l’esprit et quand vous le voudrez, nous correspondrons sur les affaires médicales. Je n’ai pas encore vu votre M. Orlinsky qui vous accompagnait avant que vous partiez d’ici, à moins que ce Polonais ne soit l’un de mes auditeurs. [2] Usez et tirez profit de mon Carpi sur Mondini, que vous avez enfin reçu. [1][3][4] Notre Riolan est en vie et se porte bien. Pour cette Apologie en faveur de l’École de Montpellier dont vous m’écrivez, Courtaud l’a rédigée, elle est parfaitement inepte, bouffonne, satirique, querelleuse, injurieuse, extrêmement médisante, barbare [5] et digne d’un siècle très ignorant. [2][6][7][8] Notre Charles Guillemeau y a répondu, et vous n’irez pas chercher plus loin : c’est une seule et même Defensio, et aucune autre n’a paru ; [3][9] mais Guillemeau n’écrira plus rien lui-même après celle-là, car il nous a quittés, il est mort le 21e d’octobre, âgé de 68 ans ; [10] comme quatre jours avant lui, soit le 17e d’octobre, l’excellent M. René Moreau, âgé de 72 ans ; [11] mais aussi, le 22e du même mois, un autre de nos anciens, nommé Charles Le Clerc, âgé de 74 ans. [12] Dans le premier paquet que je préparerai pour vous, je mettrai des libelles sur l’antimoine, [13] avec ces lettres de M. Gassendi [14] que vous avez désirées, [4] et d’autres choses s’il s’en présente. En attendant, vale et aimez-moi.

Votre Guy Patin de tout cœur.

De Paris, ce vendredi 3e de novembre 1656.


a.

Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite à Jan van Horne, ms BIU Santé no 2007, fo 48 ro.

1.

V. note [17], lettre latine 38, pour le commentaire de Jacopo Berengario Carpi sur l’Anatomia de Mondini.

2.

V. note [54], lettre 348, pour la Seconde Apologie de l’Université en médecine de Montpellier… (Paris, 1653), ouvrage anonyme dont l’auteur n’est probablement pas Siméon Courtaud, mais plutôt l’un de ses élèves nommé Isaac Cattier ; elle répondait aux anonymes Curieuses recherches… (Paris, 1651) que Guy Patin attribuait constamment à Jean ii Riolan (mais auxquelles il avait aussi probablement mis la main).

3.

V. note [3], lettre 390, pour la Defensio altera [Seconde Défense] de Charles Guillemeau (janvier 1655), qui n’avait pas été précédée d’une Defensio prima [Première Défense]. Jan van Horne devait un peu s’y perdre dans les titres, pompeux ou injurieux, des libelles qui nourrissaient la querelle opposant les docteurs régents de Paris à ceux de Montpellier à la suite du procès des Parisiens gagné contre Théophraste Renaudot en 1644.

Les méandres de cette âpre dispute (1645-1655), à laquelle se mêlait l’antimoine, et ses traces imprimées sont recensés dans notre Chronologie, sous la rubrique fmp & umm.

4.

Les seules lettres imprimées de Pierre Gassendi alors disponibles étaient celles concernant le mouvement de la terre (v. note [1], lettre 211). Formant le 6e tome de ses Opera omnia [Œuvres complètes], un recueil de ses Epistolæ n’allait paraître qu’en 1658 à Lyon (v. note [19], lettre 442).

s.

Ms BIU Santé no 2007, fo 48 ro.

Clar. viro D.D. Io. Van Horne, Doctori Med. et Prof. in Academia Leidensi.

Vir Cl.
Suavissimam tuam accepi, per quam certior factus sum non de tuo
dumtaxat reditu, sed etiam quod 2 optimum est 1 in humanis, de tua valetudine :
de utroque lætor. De rebus Medicis quando voles, inter nos agemus, per literas
animi interpretes. Dominum tuum Orlinsky, nondum vidi, nisi fortè Polonus ille sit,
auditor meus, qui Te, dum hinc abires comitabatur. Carpo nostro in Mundinum, tandem accepto
utere et fruere. Riolanus noster vivit et valet. Quod scribis de Apologia illa
pro Schola Monspeliensis, à Curtaudo scripta, planè inepta, scurrili, satyrica,
rixosa, convitiosa, maledicentissima, barbara et impudentissimo sæculo digna,
cui respondit Car. Guillemeau noster, nec ultra inquiras : una et eadem est, nec alia unquam
apparuit. Sed nihil post hac scribet Guillemeus ipse ; abijt enim à nobis, et obijt, 21.
Oct. ann. æt. 68. et quarto ante eum die vir optimus D. Ren. Moreau, Octobris
nempe 17. die, ætatis 72. ejusdem v. mensis die 22. Senior alter è nostris, dictus Car. le Clerc,
ann. æt. 74. In primo fasciculo quem adornebo, includam libellos de Stibio, cum epistolis
illis D. Gassendi, quas optasti, et alia si occurrant. Interea vale, et me ama.

Tuus ex animo Guido Patin.

Parisijs, die Veneris, 3. Nov. 1656.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Jan van Horne, le 3 novembre 1656

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1096

(Consulté le 27/04/2024)

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