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La sanguification (aujourd’hui désignée par son synonyme dérivé du grec, hématopoïèse) est la manière dont se forme le sang. L’idée dominante alors était qu’il provenait de la transformation des aliments, après leur digestion en chyle (v. notes [26], lettre 152, et [1] du Traité de la Conservation de santé, chapitre vii). Jean ii Riolan, fidèle à la pensée des anciens, croyait la sanguification opérée directement par le foie. Prolongeant la découverte des chylifères (vaisseaux lactés) du mésentère par l’Italien Gaspare Aselli (1622, v. note [10], lettre 15), le Français Jean Pecquet (1647, v. note [15], lettre 280) démontra le transport du chyle dans la veine subclavière par la voie du canal thoracique et attribua (toujours à tort) la sanguification au cœur. On ignorait alors l’existence des cellules du sang (globules blancs et surtout globules rouges) qui forment presque la moitié de sa masse et qui sont élaborées dans la moelle des os (v. notule {f}, note [5], lettre latine 369). Au foie demeure néanmoins la fonction essentielle de produire les protéines du plasma (partie liquide du sang, v. note [33], lettre latine 4). Le livre dont parlait ici Guy Patin devait être le Clypeus [Bouclier] de l’énigmatique Guillaume de Hénaut, adressé à Jacques Mentel, dont l’impression s’achevait alors à Rouen (v. note [6], lettre 14). L’auteur (probablement Mentel lui-même) consacre en effet la plus grande partie de son traité à déduire fort pertinemment que le chyle ne peut se transformer en sang dans le foie ou la rate (car il ne s’y recueille pas directement), non plus que dans le cœur (car il y séjourne trop brièvement) : il estime qu’il y faut un organe richement vascularisé où le chyle peut stagner durablement, mais sans parvenir à déterminer celui qui satisfait pleinement ces deux conditions. La prétendue lettre de Hénaut à Mentel, datée de Rouen le le 25 juin 1655, se conclut sur ce propos, mais sans vraiment y croire (pages 69‑70) : Etsi etiam tela in cor coniecta ei forte affixa fuerint, dum ea nemo extraheret, media tamen penetralia subire non potuerunt. Immo ea nixu non inutili retorsimus. Ruit igitur alto a culmine nimis obsoleta tyrannis hepatis, ab omni, ut opinor, alterius auxilio destituta ; nam si pergama dextra deffendi possent, etiam hac deffensa fuissent. |
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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. –
À Charles Spon, le 8 juin 1655, note 1.
Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0404&cln=1 (Consulté le 18/09/2024) |