Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 5 manuscrit, note 58.
Note [58]

Ce paragraphe désigne nommément Nicolas de Bourbon (« M. de B ») comme conteur de l’histoire (relatée par Guy Patin).

V. notes :

  • [2] supra pour les frères Duret, Jean, le médecin, et Charles i, sieur de Chevry ;

  • [11] du Borboniana 10 manuscrit pour Janus de La Rivière, premier médecin de Henri iv de 1594 à 1605, à ne pas confondre avec Roch Le Baillif, sieur de La Rivière (v. note [18], lettre 408) ;

  • [3], lettre 570, pour l’assassinat de Jules César par Brutus en 42 av. J.‑C.

Catherine de Bourbon (1559-1604), duchesse d’Albret, sœur unique du roi Henri iv, était cousine germaine de celui qu’elle aimait, Charles de Bourbon, comte de Soissons (v. note [11], lettre 105). Le prudent roi (qui n’avait pas encore d’héritier légitime) lui fit épouser, en 1598, le marquis Henri de Pont (1563-1624), qui devint le duc Henri ii de Lorraine en 1608. Aucun enfant ne naquit de cette union. Le duc Charles iv de Lorraine (v. note [37], lettre 6) était neveu de Henri ii.

L’Histoire de Davila (v. supra note [57]) a conté différemment l’intervention de Jacques Davy Duperron dans la révélation du tiers parti à Henri iv (tome second, livre douzième, année 1591, page 202) :

« Mais comme les choses qui se communiquent à plusieurs peuvent difficilement être cachées, celles-ci vinrent enfin à la connaissance du cardinal Philippe de Lenoncourt, ancien dépendant de la Maison de Navarre, qui, pour être du parti du roi, demeurait aussi à Tours et entrait dans le Conseil. {a} Or, pource qu’il n’était guère en bonne intelligence avec le cardinal de Bourbon, il fut le premier qui avertit le roi de ce qui se passait, en lui représentant en général les choses qui se tramaient contre lui, de la façon qu’il les avait pressenties. Le roi, qui ne doutait point qu’il n’y eût de l’émulation entre ces deux cardinaux, ne voulut point d’abord croire entièrement ce que Lenoncourt venait de lui dire ; et ne laissa pas pourtant de s’en mettre en peine, ni de penser aux moyens qu’il pourrait tenir pour se mieux éclaircir ; à quoi la Fortune le sembla conduire d’elle-même par la voie la plus extraordinaire qu’il eût jamais pu s’imaginer. Car étant advenu fortuitement à Balbani, arrivé déjà en Italie, de rencontrer en son chemin le sieur Des Portes Baudouin, secrétaire du duc de Mayenne, {b} qui s’en allait aussi à Rome pour ses affaires ; il fit amitié avec lui, comme c’est la coutume de ceux qui sont dans les intérêts d’une même nation. En suite de quoi, ou par imprudence, ou pour semer un nouveau rejeton de la Ligue, {c} il lui découvrit le sujet pour lequel le cardinal l’envoyait vers Sa Sainteté, et lui fit voir, dans un papier distinctement écrit, tous les articles de la commission, qu’on lui avait donnés pour s’instruire. À quoi Des Portes, adroit au possible et savant dans les négociations, se rendit si complaisant et lui sut si bien tâter le pouls par son accortise {d} à l’amadouer que, non seulement, il pénétra dans le fond de l’affaire et apprit quels étaient les confidents du cardinal, mais encore, il lui tira des mains une copie de sa commission, qu’il envoya promptement au duc de Mayenne, par deux mêmes lettres diversement adressées. Mais le malheur voulut qu’il y en eût une d’interceptée par la garnison d’Auxerre, et qu’ainsi elle tombât entre les mains du roi, avec une pleine instruction de tout le traité. À cet avis qu’on avait eu par le moyen de la lettre du sieur Des Portes, servit encore, depuis, d’un grand éclaircissement Jacques du Quesnay, gentilhomme de Normandie, qui avait été nourri page du duc de Longueville. {e} Celui-ci se trouvant un soir au coucher de son maître (façon de faire la cour aux grands, qui se pratique ordinairement en France) et ne pouvant être vu à cause des rideaux qui l’empêchaient, ouït, sans y penser, un grand discours que fit sur le même sujet le sieur Duperron, {f} et le dit fortuitement à Jean d’Épinay, son proche parent, qui, pour être huguenot et d’un esprit pénétrant, ne manqua point d’en avertir aussitôt le sieur de Chasseron, son capitaine, de qui le roi apprit depuis plus distinctement toutes les particularités et les circonstances de l’affaire. »

Revanche de Henri iv après délibération avec ses conseillers particuliers (ibid. page 204) :

« Le roi ne trouva point de meilleur expédient que celui-ci, qui fut encore approuvé par le maréchal de Biron, à l’avis duquel on se rapportait de toutes les grandes affaires. Tellement qu’à l’heure même, il écrivit au cardinal de Bourbon et aux autres seigneurs du Conseil qu’ils ne manquassent point de le venir promptement retrouver au camp, où il avait besoin de leurs soins et de leur assistance. Cela fait, il ôta au comte de Soissons le gouvernement de Poitou et de Touraine, pour le donner au prince de Conti, qui ne trempait point à cette faction, ses frères mêmes l’ayant exclu de leur intelligence. Car, outre que le comte de Soissons, secrètement dépité de ce que le roi, après lui avoir plusieurs fois promis en mariage la princesse Catherine, sa sœur unique, refusait maintenant de la lui donner, s’était jeté pour cette raison dans la ligue du cardinal ; il l’avait fait encore sur cette espérance qu’à lui-même, bien que plus jeune, mais séculier, pourrait échoir l’élection que les catholiques feraient d’un prince du sang pour l’élever à la Couronne. {g} D’où il advint que le cardinal, s’étant rendu au camp devant Chartres {h} et continuant toujours d’aller au Conseil, eut le déplaisir de se trouver présent à l’édit qui fut fait en faveur des huguenots, {i} auquel il s’opposa directement, et par ses paroles et par son action, ne cessant depuis d’en faire de mauvais contes, afin de persuader ainsi aux catholiques de se lier d’intelligence avec lui. »


  1. Philippe de Lenoncourt (1527-1592), cardinal en 1586. Paris étant aux mains de la Ligue, Henri iv séjournait alors à Tours.

  2. Charles de Lorraine, un des meneurs de la Ligue (v. note [6], lettre 445).

  3. Sans doute pour poser un jalon du côté de la Ligue, afin de se ménager une porte de sortie si sa mission au service du tiers parti échouait.

  4. Adresse.

  5. La phrase devient plus intelligible si on en inverse les propositions : « Jacques du Quesnay, gentilhomme de Normandie qui avait été nourri page du duc de Longueville, servit encore, depuis, d’un grand éclaircissement à cet avis qu’on avait eu par le moyen de la lettre du sieur Des Portes. »

  6. Duperron ne serait donc pas venu raconter le tiers parti directement au roi, mais au duc Henri ier de Longueville, l’un des fidèles soutiens de la Couronne durant la Ligue (v. note [39] du Borboniana 4 manuscrit).

  7. Le lien que Nicolas de Bourbon établissait entre le mariage contrarié de Catherine de Bourbon et le tiers parti n’était donc pas fortuit.

  8. Assiégée depuis le 21 février 1591 par l’armée royale, la ville de Chartres se rendit à Henri iv le 19 avril suivant.

  9. En réplique à l’excommunication de Henri iv réitérée par Rome, l’édit royal de Mantes, le 4 juillet 1591, confirmait ceux de Poitiers (1577) et de Nérac (1579) qui avaient déclaré la liberté du culte réformé dans le royaume, et révoquait ceux de Nemours (1585) et de Rouen (édit d’union, 1588) qui l’y avaient interdit. Le tiers parti s’était ouvertement déclaré à cette occasion, par la bouche du cardinal de Vendôme.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 5 manuscrit, note 58.

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(Consulté le 26/04/2024)

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