Autres écrits : Commentaires de la Faculté rédigés par le doyen Guy Patin (1650-1652) : 2B. Novembre 1651-novembre 1652, Décrets et assemblées de la Faculté de médecine, note 60.
Note [60]

Cette discussion aborde la question, aujourd’hui délicate à résoudre, des frais de diplômes et d’actes dus par ses élèves à la Faculté de médecine de Paris. Deux sortes de dépenses incombaient aux apprentis médecins pour l’obtention de leurs grades (examen du baccalauréat pour les candidats ou philiatres, soutenance des trois thèses puis admission à la licence pour les bacheliers, trois actes du doctorat pour les licenciés) :

  • les premières, que le doyen appelait ici bourses, correspondaient aux droits d’inscription versés à la Faculté pour chacune des épreuves (soit, en 1651‑1652, 16 livres tournois pour le baccalauréat, 35 ℔ pour la licence et 180 ℔ pour les actes du doctorat) ; cet argent contribuait à couvrir les dépenses ordinaires et extraordinaires dédiées au fonctionnement des Écoles, et apparaissait dans le compte annuel des recettes présenté par le doyen (comme on peut voir dans les deux rôles établis par Guy Patin, le 26 janvier 1652 et le 6 février 1653) ;

  • les secondes, certainement bien plus onéreuses, qu’on peut appeler honoraires ou gratifications, étaient les sommes que le postulant versait directement, individuellement et en mains propres, aux docteurs régents qui participaient à ses actes successifs (examinateurs du baccalauréat, président et neuf disputants des deux thèses quodlibétaires, président de la thèse cardinale, chacun des quelque 120 docteurs régents qui soumettait tout licentiande à son examen dit particulier, président et deux disputants des actes doctoraux) ; leur montant ne figurait pas dans les comptes de la Faculté ; il variait probablement d’un postulant à l’autre, selon ses accointances et sa fortune familiale ; s’agissant d’une transaction privée, j’ai beaucoup peiné à trouver des renseignements probants sur la somme que les docteurs pouvaient demander aux étudiants dont ils accompagnaient les actes, hormis mes supputations vertigineuses sur l’examen particulier (v. supra note [36]).

    Lors de mes lectures les plus approfondies, j’ai toutefois croisé une estimation plausible du revenu, officiel comme officieux, qu’un docteur régent tirait des ses activités académiques : v. note [1], lettre 998, pour la rente annuelle de 400 livres tournois que la Faculté a exceptionnellement versée en 1670 à Claude Tardy pour le faire taire, c’est-à-dire pour mettre fin à ses enseignements, tant publics que privés, sans être rayé du tableau de la Compagnie.

Il existait en gros deux situations.

  • Dans le cas particulier du jeune Claude de Frades, la Faculté ne pouvait l’exempter que des frais de la première catégorie (comme elle faisait pour tous les fils de ses docteurs régents), mais en aucune façon de ceux de la seconde, car ils n’étaient pas de son ressort officiel.

  • Dans le cas général, sans la moindre idée précise sur les honoraires versés aux docteurs régents, il est impossible de calculer le montant exact de tout ce que devait payer un étudiant en médecine parisien pour parcourir le cycle complet de ses sept années d’études à la Faculté. Néanmoins, notre édition fournit quelques précieuses indications :

    • v. note [4] de la lettre de Julien Bineteau, datée du 1er octobre 1651 pour son estimation de ce capital à six ou sept mille ℔ (soit, pour donner une idée, 30 à 35 années du loyer que l’avocat Pierre Masuer réglait à la Faculté pour la maison où il logeait, en plein cœur de Paris, v. supra note [58]) ;

    • la note [19] de L’ultime procès de Théophraste Renaudot… fait état d’une estimation un peu inférieure (« quatre ou cinq mille francs [℔] ») en 1644 ;

    • v. note [41], lettre latine 98, pour les 600 ℔ annuelles que Guy Patin estimait nécessaires pour le confortable séjour d’un jeune étranger de bonne famille à Paris.

    De telles dépenses incitaient de nombreux étudiants à partir prendre leurs diplômes dans d’autres facultés du royaume où les études étaient beaucoup plus courtes et bien moins coûteuses (mais en perdant alors l’aptitude, sauf exceptions rigoureuses, à jamais exercer dans la capitale).

V. en outre les notes :

  • [9], lettre 750, pour l’exemption des droits afférents à la licence et aux actes doctoraux que la Faculté pouvait accorder aux postulants dans le dénûment, et pour le cas de Nicolas Gervaise, qui donne une idée des frais incombant aux bacheliers (examen de botanique et soutenance des trois thèses) ;

  • [110] des Comptes de la Faculté le 26 janvier 1652 pour l’absence de droits d’inscription dont on gratifiait les philiatres (élèves des quatre premières années), ce qui ne signifiait pas, tant s’en faut, que leur scolarité était gratuite ;

  • [17] de l’Autobiographie de Charles Patin pour la somme de deux mille ℔ que lui coûta le cycle complet de ses études médicales, en dépit des exonérations dont il a bénéficié en tant que fils de docteur régent.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Commentaires de la Faculté rédigés par le doyen Guy Patin (1650-1652) : 2B. Novembre 1651-novembre 1652, Décrets et assemblées de la Faculté de médecine, note 60.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8187&cln=60

(Consulté le 07/12/2024)

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