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Les champs de l’odontologie de Pierre Fauchard

Remédier aux maladies des Gencives

Pierre Fauchard aborde ensuite les maladies parodontales : Ceux qui n’ont les dents que médiocrement ébranlées ou mal affermies dans leurs alvéoles, & dont les gencives sont molles, livides, bouffies, ou gonflées, prolongées & sujettes à saigner aisément, etc.

Concernant l’étiologie de ces maladies, Pierre Fauchard, ignorant les facteurs microbiens, applique à la plupart de ces manifestations la théorie hippocratico-galénique des humeurs. Ainsi à propos du gonflement des gencives, causé par l’infiltration de quelques humeurs hétérogènes [...] Cette maladie est une de celles qui affligent le plus souvent les gencives. Nous la nommerons excroissance.

Mais Pierre Fauchard, en excellent clinicien observe finalement que la cause la plus ordinaire de cette maladie est le tartre qui s’accumule autour des dents, & s’insinue entre elles & la gencive. C’est à lui que l’on doit une approche de la description de la maladie parodontale, au point de lui avoir attribué le nom de maladie éponyme. Ce qu’il décrit comme une espèce de scorbut [...] qui, sans intéresser les autres parties du corps, attaque les gencives, les alvéoles et les dents. [...] On la reconnaît par un pus assez blanc & un peu gluant, que l’on fait sortir des gencives, en appuyant le doigt un peu fortement [...].

 
Page de titre Jean-Baptiste Verduc ( ?), Les opérations de la chirurgie
Avec une pathologie dans laquelle on explique toutes les maladies externes du Corps humain & leurs remèdes, selon les principes de la physique moderne, Paris, Laurent d’Houry, 1693 (BIU Santé 30980)

Jean-Baptiste Verduc
( ?), Les opérations de la chirurgie

Le scorbut

Le mal scorbutique bien connu dès le XVIe siècle sera attribué jusqu’au XVIIIe siècle à un trouble humoral. Entité aux limites imprécises, le scorbut pouvait être endémique ou constitutionnelle. Aux manifestations buccales pathognomoniques s’associaient une grande lassitude, de la dépression psychique, un œdème, puis des ulcères aux membres inférieurs, des tâches sur tout le corps, une forte fièvre, des douleurs avec gonflement des articulations.

Jean Fernel : "Les gencives s’enflent & croissent quelquefois démesurément, en sorte que les dents en sont presque toutes couvertes : ce qui arrive principalement à ceux qui les ont molles & spongieuses & à ceux qui demeurent dans les milieux aquatiques & humides, comme sont les Mariniers" (La pathologie ou discours des maladies, 1655).

Jean-Baptiste Verduc : "Les dents sont le plus souvent noires et branlantes & même elles tombent quelquefois par morceaux ; elles font beaucoup de douleur. Les gencives sont d’abord enflées & jaunâtres [...], il en sort un sang serreux qui sent très mauvais" (Les opérations de la chirurgie, 1693).

Pierre Fauchard : Les accidents que le scorbut occasionne aux gencives, sont des enflures considérables, la lividité, la couleur jaunâtre, la démangeaison importune & insupportable, des ulcères sordides, la sortie d’un sang séreux & très puant [...] des hémorragies parfois considérables, enfin la gangrène [...] Ce mal cruel ébranle les dents, les déracine, les rend chancelantes [...] elles sont en danger de se défendre totalement.