L. latine 377.  >
À Sebastian Scheffer,
le 28 octobre 1665

[Ms BIU Santé no 2007, fo 198 vo | LAT | IMG]

Au très distingué M. Sebastian Scheffer, docteur en médecine à Francfort. [a][1]

Un Allemand, du nom de Martinus Praungard, votre apparenté, [2] est récemment venu me voir ; trois mois avant, un gentilhomme d’Aquitaine, militaire appelé M. de Rissan, m’avait déjà favorablement parlé de lui. Je vous promets que, s’il s’en offre quelque occasion, je prendrai soin de le servir, en votre nom, chaque fois qu’il aura besoin de mon aide ou de mon argent. [1] Quand vous voudrez bien m’écrire, n’omettez pas, je vous prie, de me faire savoir ce que vous avez décidé chez vous, avec vos libraires, pour mes trois manuscrits du très distingué Hofmann [3] et pour ce que je vous ai naguère envoyé d’autre par l’entremise de Sebastian Switzer. [2][4][5] J’ignore si le fils de votre collègue M. Horst [6][7] est revenu en votre ville. Peut-être n’a-t-il pas eu tort ni failli en quoi que ce fût quand il a décidé de quitter la France, car il était très souvent fatigué et n’était guère assidu à mes leçons, [8] ce qui fait qu’il est parti d’ici moins savant qu’il eût dû. Je lui souhaite de poursuivre plus heureusement ailleurs et de progresser grandement dans l’étude de la médecine. [3] Je salue votre épouse. [9] Vale, très distingué Monsieur, et aimez-moi.

De Paris, le 28e d’octobre 1665.

Vôtre de tout cœur, Guy Patin.


a.

Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite à Sebastian Scheffer, ms BIU Santé no 2007, fo 198 vo.

1.

Je n’ai pas identifié de noble famille aquitaine portant le titre de Rissan.

Dans ses lettres à Sebastian Scheffer, datées de 1662 à 1666, Guy Patin a plusieurs fois mentionné ses rencontres (précédées de leurs annonces) avec un sien parent, mais sans en redonner le nom. Quoique je n’en sois pas absolument certain, j’ai considéré qu’il s’agissait de ce Martin Praungard, qui voyageait en France et avait des liens familiaux avec l’épouse de Scheffer.

2.

Voir :

3.

V. note [3], lettre latine 98, pour le jeune Georg Horst, dont l’année d’études à Paris paraissait s’achever piteusement. Guy Patin confiait à Sebastian Switzer le soin d’en faire part au père de l’étudiant dissipé, Johann Daniel Horst (v. ce que Patin lui en a écrit le 26 novembre 1665).

Le départ de Georg pour la Suisse avait été moins inopiné qu’il ne semble, comme le montre une lettre manuscrite de son père à Johann Caspar i Bauhin, conservée et mise en ligne par la Bliothèque universitaire de Bâle (Universitätsbibliothek Basel, cote G2 I 9:Bl. 190) :

Francofurti 25 Junij 1665.

Nobilissime Vir

Postquam filius meus, Georgius, antehac Altorfij et Gissæ,
nunc per annum Lutetiæ Parisiorum studio medico operam tulit ;
propediem Vestram Academiam aditurus est, Vestram, inquam Academiam
Celeberrimam, quæ Parenti meo p.m. olim mitram Doctoralem con-
cessit. Juvenis quidem adhuc est meus filius ; diligens tamen et
discendi cupidissimus, merusque non pravorum. Indigeo autem
valde hic illius præsentia, ut nempe ad quosdam decumbentes
ipsum possem subinde mittere, cum ægris opem meam prolixius
interdum implorantibus, non amplius sufficere me sentiam
sine parastata quadam. Ast uti non possum filio meo in hæc
urbe, nisi Doctoris titulo gaudeat, cum tamen cras non sit
doctior, qui hodie proclamatur Doctor ! Tibi itaque ipsum
commendo, et Te maximopere rogito, velis nobis auxilium
et consilium conferre. Defectum in dubio procul supplebit
armorum procinctu, et diligentiæ ardore. Omnia autem
secundum Tuum nutum. Nollem enim quicquid tentet
sine Tuo plausu, suasu et patrocinio, id unice dolens,
quod non exstet meæ tenuitati occasio redhostire quomodocumque,
qui semper et revera citra fucum sum Nomin. T.

studiosiss.

Jo: Daniel Horstius
.

[Francfort, le 25 juin 1665.

Très illustre Monsieur,

Après avoir étudié la médecine à Altdorf, à Giessen, puis à Paris pendant un an, mon fils Georg va bientôt se rendre en votre Université. Je veux dire cette très fameuse Université où feu mon père reçut jadis le bonnet doctoral. {a} Mon fils est certes encore bien jeune, mais il est consciencieux et fort désireux d’apprendre, non sans être toutefois pur de toute lacune. J’ai pourtant grand besoin de sa présence à mes côtés, pour avoir la possibilité de l’envoyer souvent au chevet de certains patients car, ne disposant d’aucune aide, je pense parfois ne plus suffire à répondre aux incessantes supplications des malades. Je ne puis pourtant l’employer en cette ville s’il ne jouit pas du titre de docteur ; même si celui qu’on déclare docteur aujourd’hui ne sera guère plus docte demain ! Voilà pourquoi je vous le recommande et vous prie instamment de bien vouloir mettre votre assistance et votre sagesse à notre disposition. Les armes dont il est muni et l’ardeur de son application surmonteront sans doute ses quelques faiblesses ; {b} mais rien ne se fera sans votre consentement, car je ne voudrais pas qu’il entreprît quoi que ce fût sans votre approbation, votre conseil et votre protection. La seule chose qui me mette en peine est que mon insignifiance ne m’autorise pas à vous rendre la pareille en quelque façon que ce soit, moi qui suis, vraiment et sans nul faux semblant, toujours entièrement attaché à votre renom,

Johann Daniel Horst]. {c}


  1. Gregor ii Horst, père de Johann Daniel avait été reçu docteur en médecine à Bâle en 1606 (v. note [33], lettre 458).

  2. Pour la seconde fois dans sa lettre, Horst semble convenir que son fils a encore besoin, comme le pensait Guy Patin, d’affermir son application aux études.

  3. V. note [1], lettre latine 421, pour la manière fort expéditive dont Bauhin a exaucé la requête de Horst : son fils Georg soutint sa thèse doctorale à Bâle le 25 octobre 1665.

s.

Ms BIU Santé no 2007, fo 198 vo.

Cl. viro D. Seb. Scheffero, Med. Doct. Francofurtum.

Nuper ad me venit quidam Germanus Tibi affinis, dictus Martinus Praungard, mecum vir
de quo et pro quo antehac, i. ante tres menses egerat mecum Aquitanus
quidam nobilis, vir militaris, dictus D. de Rissan ; Polliceor Tibi me
curaturum, ut si sese offerat aliqua occasio, ei propter Te inserviendi,
quotiescumque ope vel opere mea indigebit. Quum voles ad nos scribere,
memento quæso ut per Te sciam quid statueris apud Te, cum vestris
Bibliopolis, de tribus MS. Cl. Hofmanni, quos antehac ad Te misi, per
Seb. Switzer, ut et de alijs. Filius D. Horstij, collegæ tui, an sit in urbem
vestram reversus nescio : nec malè forsan egit, nec quidquam peccavit,
quum Galliam reliquit, sæpius enim infirmabatur nec frequens intererat
meis prælectionibus, unde fit ut minùs eruditus à nobis abierit : uti-
nam alibi feliciùs degat, et in studio medico magis proficiat. Dominam
tuam saluto. Vale, Vir Cl. et me ama. Parisijs, 28. Oct. 1665.

Tuus ex animo, Guido Patin.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Sebastian Scheffer, le 28 octobre 1665

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(Consulté le 27/04/2024)

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