À Claude II Belin, les 18 et 22 août 1647
Note [32]
« à la grande exultation de toute l’Université. »
Charles Patin (Paris 23 février 1633-Padoue 2 octobre 1693) était le second fils vivant et le préféré de Guy, qui le surnommait Carolus ou Charlot. Comme les lettres de son père, son Lyceum Patavinum [Université de Padoue] (Padoue, 1682, v. note [a] de l’Autobiographie de Charles Patin) a laissé d’abondants détails sur son existence : apprentissage du métier d’avocat ; réorientation vers la médecine, docteur régent de la Faculté de Paris en 1655 ; poursuites et condamnation aux galères par contumace pour contrebande de livres interdits en 1668 ; fuite qui finit par le mener à Padoue où il fut nommé professeur de médecine avicennienne en 1676, puis de chirurgie en 1681 ; vaines tentatives pour se faire rétablir dans la Compagnie des docteurs régents de la Faculté de médecine de Paris.
Les parties les plus sombres de cette vie sont expliquées dans les Déboires de Carolus, dont la fin dresse son portrait physique et pathologique très expressif à l’âge de 52 ans. De son mariage avec Madeleine Hommetz en 1663 (v. note [1], lettre 744), naquirent deux filles, Gabrielle-Charlotte et Charlotte-Catherine, qui, comme leur mère, furent de savantes lettrées et, comme Charles, membres de l’Académie des Ricovrati de Padoue (v. note [165] des Déboires).
Outre son Lyceum Patavinum, Charles a laissé de nombreux ouvrages.
Μωριασ Εγκομιον Stultitiæ Laus. Des. Erasmi Rot. Declamatio, cum commentariis Ger. Listrii, et figuris Io. Holbanii. e codice academiæ Basiliensis. Accedunt, Dedicatio illustrissimo Colberto, Præfatio Caroli Patini, Vita Erasmi, Catalogus operum Erasmi, Vita Holbenii pictoris Bas., Opera Holbenii, Epistola Ger. Listrii ad Io. Paludanum, Præfatio Erasmi ad Th. Morum, Epistola Erasmi ad Mart. Dorpium, Epistola Erasmi ad Th. Morum, Epistola Th. Mori ad Mart. Dorpium, Index rerum er vocum.[L’Éloge de la Folie, Discours de Désiré Érasme, {a} avec les commentaires de Gerardus Listrius, les dessins de Iohannes Holbein, d’après l’exemplaire de l’Université de Bâle. Avec une dédicace au très illustre Colbert, une préface de Charles Patin, une vie d’Érasme, un catalogue de ses œuvres, une vie d’Holbein, peintre de Bâle, les œuvres d’Holbein, une lettre de Gerardus Listrius à Iohannes Paludanus, la préface d’Érasme à Thomas More, une lettre d’Érasme à Martinus Dorpius, une lettre d’Érasme à Thomas More, une lettre de Thomas More à Martinus Dorpius, un index des mots et des choses]. {b}
- V. notes [3], lettre 44, et [33], lettre 396.
- Bâle, Genathian, 1676, in‑8o ; v. note [142] des Déboires de Carolus pour Iohannes (Hans) Holbein et pour la genèse de cet ouvrage, expliquée dans la dédicace de Charles Patin à Jean-Baptiste Colbert.
Plusieurs autres titres sont cités au fil des lettres de Guy Patin. Sa biliographie complète jusqu’en 1682 est donnée dans la note [59] de son Autobiographie.
Certains ont dit que Charles Patin avait employé le pseudonyme de Nicolas Venette (alias Salonicus le Vénitien) pour le très fameux Tableau de l’amour conjugal considéré dans l’état du mariage (Parme, Franc d’amour, 1687, in‑16, pour une des premières d’une foule d’éditions) — traité de physiologie génitale bien fait, mais qui provoqua le scandale : « c’est un vrai roman qui est rempli d’histoires indécentes, plus propres à corrompre la jeunesse qu’à l’instruire » (Éloy). Les biographies comparées de Nicolas Venette (La Rochelle 1633-ibid. 1698) et de Charles Patin contredisent formellement cette hypothèse.
Comme en écho à l’obstination rétrograde de son père, Charles a publié à Padoue en 1685 un discours intitulé Circulationem sanguinis a Veteribus cognitam fuisse [Les Anciens ont connu la circulation du sang] (v. note [3] de Thomas Diafoirus et sa thèse), dont Georges Gilles de la Tourette (pages 111‑112) a cité cet extrait :
« Les Anciens qui connaissaient si bien les fièvres qui prennent naissance dans l’ébullition et la fermentation du sang avaient déjà indiqué la circulation : les artères portaient le sang à travers l’organisme et les veines le ramenaient au cœur. Bien plus, ils connaissaient les lymphatiques. Certainement, nous l’avouons, Realdus Columbus, {a} Daniel Sennert et surtout Guillaume Harvey n’en sont pas les inventeurs, ils méritent qu’on les appelle restitutores. {b} Aussi, étudions donc les Anciens, nous y trouverons la clef de toute science médicale. ». {c}
- Matteo Realdo Colombo (v. notule {d}, note [49] du Procès opposant Jean Chartier à Guy Patin en juillet 1653).
- Restaurateurs.
- Cette citation ne mérite hélas pas de guillemets : sans trahir le propos de Charles Patin, c’est un centon de bribes latines éparses empruntées à son texte original.
Charles Patin et Jacob Spon ont été les premiers éditeurs des Lettres choisies de feu M. Guy Patin (1683).