À Charles Spon, le 9 novembre 1642, note 2.
Note [2]

Michel i de La Vigne (Vernon 1588-Paris 14 juin 1648) avait été reçu docteur régent de la Faculté de médecine de Paris en 1614. Médecin par quartier de Louis xiii, il a publié les Orationes duo… [Deux discours…] (Paris, 1644, v. note [59], lettre 104) qu’il a prononcés à l’occasion de l’événement qui marqua son décanat : le procès engagé par la Faculté de médecine de Paris, le 1er mars 1644, où le Parlement débouta définitivement Renaudot et les médecins de Montpellier.

L’élection avait eu lieu le 8 novembre, premier samedi suivant la Toussaint. Les trois noms choisis par les cinq électeurs avaient été Jacques Perreau (docteur régent en 1613 ; v. note [14], lettre 146) et Michel de La Vigne, pour les deux anciens, et Guy Patin, pour le jeune. Guillaume Du Val, le doyen sortant, avait tiré du chapeau le billet portant le nom de Michel de La Vigne. Nommé censeur pour deux ans (v. notes [69] de L’ultime procès de Théophraste Renaudot…, et [6] des Actes de 1650‑1651 dans les Commentaires de la Faculté de médecine de Paris), Patin fut présenté au recteur de l’Université le lundi 10 novembre. De La Vigne et Patin sont demeurés en fonction jusqu’en novembre 1644.

Vigneul-Marville (Mélanges, volume 1, pages 91‑92) :

« Le médecin de La Vigne, dont l’abbé de Marolles parle avantageusement dans ses Mémoires, était de Vernon en Normandie. Chassé de cette petite ville par les tailles et les subsides, il se réfugia à Paris. Il y enseigna la rhétorique au Cardinal Lemoine ; et reprit peu après l’exercice de la médecine. Il y acquit du bien et de la réputation par la connaissance singulière qu’il avait des fièvres et de leurs remèdes. On espérait qu’il en écrirait quelque chose, mais il n’a laissé qu’un fort petit traité de la diète, qui n’a pas vu le jour.

Il était père de l’illustre Mlle de La Vigne, {a} l’une des plus savantes et des plus spirituelles filles de notre temps. Dès son enfance, elle faisait si aisément des vers, qu’il semblait qu’elle eût été allaitée par les Muses. M. Pelisson a fait imprimer la belle ode qu’elle avait composée, avec beaucoup d’art et de génie, à la gloire du roi. On a encore des stances de sa façon pour Mgr le Dauphin et d’autres ouvrages qui se gardent dans les cabinets de curieux. Tous ceux qui l’ont connue lui ont donné des louanges. M. Ménage l’a préférée aux anciens et aux modernes : Madamigella della Vigna, la cui lira, emulla delle trombe, da scorno a gli antichi, e invidia a noi. Son père disait plaisamment, pour marquer la différence qu’il y avait entre elle et son frère, {b} homme d’un esprit fort borné : Quand j’ai fait ma fille, je pensais faire mon fils ; et quand j’ai fait mon fils, je pensais faire ma fille. Les études de Mlle de La Vigne lui causèrent la pierre qui, servant de contrepoids aux attraits qu’elle aurait pu voir pour le monde, l’enleva au Ciel encore assez jeune : Munimenta saxorum sublimitas eius. {c} C’est l’épitaphe que je lui consacre. »


  1. Anne de La Vigne (1614-1684), poétesse française et philosophe cartésienne.

  2. Michel ii, v. note [22], lettre 237.

  3. « Des remparts de pierres faisaient sa grandeur. »

V. note [20], lettre 7, pour le catalogue mis à jour des docteurs régents de la Faculté.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 9 novembre 1642, note 2.

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(Consulté le 12/12/2024)

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