Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Patiniana I‑4 (1701), note 36.
Note [36]

Les anonymes Bons avis sur plusieurs mauvais avis {a} ont été publiés en 1650, dans le feu croisé des mazarinades. {b} Ils sont attribués à Mathieu de Mourgues, abbé de Saint-Germain, {c} fidèle serviteur des intérêts du roi et de son gouvernement, pour défendre la décision d’emprisonner les princes (Condé, Conti et Longueville) en janvier 1650. {d} Le début (pages 3‑4) en résume éloquemment l’ensemble et le style :

« Il est expédient {e} de faire connaître à ceux qui écrivent contre les intentions du roi que, s’il échappent à la justice de Sa Majesté, ils n’éviteront pas la censure de ses fidèles serviteurs. Les mieux instruits disent que la vanité a persuadé à ces feux follets qu’ils passeront pour des étoiles en faisant briller les étincelles de leurs esprits, encore qu’elles soient des allumettes de sédition. Les sages avouent que ces gens-là rangent mieux leurs paroles qu’ils ne règlent leurs pensées, lorsqu’ils s’imaginent que tout ce qui agréera aux curieux sera bien reçu par les sérieux. Ce qui est plus fâcheux est que les auteurs de ces ouvrages cherchent plutôt la réputation de polis écrivains que de bons citoyens : ils blâment avec hardiesse le gouvernement de l’État, qui a des secrets semblables aux mystères divins, auxquels nous devons la créance et la soumission, sans entreprendre de les pénétrer avec présomption pour les contrerôler {f} avec arrogance. Nous pouvons dire aussi à ces Messieurs que leurs plumes paraissent légères lorsqu’elles volent en fort peu de temps d’une extrémité à l’autre, et ne s’arrêtent point dans le milieu, où est la vertu. Il y a quinze mois qu’elles employaient leur encre pour noircir les actions et les desseins de Monsieur le Prince ; elles s’exercent maintenant non seulement à les blanchir, mais à les farder. Ainsi, celui que ces beaux discours on appelé souvent le mauvais génie de la France, lorsqu’il était à Saint-Germain, {g} est devenu dans le Bois de Vincennes l’ange tutélaire de ce grand royaume. {h} Puissante prison qui as pu faire ce changement ! Infortunée liberté qui arrêtais un grand honneur pour ce prince, et un noble avantage pour nous ! »


  1. Sans lieu, ni nom ni date, petit in‑4o de 28 pages.

  2. V. note [22], lettre 166.

  3. V. note [7], lettre 20.

  4. V. note [2], lettre 215.

  5. Urgent.

  6. Censurer.

  7. Pendant le siège de Paris (janvier-mars 1649).

  8. Les princes étaient emprisonnés dans le donjon du château de Vincennes (v. note [4], lettre 215).

La Réponse au libelle intitulé Bons avis, sur plusieurs mauvais avis, {a} attribuée à la moins bonne plume de Jean Le Laboureur, {b} commence ainsi (pages 3‑6) :

« Le cardinal Mazarin, après avoir commis la plus noire perfidie dont l’âme du monde la plus ingrate soit capable ; après avoir, par une injustice sans exemple, contre toutes les lois du royaume, fait emprisonner Monsieur le Prince, son bienfaiteur qui, l’année passée, par les ordres de la reine et les conseils de Monsieur le duc d’Orléans, employa sa valeur pour le sauver des mains de la justice ; {c} cet ingrat, dis-je, ne croirait pas avoir pleinement satisfait à sa lâcheté s’il ne déchirait la réputation et s’il ne tâchait d’obscurcir la gloire de Monsieur le Prince qui, par ses belles actions, {d} n’a pas donné moins d’éclat au sang royal qu’il en a reçu de lui par sa naissance. C’est peu au cardinal Mazarin d’avoir sacrifié à sa vengeance une victime ornée de tant de couronnes ; c’est peu d’avoir insolemment triomphé de la liberté du Conservateur de l’État pour achever le crime qu’il a si heureusement commencé ; il faut employer toutes sortes d’artifices afin de rendre les peuples irréconciliables avec Monsieur le Prince, et les faire complices de l’indignité la plus barbare, des desseins les plus énormes, et de la plus injuste violence qui leur puisse jamais être reprochée par la postérité.

[…] Voilà quelles sont les pensées, voilà quelles sont les actions du cardinal Mazarin ; voilà quelle est la tyrannie dont la France est menacée si elle ne se réunit promptement contre celui qui prépare des chaînes pour sa liberté ; et voilà en un mot quel est le dessein de son fidèle conseiller, l’auteur du libelle intitulé Bons avis sur plusieurs mauvais avis.

Ce malicieux écrivain, sachant bien que les hommes n’ont guère moins de haine pour ceux qu’ils ont injustement offensés que pour ceux dont ils ont reçu des injures, par une calomnie aussi impudente qu’artificieuse, rejette sur Monsieur le Prince toutes les méchancetés du Mazarin ; il exagère toutes les incommodités que la guerre de Paris {e} a fait souffrir aux peuples et, en même temps, sous leur nom, il se laisse emporter à une insolente licence de censurer toutes les actions de la plus glorieuse vie du monde, et de diminuer avec mépris l’éclat des plus beaux exploits dont l’histoire ait jamais parlé. »


  1. Sans lieu ni nom, 1650, petit in‑fo de 32 pages.

  2. V. note [7], lettre latine 218.

  3. Le 8 janvier 1649, le Parlement rebelle avait condamné Mazarin à la déchéance et à l’exil, pour crime de lèse-majesté (v. notes [26] et [28], lettre 164).

  4. Éclatantes victoires emportées contre les Espagnols par Louis ii de Bourbon-Condé (alors duc d’Enghien) à Rocroi (19 mai 1643, v. note [83], lettre 83), puis à Lens (20 août 1648, v. note [1], lettre 193).

  5. Le siège de Paris et la Fronde dite parlementaire.

Cet article du Patiniana imprimé ne figure pas dans le manuscrit de Vienne.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Patiniana I‑4 (1701), note 36.

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(Consulté le 26/04/2024)

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