L. latine 178.  >
À Johann Georg Volckamer,
le 8 février 1662

[Ms BIU Santé no 2007, fo 126 vo | LAT | IMG]

Au très distingué M. Johann Georg Volckamer, docteur en médecine à Nuremberg.

Très distingué Monsieur, [a][1]

Avec votre dernière lettre, j’ai aussi reçu celle du très distingué M. Rolfinck qui y était incluse. [2] Je lui fais maintenant réponse, en vous priant d’avoir soin de la lui remettre. J’attendrai patiemment son livre que vous me promettez, [1][3] avec divers opuscules et thèses, dont vous augmenterez le nombre s’il s’en trouve d’autres à vendre, qu’alors vous m’achèterez. Quoique le roi très-chrétien m’ait nommé successeur du très grand Jean Riolan en sa charge anatomique et en sa chaire royale, [2][4][5][6] je ne pense jamais rien écrire sur l’anatomie car nihil aliud esset quam noctuæ Athenas transportare[3][7] et refaire ce qu’ont déjà fait le très distingué Riolan, mon prédécesseur, et tant d’autres éminents héros qui ont écrit sur cette matière. Chaque année à Paris, les professeurs de nos Écoles dissèquent quantité de cadavres ; [8] s’ils manquent à leur devoir, je les remplace en refaisant ce que j’ai fait autrefois. [4][9][10] Si j’en ai le loisir et la santé, je songerai à publier une Methodus particularis que j’ai en tête et sur le papier ; [5][11] mais dans cette incertitude où sont toutes choses, je ne sais pourquoi un homme de soixante ans, presque épuisé par quantité de labeurs et de veilles, s’obstinerait à cette tâche. [6] Je n’ai pas encore vu votre compatriote qui a séjourné jusqu’alors à Lyon ; mais sachez bien qu’il me sera tout à fait recommandé, tant en son propre nom que parce qu’il est digne de votre protection. Vous en assurerez son père. Je me souviens avec gratitude, très distingué Monsieur, de l’argent que je vous dois et suis disposé à vous le faire rendre par M. Picques, [12] si vous voulez bien m’en indiquer le montant. Faites-moi donc savoir, très distingué Monsieur, combien je vous dois pour que j’efface ces anciennes dettes. En attendant, vale, très distingué Monsieur, et soyez favorable à celui qui est

votre Guy Patin de tout cœur.

De Paris, le 18e de février 1662.


a.

Brouillon manuscrit d’une lettre que Guy Patin, encore affaibli (v. note [1], lettre 717), a dictée à l’intention de Johann Georg Volckamer, ms BIU Santé no 2007, fo 126 vo ; sans trace de sa plume.

1.

V. la ettre de Guy Patin à Werner Rolfinck de même date que celle-ci et la note [10], lettre 683, pour les deux recueils de thèses que Rolfinck avait présidées à Iéna en 1660, sans pouvoir dire lequel attendait encore Patin.

2.

J’ai établi une opposition (« Quoique… ») dans ma traduction de la phrase parce que cette survivance de Jean ii Riolan avait été décidée en 1654 (v. note [29], lettre 372), et que Guy Patin en avait bien sûr déjà dûment avisé Johann Georg Volckamer (lettre du 5 mars 1655, v. sa note [6]) et l’avait depuis régulièrement entretenu de ses leçons royales.

3.

« ce ne serait rien d’autre qu’envoyer des chouettes à Athènes [porter de l’eau à la rivière] » (v. note [6], lettre 167).

4.

Guy Patin avait été nommé régent d’anatomie en 1631-1632 (v. note [10], lettre 8), puis élu professeur de chirurgie pour un an (1646-1647, v. note [70] des Décrets et assemblées de la Faculté de médecine en 1651‑1652). Sa chaire du Collège royal incluait l’anatomie, mais il s’est toujours montré beaucoup plus intéressé par la thérapeutique (remèdes et hygiène).

5.

« Méthode particulière (pour remédier) » que Guy Patin a probablement écrite, mais dont le manuscrit n’a été ni publié ni conservé ; non plus que ses écrits sur les médicaments purgatifs et altérants (v. note [7], lettre 402).

6.

Erreur de copie dans le manuscrit : hærare pour hærere (s’obstiner).

s.

Ms BIU Santé no 2007, fo 126 vo.

Cl. Viro Io. Georgio Volkamero Med. doctori
Noribergam.

In tuis postremis, Vir Cl., etiam inclusas accepi Cl. Viri D.
Rolfinckii, quibus ecce respondeo, quas ad eum perferendas, si placet,
curabis. Ejus librum, quem polliceris, proprediem patienter expectabo
cum aliis libellis et disputationibus, quarum numerum adaugebies,
si vænales aliæ prostent, quas mihi emeris. Maximo Viro Jo.
Riolano in Anatomico munere et Regio cathedra successor factus
sum à Rege Christianissimo : sed me nihil unquam scripturum puto
de re Anatomica : hoc enim nihil aliud esset quam noctuæ
Athenas transportare, et actum agere post Cl. Riolanum
Antecessorem meum et tot alios præstantissimos Heroes, qui
antehac de illo negotio scripserunt. Lutetiæ quotannis
exhibentur dissectiones quamplurimæ in humanis cadaveribus à
Professoribus Scholarum nostrarum, quorum vicem ego supplerem
quod aliquando feci, si officio suo deessent. Si per otium et valetudinem
mihi liceret, cogitarem de editione Methodi cujusdam particularis
quam et in mente et chartis habeo : Verum in hoc incerto
rerum omnium statu, nescio quid liceat hærare homini sexagenario
multis laboribus et vigiliis prope exhausto. Civem tuum, qui hactenus
Lugduni commoratus est, nondum vidi : sed velim scias illum ipsum, tum
proprio nomine, tum tuæ commendatione dignum, mihi fore commendatissi-
mum. De quo Patrem illius certum facies. Gratum et memorem animum habeo,
Vir Cl., de pecuniis aliquot, quas tibi debeo et reddere paratus sum #

# per D. Picques, si earum summam mihi indicare volueris. Fac igitur, Vir Cl., ut intelligam quantum tibi debeam,
ut vetera illa nomina expungam. Interea vale atq; fave, Vir Cl., tuus ex animo Guido Patin. Parisiis
8. Februarii 1662.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johann Georg Volckamer, le 8 février 1662

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(Consulté le 26/04/2024)

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