Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 5 manuscrit, note 50.
Note [50]

La parenthèse chronologique est une addition marginale.

  • V. note [11] du Naudæana 1 pour Philippe ier, dit le Magnanime, landgrave de Hesse (de 1518 à 1567).

  • Révolté signifie retourné, c’est-à-dire, pour un catholique, converti à la Réforme.

  • Guy Patin a parlé de Jacques-Paul Spifame dans sa lettre du 16 novembre 1645 à Charles Spon, en termes assez proches de ceux du Borboniana ; ses notes [17] et [18] résument sa double carrière, de magistrat puis d’ecclésiastique, et détaillent les raisons (politiques) de son exécution à Genève en 1566, et ses interactions avec le prince Louis ier de Condé (v. note [16] de la même lettre) et la reine Catherine de Médicis (v. note [35], lettre 327).

    Jacob Spon a donné cette version des mésaventures de Spifame dans son Histoire de Genève, {a} année 1566, livre iii, pages 47‑48 :

    « Jacques-Paul Spifame, évêque de Nevers, ayant quitté son évêché et quarante mille livres de rentes, s’était retiré à Genève pour y vivre selon la doctrine des protestants. Il y avait présenté requête pour être reçu bourgeois, ce qu’il avait obtenu, ayant même été mis du Conseil des Deux-Cents et des Soixante. La Seigneurie {b} et les personnes de lettres faisaient état de lui pour son érudition. Quelque temps après, il fut envoyé en France pour y servir en qualité de ministre ; {c} mais on eut avis qu’il tâchait secrètement de rentrer en quelque autre évêché ; ce qui fut cause qu’à son retour on éclaira sa conduite de plus près, et on éplucha sa vie passée. On découvrit qu’avant son mariage, il avait eu un enfant de celle qu’il avait épousée ; et afin qu’il ne fût déclaré bâtard, il avait fait faire un faux contrat de mariage antidaté et, de même, des faux sceaux pour l’autoriser davantage et rendre son fils capable de succéder à son hérédité, qui était assez ample. Pour toutes ces causes, il fut emprisonné, et ayant tout avoué, il fut décapité à la place du Molard, avec une grande repentance de ses fautes, qu’il témoigna par une belle remontrance qu’il fit au peuple sur l’échafaud. {d} Quelques-uns ont voulu dire que ces accusations ne furent que le prétexte de cette condamnation, mais que ce fut en effet pour complaire à Catherine de Médicis, qui avait gagné des syndics en ayant été sollicitée par le pape ; mais Scaliger, qui était alors à Genève, est plus croyable. Il dit donc, dans le petit livre intitulé Scaligerana, que Spifame fut décapité pour avoir entretenu chez lui une femme trois ans durant, son mari même étant encore vivant, et que ce fut Monsieur Servin, à qui il rendait de mauvais offices auprès de l’amiral de Châtillon, {e} qui fut cause de sa perte, étant venu exprès à Genève pour l’accuser. »


    1. Histoire de la Ville et de l’État deGenève depuis les premiers siècles de la fondation de la ville jusqu’à présent : tirée didèlement des manuscrits par Jacob Spon, {i} docteur médecin agrégé au Collège de Lyon. Seconde édition revue et corrigée. Tome ii. {ii}

      1. Mort en 1685, fils de Charles, v. note [6], lettre 883.

      2. Lyon, Thomas Amaulry, in‑12 illustré de 431 pages ; première édition en 1680.
    2. V. note [12], lettre 16, pour les conseils de la Seigneurie de Genève.

    3. Pasteur réformé.

    4. Le violet de la robe que Spifame aurait portée pour aller au supplice était la couleur de celle des évêques catholiques.

    5. Dans le Secunda Scaligerana (page 578), Servin est qualifié de patruus Regii Advocati [oncle (sic pour père, pater) de l’avocat du roi].

      V. note [156], lettre 166, pour Gaspard ii de Châtillon, amiral de Coligny, meneur protestant.


  • Dans un article érudit (pages 14‑18), A. de Trémault {a} a extrait des archives ces informations sur Claude Servin, père de Louis : {b}

    « natif de Mondoubleau, {c} il était fils d’un boucher, et avait d’abord exercé l’état de compagnon couturier. Il fut des premiers qui en France adoptèrent les opinions de la Réforme, dont il embrassa le parti avec ardeur. Il passait même pour avoir pris une part active aux premiers troubles religieux qui éclatèrent dans le Vendômois, et pour s’être approprié une croix d’argent lors du pillage de l’église Saint-Bienheuré de Vendôme, se fondant sur ce passage du Symbole : Crucifixus etiam pro nobis. {d} Une pareille conduite dut avoir une notoriété fâcheuse dans une ville où les catholiques étaient encore en majorité, et ce fut peut-être l’un des motifs qui le déterminèrent bientôt après à se rendre à Châteaudun. Là, son zèle pour la Réforme lui mérita la confiance des nouveaux religionnaires, qui lui donnèrent la charge de contrôleur de leur bourse commune. Cette fonction lui ouvrit la maison d’un habitant nommé Deschamps, qui avait quelque bien et deux filles, dont il ne tarda pas à épouser l’aînée, nommée Madeleine. Ce mariage le fixa d’abord à Châteaudun, qu’il ne tarda pas à quitter pour aller à Paris habiter le faubourg Saint-Germain. […]

    C’est en 1555, pendant qu’elle habitait le faubourg Saint-Germain, que Madeleine donna le jour à Louis Servin. Ce premier fruit de son union fut baptisé à Saint-Sulpice. L’enfant n’en fut pas moins élevé dans la religion réformée, à laquelle ses parents étaient attachés ; et que l’on ne s’étonne pas de ces faits contradictoires car ils se produisaient fréquemment dans ce temps où l’on criait alternativement “ Vive le roi ! Vive la Ligue ! ” Cependant, Claude Servin était alors plein de zèle pour la Réforme ; il devint même un agent du parti protestant et dut se retirer à Genève, où il demeura avec Jacques Spifame. […]

    Théodore de Bèze {e} passait pour […] avoir été profondément jaloux [de Spifame], pour l’avoir fait épier et rendu suspect aux protestants comme en relations secrètes avec les catholiques et la reine, de qui il cherchait à obtenir de nouveau un évêché. On le soupçonnait aussi de négocier avec le duc de Savoie {f} pour lui livrer la ville de Genève et la faire entrer sous l’autorité de ce prince. C’est dans ces circonstances que Servin, auquel il portait ombrage auprès de l’amiral de Châtillon et qui connaissait toutes ses menées, vint à Genève et le dénonça au Sénat. Il porta contre lui une accusation d’adultère et de contrefaçon d’un contrat de mariage […].

    Avant le temps où il fut mêlé à cette tragédie, Claude Servin avait été attaché à Antoine de Bourbon, roi de Navarre et duc de Vendôme, et avait fait partie de la noblesse qui suivait ce prince. Il fut ensuite secrétaire de la reine Jeanne d’Albret. {g} Dans son acte de foi et hommage qui lui fut rendu pour la terre de Pinoches, on le trouve qualifié de noble homme et de contrôleur de la gendarmerie du roi, charge alors purement honorifique, que lui avait valu son mérite, et qu’il occupait encore quand il périt, emporté par un boulet de canon à l’un des sièges que soutint la ville de La Charité (avant 1574). » {h}


    1. Biographie de Louis Servin : Bulletin de la Société archéologique, scientifique et littéraire du Vendômois, Vendôme, Lemercier, 1871, tome x, in‑8o.

    2. Avocat général au Parlement de Paris, mort en 1626, v. note [20], lettre 79.

    3. Capitale du Perche vendômois, dans l’actuel département du Loir-et-Cher, à mi-chemin entre Le Mans et Orléans, et à 28 kilomètres au nord-est de Vendôme.

    4. « Il a aussi été crucifié pour nous » (Credo catholique).

    5. Emmanuel-Philibert, dit Tête de fer, duc de Savoie de 1553 à 1580.

    6. V. note [28], lettre 176.

    7. Jeanne d’Albret, reine de Navarre de 1555 à 1572, et Antoine de Vendôme étaient les parents du futur roi Henri iv.

    8. Voilà une glorieuse façon de mourir pour le titulaire d’une « charge purement honorifique ».

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 5 manuscrit, note 50.

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(Consulté le 11/12/2024)

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