Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Patiniana I‑3 (1701), note 51.
Note [51]

« Voyez Papire Masson, livre iii, page 233 » :

Papirii Massoni Annalium libri quatuor : Quibus res gestæ Francorum explicantur. Ad Henricum Tertium Regem Franciæ et Poloniæ. Editio secunda.

[Quatre livres des Annales de Papire Masson, {a} où sont expliquées les affaires des Français. Dédié à Henri iii, roi de France et de Pologne. Deuxième édition]. {b}

Livre iii, page 217 du chapitre intitulé Philippus Rex [Le Roi Philippe], {c} :

Anno insequenti ordo Chartusianorum in Gallia ortus est. Chartusianorum appellantur a Chartusia monte iuxta Gratianopolim Allobrogum, ubi Bruno tranquillam sedem sibi delegit : Bruno inquam non ignobilis Theologus, ut monimenta ostendunt. Ex Chronico Sigeberti, patria Coloniensem illum fuisse scimus ex Canonico Rhemensi ac Scholarum magistro princeps Monachorum factus est, Landuino Italo et aliquot præterea sociis. Petrus Cluniacensis cognomine Mauriacenus, qui Crasso et Ludovico Regibus vixit, ordinis hujus autores Brunonem et Landuinum nominat, cumque originem, institutum, ac mores Chartusianorum accuratissime describat, nullam Canonici Parisiensis mentionem facit, qui inter solennes inferias dicitur respondisse mortuus.

[L’Ordre des chartreux fut fondé en France l’année suivante. {d} Il est dit des chartreux à cause du massif de la Chartreuse, près de Grenoble, où Bruno se choisit une retraite tranquille : Bruno dont je dirai qu’il ne fut pas un théologien obscur, comme le prouvent ses ouvrages. La Chronique de Sigebert {e} nous apprend qu’il était natif de Cologne et que, de chanoine de Reims et maître des Écoles, il a été désigné chef des moines par Landuin l’Italien et quelques autres de ses compagnons. Pierre de Cluny, surnommé Maurice, {f} qui vécut sous le règne de Louis le Gros, {g} désigne Bruno et Landuin comme auteurs de cet Ordre ; et quand il décrit très soigneusement l’origine, l’institution et la règle des chartreux, il ne fait aucune mention du chanoine parisien que des annales plus récentes ont dit avoir parlé après sa mort]. {h}


  1. V. note [7], lettre 16.

  2. Paris, Nicolas Chesneau, 1578, in‑8o de 503 pages.

  3. Philippe ier, roi capétien qui a régné sur la France de 1060 à 1108.

  4. 1086 : l’année 1084 est ordinairement retenue pour la fondation des chartreux par saint Bruno (v. note [10], lettre 580).

  5. Sigebert de Gembloux (province de Namur), son lieu de naissance vers 1030, est un chroniqueur et moine bénédictin qui mourut en 1112.

  6. Pierre le Vénérable, v. note [92] du Faux Patiniana II‑7.

  7. Louis vi, roi de France de 1108 à 1137, surnommé le Gros, Crassus en latin, ce qui explique la bourde de Masson (ou de son éditeur) dont le texte latin dit « des rois Louis et le Gros » : Crasso et Ludovico Regibus pour Ludovico Crasso Rege.

  8. Réfutation du conte qui ferait du futur saint Bruno celui à qui le chanoine parisien dépravé aurait parlé après sa mort (v. supra note [50]), et que cette mésaventure aurait déterminé à se retirer du monde pour fonder l’Ordre des chartreux…

Dans sa lettre du 7 octobre 1659 à André Falconet, {a} Guy Patin a critiqué cette fable inepte de Bruno revenant, en renvoyant au théologien Jean de Launoy {b} qui l’a dénoncée, en épluchant scrupuleusement tous les écrits sur la vie de Bruno, dans son livre intitulé :

Defensa Romani Breviarii Correctio circa historiam Sancti Brunonis, seu de vera causa secessus S. Brunonis in eremum Dissertatio…

[Correction revendiquée du Bréviaire romain {c} sur l’histoire de saint Bruno, ou Essai sur la véritable cause de son retrait dans la solitude…]. {d}

Les attaques de Launoy visaient tout particulièrement les livres de deux de ses antagonistes :

  • Hercules Commodianus Ioannes Launoyus Romani Brevarii Impugnator, Patronus ac Gregalis fortium ingeniorum, Negantium Stigmata S. Francisci ; Deridentium translationem ædis Lauretanæ ex Oriente ; Fabricantium duodecim Sacramenta legis gratiæ ; Sacramentis Baptismi et Confirmationis novam materiam, Sacramento autem Pœnitentiæ formam deprecativam rejecta Iudiciali assignantium ; Propolarum hujusmodi aliarum novarum mercium. Repulsus ab Honoratio Leotardo Thyriensis S.T.L.,

    [Honoratius Leotardus Thyriensis, {e} licencié en sainte théologie, réfute Jean de Launoy, Hercules Commodianus, qui a attaqué le Bréviaire romain, avocat et affidé des esprits forts : {f} qui nient les stigmates de saint François ; qui tournent en dérision la translation de la maison de Loreto depuis l’Orient ; {g} qui fabriquent douze sacrements pour l’agrément de la loi ; qui approuvent la nouvelle matière des sacrements du baptême et de la confirmation, mais aussi la forme déprécatoire du sacrement de pénitence, bien qu’un jugement l’ait rejetée ; et qui sont les boutiquiers d’autres nouvelles marchandises de ce genre] ; {h}

  • De Caussa conversionis S. Brunonis, Carthusianorum Patriarchæ, Epistola didascalica plurimum reverendi Domini Andreæ Du Saussay.

    [Lettre didactique du fort révérend M. André Du Saussay {i} sur la raison de la conversion de saint Bruno, fondateur des chartreux…]. {j}


    1. V. ses notes [9] et [10].

    2. Le « dénicheur de saints » v. note [9], lettre 91.

    3. V. note [55] du Borboniana 7 manuscrit.

    4. Paris, Sebastianus et Gabriel Cramoisy, 1646, in‑8o de 150 pages, pour la première de plusieurs éditions.

    5. Pseudonyme du R.P. Théophile Raynaud, v. note [8], lettre 71.

    6. V. seconde notule {b}, note [1] du Faux Patiniana II‑4.

    7. V. note [22], lettre 467.

    8. Aix, ex typis Monerianis, 1644, in‑8o de 143 pages, où l’argumentaire sur la conversion de Bruno à la vie monastique, après sa conversation miraculeuse avec un mort, se lit pages 92 et suivantes.

    9. Évêque de Toul en 1649, v. note [18], lettre 325.

    10. Lettre datée de Paris le 29 décembre 1644, Iuxta exemplar Coloniæ editum [Selon l’exemplaire imprimé à Cologne (1645)], in‑8o de 51 pages.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Patiniana I‑3 (1701), note 51.

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(Consulté le 20/04/2024)

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