De l’eau, de l’air et surtout du soleil – Les DIEVX de Juillet

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Les rayons du soleil n’ont pas toujours été frappés d’anathème et ont même été considérés, dans la seconde moitié du XIXe siècle, comme une source de santé.

Pour Arnold Rikli les bains de soleil étaient l’élément thérapeutique principal des cures qu’il proposait à Bled, en Slovénie. Après avoir appliqué les principes de l’hydrothérapie développés par le Dr Carl Munde à ses propres problèmes de santé, il a conçu son programme de naturothérapie qui reposait sur des immersions dans l’eau du lac de Bled, des bains de soleil, une vie simple et pratiquement dépourvue de vêtements, de la marche et un régime végétarien plutôt frugal.

La cure a rapidement gagné en popularité mais les tarifs de l’institution la réservaient à une clientèle aisée.

Aujourd’hui, les nombreux hôtels de Bled sont toujours prêts à accueillir les touristes en quête d’air pur et des bienfaits de l’eau locale. Le sentier de randonnée qu’empruntaient les curistes du XIXe siècle est toujours accessible.

Curistes de l’institut d’Arnold Rikli en randonnée. Source: alchetron.com

Alors pourquoi ne pas tenter une promenade en Slovénie sur les pas de ce guérisseur cet été, une de ses publications sous le bras mais pourvu d’un bon écran total ? Quant au régime frugal, il est fort à craindre qu’il soit contrecarré par une des spécialités locales, le Kremsita, le gâteau à la crème de Bled.

Kremsita. Source: Wikicommons

Pour en savoir plus

Chloé Perrot

Nouvelle numérisation à la BIU. Sentez !

Extrait de La parfumerie française et l’art dans la présentation, 1925

Née en Orient et aujourd’hui fleuron de la culture française, la parfumerieet la cosmétique en général – inscrit son histoire dans celle de l’hygiène et de la mode.

Le XIXe siècle et l’industrialisation marquent un véritable tournant avec l’avènement des procédés chimiques qui se substituent peu à peu aux produits naturels. À partir de 1860, les usines des parfumeurs quittent Paris pour la proche banlieue et Grasse est le second pôle de la parfumerie française[1]. Comme le soulignait fort justement Madame de Staël, «La parfumerie moderne, c’est la rencontre de la mode, de la chimie et du commerce».

La parfumerie française et l’art dans la présentation, 1925

 

Reflet du développement considérable qu’elle connaît depuis, La Parfumerie française et l’art dans la présentation est un volumineux ouvrage qui retrace l’histoire des différentes maisons de parfums, dont un grand nombre a disparu aujourd’hui, des pratiques commerciales et des procédés de fabrication. Véritable arrêt sur image en 1925, l’ouvrage fleure bon une époque révolue aux effluves de rose, de lavande et de violette.

La BIU Santé vous propose de découvrir cet ouvrage riche d’informations et de nombreuses illustrations sur le site de Medic@. Sa numérisation s’inscrit dans le cadre d’une collaboration avec un programme de l’ANR, Littépub, qui s’intéresse à l’histoire croisée de la littérature et de la publicité.

Pour aller plus loin

Retrouvez une sélection de ressources en histoire de la parfumerie dans un billet précédemment publié sur notre blog.

On consultera utilement notre exposition virtuelle «Secrets de beauté» dédiée à la cosmétologie et le dossier Medic@ qui lui est associé, avec une introduction du Dr Jacques Chevallier.

Nous signalons également l’exposition qui vient de s’ouvrir au Musée international de la parfumerie de Grasse : Christian Dior, Esprit de parfum (17 mai – 1er octobre 2017)

[1] Rosine Lheureux, Une histoire des parfumeurs : France 1850-1910, Ceyzérieu, Champ Vallon, 2016.

Chloé Perrot, chargée de numérisation des collections

Les DIEVX de juin invitent Caroline Muller

Ce mois-ci les Dievx de la BIV reçoivent Caroline Muller, historienne et blogueuse. Agrégée d’histoire, elle est professeure agrégée à l’université de Reims Champagne-Ardenne et soutiendra prochainement une thèse sur la direction de conscience au XIXe siècle à l’université Lyon 2.
Ses recherches touchent, entre autres, à l’histoire du genre et à l’histoire du soin et de la thérapeutique. C’est donc tout naturellement que nous lui avons demandé d’analyser l’illustration de notre calendrier du mois de juin.

Télécharger le calendrier de juin 2017.

La gravure zoomable sur notre banque d’images.

Cette caricature de Draner est parue en 1883 dans l’Almanach du Charivari. Le caricaturiste révèle le climat qui entoure les revendications des femmes qui souhaitent avoir accès à la carrière de médecin dans le dernier tiers du XIXe siècle.

La caricature suit une rhétorique plutôt classique, celle de l’inversion des sexes. On y présente les femmes dans des rôles inhabituels dans le but de tourner en ridicule celles qui revendiquent de nouveaux droits. Cette « inversion des rôles » se retrouve dans de nombreuses caricatures, par exemple celles qui visent les suffragistes. Elle constitue une violente charge contre les femmes qui voudraient devenir médecins, mais est aussi un excellent révélateur des angoisses masculines au sujet des places et rôles de genre.

When Women vote, carte postale, coll. C. H. Palczewski

Draner souligne d’abord l’incapacité des femmes à devenir médecins : elles cherchent à « se mettre à la hauteur des Princes de la science » (vignette « En consultation ») mais leurs seules qualités professionnelles sont la séduction. C’est le sens de la vignette « Vous êtes paralytique, vous voudriez marcher ? Eh bien, venez m’embrasser ». Les femmes manquent non seulement d’intelligence, mais aussi de l’autorité qui permet d’incarner la fonction de médecin : la « chirurgienne major », juchée sur son cheval, est tournée en dérision. Le titre même de la caricature renvoie à cette imposture : là où le « médecin » est une identité professionnelle à part entière, c’est la féminité qui prime dans la dénomination de « femmes médecins ». Les vignettes ne cessent de renvoyer à cette « essence » féminine : le médecin est d’abord une femme qui accouche (« mon médecin qui est en mal d’enfant ») ou une séductrice profitant de la situation pour assouvir son désir sexuel (« est-il jeune et joli garçon ? »). Continuer la lecture de « Les DIEVX de juin invitent Caroline Muller »

Traité d’anatomie de Bourgery : du nouveau sur Medic@

teteLa BIU Santé a depuis peu mis en ligne une nouvelle numérisation de la seconde édition du Traité complet de l’anatomie de l’Homme de Jean-Marc Bourgery, en couleurs, publiée entre 1866 et 1867. Les moyens techniques actuels nous permettent en effet de vous proposer une version dématérialisée plus conforme à l’original que celle réalisée il y a dix ans.

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Pour compléter cet ouvrage, nous vous offrons également l’accès, sur le portail de Medic@, à un document exceptionnel : plus de deux cents dessins de Nicolas Henri Jacob destinés à l’illustration du Traité. De nombreuses notes manuscrites complètent et documentent les esquisses ainsi que le travail préparatoire de l’artiste.

Signalons aussi à cette occasion les travaux de Martial Guédron et Olivier Poncer sur l’atlas de Bourgery et Jacob, qu’ils ont présentés en avril 2015 lors d’un séminaire organisé par le Centre André Chastel.

Chloé Perrot

 

 

« La cambrure des reins, ça, c’est une trouvaille ! »

Calendrier des DIEVX DE LA BIV – Juillet 2016

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Guido Reni, Apollon et Marsyas, 1620-1625, Musée des Augustins, Toulouse

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Nous nous devions d’honorer, dans le calendrier de juillet 2016, l’identification récente de quatre volumes de myologie de Johannes Van Horne et Marten Sagemolen. La myologie du tronc et sa chute de reins particulièrement remarquable s’y prêtaient parfaitement.

La peinture d’histoire a été confrontée à la représentation d’écorchés célèbres comme Marsyas, saint Philippe ou saint Barthélémy entre autres. Deux solutions ont alors été proposées par les artistes. Le martyre peut être simplement suggéré par la mise en présence de la future victime et de l’instrument tranchant, la suite étant laissée à l’imagination du spectateur. Ou bien le martyre lui-même est représenté, imposant à celui qui regarde la violence extrême de la scène. Toutefois, le corps n’est alors pas entièrement dépecé et seule une partie assez limitée de la musculature mise à nue est rendue visible.

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Jan van Calcar ?, Ecorché dans un paysage in André Vésale, De humani corporis fabrica libri septem, Bâle, Joannes Oporinus, 1543. Cote BIU Santé : 302 B

Illustrer une myologie suppose bien sûr d’aller plus loin dans la mesure où il s’agit, à des fins didactiques, de montrer l’intégralité des muscles du corps, superficiels et profonds, grâce à une dissection progressive.

La problématique à laquelle l’artiste peut alors être confronté concerne le degré de pathos dont les images doivent être investies. En d’autres termes, comment représenter la chair à vif dans le cadre d’un contenu scientifique ? Que faire de la dimension dramatique de la dissection ? Quel degré de mise en scène adopter ?

Nous le savons, les solutions choisies par les illustrateurs d’anatomies varient sur ce point, que nous pensions aux planches de De humani corporis fabrica de Vésale ou aux célèbres dessins de Gérard de Lairesse pour l’Anatomia humani corporis de Bidloo.

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Gérard de Lairesse, Myologie du dos, c.1680, Paris, BIU Santé. Cote: Ms 26

 

Marten Sagemolen, lui-même peintre d’histoire, a pris le parti d’éviter assez systématiquement toute forme de mise en scène dans ses dessins préparatoires destinés à un ouvrage de Van Horne demeuré inédit. Il y présente les pièces d’anatomie sans éléments de décor et sans ombres portées, à de rares exceptions près.

Il a pourtant choisi de composer pour la myologie du tronc un drapé qui confère à l’insupportable vision du corps privé de son épiderme une esthétique séduisante. Notons d’ailleurs que si le but de Sagemolen était de mettre en valeur le tronc, objet principal de l’étude, le regard en est cependant détourné, inévitablement attiré par ce lourd drapé. Et soulignons enfin que la matière qui le compose demeure ambiguë, le tissu se refusant à révéler sa vraie nature : textile ou cutanée.

Myologie du torse et du bras avec volet mobile (Ms 28)
Myologie du torse et du bras avec volet mobile (Ms 28)

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Chloé Perrot

Après la pluie vient le beau temps… (calendrier de juin)

calendrier-juinCalendrier des DIEVX de la BIV (suite)

Officiellement, l’été approche. C’est du moins ce qu’affirme le calendrier du mois de juin bien que la météo ne soit pas au diapason. Il ne vous reste donc que quelques semaines pour être prêts à vous exposer sur la plage. Et pour s’y préparer, pourquoi ne pas mettre en œuvre la célèbre méthode naturelle du Lieutenant Hébert (1875-1957) ? D’ailleurs, à l’heure de l’intérêt pour le végétarisme et d’un effet de mode autour de la pratique de la musculation, comment ne pas parler des travaux pionniers de cet officier, initialement en charge de l’éducation physique des fusiliers marins de Lorient ?

La méthode naturelle du Lieutenant Hébert en quelques mots

Développée au début du XXe siècle, la méthode Hébert est une méthode globale incluant trois axes : la pratique d’activités physiques, le développement de valeurs morales et de valeurs viriles.

hebert-gladiateurSon auteur s’est inspiré des qualités physiques de populations autochtones rencontrées lors de ses différents voyages, et qui n’étaient pas soumises aux contraintes de la vie citadine, considérée comme sédentaire et nocive. Il a donc eu l’idée de constituer un programme d’entraînement basé sur des exercices en mouvement et des parcours pratiqués en pleine nature, mais aussi sur une prise en charge globale de l’individu.

Initialement enseigné à l’armée dont Hébert a été rapidement évincé, le programme a ensuite été adapté à la jeunesse et aux femmes dans des centres de formation établis à Deauville, à Nice et à Paris[1]. Il a fait l’objet de nombreuses de publications, pour la plupart consultables à la BIU Santé[2].

Récupération et dérives

Dans le contexte politique du début du siècle, la méthode a été récupérée par des idéologies les plus diverses et les plus opposées. Le Front populaire la préférait à la pratique du sport au sens classique du terme dans la mesure où elle lui semblait s’éloigner d’une vision fasciste de l’éducation physique. Mais elle a également été récupérée par le régime de Vichy qui, en inversant la lecture de l’utilité de l’homme fort à la société prônée par Hébert, y voyait un moyen de lutte contre «l’inutilité des faibles». Il convient néanmoins de noter que cette récupération, qui jette une ombre sur les travaux d’Hébert, s’est faite sans l’agrément de l’ancien lieutenant de marine[3].

Quoi qu’il en soit, si vous hésitez encore à vous jeter à corps perdu dans la méthode, que ce soit pour des raisons éthiques ou parce que l’accrobranche sous l’orage ne vous attire pas plus que ça, pas de panique ! Votre «corps d’été» peut encore être sauvé par les nombreux ouvrages du lieutenant :natationImage source[4] : « Appareil de natation de MM. Petit et Dumoutier » in A.C. Collineau, La gymnastique, notions physiologiques et pédagogiques. Applications hygiéniques et médicales, Paris, 1884. Cote BIU Santé : 56637.

Chloé Perrot

Références

[1] G. Guillot, « Georges Hébert et l’éducation intégrale » in Revue EPS n°15, Université de Poitiers, 1992, p.161.

[2] Voir entre autres : G. Hébert, L’éducation physique ou l’entraînement complet par la méthode naturelle, Paris 1943, 11e éd. Cote : 156795. G. Hébert,  L’éducation physique, virile et morale, par la méthode naturelle, Paris, 1942, 3 vol. Cote : 156525.

[3] G. Guilot, Ibidem, p.166.

[4] Image modifiée numériquement par l’auteur de l’article. Aucun livre n’a été torturé.

Déesses de la BIV : voici le mois de mai…

mai2016En mai, fais ce qu’il te plaît. C’est pourquoi, après notre planche du mois dernier (qui n’était donc pas un poisson d’avril), la BIU Santé poursuit son exploration des représentations scientifiques du corps humain.

Souci de parité oblige, c’est désormais une personne du beau sexe qui nous dévoile les secrets de son bandage au genou. Les appels de note s’échelonnant au-dessus de la ceinture demeurant pour leur part plus mystérieux, puisqu’ils concernent un corset et un bandage à ressort spiral du cou.

Cette illustration est issue du Traité des bandages, des pansements et de leurs appareils, de Pierre-Nicolas Gerdy (Paris, Méquignon Marvis, 1837. Cote  006427). Vous y trouvez d’autres illustrations, parfois beaucoup plus audacieuses.

Chloé Perrot