Les locaux de la BIU Santé ont hébergé le temps d’une journée certains objets du musée d’Histoire de la médecine, sortis de leurs vitrines par l’artiste Marie-Hélène Le Ny. Cette dernière s’est installée à la bibliothèque pour réaliser des photogrammes, à partir d’objets du musée en lien avec la maternité. Les œuvres ainsi obtenues sont désormais présentées dans l’exposition Mater / No Mater, à La Ferté-sous-Jouarre.
Marie-Hélène Le Ny était déjà intervenue à l’université Paris Descartes dans le cadre de son exposition Infinités Plurielles, galerie de portraits de femmes scientifiques.
Marie-Hélène Le Ny nous en dit plus sur cette nouvelle manifestation : «Que les femmes soient mères ou non, la maternité apparaît comme la clé de voûte d’une organisation sociale basée sur la différences des sexes. La représentation de la maternité reste marginale pendant des siècles où les femmes n’ont pas leur place en tant qu’artistes, ni en tant que scientifiques ou médecins d’ailleurs. Le discours académique sur le corps des femmes est construit par les hommes et s’enracine souvent dans une vision très misogyne. Aujourd’hui la publicité et la vulgarisation médicale proposent des approches de la (non)maternité le plus souvent édulcorées et consensuelles, loin des ressentis des femmes et des multiples situations rencontrées, qui vont de l’effroi à l’extase. Delfine Ferré et Marie-Hélène Le Ny ont choisi d’explorer ce sujet au travers de propositions visuelles – dessins, installations, photographies, textes…- pour composer un récit polyphonique et polysémique que chacun.e est invité.e à découvrir et s’approprier.
Pour Delfine Ferré le dessin, la dentelle et les installations tiennent une place très importante dans ses œuvres réalisées dans des feuilles de polyéthylène ciselées au cutter.
Dans cette exposition, des séries élaborées durant 10 ans questionnent les
ressentis féminins à partir de la maternité et interrogent la place des
femmes dans notre société. Dessins, dentelles, collages et objets entrent en
résonance avec les recherches de Marie-Hélène Le Ny dont la photographie est l’outil de prédilection – souvent associée en polyptyques, à des textes ou des voix et parfois à des objets. Marie-Hélène Le Ny interroge le sort et
l’image des femmes dans le monde contemporain depuis une dizaine d’année – en particulier avec les séries On ne naît pas femme, on le devient…et Infinités Plurielles qui donne la parole à 145 scientifiques. Elle a commencé en 2012 un travail sur la non maternité – choisie ou subie – et les différentes façons qu’ont les femmes de la vivre aujourd’hui. Les questions liées à la mémoire et à la transmission sont au cœur de la plupart de ses recherches.
Ayant exposé en 2015 quelques portraits d’Infinités Plurielles au musée de l’histoire de la médecine, c’est tout naturellement qu’elle s’est intéressée à ses collections d’objets obstétricaux dans son projet [no] mater. Elle est venue y réaliser des photogrammes et a également travaillé à partir de gravures médicales anciennes. »
Le XVIIIe siècle exprime un intérêt renouvelé pour le bien-être de l’enfant[1] qui se manifeste non seulement dans la littérature de nouvelles, mais aussi dans la littérature médicale adressée à un large public, ainsi que dans les gravures d’illustration qui accompagnent ces ouvrages, dont deux sont ici prises en exemple.
En 1741 Nicolas Andry de Boisregard publie L’Orthopédie, ou l’Art de prévenir et de corriger dans les enfants les difformités du corps, ouvrage dans lequel il professe cette science nouvelle dont il a créé le nom en rapprochant deux mots grecs (ortho : droit ; paido : enfant). Dans un des chapitres de ce livre, l’auteur observe «que la plupart des enfans n’ont les pieds en dedans, & d’autres difformités, que par la faute des Nourrices, qui les emmaillotent mal[2].» La gravure qui illustre le propos montre un enfant endormi tout nu, le corps libre de toute entrave avec un petit coussin à ses pieds. Il ne s’agit pas encore de proclamer la fin du maillot, mais de montrer comment les nourrices pourraient mieux emmailloter les enfants en fixant les pieds talon contre talon «par le moyen d’un petit coussinet engagé entre les deux pieds de l’enfant & figuré en forme de cœur, dont la pointe seroit mise entre les deux pieds de l’enfant, & la base entre les deux extrémités de ses pieds[3]». Le procédé permettrait ainsi de diminuer fortement le nombre «de cagneux & de cagneuses[4]». Andry reconnaît que «l’art d’emmailloter les enfants, n’est pas une petite chose[5]», mais il ne le réprouve pas, pour autant que les nourrices ne garrotent pas les enfants «comme si c’étoient des ballots qu’elles eussent à envoyer dans quelque Païs éloigné» et qu’elles les changent régulièrement de telle manière à «les tenir dans la propreté nécessaire à leur accroissement & à leur santé[6].»
Le débat prend de l’ampleur quand, en 1762, Jean-Jacques Rousseau préconise dans l’Émile l’abandon du maillot au profit de langes flottants[7] . En 1768 et 1769, le médecin-accoucheur Joseph Raulin[8] fait paraître un ouvrage en deux volumes traitant De la conservation des enfants, Ou les moyens de les fortifier, de les préserver & guérir des maladies, depuis l’infant de leur existence, jusqu’à l’âge de leur puberté. Le premier tome est orné d’un frontispice qui résume le propos, en montrant des enfants à tous les stades de leur développement sous l’œil bienveillant d’Esculape. Raulin professe une nouvelle manière d’élever les enfants et bataille pour que les nouveau-nés soient enfin débarrassés du carcan que représente le maillot disposé en bandes si serrées qu’il empêche tout mouvement et nuit à un développement harmonieux[9]. La nourrice de la gravure suit les recommandations de Raulin : elle tient dans ses bras un enfant entouré d’un simple lange flottant et le nourrisson qui se trouve à côté d’elle, dans le berceau, a les bras libres. Raulin préconise d’ailleurs une juste utilisation du berceau dans lequel l’enfant doit être à son aise sans pouvoir se blesser. Il indique que les nourrices doivent agir avec modération et savoir ne pas se montrer trop brutales dans l’usage du berceau : «il est certain que si l’on berce un enfant dès qu’il a tété, on trouble sa digestion ; si on l’agite violemment, comme l’on a coutume de le faire pour l’empêcher de crier, on s’expose à des accidents dangereux[10].» L’éventuel risque que représentent des mouvements trop brusques du berceau est résolu dans la gravure car le grand panier d’osier tressé dans lequel repose tranquillement le nourrisson est sur pieds fixes, comme le préconisait déjà Rousseau dans l’Émile[11].
Si l’iconographie se prête volontiers à la diffusion des thèmes rousseauistes[12], elle témoigne aussi de résistances qui ne seront vaincues qu’à la toute fin du siècle. Les petites filles – en particulier celle représentée de dos levant les bras vers le cerf-volant de son frère dans la gravure de Gravelot – continuent en effet de voir leurs mouvements entravés par le port du corset qui marque fortement la taille, en dépit l’opinion professée par Raulin dans son ouvrage : «On donne des corps de jupe aux enfans à l’âge de sept à huit mois ; on les avoit déjà mis à la torture par le maillot, on délivre alors les extrémités de ce supplice, pour mettre dans une plus grande contrainte, les viscères & les entrailles, & pour mutiler les os[13].»
[1] Philippe ARIES, L’Enfant et la vie familiale sous l’Ancien Régime, Paris, Plon, 1960.
[2] Nicolas ANDRY DE BOISREGARD, L’Orthopédie, ou l’Art de prévenir et de corriger dans les enfants les difformités du corps, Le tout par des moyens a la portée des Peres & des Mères & des personnes qui ont des enfans à élever, Paris, Vve Alix, 1741, p. 258.
[7] Jean-Jacques ROUSSEAU, Œuvres, L’Émile, Paris, Werdet et Lequien, 1826, t. I, p. 58 : «Au moment que l’enfant respire en sortant de ses enveloppes, ne souffrez pas qu’on lui en donne d’autres qui le tiennent plus à l’étroit. Point de têtières, point de bandes, point de maillot ; des langes flottants et larges, qui laissent tous ses membres en liberté, et ne soient ni assez pesants pour gêner ses mouvements, ni assez chauds pour empêcher qu’il ne sente les impressions de l’air.»
[8] Joseph RAULIN (1708 – 1784) est mieux connu pour son Traité des affections vaporeuses du sexe, publié en 1758, qui marque un tournant dans l’histoire des maladies des femmes, car il est l’un des premiers à totalement adapter la théorie fibrillaire à la pathologie féminine cf. DORLIN, Elsa, La matrice de la race. Généalogie sexuelle et coloniale de la Nation française, Paris, La Découverte, 2006.
[9] Joseph RAULIN, De la conservation des enfants, Ou les moyens de les fortifier, de les préserver & guérir des maladies, depuis l’infant de leur existence, jusqu’à l’âge de leur puberté, Paris, Merlin, 1769, t. II, p. 118 – 139.
[11] ROUSSEAU, 1826, t. I, p. 58 : «Je dis un berceau, pour employer un mot usité faute d’autre, car d’ailleurs je suis persuadé qu’il n’est jamais nécessaire de bercer les enfants, et que cet usage leur est souvent pernicieux.»
[12] Anne SANCIAUD-AZANZA, «L’évolution du costume enfantin au XVIIIe siècle : un enjeu politique et social», Revue d’histoire moderne et contemporaine, t. 46 n°4, Octobre-Décembre 1999, p. 770 – 783.
Pour la journée internationale des droits des femmes, la BIU Santé met à l’honneur les femmes dans le domaine médical. Retrouvez ci-dessous quelques-uns de nos billets de blog à ce sujet :
Les DIEVX de juin invitent Caroline Muller : Blogueuse et historienne, Caroline Muller analyse une caricature de Draner, illustrant les revendications des femmes qui souhaitent avoir accès à la carrière de médecin.
Un fiascaud pour la rentrée des Dievx de la BIV : Présentation du mois de septembre du calendrier les Dievx de la BIV , suivie d’une série de cartes postales Royer, sur une étudiante en médecine au début du XXe siècle.
Nudité, santé, beauté pour les Dievx de février : Bénédicte Prot, doctorante en littérature, analyse l’ouvrage L’ami des femmes, qui traite de l’influence de l’habillement des femmes sur leurs mœurs et leur santé.
Être femme sous Louis XIV : du mythe à la réalité : Dix ouvrages, prêtés par la BIU Santé dans le cadre d’une exposition. Ils traitent de la représentation du corps féminin et des soins du corps au XVIIe siècle.
Bénédicte Prot a soutenu en juin 2017 une thèse de doctorat en littérature sur La représentation de la nudité dans la littérature du XVIIIe siècle sous la direction de Catriona Seth (Université de Lorraine) et Alexandre Wenger (Université de Fribourg). Elle est aujourd’hui assistante-docteure de la chaire Médecine et société de l’Université de Fribourg et s’intéresse notamment aux liens qui unissent la médecine à la littérature.
Nous avons eu le plaisir de la rencontrer lors du colloque Habillage du texte aux XVIIe et XVIIIe qui s’est tenu à Metz en septembre 2017. Son intervention portait sur «Nudité et habillage du texte dans L’Ami des femmes (1804) du docteur P. J. Marie de Saint-Ursin» [1]. L’occasion était trop belle et nous n’avons pas résisté à l’envie de la solliciter pour notre rendez-vous mensuel. Nous la remercions infiniment d’avoir bien voulu nous faire l’amitié de se prêter à l’exercice et lui cédons la tribune sans plus tarder.
Publié en 1804, réédité l’année suivante, le texte est dédié à l’impératrice Joséphine et se présente comme les lettres d’un médecin concernant l’influence de l’habillement des femmes sur leurs mœurs et leur santé, et la nécessité de l’usage habituel des bains en conservant leur costume actuel, avec un Appendix contenant des recettes cosmétiques et curatives.
C’est non sans ironie que le médecin-accoucheur Jean-François Sacombe (1750 (1755 ?)-1822) observe que son contemporain a «mis à contribution tous les arts, la poésie, la gravure, la typographie, et jusqu’au prestige d’un grand nom, pour mieux s’assurer le succès de son ouvrage[1]», étant entendu que la majorité des lecteurs «ne jug[e] du mérite d’une production littéraire que sur l’étiquette du sac[2]».
Au-delà de son caractère péjoratif, cette remarque attire notre attention sur les éléments composant ce qu’on appelle aujourd’hui le paratexte. Titre, épigraphe et frontispice sont autant de seuils de lecture où se manifeste la double appartenance au littéraire et au médical de L’Ami des femmes.
Par la mince frontière sémantique qui sépare l’ami de l’amant, L’Ami des femmes affiche d’entrée de jeu l’ambivalence de la figure du médecin. Cet ouvrage d’hygiène féminine sur la conservation de la beauté et de la santé s’inscrit en cela dans la continuité des textes médico-littéraires, en particulier du roman médical d’Antoine Le Camus (1722-1772) Abdecker, ou l’art de conserver la beauté (1754) – à consulter gratuitement dans notre bibliothèque numérique Medic@.
L’Ami des femmes comprend un frontispice allégorique réalisé sous la direction du célèbre graveur et dessinateur Nicolas Ponce (1746-1831). Le bain et l’habillement y sont respectivement suggérés par la nudité de la figure de la Beauté et par les petits génies tenant des plumes de paon symboles des modes changeantes. Les éléments de végétation et d’architecture antique ne permettent pas de déterminer précisément le lieu de cette scène mythologique. Cette dernière se déroule-t-elle dans le temple de la déesse Hygie entourée de rayons célestes ? Sommes-nous plutôt dans le sanctuaire de la Beauté, qui ne se distingue de Vénus que par la guirlande fleurie qui lui sert d’attribut[3] ? Les deux figures féminines font ici l’objet d’un culte commun, se faisant les incarnations d’un discours qui entremêle l’art de préserver ses charmes à celui d’entretenir sa santé.
On peut s’étonner de l’absence de toute figuration picturale du médecin à l’orée d’un texte qui, par son titre, lui accorde une place prépondérante. La légende de la gravure, l’imposant livre posé sur les genoux de la Beauté ainsi que la théâtralité qui préside à cette scène – voyez le rideau au bord supérieur du cadre – indiquent que le sujet de l’image est avant tout la mise en scène de l’écriture. C’est à travers cette représentation de l’acte d’écrire que la figure du médecin apparaît, et plus spécialement celle du médecin-écrivain mettant sa plume et les beautés du langage au service du discours hygiéniste.
S’éloignant du ton prescriptif du traité, le docteur et auteur cherche tout autant à séduire qu’à instruire les dames. Son style est parfois salué et souvent critiqué. La mise en place d’un contexte sans doute fictif destine les lettres qui composent L’Ami des femmes à une mère de famille en vue de l’éducation de ses filles. Le choix de la lettre n’est pas sans rappeler les correspondances entretenues entre patients et médecins (comme par exemple Samuel-Auguste Tissot). Il s’agit également de cibler le lectorat en se basant sur l’idée selon laquelle l’épistolaire serait un genre littéraire féminin. Les lettres sont en outre agrémentées de vignettes et de reproductions de médailles représentant différentes figures de Vénus. Tirées pour la plupart de la Dissertation sur les attributs de Vénus (1776) de l’abbé de La Chau, ces illustrations font de la déesse un modèle pour les lectrices et contribuent à faire de L’Ami des femmes un livre dont la matérialité tout autant que le propos doit demeurer plaisant.
Portons enfin notre attention sur l’épigraphe située en bas du frontispice et qui place d’emblée le texte sous le patronage de Jean-François Guichard (1731-1811), dramaturge et auteur de contes et de fables légères. Par son rythme et sa construction, l’alexandrin «La pudeur le demande et la santé l’exige» rapproche sur un même plan les deux notions. Le sens de ce vers à valeur de maxime joue de la quasi-synonymie et des nuances entre les verbes demander et exiger, la pudeur étant du côté du côté du souhait et la santé relevant d’un impératif. Le vers de Guichard fait référence aux critiques que suscitent les tenues vestimentaires féminines du début du XIXe siècle, jugées trop découvertes et trop légères par bien des médecins. Saint-Ursin est de ceux qui y voient un péril pour la santé et pour les mœurs, au point de considérer l’habillement des femmes à la mode comme un «appareil plus séduisant que la nudité[4]».
Les seuils de lecture en disent long sur la nature de cet ouvrage entre médecine et littérature galante. L’auteur se verra satisfait s’il «rencontre quelque fois [L’Ami des femmes] sur leur toilette, se glissant entre Gentil Bernard, Dumoustier, Bertin et Legouvé[5]». Ce souhait convie non seulement à de bien réjouissantes lectures mais témoigne encore de manière concrète de l’ambivalence d’un livre médical qui circule aisément de la bibliothèque à la toilette des dames.
[1] Jean-François Sacombe, « L’ami des femmes », Lucine française, ou Recueil d’Observations médicales, chirurgicales, pharmaceutiques, historiques, critiques et littéraires, relatives à la Science des Accouchements, t. II, à Paris, Au bureau de la Lucine française, Chez Lefebvre, imprimeur, Ier. Vendémiaire An XII [1804], p. 438.
[3] « Beauté », Iconologie par Figures, ou Traité complet des Allégories, Emblèmes, etc. Ouvrage utile aux Artistes, aux Amateurs, et pouvant servir à l’éducation des jeunes personnes, par MM. Gravelot et Cochin, Chez Le Pan, s.d., t. II, pp. 81-82.
[4] P. J. Marie de Saint-Ursin, L’Ami des femmes, ou lettres d’un médecin concernant l’influence de l’habillement des femmes sur leurs mœurs et leur santé, et la nécessité de l’usage habituel des bains en conservant leur costume actuel, avec un Appendix contenant des recettes cosmétiques et curatives, à Paris, chez Barba, 1804, p. 62.
Pendant deux jours, tous les acteurs de la formation et de la recherche en santé (professionnels de santé, enseignants, chercheurs, étudiants…) étaient réunis pour des conférences, ateliers et tables rondes.
Les équipes de la BIU Santé ont eu l’occasion d’y participer pour présenter sur un stand le projet DocToBib. Pour mémoire, il s’agit d’une chaîne gratuite sur YouTube où sont regroupés de courts tutoriels vidéos sur la recherche documentaire en santé. À destination des étudiants et des professionnels, ils permettent de s’autoformer aux grands outils classiques que sont PubMed, Zotero, LiSSa, BDSP, Kinédoc, SantéPsy, etc. Ces vidéos sont produites de manière collaborative par des bibliothèques universitaires et de centres de documentation répartis sur toute la France.
Elle a justement été baptisée le 12 décembre 2017 du nom de Madeleine Brès (1842-1921). Cette pionnière, bien connue à la BIU Santé, a été la première femme française à obtenir le diplôme de docteur en médecine (en 1875).
Merci à la BU Santé et à l’UFR de Santé de Caen pour leur accueil !
Avec son costume, sa canne, et son chapeau melon, elle fait passer un message fort.
Première femme interne en psychiatrie, Madeleine Pelletier (1874-1939) est connue pour son combat moral et politique en faveur de la lutte des femmes.
Née de parents pauvres, elle se voit refuser l’inscription au concours des internats des asiles en 1902, sous prétexte qu’elle est une femme. Elle décrochera finalement ce concours l’année qui suit, avec l’aide du journal féministe La Fronde, fondé par Marguerite Durand.
Parallèlement à son métier de psychiatre, Madeleine fréquente les mouvements communistes et anarchistes, où elle tente de faire entendre ses idées. Droit de vote des femmes, droit à l’avortement, mais aussi destruction du modèle familial sont ses chevaux de bataille. Elle, qui assume une chasteté militante, affiche des prises de position jugées extrêmes, même chez les féministes.
Ironie du sort, 30 ans après ses études à Saint-Anne, elle est internée, jugée coupable de «crime d’avortement» sur une fille de 13 ans. Elle mourra quelques mois plus tard.
Après le hipster-triton du mois d’août, retour à des considérations plus terre à terre pour le calendrier de rentrée. En septembre, période de reprise des études, la BIU Santé est fière de vous présenter Fiascaud, carabin du milieu du XIXe s.
L’image provient de la couverture de l’ouvrage suivant : Comment on étudie la médecine à Paris. Histoire de Fiascaud, (Bien Aimé) ex étudiant, ex noceur, viveur, polkeur, aujourd’hui père de famille et propriétaire. Consultable au pôle Médecine de la BIU Santé (cote 9175 ou 156766/395-24). Ou directement en ligne dans notre bibliothèque numérique Medic@ (plus de 16.000 ouvrages anciens numérisés, disponibles gratuitement en ligne).
De médecine, il ne sera au final guère question dans cet album, qui préfigure par sa forme les futures bandes dessinées. Mais on y retrouve bien des livres (sans doute) médicaux (p. 18), on y parle tisanes (p. 11), et on y souligne l’importance de la polka pour réussir dans le domaine médical (p. 15). Quant aux problèmes rencontrés par les étudiantEs en médecine de la même période, retrouvez-les dans le calendrier de juin dernier.
Étudiantes en médecine qu’on retrouve plus sérieuses dans une série de cartes postales Royer du début du XXe s. On peut notamment lire, en légende de la n°2 :
«N’allez pas croire que le béret sur l’oreille et le parapluie en bataille je vais comme un homme perdre mon temps à déambuler de brasserie en brasserie. Je travaille.»
Ce mois-ci les Dievx de la BIV reçoivent Caroline Muller, historienne et blogueuse. Agrégée d’histoire, elle est professeure agrégée à l’université de Reims Champagne-Ardenne et soutiendra prochainement une thèse sur la direction de conscience au XIXe siècle à l’université Lyon 2. Ses recherches touchent, entre autres, à l’histoire du genre et à l’histoire du soin et de la thérapeutique. C’est donc tout naturellement que nous lui avons demandé d’analyser l’illustration de notre calendrier du mois de juin.
La caricature suit une rhétorique plutôt classique, celle de l’inversion des sexes. On y présente les femmes dans des rôles inhabituels dans le but de tourner en ridicule celles qui revendiquent de nouveaux droits. Cette « inversion des rôles » se retrouve dans de nombreuses caricatures, par exemple celles qui visent les suffragistes. Elle constitue une violente charge contre les femmes qui voudraient devenir médecins, mais est aussi un excellent révélateur des angoisses masculines au sujet des places et rôles de genre.
Draner souligne d’abord l’incapacité des femmes à devenir médecins : elles cherchent à « se mettre à la hauteur des Princes de la science » (vignette « En consultation ») mais leurs seules qualités professionnelles sont la séduction. C’est le sens de la vignette « Vous êtes paralytique, vous voudriez marcher ? Eh bien, venez m’embrasser ». Les femmes manquent non seulement d’intelligence, mais aussi de l’autorité qui permet d’incarner la fonction de médecin : la « chirurgienne major », juchée sur son cheval, est tournée en dérision. Le titre même de la caricature renvoie à cette imposture : là où le « médecin » est une identité professionnelle à part entière, c’est la féminité qui prime dans la dénomination de « femmes médecins ». Les vignettes ne cessent de renvoyer à cette « essence » féminine : le médecin est d’abord une femme qui accouche (« mon médecin qui est en mal d’enfant ») ou une séductrice profitant de la situation pour assouvir son désir sexuel (« est-il jeune et joli garçon ? »). Continuer la lecture de « Les DIEVX de juin invitent Caroline Muller »
Le Musée-promenade de Marly-le-Roi / Louveciennes propose jusqu’au 14 février 2016 une exposition temporaire sur la condition féminine et la place des femmes dans la société française au XVIIe siècle. Cette exposition explore à la fois le monde des femmes de pouvoir, des femmes intellectuelles, cherchant à déterminer quel rôle elles ont réellement joué, et celui des femmes anonymes et de leur vie quotidienne.
De nombreux tableaux, objets et livres ont été réunis à cette occasion. Pour la partie scientifique la BIU Santé a prêté 10 ouvrages de ses collections pour illustrer la thématique de la représentation du corps féminin et celle des soins du corps :
Un traité de Louise Bourgeois, Observations diverses sur la stérilité, perte de fruit, fécondité, accouchements et maladies des femmes et enfants nouveau-nés, un des rares ouvrages médicaux de cette époque écrits par une femme, Louise Bourgeois, sage-femme de la reine Marie de Médicis (pôle Médecine, cote 34751)
Le De formato foetu d’Adrian Van der Spieghel illustré de planches in folio gravées sur cuivre présentant l’anatomie de la femme enceinte (pôle Médecine, cote 261).
Un ouvrage d’Ambroise Paré, Deux livres de chirurgie, et un autre de Cosme Viardel, Observation de la pratique des accouchements naturels, dont les nombreuses gravures illustrent les cas d’accouchements compliqués (pôle Médecine, cotes 35181, aussi dans Medic@, et 34653, aussi dans Medic@).
Dans le domaine de la cosmétologie, deux ouvrages de recettes à base de fleurs de Simon Barbe, Le Parfumeur royal (pôle Pharmacie cote RES 14233 (aussi dans Medic@) et Le Parfumeur françois (pôle Pharmacie cote 21893).
Enfin le Recueil de recettes où il est expliqué la manière de guérir à peu de frais toute sorte de maux de Madame François Fouquet, recueil de remèdes populaires de l’époque (pôle Pharmacie cote RES 22208)