Publication de la troisième édition majeure de la « Correspondance complète et autres écrits de Guy Patin » (1601-1672), par Loïc Capron

La Bibliothèque interuniversitaire de santé publie sur Internet le dernier grand enrichissement d’un travail de vingt ans : la troisième mise à jour majeure de la Correspondance complète et autres écrits de Guy Patin, par le Pr Loïc Capron.

Elle paraît six ans après la première édition (qui portait le titre explicite de Correspondance française de Guy Patin), et deux ans après la seconde édition, qui a inauguré le titre actuel. Toute la correspondance latine alors connue et plusieurs autres textes s’ajoutaient à la correspondance française, ainsi que de nombreuses annexes.

Les apports de la troisième édition

Cette troisième édition de la Correspondance et autres écrits de Guy Patin, outre de nombreuses révisions et corrections, est augmentée :


Loïc Capron.
Loïc Capron.
[Source : AP-HP 2013]
L’AUTEUR.
Né le 6 décembre 1949 à Arras (Pas-de-Calais), Loïc Capron a été professeur de médecine interne de l’Université Paris Descartes (1989-2019), chef de service (1982-2012) et président de la Commission médicale d’établissement (2012-2016) de l’Assistance publique-hôpitaux de Paris.

 

 


Une édition monumentale

portrait de Patin en frontispice de la première édition de la correspondance : Lettres choisies de Feu Monsieur Guy Patin… (Francfort [Genève], 1683)
Portrait de Patin en frontispice de la première édition de la correspondance (1683).
Il faut dire quelle quantité de matière se trouve derrière la page d’accueil de cette édition en ligne, pour qu’il soit possible de mesurer l’ampleur de l’entreprise :

  • 1 513 lettres françaises ou latines écrites par Patin, 95 reçues par lui, impliquant 116 correspondants ;
  • 226 annexes contenant, notamment, les biographies des correspondants et une copieuse sélection de textes écrits par Guy Patin ;
  • 27 597 notes ;
  • 67 042 entrées d’index ;
  • un glossaire de 482 mots.

Une version commerciale imprimée compterait de nombreux volumes, mais serait contraire au dessein de l’auteur: numérisation intégrale et mise à disposition gratuite sont les deux principes fondamentaux de cette édition, établie dans l’esprit académique de la république des lettres qui se déploie aujourd’hui sur la « Toile ». L’Université française a permis ce travail, dont le public doit jouir librement.

Le trésor des notes

Il n’appartient pas à la bibliothèque qui publie cet immense travail de faire l’éloge de son contenu. On nous permettra peut-être d’en souligner quelques particularités sans feindre l’impartialité.

Patin écrivait en français ou en latin, avec un peu de grec. Ses textes sont truffés de citations et de références. Ils parlent de tout, de la médecine à la religion en passant par la politique et le commerce du livre. Écrits pour beaucoup d’entre eux à des amis, ils sont très allusifs et leur compréhension est souvent ardue.

L’édition de Loïc Capron se fait un devoir de traduire en (très bon)  français absolument tout ce qui est dans une langue étrangère, depuis la citation de Galien jusqu’au titre du plus petit opuscule.

Ses 27 597 notes (en rouge entre crochets dans les écrits) expliquent méthodiquement toutes les références aux événements et aux personnes. Elle ne présuppose pas de connaissances spécialisées chez le lecteur, que ce soit en histoire ou en médecine : les notes documentent avec pédagogie une large partie de ce qui est évoqué dans les textes et y portent toute la lumière possible.

Mais on se rendra compte en voyageant dans le réseau de ces notes qu’elles ne se bornent pas à des éclaircissements factuels : elles contiennent un trésor d’explications et d’interprétations originales.

Elles contiennent aussi un foisonnement que l’on n’attend pas du genre littéraire, souvent plutôt modeste, de la note. Parfois très brèves quand il s’agit de traduire quelques mots, il n’est pas rare qu’elles s’étendent, et qu’on y trouve… mille choses imprévues : les textes d’autres auteurs s’ils permettent de mieux comprendre Patin (textes eux-mêmes enrichis, si nécessaire, de notes savantes et souvent savoureuses) ; des articles sur la réalité institutionnelle du monde médical et universitaire, si exotique, de ce temps ; de précieux commentaires sur l’histoire des sciences, principalement fondés sur les textes de l’époque (souvent latins et jamais traduits jusqu’alors) ; des éclaircissements que seul un médecin pouvait donner sur le sens de telle observation médicale de Patin ou des auteurs qu’il citait, etc.

 Annexe "Thomas Diafoirus (1673) et sa thèse (1670)", note 19 sur Malpighi
Annexe « Thomas Diafoirus (1673) et sa thèse (1670) », note 19 sur Malpighi

L’« apparat critique », comme on dit, est ici beaucoup plus volumineux que les textes qu’il accompagne. Le lecteur y verra, d’abord, ce qu’il s’attend à trouver : la nette explicitation d’une allusion, par exemple, ou l’identification d’une citation préalablement traduite. Mais ensuite il y découvrira souvent bien autre chose. Le labyrinthe des notes interconnectées déploie une œuvre d’histoire et d’érudition d’une forme très originale, surprenante et gourmande, et qui ne se laisse ni prévoir ni résumer. Cette œuvre qui obéit avec rigueur aux normes du travail académique est aussi d’une liberté pleine d’inattendu.

L’index

Comme dans les éditions précédentes, divers accès permettent de circuler dans ce vaste ensemble. Outre les classements par date et par auteur des lettres, et la recherche « plein texte », les 67 042 entrées de l’index (en vert entre crochets dans les écrits) permettent de repérer avec certitude les apparitions des personnes, de nombreuses notions, et des événements, au sein des textes publiés. On se rendra compte que cet index organise la matière traitée. Aller à l’entrée « fièvres », c’est accéder à une classification des fièvres dans la nosologie du XVIIe siècle. Aller à l’entrée « Piètre », c’est voir la généalogie de cette famille. Et l’index a deux fonctions : en cliquant sur un numéro en vert dans les écrits, on affiche ce à quoi il correspond (nom propre ou nom commun) ; inversement, en cliquant sur l’entrée d’index qui s’est affichée dans la fenêtre de  gauche, apparaissent toutes les entrées de ce mot dans le corpus.

L’entrée « Fièvre » dans l’index
L’entrée « Fièvre » dans l’index
L'entrée "Piètre" dans l'index
L’entrée « Piètre » dans l’index

Six ans après la parution sur le site de la bibliothèque de la première Correspondance française de Guy Patin, cette mine de savoir a tranquillement trouvé une place dans le corpus de l’historiographie de ce siècle. Les plus curieux de ses lecteurs sont sans doute encore loin d’avoir visité toutes ses galeries et d’y avoir trouvé tous les trésors qu’il recèle.

Jean-François Vincent
Service d’histoire de la santé
Directeur de la rédaction du corpus Patin
BIU Santé  – Direction des bibliothèques d’Université de Paris

Remerciements

Nous remercions particulièrement :

  • Marie-France Claerebout pour son aide et sa confiance depuis le début du projet, et spécialement pour son travail de relectrice inépuisable et subtile ;
  • Jacques Gana, conservateur à la BIU Santé, auteur de l’application informatique ;
  • Olivier Ghuzel, analyste informaticien et responsable technique de Medica, qui a entretenu le site et la base de données depuis le départ à la retraite de Jacques Gana.
  • Les nombreux contributeurs, que le Pr Capron crédite avec soin au fil de son travail. Cette édition restera vivante et continuera d’intégrer leurs remarques.

Autour de cette édition

Précisions techniques

Déjà paru dans la section Éditions critiques du site de la BIU Santé

Un projet mené par la BIU Santé dans le cadre de ses missions nationales CollEx.

FacebooktwitterpinterestlinkedinmailFacebooktwitterpinterestlinkedinmail

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.