Tous à vos pinceaux !

Du 7 au 11 février 2022, la BIU Santé est heureuse de participer pour la sixième année consécutive à l’opération #ColorOurCollections (en français : coloriez nos collections), organisée tous les ans par la New York Academy of Medicine


Des institutions culturelles du monde entier (bibliothèques, musées, archives…) s’associent pour proposer des planches à colorier réalisées à partir de leurs collections.

 

 

BERENGARIO DA CARPI, Giacomo, Commentaria […] super anatomia Mundini, Bologne, 1521. BIU Santé Médecine, 5545
La BIU Santé propose une sélection d’illustrations issues des fonds historiques des pôles Médecine et Pharmacie, téléchargeable au format PDF. Ces illustrations peuvent se retrouver dans Medica, notre bibliothèque numérique (cinq millions de pages en libre accès) ou dans notre Banque d’images et de portraits (278 000 images).

Il ne vous reste plus qu’à les imprimer et à laisser parler votre fibre artistique !

La collection de la BIU Santé, ressource pour l’environnement sous l’angle de la santé humaine

Les 16 et 17 novembre 2021, le Comité pour l’histoire de l’Inserm organise, avec le Pr Robert Barouki, en partenariat avec Université de Paris, Sorbonne Université et l’UMR Sirice, un colloque international sur le thème des recherches relatives aux liens entre santé et environnement, du XIXe au XXIe siècle.

Ajout du 27 janvier 2023:

Les Cahiers du Comité pour l’histoire de l’Inserm, N°4, « Recherche(s), santé et environnement » sont en ligne : deux volumes, en accès libre sur iPubli. Ils sont téléchargeables par volume ou par article à partir de cette page : https://www.ipubli.inserm.fr/handle/10608/12036

La BIU Santé propose à cette occasion une modeste exposition au Musée d’histoire de la santé le 16 novembre. Ce billet de blog permet d’en faire partager le contenu à un plus large public.

La collection de la bibliothèque documente des domaines essentiels pour les questions de santé et d’environnement depuis leur origine. On y trouvera par exemple : toxicologie, hygiène publique, police sanitaire, médecine du travail, pharmacovigilance…

Avec près de 20 000 titres, la collection de périodiques est exceptionnelle, en particulier pour le 19e  et le début du 20e siècles. Les Annales d’hygiène publique et de médecine légale (1829-1922) ou la Revue d’hygiène et de police sanitaire (1879-1921) sont des sources inépuisables  sur toutes les formes d’insalubrité et sur les moyens envisagés pour y remédier. Ainsi sur les effrayantes intoxications par le plomb, elles offrent des dizaines d’articles. On pourrait exploiter davantage la forêt des publications mineures, comme celles des comités d’hygiène et de salubrité locaux.

Toutes les thèses de Paris sont présentes, ainsi que les thèses de province du XIXe siècle et des dix années courantes. Ce corpus de 300 000 documents donne au long cours un aperçu sur les sujets qui ont intéressé le corps médical. Par exemple, des dizaines de thèses ont été soutenues sur l’amiante depuis les années 1950. Mais on en trouve aussi de bien moins attendues, comme ces thèses sur les empoisonnements par les gâteaux à la crème, témoignages parmi d’autres de l’emprise de l’hygiène publique.

Depuis 2000, la BIU Santé construit une bibliothèque numérique patrimoniale, Medica. On y trouve notamment les grandes revues d’hygiène publique, certaines des principales revues généralistes en médecine, et tous les dictionnaires de médecine et de pharmacie. Medica, c’est aussi une banque de 270 000 images et portraits, et une base biographique de 65 000 fiches.

Ressources et informations en ligne:

Santé et environnement : quelques documents de la BIU Santé

Grandes alertes d’hier et d’aujourd’hui

Le fabuleux développement de l’industrie ont produit des cris de triomphe qui semblaient justifiés, comme celui de P. H. Muller, l’inventeur du D D.T.

Dans les années 1960 et suivantes, l’ampleur des modifications que subit la terre conduit des scientifiques à alerter l’opinion sur les limites planétaires, ainsi que sur les effets délétères de certains progrès apparents.

En septembre dernier, après bien d’autres, 200 revues médicales publient simultanément un appel solennel concernant la protection de la santé à l’aire du réchauffement climatique et de l’effondrement de la biodiversité.

Atwoli, Lukoye et al. “Call for Emergency Action to Limit Global Temperature Increases, Restore Biodiversity, and Protect Health.” The New England journal of medicine vol. 385,12 (2021): 1134-1137. A lire ici en libre accès: doi:10.1056/NEJMe2113200 [D.R.]
MULLER, Paul Hermann. Histoire du D.D.T.: conférence faite au Palais de la Découverte le 22 janvier 1947. Paris  : Université de Paris, 1948 [D.R.]
Le D.D.T. ou l’insecticide idéal, selon son inventeur P. H. Muller (1899-1965), prix Nobel de physiologie ou médecine en 1948 « pour sa découverte de la haute efficacité du D.D.T. comme poison de contact contre plusieurs arthropodes ». [D.R.]
Halte à la croissance  ?  :  enquête sur le Club de Rome. et Rapport sur les limites de la croissance ; par Donella H. Meadows, Dennis L. Meadows, Jørgens Randers et William W. Behrens III. Paris : Fayard, 1972 [coll. part.] [D.R.]
CARSON, Rachel Louise. Printemps silencieux. Paris  : Plon, 1963. Le livre de Carson contribua à l’interdiction du D.D.T. aux Etats-Unis en 1972. Il a joué un grand rôle dans l’émergence du mouvement écologiste. [D.R.]

Le mouvement d’hygiène publique et de police sanitaire : grandes revues françaises du XIXe siècle

Le courant hygiéniste du XIXe siècle, dont on connaît les considérables conséquences sociales, a eu une grande production éditoriale. Ses revues et ses nombreuses publications en tout genre sont des sources d’information historiques foisonnantes.

Les deux grandes revues dont le premier volume est présenté ici sont numérisées intégralement dans la bibliothèque numérique Medica (BIU Santé).

A lire sur Medica en libre accès:  Annales d’hygiène publique et de médecine légale. Paris  : Gabon puis Baillière, 1829-1922
A lire sur Medica en libre accès:  Revue d’hygiène et de police sanitaire. Paris  : G. Masson, 1879-1921

L’hygiène publique : des miasmes parisiens aux dangers des gâteaux à la crème

PARENT-DUCHÂTELET, Alexandre-Jean-Baptiste. Recherches et considérations sur l’enlèvement et l’emploi des chevaux morts, et la nécessité d’établir à Paris un clos central d’écarrissage tant pour les avantages de la salubrité publique que pour ceux de l’industrie manufacturière de cette ville… Paris, France : Bachelier, 1827
L’hygiène publique face à l’insalubrité au début du 19e siècle : représentation d’un établissement d’équarrissage de la voirie de Montfaucon, à Paris (près des Buttes-Chaumont) en 1827. Au premier plan, près de rats et d’une carcasse que sa mère découpe, un enfant emmailloté est posé dans la cage thoracique d’un cheval.
PARENT-DUCHÂTELET, Alexandre-Jean-Baptiste et PAVET DE COURTEILLE, Charles. Recherches et considérations sur la rivière de Bièvre, ou des Gobelins; et sur les moyens d’améliorer son cours, relativement à la salubrité publique et à l’industrie manufacturière de la ville de Paris… Paris  : Crevot, 1822
Détail du plan de la rivière Bièvre. Il montre les multiples sources d’infection qui se déversent dans ce cours d’eau parisien, qui fut progressivement recouvert durant les dernières décennies du XIXe siècle.
Légende du plan de la Bièvre.
BAIZE, Charles. Etude clinique sur les empoisonnements par les gâteaux à la crème. Paris. Thèse de médecine, 1906, n° 282

Vous voilà mis en garde.

La question de l’eau : eau à boire, eaux usées

L’approvisionnement en eau potable et le traitement des eaux usées ont été et demeureront à l’avenir un sujet de préoccupation majeur. Ces images documentent les immenses travaux réalisés dans le Paris de la fin du XIXe siècle.

« Pose des syphons [sic] métalliques destinés à donner passage à l’égout collecteur, en amont du pont de l’Alma (1868) »
« L’égout collecteur. »
« Paris souterrain. Les égouts. Service de l’assainissement. Collecteur du Boulevard Sébastopol et angle de la rue de Rivoli. »
« Fontaine Wallace dont le modèle fut exécuté par Charles le Bourg (1872) »

Les maladies professionnelles : Ramazzini

Bernardino Ramazzini (1633-1714) publie le premier traité consacré aux maladies des artisans en 1700. Il y étudie les maladies spécifiques de plus de soixante professions. L’ouvrage, traduit notamment en français par Fourcroy et transformé par Fourcroy, est encore réécrit par P. Patissier en 1822. Y sont rassemblées des observations sur l’effet des substances manipulées dans le cadre des professions, comme sur celui de l’environnement sur la santé des travailleurs.

RAMAZZINI, Bernardino et CAPPONI, Antonio. De morbis artificum diatriba Bernardini Ramazzi. Mutinae, Italie : typis Antonii Capponi, impressoris episcopalis, 1700
RAMAZZINI, Bernardino, FOURCROY, Antoine-François. Essai sur les maladies des artisans traduit du latin de Ramazzini, avec des notes et des additions, par M. de Fourcroy, maître-es-arts en l’Université de Paris, et étudiant en médecine. A Paris, chez Moutard, 1777
Début de la table des matières de l’édition de Fourcroy

La crise de l’amiante

Les dangers de l’amiante sont évoqués dès le début du XXe siècle.

Jusqu’en 1996, qui cherchait des informations en langue française sur les effets de l’amiante avait toutes les chances de tomber sur les documents de propagandes des industriels, défendant un « usage contrôlé de l’amiante »

En 1996, sur la base d’une expertise indépendante de l’Inserm, la France décidait finalement d’interdire l’amiante, dont les effets néanmoins perdurent.

Diagnostic et traitement des flocages à base d’amiante: guide méthodologique. Paris : INRS, 1990.  – Effets sur la santé des principaux types d’exposition à l’amiante: rapport établi à la demande de la Direction des relations du travail et de la Direction générale de la santé. Paris : INSERM, impr. 1997. –  Le programme national de surveillance du mésothéliome (PNSM): présentation générale et bilan des premières années de fonctionnement (1998-2004). Saint-Maurice : Institut de veille sanitaire, département santé travail, 2006. [D.R.]
[Remerciements à Fabien Moll-François pour le choix des documents et le texte de cette section .]

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Toutes les images ont été réalisées par la BIU Santé sur des documents lui appartenant, sauf Halte à la croissance! (coll. part.)  Elles sont placées sous Licence ouverte sauf mention contraire.

 

Exposition « La découverte de la Quinine » à la Faculté de pharmacie de Paris du 4 au 9 octobre 2021

La BIU Santé Pharmacie participe aux célébrations du bicentenaire de la découverte de la quinine organisées par la Faculté de pharmacie de Paris. A l’occasion de la Fête de la science, une exposition retraçant l’histoire de ce célèbre remède contre le paludisme se tient du lundi 4 au samedi 9 octobre 2021 sur le site de la faculté.

De l’identification des propriétés fébrifuges de l’arbre à quinquina par les Jésuites au XVIIe siècle à la production industrielle de quinine au XIXe siècle, en passant par l’isolement de la quinine en 1820 par les pharmaciens et professeurs de l’École de pharmacie Joseph Pelletier (1788-1842) et Joseph-Bienaimé Caventou (1795-1877), l’exposition réunit une sélection de documents provenant des collections patrimoniales de la BIU Santé et d’objets conservés par le Musée François Tillequin – Collections de matière médicale. Cinq courts-métrages d’animation réalisés par des élèves de l’école Estienne retracent l’épopée de la quinine en images. Affiches publicitaires, échantillons d’écorce de quinquina en provenance du Pérou et autres récits d’expéditions scientifiques jalonnent le parcours installé dans les Salons du Doyen de la Faculté de pharmacie de Paris (entrée libre). L’exposition accompagne une journée de conférences prévue le jeudi 7 octobre prochain (programme et inscription en ligne).

Initialement prévues en 2020, les célébrations autour du bicentenaire de la quinine ont été reportées au mois d’octobre 2021 en raison de la crise sanitaire. La présentation du pass sanitaire est obligatoire.

Retrouvez les informations pratiques ici.

Debut: 04/10/2021
Fin: 09/10/2021
4 avenue de l'Observatoire
Paris
75006
FR

 

Deux nouveaux protégés à la BIU Santé Médecine : manuscrits inédits du dernier cours de Bichat

 

Cours d’anatomie pathologique, professé par Xavier Bichat à Paris, rédigé par J.J. Duchier fils, élève de médecine et de chirurgie à Paris, an X. Un vol. in-4, (2)-397 p.

Anatomie pathologique, rédigée d’après les leçons de Ph. J. Roux, élève de Xavier Bichat. A Paris, 1er pluviose an XI, 21 janvier 1803. Un vol. in-8, 395 p.

Portrait de Bichat en frontispice de l'Anatomie générale, appliquée à la physiologie et à la médecine (Paris, 1821)
Portrait de Bichat en frontispice de l’Anatomie générale, appliquée à la physiologie et à la médecine (Paris, 1821)

Récemment acquis par la bibliothèque, ces deux manuscrits éclairent la dernière période de la brève et féconde carrière de Xavier Bichat (1771-1802), qui fut marquée par des recherches sur l’anatomie pathologique, entreprises dans la foulée des travaux effectués en vue de la publication de son Anatomie générale. Par l’étude de l’anatomie pathologique, Bichat entend appréhender « la véritable pathologie, c’est-à-dire la connaissance des phénomènes morbides observés pendant la vie, et des altérations organiques trouvées après la mort ». A partir du socle inébranlable constitué par l’anatomie physiologique et l’anatomie pathologique, il aspire à reconstruire l’ensemble de l’édifice médical de son temps.  [1]

Ses recherches se doublent d’un cours dans lequel il expose les connaissances nouvellement acquises, « après avoir suivi et observé presque toutes les maladies dans les salles de l’Hôtel-Dieu ».[2] Professé en l’an X, ce cours est la dernière œuvre qu’il ait achevée, sans avoir eu le temps de la publier.

C’est dire l’intérêt de tout nouveau document sur ce dernier cours, d’autant qu’ils sont très rares. En effet, jusqu’à la mise en vente des deux manuscrits en librairie à l’automne dernier, on n’en connaissait qu’une seule transcription directe, conservée à la bibliothèque universitaire de Grenoble[3]. Un manuscrit de seconde main, rédigé à partir de documents intermédiaires, fut édité chez Baillière en 1825 par le Dr Boisseau, suscitant réserves et critiques dès le moment de sa publication, en raison de ses lacunes et imperfections, parmi les proches du savant anatomiste qui dénoncèrent «l’inexactitude de cette tradition du dernier cours de Bichat»[4]. Un dernier manuscrit, mentionné dans les années 30, n’a pas été édité et on en a perdu la trace aujourd’hui[5].

Que pouvons-nous dire de ces deux nouveaux documents ?

Le premier est une prise de notes du cours de Bichat effectuée à partir du 11 pluviôse an X (31 janvier 1802) et signée J.J. Duchier fils, « élève en médecine et en chirurgie ». Il nous offre une notation originale et différente des deux seules connues, contemporaines du cours de Bichat, avec lesquelles il présente des écarts. Son texte est à la fois plus complet que le cours publié par Boisseau et plus neutre que le manuscrit de Grenoble, qui comporte ajouts et réflexions personnelles du scripteur tendant brouiller la frontière entre la pensée de Bichat et sa propre contribution. Une enquête approfondie reste à mener pour retracer le parcours de cet auditeur, dont nous savons peu de choses. Les éléments dont on dispose pour l’instant conduisent à Jean Joseph Duchier, originaire de Tulle et auteur d’une thèse sur l’asthme, soutenue à Strasbourg en 1812. Cette soutenance intervient tard par rapport à la date à laquelle Duchier assiste au cours de Bichat à Paris, toutefois ce décalage peut s’expliquer. La page de titre de sa thèse nous apprend en effet qu’avant l’obtention du grade de docteur, il eut une première carrière médicale en tant que chirurgien aide-major du 15e régiment d’infanterie légère.

Page de titre du cours noté par Jean Joseph Duchier
Page de titre du cours noté par Jean Joseph Duchier
Première leçon du 11 pluviose an X
Première leçon du 11 pluviose an X

 

 

 

 

 

 

 

 

Le deuxième manuscrit, anonyme et un peu postérieur, présente l’intérêt d’avoir été rédigé d’après les leçons de Philibert Joseph Roux (1780-1854), élève préféré, ami et prosecteur de Bichat, qui l’associa de bonne heure à ses travaux. Roux rédigera d’ailleurs seul le cinquième volume de l’Anatomie descriptive inachevée. Ce cours complet, d’après les principes de Bichat, fut enseigné par Roux quelques mois après la mort de ce dernier pendant une très courte période (du 1er pluviôse au I Prairial an XI), durant laquelle « il n’hésita pas à s’emparer hardiment de l’héritage de son maître et à continuer avec ses seules ressources ces cours particuliers où affluait un si grand nombre d’auditeurs. Le succès fut inespéré (…) »[6]. L’étroite collaboration de plusieurs années entre les deux hommes, la quasi absence de délai entre la mort de Bichat et la reprise de son cours par Roux, la possession par ce dernier de notes rédigées par Bichat et de leçons recueillies par un de ses élèves, enfin la vénération qu’il entretenait à l’égard du maître disparu sont autant d’éléments qui permettent de supposer une fidélité scrupuleuse aux derniers enseignements de  Bichat, que Roux ne jugea pourtant pas opportun de publier. Cette abstention s’explique probablement par la volonté de ses proches « de respecter les dernières intentions que Bichat avait clairement manifestées ; or ces intentions étaient de ne rien imprimer sur l’anatomie pathologique avant d’avoir réitéré ses recherches et fait disparaître quelques erreurs qu’il reconnaissait ou qu’il soupçonnait dans ce qu’il avait déjà enseigné sur cette science »[7]

Extrait de la leçon professée par Ph.-J. Roux sur les maladies de l'appareil locomoteur
Extrait de la leçon professée par Ph.-J. Roux sur les maladies de l’appareil locomoteur
Extrait du plan détaillé du cours d'anatomie pathologique professé par P.J. Roux en l'an XI
Extrait du plan détaillé du cours d’anatomie pathologique professé par Ph-.J. Roux en l’an XI

 

Grâce à cette double acquisition, qui vient enrichir les manuscrits de Bichat déjà conservés à la bibliothèque, et numérisés dans Medica, c’est un ensemble inédit et cohérent de documents relatifs à son dernier cours que la BIU Santé met à la disposition des chercheurs, ouvrant la possibilité d’une étude comparée entre les différentes leçons, à partir de plusieurs points de vue : le plan du cours rédigé par Bichat lui-même d’une part[8], de l’autre les notes d’élèves ayant eu accès au cours original ou à celui  de son plus fidèle disciple, rempli des principes de son maître et soucieux de la transmission de son héritage.

 

[1] Voir la préface de F.-G. Boisseau, Anatomie pathologique, dernier cours de Xavier Bichat : d’après un ms. autographe de P.-A. Béclard. avec une Notice sur la vie et les travaux de Bichat / par F.-G. Boisseau,…, Paris, J.-B Baillière, 1825.

[2] Pierre Sue, Eloge historique de Marie-François-Xavier Bichat, prononcé dans l’amphithéâtre de l’Ecole de Médecine , Paris, Imprimerie de Delance et Lesueur, 1803

[3] Notes prises par un élève de Bichat (peut-être Billery) au cours d’anatomie pathologique donné au Grand Hospice de l’Humanité (Hôtel-Dieu) par Bichat, de vendémiaire an X (sept. 1801) au 3 thermidor de la même année (22 juillet). Ce manuscrit a été retrouvé à la Bibliothèque universitaire de Grenoble en 1959 par le conservateur Jean Monteil, qui en fit une étude. La BIU santé en possède une copie.

[4] Voir le compte rendu de C.P Ollivier (d’Angers) de la publication du manuscrit de Béclard par Boisseau dans Archives générales de médecine, 1825, série 1, n°9, p.303-305

[5] Manuscrit dit de Bordeaux. En 1931, le Dr Sabrazes révèle la découverte d’un nouveau manuscrit dont il publie un court extrait. Hélène Genty en a fait une description dans sa thèse sur Bichat et a relevé une forte similitude avec le manuscrit édité par Boisseau.

[6] René Marjolin, Notice sur la vie et les travaux de Ph.-J. Roux, lue à la Société de chirurgie dans la séance annuelle du 27 juin 1855, Paris : Masson, 1855.

[7] C.P Ollivier (d’Angers), op. cit., p. 303.

[8] Ces manuscrits, acquis du frère de Bichat en 1832 revêtent une forme schématique et allusive de tableaux synoptiques et de points de repère : https://www.biusante.parisdescartes.fr/histmed/medica/cote?ms05146

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Publication de la troisième édition majeure de la « Correspondance complète et autres écrits de Guy Patin » (1601-1672), par Loïc Capron

La Bibliothèque interuniversitaire de santé publie sur Internet le dernier grand enrichissement d’un travail de vingt ans : la troisième mise à jour majeure de la Correspondance complète et autres écrits de Guy Patin, par le Pr Loïc Capron.

Elle paraît six ans après la première édition (qui portait le titre explicite de Correspondance française de Guy Patin), et deux ans après la seconde édition, qui a inauguré le titre actuel. Toute la correspondance latine alors connue et plusieurs autres textes s’ajoutaient à la correspondance française, ainsi que de nombreuses annexes. Continuer la lecture de « Publication de la troisième édition majeure de la « Correspondance complète et autres écrits de Guy Patin » (1601-1672), par Loïc Capron »

Le Musée Virtuel de l’Art Dentaire s’agrandit

Voilà bientôt huit ans que le Musée Virtuel de l’Art Dentaire a été créé sur le site de la Bibliothèque interuniversitaire de santé, grâce à la collaboration de douze associations et institutions.

Après avoir exposé en détail l’histoire des instruments pour extraire, nettoyer et conserver les dents, le MVAD présente ce mois-ci trois nouvelles salles virtuelles.

Première salle : les meubles

Conçus pour ranger les instruments à partir de la deuxième partie du XIXe siècle, les meubles accueillent aussi la pharmacie et tous les accessoires apparus au fur et à mesure de l’enrichissement des techniques de prothèse et des matériaux utilisés.

Aux côtés de meubles dits « aseptiques » seront proposés jusque dans les années 1920 des meubles sacrifiant des qualités ergonomiques au profit d’un aspect esthétique rassurant pour un patient qui pouvait se croire chez lui…

Meuble en noyer et dessus marbre, fin XIXe s. (Musée AP-HP)
Meuble en noyer et dessus marbre, fin XIXe s. (Musée AP-HP)

Deuxième salle : les lavabos

Tant que les cabinets ne disposaient pas d’eau courante, le lavabo, souvent assorti à un meuble, avait à sa partie supérieure une réserve d’eau et l’eau usée de la cuvette se vidait dans un autre réservoir en dessous.

Lavabo fermé et ouvert, en noyer et céramique (Musée AP-HP)
Lavabo fermé et ouvert, en noyer et céramique (Musée AP-HP)

Troisième salle : les crachoirs

Apparus officiellement dès le début du XIXe siècle, les crachoirs permettaient aussi au patient de se rincer la bouche, geste réconfortant, banni depuis quelques années.

Là encore, sans eau courante, l’inventivité est sans borne. Mais certains des plus basiques de la première moitié du XIXe s. étaient fort jolis.

Crachoir en porcelaine, décoration florale (Coll. V. Burello, Turin)
Crachoir en porcelaine, décoration florale (Coll. V. Burello, Turin)

A suivre!

Merci à Jacques Gana pour son aide amicale.

Micheline Ruel-Kellermann
Membre du Musée Virtuel de l’Art Dentaire

De la chirurgie de précision pour sauver un monument de l’anatomie

Article de Laura Capogna – Elève en 5e année en spécialité Arts graphiques-Livres au département des restaurateurs de l’Institut national du patrimoine

La Bibliothèque interuniversitaire de santé conserve dans ses réserves plusieurs exemplaires du célèbre ouvrage De Humani corporis fabrica. Il est considéré comme le premier traité d’anatomie moderne et est le fruit de seulement quatre années de travail d’André Vésale, médecin et anatomiste parmi les plus connus de la Renaissance.

Fig. 1 (a) Secunda musculorum tabula, édition de 1543

Cet ouvrage rédigé en latin, langue du savoir, comprend de nombreuses illustrations du corps humain, allant de l’allure générale de corps (fig. 1 a) aux plus petits détails de son anatomie. De la première version publiée en 1543, la BIU Santé conserve un exemplaire. Elle possède également dans ses collections cinq exemplaires de la seconde édition de 1555.

 

 

 

 

L’un d’entre eux a fait l’objet d’un projet de conservation-restauration en partenariat avec l’Institut national du patrimoine (Inp), et c’est à l’occasion de sa restitution au sein des collections, après une longue absence, que nous avons jugé utile d’en relater les principales étapes.

Fig. 1 (b) Plat supérieur

 

Cet exemplaire nous est parvenu dans sa reliure d’origine (fig. 1 b), datée de 1558, à laquelle un soin particulier a été apporté lors de sa réalisation. En effet, les deux plats présentent un décor très riche occupant toute leur surface. Ce décor est composé d’encadrements rectangulaires de filets triples, un gras entouré de deux maigres.

                                                                                                                                 

 

Des figures bibliques s’insèrent en abondance dans la structure formée par cet encadrement. Parmi elles, on compte Saul, Lucrèce ou encore David (fig. 2 a). Cette richesse dans le décor est aussi visible sur les parties métalliques gravées et embouties (fig. 2 b). Le soin apporté à cette reliure est également visible à travers la complexité du façonnage des ais (plats en bois), notamment sur les chants.

Fig. 2 a : Détails du décor

Fig. 2 b : détails des gravures sur les pièces métalliques

 

 

 

 

 

 

 

 

L’arrivée de cet ouvrage au sein de l’atelier d’Arts graphiques-Livres de l’Inp est le fruit d’une longue collaboration entre les deux établissements. C’est au cours du premier chantier-école[1] effectué en 2008 au sein de la BIU Santé (alors nommée BIUM : Bibliothèque interuniversitaire de médecine) que cette pièce importante a été proposée pour restauration à Thierry Aubry, responsable de l’atelier. Compte tenu de l’état de l’ouvrage, il n’était pas envisageable d’en entreprendre le traitement dans les conditions d’un chantier-école, à savoir sur un temps court et en dehors d’un atelier équipé.

C’est pourquoi il a été décidé de faire venir l’ouvrage au sein de l’Inp. En effet, son état de conservation était très préoccupant et il était exclu de le présenter en exposition. Il n’était en aucun cas manipulable en l’état sans risques d’aggravation majeure des altérations présentes.

Les principaux dommages, imputables à un dégât des eaux survenu à la BIU Santé au cours des années 1980, ont touché à la fois le corps de l’ouvrage, la structure et le cuir de recouvrement. L’infestation du papier – par des micro-organismes – qui a suivi le dégât des eaux, a causé une très grande fragilisation ainsi que des taches et auréoles sur chaque feuillet (particulièrement sur les marges de tête) (fig. 3).

Fig. 3 : Dommages sur le corps d’ouvrage

L’eau a eu également un effet dévastateur sur le cuir : rétraction, noircissement, forte réticulation et lacunes importantes sur les plats (fig. 4).        

Fig. 4 : Dommages du dégât des eaux sur le cuir de couvrure (a) sur le plat supérieur, (b) sur le plat inférieur

               

Fig. 5 : Cassure du plat inférieur

D’autres altérations relevées, n’ayant pour autant pas forcément la même origine, menaçaient fortement la conservation de l’ouvrage. Parmi ces dernières, l’on peut citer l’absence totale du dos, une grande fragilisation de la structure du livre, en particulier de la couture, les plats en grande partie détachés et cassés (plat inférieur), ainsi que des fentes du bois des ais (fig. 5).

 

 

 

Il était donc nécessaire d’intervenir sur la structure et le corps d’ouvrage afin qu’ils retrouvent une intégrité structurelle qui permettrait à nouveau sa manipulation et sa consultation sans risques.

A la suite d’un constat d’état, de l’établissement d’un diagnostic et de l’analyse des valeurs historique, d’usage et esthétique dont cet ouvrage est porteur, il a été décidé, en accord avec la BIU Santé, de réaliser un traitement minimaliste, plus particulièrement sur la reliure, visant à le stabiliser en conservant au maximum son aspect actuel. Cette approche permettait d’interagir le moins possible avec l’histoire particulière de l’ouvrage en offrant une certaine visibilité sur les matériaux et techniques de façonnage utilisés au milieu du XVIe siècle. Par ailleurs, un comblement complet des lacunes de la couvrure aurait provoqué une gêne visuelle par une trop grande présence de la restauration. En effet, les parties noircies et déformées du cuir d’œuvre n’auraient pas pu retrouver leur couleur et leur planéité d’origine. De ce fait, leur incrustation dans le nouveau cuir aurait eu un rendu esthétique peu satisfaisant. Ce comblement posait également la question d’une restitution totale ou partielle du décor, difficilement réalisable compte tenu de l’importance des lacunes.

Si une approche minimaliste était également de rigueur pour le traitement du corps d’ouvrage – il n’était par exemple pas envisageable de déposer la couture du XVIe  siècle pour un traitement plus aisé –, 400 feuillets devaient être traités individuellement. Ce travail répétitif, qui n’aurait nécessité que quelques mois d’immobilisation chez un professionnel, ne pouvait pas être réalisé en continu par un ou plusieurs élèves dans le cadre de leur formation pratique à l’Inp[2], au risque pour eux de ne pouvoir compléter leur programme pédagogique. Il a donc été envisagé en deux étapes. La partie systématique du traitement du corps d’ouvrage, à savoir le comblement de lacunes et la consolidation du papier, a été envisagée comme un exercice pédagogique ponctuel sur près de 10 années, pour plusieurs promotions d’élèves restaurateurs. Le traitement structurel a, lui, été réalisé en deux temps. Les ais ont été traités dès leur arrivée à l’Inp en 2008. Leur remontage et le travail post-consolidation du bloc texte ont été réalisés par mes soins entre 2018 et 2019, au gré du calendrier scolaire.

La première promotion en charge de cet ouvrage s’est donc occupée, en 2008, de dépoussiérer soigneusement l’ouvrage dans sa totalité et de restaurer les deux ais en insérant des languettes d’un bois plus tendre que le bois d’œuvre et en les collant à l’aide de colle animale (fig. 6). L’ais inférieur, encore solidaire du corps d’ouvrage, a été déposé au préalable.

Fig. 6 : Consolidation de l’ais inférieur

Les élèves ont ensuite consolidé la couture en posant une apprêture temporaire (collage de couches de papiers sur le dos) pour pouvoir traiter l’intérieur du livre sans trop solliciter la couture d’œuvre. Elles ont ainsi pu commencer le long travail sur le corps d’ouvrage en consolidant les déchirures et les parties fragilisées systématiquement par doublage à l’aide d’un papier japonais très fin (3,5 g/m2) et d’un adhésif dilué en phase alcoolique. Les lacunes, présentes sur pratiquement chaque feuillet, ont quant à elles été comblées à l’aide de papiers japonais pré-teintés et d’épaisseurs équivalentes au papier d’œuvre. A cette fin et en se basant sur les différentes nuances de couleur du papier d’œuvre, les élèves ont préparé des papiers de comblement en sélectionnant des teintes moyennes pour ne pas rendre le traitement trop chronophage.

En 2018, j’ai fini le comblement et la consolidation du papier et donc pu entamer la dernière phase de la restauration en posant une nouvelle apprêture sur le dos, définitive cette fois. Elle permet de ne pas trop solliciter les supports de couture lors de l’ouverture du livre. J’ai refixé les restes de l’ancienne apprêture en parchemin par-dessus (fig. 7 b), non pas tant pour leur fonctionnalité que pour les laisser sur l’ouvrage, à la manière d’un ré-enfouissement préventif pratiqué en archéologie : il est toujours préférable de laisser ou de remettre en place tous les éléments constitutifs d’un objet, plutôt que de les restituer de façon séparée.

Après une mise au ton des parties consolidées à l’aide d’aquarelles et de peintures acryliques, j’ai remonté les ais sur l’ouvrage comme à l’origine, et j’ai confectionné une coque rigide en papier japonais que j’ai fixée sur quelques millimètres aux ais (fig. 7 c). Elle permet de contrôler l’angle d’ouverture de l’ouvrage et protège ainsi la couture. Afin de ne pas rendre la restauration trop visible, j’ai collé plusieurs couches de papiers japonais fins de différentes teintes permettant ainsi d’imiter l’aspect et le relief du cuir.

Fig. 7 (a)  : dos avant restauration

Fig. 7 (c) :  dos après pose de la coque en papier japonais

 

Fig. 7 (b) : dos après pose d’une nouvelle apprêture et refixage de l’ancienne

 

 

Avant la dernière étape de conditionnement, j’ai mis à plat les parties de la couvrure le nécessitant, avant de les refixer par un collage à l’aide d’un pressage fort mais contrôlé. J’ai posé des bandes de papier japonais sur tout le tour du cuir, à cheval sur le bois, pour éviter toute accroche lors de futures manipulations, limitant ainsi les risques de (re)soulèvement du cuir.

 J’ai finalement réalisé un conditionnement sur mesure permettant un maintien optimal aussi bien pour un rangement à plat que debout avec des matériaux pérennes. Afin de limiter les risques de perte des défaits et ne pas augmenter l’encombrement total de l’ouvrage, j’ai intégré ces éléments dans la mousse de renfort pour qu’ils soient conservés avec l’ouvrage (fig. 8).

Fig. 8 : Boîte de conservation sur mesure avec les défaits intégrés

Cette restauration (fig. 9) conséquente et exceptionnelle dans le cadre de la formation au sein de l’Inp s’est étalée de manière intermittente sur 11 années et a impliqué de nombreuses promotions de 2008 à 2019 (à commencer par la promotion 2005-2010 jusqu’à la promotion 2016-2021[3]). Cet exemplaire du De Humani corporis fabrica a aujourd’hui retrouvé sa place au sein des collections de la BIU Santé et peut à nouveau être présenté aux visiteurs de la bibliothèque.

 

Fig. 9 (a) Plat supérieur avant et après restauration

                                            (b) Dos avant et après restauration

 

(c) Plat inférieur avant et après restauration

(d) Exemple de feuillet après restauration

Crédits photographiques : Fig. 1a – BIU Santé / Fig. 1b à 9  – © Inp

[1] Les chantiers-écoles sont réalisés tous les ans par les élèves sur une période de deux semaines. C’est l’occasion, pendant les trois premières années de la formation, de réaliser un chantier de conservation préventive, curative et de restauration dans les institutions.

[2] Les cours de pratique de la restauration sont dispensés les jeudis et vendredis au sein des ateliers de l’Inp sur les quatre premières années de formations. Le reste de la semaine est dédié aux cours théoriques d’histoire, de sciences ou encore de déontologie.

[3] Les étudiantes qui ont travaillé successivement sur ce projet sous la direction de Thierry Aubry sont Sandra Vez, Aurélie Martin, Marie Messager, Cindy Landry, Marie Poirot, Julie Tyrlik, Morgane Royo, Corinne Cheng, Isabelle Chavanne, Laury Grard, Ludivine Javelaud, Sara Mazet et Laura Capogna.

Redonnez de la couleur à nos collections patrimoniales !

Saut de course fait en avant à pieds pairs dedans les cercles (dans Trois dialogues d’Arcangelo Tuccaro, Tours : Georges Griveau, 1616)

Du 1 au 5 février 2021, la BIU Santé est heureuse de participer pour la cinquième année consécutive à l’opération #ColorOurCollections (en français : coloriez nos collections).

Elle est organisée tous les ans par la New York Academy of Medicine.

Des institutions culturelles du monde entier (bibliothèques, musées, archives…) s’associent pour proposer des planches à colorier réalisées à partir de leurs collections. De quoi vous occuper pendant ces longues journées d’hiver.

captureLes illustrations proposées par la BIU Santé sont téléchargeables au format PDF. Elles sont issues des fonds historiques des pôles Médecine et Pharmacie – elles peuvent se retrouver dans Medica, notre bibliothèque numérique (cinq millions de pages en libre accès) ou dans la Banque d’images et de portraits (260 000 images).

À vous de les imprimer et de les colorier suivant votre inspiration!

Une nouvelle publication par Jacqueline Vons et Stéphane Velut : André Vésale, livres III et IV de la Fabrique du corps humain (1543)

La Fabrique de Vésale et autres textes. Page d’accueil

Après les Pièces liminaires, le Livre I, et le Livre VII, Jacqueline Vons et Stéphane Velut viennent d’achever l’édition, la transcription et la traduction commentée des livres III et IV de La Fabrique du corps humain d’André Vésale, dans le cadre des éditions critiques proposées par la BIU Santé.

La Fabrique de Vésale et autres textes. Introduction du livre IV

 

 

 

Ces deux livres sont complémentaires : le Livre III contient une description morphologique des veines et des artères, le Livre IV est consacré au système nerveux ; Vésale y revendique la pratique anatomique comme source principale de savoir ; de nombreux schémas didactiques et figures en pleine page ont été dessinés par Vésale lui-même, des observations et des interventions personnelles nuancent la description générale du corps humain.

La Fabrique de Vésale et autres textes. Aperçu de l’édition du livre III

 

Les traductions des textes préliminaires aux autres ouvrages de Vésale sont également en ligne : La Paraphrase (1537), Les six tables anatomiques (1538), La Lettre sur la saignée (1539), L’Epitome (1543), La Lettre sur la racine de Chine (1546), L’Examen des Observations de Fallope (1564), Les Œuvres complètes (1725).

 

Medica a 20 ans : naissance et croissance d’une bibliothèque numérique au début du XXIe siècle 3/3

 Voici le troisième et dernier billet d’une série de 3 sur l’histoire de Medica – rédigé par Lou Delaveau, conservatrice-stagiaire Enssib, à l’occasion des 20 ans de la bibliothèque numérique Medica. Retrouvez le premier billet ici  et le second là 

III. Vers une Galaxie Medica

Medic@ dans le paysage des bibliothèques numériques

Les différents états de la politique documentaire de Medic@ soulignent que la bibliothèque numérique est « complémentaire des autres produits élaborés par le Service d’histoire de la santé (base bio-bibliographique des médecins, pharmaciens et autres professionnels de santé, expositions virtuelles, renseignements à distance…) » [1]. Un même thème pourra ainsi être décliné via les divers outils mis en place par la bibliothèque. À titre d’exemple, un corpus sur Etienne-Jules Marey, réalisé en collaboration avec le Collège de France et l’Académie nationale de Médecine, est versé dans Medica en 2006 et accompagne la mise en ligne d’une exposition virtuelle[2]. C’est ce type de projet « à forte valeur ajoutée » qui est privilégié par l’équipe pour définir le positionnement de Medic@ dans un contexte de concurrence croissante et d’essor de géants numériques – on pense notamment au développement de Google print, puis Google Book, à partir de 2004. Quelle place pour Medic@, que certains interviewés décrivent comme une « PME », voire une « épicerie fine » ? Une note de service, qui témoigne du lancement d’une importante campagne de numérisation par la Wellcome Library, invite à réfléchir à la place qu’occupent les ressources de la BIUM dans le panorama des bibliothèques numériques, et s’inquiète même de l’avenir des collections papier dans les bibliothèques en général[3]. D’autres archives attestent d’un souhait d’initier une coopération nationale pour la numérisation du patrimoine médical imprimé[4].

Dans ces circonstances, l’articulation des différents services développés par la BIUM ne peut qu’être un atout. Un outil tient une place toute particulière dans ce réseau documentaire : il s’agit de la Banque d’images et de portraits , dont nous avons déjà parlé. Sous la responsabilité d’Estelle Lambert, la Banque d’images s’est en effet progressivement étoffée grâce aux illustrations signalées lors de l’indexation des pages numérisées pour alimenter Medica : elle comporte aujourd’hui 264 000 images. La base biographique est une autre ressource essentielle du Service d’histoire de la santé qui permet notamment de relier les différents contenus grâce à des notices d’autorités. De la sorte, Medica prend la forme d’un réseau interconnecté de bases : elle déborde même des contours de la BIU Santé puisqu’outre les numérisations de ses fonds et d’exemplaires d’institutions partenaires, elle agrège aussi plus de 100 000 notices d’autres bibliothèques, via le protocole OAI-PMH.

Les années 2010 : plusieurs changements marquants.

L’accueil de Medica au 7/11/2011 et au 3/03/2016 , avec respectivement une mention du pôle Pharmacie et le logo de la nouvelle BIU Santé (Internet Archive Wayback Machine).

En 2011, la BIUM change de nom, fusionne avec la BIUP (Bibliothèque interuniversitaire de Pharmacie) et devient la BIU Santé. C’est tout un nouveau champ disciplinaire qui s’ouvre alors pour Medic@, dont témoignent des réalisations telles que la reconstitution virtuelle de la bibliothèque du Collège de Pharmacie. Puisque le pôle Pharmacie ne dispose pas d’un scanner équivalent à celui du pôle Médecine, des concertations fréquentes sont organisées entre les deux équipes, quoique – de l’aveu de Catherine Blum, conservatrice arrivée à la BIU Santé Pharmacie en 2016 – l’éloignement des deux sites ne facilite pas le transport et la numérisation des formats les plus volumineux ! Les liens noués par la BIU Pharmacie avec différents organismes spécialisés dans le domaine des sciences pharmaceutiques et de la cosmétologie renforcent aussi le caractère incontournable de la BIU Santé dans le paysage de la recherche en histoire des sciences.

Deux exemples curieux de documents conservés au pôle Pharmacie : Au Chat des Alpes. Froid humidité : ennemis de santé : 1940-1941, Voiron, Isère : Au Chat des Alpes, 1940. BIU Santé Pharmacie 69321.

Pharmacie Chaumel. Le Baume Oco : Souvenir de l’expo 1889. [Paris] : [s.n.], 1889.BIU Santé Pharmacie RES 69389.

                        

 

Cette place prépondérante est confortée par une stratégie d’ouverture des données : en 2013, la BIU Santé adopte la “Licence Ouverte” pour ses documents du domaine public et encourage ses partenaires à faire de même. Les images des collections, tirées de Medic@ ou de la Banque d’images et de portraits, circulent donc activement sur le Net. Ce succès inspire à la BIU Santé un partenariat avec l’association Wikimédia France pour verser dans la médiathèque Wikimédia Commons les clichés en haute définition de certains corpus tout en menant un travail d’alignement et de référencement des métadonnées associées. Après une première phase menée à bien en 2017, un deuxième chapitre s’ouvre en 2020. Cette politique de collaboration passe également par un travail conjoint avec des bibliothèques-sœurs de par le monde : en 2017, Medica intègre le consortium Medical Heritage Library sous l’action de Solenne Coutagne. La Medical Heritage Library   qui fête également un anniversaire en 2020 – ses dix ans ! –  offre, ainsi que le rappellent Véronique Boudon-Millot et Jean-François Vincent dans un article récent[5], de nouvelles fonctionnalités aux lecteurs consultant les collections de la BIU Santé par cette porte d’entrée : notamment un OCR performant et une interface de visualisation plus ergonomique sur Internet Archive.  Un dernier changement marque enfin cette décennie :  le nom même de Medica s’offre une nouvelle jeunesse et se voit amputé de son vilain « @ » !

L’accueil de Medica au 17/11/2020, avec le logo d’Université de Paris. On note la disparition du @ de Medica.

Le tournant 2020 : et au-delà ?

Le développement d’une solution « sur mesure » pour Medica dans les années 2000, qui avait l’avantage de permettre une grande réactivité et souplesse, a certes quelques inconvénients. L’équipe souhaiterait implémenter aujourd’hui un affichage mosaïque, la possibilité de faire pivoter et défiler les pages, l’affichage latéral de la table des matières… Autant de petits détails susceptibles de rendre la consultation plus confortable  mais qui se heurtent aux caprices d’un système ayant parfois mal vieilli et peu documenté, ainsi qu’au manque de temps et de main d’œuvre… Le langage Lasso original, désuet, a cependant pu être traduit en PHP par Olivier Ghuzel, ingénieur d’études et informaticien rattaché au Service d’histoire de la santé. Un projet est en cours pour reprendre l’archivage pérenne au CINES des données de la bibliothèque numérique, dont le poids désormais écrasant a dépassé les capacités de l’application qui lui était originellement dédiée, et est désormais stocké dans une base de données MySQL. Dans un constant souci d’améliorer les fonctionnalités de la base et la circulation de l’information, l’équipe s’intéresse aussi aux opportunités du modèle IIIF qui permet de diffuser des images sur le web de manière standardisée et de les rendre consultables, modifiables par d’autres applications extérieures à la bibliothèque. Une telle évolution permettrait, en interne, de simplifier considérablement le traitement des images mais aussi de bénéficier de nouveaux modes de visualisation, de navigation et d’interaction avec les images.

Mais l’avenir de Medica est aussi étroitement lié aux contours administratifs de la nouvelle Université de Paris. Après une première fusion avec le SCD Paris Descartes en octobre 2019, la BIU Santé intègre en effet la Direction générale déléguée aux bibliothèques et musées d’Université de Paris (DGDBM), suite à la fusion des universités Paris Descartes et Paris Diderot en 2020. Dans ce nouveau chapitre de l’histoire de la BIU Santé, Medica semble pouvoir constituer la figure de proue de la valorisation patrimoniale des bibliothèques de l’université fusionnée. L’équipe réfléchit actuellement à la place qu’elle occupera dans ce nouvel univers documentaire : il s’agit à la fois de moderniser les fonctionnalités de la bibliothèque numérique (en cohérence avec les futures autres collections), de les pérenniser mais également de préserver la singularité de cet outil que le contexte sanitaire rend d’autant plus incontournable. Medica est aujourd’hui appréciée par un large public, bien connue de ses lecteurs fidèles mais aussi bien identifiée par les nouveaux chercheurs en histoire des sciences, dont je faisais moi-même partie il n’y a pas si longtemps. Espérons que ce billet de blog aura fait sourire les premiers et intrigué les seconds que nous invitons à cliquer ICI pour entamer leur exploration de la Galaxie Medica : nous leur souhaitons de fructueuses découvertes !

Lou Delaveau, avec l’aide de l’équipe du Service d’histoire de la santé


Sources

-Archives consultées

 Archives du directeur de la BIU Santé relatives au Service d’histoire de la santé : cartons 95, 96, 97, 98, 99, 100, 104, 105.

-Entretiens (par ordre alphabétique)

Catherine Blum : actuelle responsable des collections et fonds patrimoniaux à la BIU Santé Pharmacie, entrée à la BIU Santé en 2016.

Guy Cobolet : directeur de la BIUM/BIU Santé de 2000 à 2018.

Solenne Coutagne : actuelle responsable de Medica, entrée à la BIU Santé en 2014

Olivier Ghuzel : ingénieur d’études, attaché au Service d’histoire de la santé (notamment  en charge de la maintenance de Medica), entré à la BIU Santé en 2013.

Estelle Lambert, actuelle responsable de la Banque d’images et de portraits, entrée à la BIU Santé en 2002.

Henry Ferreira-Lopes : chef du Service d’histoire de la santé de 1999 à 2004

Bernadette Molitor : Bibliothécaire à la BIU Santé de 1974 à 2014, en charge de l’histoire de la médecine et du fonds ancien.

Pierre Morris : photographe dans le service, actuellement en charge de l’indexation de la base biographique, entré à la BIUM en 1983.

Jacques Gana : chef du service informatique de la BIUM / BIU Santé, de 1995 à 2017.

Jean-François Vincent : chef du Service d’histoire de la santé, entré à la BIU Santé en 2004, ci-devant responsable de Medica (2004-2014).


[1] « La politique documentaire de Medic@ », dernière version de mai 2015. https://www.biusante.parisdescartes.fr/histoire/medica/assets/pdf/histmed-medica-poldoc-medica-fra-octobre2013.pdf .

[2] Mail du 4/05/2006 (Jean-François Vincent) – Archives, c. 97. L’exposition virtuelle est la suivante : https://www3.biusante.parisdescartes.fr/marey/debut.htm.

[3] « Numérisation de masse et avenir des fonds patrimoniaux : considérations sur le fonds ancien de la BIUM et son avenir proche » c. 104 (non daté, vers 2008 ?)

[4] Divers documents – Archives, c. 104.

[5] Boudon-Millot (Véronique), Vincent (Jean-François), « Medical Heritage Library: La plus grande bibliothèque médicale numérique du monde », dans médecine/sciences, EDP Sciences, 2020, 36 (10), p. 924-928. https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02960793