Outils de communication scientifique : les résultats pour la France

InnoScholComm logo 550x550En 2015, nous avions relayé l’enquête menée par l’université d’Utrecht concernant les outils pour la communication scientifique utilisés par les chercheurs.

Tous les résultats (anonymisés) sont librement consultables et téléchargeables sur le site de l’étude (vive l’Open Data!). Une interface intuitive permet de manipuler aisément ces données pour des comparaisons immédiates.

Au niveau mondial, cette enquête a rencontré un vif engouement, avec plus de 20.000 participants.

La France est le 5e pays en nombre de réponses (1150 chercheurs).

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Une exploitation intéressante de ces chiffres a été mise en avant par l’European Association for Health Information and Libraries : il s’agit d’une extraction des 2.200 réponses émanant de l’Europe pour la discipline Médecine. Les résultats de cette vue particulière sont consultables via cette interface.

Malheureusement, dans cette discipline, la France n’est représentée que par 139 chercheurs (si l’on exclut les bibliothécaires et documentalistes qui pouvaient également répondre à l’enquête).

Ce faible nombre ne permet pas d’extrapoler des statistiques, d’autant que l’échantillon n’est en rien représentatif. Quelques chiffres notables néanmoins, sur ce panel restreint de 139 chercheurs français du secteur médical :

pubmed-4-300Sans surprise PubMed est plébiscité pour la recherche de littérature : 126 personnes déclarent l’utiliser. Viennent ensuite Google Scholar (104), Web of Science (36), Scopus (17), Mendeley (9) et Paperity (8), entre autres. Le même classement se retrouve à peu près au niveau européen.

Une fois les références trouvées, les chercheurs y accèdent majoritairement par leur institution / leur bibliothèque (118), mais aussi via ResearchGate (45), des courriels envoyés aux auteurs (35), la consultation d’articles en Open Access (33), et l’achat direct sur les sites des éditeurs (13). L’Open Access Button, dont nous avons déjà parlé ici, est beaucoup plus utilisé dans les autres pays (3e position).

Les systèmes d’alerte et de recommandations sont relativement peu utilisés : Google Scholar (39), ResearchGate (28), PubMed (21), JournalTOCs (22), Mendeley (6), et les sites des revues elles-mêmes (4).

Pour analyser des données, le bon vieil Excel prévaut (97 répondants), suivi par R (33), SPSS (16), GraphPad ou StatView (14), MATLAB (9). Pas de surprise non plus pour l’écriture, avec Microsoft Word (132) puis notamment Google Drive (39) et LateX (14).

zoteroDu côté des logiciels de bibliographie, Zotero est en tête (63 utilisateurs), talonné par EndNote (53), puis Mendeley (10), Papers (6), ReadCube (3), JabRef (3). La situation est bien différente au niveau européen pour les chercheurs en médecine : Zotero est au 4e rang, derrière EndNote (largement en tête), Mendeley puis RefWorks.

Plusieurs outils sont cités pour l’archivage et le partage de publications : ReserchGate (39), PubMed Central (36), les répertoires institutionnels (25), le partage des notes de travail (22), arXiv (4). Le partage de données est encore balbutiant (8 répondants citent GitHub), idem pour les posters et les présentations (7 utilisateurs de Slideshare).

Le choix de la revue où publier repose encore grandement sur le facteur d’impact du JCR (en tête avec 39 répondants). Idem pour mesurer l’impact après publication : JCR/Facteur d’impact (43), Web of Science (30), Scopus (18), Altmetric (14), PLoS (10).

Pour communiquer en dehors du milieu académique, 25 répondants utilisent Twitter, 23 Wikipédia, 11 WordPress, 8 Facebook, LinkedIn ou bien Google+. Pour les profils de chercheurs, on retrouve la prépondérance de ResearchGate (55), Google Scholar (40), Orcid (23), les pages institutionnelles (20), et Academia (10). Même classement au niveau européen.

BAQuant au développement le plus important dans la communication scientifique au cours des années à venir, de nombreux répondants citent l’Open Access – soutenu par 110 d’entre eux (16 ne savent pas, 5 sont contre).

Tous ces chiffres, à manipuler avec précaution, donnent quand même des pistes sur les outils connus et utilisés, à défaut de pouvoir en tirer des généralités.

Une enquête nationale ciblant ces publics serait sans doute utile, pour mieux cerner les pratiques et les besoins, et y répondre au mieux en bibliothèque.

David Benoist

Valorisation des revues médicales en langue française

En ce début d’année 2016, l’attention se porte sur les revues médicales en langue française.

Voici quelques jours, le CISMeF lançait officiellement son nouvel outil de recherche LiSSa (Littérature Scientifique en Santé). Cette nouvelle base de données ambitionne, toutes proportions gardées, de devenir un PubMed «à la française», s’appuyant sur la production francophone.

C’est au tour de l’Académie nationale de médecine de s’exprimer sur ce sujet. Après plusieurs réunions menées en 2015, un communiqué a été publié le 26 janvier 2016 sur la «valorisation des revues médicales en langue française».

communiqueCe texte rappelle que «Le financement des activités de recherche des équipes hospitalières est fondé sur les points SIGAPS qui prennent en compte le facteur d’impact (Impact Factor) des revues dans lesquelles elles ont publié leurs travaux, pondéré par le rang des auteurs signataires» (voir notre billet du 20 janvier sur le système SIGAPS / SAMPRA).

«Ce système pénalise fortement les articles publiés en français, dans des revues dont la diffusion limitée implique un facteur d’impact faible. La revalorisation des revues médicales en langue française se justifie pour deux principales raisons :

  • La publication de mises au point ou de revues générales de qualité permet de juger les capacités pédagogiques des auteurs qui se destinent à une carrière hospitalo-universitaire et il convient d’apprécier ces capacités pédagogiques au même titre que leurs capacités de soins et de recherche.
  • Même en France la plupart des médecins lisent et assimilent plus facilement des articles en français que dans une autre langue […]

Aussi, l’Académie Nationale de Médecine en concertation avec le syndicat de la Presse et de l’Édition des Professions de Santé, prend acte et soutient l’initiative de la conférence des Présidents du Conseil National des Universités (CNU) Santé, en accord avec la conférence des Doyens, d’inclure dans le dossier de candidature universitaire un «score pédagogique» (SIAPS) spécifique où interviennent les articles de formation publiés en français.

Ce score, intégré à la grille d’évaluation des CNU, devra être diffusé par toutes les sous-sections du Conseil National des Universités aux candidats à une nomination ou promotion Hospitalo-Universitaire. […]»

Cette mesure bénéficiera aux articles (et à leurs auteurs) publiés dans des revues francophones, qui ne sont pas toujours indexés dans des bases de données.

En savoir plus

Le communiqué original de l’Académie de médecine du 26 janvier 2016

8 questions sur SIGAPS et SAMPRA

Les indicateurs bibliométriques sont de plus en plus utilisés pour évaluer les équipes de recherche et définir les stratégies de publication à suivre.

En France existe notamment SIGAPS (pour « système d’interrogation, de gestion et d’analyse des publications scientifiques ») qui recense les publications des médecins sur PubMed. Initié en 2002, ce projet va bientôt être complété par un nouveau logiciel, SAMPRA (Software for Analysis and Management of Publications & Research Assessment), dont le fonctionnement n’est pas identique.

SIGAPS et SAMPRA sont souvent mal connus par les professionnels de la documentation – qui sont pourtant en première ligne pour les questions de bibliométrie.

Patrick2Pour y voir plus clair, la BIU Santé a posé quelques questions à Patrick Devos, statisticien à la délégation à la recherche clinique et à l’innovation du centre hospitalier régional universitaire (CHRU) de Lille, concepteur des deux logiciels de bibliométrie SIGAPS et SAMPRA :

Quelles différences entre SIGAPS et SAMPRA ?
SIGAPS est basé sur les données de PubMed. SAMPRA interroge PubMed mais également le Web of Science Core Collection (Thomson Reuters). Il couvre de facto un périmètre beaucoup plus large car le Web of Science est une base pluridisciplinaire. Le Web of Science fournit également des informations complémentaires (adresse de tous les auteurs, nombre de citations, …).

Qui sera concerné par SAMPRA ?
Essentiellement les institutions de recherche : universités, organismes de recherche, grandes écoles, …

SAMPRA est-il ouvert aux médecins faisant de la recherche mais qui ne sont pas affiliés à une structure universitaire (ex : médecins dans une maison de santé pluridisciplinaire) ?

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