L. latine 243.  >
À Sebastian Scheffer,
le 6 mai 1663

[Ms BIU Santé no 2007, fo 151 ro | LAT | IMG]

Au très distingué M. Sebastian Scheffer, docteur en médecine à Francfort.

Très distingué Monsieur, [a][1]

Je vous envoie la réponse du très distingué M. Mocquillon, [2] notre ami qui m’avait remis votre dernière avec un paquet ; je vous remercie infiniment pour ce qu’ils contenaient. Je suis très content que vous ayez reçu mon portrait avec tant de bienveillance. [3] Votre autre lettre m’est parvenue par notre ami de Metz, [4] mais je n’ai pas vu votre parent ni reçu celle qu’il devait me remettre de votre part. [5] Je salue le très distingué M. Vogler, à qui je sais devoir beaucoup ; [6] je l’en remercierai après que j’aurai reçu ce que le très distingué M. Horst m’a destiné. [1][7] Les Tournes [8] m’ont fait parvenir ces 12 tomes des Historiæ de M. von Vorburg ; [9] je lui ai écrit, comme je devais, pour l’en remercier. [2][10] Je dois ma plus profonde gratitude à votre graveur, et lui promets et offre toute sorte de services, tout comme une somme d’argent dont je vous reconnais et accepte pour arbitre. S’il vous semble qu’il faille ajouter quelque chose au-dessous de mon portrait, vous prendrez soin, s’il vous plaît, d’y mettre ces quelques mots : Guido Patin Bellovacus, Doctor Medicus Parisiensis, et Professor regius, vivit in senectute bona, et docet Lutetiæ, summa Auditorum frequentia, ex omni gente, ex omni tribu, imò ex tota Europa : multa laude dignus, omnium eruditorum calculo probatus. Utinam Vir bono publico natus Nestoreos annos attingat[3][11][12] Ajoutez-y le distique suivant :

Hic est Patinus, clarus Asclepi nepos,
Per quem perire non licet mortalibus.
Hadrianus Valesius
[4][13][14]

Je promets de rembourser à votre graveur tout l’argent que je lui devrai pour ses livres d’éloges. Je n’ai pas encore vu le livre de Marten Schoock de Fermentatione[5][15] mais l’attends de Hollande avec d’autres. Je vous serai très reconnaissant de m’envoyer, par l’intermédiaire d’Öchs [16] ou de Sebastian Switzer, [17] les opuscules que vous avez mentionnés. Par leur intermédiaire, je vous ferai parvenir le nouveau Catalogue de nos docteurs. [18] Vale, très distingué Monsieur, tout comme votre père que Dieu veuille bien conserver, [19] et aimez-moi.

De Paris, ce jeudi 6e de mai 1663.

Vôtre de tout cœur, Guy Patin.

Je voudrais que vous saluiez de ma part les très distingués Lotich [20] et Horst, Conring, [21] Vogler, et les autres s’il en est qui nous affectionnent.


a.

Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite à Sebastian Scheffer, ms BIU Santé no 2007, fo 151 ro.

1.

Johann Daniel Horst envoyait sans doute les thèses médicales d’Allemagne que Guy Patin lui avait demandées avec insistance dans sa lettre du 8 mars 1663. Le paquet expédié par Sebastian Scheffer pouvait déjà en contenir un premier lot.

Samuel ii Du Clos a correspondu avec Guy Patin et assurait avec zèle le transfert par etz de ses couriers venant d’Allemagne. V. note [2], lettre latine 377, pour Martin Praungard, parent de Scheffer.

En 1652, Valentin Heinrich Vogler (Helmstedt 1622-ibid. 1677) avait été nommé, comme son père, Gottfried Vogler (vers 1586-1624), professeur de médecine à Helmstedt. Il a publié de nombreux ouvrages de médecine, de philosophie et d’histoire. Deux avaient alors paru :

Dans ses lettres latines ultérieures, Patin lui a plusieurs fois fait adresser ses salutations, mais sans jamais expliquer de quoi il lui était redevable. Probablement s’agissait-il de thèses que Vogler avait remises à Hors pour les lui envoyer.

2.

Lettre latine 240 à Franz Johann Wolfgang von Vorburg, pour le remercier des « Histoires » romano-germaniques de son défunt oncle, Johann Philipp von Vorburg (v. note [3], lettre latine 206).

3.

« Guy Patin, natif de Beauvaisis, docteur en médecine de Paris et professeur royal, vit une vieillesse heureuse et enseigne à Paris, devant un grand concours d’auditeurs venus de tout pays, de toute nation, et même de l’Europe tout entière. Digne de grande louange, il est accrédité par les suffrages de tous les savants. Dieu fasse que cet homme, né pour le bien public, atteigne les années de Nestor. »

V. notes [31], lettre 146, pour la légendaire longévité de Nestor, et [9], lettre latine 228, pour la Bibliotheca chalcographica… [Bibliothèque gravée…] (Clemens et Johann Ammon, Francfort et Heidelberg, 1652-1669) où Guy Patin espérait en vain voir figurer son portrait parmi les célébrités de l’Europe savante.

4.

« Voici Patin, illustre descendant d’Esculape !
Grâce à lui, il n’est pas permis aux mortels de périr.
Adrien de Valois. »

V. notes [5], lettre 551, pour Esculape, et [42], lettre 336, pour Adrien de Valois, auteur de ce distique intitulé In effigiem Guidonis Patin [Sur le portrait de Guy Patin]. Dans sa lettre du 19 mars 1663 à Sebastian Scheffer (v. sa note [6]), Patin avait donné son ami d’enfance, Jean de Nully, pour auteur d’un distique différent pour accompagner son portrait (gravé en 1661-1662, v. note [2], lettre 231).

Outre celui-là, le Valesiana (page 56) contient quatre autres distiques à la gloire de Patin et de son effigie.

5.

V. note [3], lettre 723, pour le traité de Marten Schoock « sur la Fermentation » (Groningue, 1663).

s.

Ms BIU Santé no 2007, fo 151 ro.

Cl. viro D. Seb. Scheffero, Med. Doctori, Francofurtum.

Ecce Tibi responsoriam mitto, Vir Cl. Amici nostri D. Moquillon,
per quem accepi tuam postremam, cum fasciculo et contentis, pro quibus
singulis quantas possum maximas ago gratias. Quos Iconem meam tam
grato animo acceperis, seriò gaudeo : et Ego tuam Epistolam accepi per amicum Metensem,
sed Cognatum tuum non vidi, nec illam tuam Epistolam accepi. Cl. virum D. Voglerum
saluto : cui multa me debere agnosco : et pro quib. gratias agam postquam
accepero quæ mihi destinata sunt à Viro Cl. D. Horstio. Tomos illos
12. hostoricos D. Vorburgij accepi per Tornesios, et pro debita gratiarum
actione scripsi. Chalcographo vestro ingentes gratias debeo, pro quibus
omne genus officiorum polliceor et offero : imò et nummos, de quib. Te judicem agnosco,
et accipio. Si quid Tibi videatur addendum et subjiciendum Iconi meæ, pauca hæc
sodes subscibi curabis. Guido Patin Bellovacus, Doctor Medicus Parisiensis, et Pro-
fessor regius, vivit in senectute bona, et docet Lutetiæ, summa Auditorum fre-
quentia, ex omni gente, ex omni tribu, imò ex tota Europa : multa laude dignus,
omnium eruditorum calculo probatus. Utinam Vir bono publico natus Nestoreos
annos attingat.
Cum disticho sequente.

Hic est Patinus, clarus Asclepî nepos,
Per quem perire non licet mortalibus.
Hadrianus Valesius.

Chacolgrapho vestro promitto nummorum quiquid ei debebitur pro libris Elogiorum.
Mart. Schoockij librum de Fermentatione nondum vidi : sed eum expecto cum alijs ex
Hollandia. Gratissimum mihi feceris, si libellos à Te commemoratos miseris per Ochsium,
aut Sebastianum Switzerum.
Nostrorum Doctorum Catalogum novum ad Te mittam
per eosdem. Vale Vir Cl. cum Domino Parente, quem Deus servet, et me ama. Parisijs,
die Iovis, 6. Maij, 1663. Tuus ex animo,

Guido Patin.

Cl. Viros nomine meo salutes velim, Lotichium et Horstium, Conringium
et Voglerum,
et alios, si qui sint qui rebus nostris faveant.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Sebastian Scheffer, le 6 mai 1663

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1276

(Consulté le 27/04/2024)

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