Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Patiniana I‑4 (1701)

Note [56]

Dans sa section intitulée Quelques mots de M. Le Fèvre, {a} précepteur du roi Louis xiii, le Pithœana relate différemment (mais de manière plus confuse) la même anecdote (pages 519‑520) :

« Lui demandant si l’Eunapius Rhetor de l’Histoire des Huns était perdu, {b} et que le P. Sirmond m’avait dit qu’il avait un mémoire de Fulvius Ursinus des livres manuscrits des bibliothèques d’Italie, là où cet Eunape était, mais que Fulvius ne marquait que la première lettre de la Bibliothèque du Vatican, et l’avait demandé (étant en délibération de le faire imprimer) au cardinal Sirlet, {c} qui était bibliothécaire, lequel lui dit que le pape l’avait défendu, et que c’était un libro empio e scelerato. » {d}


  1. Le philologue français Nicolas Le Fèvre (1544-1612), sans lien avec son homonyme (v. note [17], lettre 311), était « distingué par son savoir et son mérite. Il eut des liaisons particulières avec Pierre [i] Pithou et demeura plusieurs années dans sa maison » (note de Pierre Des Maizeaux).

  2. Pour les Huns, par crainte d’être anachronique sur ce qu’on en disait alors, je m’en tiendrai à citer le Dictionnaire de Trévoux :

    « Les Huns, anciens peuples de la Sarmatie Européenne, {i} Hunnus, Hunus, habitaient auprès des Palus Meotides ; {ii} mais ensuite ils s’établirent dans la Pannonie. {iii} Attila {iv} en conduisit une partie en Allemagne, en Italie et en France, où ayant été défaits par Mérovée, roi de France, et par Aetius, général des Romains, {v} ils se retirèrent derechef dans la Pannonie, qui prit le nom de Hongrie : ou de ces Huns, ou, selon d’autres, des Hongres, nation scythe {vi} qui subjugua les Huns, et se confondit avec eux. “ Les Huns, peuples des Palus Meotides, désolèrent tout l’univers avec une armée immense, sous la conduite d’Attila, leur roi, le plus affreux de tous les hommes ” (Bossuet). “ Les Huns, qui habitaient près de l’océan Scythique, {vii} avaient fait éclater leur nom sous Attila ” (D’Ablancourt). “ Les Huns passèrent les Palus Meotides, s’étendirent jusques au Danube, et obligèrent les empereurs d’Orient à leur payer tribut. Sous Théodose le Jeune, {viii} ils pillèrent la Thrace et l’Illyrie, {ix} et ensuite l’Achaïe et le reste de la Grèce. En 451, leur roi Attila, ayant soumis plusieurs autres rois barbares et assemblé jusqu’à cinq cent mille hommes, passa de la Pannonie dans la Gaule, et la ravagea. »

    1. L’Ukraine, v. note [7], lettre latine 83.

    2. La mer d’Azov, v. note [20], lettre 197.

    3. Actuelle Hongrie.

    4. Roi des Huns de 434 à 453, v. note [89] du Faux Patiniana II‑7.

    5. Mérovée, fondateur de la dynastie franque des Mérovingiens, aurait régné de 448 à 457.

      Aetius, sénateur romain et général en chef des armées de l’Empire d’Occident (mort en 454) a défait Attila lors de la bataille des champs Catalauniques en 451.

    6. V. note [19], lettre 197, pour les Scythes.

    7. La mer Caspienne (v. note [24], lettre 197).

    8. Théodose ii, dit le Jeune, empereur romain d’Orient, a régné de 408 à 450 ; il est auteur du Code théodosien (v. note [10], lettre 736).

    9. V. note [23], lettre 197, pour la Thrace antique. Elle était bordée à l’ouest par l’Illyrie (actuelle Albanie).

    Fils d’Oribase (v. note [9], lettre latine 61), Eunape de Sardes, dit le Rhéteur, est un médecin, philosophe néoplatonicien (v. note [46] du Borboniana 7 manuscrit) et historien grec du iveve s., ennemi du christianisme, qui a laissé un ouvrage de Vitis Philosophorum et Sophistarum [des Vies de philosophes et de sophistes], dont la première édition grecque et latine date de 1568 (Anvers, Christophe Plantin, in‑8o). Il ne subsiste que des bribes de son Histoire des Césars. Son Histoire des Huns (qui émergèrent en Europe orientale du vivant d’Eunape) n’a pas été imprimée en tant que telle, mais il est question d’eux dans le premier des Fragmenta de legationibus [Fragments sur les ambassades], Ex Historia Eunapii Sardiani [Extrait de l’Histoire d’Eunapius de Sardes] (pages 15‑22), que contient le recueil du P. Philippe Labbe (v. note [11], lettre 133), intitulé De Byzantinæ Historiæ Scriptoribus… [Des Écrivains de l’histoire byzantine…] (Paris, Imprimerie royale, 1648, in‑4o).

  3. V. supra note [43] pour le P. Jacques Sirmond (1559-1651), qui a séjourné à Rome au début des années 1580, où il a pu s’entretenir avec l’antiquaire romain Fulvio Orsini (Fulvius Ursinus, 1529-1600, v. note [11], lettre 736) et avec le cardinal Guglielmo Sirleto (Guillaume Sirlet, promu en 1565), bibliothécaire de la Vaticane de 1572 à sa mort (en 1585, v. notes [42] et [43] du Naudæana 2).

    On ne sait pourquoi (autre information ou erreur de copie) la narration du Patiniana a substitué Marc-Antoine Muret (1526-1585, v. note [31], lettre 97) au P. Sirmond (dont il sera question dans l’article suivant, où il est accusé de vol).

  4. « un livre impie et scélérat. »

Cet article du Patiniana imprimé ne figure pas dans le manuscrit de Vienne.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Patiniana I‑4 (1701), note 56.

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(Consulté le 10/12/2024)

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