L. latine 263.  >
À Christiaen Utenbogard,
le 30 octobre 1663

[Ms BIU Santé no 2007, fo 157 vo | LAT | IMG]

Très distingué Monsieur, [a][1]

C’est maintenant seulement, je veux dire aujourd’hui même, 30e d’octobre, que je reçois par le messager de Rouen le livre des Exercitationes de notre ami M. Marten Schoock, in‑4o, que vous avez envoyé avec une courte lettre écrite d’Utrecht, le 28e de juillet de cette année. [1][2] Je vous en remercie tout particulièrement. Je n’ai pas encore vu votre M. Voest, [3] qui me sera parfaitement recommandé, ni cet autre M. Wonstius de qui, à ce que vous m’écrivez, j’étais censé recevoir ces Exercitationes. J’ai réglé le prix du transport à une petite bonne femme qui me les a délivrées. Votre écriture laisse pour moi planer une ambiguïté quant à l’identité de ces MM. Voest, Wonstius et Woestius : ainsi ces trois noms sont-ils en effet écrits de diverses manières dans votre lettre ; mais s’agit-il de trois hommes différents, de deux, ou d’une seule et même personne ? Je plongé dans un doute profond et soupçonne tout de même qu’il s’agisse d’un seul et même personnage dont vous avez écrit le nom de trois façons différentes. Quoi qu’il en soit, je n’ai jamais vu que cette petite bonne femme qui m’a remis les susdites Exercitationes ; mais je n’ai pas vu ce Monsieur ou ces trois messieurs-là. [2] Je vous prépare un paquet où se trouveront certaines bonnes choses : Hollierus de Morbis internis, in‑fo ; [4] Charles Patin sur les Tourbes, in‑4o ; [5] Fienus de Signis morborum, in‑4o ; [6][7] Saumaise de Manna et saccharo, in‑8o[3][8][9][10] Je salue madame votre sœur, [11] ainsi que son fils très chéri, Jan van Heurne, [12] et les deux fils de Marten Schoock ; [13][14] ne doutez pas qu’ils me seront très recommandés, pourvu que je les voie ou qu’ils viennent chez moi. Rien de nouveau au sujet de Fouquet, [15] du pape, [16] du Turc[17] J’attendrai patiemment les trois autres livres de M. Schoock au sujet desquels vous m’avez précédemment écrit, tout comme la nouvelle édition de son livre de Cervisia[4][18] J’ai récemment appris la mort du très distingué M. Adolf Vorst, professeur à Leyde, dont j’avais ici connu le fils ; [19][20] il a été un homme savant, sage et éminent, c’est pourquoi je prie bien pour son âme. J’apprends que notre ami M. Vander Linden a rédigé une Oratio funebris à son intention, [21] qui sera peut-être imprimée. [5] On attend ici les ambassadeurs suisses qui viennent voir [Ms BIU Santé no 2007, fo 158 ro | LAT | IMG] notre roi, pour renouveler avec lui l’ancienne alliance ; dans quelques jours, ils feront leur entrée dans notre ville en pompe solennelle. [22] L’affaire de notre ami Alexandre More n’est pas encore bien conclue : on dit qu’on l’a appelé à un nouveau synode ; Dieu fasse qu’il y vainque ses ennemis et y surpasse tant de jaloux et de méchants. [6][23] Vale, très brillant Monsieur, et aimez-moi.

Vôtre de tout cœur, Guy Patin.

De Paris, ce mardi 30e d’octobre 1663.


a.

Brouillon manuscrit d’une lettre que Guy Patin a entièrement dictée en omettant de dire à qui il l’adressait : ms BIU Santé no 2007, fos 157 vo‑158 ro, sans aucune trace de la plume de Patin ; le contenu établit indiscutablement que le destinataire était Christiaen Utenbogard.

1.

Les Martini Schoockii Exercitationes variæ, de diversis materiis. Quæ hac Editione Nova tum auctæ, tum locupletatæ et vindicatæ. Accesserunt Indices necessarii [Essais divers de Marten Schoock portant sur diverses matières, qu’en cette nouvelle édition, on a augmentées, enrichies et corrigées] (Utrecht, Gisbert Van Zyll, 1663, in‑4o) sont au nombre de 33, portant sur des sujets théologiques et moraux.

V. note [2] (première référence citée dans la liste), lettre de Schoock, datée du 12 août 1656, pour la première édition (Groningue, 1657) qui contenait 19 recherches sacrées.

2.

V. note [3], lettre latine 257, pour cet Abraham Voest d’Utrecht, dont la visite vainement annoncée et la triple identité potentielle intriguaient Guy Patin, mais qui n’a plus reparu dans la suite de la Correspondance.

3.

V. notes :

4.

V. note [1], lettre 719, pour le traité de Marten Schoock « sur la Bière » (Groningue, 1661, avec dédicace à Guy Patin), jamais réédité.

5.

Johannis Antonidæ Vander Linden, in V. Cl. Adolphi Vorstii, Medicinæ et Botanicæ Professoris Primarii, Excessum Oratio Funebris : habita Martis xvi. Octobris cd dc lxiii. [Oraison funèbre de Johannes Antonides Vander Linden pour la mort du très distingué Adolf Vorst, premier professeur de médecine et de botanique, prononcée le mardi 16 octobre 1663] (Leyde, D. et A. van Gaesbeck, 1664, in‑4o ; réimprimée par Henning Witten dans sa Memoriæ Medicorum nostri seculi clarissimorum renovatæ Decas secunda [Seconde décade de la Mémoire retrouvée des médecins les plus brillants de notre siècle], Francfort, Martin Hallervord, 1676, in‑8o, pages 222‑242).

Guy Patin rêvait sans doute d’y lire son nom, mais je ne l’y ai pas vu. C’est une mine de renseignements sur Vorst et sa famille.

6.

V. notes [2], lettre 760, pour l’entrée des ambassadeurs suisses à Paris le 9 novembre, et [7], lettre 783, pour les querelles d’Alexandre More avec le temple de Charenton (Église calviniste de Paris, v. note [18], lettre 146).

s.

Ms BIU Santé no 2007, fo 157 vo.

Ecce nunc nunc, Vir Cl. hodie inquam, 30. oct. accipio per
Tabellarium Rothomagæum, per Te missum cum brevi Epistola
Ultrajecti scripta, 28. Iulij, hujus anni
, Amici nostri
D. Mart. Schoockij librum Exercitationum in 4. pro quo
gratias ago singulares. Dominum illum tuum mihi commendatissimum
futurum, D. Woest, nondum vidi : nec alterum illum D. Wonstium,
per quem, ut scribis, accepturus eram hasce Exercitationes. Vecturæ
pretium persolvi mulierculæ, quæ mihi eas detulit. Ex literis tuis
ambiguitas mihi remanet, quinam sint illi D. Voest, Wonstius,
et Woestius
 : sic enim varijs modis scripta leguntur in Epistola illa tua,
3. ista nomina : an tres homines distincti ? an duo ? an unus et idem ? sanè
dubito : imò suspicor unum et idem esse individuum, triplici modo
scriptum. Ut ut sit, nullum vidi, præter istam mulierculam,
quæ dictas Exercitationes mihi reddidit. Illum v. vel illos tres
numquam vidi. Paro Tibi fasciculum, in quo bona quædam
latebunt, Hollerius de morbis internis, in folio. Carolus Patin
des Tourbes, in 4. Thomas Fienus de signis morborum, in 4.
Salmasius de Manna et Saccharo. 8
. Dominam Sororem tuam
saluto : cum dilectissimo Filio, Io. Heurnio : et duobus filijs
Mart. Schoockij, commendatissimos mihi fore ne dubita, modò
eos videam, aut ad me veniant. De Fuqueto, de Papa, de Turca,
nihil novi. Tres alios libros D. Schoockij, de quibus antehac
scripsisti, patienter expectabo : ut et novam editionem libri de Cervisia.
Nuper audivi de obitu Cl. Viri D. Adolphi Vorstij, Prof Leidensis :
Filium ejus hîc noveram : vir fuit eruditus, sapiens ac optimus :
ejus idcirco manibus bene precor : quib. audio parentasse Amicum
nostrum D. Vander Linden, Oratione funebri, quæ forsan typis
mandabitur. Hîc expectantur Legati Helvetici, qui ad Regem

t.

Ms BIU Santé no 2007, fo 158 ro.

nostrum veniunt, antiquum fœdus renovaturi cum eo : ante
paucos dies solemni pompa Urbem nostram ingrediuntur. Nondum
bene confectum est negotium Amici nostri Alex. Mori : dicitur
provocasse ad novam Synodum : in qua utinam vincat suos
inimicos, et superet tot invidos, et malignantes. Vale, Vir
præstantissime, et me ama.

Tuus ex animo, Guido Patin.

Parisijs, die Martis, 30. Oct. 1663.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Christiaen Utenbogard, le 30 octobre 1663

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(Consulté le 24/04/2024)

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