Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 6 manuscrit, note 5.
Note [5]

V. note [13], lettre 467, pour Fra Paolo Sarpi, sa vaste érudition, qui incluait l’anatomie (v. note [13] de la Consultation 16), son opposition à la papauté et son Histoire du concile de Trente, signée Pietro Soave Polano (Genève, 1621, pour la première édition française). Ce livre, dont Guy Patin a plusieurs fois fait l’éloge dans ses lettres, connut un très grand succès car il jetait une lumière inédite sur le concile de la Contre-Réforme, en amenant de l’eau au moulin des protestants.

  • L’Ordre des servites (serviteurs) de Marie (Trévoux) :

    « fut fondé par sept marchands de Florence […]. Ce fut l’an 1233 qu’ils commencèrent à vivre en commun […] et l’année suivante, le dernier jour de mai, veille de l’Ascension, ces sept laïques et un prêtre, qui s’était joint à eux, ayant reçu la bénédiction d’Arding évêque de Florence, se retirèrent au mont Sénaire, à deux lieues de la ville. En 1239, ils reçurent de l’évêque la règle de saint Augustin, avec un habit noir, au lieu du gris qu’ils avaient porté jusqu’alors. […] L’évêque Arding leur donna un habit qui consistait en une chemise de laine, une petite tunique blanche et, par-dessus, une grande tunique noire, une ceinture de cuir, un scapulaire et une chape. […] Cet Ordre a eu jusqu’à 27 provinces. Les papes leur ont accordé beaucoup de grâces […]. Aujourd’hui leur habit est une robe, un scapulaire et un manteau noirs. Il n’est point établi en France et il est devenu fameux en Italie par l’Histoire du Concile de Trente de Fra-Paolo, Vénitien, qui était religieux servite. […] En quelques villes d’Italie on les appelle religieux de l’Annonciade, parce que, dans ces villes, leur église est dédiée à Dieu sous le titre de l’Annonciation de la Sainte Vierge. Cet Ordre, comme on le voit, est fort différent des guillemins ou Blancs-Manteaux institués à Marseille. » {a}


    1. V. note [3], lettre 860.

  • Point délicat de la liturgie catholique, le don divin de la transsubstantiation, {a} ou communion chrétienne, est pour le Dictionnaire (jésuite) de Trévoux (dont j’ai allégé les références) :

    « l’action par laquelle on reçoit le corps et le sang de Jésus-Christ au très auguste sacrement de l’Eucharistie, Christi corporis et sanguinis sumptio, accessio ad sacrum Christi corporis epulum. {b} Origène marque qu’avant la communion, on disait dès lors, {c} comme nous faisons encore, les paroles du centenier, “ Seigneur, je ne suis pas digne que vous entriez sous mon toit, etc. ” {d} On ne saurait faire avec trop de respect la sainte communion. Saint Cyprien {e} appelle les communions précipitées, un poison mortel. On retranchait de la communion les personnes scandaleuses avec une extrême sévérité dans l’ancienne Église, et elle ne les y admettait qu’après avoir subi les lois de la pénitence. Le ive concile de Latran {f} ordonne que chaque fidèle reçoive la sainte communion au moins à Pâques : ce qui montre qu’il souhaite qu’on le fasse même plus souvent ; et en effet, on le faisait beaucoup plus souvent dans les premiers siècles. Gratien même et le Maître des Sentences donnaient pour règle aux laïques de le faire trois fois l’année, à Pâques, à la Pentecôte et à Noël ; {g} mais l’usage s’était introduit au xiiie s. de n’approcher de l’Eucharistie qu’à Pâques, et le concile jugea à propos d’en faire une loi, de crainte que le relâchement et la tiédeur n’allassent encore plus loin dans la suite ; < mais > il n’y eut jamais plus de communions, et moins de changement de vie. Une communion indigne est celle qui se fait en état de péché mortel. La communion pascale est d’obligation. Il y a des oraisons pour dire avant et après la communion. Les Orientaux se servent d’une cuiller pour administrer aux laïques la communion sous l’espèce du vin. C’est une preuve de leur foi sur la présence réelle. Autrefois on s’est servi d’un chalumeau pour la même chose en Occident, comme B. Rhenanus l’a remarqué sur Tertullien. {h}

    Communion sous les deux espèces, c’est-à-dire sous l’espèce du pain et sous l’espèce du vin : l’Église a retranché pour de grandes raisons la communion sous les deux espèces ; dans la primitive Église, on administrait souvent la communion sous une seule espèce, et on n’a jamais cru que la communion sous les deux espèces fût nécessaire aux laïques, ou ordonnée par Jésus-Christ pour tout le monde. M. Bossuet et le P. Doucin, jésuite, ont fait des livres de la communion sous les deux espèces. {i} Dans le ixe s., on donnait encore la communion sous les deux espèces, ou plutôt, on donnait l’espèce du pain trempée dans celle du vin. On la recevait aussi d’abord dans la main. M. de Marca {j} croit que la communion sous une seule espèce a commencé en Occident sous le pape Urbain ii, l’an 1096, et à la conquête de la Terre sainte, avouant cependant que dès le commencement de l’Église on le faisait souvent ; car il ne parle que de l’introduction de l’usage général, qu’il attribue au xviiie canon du concile de Clermont, {k} qui ordonne à la vérité que l’on communie sous les deux espèces séparément, mais qui fait cependant deux exceptions, l’une de nécessité, et l’autre de cautèle : la première pour les malades, et la seconde en faveur des abstèmes, ou de ceux qui auraient horreur du vin. » {l}


    1. V. note [5], lettre 952.

    2. « consommation du corps et du sang du Christ, participation au repas sacré du corps du Christ. »

    3. Au iiie s. : v. note [16] du Patiniana I‑2 pour Origène.

    4. Paroles du centurion (ou centurier) à Jésus dans l’Évangile de saint Luc (7:6).

    5. Au iiie s. : v. note [13], lettre 195 pour saint Cyprien.

    6. En 1215.

    7. Le Décret de Gratien, publié au xiie s., est un fondement du droit canonique. Pierre Lombard est un théologien du même siècle, évêque de Paris. V. note [47], lettre 101 pour le livre De la fréquente Communion (Paris, 1643) où Antoine ii Arnauld fit paraître au grand jour la querelle doctrinale entre jansénistes et jésuites sur ce point de culte.

    8. Un chalumeau est ce qu’on appelle vulgairement une paille. Beatus Rhenanus, secrétaire et disciple d’Érasme (v. note [5], lettre 584) a donné un commentaire des œuvres de Tertullien (v. note [9], lettre 119).

    9. Les prêtres qui célèbrent la messe catholique communient toujours sous les deux espèces ; les laïques ne reçoivent que le pain (hostie).

      V. note [4], lettre 972, pour Jacques-Bénigne Bossuet. Louis Doucin (1652-1726) est un théologien et historien jésuite français.

    10. Notre édition contient une lettre de Guy Patin à Pierre de Marca.

    11. En 1095.

    12. Un abstème est une personne qui s’abstient de boire du vin.

      La communion est aussi un sacrement dans la religion réformée, mais en y voyant une présence symbolique et non substantielle du Christ, c’est-à-dire en refusant la transsubstantiation.

      Protestants et orthodoxes communient encore généralement sous les deux espèces.


  • L’autre ouvrage (pseudonyme) de Fra Paolo que citait cet article du Borboniana est sa :

    Relation de l’état de la religion, et par quels desseins et artifices elle a été forgée et gouvernée en divers États de ces parties occidentales du monde. Tirée de l’anglais du chevalier Edwin Sandis. Avec des additions notables. {a}

    Il s’agit d’un brûlot protestant, comme le signalent nettement les titres de six des 44 chapitres (les autres sont à l’avenant) :

    • iiLa Corruption de la religion introduite par les romanistes : leurs cérémonies ; la superstitieuse vénération des saints, et surtout de la Vierge Marie ;

    • vDes Indulgences, avec quelques exemples ;

    • xivL’Obligation du clergé au papat : la crainte du clergé pour la Réformation, nouvelle conjonction d’icelui avec le papat, surtout en France ;

    • xvComment ils entretiennent la multitude du commun peuple : des moines, du contentement qu’ils donnent au monde et à eux-mêmes, à leur utilité et profit particulier, et au détriment du public ;

    • xviSuite des moines et comme le pape pratique les peuples par leur moyen : dextérité des moines à ce faire, de leurs résolutions et absolutions conditionnées ;

    • xxviDes Pratiques du pape pour exclure la religion des lieux où elle n’est encore reçue de l’Inquisition et de la sévérité ; de la défense de lire les Saintes Écritures et de la censure de saint Paul.

    Pour les papes, le Borboniana renvoyait à la fin du chapitre xxxii (page 212), Description du pape Clément viii :

    « Et pour distinguer plus subtilement les espèces de cette bonté papale, on dit en Italie que Pie cinquième {a} était bon prélat, mais nullement bon prince ; Sixte cinquième, {b} bon prince, mais non bon prélat ; Grégoire treizième, {c} bon prince et prélat, mais non bon homme ; Clément huitième, {d} bon homme, bon prince et bon prélat. Et tel le laissé-je, désirant son accroissement de jour en jour en toutes les parties de vraie bonté, de laquelle son Église a trop peu, et lui rien de trop. »


    1. Genève, Pierre Aubert, 1626, in‑8o de 323 pages ; première édition en italien, sans lieu ni nom (sous l’estampille vénitienne des Alde), 1625, in‑4o de 192 pages, Tradotta dall’Inglese del Cavaliere Edoino Sandis in Lingua volgare, con aggiunta notabili [Traduit de l’anglais du chevalier Edwin Sandis en italien, avec de notables additions].

    2. 1566-1572, v. note [3], lettre 61 ;

    3. 1585-1590, v. note [45] du Naudæana 1 ;

    4. 1572-1585, v. note [2], lettre 430 ;

    5. 1592-1605, v. note [2], lettre 47.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 6 manuscrit, note 5.

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(Consulté le 12/10/2024)

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