< L. 523.
> À Charles Spon, le 9 avril 1658 |
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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. –
À Charles Spon, le 9 avril 1658
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Depuis ma dernière, que je vous envoyais le 29e de mars par le moyen de notre bon ami M. Devenet à qui M. Henry [2] écrivait, qui a le soin de deçà de leur envoyer la copie des livres de feu M. Gassendi, [3] je vous dirai que la nuit passée, à la requête du supérieur des carmes [4] de la place Maubert [5] et en vertu de l’arrêt qui s’est ensuivi, les exempts se sont transportés à deux heures après minuit au couvent des dits carmes et en ont enlevé douze qu’ils ont emmenés en quatre carrosses dans le For l’Évêque. [6] C’étaient des compagnons qui se moquaient de leur règle et de leur supérieur, qui faisaient grande chère là-dedans en dépit du carême. Dans la chambre de l’un d’iceux, on y a trouvé 22 bonnes perdrix, des pâtés, des jambons, et force bouteilles de vin chez les autres : voilà comment ces maîtres moines jeûnent le carême, tandis que les gens de bien mangent du riz et des pruneaux. [7] Je pense que de tout temps on a trompé le monde sous prétexte de religion, c’est un grand manteau qui affuble bien de pauvres et sots animaux. Tantum religio potuit suadere malorum. [1][8][9] On fait ici des assemblées de villes pour délibérer et trouver quelque moyen de remédier aux débordements de la rivière [10] en la détournant avant qu’elle entre dans Paris : soit en continuant le canal qui a été commencé alentour de la porte Saint-Antoine, [11] et le conduisant par les portes du Temple, [12][13] de Saint-Martin, [14] de Saint-Denis, [15] de Montmartre, [16][17] de Richelieu [18] et de Saint-Honoré [19][20] jusqu’à la porte de la Conférence, un peu au deçà du cours de la Reine ; d’autres disent qu’il faudrait faire un grand fossé devers Saint-Maur, [21] qui passât au travers de la plaine de Saint-Denis et se vînt décharger dans la Seine entre Saint-Ouen et Saint-Denis, [22] vu que c’est la rivière de Marne qui nous fournit tant d’eau, laquelle en reçoit de fort loin, jusque même des montagnes de Lorraine. [2] Il n’y a encore rien d’arrêté, mais seulement il y a des députés nommés pour examiner l’affaire de telle importance. Ce 31e de mars. Des douze carmes qui sont en prison, on en a enlevé quatre la nuit passée, qui ont été conduits à l’Officialité. [23] Les exempts et les archers qui les ont enlevés de leur couvent ont trouvé beaucoup d’argent chez l’un d’eux, qui regrette bien plus fort son argent et son or qu’il ne se soucie d’être en prison. Il se vante qu’il a de bons amis qui l’en tireront, mais il doute s’ils pourront lui faire rendre ses pistoles. On dit qu’il est parent de Mme de Beauvais [24] qui est la première femme de chambre de la reine. [3] On est ici en grande impatience touchant Hesdin [25] et ce qui en arrivera. M. d’Hocquincourt, [26] qui est dedans, demande qu’on lui donne le gouvernement de Ham [27] avec la survivance pour son fils, le chevalier ; [4][28] et outre cela, grande somme d’argent. La Rivière [29] et de Fargues, [30] qui sont deux beaux-frères, demandent les provisions du gouvernement d’Hesdin pour eux deux conjointement avec le droit de survivance pour celui qui restera des deux ; et outre cela, bien de l’argent ; sinon, qu’ils feront leur compte avec l’Espagnol qui, à ce qu’on dit, leur a déjà envoyé 600 chariots dans ladite ville chargés de munitions, et dans les faubourgs d’Hesdin, pour les faire entrer dans la ville, 800 hommes à qui on remettra la place si le Mazarin [31] ne leur envoie ce qu’ils demandent. Il y en a encore qui soupçonnent ici de la rouze [5] et qui croient que tout ceci est une invention du Mazarin pour nous donner de nouvelle besogne et nous susciter de nouvelle guerre, afin que nous ayons une raison apparente de refuser à Cromwell [32] le secours que nous lui avons promis le printemps prochain pour lui faire prendre Dunkerque ; [33] et on croit qu’il ne fait cela que par la peur qu’il a d’être décardinalisé du pape, [34] et même excommunié ; [35] et plus grand malheur ne lui pourrait arriver car quand un homme est excommunié, non amplius potest arrigere : [6] ne serait-ce point un grand malheur pour un homme de sa sorte ? Avez-vous ouï dire que MM. Arnaud, [36] Borde [37] et Rigaud [38] impriment à Lyon en trois tomes in‑fo le Ciaconius [39] de Vitis pontificum sur les feuilles qui leur viennent de Rome, et que cette édition sera fort augmentée et continuée jusqu’à présent ? [7] Ce 2d d’avril. Je viens de rencontrer votre M. Basset [40] avec deux jeunes médecins, dont l’un est suisse et l’autre de Vivarais, tous deux médecins de Montpellier. Je ne lui ai rien dit de son affaire, ni lui à moi. Je leur ai demandé des nouvelles des professeurs de Montpellier [41] et savoir si les chaires étaient remplies. Ils m’ont dit que non et que M. Sanche [42] en était la cause, [8] qu’il voulait que cette affaire se vidât devant le parlement de Toulouse [43] ou de Grenoble à cause d’une intelligence qui était entre les autres professeurs contre lui. On a mis dans la Bastille [44] l’abbé de Courtenay, [45] on dit que c’est pour les affaires du cardinal de Retz ; [9][46] d’autres disent que c’est pour une querelle qu’il a eue avec l’abbé Fouquet. [47] On a mis la nuit passée des billets par les carrefours de Paris, par lesquels on avertit tous les soldats qui voudront prendre parti de s’en aller à Hesdin et qu’ils y seront bien traités ; on dit que ces billets portent le nom du maréchal d’Hocquincourt qui a, ce dit-on, tout à fait quitté notre parti (j’en doute) [10] et est allé à Bruxelles [48] se ranger du côté du prince de Condé, [49] et auquel on a fait entrée d’honneur et de cérémonie dans toutes les villes par lesquelles il a passé. On parle ici contre un intendant de justice nommé M. Pelaut, [50] Lyonnais, qui a fait exercer quelques grandes violences dans un bourg du Dauphiné, à cause de quoi le parlement de Grenoble a donné arrêt contre lui. M. de Servien, surintendant des finances, a ici été malade d’une jaunisse ; [51] dicebatur habere aliquam malignitatem, [11] et déjà l’on parlait de celui qui pourrait être son successeur, verum convaluit. [12] Ce 4e d’avril. On dit que l’affaire d’Hesdin n’est pas encore tout à fait rompue ni désespérée. Le commis de M. Le Tellier, [52] nommé Carlier, [53] qui y a déjà plusieurs fois été, en arriva hier à dix heures du matin et y a été renvoyé aujourd’hui ; et même l’on dit que les deux officiers, La Rivière et de Fargues, qui sont là-dedans, sont presque d’accord avec nous, mais que la grande difficulté se rencontre à accorder le maréchal d’Hocquincourt qui ne peut aisément ajuster ses intérêts avec ceux de l’Éminentissime que ce maréchal a lui-même, à main armée, ramené en France l’an 1653, tandis qu’il était encore bien fort dans la haine publique. [13] J’ai depuis peu envoyé par Francfort une grande lettre à M. Io. Daniel Horstius, laquelle lui sera fidèlement rendue à Darmstadt, et ne lui écrirai pas sitôt car j’attendrai sa réponse ; [54][55] mais en l’attendant, si vous lui écrivez, je vous prie de lui mander que je vous ai très humblement supplié de lui faire mes très humbles recommandations et que je le prie de ne me pas envoyer un livre in‑4o intitulé Mœbii Fundamenta medicinæ physiologica [56] que j’ai retrouvé depuis peu de jours. [14] Il y avait ici des conseillers de Rouen [57] qui y étaient venus pour y faire des remontrances sur ce que le parlement n’avait point voulu vérifier des édits qui étaient trop directement à la charge de la province. Le roi [58] ne les a pas voulu entendre et les a renvoyés, mais il y en a six du dit parlement exilés et relégués en six diverses villes ; si bien que nous sommes bien éloignés du temps auquel il était permis d’être homme de bien et de dire librement son avis pour le soulagement du public. Aussi le roi des historiens, Tacite, [59] a-t-il autrefois dit Rara temporum felicitas, in quibus sentire quæ velis et quæ sentias dicere licet ; [15] mais tout cela était longtemps avant que Berthe [60] filât. Depuis qu’elle a filé, le monde s’est bien corrompu, les moines sont venus, les ministres {d’État}, [16] les partisans et autres pestes de la république ; et faut que je dise avec Horace Damnosa quid non inminuit dies ? Ætas parentum peior avis, tulit nos nequiores, mox daturos Progeniem vitiosiorem. [17][61] La reine de Suède [62] est partie de Fontainebleau [63] et s’en va en Provence. On dit que M. le duc de Mercœur [64] ira commander cet été en Catalogne [65] et que le roi de Hongrie [66] épousera la fille aînée [67] du roi d’Espagne. [18][68] Il y en a qui disent ici que tout est perdu pour nous à Hesdin, mais que, pour faire bonne mine, on dit qu’il y a encore de l’espérance. Cette nouvelle me déplaît si fort que je ne la veux point croire et tiens qu’elle est très fausse puisque l’on y a derechef renvoyé le commis de M. Le Tellier ; joint que si les Espagnols étaient dedans, il me semble que tout le monde le saurait et le dirait. Le comte de Pigneranda [69] a fait son entrée assez chétive dans Francfort [70] le 13e de mars, et le roi de Hongrie, le 20e, mais son entrée a été fort leste. On attend ici dans peu de jours le duc d’Orléans [71] qui a été mandé de venir à la cour. Ce 6e d’avril. MM. le duc d’Anjou [72] et < le > prince de Conti [73] ont été ce matin à la Chambre des comptes et à la Cour des aides [74] y faire vérifier divers édits bursaux pour faire venir de l’argent aux coffres du roi, [19] ou au moins de ceux qui le gouvernent. Il n’y a encore rien de certain d’Hesdin, on dit que ceux qui sont dedans ne traiteront jamais avec l’Espagnol pour lui remettre cette place, mais plutôt (s’ils ne peuvent autrement) avec le prince de Condé afin que cela lui aide à refaire sa paix quand l’occasion s’en présentera, et qu’en même temps il fasse la leur. Le P. d’Alegambe, [75] qui fit imprimer l’an 1643 Historia scriptorum Soc. Iesu in‑fo, est mort, mais un autre père de la même Société continue son même dessein et s’en va faire imprimer le même livre augmenté de ce qu’ont fait tous ces bons pères depuis 15 ans. Ce livre sera commode pour une bibliothèque. [20] L’auteur du livre des Préadamites, [76] nommé Isaac de La Peyrère, [77] Gascon, est ici de retour de Rome où il a fait imprimer un petit livre in‑4o dans lequel il rend raison pourquoi il a changé de religion (on appelle cela en termes d’école, abjurer son hérésie), et pareillement pourquoi il désavoue ce sien livre de Præadamitis ; [78] j’ai vu le livre, mais il ne se vend pas. [21] On dit que le pape lui a donné une petite abbaye et que le Mazarin lui a encore promis quelque nouvelle faveur du ciel ou du purgatoire. Il est ici, attendant cette grâce aussi avidement qu’un Gascon qui a peur de mourir de faim et qui n’a changé de religion que pour faire fortune et faire meilleure chère aux dépens de qui il appartiendra. Cet auteur est ici qui se produit au monde pour être vu, comme s’il était quelque faiseur de miracles ou débiteur de pardons. Notre grande ville de Paris est un théâtre fort propre à cela où il se rencontre beaucoup de sots et de curieux, et pareillement beaucoup d’ignorants qui s’étonnent aisément de ce qu’ils ne connaissent point ; et de plus, un Gascon savant, courtisan, huguenot [79] converti qui vient de Rome est fort propre à ce badinage et à jouer telle comédie. Enfin, je reçois votre dernière datée du 2d d’avril. Dieu soit loué de ce que vous êtes en bonne santé et de retour d’un si grand voyage. Je suis bien marri, avec vous, de la mort de feu M. Seignoret, [22][80] frère de Mlle Spon, mais je n’y sais point de remède. Ce ministre de Labadie [81] était autrefois janséniste et faisait rage de prêcher à Amiens ; [82] je sais bien qu’il a bien de l’esprit et que c’est un terrible compagnon. Puisque l’on imprime tout de bon le Fernel, [83] je vous veux prier d’une chose qui est d’y faire corriger une faute que ceux d’Utrecht ont faite à leur escient in vita Fernelii, [23] lorsqu’ils disent qu’il avait 72 ans lorsqu’il mourut, quod est falsissimum [24] car je vous assure qu’il n’en avait que 52 ; ce que j’ai ouï dire à feu M. de Villeray, [84] maître des requêtes, fils de la fille de Fernel, [85] laquelle n’est morte qu’en l’an 1642, et j’ai appris cela de son fils quatre ans avant qu’elle mourût. Je l’ai ouï dire à d’autres de ses parents et c’est une tradition toute claire en sa famille ; mais sans tradition, laquelle n’est pas toujours fort assurée, j’en ai deux preuves très certaines : l’une est des registres de notre Faculté, que j’ai eus entre mes mains tandis que j’ai été doyen, où il est expressément remarqué que Fernel mourut le 26 d’avril, l’an 1558, anno ætatis 52 ; [25] l’autre preuve est en son épitaphe dans Saint-Jacques-de-la-Boucherie, [86] ici près, grande et illustre, que j’ai fait voir à une infinité de personnes, où il est marqué, disertis verbis, [26] qu’il mourut anno æt. 52 ; l’auteur de l’épitaphe y est nommé Philibertus Bariotius, Fernelii gener, [27][87] qui était un maître des requêtes et président au Grand Conseil, son premier gendre ; le second fut M. Gilles de Riant, [88] président au mortier, qui est mort l’an 1597, sa veuve l’ayant survécu de 45 ans. Je vous prie donc, tant à cause de Fernel que pour l’amour de la vérité, de faire corriger cette faute, laquelle est à deux endroits, savoir au commencement d’icelle, en l’addition, où il faut mettre Natus fuit anno Ch. 1506, [28] et en la page 9, en la 2de colonne, mettez, s’il vous plaît 1506 en l’addition et dans le texte, vis-à-vis de cette addition, ætatis suæ quinquagesimo secundo, Christi 1558. [29] Et n’y a rien de si vrai. Le sieur Fourmy [89] fera ce qu’il voudra : à cela, comme à toute autre chose, il faut prendre patience, il me semble que tout va en désarroi et qui pis est, je ne sais quand il arrivera mieux. Omnia fatis in peius ruere, et retro sublapsa referri. [30][90] Pour M. Falconet, [91] je m’étonne fort qu’il s’amuse à ouvrir mes lettres. Je n’en ai jamais ouvert à qui que ce soit, les casuistes disent que c’est un péché mortel. C’est un vice auquel je n’ai nulle disposition, cela est bien vilain. Une autre fois il n’en aura point la peine. [31] Je n’eusse pas cru cela de lui, qui fait parade de tant de générosité. C’est peu de chose que l’homme, il est trop enclin au péché, dabo operam in posterum, nequid tale continigat. [32] On dit qu’Hesdin ne sera pas aux Espagnols ni au prince de Condé : le traité continue, et avec grande apparence qu’il réussira ; on dit que La Rivière et de Fargues, pour de l’argent, en sortiront et remettront la place entre les mains du roi ; on tient ici prisonnière la femme de ce de Fargues, [92] laquelle est sœur de La Rivière, elle est enfermée dans un monastère de religieuses. Ce 8e d’avril. J’ai vu aujourd’hui le roi [93] qui s’en allait à la chasse. C’est un beau prince, fort et robuste, il est grand et a bonne grâce, c’est dommage qu’il ne sait son métier et qu’il n’est aussi grand homme d’État que Tibère [94] ou Auguste, [95] ou Vespasien [96] qui me semble avoir été le meilleur des douze. [97] Il y a ici du jour d’hier une grande nouvelle, laquelle est fort épandue par tout Paris : c’est qu’un fameux marchand de la rue au Fer qui débitait, presque lui tout seul, d’étoffes de soie autant que tout le reste de sa rue, nommé Bidal, [98] a fait une rude et effroyable banqueroute, [99] laquelle on dit monter jusqu’à 2 500 000 livres et davantage. Il avait épousé la fille aînée de Mme Bastonneau [100] et avait eu la boutique, laquelle était fort achalandée. [33][101][102] Tous ses parents, voire même les plus proches, y sont engagés du meilleur de leurs biens, c’est ce qui fait retentir de tant plus fort le désordre. J’étais son médecin et l’ai été de la famille depuis 30 ans, mais je n’ai jamais eu raison de les guère aimer : numquam nisi levis ac exiguus fuit habitus honos medico ; [34] leurs libéralités envers les médecins ne les ont point ruinés, on m’y doit comme à beaucoup d’autres, sed absit ut inter creditores nomen profiteri meum. [35] Si tel désastre servait à humilier ceux qui crèvent presque de gloire, à quelque chose malheur serait bon car il y en a là plusieurs de genere hoc. [36] Je viens d’apprendre que son accord est fait avec ses créanciers et qu’il promet de payer le tout en six ans, sans intérêt ; mais cet accord ne plaît point et on croit qu’il ne s’en acquittera jamais par cette voie ; aussi tous les créanciers n’y ont-ils pas signé et l’affaire n’est point encore conclue. Nous avons la journée d’hier commencé notre examen rigoureux [103] qui doit durer toute la semaine. Ils étaient onze admis. Il y en eut un qui fit assez mal et combien qu’il fût fils de maître, on lui a conseillé de se retirer et qu’on lui rendrait son argent ; et il a cru conseil, et recessit. [37] Il est fils d’un certain des nôtres nommé Ferrand, [104][105] qui mourut ici l’an 1639, qui était un grand fendeur de naseaux fort débauché, [38] qui eût été pendu pour fausse monnaie [106] s’il eût encore été en vie un mois ou deux. La débauche réduit un homme au dernier degré du malheur, tanti est sapere. [39] Son fils aura moins de déshonneur de se retirer de la sorte que d’être chassé samedi, comme il aurait été s’il fût demeuré. Les dix autres font bien et n’y en a point de faible. Il y en a un nommé Gervaise, [107] médecin de Montpellier il y a 22 ans, il a bien 43 ans ; il est auteur du poème de Phlebotomia que vous recevrez dans votre premier paquet. [40] Il y en a un, docteur d’Aix-en-Provence [108] nommé Poncet, [109] âgé d’environ 33 ans, et un nommé Le Maistre, [110] qui en a bien 35, qui a été moine, qui a été à la guerre, qui a été avocat, et qui est fort savant et merveilleusement éveillé. Les autres sont des jeunes gens des familles de Paris, adolescentes eruditi et bene morati. [41] Il y en a un nommé Petit, [111] fils du greffier de Saint-Victor, [112] âgé d’environ 33 ans, lequel passa docteur à Montpellier il y a environ cinq ans, et qui a trouvé vrai ce que je lui avais prédit, qu’il ne ferait jamais aisément la médecine à Paris s’il n’était de notre Faculté ; enfin il s’y est résous. Totus est Græcus, Peripateticus, Galenicus, Scaliger, [42] et est fort poète latin : témoins les vers qu’il a faits sur la mort de feu M. Naudé [113] que j’ai ouï priser même à des jésuites, hominum genus superbum et parcæ laudationis. [43] Je vous baise les mains, et à mademoiselle votre chère et incomparable femme, et serai toute ma vie, Monsieur, tuus ex animo, G.P. [44] De Paris, ce mardi 9e d’avril 1658. Depuis que cette lettre était pliée pour la cacheter, on m’est venu dire que nous n’avons plus rien à espérer à Hesdin et que les Espagnols en sont les maîtres ; ce que je ne puis encore croire, vu que l’on a promis 500 000 livres aux deux beaux-frères. M. Bidal a de fortes défenses du roi et est en sa boutique. Patu, [114] son beau-frère, et Cordier, [115] l’associé de Patu, font banqueroute en suite de M. Bidal. Celle de M. Bidal est de 800 000 écus, elle en aura d’autres qui viendront en conséquence, il doit à M. Héliot [116] 50 000 écus, [45] etc. | |||||||||||||
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Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr | |||||||||||||
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