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Au très distingué M. Johann Georg Volckamer, docteur en médecine à Nuremberg.
Très distingué Monsieur, [a][1]
J’ai reçu la vôtre datée du 11e de mai et vous en remercie beaucoup. Dieu fasse que vous soient parvenus les livres que je vous avais précédemment adressés pour M. Rolfinck ; [1][2] je le salue de tout cœur, ainsi que les très illustres MM. Conring, Nicolaï, Felwinger et tous ceux qui voient nos affaires d’un bon œil. [3][4][5] Je ne sais rien de neuf sur Riolan ; [6] j’entends seulement que se négocie ou discute activement le lancement d’une nouvelle édition in‑fo des Opera omnia de Riolan le père, avec divers traités encore inédits de venæ sectione, de purgatione, de variolis et morbillis, de lue venerea, de morbis puerorum et mulierum, etc. [2][7] J’ai bien reçu les livres que vous m’avez fait parvenir par M. Pomer, [8] mais point encore vos lettres, portées par M. Wipæus, gentilhomme danois, [3] où vous me dites ce qu’ils vous ont coûté ; j’attends de jour à autre un second paquet que doit me remettre M. Picques, [9] pour alors m’acquitter du tout envers vous. Il ne me reste qu’un seul titre à vous demander de votre Allemagne et j’implore votre aide pour l’obtenir : c’est le petit livre de Lucas Stengel sur l’antimoine, in‑4o, qui contient un traité et quelques opinions contre ce remède ; il s’intitule Apologia adversus Stibii Spongiam, etc., avec en outre cette question, Num idipsum ab ægris citra ullum incommodum per os assumi possit (Augsbourg, 1565 ou 1569, in‑4o). [4][10][11] Riolan m’avait ici fait cadeau de ce livre, mais il s’en est allé avec celui de mes collègues à qui je l’avais prêté. Si on me l’avait rendu, j’aurais aussitôt pris soin de le faire réimprimer. Puisque j’ai perdu tout espoir de le récupérer, j’ai recours à vous pour me l’obtenir enfin. J’ai finalement trouvé le Bruno Seidel et vous n’avez plus à vous tourmenter pour me le procurer ; je m’évertuerai pour de bon à faire réimprimer ici cet opuscule excellent et très utile, en vue de rabattre l’impudence des empiriques et des chimistes quand ils promettent la guérison miraculeuse de maladies absolument incurables. [5][12][13][14] Pour la Géographie du P. Philippe Briet, jésuite de ma connaissance et honnête homme, et si fibulam illam nigramque vestem excipias, [6][15][16][17] j’ai de quoi vous raconter et vous informer sur cet ouvrage. Pour vous satisfaire là-dessus, je suis allé voir le libraire en personne, Sébastien Cramoisy, [18] tout comme l’auteur lui-même qui vit à présent dans cette ville. Je voudrais donc vous faire savoir qu’il existe trois tomes in‑4o de cette géographie avec quelques figures en taille-douce : le premier contient une introduction sur les principes de la géographie, et traite ensuite de l’Europe en général, puis des îles britanniques, de l’Espagne, de la France et de la Belgique en particulier ; le deuxième tome contient l’Allemagne ancienne et moderne, et les royaumes du Nord, Suède, Danemark et Norvège, la Sarmatie et la Pologne, l’Illyrie, [7] la Grèce ancienne et moderne, avec la Grèce turque et l’État vénitien ; le troisième tome, qui porte seulement le nom d’appendice au tome 2, décrit l’Italie ancienne et moderne, la Sicile, la Sardaigne et la Corse. Ces trois parties se vendent ici 25 livres tournois, qui valent plus de 8 thalers de votre monnaie. [19] Avec un zèle immense, les pères de la Société recommandent cette géographie à tous les élèves de toutes les classes, de manière à vendre rapidement les exemplaires, et à faire avancer une nouvelle édition qui sera deux fois plus grande et plus vaste. L’auteur lui-même espère qu’on la commencera dans l’année qui vient et que de ces trois parties qui contiennent l’Europe, on fera un tome plus gros in‑fo ; cela fait, il ajoutera l’Asie pour un deuxième tome in‑fo de description très détaillée ; ensuite et enfin, il donnera l’Afrique [20] et l’Amérique. Il a tout cela prêt entre les mains, de sorte qu’on attend plus que le bon vouloir de l’imprimeur. [8] Voilà que vous connaissez toute l’affaire, c’est maintenant à vous de réfléchir et de décider [Ms BIU Santé no 2007, fo 58 vo | LAT | IMG] si vous voulez que je vous envoie ces trois parties qui contiennent la seule Europe, ou si vous voulez attendre la nouvelle édition qui ne tardera pas et qui sera deux fois plus volumineuse. Voyez donc et de votre plein droit à mon égard, commandez et ordonnez.
Mais tant que nous sommes sur la géographie, avant que j’en termine, souffrez, je vous prie, que je vous indique autre chose : on trouve ici les exemplaires in‑fo d’un auteur anonyme (je crois pourtant qu’il est loyolite en raison des multiples miracles qu’on y lit), sans taille-douce, qui décrit toute l’Asie et qui promet que d’autres parties suivront bientôt ; si vous désirez ce livre, je vous l’enverrai sans peine. Nous avons aussi une autre géographie française, et celle-là universelle, in‑8o, prêchée par un certain autre loyolite du nom de Philippe Labbe, qui n’est presque rien d’autre que la traduction de l’abrégé géographique de Cluvier, seulement améliorée en divers endroits. C’est un livre de grande utilité et pour cela, approuvé et honoré par beaucoup de gens. Je vous enverrai les deux, si vous voulez ; on les a pour le même prix et sunt faciles quærentibus herbæ. [9][21] Le titre du premier est Asiæ nova descriptio, in qua præter Provinciarum situs, et populorum mores, mira deteguntur, et hactenus inedita. Opus recens exit in lucem, cura L.M.S., Paris, 1656, Sébastien Cramoisy ; [10][22] celui du second est La Géographie royale du P. Labbe, avec le tableau de la France, etc., seconde édition, revue et augmentée, in‑8o, 1652. [11][23][24]
Je vous offre ces livres et les autres que vous voudrez ; je les enverrai sans tarder à notre ami Spon [25] si vous m’écrivez ce qui vous ferait plaisir. Mais en attendant, très distingué Monsieur, vive et vale, et continuez de m’aimer comme vous faites.
Votre Guy Patin pour l’éternité, docteur en médecine de Paris et professeur royal.
De Paris, le 8e de juin 1657.
Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite à Johann Georg Volckamer, ms BIU Santé no 2007, fo 58 ro et vo.
« de la saignée, de la purgation, de la variole et de la rougeole, de la maladie vénérienne, des maladies des enfants et des femmes, etc. »
Les « Œuvres complètes » de Jean i Riolan (Paris, 1610 ; v. note [9], lettre 22) n’ont jamais été rééditées. Elles ne contiennent aucun de ces traités qu’on exhumait alors de la bibliothèque du défunt Jean ii Riolan.
Incertitude sur la transcription de ce patronyme qui ne correspond à aucune famille danoise que j’aie su trouver.
V. note [16], lettre 16, pour cette Apologia adversus stibii spongiam… Cui insuper adiuncta est quæstio : Num idipsum ab ægris citra ullum incommodum per os assumi possit [Apologie contre l’éponge d’antimoine… Avec en outre cette question : savoir si on peut sans aucun inconvénient le donner aux malades par la bouche] de Lucas Stengel (Augsbourg, 1565 et 1569).
V. note [7], lettre de Claude ii Belin, datée du 31 janvier 1657, pour le « Livre des maladies incurables » de Bruno Seidel (Francfort, 1593) et sa réédition en 1662 (Leyde) avec dédicace à Guy Patin.
« si vous oubliez cette agrafe et ce vêtement noir » : réminiscence possible de Virgile, aurea purpuream subnectit fibula vestem [une agrafe d’or fixe son habit de pourpre] (Énéide, chant iv, vers 139), pour brocarder la tenue des jésuites.
L’habit de la Compagnie de Jésus ne se distinguait de celui des autres prêtres que par la manière de fermer la soutane, à l’aide d’agrafes (fibulæ) au lieu de boutons. Le Discours de Jean Passerat, Troyen {a}, prononcé au Collège Royal de Paris en 1594, qui sert (traduit du latin) de préface aux anonymes Sièges de Troyes par les Jésuites, ou Mémoires et pièces pour servir à l’histoire de Troyes pendant le xviie siècle, {b} qualifie les jésuites de « bipèdes sans plumes, qui se servent d’une agrafe pour attacher leur robe noire ». {c} La suite en fait un objet de rude dérision.
« On dit encore : les jésuites tiennent école de bonnes mœurs et de chasteté. De prime abord, à leurs dehors sévères, vous les prendrez pour des hommes de bien ; mais parce qu’ils portent une agrafe, ce ne sont pas des Hippolytes ; {d} et parce qu’ils castrent les bons auteurs, ce n’est pas un motif pour que les révérends paraissent meilleurs aux yeux des honnêtes gens, aux yeux des Français surtout, qui naturellement n’aiment pas les faiseurs d’eunuques. {e} Grande est la gloire, sans doute, et le fait mérite récompense, de transformer un bélier en mouton, un poulet en chapon. Les habiles gens ! Plût à Dieu qu’ils eussent pour toujours infibulé ceux qui les ont engendrés ! {f} nous ne les aurions pas aujourd’hui parmi nous, dépravant les esprits les plus droits sous prétexte de corriger ceux qui sont faux ; ils n’apprendraient pas à leurs adeptes l’art du mensonge et toutes les fourberies qu’ils décorent du nom d’habileté. Des renards enseigneraient-ils une autre doctrine que les jésuites, s’ils ouvraient une école ? C’est de cette manière que ces caméléons, ces polypes, {g} ces reptiles aiment la vérité. »
- V. note [2], lettre 21.
- Paris, chez les marchands de nouveautés, 1826, in‑16, avec ces précisions empruntées à l’Avertissement :
« Pithou {i} et Passerat ont fourni plusieurs pièces à ce recueil, ouvrage du savant et modeste Grosley, qui en publia deux éditions que les jésuites firent presqu’entièrement enlever. {ii} […]Pour compléter ce recueil, j’y joins le discours par lequel le Collège royal fut rouvert après l’entrée de Henri iv à Paris. Ce discours appartient à la ville de Troyes et à ce recueil par l’orateur qui le prononça. Cet orateur était Jean Passerat, troyen, un des auteurs de la Satire Ménippée, {iii} et intimement avec messieurs Pithou. À tous ces titres, Passerat ne devait pas être bien favorablement prévenu pour les jésuites qui sont le principal objet de ce morceau. Je le donne ici d’après l’édition de 1594. {iv} J’ai d’autant moins cru devoir en séparer les épigrammes qui y osnt jointes dans cette édition qu’il y a lieu de présumer qu’elles sont de Passerat lui-même »
- Pierre i Pithou, v. note [4], lettre 45.
- Pierre-Jean Grosley (1718-1785), avocat et historien de Troyes, est le compilateur de ce recueil, dont une des éditions a paru en 1756.
- V. note [18], lettre 310
- Probable lapsus calami : je n’ai pas trouvé trace de cette édition et ce texte ne figure pas dans les Orationes et Præfationes [Discours et Préfaces] de Passerat (Paris, 1606, v. note [9], lettre 33) ; connaissant son histoire, il appartient à chacun d’en estimer l’authenticité.
- Page xxv, expression que Passerat a reprise ailleurs : v. notule {b}, note [9], lettre 33.
- Hippolyte, fils de Thésée, aimait si passionnément la chasse qu’il n’était sensible à aucun autre plaisir. Il répugna aux avances amoureuses de sa belle-mère, Phèdre, qui se vengea de l’indifférent en induisant fallacieusement Thésée à prier Neptune de tuer son fils. « Le malheureux père n’est que trop écouté ; un monstre affreux suscité par le dieu des mers effarouche les chevaux ; Hippolyte est renversé de son char et périt, victime des fureurs d’une marâtre et de la crédulité d’un père » (Fr. Noël). V. seconde notule {c}, note [1], lettre latine 167, pour la résurrection d’Hippolyte.
- Les Turcs.
- L’infibulation (mot dérivé du latin fibula, agrafe) est l’« opération par laquelle on réunit, au moyen d’un anneau, les parties dont la liberté est nécessaire à la génération. L’infibulation se fait en tirant le prépuce en avant ; on le perce et on le traverse par un gros fil que l’on y laisse jusqu’à ce que les cicatrices des trous soient faites ; alors on substitue au fil un anneau qui doit rester en place » (Littré DLF).
- Mollusque d’eau douce, le polype « a cette propriété qu’étant coupé et partagé en deux, trois ou quatre parties, il se reproduit tout entier dans chacune » (Académie). V. note [25] du Faux Patiniana II‑6, pour le caméléon.
« Épigramme iie, Au pape Paul iv. {a}
Ah ! réjouissons-nous ! les maris débonnaires
De leurs enfants à présent seront les pères ;
Vous verrez qu’avant peu
De les tromper on ne fera plus jeu.
On te doit ce bonheur, grand pontife romain,
Aux fils de Loyola, ta loi sage et sévère
Fait porter une agrafe et grâce à toi, saint père,
Ils seront continents ; on en est bien certain. »
La Sarmatie romaine correspondait à l’actuelle Ukraine et à son voisinage : soit la région comprise entre le Don et l’Oural ; v. notule {b}, note [13], lettre 418, pour les Sarmates (ou Sauromates) qui la peuplaient.
L’Illyrie était l’actuelle Albanie.V. notes [6], lettre 148, et [15], lettre 321, pour les ouvrages géographiques inachevés, latins et français, du P. Philippe Briet (Paris, Sébastien et Gabriel Cramoisy, 1648-1649, et Pierre Mariette, 1653) ; les tomes sur l’Asie, l’Afrique et l’Amérique n’ont jamais paru.
« ce sont des plantes faciles à trouver » : Facilis quærentibus herba (Virgile, Géorgiques, livre iv, vers 272).
Référence complète et exacte de la « Nouvelle Description de l’Asie dans laquelle, outre la localisation des pays et l’aspect des gens, on découvre des merveilles jusqu’ici inédites. Ouvrage récent que L.M.S. a mis en lumière » (in‑4o), livre dédié à Christine de Suède, qu’on attribue au R.P. Georges Fournier (v. note [4], lettre de Charles Spon, datée du 28 août 1657), et dont la suite promise ne parut jamais.
Réédition des Tableaux méthodiques de la Géographie royale… du P. Philippe Labbe (Paris, 1646, v. note [11], lettre 133) sous ce titre :
La Géographie royale, présentée au très-chrétien roi de France et de Navarre Louis xiv par le P. Ph. Labbe de la Compagnie de Jésus. Avec le tableau de la France et une table très exacte de tous les mots de royaumes, pays, peuples, provinces, villes, châteaux, montagnes, forêts, mers, caps, détroits, isthmes, îles, presqu’îles, ports, rivières, lacs, fontaines, etc. qui se rencontrent en cet ouvrage. Seconde édition, revue et augmentée. {a}
- Paris, Jean Hénault, 1652, in‑8o, ou Mathurin Hénault, 1653, in‑8o ; Lyon, Jérôme de La Garde, 1658, in‑8o, pour la Troisième édition, revue et augmentée, en six livres.
Le début de l’Épître au roi déclare bien cette géographie comme universelle (pages iii‑iiii) :
« Sire, Si les présents que l’on fait aux monarques doivent avoir du rapport à leur grandeur, je m’assure que Votre Majesté recevra celui-ci de bon œil, puisque c’est tout le Monde que je lui présente, fait en petit et réduit en abrégé dedans ce peu de pages. »
Dans son Avertissement au lecteur, Labbe ne cache pas son dessein de :
« traduire fidèlement et avec quelque grâce en notre langue l’Introduction à la Géographie universelle, ancienne et moderne de Philippe Cluvier, {a} prince et maître de tous les géographes de ce siècle, suivant le nombre de ses livres, chapitres et paragraphes ; sans toutefois m’arrêter servilement à la suite et au nombre de ses mots, mais gardant une honnête liberté de m’attacher plutôt au sens de sa pensée qu’à l’écorce de son latin. »
- Introductio in Universam Geographiam (Leyde, 1629) du géographe et historien allemand Philippe Cluvier (v. note [23], lettre 151).
Ms BIU Santé no 2007, fo 58 ro.
Clariss. viro D. Io. Georgio Volcamero, Doct. Med. Noribergam.
Tuas accepi, vir præstantissime, datas 11. Maij, pro quib. ingentes habeo gratias.
Libros antehac à me transmissos pro D. Rolfinckio utinam accepis, quem saluto ex animo,
ut et Clariss. viros D.D. Conringium, Nicolaum, Felwingerum et alios amicos rebus
nostris faventes. De Riolano nihil habeo novi : agitari dumtaxat audio negotium
sive consilium de promovenda in folio editione nova omnium Operum Riolani Patris, cum varijs
Tractatibus novis numquam antehac editis, de venæ sectione, de purgatione, de variolis et
morbillis, de lue venerea, de morbis puerorum et mulierum, etc. Libros per vestrum D.
Pomerum transmissos accepi quidem sed nondum literas tuas nobili Dano D. Wipæo tradi-
tas, in quib. eorum pretium continetur : alterum fasciculum per D. Picques mihi
reddendum in dies expecto, ut utrique satisfaciam. Unicus mihi superest quærendus
liber è vestra Germania, pro quo obtinendo opem tuam imploro : ille est Lucas
Stenglius de Stibio, in 4. Libellus est continens Tractatum quendam, et aliquot
positiones contra Antimonium. Libelli titulus est Apologia adversus Stibij Spongiam, etc.
Cui insuper adjuncta est quæstio, Num idipsum ab ægris citra ullum incommodum per
os assumi possit. Angustæ, 1565. in 4. aut 1569. in 4. Hîc habebam ex dono Riolani,
qui sed perijt cum Collega quodam meo, cui mutuò dederam. Si ad me redijsset tale
Exemplar, jamdudum illud novis typis mandari curassem : cujus recuperandi quoniam
spes omnis mihi decollavit, ad Te confugio, ut tandem obtineam. Brunonem Seide-
lium tandem nactus sum, nec est quod amplius angaris de eo reperiendo : enitar pro virili,
ut hîc denuo typis mandetur libellus optimus ac utilissimus, ad retundendam
Empiricorum et Chymistorum impudentiam, dum de morborum planè incurabi-
lium curatione mirabili pollicentur. Quod spectat ad Opus Geographicum P.
Philippi Briet, Iesuitæ mihi noti, et si fibulam illam nigrámq. vestem ex-
cipias, viri boni, habeo de illo Opere quod Tibi referam, Téq. moneam. Ut
Tibi super ea facerem satis, ipsum Bibliopolam D. Seb. Cramoisi adij, ut et ipsum
Authorem, qui nunc in Urbe moratur. Scias itaque velim illius Operis Geogra-
phici tres exstare tomos, in 4. cum 2 aliquot 1 figuris æneis : primus continet
Institutiones Geographicas priore sui parte : posteriore verò de Europa agit in generale,
de Insulis Britannicis, de Hispania, Gallia et Belgio. Secundus tomus continet
Germaniam antiquam et novam, et regna Arctoa, nempe Sueciam, Daniam
et Norvegiam : Sarmatiam et Poloniam : Illyricum, Græciam antiquam et novam :
cum Turco-Græcia et Veneta dicione. Tertius tomus, qui dumtaxat vocatur
Appendix ad Tomum 2. describit Italiam antiquam et novam, Siciliam, Sardi-
niam et Corsicam : tres verò illæ partes hîc vænundantur 25. libellas Turo-
nenses : quæ superant octo Thaleros vestræ monetæ. Summo studio commen-
datur Opus istud Geographicum à Patribus Societatis, singulis omnium classium
Auditoribus, ut citò distrahantur exemplaria, et nova promoveatur
editio, duplo major et amplior futura : quam Author ipse inchoatum
iri sperat, intra annum unum, et ex trib. illis partibus quæ Europam com-
pletuntur, grandiorem tomum componet in folio : quod ubi præstiterit, Asiam
subjunget amplissimæ descriptionis, pro 2. tomo in folio : postea tandem dabit
Africam et Americam : quas habet singulas penes se profectas, ut solius
Typographi commoda præstolatur. Ecce nunc habes rem ipsam super ea vide et
decerne : an
Ms BIU Santé no 2007, fo 58 vo.
decerne : an nimirum velis ut Tibi mittam tres illas partes quæ solam
Europeam continent : an velis expectare novam Editionem quæ imminet,
et duplo auctior futura est : vide igitur, et pro illo tuo in me summo
jure, jube et impera.
Verùm, quandoquidem sumus in Geographia, priusquam finiam, patere quæso ut aliud
Tibi indicem. Hîc prostant Exemplaria ignoti cujusdam Auctoris, et
Anonymi, in folio, absque figuris æneis, (puto tamen illum esse Loyolitam,
propter multa miracula quæ iilic leguntur,) qui integram Asiam de-
scripsit : et qui alias partes brevi subsequunturas pollicetur : si cupias
facilè mittam. Habemus etiam aliam Geographiam Gallicam, eámq.
universalem, in 8. à quodam alio Loyolita, nimirum Ph. Labbe concionnatam,
quæ nihil ferè aliud est quàm versio Epitomes Geographicæ Cluverij,
varijs dumtaxat in locis meliorem ; est ille liber magni usus ; ideóq. à
multis probatus atque celebratus : utrumq. mittam si volueris : verè æquo
enim habentur pretio, et sunt faciles quærentibus herbæ. Prioris titulus
talis est. Asiæ nova descriptio, in qua præter Provinciarum situs, et popu-
lorum mores, mira deteguntur, et hactenus inedita. Opus recens exit in
lucem, cura L.M.S. Parisijs, 1656. apud Seb. Cramoisi. Posterioris
v. tale lemna est. La Géographie royale du P. Labbe, avec le Tableau
de la France, etc. Seconde Edition, revüe et augmentée. 8. 1652.
Hæc et alia quæ volueris offero, eadem brevi transmissurus ad Sponium
nostrum, si mihi super ijs quid libuerit scripto designandis. Interea verò, Vir Cl.
vive, vale, et me quod facis amare perge.
Tuus æternùm futurus Guido Patin,
Doct. Med. Paris. et Prof. regius.
Parisijs, 8. Iunij, 1657.