L. latine 131.  >
À Sebastian Scheffer,
le 12 février 1660

[Ms BIU Santé no 2007, fo 84 ro | LAT | IMG]

Au très distingué M. Sebastian Scheffer, docteur en médecine à Francfort.

Très distingué Monsieur, [a][1]

J’ai bien reçu les deux lettres que vous m’avez écrites de Francfort l’an dernier et vous en remercie tout particulièrement ; de même pour les deux livres que vous m’avez envoyés par l’entremise des Tournes, [2] savoir le Thessalus in Chymicis redivivus et les Observationes de Lommius ; mais je les avais déjà et dorénavant, s’il vous plaît, vous ne m’enverrez plus rien qui ne soit vraiment nouveau et que vous jugerez digne d’être lu. [1][3][4][5] J’ai maintenant l’esprit entièrement occupé par l’attente des Epsitolæ Thomæ Reinesii ad Casparum Hofmannum, etc. et du Speculum medico-practicum du très distingué Melchior Sebizius. [2][6][7][8] Je vous prie de me les envoyer par les Tournes, aux foires de printemps, [9] s’ils se vendent chez vous, comme nous l’espérons. Je salue de tout cœur monsieur votre père. Dieu fasse que ce vénérable vieillard se porte bien et vive encore de nombreuses années. Je me réjouis extrêmement qu’il ait récemment survécu à une grave maladie et qu’il ait maintenant recouvré ses forces. [10] Tandis que je lisais et feuilletais de bout en bout votre Introductio, disputée sous la présidence de M. Conring, je me suis rappelé y avoir vu beaucoup de choses dignes de remarque, et quelques excellentes additions à y apporter ; je les colligerai si vous voulez et vous les enverrai ; par leur aide, si vous l’acceptez, vous ferez une seconde édition de votre ouvrage qui sera plus riche et légèrement augmentée. [3][11] Vous n’avez plus désormais à vous inquiéter du livre du très distingué M. René Moreau : mon unique certitude est qu’il n’a jamais été publié et ne le sera jamais ; il en avait jadis eu l’intention, mais s’en est détourné bien des années avant sa mort, par la faute de certains vauriens que tourmentait l’amour de la vaine gloire, cherchant absolument à y être nommés avec éloge ; ce que l’excellent homme n’a pas voulu faire pour des gens qui ne le méritaient pas. De son ouvrage vainement espéré, nous n’aurons jamais autre chose que les vies de Pierre Brissot, de Jacobus Sylvius, de Guillaume de Baillou, de Barthélemy Pardoux. [4][12][13][14][15][16] Si la vie et le loisir le lui avaient permis, il eût produit de bien meilleurs ouvrages ; en particulier, ce très savant homme, fort aguerri aux opérations du métier, nous eût donné une particularem Methodum, cum optimis Observationibus practicis[5] Les Epistolæ Ballonii n’ont toujours pas été publiées, elles croupissent encore chez un de ses petits-neveux, que je ne juge pas même digne d’être ici nommé en raison de sa paresse et de son incompétence, pour ne pas dire de quelque honteuse philargyrie. Il a publié les autres opuscules, c’est un de nos collègues, extravagant, camus et pourri, qui ne veut pas faire imprimer ces Epistolæ medicinales de son grand-oncle si le libraire ne le paie pas argent comptant, ce qu’il n’obtiendra jamais. [6][17] J’attendrai patiemment des Tournes, pour les foires de printemps qui sont proches, vos Exercitationes academicas et l’Historia philosophica de Johannes Jonsius, [7][18] avec les deux ouvrages de Melchior Sebizius et de Thomas Reinesius que j’ai cités plus haut, tous emballés dans le même paquet. Votre M. Öchs, le riche marchand, a un commis du nom de Sebastian Switzer, qui vient souvent ici depuis quelques années pour son négoce : [8][19][20] sans doute pouvez-vous m’écrire par son intermédiaire et lui remettre tout ce que vous voudrez me faire parvenir ; c’est en effet un honnête homme et mon ami. J’ai transmis à leur destinataire les deux lettres que vous aviez incluses dans votre précédente ; il était alors parti, mais je les ai déposées chez lui, si bien qu’elles lui seront remises dès qu’il sera revenu à Paris. [9] Quand vous voudrez m’écrire, envoyez-moi vos lettres par l’intermédiaire des Tournes ou de M. Euchs, [21] qui correspond souvent avec votre M. Öchs. [10] Nous avions ici un corps de chirurgiens dont l’orgueil dépassait la mesure, [22] cherchant glorieusement et vainement à se parer de titres extravagants, pour en imposer au sot petit peuple : ils contrefaisaient les médecins et feignaient avec une audace insigne d’exercer notre métier sans y rien connaître du tout. Nous leur avons intenté un procès ; les magistrats ont discuté et débattu sur le litige pendant un mois entier, divers avocats ont plaidé, le très influent recteur [23][24] est aussi intervenu et a fait cause commune avec nous. Au nom de toute l’Université, il a prononcé un splendide discours en plein Parlement contre ces nebulones Cosmiani ; [11][25][26] le très distingué M. Denis Talon, [27] avocat général du roi, a lui aussi plaidé sur cette affaire de grande importance. Enfin, après discussion de chacun des tenants et aboutissants de la cause, un insigne arrêt du Parlement a terrassé ces pauvres petits hommes : les voilà ramenés dans le rang et contraints à servir notre Compagnie ; ils sont redevenus ce qu’ils étaient auparavant, totalement soumis et assujettis à notre Faculté de médecine, et tributaires d’elle comme valets de l’art, entièrement dévolus à son service ; et ce, non sans leur très profond accablement. Cet arrêt sera sans doute imprimé ; [12][28] le temps venu, je vous en enverrai un exemplaire avec d’autres choses. Je salue ce vénérable vieillard qu’est votre père. Quant à vous, très distingué Monsieur, vale et aimez-moi.

Guy Patin qui sera vôtre pour l’éternité.

De Paris, le 12e de février 1660.


a.

Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite à Sebastian Scheffer, ms BIU Santé no 2007, fo 84 ro.

1.

V. notes [7] et [8], lettre latine 125, pour le « Thessalus ressuscité contre les chimistes » (Francfort, 1643) d’Anton Günther Billich, et pour les « Observations » (Anvers, 1560) de Jodocus Lommius, ouvrages que Guy Patin avait bel et bien demandés à Sebastian Scheffer dans sa lettre du 22 août 1659.

2.

V. notes [4] et [9], lettre 557, pour les « Lettres de Thomas Reinesius à Caspar Hofmann » (Leipzig, 1660), et pour le « Miroir pratique de médecine » de Melchior Sebizius en deux tomes (Strasbourg, 1659 et 1661).

3.

V. note [26], lettre 484, pour l’« Introduction à l’art médical » de Sebastian Scheffer (Helmstedt, 1654, jamais rééditée), tirée des ouvrages d’Hermann Conring et disputée sous sa présidence.

4.

V. note [1], lettre 22, pour le dessein que René Moreau (mort le 17 octobre 1656) avait eu (mais délaissé dès avant 1635) d’écrire une biographie complète des médecins illustres de la Faculté de Paris, et pour quelques-uns des vestiges qui nous en restent. Guy Patin renvoyait en outre ici à deux autres de ses Vies.

5.

« Méthode particulière, avec d’excellentes Observations pratiques. » Cet autre projet avorté de René Moreau pouvait être en rapport avec celui dont Guy Patin a parlé à Charles Spon dans sa lettre du 1er mars 1650 (paragraphe daté du 12 février, note [16]) : Moreau souhaitait reprendre la thèse cardinale de son fils Jean-Baptiste sur la Méthode d’Hippocrate (disputée en 1648 et écrite par Charles Guillemeau, v. note [2], lettre 158) en l’enrichissant d’autres observations contre les apothicaires et les chimistes.

6.

Les « Lettres médicales de Baillou » n’ont jamais été imprimées. Bien qu’il eût été son compagnon de licence, Guy Patin répugnait ici à nommer Jacques Thévart, petit-neveu de Guillaume de Baillou et éditeur de ses œuvres (v. note [1], lettre latine 125), l’accablant de méchancetés, dont celle d’être camus, c’est-à-dire pourvu d’un nez court et retroussé (v. note [12], lettre 190).

7.

Joannis Jonsii Holstati de Scriptoribus Historiæ philosophicæ libri iv.

[Quatre livres de Johannes Jonsius, natif du Holstein, {a} sur les écrivains de l’Histoire philosophique]. {b}


  1. Johannes Jonsius (Rendsburg, Schleswig-Holstein 1624-Francfort 1659) a professé la philosophie à Koenigsberg puis à Francfort.

  2. Francfort, Thom. Matth. Götzius, 1659, in‑4o de 352 pages avec index.

    Le Lector Benevole [Bienveillant lecteur] expose élégamment la genèse de l’ouvrage :

    Ita tandem epistola mea de Scriptoribus Historiæ Pythagoricæ triennio abhinc Tibi promissa mira μεταμορφωσει in Opusculum hoc de Scriptoribus Historiæ Philosophicæ mutata in publicum prodit et fidem meam liberavi. Remorata est editionem loci mutatio, quam consilio Medicorum valetudinis causa suscepi : et dum ita hoc pacto differtur, mutationem variam subijt. Hasce mei laboris primitias si placere Tibi cognovero, Tuæ potius humanitati quam meo merito id dandum judicabo. Addes tamen simul calcar ad ea divulganda, quæ non minus grata tibi futura, si voto meo valetudo respondeat.

    [Par étonnante métamorphose, ma Lettre sur les Auteurs de l’Histoire pythagoricienne, que je t’ai promise voilà trois ans, s’est finalement transformée en un Opuscule sur les Auteurs de l’Histoire philosophique : le voici publié et me voici délivré de mon engagement. Un déménagement pour raison de santé, que j’ai entrepris sur le conseil des médecins, a retardé sa parution : voilà comment son dessein a changé et pourquoi il a subi diverses modifications. Si j’apprends que les prémisses de mon labeur t’agréent, je jugerai le devoir plus à ta gentillesse qu’à mon mérite ; mais ajoute que cela me servira d’éperon pour y donner une suite qui ne te sera pas moins plaisante, si mon vœu de belle santé est exaucé].


Les « Essais académiques » de Sebastian Scheffer n’ont pas laissé de trace dans les bibliographies ; Guy Patin a écrit plus tard qu’ils étaient au nombre de quatre (v. note [2], lettre latine 147).

8.

Guy Patin a souvent mentionné dans ses lettres échangées avec l’Allemagne ce marchand de Francfort-sur-le-Main dénommé Öchs (de prénom inconnu), ainsi que son fils et son commis (puis, semble-t-il, associé), Sebastian Switzer, qui lui servaient tous deux d’intermédiaires dans ses relations avec Sebastian Scheffer et Johann Daniel Horst.

9.

Étourderie de Guy Patin qui a écrit quamprimum rediisset ex Urbe [dès qu’il sera revenu de Paris] au lieu de in Urbem [à Paris]. Je n’ai pas identifié ce destinataire.

10.

On pourrait croire à une nouvelle étourderie de Guy Patin qui aurait écrit deux fois le nom de M. Öchs en l’orthographiant différemment, mais ce M. Euchs (prénom inconnu), correspondant du précédent à Paris, a reparu dans sa lettre du 24 février 1663 à Sebastian Scheffer.

11.

« fripons de Saint-Côme » (v. note [1], lettre 591) ; avec jeu de mots sur Cosmianus, adjectif qui se rapporte à Cosmus, parfumeur en renom à Rome : Cosmianis ipse fusus ampullis [lui qui s’est aspergé des flacons de Cosmus] (Martial, Épigrammes, livre iii, 82, vers 26). Guy Patin a ailleurs surnommé les chirurgiens de Paris « carabins de Saint-Côme » (lettre du 23 novembre 1657 à Charles Spon).

V. note [5], lettre 593, pour Pierre Lenglet, professeur royal d’éloquence latine, qui était alors recteur de l’Université de Paris. Sa plaidoirie est transcrite pages 50‑57 de l’Arrêt d’audience du Parlement (Paris, 1660, v. infra note [12]). C’est un tissu d’injures pseudo-cicéroniennes contre les chirurgiens, mais je n’y ai pas vu la locution rapportée par Guy Patin. Cet extrait s’en rapproche néanmoins (page 55) :

Quid tunc Opus æstimes viro dignum educato liberaliter, instituto ad laudem, capillum attundere, contrectare barbulas, versare calamistrum, capita perfricare unguentis, fucum oribus delicatis appingere, omnem corporum illuuiem exceptare, sedere ad Tonstrinam totos dies lucellum turpiculum aucupantes ? Tunc ad Oratorum, ad Philosophorum conditionem admittas homines ad seruile ministerium projectos ? Non sunt eo de genere, fateor, nonnulli Aduersariorum qui objectis nouacula, speculo pigmentis uni sese Chirurgiæ addixerunt, et hoc mihi videntur infeliciores, quod quibiscum societatem inierunt, eorum sordes veluti contagione participant, cum pristinam dignitatem retinere potuissent. His verumtamen ignoscimus, probis maximam partem, neque ineruditis plane, eos quinimo amplectemur si hoc facient modo, quo se approbent nobis, quo redire in gratiam nobiscum velle haud obscure significent, si cogentur in Ordinem, si Togas et galeros amittent, si Cosminiarum Ædium fronte titulum ventosum decipient, si Nomina Baccalaureorum ejurabunt, si ad Scholas Medicorum sese conferent audituri ; eos modum in paternum ad has voces agnoscemus.

[Quel noble besoin aurais-tu donc d’un homme honnêtement éduqué et que son instruction destine à la gloire pour tondre les cheveux, tailler les barbes, tourner les fers à friser, frotter les têtes d’onguents, farder les lèvres délicates, décrasser toutes les parties du corps, rester tous les jours assis dans son échoppe à l’affût d’un minable profit ? Admettrais-tu à la condition d’orateurs ou de philosophes des hommes abandonnés à un servile office ? Certains de nos adversaires, j’en conviens, ne sont pas du genre à brandir des poignards pour s’attribuer d’eux-mêmes l’image d’un faux semblant de chirurgie ; mais ceux-là me semblent infortunés parce que leurs confrères contribuent, comme par contagion, à leur bassesse, quand ils auraient pu préserver leur dignité d’antan. Cependant nous pardonnons en très grande partie ces honnêtes gens qui ne sont pas tout à fait ignorants, nous les serrerons même dans nos bras s’ils se comportent de manière à recevoir notre approbation, avec la volonté non dissimulée de retrouver notre faveur, s’ils rentrent dans le rang, s’ils oublient toges et bonnets, s’ils ôtent le titre fumeux qui figure au fronton des maisons de Saint-Côme, s’ils renient leurs grades de bacheliers, s’ils viennent suivre les cours des Écoles de médecine : nous tendrons alors une oreille paternelle à leurs plaintes].

12.

Arrêt du Parlement concluant le procès de la Faculté de médecine de Paris contre les chirurgiens, daté du 7 février 1660 :

Arrêt d’audience du Parlement, confirmatif de l’Union des Chirurgiens Jurés, et Barbiers Chirurgiens. À la Charge de Soumission à la Faculté de Médecine. Avec défenses de prendre qualité de Bacheliers, Licenciés, Docteurs et Collège : faire Lectures ni Actes publics : porter Robes, ni Bonnets. {a}


  1. Paris, François Muguet, 1660, in‑4o de 66 pages.

    L’Extrait des registres de Parlement est précédé du Decretum Facultatis Medicinæ Parisiensis [Décret de la Faculté de médecine de Paris] (3 pages), daté du 9 février 1660 et signé par le doyen François Blondel.

    V. notes [2], lettre 591, pour une transcription partielle de la conclusion de l’arrêt, et [8], lettre 593, pour le plaidoyer de Denis Talon.


s.

Ms BIU Santé no 2007, fo 84 ro.

Viro clariss. D. Seb. Scheffero, Medicinæ doctori Francofurtum.

Ambas tuas accepi, Vir Cl. anno superiore Francofurto scriptas, pro quib. singulares
Tibi gratias ago : ut et pro duobus libris per Tornesios ad me missis : nempe Thessalo in
Chymicis redivivo, et Lommij Observationibus,
quos antehac habebam : nec in posterum mittes
quenquam si placet nisi planè novum, et quem lectione dignum judicaveris. Totus nunc sum
in expectationem Epistolarum Th. Reinesij ad Casp. Hofmannum, etc. et Speculi Medico-practici
viri Clar. Melch. Sebizij
 : quos, rogo Te ut mittas per Tornesios, vernalib. nundinis,
si prostent apud vos, quod futurum speramus. Venerandum Senem D. Parentem tuum
ex animo saluto : utinam valeat et vivat in multos annos : quod è gravi morbo nuper emerse-
rit, nunc v. sit confirmato robore, summopere gaudeo. Introductionem tuam quum legi
atque totam evolvi, sub D. Conringio disputatam, memini me multa in ea observasse
notatu digna, nonnulla quoque lect addenda optima : quæ si volueris colligam, et ad Te
mittam ; quorum ope si volueris, illustriorem et aliquantulum auctiorem facies novam Tui
Operis editionem secundam. De libro D. Ren. Moreau, viri clar. non est quod angaris in
posterum ; hoc unum habe pro certo : nunquam fuit editus, nec edetur unquam : olim
tale qui habuerat in animo : sed multis ante obitum annis mentem illam deposuit, propter
quosdam nebulones κενοδοξια laborantes, qui summis votis contendebant illic cum elogio
nominari, quod vir optimus viris immerentib. illis factum noluisset : illius igitur Operis frustra
sperati nunquam aliud habebimus præter vitam P. Brissoti, Iac. Sylvij, Gul. Ballonij,
Barth. Perdulcis
. Si ei per vitam et otium licuisset, meliora longè præstitisset : nempe particu-
larem
quandam Methodum, cum optimis Observationib. practicis nobis dedidisset vir erudi-
tissimus, et in Artis operibus consumatissimus. Epistolæ Ballonij nondum editæ latent
adhuc apud quendam ejus Pronepotem, quem propter ignaviam et inertiam, ne dicam tur-
pem quandam φυλαργυρἰαν nequidem hîc nominari dignum censeo : is est qui alia Opuscula
edidit, Collega noster, ridiculus, simus et putridulus, qui Epistolas illas Medicinales sui Pro-Avunculi
typis mandandas non vult exhibere nisi præsentib. nummis à Bibliopola impetra-
tis, quod numquam obtinebit. Exercitationes tuas Academicas, et Io. Ionsij Hist. philosophicam,
cum alijs duob. supra nominatis, Melch. nempe Sebizij, et Thomæ Reinesij, in fasciculo
simul compactis, patienter expectabo per Tornesios, nundinis vernalibus quæ sunt in
propinquo. Vester Dom. Ochs, opulentus mercator, habet favulum quendam qui
Sebast. Svitzerum dictum, qui quotannis huc ad nos mercaturæ gratia ventitat : ne
dubites per eum ad me scribere, et illi quidquid volueris d mihi deferendum committere : est
enim vir bonus, et amicus meus. Inclusas tuas transmissi ad eum cui erant destinatæ : tunc
aberat, sed relictæ sunt ut ei quamprimùm redijsset ex Urbe, redderentur. Quum voles
ad me scribere, mitte Epistolas per Tornesios, vel per Dominum Euchs, qui sæpe scribit aut
accipit Epistolas à vestro Dom. Ochs. Hîc habebamus gentem quandam Chirurgicumorum supra
modum superbientemium, vano quodam et inani ineptorum titulorum apparatu, quo stultæ
plebeculæ imponebant : Medicos fingebant, et artem nostram sibi prorsus ignotam effricta
fronte mentiebantur : litem eis intendimus, discussa fuit atque disceptata causa
coram Patrib. conscriptis per unum mensem integrum : varij Patroni auditi : intervenit
quoque et in 2 litem 1 eandem nobiscum descendit Rector amplissimus, qui totius Academiæ
nomine in medio Senatu contra ejusmodi nebulones Cosmianos præclaram orationem habuit :
fuit quoque auditus super isto magni momenti negotio Vir Cl. Dion. Talæus, Advocatus Regis
Catholicus : tandem discussis singulis causæ capitibus et momentis, insigni Senatuconsulto
victi sunt isti homunculi, in ordinem 1 redacti, et 2 coacti in obsequium nostri Ordinis,
factiq. sunt quales antehac fuerunt, Medicinæ nostræ Facultati planè obnoxij, tributarij,
et subjecti, tanquam Artis ministri, et ejus famulitio addicti, non absque summo
eorum mærore. Tale senatuconsultum haud dubiè typis mandabitur : cujus exemplar
tunc temporis cum alijs ad Te mittam. Venerandum Senem Patrem tuum saluto. Tu v. vir cl. vale et me ama.

Tuus æternùm futurus Guido Patin.

Parisijs, 12. Febr
1660.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Sebastian Scheffer, le 12 février 1660

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(Consulté le 27/04/2024)

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