L. 443.  >
À Charles Spon,
le 13 septembre 1656

Monsieur, [a][1]

Ce 16e d’août. Je vous ai écrit depuis trois jours par la voie de M. Falconet une lettre d’une page et demie ; ce qui se fit par occasion, M. le comte de Rebé [2] m’ayant fait écrire mon avis au dit sieur Falconet pour une religieuse de Lyon, [1][3] sa parente alors malade ; et comme vous lui donnâtes il y a quelque temps une de mes lettres, je pense qu’il vous aura rendu cette mienne dernière. Puisque la paix des Suisses [4] est faite, [2] ne saurais-je par votre moyen recouvrer quelques livres de Hottingerus [5] imprimés à Zurich, [6] et entre autres, celui qu’il appelle Οδηγος ; il en cite la première et deuxième partie, je voudrais bien avoir le tout. [3] Il me semble que cet auteur est un excellent homme, n’est-ce pas vous qui m’avez mandé qu’il était allé à Heidelberg ? [7]

Ce dernier d’août, natali meo[4] J’ai été plusieurs jours sans écrire, pour un doigt de la main droite auquel je m’étais blessé. Maintenant je recommence, pour vous dire que l’on ne parle ici que de l’entrée de la reine de Suède. [5][8] La cour est à Compiègne, [9] mais le prince de Condé [10] est encore sur la frontière de Picardie, où l’on dit qu’il veut entrer, et y donne beaucoup de terreur ; même, on dit qu’il veut assiéger Corbie. [11] On a ici parlé d’une grande défaite des Turcs par les Vénitiens et les chevaliers de Malte ; [12][13] aujourd’hui l’on parle d’une bataille gagnée sur les Polonais par le roi de Suède. [6][14][15] M. de Lionne [16] est en Espagne, qui traite d’une trêve. Il y a ici un honnête homme, Professor anatomicus Leidensis nommé M. van Horne, [17] qui est auteur d’un livre intitulé de Ductu chylifero[7][18][19] Il m’a prié de le mener chez M. Riolan [20] qu’il a vu avec une joie incroyable. Il a dit au bonhomme Riolan qu’il était venu à Paris durant leurs vacances tout exprès pour le voir et l’embrasser. Il m’a dit que l’on imprimait à Leyde [21] un tome in‑4o Epistolarum Salmasii [22] et que Ant. Thysius [23] travaille à faire une nouvelle édition des éloges de leurs professeurs, [8] en continuant celle que Meursius [24] avait faite sous le nom de Athenæ Batavæ in‑4o[25] et que l’on imprimait à Amsterdam [26] un Thesaurus linguæ Latinæ de feu M. Vossius. [9][27]

Notre bon ami M. Moreau [28] est incommodé depuis quelque temps d’un mal de gorge, cetera sanus ; [10] mais nous avons ici bien malade M. Guillemeau, [29] qui est un vieux garçon très affligé tant de son mal que de la peur qu’il a de mourir. Son mal est un abcès dans le mésentère, [30][31] avec un flux purulent qui exerce de mâle cuisson sa patience jour et nuit. [11] Le maréchal de La Ferté-Senneterre [32] est ici où il est venu voir son père [33] âgé de 84 ans ; le prince de Condé lui a permis cette liberté pour deux mois, au bout desquels il doit retourner en prison si accord n’est fait. Aujourd’hui, dimanche 3e de septembre, on a fait une revue générale de toutes les compagnies en armes qui doivent aller au-devant de la reine de Suède, laquelle, dit-on, n’arrivera encore ici de dix jours.

Ce 5e de septembre. On ne parle ici que de la reine de Suède, laquelle est attendue magno cum strepitu [12] dans peu de jours. Le roi, [34] la reine et toute la cour sont encore à Compiègne où pour aller, sont d’ici partis ce matin MM. le chancelier [35] et < le > procureur général Fouquet. [36] Hier passa par ici un courrier qui venait d’Italie et qui s’en va à la cour, qui a dit ici en passant que nous tenions Valence. [37] M. Van Horne est parti ce matin à son grand regret pour n’avoir point vu Paris comme il désirait ; mais il n’a pu faire autrement à cause d’une bonne compagnie qu’il a trouvée, qui s’en retourne pour Sedan, [38] qui est la voie par laquelle il espère d’être à Leyde dans 15 jours. M. Moreau se porte mieux, il vient voir M. Guillemeau avec trois autres que nous sommes.

Enfin, la reine de Suède a fait son entrée dans Paris où elle a été reçue fort magnifiquement le vendredi 8e de septembre. Elle n’y entra qu’aux flambeaux, et était neuf heures du soir quand elle passa sur le pont de Notre-Dame. [39] Je ne vis jamais tant de monde qu’il y en avait dans les rues par où elle passa et je pense qu’elle-même n’en a jamais tant vu. Elle était à cheval, immédiatement après un beau dais que l’on portait devant elle. Elle avait une casaque rouge, une perruque et un chapeau sur l’oreille, etc. On dit qu’elle ne passera point ici plus de huit jours.

J’ai vu et rencontré ici M. Caze, [40] lequel m’a dit que M. Huguetan [41] l’avocat demeurait à Lyon. Je vous supplie de lui faire mes très humbles recommandations, comme aussi à MM. Huguetan et Ravaud ; [42][43] huic autem postremo [13] vous direz, s’il vous plaît, que je ne lui ai rien écrit touchant celle que j’ai reçue de lui, d’autant que j’ai appris que c’était une affaire faite et accordée avec lui, et de son consentement ; et même on s’est fort moqué des raisons que j’ai alléguées, telles qu’il m’avait écrites. Si néanmoins il y a quelque chose à faire de reste en quoi je le puisse servir, je suis tout prêt de m’y employer. M. Musnier [44] de Gênes [45] m’a écrit que la peste [46] a été si grande à Naples [47] qu’il y est mort, outre une infinité de monde, 44 médecins.

Ce dimanche 10e de septembre. Je viens d’apprendre que la reine de Suède partira jeudi prochain d’ici pour aller voir le roi à Compiègne et qu’en sortant de France, elle retournera à Bruxelles [48] où après avoir séjourné quelque temps, elle prendra le chemin du Tyrol pour gagner le Milanais, et delà s’en aller en Espagne qui est un pays qu’elle a désir de voir. Néanmoins, il y en a d’autres qui disent qu’elle veut aller en Angleterre y voir Cromwell [49] et que les officiers qu’elle a près de soi ont charge de la conduire jusqu’à Calais. Je ne sais lequel croire, mais je doute fort de ce dernier, et même de tout ce que l’on dit.

On dit ici à l’oreille que le cardinal de Retz [50] est mal avec le pape [51] et qu’avant qu’il soit 15 jours, on parlera fort de lui. L’armée des Espagnols et la nôtre, conduite par le maréchal de Turenne, [52] ont été longtemps vis-à-vis l’une de l’autre, mais enfin on dit que la nôtre a changé de poste et de place voyant que les Espagnols ne pouvaient être attirés au combat ni y être contraints. La reine de Suède a été ce matin entendre la messe à Notre-Dame [53] où elle a communié de la main de l’archevêque de Bourges. [14][54][55][56] On dit qu’elle ira en Sorbonne [57] et à Montmartre, [15][58] et autres lieux considérables de la ville.

Il m’est ce matin venu voir un marchand de Lyon nommé M. de Cam qui est nouveau marié, que je traitai ici l’an passé. Je lui ai demandé s’il ne savait point de vos nouvelles, il m’a répondu qu’il vous avait vu en bonne santé depuis peu à Lyon ; mais néanmoins cela ne me contente pas, il me semble qu’il y a longtemps que je n’ai point eu de vos nouvelles, je vous prie de m’en mander quelque chose vous-même pour me consoler.

On a ici mauvaise opinion du siège de Valence, l’on dit même qu’il est levé, vu que les bonnes nouvelles de la prise n’en ont pas continué. M. de Mauroy, [59][60] intendant des finances, a ici perdu sa femme depuis huit jours. [16] Elle est morte à la fin d’une couche après y avoir pris trois fois du vin émétique [61][62] de l’ordonnance de Guénault et Bachot [63][64] qui en sont extrêmement blâmés par tout Paris. C’était une femme veuve, belle et délicate, qu’il n’avait épousée que depuis six ans, depuis lesquels elle avait accouché six fois. On crie fort haro sur ces deux hommes qui l’ont purgée [65] avec de l’antimoine cum leniora remedia potuissent sufficiere[17] L’antimoine est le démon de ces gens-là et le malheur de ceux qui en prennent. Je me recommande à vos bonnes grâces, et suis, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

Guy Patin.

De Paris, ce mardi 12e de septembre 1656.


a.

Ms BnF no 9357, fo 214 ; Reveillé-Parise, no cclxxxviii (début, ii, pages 249‑250).

1.

V. note [5], lettre 416, pour Marie de Riant, dont la mère était née Marie de Rebé.

2.

L’extraordinaire de la Gazette du 8 mars 1656 (no 59, pages 469‑480) donne Les Articles de la paix conclue entre les cantons catholiques et protestants de Suisse (« fait et signé à Bade, le 8 mars 1656 »).

3.

Ce propos de Guy Patin autorise, me semble-t-il, à penser que ce qu’il appelait Οδηγος (Odêgos, le Guide) de Johann Heinrich i Hottinger dans les volumes de son Histroria ecclesiastica était l’Epitome Historiæ ecclesiasticæ [Abrégé de l’Histoire ecclésiatique] de Johannes Pappus et Eusebius Bohemus (Wittemberg, 1626), qui est composé de cinq parties : v. note [1], lettre 432.

4.

« jour de mon anniversaire » : Guy Patin fêtait ses 55 ans.

5.

V. note [18], lettre 440, pour l’arrivée en France de la reine Christine.

6.

L’extraordinaire de Gazette du 19 août 1656 (no 105, pages 841‑848) est intitulé Les Premières nouvelles de la signalée victoire remportée par les Vénitiens sur les Turcs, lesquels y ont perdu plus de 40 galères, 9 galéasses et tous leurs autres vaisseaux. Le 26 juillet, la flotte turque s’était attaquée aux escadres de Venise et de Malte qui tenaient le blocus des Dardanelles (v. note [51], lettre 413). « Cette journée couronna la République de l’avantage le plus mémorable dont il ait été parlé depuis plusieurs siècles. » C’était un glorieux épisode de la guerre turco-vénitienne de Candie (1645-1669), qui se déroula principalement dans les Dardanelles de 1654 à 1657 ; mais les Vénitiens ne parvinrent pas à bloquer les échanges des Turcs avec la Crète (Candie).

Dans l’ordinaire no 110 du 2 septembre 1656 (pages 885‑886), les nouvelles datées de Varsovie le 1er août rapportent une grande victoire du roi de Suède et de l’électeur de Brandebourg sur les Polonais : Varsovie avait été prise le 31 juillet après un siège de quatre jours.

L’extraordinaire no 112 du 6 septembre (pages 897‑908) titrait Le Grand combat donné entre les Suédois et les Polonais, près de Varsovie.

« On n’a pu encore savoir où est à présent le roi de Pologne, mais la commune opinion est que les Tartares se sont retirés du côté de Lemberg dans la Russie, {a} et les Polonais à Sandomir. {b} […] Le roi de Pologne ne voyant aucune apparence au grand succès qu’on lui faisait espérer, quoiqu’il ait fait le devoir de capitaine et de soldat en cette occasion, se retira de Varsovie le 29e sur le soir, ainsi que la reine son épouse avait fait le matin, et à leur exemple, les principaux de la ville. »


  1. Lviv (ou Lvov) en Ukraine occidentale.

  2. Ou Sandomierz, ville située sur la Vistule, au sud-est de la Pologne.

7.

En 1652, Jan van Horne, « professeur d’anatomie à Leyde », avait disputé à Jean Pecquet (sans même citer son nom) la découverte du canal thoracique dans un court traité intitulé Novus ductus chyliferus… [Le Nouveau conduit chylifère…] (v. le 3e extrait de la lettre de Sebastianus Aletophilus [Samuel Sorbière] cité dans la note [5], lettre 390). L’animosité partagée de Jean ii Riolan et de van Horne contre Pecquet expliquait l’admiration qu’ils avaient l’un pour l’autre.

8.

V. note [12], lettre 392, pour le Cl. Salmasii epistolarum liber primus… [Premier livre des lettres de Claude i Saumaise…] (Leyde, 1656).

Anton Thys (Antonius Thysius, Harderwyck vers 1603-Leyde 1665) avait d’abord appris les langues anciennes, l’arabe, l’hébreu, puis était allé étudier à Leyde sous Daniel Heinsius. Reçu docteur en droit, il avait obtenu une chaire de poésie à Leyde, qu’il quitta plus tard pour enseigner l’éloquence et le droit. En 1655, Thys avait succédé à Heinsius comme bibliothécaire de l’Université. Il a laissé des éditions estimées de plusieurs écrivains latins et plusieurs traités sur l’histoire batave (G.D.U. xixe s.).

9.

Jan Van Meurs (Johannes Meursius, Losdun près de La Haye 1579-Sorø, Danemark, 1639) {a} a enseigné l’histoire et le grec à Leyde puis à Sorø. De sa très copieuse production littéraire, {b} Guy Patin citait :

Athenæ Batavæ, sive de Urbe Leidensi, et Academia, Virisque claris ; qui utramque ingenio suo, atque scriptis, illustrarunt, libri duo.

[L’Athènes batave, ou deux livres sur la ville et l’Université de Leyde, et les brillants hommes qui les ont illustrées à la fois par leur génie et par leurs écrits]. {c}


  1. V. note [2] du Naudæana 1, pour l’imprimeur homonyme anversois qui ne lui était pas apparenté.

  2. Les œuvres de Meursius ont été réunies et annotées par Ioannes Lamius en 12 tomes in‑4o (Florence, 1741).

  3. Leyde, Andreas Cloucquius et les Elsevier, 1625, in‑4o de 351 pages, richement illustré par les portraits d’illustres personnages de Leyde (dont Joseph Scaliger, page 167) et par les dessins de quelques endroits remarquables de cette ville (dont son amphithéâtre anatomique). Je n’ai pas trouvé de continuation de cet ouvrage par Anton Thys, mais son titre a été repris en 1975 pour célébrer le quatrième centenaire de l’Université de Leyde.

    Meursius avait précédemment publié une galerie similaire, mais moins fournie (ibid. Andreas Cloucquius, 1613, in‑4o de 20 feuilles), sous le titre de :

    Illustris Academia Lugd-Batava : id est Virorum Clarissimorum icones et elogia ac vitæ, qui eam scriptis suis illustrarunt.

    [L’illustre Université de Leyde : portraits, éloges et vies des très brillants hommes qui l’ont illustrée par leurs écrits].


V. note [20], lettre 352, pour le « Trésor de la langue latine » de Gerardus Johannes Vossius (Amsterdam, 1662).

10.

« pour le reste il est en bonne santé ».

11.

Exercer a ici le sens de « donner de l’emploi, obliger à quelque travail, causer quelque peine : ce maître donne à ses compagnons assez de besogne pour exercer leurs bras ; ce messager a beau sujet d’exercer ses jambes ; sa partie lui a suscité tant d’affaires, qu’elle a bien exercé sa patience » (Furetière).

Une mâle cuisson est une « douleur que cause une brûlure, une inflammation [v. note [6], lettre latine 412], une plaie, une excoriation » (ibid.).

12.

« avec grand vacarme ».

Voici ce qu’en a dit Mme de Motteville (Mémoires, pages 448‑449) :

« Le roi de Suède, à qui cette reine du Nord avait laissé son royaume, était un prince belliqueux ; il se faisait craindre et considérer. Il avait demandé au cardinal {a} que cette princesse fût bien traitée en France, et le ministre, par ses propres sentiments, l’estimait. Elle y fut reçue de la même manière que le fut autrefois Charles Quint, quand il passa par la France pour aller en Flandre. Le roi lui envoya le duc de Guise pour la recevoir à son entrée sur ses États et pour la complimenter de sa part. […] < Il > écrivit à quelqu’un de ses amis une lettre qui fut lue du roi et de la reine avec plaisir. Je l’ai gardée, parce qu’elle représente au naturel cette princesse dont il parle […].

“ Elle n’est pas grande, mais elle a la taille fournie, le bras beau, la main blanche et bien faite, mais plus d’homme que de femme, une épaule haute, dont elle cache si bien le défaut par la bizarrerie de son habit, sa démarche et ses actions que l’on en pourrait faire des gageures. {b} Le visage est grand sans être défectueux ; tous les traits sont de même et fort marqués, le nez aquilin, la bouche assez grande, mais pas désagréable ; ses dents passables, ses yeux fort beaux et pleins de feu ; son teint, nonobstant quelques marques de petite vérole, assez vif et assez beau ; le tour du visage assez raisonnable, accompagné d’une coiffure fort bizarre, c’est une perruque d’homme fort grosse et fort relevée sur le front, fort épaisse sur les côtés, qui, en bas, a des pointes fort claires ; le dessus de la tête est un tissu de cheveux et le derrière a quelque chose de la coiffure d’une femme. Quelquefois elle porte un chapeau. Son corps, lacé par derrière de biais, est quasi fait comme nos pourpoints, sa chemise sortant tout autour au-dessus de sa jupe, qu’elle porte assez mal attachée et pas trop droite. Elle est toujours fort poudrée, avec force pommade, et ne met quasi jamais de gants. Elle est chaussée comme un homme dont elle a le ton de voix et quasi toutes les actions : elle affecte fort de faire l’amazone. Elle a pour le moins autant de gloire et de fierté qu’en pouvait avoir le grand Gustave, son père. Elle est fort civile et fort caressante, parle huit langues, et principalement la française comme si elle était née à Paris. Elle sait plus que toute notre Académie jointe à la Sorbonne, se connaît admirablement en peinture comme en toutes les autres choses, sait mieux toutes les intrigues de notre cour que moi ; enfin, c’est une personne tout à fait extraordinaire. Je l’accompagnerai à la cour, par le chemin de Paris ; ainsi vous pourrez en juger vous-même. Je crois n’avoir rien oublié à sa peinture, hormis qu’elle porte quelquefois une épée avec un collet de buffle et que sa perruque est noire, et qu’elle n’a sur sa gorge qu’une écharpe de même. ”

[…] Elle fit son entrée à Paris le 8e de septembre […]. Les bourgeois de Paris, en armes et avec de beaux habits, la furent recevoir en bon ordre hors les portes de la ville et bordèrent son chemin dans toutes les rues depuis Conflans, {c} où elle avait couché, jusqu’au Louvre où elle devait loger. Leur nombre fut infini, aussi bien que des dames et des personnes de qualité qui, aux fenêtres et aux balcons, la voulurent voir passer, et la foule fut grande dans les rues. Elle tarda à traverser la ville depuis deux heures jusqu’à neuf heures du soir qu’elle arriva au Louvre. »


  1. Mazarin.

  2. Parier qu’elle n’est pas bossue.

  3. Conflans-Sainte-Honorine, Yvelines, au confluent de l’Oise et de la Seine, à 20 kilomètres au nord-ouest de Paris.

13.

« mais à ce dernier ».

14.

Anne de Lévis-Ventadour (vers 1605-17 mars 1662) avait été nommé archevêque de Bourges le 11 novembre 1649, sacré le 30 avril 1651. Fils d’Anne de Ventadour et de Marguerite de Montmorency, il était le frère puîné du duc de Damville (v. note [48], lettre 294).

15.

Montmartre : « nom propre d’une petite montagne qui est fort près de la ville de Paris. Mons martyrum, anciennement Mons Mercurii. On l’appelait autrefois la montagne de Mercure et on lui a donné celui de Montmartre qui signifie la montagne des martyrs parce qu’on croit que saint Denis et ses compagnons y souffrirent le martyre. Il y a sur cette montagne un village qui porte son nom avec une célèbre abbaye de religieuses bénédictines » (Trévoux).

Tout comme aujourd’hui, Montmartre offrait un splendide point de vue sur Paris et on y menait volontiers les visiteurs pour en jouir.

Christine de Suède demeura huit jours à Paris (Montglat, Mémoires, page 316) :

« durant lesquels elle se fut promener dans tous les lieux les plus considérables de cette ville ; et le 15e, {a} elle prit le chemin de Chantilly, où le cardinal Mazarin se trouva pour lui faire la révérence. Le roi et Monsieur {b} y arrivèrent un peu après ; {c} et après avoir demeuré une heure avec elle, ils retournèrent coucher à Compiègre. Le lendemain, elle fut à Liancourt où elle dîna et le soir, elle en partit pour aller à Compiègne : elle rencontra dans la forêt le roi et la reine sa mère, qui venaient au devant d’elle. On mit pied à terre de part et d’autre et après beaucoup de témoignages d’affection réciproque, ils se mirent tous dans un carrosse et le soir, ils arrivèrent à Compiègne, où Sa Majesté suédoise demeura sept jours, régalée de tous les divertissements de bonne chère, de musique, de chasse, de comédie, et autres dont on se peut aviser. Le 23e, elle en repartit et fut conduite par Leurs Majestés jusqu’à la Croix-Saint-Ouen, à une lieue de là ; et après s’être dit adieu dans le milieu de la forêt, la reine de Suède fut coucher à Senlis ; et delà, par Lagny, Melun, Montargis et Nevers, elle reprit le chemin de Lyon et passa par Turin, où elle fut régalée magnifiquement par le duc et la duchesse de Savoie, sa mère ; et delà, elle retourna à Rome, qu’elle avait choisie pour sa demeure ordinaire. »


  1. Du mois de septembre.

  2. Philippe d’Anjou, frère puîné de Louis xiv.

  3. V. note [1], lettre 444.

16.

Séraphin de Mauroy (1594-1665 ou 1668), seigneur de Germigny et de Saint-Ouen, avait été nommé contrôleur des finances en 1643 ; il devint contrôleur général en 1659, puis conseiller d’État en 1662. On avait beaucoup parlé de lui à la cour quand le petit Louis xiv eut la variole en 1647 (v. note [42], lettre 152).

Là-dessus, Adam renvoie à ce passage du Journal d’Olivier Le Fèvre d’Ormesson (Journal, tome i, page 397) :

« La maladie du roi de la petite vérole l’avait mis en très grand péril, {a} dont Monsieur {b} avait témoigné allégresse, le petit Monsieur {c} étant chez M. de Mauroy, tout languissant ; jusque là que, Monsieur soupant chez Fromont avec M. de La Rivière, {d} on avait bu à la santé de Gaston ier. L’on avait déjà partagé les charges ; même la reine {e} fut avertie que l’on faisait dessein d’enlever le petit Monsieur chez M. de Mauroy, la nuit d’un samedi au dimanche que le roi était très mal ; et pour l’empêcher, le maréchal de Schomberg fut toute la nuit à cheval avec la compagnie de gens d’armes ; et de tout ce Monsieur fit des excuses, et M. d’Émery fit l’accommodement de {f} La Rivière.  »


  1. La variole du roi s’était déclarée le 11 novembre 1647.

  2. Gaston d’Orléans, frère de Louis xiii et oncle de Louis xiv (et son successeur sur le trône s’il arrivait malheur à cet enfant de 9 ans).

  3. Philippe d’Anjou, alors âgé de 7 ans, frère puîné de Louis xiv.

  4. Louis Barbier, abbé de La Rivière, v. note [5], lettre 27.

  5. Anne d’Autriche.

  6. Arrangea l’affaire avec.

17.

« quand des remèdes plus doux auraient pu suffire. »


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 13 septembre 1656

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(Consulté le 26/04/2024)

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