[Ms BIU Santé no 2007, fo 204 vo | LAT | IMG]
Au très distingué M. Georg Friedrich Lorenz, docteur en médecine à Lübeck.
Très distingué Monsieur, [a][1]
Votre lettre datée de Lübeck, [2] le 9e de juin 1665, m’est enfin parvenue, sept mois plus tard, avec un paquet de vos thèses. [3] Ne doutez pas, je vous prie, que l’une et l’autre m’ont été très agréables ; il m’a même été plus plaisant encore de reconnaître dans votre lettre la constance de votre affection et votre bienveillance à mon égard, tout comme de trouver et de découvrir dans le paquet ces thèses médicales parfaitement choisies et savantes. Je vous remercie de tout cœur pour tout cela ; mais ce qui à soi seul augmente et accroît ma joie est votre promesse d’autres disputations de ce genre. Courage, très distingué Monsieur ! continuez donc à bien mériter ma gratitude. J’embrasserai et choierai tout ce que vous me ferez parvenir ; en échange de quoi, je vous donnerai tout ce que vous me demanderez, qu’il s’agisse d’argent, de livres ou de ce que vous pourrez désirer. Pensez-y donc et indiquez-moi ce dont vous avez besoin venant de moi, de sorte que je vous montre ma gratitude, aussi avide de rendre et rembourser que de recevoir. Je ne vous propose aucun livre particulier, choisissez ceux que vous voulez, médicaux, chirurgicaux, historiques, français ou latins. Si vous m’en écrivez, j’exaucerai aussitôt votre souhait et ferai tout mon possible pour vous satisfaire. Je n’ai jamais vu l’opuscule d’Elias Bonvinius de Theriaca, [4] mais souhaite bien le découvrir grâce à vous ; [1][5] j’ai quelquefois songé à employer la thériaque et ses pouvoirs dans le traitement des maladies, mais elle est peu à mon goût ; Pline l’a appelée compositio luxuriæ, [2][6] et ce avec pertinence. Certains, qu’ils soient ignorants ou empiriques, [7] la recommandent comme étant le plus précieux antidote contre la peste, [8] mais cela est [Ms BIU Santé no 2007, fo 205 ro | LAT | IMG] risible et improbable. Si Dieu me le permet et exauce mes vœux, quand viendra mon tour, suivant la coutume observée dans nos Écoles, je présiderai une thèse publique qui se conclura ainsi : Non ergo pestilenti febri Theriaca ; [3][9][10][11] ce que je ferai très volontiers au service de la vérité, avec ardeur et grande application, si par ma mort le destin ne fait pas obstacle à de si beaux desseins, ce dont Dieu veuille me préserver. Vos manuscrits, dont vous m’écrivez, me mettent l’eau à la bouche, en particulier ceux qui traitent de Morbis complicatis et de desideratis Medicis. [4] Ce Pierre Borel n’a pas séjourné longtemps ici ; pour ne pas y mourir de faim, il est rapidement retourné dans son pays, à Castres en Languedoc. [5][12][13] Absolument inculte et ignorant dans le traitement des maladies, il s’évertuait à passer pour habile en chimie ; [14] mais les fraudes et impostures de tels vauriens sont depuis longtemps dénoncées par les soins et le zèle des médecins de notre Faculté de médecine, qui compte 115 docteurs, dont presque tous (si vous m’en exceptez) sont des hommes remarquables. Manus nostræ sunt oculatæ, credunt quod vident ; ad populum phaleras ! [6][15][16][17] Vous voyez ce que je veux dire. Je n’ai pas encore vu les Observationes de Pietro de Marchetti, mais je m’occuperai de me les faire envoyer. [7][18][19] Aucun recueil d’Observationes medicæ n’a ici paru ; mais j’apprends qu’un médecin de Genève songe à publier quelque chose sur notre Baillou, [20] dont il existe plusieurs traités ; les connaissez-vous tous ? [8][21] Je n’ai jamais vu les Observationes de cet Espagnol nommé Cyprianus, éditées à Valladolid ; [9][22] Les Consilia de Cesare Mocca sont ordinaires et communi cudunt carmen triviale moneta. [10][23][24] Je ne connais pas d’observations meilleures que celles de Fernel, [25] ni mieux adaptées à l’usage des médecins. J’ai ici la nouvelle édition, quelque peu augmentée, de celles de Schenck, qu’on m’a récemment envoyée de Francfort. [26] Sed priusquam tollam manum de tabula, [11] dites-moi, je vous prie, qui est ce Melchior Polisius, an aura vescitur ætheria, nec adhuc vitalibus occubat umbris. [12][27][28] Thomas Bartholin est un Danois qui est fort mon ami, [29] comme sont MM. Simon Paulli [30] et Heinrich Meibomius, professeur à Helmstedt. [31] De temps en temps se trouvent ici quelques nouveautés, je vous les enverrai toutes les fois que vous en voudrez. Tels sont l’Hortus regius Parisiensis, in‑fo, [32][33] qui est un répertoire de quatre milliers de plantes, et la Dissertatio de cancri curatione de François Blondel, médecin de Paris, [34] contre un empirique de Lorraine qui avait promis de guérir Anne d’Autriche ; elle n’en est pas moins morte. [13][35][36] J’en finis, très distingué Monsieur, vale, encore et encore, et continuez de m’aimer comme vous faites.
De Paris, le 18e de février 1666.
Vôtre, etc.
Envoyez, je vous prie, tout ce que vous me destinerez, lettre ou thèses, à Hambourg, à M. {Louis Héron, Parisien} [37] Augustin Henri, le Jeune, pour faire tenir à MM. de Bobière et Le Preux, [38][39] marchands de Paris, pour être rendu à M. Guy Patin, docteur en médecine et professeur du roi à Paris. [14] Il vous remboursera argent comptant ce que vous aurez dépensé pour moi et ne manquera pas au devoir de vous satisfaire ; et moi, je lui rendrai son dû à Paris.
Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite à Georg Friedrich Lorenz, ms BIU Santé no 2007, fos 204 vo‑205 ro.
De Theriaca Liber, quo de Theriacæ descriptione, ingredientium delectu, quantitate, præparatione, ipsius denique antidoti compositione, ex Andromachi senioris mente agitur. Ab Elia Bonvinio Med. Doct. [Livre de la Thériaque (v. note [9], lettre 5) où, suivant l’esprit d’Andromaque l’Ancien (v. note [2], lettre 1001), Elias Bonvinius, docteur en médecine (à Breslau, mort en 1612), décrit la thériaque, le choix, la quantité, la préparation de ses ingrédients, et enfin la composition de l’antidote lui-même] (Breslau, Georg Bauman, 1610, in‑8o).
L’index commence par ce sommaire de l’ouvrage :
Distribuitur hic liber in quatuor Sectiones, quarum prima est introductio ad theriacæ compositionem, Secunda simplicia ingredentia continet, Tertia de ingredientibus compositis agit, Quarta demum rationem componendi antidotum tradit.[Ce livre est divisé en quatre sections : 1. introdution à la composition de la thériaque ; 2. ses ingrédients simples ; 3. ses ingrédients composés ; 4. la manière de composer un antidote].
Le dernier chapitre (vii) de la section 4, Synopsis compositionis Theriacæ pro Pharmacopœis [Formule pour composer la thériaque à l’intention des pharmaciens] (pages 228‑239), procure l’impressionnante liste des 63 substances végétales ou minérales qui étaient encore incorporées dans ce médicament au xviie s.
« composition de luxe », ou plus exactement excogitata compositio luxuriæ [composition conçue pour le luxe] (v. note [24], lettre 117).
« La thériaque est donc inutile dans la fièvre pestilentielle » : avec cinq ans d’avance, Guy Patin avait en tête (sinon sous le coude) la thèse cardinale de Jean Cordelle, la dernière qu’il présida (et écrivit) de sa vie, le 5 mars 1671 (v. note [1], lettre 1001) ; le titre exact en fut Estne Theriaca pestilenti febre iactatis venenum ? [La thériaque n’est-elle pas un poison pour ceux qui sont frappés de fièvre pestilentielle ?] (conclusion affirmative).
Conformément à son habitude, Patin n’y cita nommément aucun des auteurs qui ont inspirèrent sa disputation, à la remarquable exception de Galien (mais pour le blâmer), dans cette dernière phrase du 4e article :
Tot inter merces, ex hisque luxuriose conflatas splendidi nominis confectiones innumeras, quibus mortis appropinquatione trepidis, suaque omnia ut vivant, daturis ægris illudunt vafri, sibimet ipsis imperiti, sedet quasi princeps et regina Theriaca, eorum ex quibus coaluit numero, pompa, atque apparatu percelebris, callideque Galeni commendatione, falsa licet, non mediocrem in autoritatem adducta.[De toutes les marchandises et parmi ces innombrables confections qu’on a abusivement enflées d’un resplendissant renom, et que de rusés personnages, sans rien y connaître, s’amusent à donner aux malades qui s’agitent à l’approche de la mort, prêts à céder tous leurs biens pour vivre, la thériaque siège comme une princesse et une reine : elle s’est établie comme la plus fameuse d’entre toutes, poussée à cette autorité peu commune par sa pompe et son apparat, et par la chaude mais fallacieuse recommandation de Galien]. {a}
- Patin refusait d’attribuer à Galien ses deux traités vantant les vertus de la thériaque : v. note [6], lettre latine 129.
« des Maladies compliquées » et « des Médecins dont on déplore la perte » : manuscrits de Georg Friedrich Lorenz dont je n’ai pas trouvé la trace imprimée.
« Nos mains ont des yeux, elles croient ce qu’elles voient, clinquant bon pour le peuple ! [À d’autres, mais pas à moi !] », double citation dont la fin vient de Perse (v. note [16], lettre 7), et le début, de Plaute (Asinaria, v. note [11], lettre 6), où les deux vers qui précèdent éclairent le propos de Guy Patin :
Quom a pistore panem petimus, vinum ex oenopolio,
[Que je demande au boulanger du pain, au cabaretier du vin, ils me donnent leur marchandise si je paye. C’est chez nous la même règle. Nos mains ont des yeux, elles croient ce qu’elles voient].
si aes habent, dant mercem. Eadem nos discipulina utimur.
Semper oculatæ manus sunt nostræ ; credunt quod vident.
Érasme en a fait son adage no 731, Oculatæ manus :
Oculatas manus, dixit Plautus, quæ promissa velint exhiberi re, non oratoine promitti.
[Plaute dit que les mains ont des yeux quand elles veulent tenir réellement ce qu’on leur promet, sans se contenter d’en entendre discourir].
Petri de Marchettis Patavini, Equitis D. Marci et in Patrio Gymnasio Chirurgiæ olim, nunc vero Anatomes Professoris, Observationum medico-chirurgicarum rariorum Sylloge.
[Recueil d’observations médico-chirurgicales plus que rares de Pietro de Marchetti, natif de Padoue, {a} chevalier de Saint-Marc {b} et jadis chirurgien dans le Lycée de sa patrie, mais maintenant professeur d’anatomie]. {c}
- V. note [8], lettre de Charles Spon, datée du 10 juillet 1657.
- V. note [53] de l’Autobiographie de Charles Patin. Le portait de Marchetti l’y montre décoré de cette médaille.
- Padoue, Matthæus de Cardinis, 1664, in‑8o, et Amsterdam, Pierre Le Grand, 1665, in‑8o.
Cet ouvrage contient 63 observations de chirurgie, portant principalement sur les plaies et fractures, suivies de quatre traités :
- Fistulæ Ani et intestini Recti [Fistules de l’anus et du rectum] ;
- Ulcera ani [Ulcères de l’anus] ;
- Ulcera, et Fistulæ Urethræ [Ulcères et fistules de l’urètre] ;
- Spina Ventosa [Épine venteuse].
Autrement appelée spinæ ventositas, c’était une forme d’infection osseuse, essentiellement due à la tuberculose et touchant surtout les phalanges, ainsi définie dans Trévoux :
« Maladie qui consiste dans une carie interne des os : principalement vers les jointures, où elle a coutume de commencer sans douleur. Ensuite la face interne du corps de l’os et la moelle même se corrompent. La carie pénètre peu à peu jusqu’à la surface externe, les os deviennent mous ou vermoulus, etc. Pendant que l’humeur âcre qui cause cette maladie ronge le périoste, il s’y excite, à cause de sa sensibilité, une douleur vive et piquante, comme si l’on était percé par une épine, d’où vient le nom de ce cruel mal, c’est-à-dire du mot latin spina, “ épine ”. Et parce que la tumeur semble remplie d’une humeur venteuse ou flatueuse, qu’elle imite l’œdème, et que “ ventosité ” chez les Arabes signifie une tumeur œdémateuse, on a ajouté au mot de spina, celui de ventosa ou ventositas. »
V. note [1], lettre 935, pour le Pharos medicorum [Phare des médecins] de Théophile Bonet (Genève, 1668) sur les « Observations médicales » de Guillaume de Baillou, avec une lettre de Bonet à Charles Spon sur la préparation de ce livre à l’édition.
Bonet n’avait pas publié d’autres traités auparavant. V. note [5], lettre latine 283, pour une liste complète des livres de Guillaume de BaillouLes deux précieux livres de Scriptis medicis [des Écrits médicaux] de Johannes Antonides Vander Linden (Amsterdam, 1662, v. note [3], lettre latine 26) résolvent cette référence elliptique : on y trouve (page 143) un livre de Cyprianus Maroxa auteur d’un traité de Febribus et lue venerea [des Fièvres et de la vérole] (Valladolid, 1641, in‑fo).
Maroxa est aussi cité dans la Bibliotheca Hispana nova… [Bibliothèque espagnole nouvelle…] (Madrid, Joachimus de Ibarra, 1783, in‑4o, tome premier, page 260) du bibliographe Nicolaus Antonius Hispalensis (Nicolás Antonio de Séville, 1617-1684), avec un autre titre, Praxis universalis de morbis internis [Pratique universelle des maladies internes] (Pincia [autre nom de Valladolid], 1642, in‑fo), et cette mention : Prodiderunt iterum cum Operum medicorum inscriptione Lugduni 1674 folio [Ont été réédités sous le titre d’Œuvres médicales à Lyon en 1674, in‑fo], indication qui éclaire entièrement l’énigme avec ce titre complet :
D.D. Cypriani de Maroja, Magni Philippi iv. Hispaniarum Regis potentissimi, ac S. Inquisitionis Medici, et Ministri ; in celeberrima Pintiana Academia primo Methodicæ, Vespertinæ, et Primariæ Hippocratis Cathedræ; deinde vero Primariæ Avicennæ Moderatoris perpetui, Opera omnia medica tribus absoluta partibus, quarum i. Febrium naturam in communi, et in singulari, earumdemque causas, signa, et curationem exhibet ; cum brevi Tractatu de Morbi Gallici natura, et curatione ; et celebri Quæstione de partium materialium diversitate in mixtis. ii. Praxim universalem de internorum morborum natura, et curatione complectitur variis ornatam observationibus, et disputationibus. iii. Consultationes, Observationes, et Annotationes Medicas continet, una cum plurimis Disputationibus physicis ad Praxis Medicinæ complementum valde necessariis. Editio altera diligenti cura recognita, prioribus emendatior, copiosissimisque Indicibus locupletior.
[Œuvres médicales complètes de M. Cyprianus de Maroja (ou Maroxa), médecin et ministre de la sainte Inquisition et du grand Philippe iv, tout-puissant roi des Espagnes, qui a d’abord été titulaire de la première chaire vespérale de méthode hippocratique, puis titulaire perpétuel de la première chaire de méthode avicénienne. Elles sont divisées en trois parties qui concernent : i. la nature des Fièvres, en général et en particulier, ainsi que leurs causes, leurs signes et leur traitement, avec un court traité sur la nature et le traitement du Mal français (syphilis), et la fameuse Question sur la diversité des parties matérielles induite par leur mélange ; ii. la Pratique universelle sur la nature et le traitement des maladies internes, illustrée d’observations et disputations variées ; iii. les Consultations, observations et annotations médicales, avec de nombreuses Disputations d’histoire naturelle, très nécessaires pour compléter la pratique de la médecine. Seconde édition revue avec grand soin et plus correcte que les précédentes, et enrichie de copieux index].
(Lyon, Laurent Arnaud et Pierre Borde, 1674, in‑fo), avec une préface de Juan Lazaro Gutiérrez (v. note [3], lettre 897) à la louange d’Hippocrate et de Maroxa (mais sans détail remarquable sur sa biographie).
« et forgent d’un coin trop connu des vers grossiers » (Juvénal, v. note [7], lettre 926).
Guy Patin méprisait les Consilia medicinalia [Consultations médicales] de Cesare Mocca (Turin, 1620, v. note [4], lettre 596).
« Mais avant de lâcher la tablette » [de lever la plume (v. note [10], lettre 93)].
V. notes :
« s’il respire l’air du jour ou s’il repose déjà au royaume des ombres » (Virgile, v. note [1], lettre de Charles Spon, datée du 6 avril 1657).
Melchior Polisius (Javer, Silésie 1600-Francfort-sur-l’Oder 1671), docteur en médecine de Padoue en 1628, professait la médecine à Francfort-sur-l’Oder depuis 1635. Il a laissé des thèses latines :
V. notes :
L’italique est en français dans le manuscrit. V. note [5], lettre latine 311, pour un commentaire de cette adresse où Guy Patin a rayé le nom de Louis Héron (mis entre accolades) pour le remplacer par celui d’Augustin Henri, le Jeune (autre courtier français de Hambourg, dont c’est la seule apparition dans la Correspondance).
Ms BIU Santé no 2007, fo 204 vo.
Cl. viro D. Georgio Frid. Laurentio, Med. Doct. Lubecam.
Epistolam tuam Lubecæ datam 9. Iunij, 1665. accepi tandem post septem
menses, cum fasciculo Theseώn vestrarum, Vir Cl. an utrumque
mihi fuerit gratissimum, ne dubita quæso : imò fuit plusquam gratis-
simum, tum quod ex Epistola illa tua constantem tuum amorem, tuámq.
in me benevolentiam lubens agnosco : tum quod in fasciculo deprehendi
et reperi Theses quasdam Medicas selectissimas et eruditissimas : pro
quibus singulis gratias ago Tibi quàm possum maximas : sed quod lætitiam
meam intendit et adauget, illud unum est, quod alias ejusmodi Disputationes
mihi polliceris ; macte animo Vir Cl. ac perge sic de me bene mereri : quidquid
ad me mistransferis, amplectar et osculabor : pro quo reddam quidquid præscripseris,
sive pecuniam, sive libros, et quod volueris : vide igitur, et indica mihi quid à me
requiras Tibi transmittendum, ut ego Tibi gratum animum exhibeam, tam reddendi
et retribuendi quàm accipiendi avidum : Libros nullos Tibi designo, elige quos volu-
eris, Medicos, Chirurgicos, Historicos, Gallicos : si scribo, statim voto tuo Te damnabo, et
quantum in me fuerit, Tibi faciam satis. Eliæ Bonvinii de Theriaca libellum
numquam vidi, sed utinam eum per Te videam : aliquando cogitavi de Theriaca, et
ejus viribus in morborum curatione : sed illa mihi parum sapit : eam nuncupavit
Plinius, compositionem luxuriæ, et hoc jure merito : à quibusdam, vel ignaris, vel
Empiricis, tanquam pretiosissima Antidotus commendatur adversus pestem : sed hoc est
Ms BIU Santé no 2007, fo 205 ro.
ridiculum, nec probabile : si Deus dederit, atque votis meis annuerit, intra tres annos, ordine
servari solito in Scholis nostris, recurrent meæ vices, ut nimirum præsim Disputationi
publicæ, quæ sic concludet : Non ergo pestilenti febri Theriaca : quod faciam lubentissimè,
alacriter, magnóq. animo, in gratiam veritatis, nisi per obitum meum, quod utinam absit,
tantis Fatum conatibus obstiterit. MS. illa tua de quibus scribis, salivam mihi movent,
præsertim de morbis complicatis, ut et de desideratis Medicis. Ille Petrus Borellus, non diu hîc
hæsit, statim reversus est in patriam, à Castres en Languedoc : ne hîc fame periret :
in morborum curatione planè rudis erat et ignarus : haberi studebat peritus in Chymicis : sed
jampridem patent in hac Urbe talium nebulonum fraudes ac imposturas, ope et opera
Medicorum nostræ Facultatis Medicæ, quæ centum habet et xv. Doctores, omnes penè, (si
me exceperim) viros eximios ; manus nostræ sunt oculatæ, credunt quod vident : ad
populum phaleras : scis quid velim. Petri de Marchettis Observationes nondum vidi, sed
dabo operam ut ad me mittantur. Nullæ hîc prodierunt Observationes Medicæ : verùm,
ut audio, Medicus quidam Genevensis meditatur cujusdam editionem in nostrum
Ballonium, cujus sunt plures Tractatus : an omnes illos vidisti ? Cypriani illius Hispani
Observationes Vallisoleti editas numquam vidi ; Cæsaris Morchæ Consilia vulgaria sunt,
et communi cudunt carmen triviale moneta. Nullas video Observationes Fernelianis meliores,
nec ad usum Medicum aptiores. Hîc habeo novam editionem Observat. Schenkij,
Francofurto nuper ad me transmissam, et aliquatenus adauctam. Sed priusquam
tollam manum de tabula, dic quæso quis ille Melchior Polisius ? an aura vescitur
ætheria, nec adhuc vitalibus occubat umbris ? Thomas Bartholinus, Danus, est
amicus meus summus, ut et D. Simon Paulli, et Henr. Meibomius, Professor Helmstad.
Interdum hîc occurrunt nova quædam, quæ quotiescumque volueris ad Te mittam : qua-
lia sunt Hortus regius Parisiensis, in folio : continet 4 millia plantarum : et Dissertatio
de Cancri curatione, Franc. Blondel, Med. Paris. adversus quendam Empiricum
Lotharenum, qui Annæ Austriacæ curationem pollicebatur, quæ tamen obijt. Sed tandem
vale, et iterum vale, Vir Cl. méq. quod facis, amare perge. Parisijs, 18. Febr. 1666. Tuus, etc.
Quidquid mihi destinaveris, vel Epistolam, vel Theses, mitte quæso Hamburgum,
à M. Louïs Heron, Parisien, Augustin Henri le jeune, pour faire tenir à Mess. de Bobieres et le Preux,
Marchands de Paris, pour estre rendu à Monsieur Guy Patin, Docteur en Medec. et
Professeur du Roy à Paris. Quidquid pro me impenderis, ille Tibi restituet nummis
præsentibus, nec deerit officio satis faciendi, et ego Parisijs retribuam.