J’ai reçu, Dieu merci, deux belles lettres de votre part pour lesquelles je vous rends grâces très humbles. J’y ai appris des nouvelles de votre santé, des eaux de Vichy [2] et de votre retour. Tout cela m’a fort réjoui. Je suis bien aise que vous ayez trouvé beau le livre de M. Riolan [3] contre M. Courtaud [4] de Montpellier. [1][5] On dit qu’il y veut répondre et d’ailleurs, M. Riolan fait une seconde partie, laquelle sera bien plus âcre, et je ne sais pas comment ce bonhomme M. Courtaud s’en pourra sauver ; ni lui, ni les siens n’y pourront répondre. Cette controverse, qu’ils ont de gaieté de cœur et fort imprudemment entreprise contre nous pour le Gazetier, [2][6] ne leur a fait que du tort et a détourné beaucoup de jeunes gens d’y aller prendre leurs degrés. Les universités de Caen, [7] d’Angers, [8] de Reims [9] et autres n’y ont rien perdu. Je sais que j’ai quelque part la harangue de M. Courtaud, je vous la souhaite et vous l’enverrai quand je la trouverai. On dit que c’est un petit homme qui ne voit point de malades, qui emploie tout le bon temps qu’il a à chercher la pierre philosophale. [10] Je pourrais donc dire de lui ce que l’on a dit de Raymond Lulle [11] qui était un homme infatué en sa sorte : [12]
Dum lapidem quæris Lulli, quem quærere nulli
Profuit, haud Lullus, sed mihi Nullus eris. [3]
Je ferai souvenir à M. Riolan des statuts de votre Collège de Lyon [13] et comme vous ne recevez aucun docteur, de quelque pays qu’il vienne, qu’il ne soit agrégé et qu’il ne réponde à Lyon. Je vous remercie des bons avis que vous m’avez donnés sur la saignée [14] et de la bonne opinion que vous avez de notre Faculté. Notre Fernel [15] n’est-il point admirable ? Et néanmoins, j’en ai vu plusieurs qui faisaient encore mieux que lui : feu M. Nicolas Piètre, [16] MM. Du Chemin, [17] Seguin, [18] Cousinot [19] et autres, qui sont passés eo unde negant redire quemquam, [4][20] ont été des hommes incomparables. Nous en avons encore qui me sont plus précieux que les diamants : MM. Bouvard, [21] René Moreau, [22] Guillemeau, [23] Jean Piètre, [24] Courtois [25][26] et autres, magnus erit quos numerare labor ; [5][27] mais je prie Dieu qu’ils nous demeurent longtemps, et surtout notre ancien docteur et bon ami M. Riolan qui est notre maître à tous tant que nous sommes, et qui est fort laborieux et le meilleur homme du monde. Il fait transcrire deux traités qu’il a faits, qu’il médite de mettre bientôt sous la presse. Si jamais nous sommes si heureux de les voir sortir en lumière, vous en aurez des premiers, vous et M. Spon notre cher ami.
Messieurs nos princes d’Orléans, [28] de Condé, [29] de Conti, [30] de Longueville [31] et de Beaufort [32] sont ici en très bonne et très étroite intelligence entre eux contre la reine. [33] Elle voudrait bien encore pouvoir faire revenir le Mazarin, [34] mais elle ne peut ni n’ose. On a découvert que M. le duc de Mercœur, [35] fils aîné de M. de Vendôme, [36] était marié, mais qu’il avait été si lâche que d’épouser la Mancini, [37] nièce [38] de ce malheureux et malencontreux ministre le cardinal Mazarin ; son affaire en est au Parlement. [6] Les partisans y ont aussi présenté requête pour tâcher d’y avoir quelque raison, [7] ne la pouvant obtenir au Conseil à cause du président de Maisons, [39] surintendant des finances, qui leur est fort contraire. Ils tâchent de se rétablir dans les partis et dans les fermes du roi, [8] et promettent merveilles en bien si on leur donne de quoi se remplumer un peu. Il y a apparence que l’on ne conclura d’aucune grande affaire que le roi [40] ne soit déclaré en majorité. [9] On n’a point rempli le Conseil du roi depuis que M. de Chavigny [41] s’en est retiré. [10] La reine a eu envie d’y mettre M. de Châteauneuf [42] et notre premier président, [43] mais les princes jusqu’ici l’ont empêché. Je pense que le roi le fera de sa puissance absolue dès qu’il sera majeur pour gratifier et pour complaire à sa bonne maman, sauf à eux d’y pourvoir au contraire s’ils ont du crédit. Quoi qu’il en soit, novum seculum novos mores, nova dominatio novos homines promovebit. [11] Si vous voulez prendre la peine de lire le premier livre des Annales de Tacite [44] et le commencement de l’empire de Tibère, [45] vous y verrez toutes les circonstances d’un nouveau gouvernement tel que nous en aurons un dans 15 jours. Une mère passionnée et ultionis cupidine accensa [12] montera sur le théâtre de la royauté avec le roi son fils, de l’esprit et de l’autorité duquel elle tâchera de se servir pour appuyer ses créatures, afin qu’ils la conservent. Les princes, dont le parti sera fort considérable si on ne leur donne quelque contentement, s’opposeront à la reine de peur qu’elle ne les attrape pour se venger contre eux du Mazarin. Tôt après, il paraîtra quelque petit mignon ou favori qui, si Dieu ne nous aide, gâtera l’esprit du jeune roi. Il y a encore à craindre quelque femme et quelque maquereau, quelque moine, jésuite, confesseur et autres gens qui cherchent à faire fortune aux dépens d’autrui et qui n’ont pitié de personne pourvu qu’ils fassent leurs affaires, ut faciant rem, si non rem, quocumque modo rem. [13][46] La cour des rois est toujours pleine de telles gens qui cherchent à faire fortune aux dépens (pour parler avec M. Amyot, [47] l’interprète de Plutarque [48] ) de la chose publique. [14] Nous en aurons quelque échantillon dans un mois, il en sera ce qu’il plaira à Dieu, je prendrai patience en attendant. Faites-moi la faveur de vous souvenir d’un livre d’Avignon (ce que je dis, encore que le croie facilement que vous vous en souvenez bien). [15] Aimez-moi, s’il vous plaît, toujours, et croyez hardiment et fermement que je serai véritablement toute ma vie, Monsieur, votre, etc.
De Paris, ce 15e d’août 1651.
Les princes veulent que les états [49] se tiennent à Paris, la reine veut que ce soit à Tours. [50] Si les princes vont à Tours, on les y attrapera ; s’ils ne bougent de Paris, ils y seront les plus forts. Le roi dit hier à table, et fut bien entendu, que dès le lendemain de sa majorité il partirait à Tours aux états. [16]
Bulderen, no lix (tome i, pages 171‑175) ; Reveillé-Parise, no cccxcvi (tome ii, pages 587‑590).
L’achevé d’imprimer des anonymes Curieuses recherches sur les écoles en médecine de Paris et de Montpellier… (Paris, 1651, v. note [13], lettre 177), écrites par Jean ii Riolan, sans doute aidé par Guy Patin, est daté du 18 janvier 1651, mais le privilège du roi (sur la même page) est du 9 février 1648.
Le pronom « ils » désigne les médecins de Montpellier, dont Siméon Courtaud avait engagé la polémique contre ceux de Paris avec son discours inaugural de 1645 pour la défense de Théophraste Renaudot (v. note [19], lettre 128).
« Cherche donc la pierre [philosophale] de Lulle, que nul ne trouve intérêt à chercher ; pour moi, tu ne seras pas Lulle, mais Nul. ».
Ce distique de Caerl Utenhove (v. note [7], lettre 414) intitulé In Lullium Alchymistam [Contre Lulle l’alchimiste] se lit dans les Γριφολογια sive Sylvula logogriphorum… [Griphologie ou petites silves (v. note [40], lettre Borboniana 6 manuscrit) des logogriphes (paroles énigmatiques)…] de Nicolas Reusner (Francfort, Palthen, 1602, in‑12, page 148).
Raymond Lulle (Ramon Llull, Palma de Majorque vers 1235-Bougie, Bejaïa en Algérie 1315), théologien, philosophe et alchimiste catalan, fut l’un des personnages les plus contestés de son époque. Considéré par l’Église, de son vivant, comme un illuminé et même un fou, il fut canonisé en 1419. Sa vie et son œuvre forment un tissu assez inextricable d’illuminations et d’obsessions où prédomina celle de convertir les musulmans au catholicisme à l’aide d’une méthode pacifique de persuasion qu’il appela l’Art général du savoir (Ars magna sciendi) et qu’il fit sans cesse évoluer au fil des obstacles qu’il rencontrait dans son application. Il accomplit plusieurs voyages dans le monde arabe jusqu’à périr en martyr, lapidé dans la région de Bougie. Prétendu détenteur du secret de la pierre philosophale qui transformait les métaux en or, il a laissé une masse considérable d’écrits philosophiques, alchimiques et mystiques (dont de nombreux apocryphes) qui lui valurent le titre de doctor illuminatus. Lulle fut l’un des grands inspirateurs de Paracelse.
Ses principaux écrits ont été réunis dans les :
Raymundi Lullii Opera ea quæ ad adinventam ab ipso Artem universalem, Scientiarum Artiumque Omnium Brevi compendio, firmaque memoria apprehendendarum, locupletissimaque vel oratione ex tempore pertractandarum, pertinent. Ut et in eandem quorundam interpretum scripti commentarii : quæ omnia sequens indicabit pagina : et hoc demum tempore coniunctim emendatiora locupletioraque non nihil edita sunt. Accessit huic editioni Valerii de Valeriis Patricii Veneti aureum in artem Lulli generalem opus : Adiuncto indice cum capitum, tum rerum ac verborum locupletissimo.[Les Œuvres de Raymond Lulle qui touchent à l’art universel qu’il a inventé, en un bref abrégé de toutes les sciences et arts, de manière que la mémoire puisse s’en empare solidement, grâce au très riche discours qui les traite entièrement et sur-le-champ ; avec les commentaires qu’en ont écrits certains interprètes. La page suivante en donne le sommaire complet. Elles sont réunies pour la première fois, non sans avoir été corrigées et enrichies. {a} S’y ajoutent en cette édition : l’ouvrage général de Valerius de Valeriis, gentilhomme vénitien, {b} sur l’art doré de Lulle ; un très copieux index des chapitres, des matières et des mots]. {c}
- Valerio da Venezia (Giuseppe Ballardini, vers 1548-1618), moine capucin amateur d’occultisme.
- Le sommaire annonce six ouvrages de Lulle et ceux de six de ses commentateurs. Chacun des six livres est représenté par une roue divisée en neuf secteurs chiffrés de B à K (sans J), et introduit par une table synoptique des matières à double entrée.
- Strasbourg, héritiers de Lazarus Zetznerus, 1617, in‑8o illustré de 1 109 pages.
Chacun peut s’en faire une bonne idée en feuilletant Le Fondement de l’artifice universel, de l’illuminé docteur Raymond Lulle. Sur lequel on peut appuyer le moyen de parvenir à l’Encyclopédie ou universalité des sciences, par un ordre méthodique, beaucoup plus prompt et vraiment plus facile qu’aucun autre qui soit communément reçu. Le tout fidèlement traduit au pied de la lettre, de latin en français, suivant l’intention de l’auteur, et mis en lumière par R. L. sieur de Vassi, conseiller du roi aux baillage et prevôté d’Avallon en Bourgogne (Paris, Ant. Champenois, 1632, in‑12 de 374 pages).
V. notes [21], lettre 500, pour un exemple de la solide dialectique de Lulle, et [6], lettre 487, pour Jean Aubry, son disciple illuminé au xviie s.
« là d’où nul n’est revenu » (Catulle, v. note [11], lettre 237).
Les deux derniers maîtres cités par Guy Patin sont feu Pierre i Seguin et Jacques i Cousinot (et non leurs descendants).« difficiles à compter, tant ils sont nombreux » (Martial). Cette seconde liste de maîtres étaient encore vivants alors.
Paul Courtois (Meaux 1617-Paris 1688) avait été ce bachelier la Faculté de médecine de Paris qui avait soutenu sous la présidence de Guy Patin, le 17 décembre 1643, une retentissante thèse, « L’homme n’est que maladie ». Docteur régent en 1645, Patin le nomma censeur de la Faculté pendant son décanat (de novembre 1650 à novembre 1652) ; Courtois fut ensuite élu doyen de 1652 à 1654.
Tandis qu’il le soignait en 1661, Patin écrivait de Courtois à André Falconet : « Son mérite me fait peur de sa perte, et je le tiens un des plus sages et des plus savants de notre Compagnie » (10 mai) ; « C’est le meilleur ami que j’aie dans la Faculté et le plus honnête homme. » (17 mai).
Claude-Pierre Goujet (tome troisième, page 174, v. note [3] du Manuscrit 2007 de la Bibliothèque interuniversitaire de santé), « sur la foi d’une liste manuscrite des professeurs royaux, conservée à la Bibliothèque du roi », donne Paul Courtois comme professeur en médecine (en fonction de 1645 à 1688) ; mais ni Guy Patin ni d’autres sources que j’ai consultées ne confirment cette attribution.
À la fin de juin 1651, le duc de Mercœur, fidèle au parti de la reine, avait quitté Paris pour une destination incertaine (Dubuisson-Aubenay, Journal des guerres civiles, tome ii, page 87, 10 juillet 1651) :
« Ce soir, nouvelle est arrivée que le duc de Mercœur était à Brisach ; {a} le lendemain fausse, mais la vraie est qu’il était à Brühl, près Cologne, où il a publiquement épousé la demoiselle Mancini, nièce du cardinal. » {b}
Le duc était revenu à Paris à la fin de juillet et la double trahison dont on le soupçonnait fut immédiatement soumise à l’avis du Parlement. Mercœur ayant promis de s’y rendre, y arriva le 7 juillet « dès six heures du matin, accompagné d’une vingtaine de ses amis pour le défendre en cas d’insulte du peuple. M. le duc d’Orléans s’y trouva deux heures après, avec M. le Prince » (Journal de la Fronde, volume i, fo 457 ro et vo). À la suite d’un premier interrogatoire infructueux :
« sur l’avis de M. de Champrond, {a} qui fut suivi de 117 voix, il fut arrêté et ordonné que M. de Mercœur répondrait catégoriquement s’il était vrai qu’il fût marié et en quel temps, et si c’était du consentement du roi, de la reine, de M. le duc d’Orléans et de M. le Prince ; s’il avait fait le voyage de Cologne et ce qu’il y avait fait. Après quoi, le premier président l’ayant derechef interrogé sur tous ces chefs, il voulut encore biaiser dans les réponses, ce qui fut cause d’un grand murmure qui se leva contre lui ; en sorte qu’il fut obligé de dire tout haut qu’on ne l’interrompît point et qu’il répondrait. Ce murmure ayant cessé, il déclara qu’il était vrai qu’il était marié, que ç’avait été huit jours devant le départ du cardinal Mazarin, {b} que son contrat de mariage était signé par le roi et la reine, et par ses parents, et fait en bonne forme, que M. le duc d’Orléans même en avait été le promoteur et lui en avait parlé avant qu’il eût songé à Mlle Mancini ; à quoi Son Altesse Royale répondit que véritablement, pendant la guerre de Paris, {c} la reine l’avait fait prier par l’abbé de La Rivière et par le maréchal dEstrées de proposer ce mariage et d’y consentir, et qu’elle {d} ne voulut pas alors désobliger Sa Majesté qui le souhaitait ; qu’on lui en parla derechef au dernier voyage que la cour fit à Compiègne {e} et qu’elle ne s’en éloigna pas encore ; mais qu’au retour du voyage de Bordeaux, {f} le cardinal Mazarin lui en ayant parlé, elle retira sa parole et n’y voulut point consentir, ayant connu la mauvaise conduite et la décadence des affaires de ce cardinal ; et que même, elle en parla ensuite à M. de Vendôme et à M. de Beaufort {g} < pour dire > qu’elle n’approuvait ce mariage, et que depuis, elle n’en avait point ouï parler ; à quoi M. le Prince ajouta qu’il ferait voir le lendemain à la Compagnie, par une lettre écrite de la main du cardinal Mazarin, que Son Altesse Royale n’avait pas consenti à ce mariage. Quant au voyage de Cologne, M. de Mercœur le nia absolument et soutint qu’il n’était point sorti de France ; et après plusieurs contestations, l’on remit au lendemain la délibération qu’on avait à faire là-dessus ; […] et à la sortie l’on cria dans la salle du Palais, “ Point de Mazarin ! Point de race de Mazarin ! ” M. de Mercœur sortit par derrière la Grand’Chambre et par le logis de M. le premier président. »
- V. note [28], lettre 391.
- Pour Le Havre, le 6 février 1651.
- Janvier-mars 1649.
- Son Altesse Royale, le duc d’Orléans.
- En juin 1650.
- En octobre 1650.
- Le père et le frère cadet de Mercœur.
Raison a ici le sens de « justice, qu’on fait ou qu’on demande à quelqu’un, de l’éclaircissement de quelque doute, de la réparation de quelque injure reçue » (Furetière).
Parti (d’où dérive le mot partisan) : « traité fait avec le roi, recouvrement de deniers dont on traite à forfait ou moyennant certaines remises » (Furetière).
C’est-à-dire majeur, le 5 septembre 1651.
Comme frondeur et condéen (v. note [51], lettre 223), Chavigny, secrétaire d’État aux Affaires étrangères, avait été rappelé au Conseil par la reine en avril 1651, mais était de nouveau tombé en disgrâce en juillet suivant (Journal de la Fronde, volume i, fo 448 ro, juillet 1651) :
« Le 21 du courant, la reine ayant su que M. le Prince avait demandé dans l’assemblée du Parlement que MM. Servien, Le Tellier et Lionne fussent compris dans la déclaration qu’elle avait accordée contre le cardinal Mazarin, dit tout haut que puisqu’elle était obligée d’éloigner ses meilleurs serviteurs et leur ôter toute espérance de retour, il fallait éloigner aussi ceux qu’elle avait rappelés à la considération de M. le Prince ; dont M. de Chavigny ayant été averti le premier, pria le marquis de Mortemar et M. de Bellingant de demander pour lui son congé à la reine, ce qu’ils firent ; mais Sa Majesté ne leur ayant fait aucune réponse, il se hasarda de parler lui-même et dit à Sa Majesté qu’il appréhendait de lui être suspect dans cette conjoncture du mécontentement de M. le Prince et qu’il la suppliait, en cas qu’il fût assez malheureux pour lui donner le moindre ombrage, de lui permettre de s’abstenir de la cour. La reine ne lui repartit rien là-dessus et ce silence lui faisant juger qu’elle y consentait, il se retira chez lui et n’a point été du depuis au Palais-Royal ; mais il n’est pas sorti de Paris parce que la reine lui manda, le lendemain, qu’il demeurât. ».
« un nouveau siècle instaurera de nouvelles mœurs, et une nouvelle souveraineté de nouveaux hommes. »
« et embrasée par le désir de vengeance ».
Tibère était le fils de Livie, {a} qu’Auguste, premier empereur romain, {b} avait épousée en troisièmes noces. Livie mit tout en œuvre pour qu’Auguste, écartant tous les autres prétendants à sa succession, adoptât Tibère qui devint ainsi le second des Césars en l’an 14 de notre ère. Les débuts tumultueux du règne de Tibère occupent les chapitres vi à xvii du livre i des Annales de Tacite. Peut-être Guy Patin pensait-il précisément au début du chapitre vii :
« À Rome, cependant, tous se précipitent dans l’esclavage, consuls, sénateurs, chevaliers. Plus on était d’un rang élevé, plus on était hypocrite et empressé ; et le visage composé afin de ne pas sembler joyeux de la fin du prince {b} ni attristé par l’avènement d’un autre, {c} on mêlait pleurs, expressions de joie, gémissements et flatteries. »
- Livia (v. note [11], lettre 750).
- Auguste (v. note [6], lettre 188).
- Tibère (v. note [3], lettre 17).
« pour faire fortune, honnêtement, ou sinon par quelque moyen que ce soit » (Horace, v. note [20], lettre 181).
V. note [6], lettre 116, pour la traduction que Jacques Amyot a donnée des Vies de Plutarque. L’expression chose publique s’y lit en maints endroits comme, par exemple dans ce passage de la Vie de Cicéron (chapitre xxiv) :
« Caius Cæsar, {a} qui depuis fut dictateur, et lors {b} était encore jeune et ne faisait que commencer à venir, mais qui jà, {c} en tous ses déportements et en son espérance, prenait le chemin suivant lequel, depuis, il tourna la chose publique romaine en monarchie. »
- Caius Julius Cæsar.
- En 63 av. J.‑C.
- Déjà.
On était alors convenu de réunir les états généraux ; le clergé et la noblesse élisaient déjà leurs députés.
Journal de la Fronde (volume i, fo 456 ro, Paris, 11 août 1651) :
« Nombre de prélats qui sont ici murmurent de ce que l’abbé de Champvallon, {a} nommé à l’archevêché de Rouen, ayant été déclaré député pour les états généraux, a prêté le serment devant le bailli de Rouen, soutenant que les évêques ne doivent prêter le serment que dans l’assemblée des états ; lesquels la reine s’opiniâtre fort de faire tenir à Tours où toutes les lettres de convocation les indiquent au 8e de septembre, et le roi promet de s’y rendre même ce jour-là ; et au contraire, M. le duc d’Orléans et M. le Prince continuent à demander, avec la noblesse, qu’ils se tiennent dans Paris qu’ils ne veulent point quitter du tout. »