L. 121.  >
À Charles Spon,
le 16 avril 1645

Monsieur, [a][1]

Pour réponse à votre lettre que je viens de recevoir, je vous dirai que je me tiens très obligé de la continuation de votre affection et du bon accueil que vous faites à mes lettres, [2] lesquelles je vous écris sans cérémonie et avec le dernier caractère d’amitié, pour répondre à la vôtre dont je fais grande estime. Vous voyez même que je n’y mets aucun soin de style et d’ornements, et que je n’y emploie ni phébus, [3] ni Balzac. [1][4]

Dans le premier paquet que je vous enverrai, vous y trouverez la thèse [5] de M. Dupré [6] de la saignée fréquente et copieuse des médecins de Paris[2][7] Il est tout vrai que la saignée est un très grand remède en la petite vérole, [8][9] principalement faite de bonne heure ; mais ce mal est quelquefois si malin, et le poumon quelquefois engagé, que c’est folie de prétendre y donner secours par ce remède. C’est pourquoi le pronostic est en ce cas d’un grand usage à un médecin. J’ai coutume de dire aux mères, qui ont ordinairement grand soin du visage de leurs enfants, qu’il faut premièrement être assurés de leur vie et que je ne réponds jamais de l’événement de cette dangereuse maladie qu’après que je les ai vus plusieurs fois jouant en la rue avec les autres enfants. [3] Il n’y a point de remèdes au monde qui fassent tant de miracles que la saignée. Nos Parisiens font ordinairement peu d’exercice, boivent et mangent beaucoup, et deviennent fort pléthoriques. [4][10][11] En cet état, ils ne sont presque jamais soulagés de quelque mal qui leur vienne si la saignée ne marche devant puissamment et copieusement ; et néanmoins, si ce n’est une maladie aiguë, on n’en voit point si tôt les effets, comme de la purgation[12] Environ l’an 1633, M. Cousinot, [13] qui est aujourd’hui premier médecin du roi, fut attaqué d’un rude et violent rhumatisme [14] pour lequel il fut saigné 64 fois en huit mois par ordonnance de Monsieur son père [15] et de M. Bouvard, [16] son beau-père. Après avoir été tant de fois saigné, on commença à le purger, dont il fut fort soulagé et en guérit à la fin. Les idiots qui n’entendent pas notre métier s’imaginent qu’il n’y a qu’à purger ; mais ils se trompent, car si la saignée n’a précédé copieusement, pour réprimer l’impétuosité de l’humeur vagabonde, vider les grands vaisseaux et châtier l’intempérie du foie [17] qui produit cette sérosité, la purgation ne saurait être utile. [5] Je lui ai ouï dire à lui-même que la seule saignée l’avait guéri et que sans elle, la purgation ne lui eût jamais servi. J’ai autrefois traité en cette ville un jeune gentilhomme âgé de sept ans qui tomba dans une grande pleurésie [18] pour s’être trop échauffé à jouer à la paume, [6][19] ayant même reçu dans le jeu un coup de pied au côté droit qui provoqua la fluxion plus grande. [20] Son tuteur haïssait fort la saignée et je ne pus opposer à cette haine qu’un bon conseil, qui fut d’appeler encore deux de nos anciens, MM. Seguin [21] et Cousinot. Il fut saigné 13 fois et fut guéri dans 15 jours comme par miracle, le tuteur même en fut converti. Je vous dirai en passant qu’en ces maladies de poitrine, je me sers fort peu de sirops béchiques [7][22] des boutiques et que je crois que ce ne sont que des visions pour enrichir les apothicaires. [23] Si on m’importune de ces drogues, je préfère toujours la gelée [8][24] à tous ces sirops qui ne font que de la bile dans l’estomac et qui ne vont point au poumon. [25]

Parlons d’autre chose. On fait ici grand état du livre intitulé Religio medici[9] Cet auteur a de l’esprit, [26] il y a de gentilles choses dans ce livre. C’est un mélancolique [27] agréable en ses pensées, mais qui, à mon jugement, cherche maître en fait de religion, comme beaucoup d’autres, et peut-être qu’enfin il n’en trouvera aucun. [28] Il faut dire de lui ce que Philippe de Commynes [29] a dit du fondateur des minimes[30] l’ermite de Calabre, François de Paule : [31] Il est encore en vie, il peut aussi bien empirer qu’amender[10] La plupart des livres que vous m’indiquez de la foire de Francfort [32] ne sont pas nouveaux, j’en ai plusieurs chez moi. Pour Van Helmont [33] il n’en fera plus. C’était un méchant pendard flamand qui est mort enragé depuis quelques mois. Il n’a jamais rien fait qui vaille. J’ai vu tout ce qu’il a fait. Cet homme ne méditait qu’une médecine toute de secrets chimiques [34][35] et empiriques, et pour la renverser plus vite, il s’inscrivait fort contre la saignée, faute de laquelle pourtant il est mort frénétique. [11] Tout le peuple de Paris est ici empêché à courir après le jubilé ; [36] s’il ne le gagne, au moins gagne-t-il force crottes et quelques catarrhes [37] à force de s’échauffer. [12] Ce sera de la pratique pour nous, mais par la grâce de Dieu, je n’en suis pas trop friand et la laisse espérer à ceux qui en sont affamés. Je suis, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,

Patin.

De Paris, ce 16e d’avril 1645.


a.

Du Four (édition princeps, 1683), no iii (pages 9‑13), datée du 7 avril 1645 ; Bulderen, no iii (tome i, pages 7‑10), datée du 7 avril ; Triaire no cxxiv (pages 456‑459) et Reveillé-Parise, no clxxxiv (tome i, pages 352‑355), datées du 16 avril.

1.

« On dit proverbialement qu’un homme parle phébus lorsqu’en affectant de parler en termes magnifiques, il tombe dans le galimatias et l’obscurité » (Furetière).

La locution vient de Gaston iii comte de Foix (1331-1391), dit Phébus (Phœbus ou Fébus), autre nom d’Apollon, dieu du Jour, {a} soit à cause de sa blonde chevelure, soit parce qu’il avait mis un soleil dans ses armes, soit même à cause de sa beauté. Passionné pour la chasse, Gaston a laissé un monument de son savoir en vénerie :

Le Miroir de Phébus, des déduicts {b} de la chasse aux bêtes sauvages et des oiseaux de proie avec l’art de la fauconnerie et la cure des bêtes et oiseaux à cela propices. {c}


  1. V. note [8], lettre 997.

  2. Plaisirs.

  3. Paris, Philippe le Noir, sans date, in‑4o de 64 feuilles, pour l’une des belles éditions du début du xvie s.

Le style emphatique et embrouillé de ce traité, mêlant prose et vers, a donné naissance à l’expression que Guy Patin employait ici, en y assimilant le style ampoulé et boursouflé de Jean-Louis Guez de Balzac (v. note [7], lettre 25).

2.

Thèse cardinale de Guillaume Dupré, natif de Coutances en Normandie, disputée le 27 février 1625 sous la présidence de Jean iii Des Gorris : An medicorum Parisiensium frequentes phlebotomiæ, jure vel injuria accusantur ? [Les fréquentes saignées des médecins de Paris sont-elles justement ou injustement mises en accusation ?] (concluant à l’injustice de l’accusation). V. note [11], lettre 453, pour la réimpression de cette thèse en 1660 par Des Gorris, son auteur.

Dupré fut reçu docteur régent en janvier 1627. Le catalogue de Baron le dit Principis Condæi Med. [médecin du prince de Condé], mais il s’agit probablement d’une confusion avec son homonyme Charles Dupré, natif de Paris (v. note [26], lettre 223).

3.

Quand les complications de la petite vérole (variole, v. note [4], lettre 81), notamment pulmonaires, n’avaient pas emporté le patient, la maladie lui laissait souvent sur la peau des cicatrices indélébiles. L’idée que la vaccine (variole des vaches, cowpox) pût protéger contre la variole humaine vint au xviiie s. en observant que les vachères anglaises n’avaient pas le visage grêlé. Guy Patin faisait ici preuve de sagacité pronostique : les complications mortelles immédiates de la variole ont plus de poids que ses séquelles cutanées, qui étaient le principal souci des mères.

4.

V. note [32] du Faux Patiniana II‑1, pour un avis attribué à Guy Patin sur la saine activité physique des médecins qui couraient les rues de Paris pour visiter les malades. Il a consacré le chapitre v de son Traité de la Conservation de santé aux bienfaits et méfaits de l’exercice, mais ne prenait pas ici pléthore dans son sens médical premier d’excès de masse sanguine (v. note [8], lettre 5), mais dans celui de surcharge pondérale.

5.

Cette humeur vagabonde (ou sérosité déréglée, produite ici par l’intempérie du foie) donne une bonne illustration de la conception des maladies qui dominait alors : tout venait du dérèglement (excès ou pléthore) d’une des quatre humeurs du corps (sang, bile, atrabile, pituite, v. note [4], lettre de Jean de Nully, datée du 21 janvier 1656) ; il convenait de l’expulser (principalement par la saignée ou la purge), mais en choisissant le moment le plus opportun.

La médecine était donc alors toute symptomatique, bornant son raisonnement et ses interventions aux mécanismes, sans vraiment s’intéresser aux causes des maladies (que Guy Patin considérait comme essentiellement, sinon exclusivement liées à la nature même de l’homme).

6.

La paume, ancêtre du tennis et de la pelote basque, était (Furetière) :

« un jeu où on pousse et on repousse plusieurs fois une balle avec certaines règles. On joue à la paume avec des raquettes, des battoirs, {a} de petits bâtons et avec un panier, etc. La longue paume se dit quand on joue à ce jeu dans une grande place ou campagne qui n’est point fermée. La courte paume, ou la paume absolument, est un jeu fermé et borné de murailles qui est tantôt couvert, tantôt découvert. […] Ce mot vient du latin palma, parce qu’autrefois on poussait la balle avec la main. La paume est un exercice honnête et permis par les lois, dont les différends se peuvent régler en justice. »


  1. Battes.

7.

Béchique : remède bon pour guérir la toux. « Les fleurs béchiques du Codex sont celles de mauve ou de guimauve, d’immortelle, de pas-d’âne et de coquelicot mêlées en parties égales en poids. Les fruits béchiques sont les dattes débarrassées de leurs noyaux, les jujubes (v. note [7], lettre latine 88), les figues, les raisins (parties égales en poids) » (Nysten).

8.

Gelée (Furetière) :

« sucs qui s’épaississent en se refroidissant, soit qu’on fasse de la gelée de viandes, soit de fruits. On fait de la gelée de veau pour les malades, de la gelée de poisson, qui se fait souvent avec de la raclure de corne de cerf, {a} de la gelée de groseilles, de verjus et d’autres confitures. La gelée est une espèce de restaurant, {b} mais elle est plus alimenteuse que médicamenteuse ; et celle du restaurant au contraire. La consistance de la gelée est ferme, et celle du restaurant liquide. On fait de la gelée des os amollis avec la machine du Sr Papin, qui est bonne à manger, utile aux malades et dont on a commencé à se servir sur les vaisseaux. »


  1. Ce qui sort des bois de cerf quand on les râpe.

  2. V. note [8], lettre 451.

9.

La Religion d’un médecin, de Thomas Browne : v. note [26], lettre 113.

10.

Philippe de la Clyte, sieur de Commynes (1445-1509), conseiller de Louis xi, a laissé de célèbres Mémoires, référence historique de premier ordre, publiés pour la première fois en 1523.

François de Paule (Paule, Paolo en Calabre 1416-Plessis-les-Tours 1507) est le saint fondateur de l’Ordre des minimes (ou bonshommes), approuvé en 1474 sous le premier nom d’ermites de saint François d’Assise (v. note [26], lettre 386). Louis xi, qui l’avait fait venir en France, mourut dans ses bras en 1483 à Plessis-les-Tours.

Guy Patin empruntait au chapitre viii du livre vi des Mémoires de Commynes, Comment le roi  {a} fit venir à Tours un nommé le saint homme de Calabre, pensant qu’il le dût guérir ; et les choses étranges que faisait ledit roi pour garder son autorité durant sa maladie (passage écrit en 1491) :

« De là {b} vint devers le roi, honoré comme s’il eût été le pape, se mettant à genoux devant lui, afin qu’il lui plût allonger sa vie. Il répondit ce que sage homme devait répondre. Je l’ai mainte fois ouï parler devant le roi, qui est de présent, {c} où étaient tous les grands du royaume, et encore depuis deux mois, mais il semblait qu’il fût inspiré de Dieu aux choses qu’il disait et remontrait, car autrement n’eût su parler des choses dont il parlait. Il est encore vif, par quoi se pourrait bien changer ou en mieux, ou en pis, et pour ce m’en tais. »


  1. Louis xi.

  2. De Rome.

  3. Charles viii.

11.

Jan Baptist Van Helmont (Iohannes Baptistus Helmontius, Bruxelles 1577-Vilvorde 30 décembre 1644) appartenait à une famille noble des Flandres. Il avait fait de brillantes études de philosophie et de théologie à Louvain, mais respecta sa promesse de ne jamais solliciter les dignités académiques qui lui paraissaient des futilités propres seulement à flatter l’orgueil et la vanité. Dans la même idée, il abandonna toutes les richesses qui lui venaient de ses parents pour se consacrer entièrement aux recherches alchimiques, tout en refusant d’accepter ses composantes magiques fort en vogue à l’époque. Il s’était initié avec ardeur à la médecine dans la seule intention de la pratiquer charitablement, mais il se dégoûta des incohérences et des limitations de l’hippocratisme, et plus encore de l’humorisme galénique : il fut un des premiers, sinon le tout premier à nier l’existence de l’atrabile (v. notule {a}, note [17], lettre latine 87). Ayant fondé une famille, il se retira dans une terre près de Vilvorde où il s’occupa jusqu’à sa mort d’opérations chimiques et de théories sur l’organisation physique et mentale du genre humain. Pendant près de 30 ans, il ne quitta pas son laboratoire, tout en recevant des quantités de malades qu’il soignait avec ses principes et ses remèdes, et en refusant tous les honneurs dont divers souverains voulurent le parer.

Van Helmont fut l’un des principaux fondateurs de la médecine chimique (chimiatrie) ; nous lui devons, parmi bien d’autres observations, le mot et la notion de gaz. Réduisant en miettes le dogme des quatre humeurs (v. notule {a}, note [17], lettre latine 87), son système médical et physiologique était un développement de l’archée (v. note [14], lettre latine 98) de Paracelse à laquelle il tenta de donner un substrat anatomique : une archée particulière réside dans chacun des organes ; toutes sont soumises au gouvernement d’une archée universelle qui trône dans le cardia, orifice supérieur de l’estomac, d’où elle envoie ses ordres à l’ensemble du corps humain ; son gouvernement bien tempéré procure la santé, mais ses caprices et ses dérèglements sont la source des maladies. Esprit révolutionnaire, mais bien moins désordonné que Paracelse, Van Helmont ne pouvait que révulser Guy Patin, comme bien d’autres médecins de son temps. Toutefois, si on en retire le mysticisme outrancier, son œuvre fort originale a fourni certaines des bases sur lesquelles la médecine et la physiologie modernes se sont fondées (J. in Panckoucke).

Son livre le plus fameux est intitulé Ortus medicinæ… [Naissance de la médecine…] (Amsterdam, Louis Elsevier, 1648, in‑4o de 800 pages pour la première d’un très grand nombre d’éditions, v. note [4], lettre 340).

Sprengel (tome v, page 25) :

« Guy Patin assure que Van Helmont, victime de l’horreur que lui inspirait la saignée, mourut frénétique dans une pleurésie dont il était atteint ; mais le récit de François Mercurius [son fils] prouve que cette anecdote est fausse : Van Helmont mourut en pleine connaissance, après avoir chargé son fils de publier ses écrits. »

Dans le paragraphe intitulé Le médecin des trois S [v. note [2] de la consultation 1] contre le médecin de l’archée, Alexandrian a consacré les pages 318‑327 de son chapitre vi (La médecine hermétique et la thaumaturgie) à la défense de Van Helmont contre les attaques de Patin, mais sans hésiter à piper grossièrement ses dés :

« Van Helmont n’est pas un suiveur de Paracelse, dont il s’écarte sur bien des points. Daremberg, qui les a étudiés tous deux, le préfère même à son prédécesseur : “ C’était, comme Paracelse, un mystique, mais plus savant ; un ennemi de la tradition, mais plus érudit ; un empirique, mais plus clinicien, plus observateur ; un polémiste violent, mais plus gentilhomme. ” {a} Cet homme, persécuté par les fanatiques, parsemait ses livres d’effusions religieuses afin d’échapper au bûcher en témoignant de sa piété. Comme avant lui Galien ou Cardan, il prétendait que des songes prophétiques lui avaient dicté certaines de ses opinions. On doit se souvenir qu’il vivait au temps de Descartes qui faisait de la médecine, avec la mécanique et la morale, une des trois branches de la philosophie ; si Descartes, au moyen de “ la raison naturelle toute pure ”, localisait dans “ la petite glande nommée conarium ” (autrement dit l’épiphyse) {b} le siège de l’âme, discutait en 1640 avec Lazare Meyssonnier, médecin de Lyon, “ sur l’effigie des petits chiens qu’on dit paraître dans l’urine de ceux qui ont été mordus par des chiens enragés ”, {c} on ne doit pas s’étonner des bizarreries de Van Helmont mêlées à ses vues générales. […]

Guy Patin, avec tout son bon sens, n’a pas fait avancer la science d’un pas. Au contraire, l’excentrique Van Helmont ne tarda pas à être réhabilité : en 1670, ses œuvres traduites en français reçurent l’approbation de la Faculté de médecine de Paris, qui y reconnut “ des bons préceptes pour servir à la santé du corps humain ”. {d} On vit en lui un précurseur à cause de ses traités sur la lithiase et sur les fièvres. Bordeu s’inspira de la théorie des archées quand il parla des “ centres de vie ”, et Broussais, reprenant l’opinion de Van Helmont disant qu’il ne connaissait pas la peste ou l’épilepsie, mais des pestiférés ou des épileptiques, déclara après lui : “ Il n’y a pas de maladies, il n’y a que des malades. ” {e} En 1866, l’Académie de médecine de Bruxelles mit au concours un éloge de Van Helmont, devenu une gloire nationale de la Belgique, comme à la même époque la Suisse honorait la mémoire de Paracelse. Les deux penseurs solitaires, bêtes noires de Guy Patin, triophaient de leur contempteur qui n’est plus qu’un exemple d’intolérance. »


  1. Charles Daremberg : Histoire des sciences médicales comprenant l’anatomie, la physiologie, la médecine, la chirurgie et les doctrines de pathologie générale. Tome premier, depuis les temps historiques jusqu’à Harvey (Paris, Jean-Baptiste Baillière et fils, Paris, 1870, in‑8o), chapitre xvii, Van Helmont, pages 47‑1472. Alexandrian a omis de citer la fin du paragraphe :

    « Van Helmont, quoiqu’il s’en défende et quoi qu’on en dise, emprunte beaucoup de détails et l’idée générale à Paracelse, qu’il dénigre plus qu’il ne le loue. Van Helmont n’a pas imaginé les rouages de son système, mais il a su en faire une machine plus régulière, moins ridicule que celle de Paracelse, car il y a entremêlé quelques connaissances plus exactes qui ont servi, pour ainsi dire, de liens et de moteur. Il n’a pas réformé la médecine, mais seulement allégé et épuré la chimiatrie. Je suis bien sûr que parmi les nombreux panégyristes actuels de Van Helmont, il n’y en a pas un, s’il est médecin et s’il suit attentivement le mouvement de la science, qui voulût signer aucun des écrits de Van Helmont, même le meilleur. »

  2. V. note [9], de la lettre non datée (début 1651) de Samuel Sorbière.

  3. Citation tronquée de la lettre lxiii de Descartes à un destinataire inconnu, sans lieu, le 29 janvier 1640 (Œuvres philosophiques de Descartes… par Adolphe Garnier, Paris, L. Hachette, 1835, in‑8o, pages 281‑282) :

    « Mais pour ces effigies de petits chiens qu’on dit paraître dans l’urine de ceux qui ont été mordus par des chiens enragés, je vous avoue que j’ai toujours cru que ce fût une fable, et que si vous ne m’assurez de les avoir vues bien distinctes et bien formées, j’aurai encore maintenant de la peine à les croire, bien que, s’il est vrai qu’elles se voient, la cause en puisse en quelque façon être rendue ainsi que celle des marques que les enfants reçoivent des envies de leurs mères. »

  4. Les Œuvres de Jean Baptiste Van Helmont, traitant des principes de médecine et physique, pour la guérison assurée des maladies ; de la traduction de M. Jean Le Conte, docteur médecin (Lyon, Jean-Antoine Huguetan et Guillaume Barbier, 1671, in‑4o, correspondant au seul Ortus medicinæ), avec Approbations des docteurs de la Faculté de Paris signées par deux obscurs Lyonnais, un docteur de Sorbonne dénommé Arroy, et un médecin dénommé E. Vial, « docteur de Paris » ; Patin n’a pas mentionné cet ouvrage dans ses lettres.

  5. Théophile de Bordeu (1722-1776) fut un tenant du vitalisme (explication des phénomènes physiologiques et pathologiques par l’influence du principe vital), et François Broussais (1772-1838), l’éphémère champion de l’inflammation (v. note [6], lettre latine 412) et de la saignée (sangsues), qu’il considérait respectivement comme l’explication et le remède de tous les maux.

12.

Catarrhe est un mot qu’on n’emploie plus guère en médecine : « fluxion et distillation d’humeurs sur le visage, sur la gorge ou sur autre partie du corps. Les catarrhes proviennent ordinairement de chaleur ou de froideur excessives, ou de la réplétion du cerveau, et de la débilité de la partie recevante. Quand ces fluxions tombent sur la gorge ou sur la poitrine, on les appelle rhumes. Ce mot vient du grec catarreô, qui signifie defluo [je coule d’en haut] » (Furetière).

Nysten a fourni plus de détails :

« On pourrait admettre autant d’espèces de catarrhes qu’il y a de membranes muqueuses distinctes. Les principaux sont le catarrhe pulmonaire, le catarrhe de la vessie (cystite), celui de l’oreille (otite). Le catarrhe pulmonaire est une inflammation [v. note [6], lettre latine 412] superficielle des follicules de la trachée-artère et des bronches, susceptible d’envahir assez souvent toute la membrane muqueuse, de l’ulcérer, de se propager au tissu pulmonaire et de devenir la cause de la phtisie appelée muqueuse ou catarrhale. Le catarrhe pulmonaire est, pour l’ordinaire, une affection peu grave, mais sujette à récidive et très susceptible de passer à l’état chronique. Cette maladie est caractérisée par la toux, un sentiment d’ardeur et de picotement dans les voies aériennes, une expectoration d’abord écumeuse, puis opaque et jaunâtre. Elle se termine ordinairement par la guérison. Le catarrhe suffocant est une variété très grave du catarrhe pulmonaire, accompagné de suffocation imminente. »

En termes modernes, le catarrhe pulmonaire évoque : dans sa forme simple, le rhume, la bronchite ou la broncho-pneumonie aiguë ; dans sa forme récidivante, la bronchite chronique ; dans sa forme suffocante, toute forme d’insuffisance respiratoire aiguë (asthme grave, œdème aigu du poumon, pneumonie grave, obstruction du larynx, pneumothorax, etc.).

Guy Patin avait déjà parlé des méfaits du jubilé sur les voies respiratoires des pèlerins (v. note [8], lettre 110).


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 16 avril 1645

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(Consulté le 26/04/2024)

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