Je vous mandai tout ce que je savais par ma lettre du 12e. Mme la duchesse d’Orléans [2] n’est point encore partie pour aller en Angleterre et il n’y a encore rien de certain sur l’élection d’un nouveau pape. [3] Pour le roi, [4] il est constant que son voyage ne durera pas si longtemps que l’on disait il y a un mois. Ils ont trouvé en ce pays-là beaucoup d’empêchements en leur passage à cause des eaux. Sa Majesté a aujourd’hui couché dans Arras. [1][5]
Enfin, le bonhomme cardinal Altieri est pape, âgé de 82 ans. On dit qu’il est Romain de flumine magno et que celui qui le suivra est marqué sous l’épithète de bellua vorax. [2][6] Ô que ce titre conviendra bien au Grand Turc [7] s’il vient en Italie pour y faire la guerre, comme elle en est bien menacée ! [8] Et si cela arrive, que deviendront tant de colonies de gens oiseux, de ventres paresseux, tant de troupes de moines [9] qui sont en ce pays-là et qui vivent sans rien faire à l’ombre d’un crucifix, qui per aliquam religionis simulationem alimenta inertiæ quærunt ? [3][10] On parle ici d’une nouvelle Assemblée du Clergé [11] qui sera composée de plusieurs archevêques, évêques, députés du second ordre, et des agents qui sont déjà retenus. [4] Les lettres de la cour portent que le roi sera de retour de son grand voyage de Flandres [12] le 16e de juin prochain à Saint-Germain. [5][13] Dieu veuille bien les ramener tous en bonne santé, mais nous ne savons pas encore si Mme la duchesse d’Orléans est en état d’aller à Douvres pour y voir le roi d’Angleterre, [14] son frère.
Je vous remercie de votre dernière lettre du 9e de mai. Depuis que le roi est parti, je n’ai rien entendu dire de comite archiatro, [6][15] ni de l’autre [16] qui est ici sub pretextu calculi, ad cuius extractionem si deveniatur. [7][17] Je ne sais lequel des deux Colot [18][19] sera choisi. Il ne m’importe, mais ce Gascon est bien atrabilaire [20] et me semble de mauvaise chair. Je vous trouve bien heureux, Monsieur, d’être aux bonnes grâces de M. Denyau [21] le fils, puisqu’il vous a envoyé sa harangue ; n’est-ce pas un chef-d’œuvre de l’art oratoire ? [8] Notre Collège royal [22] voudrait pourtant bien qu’il ne l’eût jamais fait imprimer. Plusieurs autres ont été faites à même dessein, qui n’ont pas vu le jour. Ces impressions appartiennent à Turnèbe, [23] à Lambin, [24] à Passerat, [25] à Critton, [26] à M. Bourbon, [27] à MM. Valens [28] et Grangier, [29] à MM. Du Val [30] et Moreau, [31] Du Chevreul, [32] Padet [33] et autres illustres, avec lesquels ce petit myrmidon n’entrera jamais en parallèle, [9][34] si ce n’est comme un petit lumignon de chandelle, aut tanquam titio fumigans, [10] avec le soleil. Mais que faire ? les aveugles enragent de voir clair, les boiteux veulent courir, il n’y a point de corps qui n’ait sa partie honteuse. Il nous faut prendre patience, peut-être qu’il s’amendera et qu’il deviendra plus sage ; il est encore bien ignorant, bien sotelet et bien innocent, [11] aussi est-il encore jeune et bien badin.
J’ai entre mes mains deux de nos compagnons bien malades, qui languissent en attendant que le beau temps vienne. Les rhumatismes [35] de l’hiver passé ont de la peine à s’en aller, eorum reliquiæ adhuc nos exercent, [12] mais il n’y a point d’hydropisie, [36] ni aucun dangereux reste. Pour le scorbut, [37] il n’y en a tantôt plus, il n’a point été malin cette année. [13] Quelques-uns parlent du roi d’Angleterre qui a épousé la princesse de Portugal : [38] il la veut répudier à cause de sa stérilité, comme eût fait Henri ii [39] à sa femme Catherine de Médicis [40] si Fernel [41] ne s’en fût heureusement mêlé, de laquelle il recevait chaque fois qu’elle accouchait 10 000 écus, à ce que dit Louis Dorléans [42] en sa Plante humaine et qu’il m’a dit autrefois lui-même. [14] Je l’ai connu l’an 1626 et je me souviens bien de diverses choses qu’il m’a dites. L’année suivante, il tomba en une pleurésie [43] pour laquelle il fut saigné deux fois, [44] et en guérit, âgé de 85 ans, et ne mourut que deux ans après. M. le commandeur de Souvré, [15][45] qui est aujourd’hui grand prieur de France, est mort âgé de 70 ans.
On me vient d’assurer que M. Colbert, le capitaine des mousquetaires, [46] a été disgracié du roi pour quelque plainte faite contre lui, et que M. de Louvois [47] n’est plus général des postes ; et alia quoque dicuntur, et clam circumferuntur per vulgus, quæ tuto non possunt nec debent chartæ committi. [16] On dit qu’il y a un Code criminel [48] nouveau que le roi a envoyé chez M. le premier président, [49] et qui sera envoyé au Parlement après le retour du roi. [17] Mon fils aîné [50] était allé à Lagny, [51] où il a quelque bien du côté de sa femme, [18][52] à la fin du carême, pour y prendre du lait d’ânesse ; [53] ce qu’il a fait et qui n’a guère servi ; la saison y a été contraire jusqu’à présent. Cela l’a obligé de revenir à Paris où je le trouve bien mal fait, avec une fièvre lente [54] et de mauvais crachats qui me font grand’peur. Nous n’avons encore eu depuis Pâques de beau temps que deux beaux jours. Interea augetur morbus gliscitque medendo, dum vires infirmantur ; o me miserum in filiis meis ! [19] Si Dieu veut, il aura pitié de nous. Je vous baise très humblement les mains et suis de tout mon cœur votre, etc.
De Paris, ce 23e de mai 1670.
Bulderen, no dxvii (tome iii, pages 373‑376) ; Reveillé-Parise, no dcccviii (tome iii, pages 743‑746).
Après Landrecies, la cour était allée au Quesnoy (7 mai), pour séjourner à Arras (du 12 au 14), d’où on alla à Douai, Tournai, Oudenarde, Courtrai, et à Lille (22 mai).
Mlle de Montpensier (Mémoires, seconde partie, chapitre xi, pages 128‑130) :« Madame était fort triste pendant ce voyage : elle parlait peu, avait toujours la tête basse ; comme elle prenait du lait, elle ne soupait point avec nous ; elle mangeait de bonne heure et souvent elle s’allait coucher. Le roi l’allait voir, il avait de très grands égards pour elle. Monsieur n’était pas de même : il ne perdait pas une seule occasion dans le carrosse de lui dire des choses malagréables ; entre autres, on parlait un jour de prédictions, il dit : “ On m’a prédit que j’aurais plusieurs femmes, et je le crois car, en l’état où est Madame, on peut croire qu’elle ne vivra pas et aussi, on lui a prédit qu’elle mourrait bientôt. ” […]
On séjourna un jour à Courtrai où Monsieur ne fut pas de bonne humeur, puis à Lille où Madame garda le lit pour se reposer, devant le lendemain aller à Dunkerque pour s’embarquer. Tout le monde lui fut dire adieu. Elle avait beaucoup de chagrin de voir l’état où Monsieur était et comme il faisait paraître son chagrin à tout le monde. Le roi fut un peu indisposé, il ne laissa pas de sortir, mais il ne mangea pas à table. Le jour que Madame partit, {a} en attendant le dîner, la reine priait Dieu. Nous étions, Monsieur et moi, dans sa chambre ; il ferma la porte et s’emporta beaucoup contre elle, {b} et de la manière dont il me parla, j’eus lieu de croire qu’ils ne se raccommoderaient jamais ; ce que je vis avec beaucoup de déplaisir. »
- Le 23 mai.
- Contre Madame.
La mission de Madame en Angleterre était diplomatique et de première importance : obtenir du roi Charles ii, son frère, un accord d’alliance avec la France contre les Provinces-Unies ; ce fut le traité secret de Douvres, conclu le 1er juin.
La Prophétie des papes ou Prophétie de saint Malachie (évêque irlandais d’Armagh au xie s., canonisé au xiie s., ami de Bernad de Clairvaux) publiée pour la première fois en 1595 et sans doute apocryphe, attribue une devise à chacun des 111 successeurs du pape Célestin ii (1143-1144) jusqu’au pontificat fixé pour la fin du monde. Beaucoup ont voulu déceler une signification exacte (mais généralement fort alambiquée) à ces oracles latins.
Il est heureux qu’il en soit ainsi car une version imprimée à Paris (R.J.B. de la Caille, 1677, in‑fo de 4 pages) se conclut sur ce dernier article :
In persecutione extrema sæva Romanæ Ecclesiæ sedebit Petrus Romanus, qui pasceat oves in multis tribulationibus ; quibus transacti, Civitas septi colles diruetur, et Iudex tremendus judicabit populum.« Dans la dernière persécution de Ste Église Romaine il y aura un Pierre Romain élevé au Pontificat. Celui-là paîtra les brebis commises à sa conduite dans de grandes infortunes : et ce temps fâcheux étant passé, la Ville à sept montagnes sera détruite ; et le Juge redoutable jugera le monde. »
« qui, par quelque simulacre de religion, cherchent à nourrir leur paresse » (Valère Maxime, v. note [7], lettre 41).
« Les états de France sont composés de trois ordres, l’Église, la Noblesse et le Tiers État. Le Clergé est composé de deux ordres : le premier ordre comprend les cardinaux, archevêques et évêques ; le second ordre est celui des abbés, des doyens, chanoines et autres ecclésiastiques » (Furetière). « Agents » est à prendre pour représentants (députés).
La cour fut de retour à Saint-Germain le 7 juin.
« du premier médecin du roi [le comte archiatre] ». La santé d’Antoine Vallot était trop mauvaise pour qu’il pût partir avec le roi en Flandre. Antoine D’Aquin l’y remplaçait (v. note [8], lettre 1004).
« sous prétexte de pierre, et si on en viendra à l’extraire. » Cet autre médecin de la cour, que Guy Patin ne nommait pas, était Jean-André Esprit, médecin de Monsieur.
Alexandre-Michel Denyau, fils de Mathurin (v. note [27], lettre 392), avait été reçu docteur régent de la Faculté de médecine de Paris en 1658 ; il avait succédé à son père dans la chaire de médecine du Collège de France et y avait prononcé son discours inaugural le 23 juin 1669 :
Alexandri Michaelis Denyau Doctoris Medici Parisiensis, Regis Christianissimi Munificentia Medicinæ Lectoris et Professoris Regii Oratio inauguralis habita Parisiis die Dominica 23. Iunii 1669 in novo Franciæ Collegio ; qua maximam Regum gloriam in viris Litteratissimis positam esse demonstratur.[Discours inaugural d’Alexandre-Michel Denyau, docteur en médecine de Paris, lecteur et professeur royal par la munificence du roi très-chrétien, prononcé à Paris le dimanche 23e de juin 1669 dans le nouveau {a} Collège de France, où il est montré que la plus grande gloire des rois est fondée sur les hommes les plus instruits]. {b}
- Je n’ai pas trouvé la justification de cette épithète dans le texte de Denyau.
- Paris, Robert de Nainville et Pierre Baudouin, 1669, in‑4o de 12 pages
Dans son « chef d’œuvre de l’art oratoire », Denyau fait l’éloge pompeux de tous ses nouveaux collègues, dont les deux Patin (pages 10‑11) :
Virum illustrem nomine et fama, non Galliæ solum, non Europæ, sed toti orbi ubi Medicina exercetur notissimum Guidonem Patinum jam celebro, cujus primæ notæ Authores honorificam fecerunt mentionem, qui non parum ipsi debere fatentur : cum is eorum volumina diurna nocturnaque manu versando et evoluendo in ordinem digesserit et ad incudem sæpe revocaverit, ex quibus delectabilia et fructuosa collegit, philiatris saluberrimo stylo palam ex tempore producenda. Huic succenturiatus.Robertus Patinus tanti patris chara progenies, juvenum studia promovere et ad optatum finem perducere non recusabit, ne boni et utiles Medici universo Galliæ Imperio deficiant.
[Je célèbre maintenant Guy Patin, cet homme illustre par sa gloire et son renom, qui s’étendent non seulement à la France, mais à l’Europe et à tous les pays du monde où s’exerce la médecine, et que les auteurs de première qualité citent avec honneur, en reconnaissant ne pas lui être peu redevables : car, en les remuant et feuilletant jour et nuit, il a mis bon ordre à ses volumes et les a souvent fait imprimer ; de sa très salubre plume, il y a recueilli le savoir délectable et fructueux qu’il faut sur-le-champ mettre sous les yeux des philiatres. Il s’est désigné pour successeur :
Robert Patin, chère progéniture d’un si grand père, qui ne refusera pas de promouvoir les études des jeunes gens et de les conduire jusqu’au bout du métier qu’ils ont choisi, de façon que tout le royaume de France ne manque point d’utiles médecins].
Les Myrmidons sont un peuple « de Thessalie que les fables des païens ont dit être nés de fourmis, sur la prière que le roi Jacus en fit à Jupiter après que son royaume fut dépeuplé par la peste. Ce mot est venu en usage dans notre langue pour signifier un homme fort petit ou qui n’est capable d’aucune résistance » (Furetière).
Les professeurs royaux qui avaient fait imprimer leurs discours inauguraux sont, dans l’ordre de citation par Guy Patin (qui n’avait pas eu la vanité ou le loisir de publier le sien, dont ne subsiste que l’affiche, v. note [25], lettre 392) :« ou comme un tison fumant ».
Lumignon : « le bout de la mèche d’une bougie ou d’une chandelle allumée. En mouchant la bougie, le lumignon est tombé. Il se dit aussi de ce qui reste d’un bout de bougie ou de chandelle qui achève de brûler. Voilà une bougie qui va finir, il ne reste plus qu’un petit lumignon » (Académie).
Sotelet : « un peu sot, crédule » (La Curne).
« leurs séquelles ne nous laissent pas encore en repos ».
V. note [1] et suivantes, lettre 977, pour le scorbut qui avait frappé les pensionnaires de l’Hôpital général à la fin de l’hiver 1669-1670. La maladie se dissipait d’elle-même avec le retour des légumes verts et des fruits dans l’alimentation.
Louis Dorléans a disserté sur la fécondité de Catherine de Médicis dans sa Plante humaine, {a} (pages 148 ro‑150 vo) :
« C’est que la feu reine votre tante, {b} que Dieu absolve, mariée au roi Henri ii de bonne mémoire, fut longtemps en mariage sans avoir enfants. Le roi, beau, grand et jeune, s’ennuya de n’avoir ce soulagement de nature, et fut fort conseillé de la répudier et épouser une princesse qui vivait alors, et dont il pourrait tirer de grands avantages pour le repos de la chrétienté et le bien particulier de son État. {c} Toutefois, ce prince, qui l’aimait et honorait, délibéra tenter tous les moyens auparavant que d’en venir à ce point. On chercha donc des médecins, et à Paris principalement, où il y en avait lors un bon nombre de doctes et expérimentés, afin de voir s’il y aurait moyen que la reine eût lignée du roi son mari. Ceux de Paris ne voulaient pas laisser leurs maisons et leur repos, et leurs gains ordinaires qui sont grands, et le plaisir de leurs amis et de leurs possessions, pour être en une suite de cour, qui a des mésaises aussi bien que des contentements. Finalement, quelque gentilhomme s’avisa de M. Fernel, qui a été de son temps l’Hippocrate et le Galenus des Français, et le plus relevé et illustre en la médecine que médecin ait été de jamais en la France, où lors la médecine était en grand prix. […] Or Fernel lors vivait inconnu, avec sa femme et ses enfants, et avec quelques difficultés, et ne savait-on pas qu’il fût médecin, même qu’il fût en la nature. Car son beau-père, homme d’honneur et de moyen, portait les frais de son ménage ; lequel, à ce qu’on dit, se plaignait qu’il ne gagnait rien, bien que ce fût un des plus signalés et honnêtes hommes qui fût à Paris, et que sa fille n’eût pu rencontrer personne qui eût de meilleures mœurs et plus de savoir. {d} Le roi donc l’envoya quérir et en la présence de la reine, lui demanda en riant s’il pourrait bien faire des enfants à la reine sa femme. Il répondit que c’était à Dieu à les donner et à Sa Majesté les faire, et à lui de lui donner les préceptes de l’art par lesquels on pourrait y parvenir. Le roi, satisfait de cette sage réponse, l’invite ardemment de l’entreprendre et le reçoit gracieusement en sa maison, et le gratifie libéralement. Somme que {e} quelque temps après la reine se sent grosse, de quoi elle fut si aise qu’ayant senti le fruit qu’elle portait, elle lui envoya dix mille écus ; et quand elle accoucha, encore autant, et un buffet d’argent davantage. Autant en fit-elle à toutes ses couches. Et de là vinrent tant de rois et tant de princes et de princesses, dont la France a heureusement joui depuis. {f} Et fut connu être vraies deux maximes : la première, que Dieu et, après Dieu, les rois peuvent de rien faire quelque chose, car la reine rendit en peu de temps et par ses libéralités ledit Fernel de pauvre riche et de mal aisé bien heureux ; la seconde, être vrai ce que dit Homère en ces vers,
Le sage médecin vaut mieux en une ville,
Quand il serait lui seul, que d’hommes plusieurs mille. » {g}
- Discours adressé au tout jeune roi Louis xiii, Paris, 1612, v. note [7], lettre 128.
- Terme contestable car il n’y avait pas de lignage direct entre Catherine Médicis et Louis xiii : elle était la mère de Marguerite (la reine Margot), première épouse de Henri iv, père du jeune roi, et cousine très éloignée de sa mère, Marie de Médicis.
- Le roi Henri ii, né en 1519, épousa Catherine de Médicis en 1533, devint dauphin en 1536, puis roi en 1547. Son fils aîné, le futur roi François ii, naquit en 1544. Neuf enfants le suivirent, dont deux autres qui devinrent rois de France (Charles ix et Henri iii), et une fille, Marguerite.
Je n’ai pas identifié la princesse (semble-t-il favorable à la Réforme) avec qui Henri aurait pu se marier s’il avait répudié Catherine.
- En 1531, Jean Fernel (v. note [4], lettre 2) avait épousé Madeleine Tournebulle, fille d’un conseiller au Parlement de Paris (v. note [29] du Faux Patiniana II‑3).
- Tant et si bien que.
- V. note [8] du Borboniana 2 manuscrit, pour les spéculations médicales sur la stérilité du couple royal.
- Annotation marginale : « Homerus Ill. 11. Ητρος γαρ ανηρ », qui renvoie au vers 514 du chant xi de L’Iliade, ιητρος γαρ ανηρ πολλων ανταξιος αλλων… [car le médecin vaut bien d’autres hommes…] (v. deuxième notule {a}, note [16], lettre 126).
Jacques de Souvré (1600-1670), commandeur de l’Ordre de Malte, était fils du maréchal Gilles de Souvré (v. notule {b}, note [75] des Deux Vies latine de Jean Héroard), et frère de Françoise de Lansac (v. note [7], lettre 85) et de la marquise Madeleine de Sablé (v. note [47], lettre 101). Protégé d’Anne d’Autriche, il était devenu en 1661 ambassadeur de Malte à Paris, puis grand prieur de France en 1667 (Coirault).
« et l’on dit aussi d’autres choses, qui circulent en cachette dans le monde, et ne peuvent ni ne doivent être confiées en sécurité au papier. »
V. note [2], lettre 974, pour Édouard François Colbert, comte de Maulévrier. Louvois (v. note [5], lettre 728) avait été nommé surintendant des Postes le 3 juin 1668. Grand vicaire de l’Ordre de Saint-Lazare en janvier 1670, il se consacra dès lors à la Guerre et aux Affaires étrangères.L’inventaire après décès de Robert Patin (an mc liasse et/cii/69, 7 juin 1670) {a} mentionne (item 4 des titres et papiers, fo 10 vo) que sa veuve, née Catherine Barré, avait un oncle, nommé Charles Constant, de son vivant procureur de roi au grenier à sel de Lagny, {b} et enregistre (item 18, fo 13 ro) que :
« Dans un grand sac, sont trouvés les titres, contrats et pièces concernant la propriété des dits biens immeubles de ladite damoiselle veuve, situés tant devers Lagny qu’à Meaux et ses environs, lesquels titres les parties n’ont désiré aussi être plus particulièrement exprimés pour éviter à prolixité croire ; {c} seulement inventorié sur l’étiquette pour le tout. »
- V.note [8] de La maison de Guy Patin, place du Chevalier du Guet.
- V. note [8], lettre 27.
- Pour ne pas ennuyer inutilement.
« Pendant ce temps la maladie augmente et résiste aux soins, tandis que les forces s’affaiblissent : ô que je suis malheureux en mes deux fils ! »
L’exclamation pathétique de Guy Patin sous-entendait l’exil de Charles et non seulement la maladie, mais aussi la mauvaise conduite de Robert et de son épouse (v. note [4], lettre 1003).Patin en devint même le sujet d’une terrible accusation dont parle la Préface de la première édition des Lettres (1683) et ses auteurs (Charles Patin et Jacob Spon), qui est développée dans l’Autobiographie de Charles Patin (v sa note [55]). La querelle qui opposa Patin à son fils Robert et à sa bru, Catherine Barré, fut telle qu’elle aboutit à la banqueroute du père et à sa misérable fin de vie (v. Comment le mariage et la mort de Robert Patin ont causé la ruine de Guy).