L. latine 381.  >
À Sebastian Scheffer,
le 4 décembre 1665

[Ms BIU Santé no 2007, fo 199 vo | LAT | IMG]

Au très distingué M. Sebastian Scheffer, docteur en médecine, à Francfort.

Très distingué Monsieur, [a][1]

J’ai reçu vos dernières lettres qui m’ont merveilleusement fait revivre. J’ai remis celle que vous avez destinée au parent de votre épouse, [2][3] que je salue de tout cœur, et lui ai versé la somme que vous m’aviez indiquée ; mais il n’en a accepté que 18 livres tournois, six écus ; [1] il m’a laissé le restant à lui payer comptant une autre fois, ce que j’exécuterai fidèlement. Il m’a aussi promis de m’apporter une lettre où il vous en rendra compte. Je connais très bien Sebastian Switzer, [4] c’est un homme très honnête et de grande confiance, il me remettra sans aucun doute tout ce qu’il recevra de Beyer. [5] Je loue la fidélité de l’un et salue l’autre, en le remerciant pour ses cadeaux, sans les avoir encore vus. [2] Je souhaite que vous parveniez rapidement à bout de la nouvelle édition du livre de Medicamentis officinalibus ; je ne doute pas que vous ayez reçu l’errata écrit de la main du très illustre auteur. [3][6][7] De toute cette année passée, je n’ai reçu [Ms BIU Santé no 2007, fo 200 ro | LAT | IMG] aucune de vos lettres par l’intermédiaire de M. Du Clos ; [8] je crains fort qu’elles ne se soient égarées.

Tel n’est heureusement pas le cas, car en voici une qui me parvient à l’instant même, et je vous en remercie. J’espère que les manuscrits du très distingué Hofmann, [9] de Humoribus, de Calido innato, etc., vous sont bien parvenus et qu’ils verront enfin le jour grâce à vous ; les imprimeurs d’ici sont en effet Gallico gelu frigidiores[4][10][11][12] Je vous remercie beaucoup pour la lettre de M. Lotich que vous m’avez fait parvenir, [13] je le salue de tout cœur, et lui répondrai dès que j’en aurai le loisir et que ma maison, qui croule presque de vieillesse, aura fini d’être restaurée, et que je n’aurai plus affaire aux maçons et autres ouvriers de cette espèce. [5][14] Nous vivons de méchants jours et des temps fort cruels, à moins que deus aliquis, tanquam e machina[6] ne vienne au secours de la France tout entière, car tout entière elle souffre cruellement : Italus ille nebulo purpuratus etiam mortuus adhuc imperat. Dii meliora ! [7][15] Vale, très distingué Monsieur, et continuez de m’aimer comme vous faites.

De Paris, le 4e de décembre 1665, jour même où, voici 23 ans, s’en est allé dans l’au-delà Armand Jean, cardinal de Richelieu, [16] qui n’a pas été meilleur que son successeur.

Vôtre de tout cœur, Guy Patin.

J’apprends que Sebastian Switzer viendra ici le mois prochain ; écrivez-moi par son intermédiaire, s’il vous plaît, ainsi qu’à votre parent, au sujet des deux livres du très distingué Hofmann, mais surtout de son manuscrit.

Au même. [8]

Très distingué Monsieur,

Je reçois à l’instant même votre lettre que m’a transmise M. Du Clos, tandis que je m’apprêtais à sceller la mienne. Je n’attends plus aujourd’hui que le paquet expédié par M. Widerholdt, imprimeur de Genève ; [17] je l’espère avant la fin de ce mois, car j’ai écrit pour cela à Genève. [9] Je m’étonne de l’impudence des gens et de l’injustice du siècle : j’avais envoyé pour vous à M. Horst [18] un paquet et une lettre que je vous destinais, en le priant de vous les remettre ; j’avais confié le paquet à Sebastian Switzer et la lettre au jeune Horst, [19] lequel apprend la médecine sans y être fort diligent ; mais après avoir quitté Paris, il s’est arrêté à Bâle pour étudier sous la férule de M. Bauhin. [20] Loué soit Dieu tout-puissant, puisque vous avez quand même fini par tout recevoir ! Songez donc sérieusement, je vous prie, aux futures éditions tant des trois traités manuscrits du très distingué M. Hofmann, de Humoribus, etc., que de son livre de Medicamentis officinalibus. Avec ces deux publications, vous gratifierez sans nul doute la postérité savante d’un immense bienfait et vous vous attacherez aussi tous les amis de feu ce très vénérable vieillard. [10] Je m’étonne pourtant que vous ayez vu mon paquet ouvert chez M. Horst, à qui je l’avais envoyé bien enveloppé et ficelé afin qu’il vous le rendît en cet état. O hominum divumque fidem ! [11][21] où donc te niches-tu ici-bas aujourd’hui ? Il est aisé de tromper un ami, mais je serai désormais plus sage et ne souffrirai plus qu’on me dupe ainsi. Je vous demande de faire accomplir toutes vos commissions par M. Strauss, [22] car ces trois manuscrits de notre immense auteur sunt mihi auro contra chara[12] Tout le temps que je les ai eus en mains, je n’y ai pas lu d’épître dédicatoire et j’ignore s’ils en ont jamais contenu une seule. Je n’ai encore rien vu de ce traité de Simon Paulli de Abusu tabaci, etc., mais en ai pourtant entendu parler ; [13][23][24] cet auteur a ici un fils qui étudie la médecine. [25] J’ai vu plusieurs éditions de ma thèse An totus homo sit à Natura morbus ? ; [26] le très distingué Jan van Beverwijk, [27] qui fut mon ami tout le temps qu’il a vécu, en a publié une à Rotterdam. [14] J’ai ici le nouvel Hippocrate de Vander Linden. [28][29] Je n’ai vu ni le Conatus anatomicus de Lorenz Strauss, ni les autres traités de Crammius, ni Kozak de Hæmorrhagia, etc[30] J’ai ici le Campus Elysius ; [15][31] j’espère que j’aurai enfin tout ce qui me reste à voir. Je vous enverrai le Dion Chrysostome[32] avec le Libanius ; [33] je les [Ms BIU Santé no 2007, fo 200 vo | LAT | IMG] remettrai à Sebastian Switzer et il vous les portera quand il sera rentré à Francfort. [16] Je suis encore profondément peiné par la mort de votre très distingué père, ce vénérable vieillard. [34] Dieu fasse pourtant que, pour notre soulagement commun, croisse et fructifie votre petit garçon, et bien que je sois loin de lui, je l’embrasse du fond du cœur ; je vous prie donc de lui faire un baiser, ainsi qu’à sa mère. Tout est incertain en l’état présent des affaires par toute l’Europe : rien pourtant ne me semble si fort à redouter que l’ambition de tous ces princes, avec leur haine mutuelle et leur rage de faire la guerre. Je ne m’étonne ni ne me soucie des comètes, [35] ce sont des manifestations célestes qui terrifient le sot petit peuple, mais qui n’annoncent aucun malheur et ne nuisent à personne. [36] Presque tous les partisans et les concussionnaires, qui ont naguère misérablement tondu notre très fougueux royaume sous les deux empourprés qui l’ont gouverné, [7] sont ici accablés par le tribunal royal qu’on a institué à cette fin, et on lui donne le joli nom de Chambre de justice ; [17][37] on les enjoint sévèrement de rendre ce qu’ils ont pris ; unde iræ et lacrymæ [18][38] de nombreuses familles, car on plaide contre eux tous, et ce fort légitimement et au nom du roi. [39] Dii meliora ! [19] Vale.

Le même jour que ci-dessus, 4e de décembre 1665.

Vôtre et leur, [20] Guy Patin.


a.

Brouillon autographe d’une double lettre (v. infra note [8]) que Guy Patin a écrite à Sebastian Scheffer, ms BIU Santé no 2007, fos 199 vo‑200 vo.

1.

L’italique est en français dans le manuscrit.

Afin d’acheter un miroir qu’il voulait offrir à son épouse, Sebastian Scheffer avait confié 42 livres tournois (14 écus) à Guy Patin (v. note [6], lettre latine 355) ; mais le projet avait tourné court car il s’était avéré trop périlleux de transporter un objet si fragile de Paris à Francfort.

2.

V. note [5], lettre latine 380, pour la dette de Johann Beyer envers Guy Patin.

3.

V. notes :

4.

« plus froids que la glace de Gaule » ; emprunt au chapitre xix du Satyricon de Pétrone où, dans une joute amoureuse, Encolpe se dit frigidior hieme Gallica.

Ce passage a aussi inspiré Jean Barclay dans son propre Satyricon (Euphormion, v. note [20], lettre 80), première partie, page 16, édition de Francfort, 1623 :

Cohorrui ad hæc dicta, et Gallico gelu frigidior metus etiam intimum calorem tentavit.

[À ces mots, je frissonnai et un effroi plus froid que la glace de Gaule saisit même ma chaleur intérieure]. {a}


  1. Phrase que Jean Bérault (1640) a traduite par « Ce discours m’étonna si extrêmement que je devins plus froid que la glace », avec cette note : « Où j’ai mis glace simplement, le satiriste ajoute gauloise, à l’imitation de Pétrone. Leur raison [à tous deux] est que la Gaule, étant selon son ancienne étendue presque toute septentrionale, est sujette à de rudes hivers. »

V. note [1], lettre latine 344, pour l’expédition à Francfort, en mars 1665, des trois précieux traités manuscrits de Caspar Hofmann que possédait Guy Patin, mais dont il n’était pas parvenu à obtenir l’impression en France : « des Humeurs », « de la Chaleur innée » et de Partibus similaribus [des Parties similaires (du corps humain, v. note [7], lettre 270)] ; les deux derniers parurent en 1667 dans les Opuscula medica d’Hofmann (Francfort, v. supra note [3]) ; le premier n’a jamais vu le jour.

5.

V. le paragraphe daté du 10 septembre 1665, dans la lettre 833 à André Falconet, pour ces travaux dans le logis parisien de Guy Patin, place du Chevalier du Guet, et la lettre latine 383, pour la réponse de Guy Patin à Johann Peter Lotich.

6.

« quelque dieu, comme sorti d’une machine » (v. note [33], lettre 152).

7.

« même mort, ce vaurien d’Italien empourpré commande encore. Puissent les dieux nous ménager des jours meilleurs ! » :

8.

Guy Patin entamait une seconde lettre à Sebastian Scheffer, en la séparant nettement de la précédente dans son brouillon manuscrit. Notre édition les présente ensemble car elles sont datées du même jour, et ont été mises sous le même pli et lues en même temps par leur destinataire.

Le post-scriptum qui précède montre qu’en achevant sa première lettre, Patin n’avait pas encore lu la lettre de Scheffer qu’on venait de lui apporter.

9.

Johann Hermann Widerholdt (ou Widerhold, vers 1635-1683), libraire-imprimeur de Genève, a entre autres publié deux ouvrages cités dans notre édition, en 1663 (v. note [2], lettre 744) et en 1668 (v. note [1], lettre 935). Il était chargé d’expédier à Paris, en passant par Lyon, les exemplaires des Observationes medicæ rariores [Observations médicales plus que rares] de Johann Schenck von Graffenberg (Francfort, Johann Beyer, 1665), dont Guy Patin avait permis d’obtenir le privilège royal (v. notes [2], lettre latine 354, et [5], lettre latine 387).

Guy Patin venait de lire la lettre que Sebastian Scheffer lui avait envoyée par l’intermédiaire de Samuel Du Clos, déjà mentionnée plus haut (v. supra note [4]). Il reprenait la plume car son contenu demandait qu’il complétât en conséquence ce qu’il avait précédemment écrit.

10.

V. supra notes [3] et [4], pour les trois traités inédits de Caspar Hofmann (« des Humeurs », etc.) et la réédition de son livre « des Médicaments officinaux ».

11.

« Ô bonne foi des hommes et des dieux ! », Juvénal (Satire xiii, vers 31) :

Nos hominum divumque fidem clamore ciemus.

[Nous implorons à grands cris la bonne foi des hommes et des dieux].

Le paquet, confié à Sebastian Switzer et indélicatement ouvert, semble-t-il, par Johann Daniel Horst, était celui dans lequel Guy Patin avait emballé ses précieux manuscrits de Caspar Hofmann : il a dit les avoir envoyés à Horst au début de sa lettre du 6 mars (v. sa note [1]).

Dans la lettre remise au jeune Georg Horst, se trouvaient les non moins précieux errata d’Hofmann et de Patin sur la première édition du livre de Medicamentis officinalibus (Paris, 1646, v. supra note [3]).

12.

« valent pour moi leur pesant d’or » (v. note [5], lettre 76).

13.

V. note [1], lettre 836, pour le livre de Simon i Paulli « sur l’Abus du tabac, etc. » (Strasbourg, 1665), avec sa dédicace dithyrambique à Guy Patin (qui ne s’y attendait alors sans doute pas) et à Jean-Baptiste Moreau (fils de René), en souvenir de Jean ii Riolan (mort en 1657).

14.

V. note [5], lettre latine 6, pour la réimpression par Jan van Beverwijk (Rotterdam, 1644) de la thèse de Guy Patin L’homme n’est-il pas par nature tout entier maladie ? (1643).

15.

Le Laurentii Straussii, Med. D. et PP. in Acad. Gissen. Conatus anatomicus, aliquot disputationibus exhibitus [Essai anatomique de Lorenz Strauss, docteur en médecine et professeur public de l’Université de Giessen, présenté à partir de quelques thèses] (Giessen, Joseph Dietrich Hampel, 1665, in‑4o) est un recueil de huit thèses que Strauss a présidées.

D. Johannis Sophronii Kozak, Horazdejovicensis Bohemi, Medici et Philosophi, Tractatus de Hæmorrhagia, partes duæ : in prima, causæ recensentur omnis generis hæmorragiæ ; in secunda, omnium curandi rationalis methodus dicatur. In gratiam Medicinæ studiosorum, et ægrorum, meditatus et publicatus [Traité de M. Johann Sophron Kozak, médecin et philosophe, natif de Horaždovice en Bohême, sur l’Hémorragie, en deux parties : la première recense toutes les sortes d’hémorragies ; la seconde expose une méthode rationnelle pour toutes les soigner. Conçu et publié à l’intention de ceux qui étudient la médecine et à celle des malades] (Ulm, Balthazar Kühnen, 1666, in‑8o). Johann Sophron Kozak (1602-1685), natif d’Horaždovice (Horaschdowitz), près de Pilsen en Bohême (Tchéquie), médecin à Brême, avait alors publié des ouvrages religieux en allemand, dont quatre Micæ Philosophiæ sacræ [Miettes de Philosophie sacrée] (Brême, 1663).

V. note [10], lettre 794, pour le « Champ Élysée » de Gaspar dos Reis Franco.

Crammius (ou Cramnius car le manuscrit prête à confusion sur le mot exact) pourrait être le jurisconsulte allemand Franciscus Crammius (Franz Kram, Sagan 1561-Leipzig 1568), mais je n’ai trouvé aucun traité qu’il ait publié.

16.

V. notes [3], lettre latine 322, pour les Discours de Dion de Pruse, dit Chrysostome (Paris, 1604), et [3], lettre latine 337, pour Libanius (Libanios) et ses œuvres (ibid. 1606 et 1627).

17.

Mots en français dans le manuscrit. À toute occasion et sans répit, Guy Patin vidait sa bile contre Richelieu et Mazarin, les tenant pour principaux fauteurs de toutes les misères de la France.

18.

« d’où les colères et les larmes » (Juvénal, v. note [32], lettre 197).

19.

« Puissent les dieux nous ménager des jours meilleurs ! » (v. supra note [7]).

20.

« Leur », pour l’épouse et le jeune fils de Sebastian Scheffer.

s.

Ms BIU Santé no 2007, fo 199 vo.

Cl. viro D. Seb. Scheffero, Med. Doctori, Francofurtum.

Postremas tuas accepi, Vir Cl. à quibus sum mirum in modum recreatus.
Tuæ uxoris affini, quam ex animo saluto, reddidi tuam Epistolam, et summam à Te
definitam obtuli, de qua dumtaxat 18. libellas Turonenses accepit : six
escus :
quod superest de summa, mihi reliquit, alia vice repræsentandum : quod
bona fide exequar : promisit quoque se mihi pro Te allaturum responsoriam
Epistolam. Seb. Switzer est mihi notissimus, vir optimus et certæ fidei : qui
haud dubiè mihi reddet quidquid à Beyero acceperit : Fidem ejus admodum
laudo, et Beyerum saluto, eiq. gratias ago de oblatis, quæ nondum vidi. De
nova Editione libri de Medicamentis Officinalibus, utinam brevi compos fias :
ejus Errata Cl. Authoris Manuscripta non dubito Te accepisse. Nihil à Te

t.

Ms BIU Santé no 2007, fo 200 ro.

literarum accepi toto hoc anno per D. du Clos : certè metuo ne perierint. ^ Non perierunt : ecce/ enim nunc nunc accipio, et/ pro ijs gratias ago. MS. Cl. Hofmanni
de humoribus, de calido innato, etc.
utinam acceperis, quæ tandem cura tua lucem videant < : >
hîc enim Gallico gelu frigidiores sunt nostri Typographi. Singulares Tibi gratias ago pro
Epistola quam mihi procurasti, D. Lotichij, quem ex animo saluto : posthac ei respondebo, sta-
tim atque otium nactus fuero, ac ædes nostræ vetustate fere collabentes reparatæ
fuerint, nec mihi cum latomis, et alijs ejusmodi opificibus quidquam mihi sit negotij.
Dies mali sunt et sævissima tempora, nisi Deus aliquis tanquam è machina toti
Galliæ succurrat : tota enim fortiter patitur : Italus ille nebulo purpuratus etiam
mortuus adhuc imperat. Dij meliora. Vale, Vir Cl. meq. quod facis amare perge.
Parisijs, 4. Dec. 1665. eodem ipso die quo ante annos 23. penetravit ad plures alter pupruratus,
Io. Armandus Card. Richelius, suo successore non melior. Tuus ex animo, Guido Patin.

Audio mense proximo ad nos venturum Seb. Switzerum, per eum scribe si placet, ad me
et ad Affinem tuum ; præsertim de duob. libris Cl. Hofmanni : præsertim v. de Manuscripto.

Eidem.

Vir Cl.
Ecce tuas per D. du Clos ad me transmissas nunc nunc
accipio, dum de alijs obsignandis cogitabam. Hodie nihil aliud expecto quàm
fasciculum traditum Typographo Genevensi, D. Widerholdt : quem tandem
spero ante finem mensis, pro eo enim scripsi Genevam. Miror impudentiam hominum
et iniquitatem sæculi, super fasciculo et literis à me transmissis : utrumque
miseram ad D. Horstium : nempe fasciculum ut Tibi redderetur, per Sebast.
Switzerum :
literas v. per ejus Filium, Medicinæ studiosum, non valde diligentem :
qui relictâ Lutetiâ hodie studet Basileæ sub D. Bauhino : de quo sit laus Deo
omnopotenti : ut et quod utrumque tandem acceperis ; sed quæso, cogita seriò de
nova Editione tum trium Tractatum MS. Cl. Hofmanni, de Humorib. et alijs,
ut tum et de Medicamentis officin.
ex qua duplici Editione eruditum posteritatem haud dubiè
maximo beneficio afficies, ut et Cl. venerandique Senis amicos omnes devincies.
Miror tamen quod videris apertum illum fasciculum apud D. Horstium, ad quem benè
compactum atque constrictum miseram ut talis Tibi reddetur : O hominum Divumq.
fidem ! Ubinam terrarum hodie habitas ? facile est amicum decipere : verùm
sapiam in posterum, nec patiar mihi fucum fieri. Fac quæso facienda omnia,
ut à D. Straussio Tibi restituantur : sunt enim mihi auro contrà chara tria
illa maximi Viri MS. in quib. quamdiu ea habui, nullas vidi Epistolas, nec scio an
ullas aliquas olim habuerint. De illo Sim. Paulli Tractatus de abusu Tabaci, etc. nil
adhuc vidi, audivi tamen : ipse Author hîc habet filium, Medicinæ studijs consecratum.
Thesæ meæ, An totus homo sit à Natura morbus, vidi plures Editiones, et ex ijs illis
unam Roterod. quam illic procuravit Vir Cl. Io. Beverovicius, Amicus meus quam-
diu vixit. Novum Hippocratem Lindenij hîc habeo : Laur. Straussi Conatus
Anatomicos
non vidi : ut nec alios Tractatus Crammij, et Kozack de Hæmorrha-
gias, etc.
Campum Elysium hîc habeo : spero tamen me tandem habiturum quæcumque
nondum visa sunt. Dionem Chrysostomum ad Te mittam, cum Libanio, eósq. Tibi

u.

Ms BIU Santé no 2007, fo 200 vo.

ad Te ferendos tradam Seb. Switzero, quum ad vos reversus sum. revertetur. Certè de obitu
Cl. viri, venerandi Senis Parentis tui, adhuc doleo : sed utinam in nostrum
utrique solatium crescat et adolescat Filiolus tuus, quem ex intimo corde, licet
absens deosculor ; Téque ideo rogo ut Matri ac Filiolo figas osculum. In
præsenti rerum statu per universam Europam, omnia sunt dubia : nihil tamen tantopere
mentuendum mihi videtur quàm ambitio, mutuum odium, et bellandi dira
cupido tot Principum : Cometas nec miror nec moror : sunt insolita
quædam φαινομενα, fatuam plebeculam terrentia, quæ nec quidquam
mali minantur, nec cuiquam nocent. Hîc valde urgentur publicani et
peculatores penè omnes, qui antehac regnum ferventissimum miserè expila-
runt, sub duobus illis Purpuratis, à regio Tribunali ad id instituto, quod vocatur
specioso nomine, Camera Iustitiæ : la Chambre de Iustice : severè admodum postu-
lantur de Repetundis : unde iræ et lacrymæ multarum familiarum, quia
summo regióque jure contra illos omnes agitur. Dij meliora. Vale. Eodem ipso die qui
suprà, 14. Dec. 1665.

Tuus et suus, Guido Patin.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Sebastian Scheffer, le 4 décembre 1665

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(Consulté le 09/12/2024)

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