L. latine 369.  >
À Jan van Horne,
le 6 septembre 1665

[Ms BIU Santé no 2007, fo 195 vo | LAT | IMG]

Au très distingué M. Jan van Horne, docteur en médecine et professeur à Leyde.

Très distingué Monsieur, [a][1]

Je vous remercie infiniment pour votre lettre et votre livre de Ossibus. [1][2] Je vous rendrai la pareille toutes les fois que l’occasion s’en présentera ; mais en attendant, je vous envoie une partie de ce que vous avez demandé, savoir Petrus Petitus de Lacrymis et de Motu animalium ; [3] un autre livre de lui court sous la presse, qui sont les Dissertationes de Anima, etc., que je vous enverrai volontiers quand il sera achevé. [2] Vous aurez aussi votre feuille de l’Anthropographia de Riolan, [4] que ce très ignoble grippe-sou n’a pas pu me refuser : il m’a accordé cette grâce, que nul autre n’obtiendrait jamais de lui, tant il est tenace et peu aimable ; [5] mais je connais depuis longtemps cette engeance, [6] tout comme ces misérables vauriens dont Cicéron me semble avoir dit fort à propos : Nihil ingenui habet officina[3][7] Claude Tardy, [8] auteur du livre de la Monarchie du cœur, est un fou presque délirant. C’est un opuscule d’une seule feuille qu’on ne trouve plus, mais que pourtant vous aurez s’il me tombe sous la main. [4][9] Le Cœur détrôné ne se vend plus nulle part ; c’est, dit-on, un opuscule d’un certain Pierre Vattier, Normand et professeur royal d’hébreu < sic > ; [5][10][11][12][13][14] on dit qu’il vit en Normandie et qu’il viendra l’hiver prochain à Paris pour recevoir ses émoluments ; si tel est le cas, j’obtiendrai sans doute ce livre de lui et vous l’enverrai. Le Clypeus contra Pecquetum de Guillaume de Hénaut est, me dit-on, un opuscule publié à Rouen, dont je m’enquerrai. [6][15][16][17][18] Ce Pecquet a croupi en prison pendant quatre ans avec M. Nicolas Fouquet ; [19] après que notre surintendant déchu a été jugé et transféré dans une autre prison, [20] Pecquet a été libéré et il est retourné dans sa patrie, à savoir Dieppe, où il vit dans la gloire, mais sans aucune récompense de son extrême et exceptionnelle fidélité. [7] Mes fils vous saluent, [21][22] comme je fais pour vous et M. Vorst. [23] Vale, très distingué Monsieur, et continuez de m’aimer.

De Paris, le 6e de septembre 1665.


a.

Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite à Jan van Horne, ms BIU Santé no 2007, fo 195 vo.

1.

Galenus de Ossibus, Græce et Latine. Accedunt Vesalii, Sylvii, Heneri, Eustachii, ad Galeni doctrinam exercitationes. Ex Bibliotheca Joannis Van Horne [Traité de Galien sur les Os, grec et latin. Avec les exercitations de Vésale, (Jacques) Sylvius, (Renatus) Henerus, (Bartolomeo) Eustachi sur la doctrine de Galien. Tirés de la bibliothèque de Jan van Horne] (Leyde, Daniel vander Boxe, 1665, in‑12).

2.

Petri Petiti, Medici Parisiensis, de Extensione animæ et rerum incorporearum natura libri duo, ad novum Animæ Systema.

[Deux livres de Pierre Petit, {a} médecin de Paris, sur l’Extension de l’âme et sur la nature des choses immatérielles, contre le nouveau Système de l’âme]. {b}


  1. V. note [17], lettre 325, pour Pierre Petit qui attaquait ici le cartésianisme.

  2. Paris, Franciscus Muguet, 1665, in‑8o de 263 pages, dédié à Louis xiv.

V. notes [8], lettre 717, et [6], lettre 897, pour ses traités « sur les Larmes » (Paris, 1661) et « sur le Mouvement des animaux » (Paris, 1660).

3.

« Leur boutique n’a rien de noble » (v. note [3], lettre 612).

Ce « grippe-sou » (lucrio) était sans doute Gaspard ii Meturas, libraire-imprimeur de Paris (v. note [12], lettre 150), fils et successeur de Gaspard i qui avait publié en 1649 la troisième et dernière édition de l’« Anthropographie » de Jean ii Riolan, insérée dans ses Opera Anatomica vetera [Œuvres anatomiques anciennes] (v. note [25], lettre 146) ; ouvrage in‑fo dont une feuille (soit 4 pages) manquait à l’exemplaire que possédait van Horne.

4.

Traité de la Monarchie du cœur en l’homme, des quatre humeurs et de leurs sources, des usages du foie, et des vaisseaux qui contiennent le chyle. Par Me Claude Tardy, {a} conseiller et médecin de Monseigneur le duc d’Orléans, docteur régent de la Faculté de médecine à Paris. {b}


  1. V. note [35], lettre 156.

  2. Paris, veuve Dupuis et Jean Guignard, 1656, in‑4o de 12 pages, soit deux feuilles, et non une seule comme disait Guy Patin). Tardy l’avait déjà publié à la fin de son Traité du mouvement circulaire du sang et des esprits… (ibid. 1654, v. note [10], lettre 402).

Dans sa courte préface, Tardy défend les idées anatomiques nouvelles, ce qui ne pouvait que déplaire à Guy Patin, qui tenait Tardy pour fou :

« Bien que j’aie solidement établi la Monarchie du cœur en mon traité du Mouvement circulaire, {a} et que j’aie suffisamment montré que sa force est beaucoup plus grande en tous les lieux du petit monde que celle du soleil en l’Univers, {b} je suis néanmoins obligé de parler encore de cette matière à cause de la diversité des opinions des modernes touchant les usages du foie ; car il y en a qui lui attribuent des facultés qui ne se trouvent point en lui, et d’autres lui ôtent celles qui lui appartiennent. Ceux-ci emploient pour toute raison les vaisseaux qui contiennent le chyle, à cause qu’on en a découvert un qui monte dans le thorax jusqu’à la veine de l’exaille. {c} Ceux qui ont écrit depuis peu sur ces matières se trompent aux usages de ces vaisseaux. C’est pourquoi, devant que de venir à mon principal dessein, je ferai voir que ce sont de véritables veines, puisqu’ils ont tous les mêmes facultés et la structure semblable en toute chose. » {d}


  1. Paris, 1654, dédié à François Guénault (cité supra).

  2. Le microcosme et le macrocosme.

  3. Manière archaïque (que je n’ai trouvée dans aucun dictionnaire), d’écrire le mot aisselle.

    V. note [26], lettre 152, pour les voies du chyle : formé dans l’intestin grêle à partir du chyme alimentaire (v. note [1] du Traité de la Conservation de santé, chapitre x), il est recueilli dans les veines lactées (lactifères) pour se collecter dans la citerne de Pecquet, puis remonter, par le canal thoracique, jusqu’aux grosses veines de la base du cou, où il se mêle au sang.

  4. Avec tout de même cette différence que les veines lactées ne véhiculent pas du sang, mais du chyle.

5.

Lapsus de Guy Patin sur la chaire royale d’arabe (et non d’hébreu) du médecin Pierre Vattier, traducteur d’Avicenne (v. note [3], lettre latine 74) et auteur d’un traité anatomique intitulé Le Cœur détrôné, Discours de l’usage du foie, où il est montré que le cœur ne fait pas le sang et qu’il n’est pas même une des principales parties de l’animal, prononcé dans une assemblée de physiciens chez Monsieur de Montmor (v. note [13], lettre 337) le 24 février 1660 par P. Vattier, docteur en médecine et secrétaire interprète du roi en langue arabique (Paris, François Clousier, 1660, in‑8o), dédicacé à Nicolas Fouquet.

L’argumentaire de ce très intéressant livre tient en six propositions qui correspondent aux titres des six chapitres que contient son Mémoire de raisons (pages 37 ro‑47 vo), et qui traduisent bien les défauts qui entachaient encore la compréhension de la double circulation du sang et du chyle (et de la lymphe) :

  1. « La substance la plus subtile du premier aliment passe immédiatement dans le foie à travers les tuniques de l’estomac » ; {a}

  2. « Le chyle passe dans la substance du mésentère avant que d’entrer dans les veines, qui y sont, soit lactées, ou lymphatiques, ou sanguines » ; {b}

  3. « De la substance du mésentère, le chyle passe dans les veines lactées et dans les lymphatiques à travers leurs tuniques » ; {c}

  4. « Tout le chyle n’entre pas dans la veine subclavière par le canal chylifère nouvellement découvert » ; {d}

  5. « Le sang passe dans les chairs à travers les tuniques des artères tout le long d’elles, et repasse tout de même des chairs dans les veines » ; {e}

  6. « C’est le poumon qui change le sang ordinaire en sang parfait ou esprit vital, et non pas le cœur. » {f}

    1. Les aliments transformés en chyme sont absorbés dans l’intestin grêle, en non dans l’estomac, dont le rôle consiste à les broyer et à leur faire subir une première digestion (coction).

    2. Le chyle est la partie graisseuse (lipidique) du chyme alimentaire (v. note [26], lettre 152), il est recueilli pas les vaisseaux lactés (chylifères) du mésentère, dont la structure est identique à celle des vaisseaux lymphatiques de l’organisme. Il n’y a pas lieu de distinguer les lactifères des lymphatiques du mésentère (qui deviennent simplement lactescents quand ils se remplissent de chyle, après les repas).

    3. Ne concevant pas que sucres et protides puissent être digérés différemment des graisses, Vattier incorporait tous ces nutriments au chyle et lui imaginait une maturation particulière (page 41 vo) :

      « Car les veines sanguines [du mésentère] ne sont pas étendues le long des lactées et des lymphatiques en sorte qu’elles leur soient contiguës partout. Les veines lactées et les lymphatiques tirent donc le chyle tant qu’il demeure cru, en forme de lait ou d’eau ; et les veines sanguines l’attirent quand il est cuit en forme de sang ébauché. »

    4. Vattier considérait la dérivation du chyle par le canal thoracique et les veines subclavières comme un détour annexe et futile. Dans ce paragraphe, il établissait cette prémonitoire comparaison qui n’a malheureusement pas attisé son imagination (pages 43 ro‑vo) :

      « Le chyle est dans son réceptacle {i} au milieu du mésentère, comme la moelle au milieu des os, {ii} pour rentrer dans sa substance quand il en est besoin. »

      1. V. infra note [6].

      2. V. note [55], lettre latine 154.

    5. Ignorance des capillaires sanguins, dont Marcello Malpighi n’a publié la découverte qu’en 1663 : v. note [19] de Thomas Diafoirus (1673) et sa thèse (1670).

    6. Vattier ne disait pas (pages 45 vo‑47 vo) que le sang était fabriqué dans les poumons (rôle qu’il conservait au foie, en étant loin de soupçonner qu’il pût l’être dans la moelle osseuse, v. supra notule {d}), mais qu’ils assuraient l’hématose (pressentie par Thomas Bartholin dans le sillage de Malpighi, v. supra notule {e}) :

      « Aussi le poumon a-t-il seul ce qui semble être nécessaire pour cette mutation : je veux dire l’air qu’il attire et qu’il mêle avec le sang dans toute sa substance. Nous voyons que son action est si nécessaire à la vie que sans la respiration nous ne pouvons vivre un quart d’heure. […]

      Le cœur n’est donc point destiné pour faire le sang ni l’esprit vital, mais seulement pour conduire l’un de la veine cave dans le poumon et l’autre, du poumon dans l’aorte ou grosse artère. […] Car cette partie n’est ni si noble ni si délicate que l’on s’est jusques à présent imaginé : < η καρδιη > μυς εστι καρτα ισχυρος, dit Hippocrate, musculus est validissimus. » {i}

      1. « < le cœur > est un muscule très fort » : Περι καρδιης [Du cœur], § 4 (Littré Hip, volume 9, page 83).

        Autrement, ce court traité hippocratique (que Littré refuse d’attribuer à Hippocrate) est un parfait condensé des conceptions aberrantes des auteurs antiques sur les fonctions du cœur. La conclusion de Vattier était néanmoins exacte : le cœur pompe le sang, mais ne le transforme pas.

      En intéressant retour des choses, le curieux circuit du chyle n’est peut-être pas entièrement étranger à la fabrication des cellules du sang (sanguification ou hématopoïèse, v. note [1], lettre 404) : après son passage dans les poumons, les particules lipidiques qu’il contient sont certes absorbées par le foie, mais aussi (et pour partie non négligeable) par la moelle osseusse (M. Mahmood Hussain et coll. Chylomicron Metabolism – Chylomicron uptake by bone marrow in different animal species [Métabolisme des chylomicrons – La capture des chylomicrons par la moelle osseuse dans différentes espèces animales]. The Journal of Biochemical Chemistry, 1989, 264 : 17931‑17938).

    7. En outre, chez la femelle allaitante, les glandes mammaires extraient les lipides des chylomicrons pour élaborer la crème du lait (lactogenèse, v. note [19], lettre 325), comme l’ont confirmé, entre autres, O.W. McBride et Edward D. Korn (Uptake of free fatty acids and chylomicron glycerides by guinea pig mammary gland in pregnancy and lactation [Captation des acides gras libres et des chylomicrons par la glande mammaire du cochon d’Inde pendant la grossesse et l’allaitement], Journal of Lipid research, 1964, 5 : 454‑458).

      Bien qu’elle soit encore loin d’avoir livré tous ses secrets, la double utilisation extrahépatique du chyle lui confère un rôle primordial dans le maintien de la vie (sang dans la moelle osseuse) et de l’espèce (lait dans les mamelles) chez les mammifères. Tous ces précieux détails physiologiques justifient le circuit anatomique du chyle, qui n’arrive que secondairement au foie, mais étaient bien sûr fort éloignés des conceptions qu’on pouvait avoir au xviie s.


6.

V. notes [6], lettre 14, [1], lettre 404, et [4], lettre latine 48, pour le Clypeus [Bouclier] (Rouen, 1655) de Guillaume de Hénaut, pseudonyme de Jacques Mentel, qui s’y attribuait la priorité sur Jean Pecquet pour la découverte du réservoir du chyle (citerne dite de Pecquet, v. note [23], lettre 152). Guy Patin disait curieusement ne pas bien se souvenir de ce petit livre, alors qu’il l’a plusieurs fois commenté au moment de sa parution.

Jan van Horne restait sûrement morfondu d’avoir été étrillé, 13 ans plus tôt, pour son Novus ductus chyliferus… [Nouveau conduit chylifère…] (Leyde, 1652, v. le 3e extrait de la lettre de Sebastianus Aletophilus [Samuel Sorbière] cité dans la note [5], lettre 390) où il avait revendiqué la primeur de cette description, mais sans citer Pecquet qui l’avait incontestablement devancé (en 1651). Patin voulait peut-être ôter à l’anatomiste de Leyde le consolant plaisir de lire ce passage du Clypeus (pages 6‑8), qui prétendait, mais un peu tard, ranger Pecquet à ses côtés dans la catégorie des ursurpateurs :

Illic, quasi rerum abditarum, et a mundo condito reconditarum inventio illustri tuæ prosapiæ quadam prærogativa hæreditaria esset, tu vel imberbis Apollo, quippe Baccalaureus, et Philiatrorum Archidiaconus electus anno 1629, oblata de venis lacteis Asellii disserendi occasione, forte etiam edito cane in theatrum anatomicum, apertis a te, coram omnibus, eius visceribus, felici admodum successu, cum venarum lactearum insertionem sequeris, ecce cum omnium spectantium admiratione, et acclamatione publica, primus omnium mortalium chyli receptaculum aperis. Longua sic pour Longa > est a te facti periculi eiusdem historia ; nam ibidem anno 1635 Chirurgiæ Professor meritissimus eius artis Alumnis quamplurimis idem reseras : cuius rei testes oculati sunt non pauci ; præsertim eius fidem facit quidam Chirurgus Parisiensis nomine Fournier. Eodem loco anno 1647. Scholarum Parisiensium electus Professor Dignissimus, et sequentibus annis, cum frequentibus dissectionibus das operam magna comitante caterva, dissecante Chirurgico cognominato Gayant, præsente, et attestante vel ipso Pecqueto missa ad te epistola data secundo die augusti anno 1650, et quorum pars magna fui, rursus idem chyli receptaculum nobis indigitas. Cui sane tuo felici invento multum debet doctrina pecquetiana, et de te iure merito dicet, quod Æoliæ Rex olim Iunoni,

Tu mihi quodcumque hoc regni est, tu scept<r>a, Iovemque
Concilias, tu das epulis accumbere Divum
.

[Comme si tu avais hérité de ton illustre ancêtre le don de découvrir les secrets et les mystères enfouis dans le monde souterrain, {a} tu n’étais qu’un imberbe Apollon, un simple bachelier, mais élu archidiacre des philiatres en l’an 1629, {b} quand l’occasion t’a été offerte de discourir sur les vaisseaux lactés d’Aselli. {c} Alors, dans l’amphithéâtre d’anatomie, ayant tué un chien, tu lui as ouvert le ventre sous les regards de tous, et avec fort heureux succès, en disséquant les veines lactées jusqu’à leur terminaison, voilà qu’admiré par l’auditoire et sous ses acclamations, tu fus le premier de tous les mortels à trouver le réservoir du chyle. Cette expérience que tu fis a eu une longue histoire : en 1639, ayant hautement mérité d’être élu professeur de chirurgie dans cette même École, tu as répété ton observation devant quantité d’étudiants en médecine ; elle n’a pas manqué de témoins oculaires, comme en fit notamment foi un chirurgien parisien du nom de Fournier. {d} Toujours au même endroit, on t’a choisi en 1647 pour être élevé à la très haute dignité de professeur des Écoles de Paris, {e} et les années suivantes, en présence de nombreux spectateurs, tu as souvent dirigé des dissections que pratiquait un chirurgien dénommé Gayan ; {f} Pecquet en personne y a assisté, comme en témoigne la lettre qu’il t’a envoyée, datée du 2 août 1650 ; {g} je fus {h} présent à la plupart de ces séances, et tu nous y as encore et encore montré du doigt le réservoir du chyle. La doctrine de Pecquet doit vraiment beaucoup à ta découverte et tu mériteras bien qu’il te dise, comme fit jadis Éole à Junon :

Tu mihi quodcumque hoc regni est, tu sceptra, Iovemque
Concilias, tu das epulis accumbere Divum
]. {i}


  1. Le discours, adressé à Jacques Mentel, fait allusion à son ancêtre Jean Mentelin (ou Mentel), imprimeur de Strasbourg au xve s., à qui Johannes Gutenberg aurait volé la gloire d’avoir inventé l’imprimerie (v. note [34], lettre 242).

  2. Bachelier âgé de 30 ans (ce qui n’était pas particulièrement précoce), Mentel avait été élu prosecteur d’anatomie (archidiacre, v. note [49], lettre 152) par les étudiants (philiatres) de la Faculté de médecine de Paris. Mentel avait ensuite été reçu docteur régent en novembre 1633.

  3. V. note [10], lettre latine 15, pour Gaspare Aselli, professeur de Pavie qui a le premier décrit les vaisseaux lactés du mésentère en 1622 (observation publiée en 1627).

  4. V. note [13], lettre 514, pour Denis Fournier, chirurgien de Saint-Côme.

  5. V. notule {c}, note [5] des Actes de la Faculté de médecine (1650-1651) pour les deux « professeurs des Écoles de Paris » qui étaient élus pour enseigner la médecine pendant deux années consécutives (physiologie puis pathologie).

    La reconduction de Mentel, pour sa seconde année, a été prononcée par l’Assemblée du 2 novembre 1647 (Comment. F.M.P. tome xiii, page 358 votome xiii, page 358 ro) :

    Prorogata porro fuit professio docendi Medicinam Magistro Jacobo Mentel.

    [Maître Jacques Mentel a été reconduit pour un an dans la charge de professer la médecine].

    Guillaume de Hénaut, prétendu Rouennais, était décidément bien au courant des délibérations et pratiques des Écoles de Paris.

  6. Louis Gayant (ou Gayan), autre chirurgien de Saint-Côme (v. note [7], lettre 921).

  7. Je n’ai pas trouvé la trace imprimée de cette lettre. Pecquet a publié la réponse que lui a faite Mentel, le 13 février 1651, dans ses Experimenta nova anatomica [Expériences anatomiques nouvelles] (Paris, 1654), v. deuxième notule {a}, note [4], lettre 360.

  8. Ce « je fus » (fui) vient de Hénaut, mais Guy Patin a affirmé que Jacques Mentel se déguisait sous ce pseudonyme (v. note [4], lettre latine 48).

  9. « C’est toi qui me vaux ce que j’ai de pouvoir : et mon sceptre, et la faveur de Jupiter. C’est toi qui me donnes le droit de m’asseoir aux festins des dieux » : paroles d’Éole à Junon dans Virgile (v. note [2], lettre 431).

Pour conclure sur ce débat, j’adhère volontiers à l’opinion que Hyginus Thalassius, alias Pierre de Mersenne, a écrite en 1654 (v. la dernière partie de la note [5], lettre 390). Une lecture soigneuse du Clypeus m’a convaincu que Mentel était de bonne foi quand il afirmait avoir maintes fois montré le réservoir du chyle en disséquant publiquement à Paris, entre 1629 et 1647, sans douter que Pecquet eût asissté à ces séances. Néanmoins, le reste du livre répète et défend les étincelantes déductions que Pecquet en a tirées sur les voies du chyle et sur son rôle dans la formation du sang hors du foie (publiées en 1651), sans garantir au lecteur que Mentel avait lui-même entrevu ces découvertes capitales. Il y a un monde entre décrire une structure anatomique et démontrer sa fonction complète.

Quant à van Horne, sans l’accuser de plagiat volontaire, il est difficile de ne pas le blâmer pour avoir négligé de lire ce que Pecquet avait publié un an avant lui.

7.

V. notes :

s.

Ms BIU Santé no 2007, fo 195 vo.

Cl. viro D. Io. Vanhorne, Med. Doct. et Prof. Leidam.

Immensas ago Tibi gratias, Vir Cl. pro tua Epistola, libróq. de
Ossibus.
Par pari referam, quotiescumque se dabit offeret occasio : interea v.
ad Te mitto partem eorum quæ postulasti : nempe Petrum Petitum de lacrymis,
et de motu animalium :
Alter ejus liber curri sub prælo, nempe Disserta-
tiones de Anima etc. :
quem ubi ad finem pervenerit, facilè mittam. Habebis quoque
folium tuum ex Anthropographia Riolani, quod turpissimus lucrio non
potuit mihi denegare : gratiam istam mihi contulit, quam nullus ab eo obtine-
ret : adeo tenax est ac parum gratus : sed jampridem novi illam gentem, ut et
miserrimos nebulones, de quibus verè dixisse videtur Cicero : Nihil ingenui
habet officina.
Liber iste de Monarchia Cordis, Cl. Tardi, habet authorem
fatuum, ac prope delirum. Libellus est unius folij, qui nec reperitur : quem tamen
habebis si occurrat. Le Cœur dethrosné nuspiam prostat : dicitur esse opusculum
cujusdam Petri Vatier, Normani, et Professoris regij in lingua Hebraïca :
dicitur vivere in Normania, et hyeme proxima venturus Parisijs, ad percipienda sua
stipendia : quod si fecerit, haud dubiè habebo ab illo, quem postea mittam. Gul. Henaut
clypeus contra Pecquetum :
dicitur esse libellus Rothomagi editus : de quo inquiram.
Pecquetus ille per quadriennium hæsit in carcere cum D. Nic. Fouquet, nostro
olim Gazophylace : quo judicato, et in alium carcerem trasmisso, Pecquetus ipse
liberatus est, et in patriam urbem remissus, nempe Diepam, ubi vivit cum gloria,
sed absque ullo præmio summæ ac rarissimæ fidelitatis. Filij mei Te salu-
tant : Ego Te, et D. Vorstium. Vale, Vir Cl. et me amare perge.

Parisijs, die 6. Septembris, 1665.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Jan van Horne, le 6 septembre 1665

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(Consulté le 26/04/2024)

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