L. 153.  >
À Charles Spon,
le 24 mars 1648

Monsieur, [a][1]

Pour réponse à la vôtre que je viens de recevoir, je vous remercie de la joie qu’avez de ma convalescence ; ce ne sera que pour vous servir quand j’en aurai le moyen. Vous usez donc de manne [2] avec du séné ; [3] je pense que le sirop de roses pâles [4] vous vaudrait mieux, minus calet et tutius purgat[1][5] Le mal que vous me dépeignez de votre aîné [6] me fait peur. La vérole [7] et la rougeole [8] sont les pestes du poumon ; utinam tandem convalescat[2] Le lait d’ânesse [9] ne lui servira guère si vous ne lui faites garder un grand et exact régime de vivre, [10] et si vous ne le purgez [11] de six en six jours, à cause de l’ordure que fait le lait. [3] Dieu vous conserve les vôtres, et à moi les miens. J’aime bien les enfants, j’en ai six et il me semble que je n’en ai point encore assez. [12] Je suis bien aise qu’ayez une petite fille. Nous n’en avons qu’une, laquelle est si gentille et si agréable [13] que nous l’aimons presque autant que nos cinq garçons. [4] Je suis très humble serviteur à M. Gras, [14] je vous prie de lui témoigner, et ai bien regret de ne l’avoir vu avant son départ pour lui donner les dernières assurances et la confirmation du service que je lui ai voué. Il recevra par mon premier paquet un Encheiridium anat. et pathol. de M. Riolan, [15] qui n’est qu’un petit présent au prix de ce que je voudrais lui donner. M. Constantin [16] ne m’est point venu revoir depuis. [5] Il me souvient seulement qu’il me parla des médecins et professeurs qui sont aujourd’hui à Montpellier [17] avec beaucoup de mépris. Je vous promets que j’enverrai par le premier coche qui partira pour Lyon le paquet de M. Huguetan, [18] pourvu néanmoins que j’y puisse mettre quelque petite chose. Pour le portrait d’Alstedius, [19] je ne l’ai jamais vu, combien que j’en aie céans grande quantité ; je m’en enquerrai et vous l’enverrai aussitôt si je le puis recouvrer. [6] M. Meturas [20] n’aime point à faire de changes avec ses compagnons, [21] c’est pourquoi il a moins de débit ; tout est ici bien froid à la rue Saint-Jacques. [7][22] On m’a dit que ce que M. Gassendi [23] fait imprimer à Lyon est si gros qu’il en faudra faire deux volumes. On réimprime ici in‑8o le livre de la Perfection du Chrétien attribué au Cardinal de Richelieu, [24] comme s’il était raison que les fourbes et les tyrans fissent des livres aussi bien que les sages, les fous et les ignorants. [8] Je n’ai ni ouï parler, ni vu ici le deuxième et le troisième factum de M. le maréchal de La Mothe ; [25] je vous prie de me les acheter et me les envoyer à la première commodité. [9] La thèse [26] de M. Guillemeau [27] en trois placards est achevée, on la fait en livre in‑4o de Saint-Augustin. [10] Elle sera faite cette semaine et puis après, je penserai à faire partir tout ce que je vous destine. J’ai écrit à M. Hofmann [28] vendredi dernier qu’il m’envoie Χρηστομ. παθολ. [11] avec promesse de lui donner du mien propre puisque nous sommes en état de ne rien tirer des libraires. Je lui enverrai un Botal, [12][29] le bonhomme ne connaît pas grand’chose à la saignée. [30] Pour le grand Simon Piètre [31] qui mourut l’an 1618, il était frère de Nic. Piètre, [32] notre ancien [33] aujourd’hui, et était le fils aîné de M. Simon Piètre [34] qui mourut l’an 1584. Il n’a rien écrit que des annotations françaises sur les Opérations de chirurgie de notre Gourmelen [35] et d’autres annotations françaises sur la Chirurgie de Paul Éginète [36] traduite en français par Daléchamps, [37] de l’impression de Paris, qui est in‑4o[13] C’est lui qui a donné les six conseils de son père. [14] Il était professeur du roi et faisait de fort bonnes leçons à Cambrai[15][38][39] Les honnêtes gens qui l’ont autrefois connu adorent aujourd’hui sa mémoire. Je n’ai rien vu écrit du thé [40] præter Iac. Bontium[16][41] on s’en moqua ici. Je ne sais si l’Histoire du Brésil [42][43] en parle, je ne l’ai point. [17] Ni Bontius, ni Renodæus, [44] ni Vésale [45] de decocto rad. Chinæ[18] n’avaient point vu ni consulté Ptolémée, [46] Scaliger [47] ni Cluverius [48] pour apprendre qu’il faut dire Sinæ et Sinenses ; adde quod error communis non facit ius[19] Vos deux traducteurs de la Chirurgie d’Aquapendente, [20][49] qui ont si mal réussi, me font souvenir que tous les traducteurs font de même ; au moins puis-je assurer qu’il n’y a livre traduit de ma connaissance, et que j’aie jamais vu, dans lequel il n’y ait la même chose, c’est-à-dire beaucoup de bévues et trop de fautes. [50] Je m’étonne comment M. de Serres [51] a du loisir dans Lyon de s’amuser à traduire. [21] Pour les médecins de la campagne, je ne m’en étonne point, je sais bien qu’il y en a bien de repos faute d’avoir la réputation de bien savoir la pratique ou pour y avoir mal réussi. La même chose se voit à Paris tous les jours, combien que les jeunes médecins y puissent être mieux éclairés par la fréquentation qu’ils peuvent y avoir avec les anciens. Le roi [52] et la reine [53] partirent hier pour aller à Chartres, [54] religiosi voti nomine[22] Ils seront ici de retour vendredi au soir et n’y séjourneront que le mercredi, jour de la fête. M. le Prince [55] et M. de Longueville, [56] deux beaux-frères, sont allés à Coulommiers en Brie, [57] ville qui appartient au dernier des deux, pour s’y ébattre. [23] On dit que M. de Modène [58] a eu la tête tranchée à Naples [59] pour la trahison qu’il voulait faire à M. de Guise, [60] son maître et bienfaiteur. [24] La grande Anatomie de M. Riolan [61] commence à rouler, il en est au troisième livre qui est du cœur et du poumon. [25] On en fait tous les jours une feuille seulement à cause qu’il prépare toujours sa copie de plus en plus, qui est la raison pour laquelle cet ouvrage ne saurait pas aller plus vite, jusqu’à ce qu’il ait tout revu.

Les prisonniers du grand Châtelet, [62] massacreurs et voleurs, ont été condamnés, il n’y a que deux heures, à être rompus [63] tout vifs, et la femme Campi [64] à être pendue. [26][65] Ils en appellent au Parlement où ils seront transférés aujourd’hui. Il y a grande apparence que jeudi ou vendredi sans faute ils seront exécutés. Dii meliora ! [27] Je vous baise les mains de toute mon affection et suis de toutes les facultés de mon âme, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

Patin.

De Paris, ce mardi 24e de mars 1648, à trois heures après-midi.


a.

Ms BnF no 9357, fo 32 ; Reveillé-Parise, no cxcv (tome i, pages 386‑388) ; Triaire no clvi (pages 581‑585).

1.

« il est moins chaud et purge moins dangereusement. »

2.

« Puisse Dieu faire qu’il guérisse bientôt. »

Guy Patin a écrit la vérole, mais il faut ici entendre la petite vérole (variole) et non la grande (syphilis) chez un enfant en si bas âge que l’était alors Mathieu Spon (né en octobre 1644, v. note [5], lettre 113), le fils aîné de Charles.

Rougeole (Trévoux) :

« maladie qui vient particulièrement aux enfants et qui ressemble fort à la petite vérole, dont elle ne diffère que du plus au moins. Rubentes pusulæ : la rougeole consiste en de petites taches rouges, semblables à des piqûres de puce ; ces taches s’élèvent très peu au-dessus de la peau, et ne suppurent point comme les pustules de la petite vérole, elles se dissipent bientôt et il n’en paraît plus le huitième jour. Cette maladie est accompagnée d’inquiétude, de fièvre, de soif, d’une petite toux, de pesanteur de tête, d’assoupissement, du flux continuel d’une humeur qui vient des narines et des yeux, d’éternuement, de diarrhée, de vomissement. La cause de la rougeole est une fermentation particulière et légère de la masse du sang, excitée par la mauvaise constitution de l’air ou par quelque autre cause extérieure. La plupart des médecins veulent qu’il y ait d’ailleurs dans nos corps un mauvais levain que nous contractons dans le sein de nos mères. On appelle la rougeole en latin morbilli. »

La rougeole aujourd’hui reste fidèle à ce tableau, et sa complication la plus redoutée demeure l’atteinte des poumons ; mais on la sait provoquée par un paramyxovirus hautement contagieux, contre lequel existe un vaccin efficace qui a permis de l’éradiquer dans plusieurs pays occidentaux, mais pas encore en France (en 2019).

3.

L’ordure est ici l’humeur corrompue qu’était censé produire le lait en coagulant dans l’estomac.

Le lait d’ânesse était jadis un aliment fort prisé pour les malades car il est celui dont la composition se rapproche le plus du lait de femme. « Le lait d’ânesse est plus séreux que pas un, d’où il est le meilleur à rafraîchir et humecter » (Guy Patin, chapitre ii du Traité de la Conservation de santé). On commençait presque toujours l’usage thérapeutique du lait, particulièrement dans la phtisie (tuberculose) pulmonaire, par celui d’ânesse, et ce n’était que par degrés qu’on conduisait le malade aux autres espèces, plus riches en matières grasses et caséeuses (Guersent, in Panckoucke, 1818). « François ier manda un jour certain médecin juif de Constantinople auquel on devrait l’introduction en France de l’usage du lait d’ânesse » (P. Delaunay).

Vigneul-Marville en a parlé en deux endroits de ses Mélanges.


  1. « Le lait d’ânesse est le plus délicat ; mais il sera meilleur si l’ânesse est saine, bien nourrie, jeune et point éloignée d’avoir mis bas. »

  2. « On pense aussi qu’il contribue à la blancheur de la peau des femmes. Toujours est-il que Poppée, femme de Néron, menait toujours avec elle cinq cents ânesse nourrices, et prenait des bains de corps avec ce lait, croyant qu’il donnait de la souplesse à la peau » (Pline, Histoire naturelle, livre xi, chapitre xcvi ; Littré Pli, volume 2, page 465).

    À l’imitation de Popée, les Romaines avaient coutume de faire des masques de beauté avec du pain trempé dans du lait d’ânesse (Pinguia Popæana) pour atténuer les rides du visage (Trévoux).

  3. V. note [35], lettre 395, pour Jan Jonston.

4.

En mars 1648, les enfants vivants de Guy Patin étaient cinq fils (Robert, 18 ans, Charles second du nom, 15 ans, Pierre, 13 ans, François second du nom, 10 ans, et Godefroy, 6 mois) et une fille (Gabrielle-Catherine, 3 ans, dont son père n’a plus jamais reparlé dans la suite de ses lettres) (v. note [4], lettre 11).

5.

V. notes [25], lettre 150, pour l’Encheiridium de Jean ii Riolan, et [1], lettre 117, pour M. Constantin.

6.

Johann Heinrich Alsted (Johannes Henricus Alstedius, Herborn 1588-Weissemburg 1638), théologien protestant et savant encyclopédique allemand, enseigna la théologie dans sa ville natale jusqu’en 1629 avant de partir professer à Weissembourg (Transylvanie.) « Sa fille et son gendre furent ses seuls prosélytes. Alstedius était un écrivain infatigable ; ce qui avait fait trouver dans son nom l’anagramme sedulitas [application] » (Michaud).

Particulièrement intéressé par l’exégèse scientifique des Saintes Écritures et par la chronologie (v. note [22] du Naudæana 2), Alstedius a publié une dizaine de volumineux ouvrages en latin ; v. note [11], lettre 203, pour sa gigantesque Encyclopædia universa dont on était en train de préparer une réédition à Lyon (en voulant l’orner d’un portrait de l’auteur). Guy Patin l’appréciait, mais lui a reproché ses avis médicaux qui n’étaient fondés sur aucune pratique (v. note [9], lettre 220).

7.

Guy Patin reprochait à Gaspard Meturas, libraire rue Saint-Jacques (v. note [12], lettre 150), de ne pas vouloir que les livres qu’il imprimait fussent vendus par d’autres que lui, et ajoutait que le commerce des livres était alors très peu actif à Paris.

8.

V. notes [1], lettre 147, pour les Animadversiones in decimum librum Diogenis Lærtii, qui est de vita, moribus placitisque Epicuri… que Pierre Gassendi faisait alors imprimer à Lyon, et [7], lettre 133, pour la Perfection du chrétien du cardinal de Richelieu.

9.

L’un des mémoires pour la défense de La Mothe-Houdancourt, alors emprisonné à Lyon pour prévarication et fuite devant l’ennemi (v. note [10], lettre 115), est intitulé Troisième factum pour le Maréchal Philippe de La Mothe-Houdancourt, vice-roi de Catalogne, prisonnier à Pierre-Ancise et depuis à l’Arsenal de Grenoble, contre M. le procureur général de cette ville (31 décembre 1647, signé Le Tellier) (Lyon, André Laurens, 1647, in‑4o).

Celui-là et quatre autres ont été réédités en février 1649, avec autorisation du Parlement de Paris, pendant le siège de Paris :

Le ton de ce dernier est celui d’une mazarinade, avec cet épilogue :

« On voit au présent factum comme cette obligeante vertu a peu paru dans toutes les procédures de M. le cardinal, {a} lesquelles ont été si violentes que si les juges eussent suivi les sentiments dits et écrits par M. Le Tellier, M. le maréchal ne serait plus en état de servir son pays. Mondit sieur Le Tellier tenait sa ruine si assurée que, voulant avoir part à ses dépouilles, il démembra le marquisat de Paillas du duché de Cardone {b} pour en gratifier le sieur de Fimarcon Tilladet, {c} son allié. Que si Messieurs du Parlement de Paris traitaient à présent le cardinal, Le Tellier et leurs adhérents de la sorte, difficilement leur innocence se trouverait-elle à l’épreuve qu’a été celle de M. le maréchal de La Mothe. Jamais il n’y a eu passion si visible que celle qu’ils ont fait paraître pour rendre ce gentilhomme malheureux, jusqu’à préjudicier {d} au service du roi. Il avait toujours heureusement servi la France jusqu’au commencement de leur ministériat. Et on peut dire qu’il a toujours si noblement et si généreusement fait la guerre, et si équitablement gouverné des peuples étrangers nouvellement soumis que, nonobstant leurs injustes procédures, l’Histoire ne laissera pas quelque jour de former sur lui l’Idée et le Modèle d’un vice-roi et lieutenant général d’un monarque conquérant. »


  1. Mazarin.

  2. Cardona en Catalogne.

  3. Jean-Jacques de Cassagnet-Tilladet, marquis de Fimarcon.

  4. Nuire.

10.

V. notes [7], lettre 71, pour le caractère d’imprimerie dénommé saint-augustin, et [2], lettre 158, pour la thèse de Charles Guillemeau sur la Méthode d’Hippocrate qu’on avait imprimée en placards avant d’en donner une édition française in‑fo (v. notes [2], lettre 158).

La mention de trois placards (format d’affiche ordinaire employé pour les thèses, v. note [1], lettre 1), alors que la pièce reproduite dans Medica n’en compte que deux (une feuille recto-verso), fait penser qu’il y manque peut-être la page de dédicace.

11.

« Chrestomathies pathologiques » ; deuxième des Apologiæ pro Galeno libri tres… [Trois livres d’Apologie pour Galien…] de Caspar Hofmann (Lyon, 1668, v. note [1], lettre 929).

12.

Un exemplaire du De Curatione per sanguinis missionem… [Le Traitement par la saignée…] de Botal (v. note [47], lettre 104), le plus ardent zélateur de la saignée au xvie s.

13.

Jacques Daléchamps a édité une compilation de plusieurs chirurgies anciennes, dont celle de Paul d’Égine, sous le titre de :

Chirurgie française recueillie par Jacques Daléchamps, docteur en médecine et lecteur ordinaire à Lyon, avec plusieurs figures des instruments nécessaires pour l’opération manuelle ; et depuis augmentée d’autres annotations sur tous les chapitres. Ensemble de quelques traités des opérations de chirurgie, facilitées et éclaircies par M. Jean Girault, chirurgien juré fort célèbre à Paris, avec les figures des instruments de chirurgie par lui inventés. Avec deux tables, l’une des chapitres, l’autre des principales matières. {a}


  1. Paris, Olivier de Varennes, 1610, in‑4o de 664 pages sans l’index, pour la troisième et dernière édition ; v. note [49], lettre 104, pour les deux précédentes.

À la fin du Sommaire des principaux chefs contenus en cette Chirurgie, on lit : « Le tout en notre vulgaire français, en faveur des compagnons et maîtres chirurgiens, qui n’ont point été nourris aux lettres grecques et latines. »

Les Annotations de Daléchamps sur la Chirurgie française, du sixième livre de Paul Æginète, auquel il traite de la curation des maladies par chirurgie, ou opération manuelle (pages 1‑623) sont parfois suivies d’Autres annotations anonymes, souvent plus courtes, qui pourraient être celles de Simon ii Piètre (mort en 1618), mais rien ne le prouve que la bonne foi de Guy Patin.

Paul Éginète ou d’Égine (l’île où il naquit), médecin et chirurgien du viie s., a été l’une des plus célèbres figures de l’École d’Alexandrie, et le dernier représentant de la grande tradition médicale grecque. Ses œuvres écrites se signalent par leur contenu chirurgical et obstétrical (les Arabes ont donné à Paul d’Égine le surnom d’accoucheur), mais aussi par ses commentaires sur ses prédécesseurs (Hippocrate, Galien, Ætius, Oribase, etc.) (Renauldin in Panckoucke).

Je n’ai pas trouvé trace d’une édition imprimée de la chirurgie d’Étienne Gourmelen (v. note [42], lettre 104) annotée par Simon ii Piètre. La BIU Santé conserve un manuscrit (cote 5016) contenant deux textes de lui : Generalis methodus medendi Simonis Pietre Doctoris Medici Parisiensis et Professoris Regii [Méthode générale pour remédier par Simon Piètre, docteur en médecine de Paris et professeur royal], divisée en quatre sections : 1. De Indicationibus [Indications] (9 chapitres) ; 2. De venæ Sectione [La Saignée] (8 chap.) ; 3. De Purgatione [La Purge] (6 chap.) ; 4. De Diœta ægrorum [Le Régime des malades] (5 chap) ; et M. Simonis Pietrei D.M.P. et Professoris Regii De particulari Chirurgia [La Chirurgie particulière de M. Simon Piètre…] (fos 56‑63), qui pourrait être un bref commentaire de Paul d’Égine.

14.

Ces six consultations ne se trouvent dans le Consiliorum medicinalium liber… de Jean Fernel publié à Paris en 1582 (v. note [16], lettre 79) : elles ont figuré pour la première fois dans l’édition de 1589 (v. note [5], lettre 732). On les a généralement attribués à Simon ii Piètre (le Grand Piètre), mais Guy Patin les croyait de son père, Simon i (v. note [5], lettre 732). Simon ii, né très probablement en 1565, aurait tout de même difficilement pu en être l’auteur puisqu’il n’avait qu’environ 24 ans en 1589.

15.

« à Cambrai » : pour dire au Collège royal de France, institution décrite en détail dans notre glossaire, à cause de la grande salle du Collège de Cambrai (aula regia Cameracensis) où enseignaient alors professeurs (lecteurs) royaux.

Situé au même endroit que l’actuel Collège de France (à l’angle de la rue des Écoles et de la rue Saint-Jacques, dans le ve arrondissement de Paris), Cambrai avait initialement porté le nom de Collège des Trois-Évêques, en mémoire de Guillaume d’Auxonne, évêque de Cambrai, Hugues d’Arcy, évêque de Laon, et Hugues de Pomard, évêque de Reims, qui l’avaient fondé au milieu du xive s.

16.

« hormis Jacques Bontius ».

Jacobus Bontius (Jakob de Bondt, Leyde 1592-1631) joignit la Compagnie hollandaise des Indes et vécut longtemps à Java. Il doit son renom aux :

Iacobi Bontii in Indiis Archiatri, de Medicina Indorum, libri iv. 1. Notæ in Garciam ab Orta. 2. De Diæta Sanorum. 3. Meth. Medendi Indica ; 4. Observationes e Cadaveribus.

[Quatre livres de Jacobus Bontius, archiatre des Indes, sur la Médecine des Indes : {a} 1. Annotations sur Garcia Dorta ; {b} 2. Le Régime des gens en bonne santé ; 3. Méthode qu’emploient les Indiens pour remédier ; 4. Observations tirées des cadavres]. {b}


  1. Orientales.

  2. V. note [12] de l’Obervation vii de Charles Guillemeau et Guy Patin.

  3. Leyde, Franciscus Hackius, 1642, in‑12, pour la première de plusieurs éditions, dont celle de Paris, veuve de Gulielmus Pelé et Ioannes Duval, 1646, in‑4o, en association avec les P. Alpini de Medicina Ægyptorum, libri iv [Quatre livres de Prospero Alpino (médecin et botaniste vénitien, 1553-1617) sur la médecine des Égyptiens].

J. in Panckoucke :

« Ouvrage remarquable, et l’un des plus précieux que nous possédions sur la médecine et les maladies des Indes Orientales. On y trouve aussi les premières données sur l’histoire naturelle de Java. Les figures sont assez mal gravées ; cependant, une mérite d’être citée, en ce qu’elle est la première que l’on connaisse de la plante qui donne le thé et de celle qui fournit le cacao. »

17.

Historia naturalis Brasiliæ, auspicio et beneficio illustriss. i. Mauritii Com. Nassau illius provinciæ et maris summi præfecti adornata. In qua non tantum Plantæ et Animalia, sed et Indigenarum morbi, ingenia et mores describuntur et Iconibus supra quingentas illustrantur.

[Histoire naturelle du Brésil, éditée sous les auspices et pour le bénéfice de l’illustrissime comte Maurice de Nassau premier souverain de cette province et mer. {a} Y sont décrits, et illustrés par plus de cinq cents figures, non seulement les plantes et animaux, mais aussi les maladies, l’industrie et les mœurs des indigènes]. {b}


  1. V. note [15] du Grotiana 2.

  2. Leyde, Franciscus Hackius, et Amsterdam, Lud. Elsevier, 1648, in‑4o.

    Ce volume, édité par Johannes de Laet (v. note [13], lettre de Samuel Sorbière au printemps 1651), se compose de deux parties :

    1. De Medicina Brasiliensi libri quatuor [Quatre livres sur la Médecine brésilienne] du médecin Willem Piso (Amsterdam 1611-Leyde 1678) ;

    2. Historia rerum naturalium Brasiliæ [Histoire des choses naturelles du Brésil] en huit livres, traité posthume de Georg Markgraf (Margravius, Liebstadt 1611-São Paulo 1644), jeune érudit allemand, originaire de Misnie, qui avait accompagné Piso dans son voyage.

18.

André Vésale, médecin et anatomiste (Bruxelles 1514-île de Zante, Zákinthos, en Grèce 1564) est l’auteur des très célèbres De humani corporis Fabrica libri septem [Sept livres sur la Structure du corps humain] (Bâle, 1543, Éditions critiques de la BIU Santé, pour la reproduction, avec transcription et traduction en cours par Jacqueline Vons et Stéphane Velut), et de plusieurs autres ouvrages, dont, en 1542 (Venise, in‑8o), Epistola rationem modumque propinandi radicis Chinæ decocti, quo nuper Carolus v usus est, pertractans [Lettre étudiant à fond la raison et la manière de boire la décoction de racine de Chine, que Charles Quint a récemment mise en usage].

Élève de Jacques Sylvius à Paris, Vésale avait brillé en France, en Italie et à Bâle avant de devenir premier médecin de Charles Quint puis de Philippe ii. Il périt dans le naufrage du navire qui le ramenait en Europe après un pèlerinage en Terre sainte, qu’il avait entrepris pour un motif discuté : soit pour exaucer un vœu pieux, soit pour expier d’avoir ouvert le corps d’une personne encore en vie (v. notes [7] et [8], lettre latine 452).

Renodæus est le nom latin de Jean de Renou (v. note [16], lettre 15).

19.

« ajoutez à cela qu’une erreur répandue n’établit pas le droit [adage du droit romain]. » V. la lettre du 10 mars 1648 à Charles Spon, pour Sinæ et Sinenses qu’il convient de préférer à Chinæ et Chinenses.

V. note [23], lettre 151, pour Cluverius (le géographe allemand Philippe Cluvier).

20.

V. note [14], lettre 113.

21.

Louis i de Serres avait traduit en 1626 la Pharmacia Renodæi [Pharmacie de Jean de Renou] (v. notes [16], lettre 15 et [37], lettre 104). Guy Patin méprisait les traductions françaises : traduire, sans doute, c’était permettre à tous, et notamment aux chirurgiens qui n’entendaient guère le latin, d’accéder au savoir médical ancien et moderne. Notre savant latiniste était pourtant piètre helléniste et n’aurait sans doute pas su lire les textes de ses vénérés Hippocrate et Galien s’ils n’avaient été traduits en latin.

22.

« au nom d’un vœu pieux. » V. note [41], lettre 152, pour la célébration de l’Annonciation à Chartres par le roi et sa mère, le mercredi 25 mars.

23.

Le duc de Longueville, époux d’Anne-Geneviève, la sœur du Grand Condé, possédait un château à Coulommiers (Seine-et-Marne), dont il devint duc en 1656.

24.

Fausse nouvelle : v. note [43], lettre 152.

25.

La nouvelle Anthropographie de Jean ii Riolan (Opera anatomica vetera… v. note [25], lettre 146) était sous la presse.

26.

v. les précédentes lettres à Charles Spon pour le meurtre commis dans le palais du duc d’Orléans par les dénommés Du Fresne et Campi (ou Champy).

27.

« Puissent les dieux nous ménager des jours meilleurs ! » (v. note [5], lettre 33).

Dubuisson-Aubenay (Journal des guerres civiles, tome i, pages 11‑14, mars 1648) :

« Vendredi 13, Champy, valet du sieur de Franquetot, lieutenant des gendarmes de la reine, et chirurgien, a été amené lié sur un cheval, au grand Châtelet de Paris ; sa femme aussi prise ; tous deux accusés de vol et meurtre commis en la chambre de l’abbé de La Rivière au palais d’Orléans, et en la personne de son valet ; {a} pour raison de quoi Du Fresnes, valet du sieur Goulas, est de longtemps prisonnier.

[…] Mardi matin 24, furent jugés à mort les nommés Du Fresnes et Champy par le lieutenant criminel en jugement au Châtelet, où le chevalier du guet {b} se voulut trouver présent comme ayant pouvoir d’assister à tels procès, et condamnés à être rompus sur la roue ; la femme de Champy, ayant aidé, non au meurtre de Paris mais au vol des 900 pistoles, à être pendue et étranglée ; Du Fresnes haranguant fort et prenant la mort de gré. {c}

[…] Vendredi 27, Du Fresne et Champy, renvoyés de la Conciergerie, après l’arrêt du Parlement, au grand Châtelet, en furent tirés sur les quatre heures après midi et conduits par < le quai de > la Mégisserie et le Pont-Neuf, dans une charrette, avec la femme de Champy, et tous trois exécutés à mort au haut de la rue de Tournon, {d} devant le palais d’Orléans où ils firent amende honorable avec deux torches ; et fut la femme complice pendue et étranglée, et les deux hommes rompus tout vifs de huit coups, puis leurs corps mis sur la roue. »


  1. Nommé Paris.

  2. V. note [53] du Borboniana 4 manuscrit.

  3. Avec résignation.

  4. V. note [7], lettre 155.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 24 mars 1648

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(Consulté le 26/04/2024)

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