Je vous donne le bonjour, je vous renvoie le volume de vos devi[ses] duquel je vous remercie de toute mon affection. Je vous envoie le catalogue des livres de M. Naudé. [2] Je rendrai compte des tomes [de] l’Aldrovandus [3] au premier voyage que je ferai chez vous, qui sera, D[ieu] aidant, bientôt. Si vous désiriez quelque chose de ce catalogue de M. Naudé, j’ai tout cela céans à votre service. Je vous envoie un seco[nd] cahier des trois que je vous prie de lire au plus tôt. [1][4] M. de Saumaise [5] partit d’ici pour la Hollande mardi dernier. [2] M. Ménage [6][7] fai[t] ici imprimer de lui un livre latin contre Heinsius, [3][8] touchant la querel[le] que Balzac [9] a eue avec ledit Heinsius sur la tragédie Herodes Infanticida ; [4] dès qu’il sera fait, je vous en enverrai un. On a imprimé diverses pièces latines et françaises contre Montmaur, [10] sous le nom de Mamurra, [11] que je pourrai bien vous faire voir. [5] Samuel Petit, [12] professeur à Nîmes, [13] est mort de trop étudier ; il s’est tué. Sous peu de jours, on verra les 3 tomes de la Théologie du P. Pe[tau], [6][14] [et] imprimé à Rouen, le Iansenius Yprensis [15] avec quelques traités nouveaux. [7][16][17][18]
Il y a un livret nouveau intitulé Le maréchal d’[Ornano], martyr d’État, [8][19] dans lequel le cardinal [20] qui est en plomb est décrit et décrié comme un parfait tyran, et je pense qu’il dit vrai. J’en ai un que j’ai donné à M. Dupuy. [21] Notre Faculté a fait deux nouveaux livrets contre le Gazetier, [22] et y en aura bien[tôt] encore un troisième. [9][23][24][25]
Je n’ai point eu de jetons [26] nouveaux, on [n’en donne] plus. [10] Le sieur de Saint-Germain, [27] aumônier de la feu reine mère, [prê]chera dans Saint-Séverin [28] mercredi prochain ; [11] plusieurs s’attendent [d’]aller pour le voir là. Dès que M. de Saumaise sera en Hollande, il fera achever son livre de primatu Petri et un autre pe[tit], de manna et saccharo. [12][29][30] Je vous baise très humblement les mains et suis, mon très Révérend Père, votre très humble et très obéissant serviteur.
Patin.
De Paris, ce 8e de novembre 1643.
On imprime en Hollande un livre de M. Blondel [31] contre le P. Petau sur la controverse de episcopis et presbyteris. [13] On imprime ici la Physique toute nouvelle, une Morale assez grande et une Logique de Pierre Du Moulin. [32] Cela fera trois volumes séparés en français et par après, on les fera tout de suite en latin. [14] Toute la copie en est prête.
Triaire no xcvii (pages 339‑341 ; à partir du ms BnF no 1346, fo 60). « Cette lettre, dont une très mauvaise transcription existe au Collège de France (ms Montaiglon, page 157), est déchirée à plusieurs endroits. Une main inconnue a rétabli les textes que nous avons placés entre crochets » (Triaire). Pour le destinataire, v. la notice biographique de dom Jean Vassan de Saint‑Paul, moine feuillant.
À part les œuvres complètes d’Ulisse Aldrovandi (v. note [13], lettre 9), dont plusieurs tomes furent réédités à Bologne en 1645-1646, ce début de lettre est flou. Il autorise néanmoins trois spéculations sur les ana qui se rédigeaient alors dans le secret des cabinets.
Le 8 novembre 1643 ayant été un dimanche, mardi dernier désignait le 3 novembre. Saumaise n’aimait pas la Hollande, où les exigences de Mazarin et ses obligations universitaires le contraignaient à repartir (La France protestante…, tome ix, page 154) :
« L’air d’ici commence à ne m’être guère favorable, et moins encore à ma famille, avait-il écrit de Leyde le 23 janvier 1633. Je tâcherai néanmoins à m’y accommoder et accoutumer. J’aime mieux vivre ici que vivre en France, mais j’aimerais mieux vivre en France que mourir ici. »
Gilles Ménage était un familier de Guy Patin et l’un de ses correspondants.
Les Menagiana (tome second, page 125) contiennent néanmoins cette rude sentence :
« Les Lettres de Gui Patin {a} sont remplies de faussetés. Nous en remarquâmes un grand nombre, M. Bigot et moi. M. Patin ne prenait pas de précaution dans ce qu’il écrivait, et la préoccupation {b} lui faisait croire mille choses qui n’étaient pas. »
- Première édition (Francfort, 1683).
- Les préjugés.
Ce reproche, souvent repris par divers critiques, est assez injuste : en le lisant bien, il est rare, au contraire, de prendre Patin en flagrant délit d’inexactitude historique, du moins pour les faits importants ; et souvent, quand il se trompait, il se corrigeait dans une lettre ultérieure (que ses détracteurs n’ont pas toujours lue) ; il n’en est pas moins vrai qu’il se complaisait à colporter des ragots douteux sur bien des personnages de la cour, de la ville ou de la Faculté.
Claudii Salmasii ad Ægidium Menagium epistola, super Herode infanticida Viri Celeberrimi Tragœdia, et censura Balsacii.
[Lettre de Claude i Saumaise à Gilles Ménage sur l’Hérode infanticide, tragédie d’un homme très célèbre, {a} et la censure de Balzac]. {b}
- Daniel Heinsius avait publié cette tragédie (cinq actes en vers latins) intitulée Herodes infanticida [Hérode l’infanticide] (Leyde, Elsevier, 1632, in‑8o), sur le Massacre des Innocents ordonné par le roi Hérode (v. note [24], lettre 183). Il y mêlait bizarrement le sacré et le profane, la doctrine biblique et la mythologie profane (Michaud).
Jean-Louis Guez de Balzac l’avait critiquée dans un Discours sur une tragédie de Monsieur Heinsius, intitulée Herodes infanticida (Paris, Pierre Rocolet, 1636, in‑8o).
- Lettre datée (à la fin) de Paris le 30 septembre 1643 (Sans lieu ni nom ni date, in‑4o de 77 pages).
Pierre de Montmaur (Bétaille, dans le Quercy, 1576-Paris 22 mars 1650, v. note [2], lettre 223) ne doit pas être confondu avec Henri-Louis Habert de Montmor (v. note [13], lettre 337). Selon Bayle, Montmaur :
« a passé pour le plus grand parasite de son temps, et il se rendit si odieux aux beaux esprits qu’ils employèrent contre lui tous les traits et toutes les inventions de la satire la plus outrageante. Il étudia les humanités chez les jésuites de Bordeaux ; et comme il avait une mémoire extraordinaire, il fit concevoir de si hautes espérances du progrès de ses études, qu’on l’engagea à prendre l’habit de jésuite. On l’envoya à Rome où il enseigna la grammaire pendant trois ans avec beaucoup de réputation. On le congédia ensuite parce que l’on vit que sa santé était chancelante. Il s’érigea en vendeur de drogues à Avignon et amassa bien de l’argent par ce moyen. Après cela, il vint à Paris, et n’ayant pas trouvé son compte au barreau, il se tourna du côté de la poésie parce qu’il espéra de participer aux présents dont le cardinal de Richelieu gratifiait les bons poètes : il cultivait ce qu’il y avait de plus puéril dans ce bel art, je veux dire les anagrammes et tels autres jeux de mots. Il succéda à Goulu dans la chaire royale en langue grecque. {a} […]
Il me semble qu’on peut dire sans se tromper que cet homme-là n’était pas à beaucoup près aussi méprisable qu’on le représente. {b} Il aimait trop la bonne chère ; il allait manger chez les grands plus souvent qu’il n’eût fallu ; il y parlait avec trop de faste, je n’en doute point ; mais si la fécondité de sa mémoire, si sa lecture, si sa présence d’esprit ne l’eussent rendu recommandable, aurait-il eu tant d’accès chez M. le Chancelier, chez M. le président de Mesmes et auprès de quelques autres personnes éminentes, et par leur rang, et par leur bon goût, et par leur érudition ? Gardons-nous bien de prendre pour un fidèle portrait les descriptions satiriques que l’on fit de sa personne et de ses actions. Les meilleurs poètes, les meilleurs esprits du temps, se donnèrent le mot et conspirèrent contre lui, et ils tâchèrent de renvier les uns sur les autres pour le tourner en ridicule ; de sorte qu’ils inventèrent une infinité de fictions. Il faut donc prendre cela pour des jeux d’esprit et pour des romans, et non pas pour un narré historique. Balzac {c} s’enrôla avec tant de zèle dans cette espèce de croisade qu’il voulut bien prendre la peine de descendre du haut de sa gravité afin de donner à ses pensées quelque air de plaisanterie badine. C’était pour lui une occupation plus fatigante que ne l’eût été pour Scarron un écrit sérieux et guindé. Il fit plus, car il sonna le tocsin, il anima ses amis à prendre la plume et à fournir leur quote-part. C’est une chose assez remarquable que les suppôts de la Faculté des arts de l’Université de Paris n’accoururent point au secours de leur confrère Pierre de Montmaur. C’est un signe qu’il n’avait su se faire aimer ni des régents de collège, ni des beaux esprits. C’eût été un étrange tintamarre si ces régents eussent fait une contre-ligue en sa faveur, et se fussent mis en devoir de faire servir toute leur grammaire et toute leur rhétorique, en prose et en vers, contre ses persécuteurs ».
- En 1623 (v. note [2], lettre 223) ; v. note [33], lettre 183 pour Jérôme Goulu.
- Nicolas Bourbon a dit grand mal de Montmaur : v. notes [40]‑[43] du Borboniana 8 manuscrit.
- Jean-Louis Guez de Balzac : v. note [4], lettre 223.
V. note [5], lettre 223, pour le surnom de Mamurra qu’on utilisait pour ridiculiser Montmaur. Guy Patin faisait allusion aux Petri Monmauri Græcarum litterarum professoris Regii Opera in duos tomos divisa, iterum edita et notis nunc primum illustrata a Quint. Ianuario Frontone [Œuvres de Pierre de Montmaur, professeur royal de lettres grecques, divisées en deux tomes ; rééditées et pour la première fois illustrées de notes par Quintus Januarius Fronto] (Paris, sans nom, 1643, in‑4o). Bayle cite l’explication qu’en a donnée le véritable auteur, Adrien de Valois (v. note [42], lettre 336), dans son Valesiana (pages 37‑38) :
« Je ne voulus pas être des derniers à prendre parti dans une guerre si plaisante : je fis imprimer deux pièces latines de ce professeur, l’une en prose et l’autre en vers, avec des notes ; et quoique ces deux pièces ensemble ne tinssent que huit pages, je les divisai en deux tomes. J’ajoutai ensuite sa vie composée par M. Ménage, et tous les vers latins et français que je pus ramasser des uns et des autres ; auxquels je joignis quelques épigrammes latines que j’avais faites sur lui. Comme chacun prenait des noms de guerre, j’en fis de même, et pris celui de Quintus Ianuarius Fronto. Ces trois noms me convenaient parfaitement ; Quintus, parce que j’étais le cinquième de mes frères ; Ianuarius, parce que je suis né le mois de janvier ; et Fronto, parce que j’ai le front large et élevé. »
Ce n’est qu’un exemple du déchaînement de libelles qui coururent contre Montmaur.
Trois premiers des quatre tomes des Theologica dogmata [Dogmes théologiques] (Paris, Sébastien Cramoisy, 1644, 3 volumes in‑fo) du P. Denis Petau, jésuite (v. note [8], lettre 72).
« Jansenius d’Ypres », auteur du livre posthume qui a fondé le jansénisme :
Cornelii Iansenii Episcopi Iprensis Augustinus, seu Doctrina Sancti Augustini de humanæ naturæ sanitate, ægritudine, Medicina adversus Pelagianos et Massilienses, tribus tomis comprehensa. Accessit huic editioni Tractatus F. Florentii Conrii Archiepiscopi Thuamensis de statu parvulorum sine baptismo decedentium iuxta sensum B. Augustini.
Tomus primus. In quo hæreses et mores Pelagii contra naturæ humanæ sanitatem, ægritudinem et medicinam ex S. Augustino recensentur.
Tomus secundus. In quo genuina sententia S. Augustini de humanæ naturæ stantis, lapsæ, puræ statu et viribus eruitur et explicatur.
Tomus iii. In quo Genuina sententia profundissimi Doctoris de Auxilio gratiæ medicinalis Christi Salvatoris, et prædestinatione hominum et Angelorum proponitur, et dilucide ostenditur.[Augustinus de Cornelius Jansenius, évêque d’Ypres,, ou la Doctrine de saint Augustin {a} sur la santé, l’indisposition et le soulagement de la nature humaine, contre les pélagiens et les massiliens, {b} répartie en trois tomes. A été ajouté à cette édition le traité de Florentius Conrius, archevêque de Tuam, {c} sur le statut des petits enfants qui meurent sans baptême suivant le sentiment du bienheureux Augustin.
Tome 1. Où sont examinées les mœurs et les hérésies de Pelagius contre la santé, l’indisposition et le soulagement de la nature humaine d’après saint Augustin. Tome 2. Où est expliquée et découverte l’opinion authentique de saint Augustin sur le statut et les forces de la pure nature humaine quand elle tient solidement debout et quand elle est tombée. Tome 3. Où est présenté et clairement montré le jugement authentique du très profond Docteur sur le secours de la grâce curatrice du Christ notre Sauveur, et sur la prédestination des hommes et des anges]. {d}
- Saint Augustin d’Hippone, v. note [5], lettre 91.
- Au iiie‑ive s., le moine Pélage (Pelagius, v. note [57] du Patiniana I‑4) conçut le pélagianisme, ou hérésie pélagienne, établissant que tout chrétien peut accéder à la sainteté par ses propres forces et par son libre arbitre, sans intervention indispensable de la grâce divine (v. note [50], lettre 101). Au siècle suivant, Jean Cassien (v. note [44] des Déboires de Carolus) et ses disciples, les massiliens, avaient atténué cette hérésie en distinguant l’amorce de la foi, soumise au libre arbitre, et l’augmentation de la grâce, fournie par Dieu. Au xviie s., les ennemis des jésuites leur donnaient le surnom dépréciateur de semi-pélagiens.
- Florence Conroy (Galway 1560-Madrid 1629), moine franciscain, fut nommé archevêque de Tuam (Irlande) en 1610.
- Paris, Michel Soly et Matthieu Guillemot, 1641, trois tomes réunis en un volume in‑fo, avec Synopsis Vitæ Auctoris [Résumé de la vie de l’auteur] ; première édition à Louvain, Jacobus Zegerus, 1640, in‑fo.
Cornelis Janssen, Cornelius Jansenius (Acquoy près de Leerdam en Hollande 1585-Ypres 6 mai 1638) avait tiré son nom (Janssen ou Janszoon, fils de Jean) du prénom de son père, Jan Ottens (fils d’Otto). Catholique dans une Hollande protestante, il avait entamé ses études de théologie à Louvain (Pays-Bas espagnols) en 1602 pour les achever en 1609, en recevant les ordres mineurs. Il était ensuite venu à Paris comme précepteur, pour se lier d’amitié avec Jean Duvergier de Hauranne (abbé de Saint-Cyran, v. note [2], lettre 94) et se consacrer avec lui à l’étude des Pères de l’Église. Ordonné prêtre à Malines en 1614, Jansenius fut nommé professeur ordinaire de l’Université de Louvain en 1618 et se consacra dès lors à développer l’idée de la grâce selon saint Augustin (prédestination), contre celle professée par les jésuites (libre arbitre des pélagiens). Nommé professeur régent d’Écriture Sainte à Louvain en 1630, puis recteur en 1635 et enfin évêque d’Ypres en 1636, Jansenius mourut de la peste deux ans plus tard.
Dès 1627, Jansenius s’était attelé à la rédaction de l’Augustinus dont l’intention était de restituer la vérité et la pureté de la pensée de saint Augustin, contre les interprétations qu’on en avait tirées depuis un siècle pour servir les idées théologiques adoptées par les jésuites. Il en avait achevé la rédaction peu de temps avant de mourir.
La doctrine théologique de Jansenius, opposée à celle de Rome et des jésuites, a fait naître le jansénisme qui provoqua la plus vive querelle catholique française du xviie s. Ses péripéties parsèment toute la correspondance de Guy Patin, dont les inclinations penchaient nettement plus vers les disciples de Jansenius (voire de Calvin) que vers ceux de saint Ignace.
Jansenius a aussi donné son élan politique au jansénisme, avec son ouvrage pseudonyme intitulé :
Alexandri Patricii Armacani, theologi, Mars Gallicus, seu de iustitia armorum et fœderum regis Galliæ libri duo. Editio secunda multo locupletior.[Le Mars français du théologien Alexander Patricius Armacanus, {a} ou deux livres sur la justice des armées et des alliances du roi de France. Seconde édition fort enrichie]. {b}
- Patrick Alexander d’Armagh, principale ville d’Irlande au Moyen Âge, patrie de saint Malachie (v. note [2], lettre 983) et du chronologiste Usserius, où saint Patrick fonda un collège.
- Sans lieu ni nom, 1636, in‑fo de 289 pages, première édition en 1635.
Le sous-titre cite saint Augustin : Arrogantiæ non est, vel quærere, vel asserere veritatem [Il n’y a pas d’arrogance à rechercher ou à affirmer la vérité] (Contre Creconius, livre 4, chapitre 66).
V. note [35] du Patiniana I‑3 pour l’édition française de 1637.
C’était une condamnation de la politique étrangère de Richelieu, qui faisait alors alliance avec les pays protestants (Provinces-Unies, Allemagne) contre l’Espagne catholique. Ce livre contribua sans doute à l’hostilité du cardinal contre le jansénisme, qui culmina dans le long emprisonnement de l’abbé de Saint-Cyran (v. note [2], lettre 94).
Pamphlet anonyme paru en 1643 (sans lieu ni nom, in‑4o de 48 pages), attribué à Paul Hay du Chastelet (1620-après 1682), fils du marquis de même nom (v. note [6], lettre 20).
Jean-Baptiste d’Ornano (Sisteron 1581-Vincennes 2 septembre 1626) était petit-fils de Sampiero Corso (1498-1567), colonel dans les armées de François ier, qui mena le premier soulèvement des Corses contre leurs occupants génois. Comte de Montlaur, maréchal de France en 1626, Ornano avait été nommé en 1619 premier gentilhomme de la chambre de Monsieur Gaston, frère cadet de Louis xiii, surintendant de sa Maison et de ses finances, et lieutenant de sa compagnie d’hommes d’armes. Ayant pris part à la conspiration de Chalais (v. note [16], lettre 13), le maréchal fut arrêté le 4 mai 1626 et enfermé à Vincennes pour y mourir le 2 septembre d’une « dysenterie accompagnée de rétention d’urine », que certains prirent pour un empoisonnement.
V. note [5], lettre 77, pour le plomb où se trouvait alors le défunt cardinal.
Il s’agissait d’une nouvelle pièce anonyme que la Compagnie des médecins de Paris rédigeait contre Théophraste Renaudot, à la suite de sa Requête présentée à la reine… (1643, v. note [15], lettre 92). Pour éclaircir les nouveaux rebondissements que connaissait alors cette empoignade sans merci, Adolphe Chéreau et, après lui, Paul Triaire ont fouillé les comptes annuels manuscrits de la Faculté que le doyen Michel de La Vigne a méticuleusement colligés, suivant la règle, en 1643 (Comment. F.M.P., tome xiii, fo 200 vo). On y lit ces trois sorties au chapitre des dépenses :
Magistro Guidoni Patin, doctori medico, pro excusis 300 exemplaribus inficeti illius scripti quod typis suis edi curaverat Theophrastus Renaudotus et factum litis suæ adversus medicos Scholæ Paris. nuncuparat, dedi sex libellas ;
[J’ai donné six livres à Me Guy Patin, docteur en médecine, pour sa dépense en 300 exemplaires de cet inepte écrit que Théophraste Renaudot avait pris soin d’éditer en son imprimerie, et intitulé Factum de son procès contre les médecins de la Faculté de Paris] ;
eidem Magistro Guidoni Patin, pro narratione iuris nostri, typis mandata adversus Renaudotum et eius socios dedi novem libellos et quinque assos ;
[J’ai donné neuf livres et cinq sols au même Me Guy Patin pour la narration qu’on a fait imprimer de notre procès contre Renaudot et ses associés] ;
dedi Magistro Guidoni Patin censori pro trecentis et amplius exemplaribus examinis libelli supplicis a Gazetario porrecti Reginæ, typis mandati triginta octo libellas et quindecim assos.
[j’ai donné à Me Guy Patin, censeur de la Faculté, 38 livres et 15 sols pour l’impression de plus de 300 exemplaires de l’Examen de la requête présentée à la reine par le Gazetier].
Ces indices établissent que sur la demande de la Faculté, Guy Patin a :
écrit (peut-être) et fait imprimer (sûrement) un factum sans titre qui est une « Requête présentée au prévôt de Paris par les docteurs de la Faculté de médecine contre Théophraste Renaudot et ses adhérents, qui exercent sans titres la médecine au Bureau d’adresse, commençant par ces mots : Le procès entre les doyen et docteurs régents en la Faculté de médecine à Paris et Théophraste Renaudot… » (sans lieu ni nom, 1643, in‑fo) ;
fait imprimer (sinon écrit) l’Examen de la Requête présentée à la reine par le Gazetier (sans lieu ni nom, 4 novembre 1643, in‑4o), qui est le troisième nouveau livret de la Faculté contre Renaudot que Patin annonçait ici au R.P. de Saint-Paul, après les deux susmentionnés.
Renaudot entreprit ensuite de se disculper avec sa Réponse à l’Examen de la requête présentée à la reine par Me Théophraste Renaudot, portée à son auteur par Machurat, compagnon imprimeur (Paris, sans nom, 1644, in‑4o).
Le Factum du procès… (no 1 ci-dessus) est une pièce de 20 pages signée « Monsieur Le Gras, rapporteur », mais écrite par Théophraste Renaudot.
« Ce serait une chose malaisée à croire, si l’on n’en voyait l’expérience {a} aux personnes des défenseurs, {b} qu’il se trouvât des gens qui font profession d’honneur et du christianisme, lesquels osent bien entreprendre de faire guerre ouverte à une charité qui s’exerce envers les pauvres malades par le commandement de Dieu et du roi, et avec l’applaudissement de tout le monde. Aussi est-elle si accomplie en toutes ces circonstances qu’il faut avoir dépouillé l’humanité et la raison pour s’y opposer. »
« Les défendeurs veulent qu’il ne soit pas permis à d’autres médecins qu’à eux de traiter des malades dans Paris ; et par ce moyen, se rendre maîtres absolus du plus grand trésor des hommes qui est leur santé et leur vie, faire la condition de notre siècle pire que celle des temps passés auxquels chacun allait enseigner aux autres les moyens de sa guérison, et rendre Paris en ce point inférieur aux moindres villages et à la Turquie même, où chacun se fait traiter à sa mode et où les Turcs vivent bien en esclaves du grand Seigneur, mais ils meurent libres et il n’y a point de loi qui les oblige à se servir d’un médecin turc plutôt que d’un juif ou d’un arabe, ou qui l’empêche de suivre l’avis de son voisin ; et les défendeurs se doivent souvenir que par le désordre qu’ils ont introduit en la médecine, ils en ont commis la pratique non seulement aux valets des maisons et aux gardes de malades, mais aux malades eux-mêmes, lesquels apparemment ne sont pas si capables de l’exercer que le demandeur et les autres docteurs en médecine ; et cependant, ils trouvent insupportable aux personnes de ceux-ci ce qu’ils autorisent en celles-là. »
Le factum sans titre de la Faculté publié en 1643 (no 2 ci-dessus) est une lamentation de 12 pages sur le procès qui, sans aboutir depuis trois ans, opposait Guy Patin à Théophraste Renaudot, « que la misère et mauvaise condition des temps semblaient favoriser et qui, pour l’exécution de ses sinistres desseins et par des artifices peu sincères, s’appuyait d’une puissance à laquelle il était difficile et assez dangereux de ne se pas soumettre entièrement » (page 1).
« Enfin, pour ne point tenir davantage le bec en l’eau à ces canes, on leur dit en un mot, et qui tranche d’un seul coup la racine de toutes leurs espérances et prétentions, que ni Maître Théophraste Renaudot, auteur du schisme, ni tous les autres suppôts et partisans de sa secte, chétifs assesseurs en ses conseils de médecine, ou pour mieux dire, complices et ministres de ses monopoles et malversations au pansement des malades, soi-disant tous médecins, n’étant point de notre Compagnie ni approuvés d’icelle, n’ont aucun droit et n’en peuvent avoir de traiter les malades et pratiquer la médecine en cette ville et faubourgs de Paris ; si ce n’est qu’ils soient avantagés par quelque autre qualité ou prérogative qui leur vienne d’ailleurs, au défaut de cette première : je veux dire s’ils ne sont premiers médecins du roi ou de la reine, médecins ordinaires de Leurs Majestés ou du nombre de ceux qui servent actuellement {a} le roi durant trois mois de l’année, auxquels les médecins de l’École de Paris ne contestent aucunement ce droit qui est dû à leur qualité ; ni à ceux qui sont attachés effectivement à la personne de Monseigneur le duc d’Orléans, oncle du roi, et de quelques princes du sang royal ; ni pareillement à ceux que ladite Faculté de Paris a voulu souffrir et agréer, voire même leur donner la conférence avec les siens pour le respect et la seule considération des maîtres qu’ils servent, ou pour autres causes, raisons et motifs qu’elle a pu avoir en cette libérale mais très libre et volontaire dispensation des biens, grâces et faveurs que les souverains et les lois ecclésiastiques et politiques ont mis entre ses mains, et dont elle peut user et disposer comme bon lui semble, pour le bien et l’utilité du public » (page 11).
« Et partant, il est indubitable que tant ledit Renaudot, Ατοιχος παροικος, {b} que ses adhérents et consultants, et tous les autres, pratiquant sans aveu ni pouvoir aucun légitime la médecine en cette ville et faubourgs de Paris, doivent être déboutés de leurs prétentions et de l’injuste usurpation et attentat qu’ils commettent contre l’autorité et les ordonnances des magistrats et l’honneur de la profession » (page 12).
L’Examen de la requête… (no 3 ci-dessus) est une pièce de 40 pages in‑4o datée, à la fin, du 4 novembre 1643. Attribuée à René Moreau (BnF), elle est de Guy Patin, comme l’ont avancé Chéreau (Bibliographia Patiniana, page 8) et Machurat (Renaudot lui-même, dans la Réponse qui a suivi).
« Le maître des gazettes (il ne faut pas salir le papier de son nom qui sera odieux et exécrable à la postérité) a débité ces jours passés une requête non moins insolente que téméraire, qu’il a présentée à la reine. Au lieu de venir en suppliant et en coupable, le ventre contre terre et la corde au cou, demander pardon à Sa Majesté que sa plume médisante a déchirée avec toute sa famille dix ou onze ans durant en toutes les occasions qu’il a pu trouver, il vient plein de confidence et d’audace lui demander récompense des injures et des mensonges qu’il a forgés et publiés contre Sa Majesté pour le service, comme il dit, du roi et de l’État. »
« Mais une des pièces la plus criminelle est la Gazette du 4e de juin de l’année 1633, cotée no 54, en la page 236, dans laquelle, après avoir écrit que Don Ioüan de Médicis avait été arrêté à Troyes, il ajoute : On tient qu’il était chargé de plusieurs papiers importants, et particulièrement de plans de villes et places de ce royaume, et de lettres tendant à décrier le roi et le gouvernement de son État, mais on ne sait pas les particularités. Mais ce qui se peut savoir est que par l’une desdites lettres on supposait que le roi envoyait à Rome pour trois choses aussi malicieuses qu’elles sont éloignées de toute apparence, à savoir pour répudier la reine, pour déclarer M. le duc d’Orléans inhabile et incapable de succéder à la couronne, et pour avoir liberté de protéger les luthériens. {a} Faut-il qu’un Français ait écrit ces calomnies contre son roi, contre sa reine, et en ce temps-là contre l’héritier présomptif de la couronne ? Contre son roi ! qu’il fait ennemi de Dieu et protecteur des luthériens, ennemi de la plus chaste et vertueuse femme qui ait jamais été, et ennemi de son sang et des lois fondamentales du royaume. Contre sa reine ! l’accusant des défauts qui sont causes de la répudiation. Contre l’héritier de la Couronne ! en faisant soupçonner en lui quelques grands crimes » (page 22).
« Mais enfin nous voilà venus à la dernière de ses raisons, qui paraît la plus forte et la plus plausible, comme le déchargeant entièrement sur le cardinal-duc, qui lui envoya le matin de la part du roi, les mémoires qu’il employa en cette Gazette. Examinons soigneusement s’il y a quelque apparence de vérité en cette proposition. Premièrement, il confessera avec moi que si ce premier ministre a fait publier ce mémoire, c’était pour justifier le procédé du roi et le sien sur la prise de Don Juan de Médicis. […] Si le cardinal, qui était un fin et très avisé politique eût donné ces mémoires, il en fût demeuré là {b} et n’y eût point fait ajouter les autres qui offensaient le roi, la reine et M. le duc d’Orléans, et le cardinal même, puisque tout le monde savait bien que si ces trois articles eussent été mis en exécution, il en eût été l’auteur et le promoteur. Mais n’est-il pas méchant d’avoir écrit que l’on ne savait pas les particularités des lettres de Don Juan, et cependant tout aussitôt il les particularise ? S’il eût voulu nous persuader que ces lettres venaient du cardinal, il ne devait pas mettre qu’on ne savait les particularités des papiers de don Juan puisqu’il sait bien qu’ils avaient été vus du cardinal, sans l’ordre duquel on n’eût osé les ouvrir ni les lire. Cela fait voir que tout ce discours est de la fabrication du Gazetier et de son invention. Davantage, quelle ruse de police eût-ce été de retenir un homme afin de l’empêcher de décrier le roi et le gouvernement de son État par la communication qu’il voulait faire de ses lettres à ceux auxquels il les adressait, et en même temps faire une publication générale par toute l’Europe des choses que l’on désirait être supprimées ? »
« Mais {c} n’est-il pas plaisant, de promettre à Sa Majesté de la mettre à l’avenir dans ses feuilles, c’est-à-dire dans ses gazettes avec de belles louanges ! Après avoir médit d’elle avec tant d’insolence, avoir détracté {d} de toute sa famille qui a produit tant de rois et d’empereurs, s’être moqué en mil endroits du roi d’Espagne et du défunt cardinal-infant, ses frères, avoir traité l’empereur avec toute sorte d’indignités, il croit l’obliger de la mettre dans ses gazettes, qui est le but et la fin de sa Requête ; et où pareillement je mettrai fin à cet Examen, attendant que nous mettions au jour l’extrait des calomnies, mensonges, fourbes, malices, insolences, et vanités de cet imposteur. »
La Réponse à l’Examen… (no 4 ci-dessus) est un livret de 75 pages in‑fo où Machurat, en même temps qu’il s’identifie à Renaudot et ses compagnons, désigne l’auteur de l’Examen comme étant Guy Patin, mais sans le nommer.
« Je t’y trouve donc encore, {b} camarade, après un silence de trois ans {c} qui n’a été interrompu que par les bouffonneries de ton ridicule plaidoyer qui appartenait mieux à un hôtel de Bourgogne {d} qu’à un barreau : partagé de la pitié que les uns avaient de ton ignorance et de la risée qu’excitait aux autres ton mauvais français, ta façon niaise et ce badin de serment, Vrai comme vela {e} le jour de Dieu, Messieurs, que tu répétais souvent, faute de bonnes raisons, en cette satisfaction que tu fis en public à M. Renaudot, déclarant que c’était d’un autre et non pas de lui que tu avais écrit les médisances contenues en l’épître liminaire des œuvres de Sennert naguère imprimées en cette ville. Et ne te souvenant plus du danger où je me mis pour toi quand j’allai porter aux consultants charitables ton bel Avertissement, tu me jettes en de nouvelles peines de défendre ta réputation qui me donne plus d’affaires que quelque chose de bon. Mais je me suis toujours ressouvenu de cette belle sentence que j’imprimais et que tu corrigeais au temps de notre première connaissance : que l’amitié doit sembler {f} au lierre qui n’abandonne point, même après leur mort, les arbres qu’il a une fois embrassés. Ainsi, Monsieur mon camarade que j’ai tant embrassé, surtout quand ce bon piot {g} nous avait à tous deux ragaillardi les sens, je n’abandonnerai jamais la défense de ta réputation, même après l’avoir perdue, comme tu as fait par ces jolis petits livres que tu composes contre un homme avec qui tu ne gagneras rien ; non plus qu’à envoyer ton portrait et ton éloge supposé à tous ceux qui écrivent la vie des hommes illustres, croyant en surprendre quelqu’un qui te mette en leur rang : témoin le tableau que tu adressas sous ton nom, il y a six mois, à Beverovicius, fameux médecin de Dordrecht, qui travaille sur ce sujet. {h} Ce qui me fait parler de la sorte est que, me promenant ces jours passés sur le Pont-Neuf, qui te sert de bibliothèque, un de nos anciens compagnons, faisant sortir de dessous son manteau le dernier libelle que tu as fait contre ledit sieur Renaudot, me le donna à la charge que je ne lui ferais point voir, disant qu’on tirait cette parole de tous ceux à qui on le débitait, afin que les injures qui sont dedans pussent faire impression sur les esprits du peuple avant qu’on y répondît ; se défiant bien que ce tien ouvrage serait en ce point plus heureux que toi, qu’il ne demeurerait pas deux ans, comme tu as fait autrefois, en chambre garnie, à chercher condition sans pouvoir trouver maître, faute de répondant. »
« il me le rendit avec tous les témoignages de mépris qu’on en saurait attendre, disant qu’il imitait en ce point Diogène, lequel ne faisait que se promener pour réfuter Zénon lorsqu’il niait le mouvement, de même qu’il se contentait de bien faire tandis que ses ennemis s’amusaient à médire de lui. Il ne laissa pas toutefois de me donner la pièce pour boire. Ce qui soit dit sans tirer à conséquence ni que tu en puisses prétendre la moitié, selon ta mauvaise coutume qui t’a coûté tant de gourmades {i} et entre autres, la veille que tu fus passé compagnon imprimeur. Ce qui n’ayant pas empêché que tu n’aies été depuis médecin de l’École de Paris, honore autant l’imprimerie comme tu apportes de déshonneur à cette École. Ce bon commencement (je l’appelle ainsi, voyant que j’avais l’argent et le drap) {j} me fit espérer que si je m’adressais à ce jeune médecin qui drapa si bien cet Avertissement, où toi et un autre de ta faction aviez pris tant de peine, j’en pourrais encore tirer quelque chose. L’ayant donc été trouver chez lui, à l’ouverture du libelle, il s’écria : {k} “ Ô le grand fat ! étant si malhabile homme comme il est, et si ignorant en son art de médecine, a-t-il bien la présomption de se mêler des affaires d’État ? ” Sur quoi, selon la discrétion et retenue que j’ai apprise de toi, je l’interrompis et le prenant par le bras, je lui dis que je t’en estimais plus habile homme de vivre d’un métier que tu ne savais pas, ajoutant que ma mémoire n’étant heureuse que pour se souvenir des lieux où se vend le bon vin, je le priai de te répondre par écrit ; ce qu’il fit de la sorte ».
« Voilà, mon camarade, la réponse de ce docteur de Montpellier à votre Examen, et quelque chose par-delà, qu’il m’a donnée avec charge expresse d’en user à son ordinaire, c’est-à-dire autrement que vous n’avez fait : car au lieu que vous avez mis si bon ordre à votre libelle qu’il n’est tombé entre ses mains que longtemps après qu’il a été imprimé, il vous envoie le premier exemplaire de cettui-ci afin que vous ayez plus de loisir d’y répondre, si le jeu vous plaît, et à vos compagnons. Entre lesquels il s’en trouvera toujours quelques-uns assez équitables pour considérer que la défense étant naturelle, il est malaisé qu’il ne s’en rencontre aussi toujours quelqu’un parmi tant de doctes personnages qui ont mérité le titre de docteur dans toutes les autres universités, lequel s’employant à la conservation de ce qu’ils ont de plus cher, venge leur honneur aux dépens du vôtre. »
Cæterum mitto ad te meam effigiem, stipulatione solita ut vicissim mittas tuam, quam magni muneris loco habebo, ut cuius exemplar in oculis feram.[Du reste, je vous envoie mon portrait sous la seule condition qu’en retour vous m’envoyiez le vôtre, que je tiendrai pour un splendide cadeau, et j’en chérirai l’original comme mes yeux].
Ces propos de Renaudot sont le plus crédible des témoignages qu’on ait sur le passé de Patin dans l’imprimerie, avec celui qui est rapporté dans la note [11], 2e notule {a}, de la lettre 57.
Sans doute Guy Patin parlait-il des jetons que la Faculté de médecine de Paris (v. note [42], lettre 288) frappait tous les deux ans après l’élection de son doyen et en son honneur. Michel de La Vigne avait été élu le samedi 8 novembre 1642 et on peut concevoir que, un an plus tard, tous ses jetons avaient été distribués.
L’église Saint-Séverin, construite au xve s. et toujours debout dans le ve arrondissement de Paris, se situe vers le bas de la rue Saint-Jacques, non loin de la Seine.
V. notes [16], lettre 95, pour le livre de Saumaise « sur la manne et le sucre » (Paris, 1663), et [6], lettre 62, pour celui « sur la primauté de Pierre » (Leyde, 1645).
Apologia pro sententia Hieronymi de episcopis et presbyteris, autore Davide Blondello.
[Apologie pour la sentence de Jérôme {a} à propos des évêques et des prêtres, par David Blondel]. {b}
- Saint Jérôme de Stridon, v. note [16], lettre 81.
- Amsterdam, Ioannes Blaeu, 1646, in‑4o de 549 pages ; écrite en réponse aux :
Dionysii Petavii Aurelianensis e Societate Iesu Dissertationum ecclesiasticarum libri duo, in quibus de Episcoporum dignitate, ac potestate ; deque aliis Ecclesiasticis dogmatibus disputatur.[Deux livres de dissertations ecclésiastiques de Denis Petau {i} natif d’Orléans, de la Compagnie de Jésus, disputant sur la dignité et le pouvoir des évêques, et sur d’autres dogmes de l’Église]. {ii}
- V. note [6], lettre 54.
- Paris, Sébastien Cramoisy, 1641, in‑8o
David Blondel (Châlons-en-Champagne 1591-Amsterdam 6 avril 1655), ministre réformé, avait dû sa première réputation à un écrit intitulé Modeste déclaration et vérité des églises réformées de France… (Sedan, 1619, in‑8o), réponse aux accusations mensongères de certains écrivains catholiques touchant la doctrine des réformateurs. Ainsi remarqué, Blondel avait été nommé secrétaire de divers synodes provinciaux et on lui avait confié en 1619 la mission de député à l’Assemblée politique de Loudun. Il était alors chapelain du comte de Roussy qui l’avait empêché de partir occuper une chaire de théologie dans l’Académie de Saumur, que la province d’Anjou lui offrait. Blondel quitta en 1644 ce seigneur et le synode d’Île-de-France lui vota une subvention annuelle de 1 000 livres pour résider à Paris où il trouverait plus qu’ailleurs les matériaux nécessaires à ses travaux et à la défense du calvinisme. En 1649, il accepta la chaire d’histoire que la mort de Gerardus Johannes Vossius avait rendue vacante à Amsterdam (G.D.U. xixe s.). Considéré comme l’un des plus savants ministres de son temps, Blondel a laissé de nombreux ouvrages ; Guy Patin en a cité plusieurs au fil de ses lettres.
Pierre i Du Moulin (v. note [9], lettre 29) :