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Ana de Guy Patin :
Bornoniana 4 manuscrit  >

Ms Bnf Fr 9730 page 19 [1]

Non putabam me tibi tam familiarem : c’est ce que dit Auguste [2] à un bonhomme qui l’avait traité sans cérémonie apud Macrob. lib. 2 Satur. c. 4[1][3]

Je crois que c’est Scaliger [4] qui a fait les vers de la Pyramide, ils sont fort bien faits. [2][5] Pour la prose, elle donne aux jésuites le même nom que les païens avaient autrefois donné aux premiers chrétiens, voici ses mots : Pulso præterea tota Gallia hominum genere novæ ac maleficiæ superstitionis, qui Remp. turbabant, quorum instinctu piacularis adolescens dirum facinus instituerat[3][6] C’est ainsi que les chrétiens sont nommés dans Suétone : [7] genus hominum superstitionis novæ ac maleficæ, in Nerone, cap. 16o, quod magno familiæ suæ decori factum voluisse deum profitetur Richeomius [8] in sua Expostulatione apologetica per Andr. Valladerium [9] versa pag. 566. Cap. 2o quam vides[4]

M. Servin[10] avocat général, se plaignait du président de Thou, lequel parlant de lui en son Histoire[11] ne l’avait nommé que juvenus eruditus et Regiarum partium valde studiosus. Vide Thuanum tom. 4. p. 419. sub Henrico iii : juvenis eruditus, fideique erga Regem suspectæ[5] Il disait que les Messieurs de Thou se piquaient de grande noblesse, combien qu’ils ne fussent descendus que d’un vendeur de mouches : [12] Jacques-Auguste de Thou, qui a fait l’Histoire, était fils de Christophe de Thou, [13] premier président au Parlement de Paris, lequel était fils d’Augustin de Thou, [14] président de la Cour, et qui mourut la même année qu’il fut fait président, l’an 1544. Voyez le Parlement dans Miraumont, pages 96 et 97. [6][15] Cet Augustin de Thou était fils d’un drapier d’Orléans ; et le drapier, fils d’un marchand de mouches à miel, d’un village nommé Ingré, [16] près d’Orléans, lequel s’appelait Jacques de Thon ; et depuis, ont changé n en u, et on dit de Thou pour de Thon. Taon est une espèce de mouche, que les Latins appellent tabanus, et qu’ils confondent avec œstrum et asilus, sive musca bucularia, vide Moufetum de Insectis, p. 59, et 61 ; [7][17][18] de qua sic Virgilius 3. Georg. : [19]

est lucos Silari circa, ilicibusque virentem
plurimus Alburnum volitans, cui nomen asilo
Romanum est : œstron Graii vertere vocantes.
Asper acerba sonans, quo tota exterrita sylvis
diffugiunt armenta ; etc
[8]

Sammarthanus, [20] dans l’éloge de Christophe de Thou, meminit Thuanorum Jacobi 1, 2, 3[9] comme si c’étaient des rois d’Écosse. [21]

Sixte v étant devenu pape, [22] fit marquise une sienne sœur, [23] laquelle auparavant était lavandière : d’où vint le pasquil d’une chemise fort sale, que l’on mit au Pasquin, [24] qui se plaignait qu’il serait dorénavant mal blanchi, puisque la lavandière était devenue princesse. [10]

On a depuis peu peint sur une cheminée du Louvre [25] un chapeau de cardinal et on a mis dessous : Sub umbra alarum tuarum protege me[11][26] Le roi [27] en a été fâché et en a fait faire perquisition ; enfin, on a trouvé un garde qui avait un crayon en sa pochette, qui en a été mis en la Bastille. [28]

L’abbé de Saint-Cyran s’appelle de Hauranne, [29] il a autrefois été écolier de Lipse. [12][30]

Le président de Thou disait que l’on se fût bien passé des jésuites dans la [page 20] chrétienté, qui n’y ont fait autre chose que d’introduire la chicane dans la conscience, et faire peur aux gens de bien des peines de l’autre monde.

Je n’avais jamais ouï dire ni lu que les princes mourussent de la pierre ; [31] et néanmoins, M. de Thou [32] dit qu’Amurat iii [33] en mourut l’an 1595. Vide Thuanum tom. 5o, p. 600[13] Ce tyran était si gras par tout le corps et avait la tête si grosse qu’à peine se soutenait-elle sur ses épaules. [34] Il était père de Mahomet iii[35] lequel mourut hydropique, [36] l’an 1603, et fils de Sélim ii[37] qui était fils du Grand Soliman, [38] vide Thuanum, tom. 3. p. 67[14] Plusieurs papes sont morts de la pierre, plures vero periere veneno a variis exhibito, præsertim vero ab Hispanis[15] quand ils < les Espagnols > sont contraires à leurs desseins, comme Sixte v. l’an 1590. Pie v[39] dominicain[40] mourut de la pierre l’an 1572. Vide Thuanum, tom. 2o, pag. 787[16]

Jean de Montluc[41] évêque de Valence, [42] frère de Blaise de Montluc, [43] maréchal de France, eut un bâtard nommé Jean de Montluc, sieur de Balagny, [44] qui fut fait gouverneur de Cambrai [45] l’an 1583 par François duc d’Alençon. [46] Le sieur de Balagny épousa Renée, [47] sœur de Louis de Clermont de Bussy d’Amboise, [48] qui avait été tué par le comte de Monsoreau [49] l’an 1579, à la charge qu’il vengerait la mort de son frère ; ce qu’il n’a pas fait. De ce mariage est née Jeanne de Montluc de Balagny, [50] qui est aujourd’hui femme de M. le président de Mesmes. [51] Voy. l’Histoire généalogique de Sainte-Marthe, [52] tom. 2. p. 839. [17]

Sixte v excommunia l’an 1585 le roi de Navarre [53] et le prince de Condé ; [54] mais ayant vu le pasquil qui courut contre lui dans Rome dès le lendemain pour la défense de ces princes, il commença à avoir regret de cette excommunication, et < à > avoir bonne opinion de la fortune du roi qu’il voyait si bien servi à Rome : Unde persæpe postea auditus est, cum diceret, toto orbe se unum virum et fœminam videre dignos, nisi labe sectaria infecti essent, qui regnarent, et quibuscum ipse de ingentibus rebus, consilia, quæ animo agitabat, communicaret, Navarrum et Elizabetham Anglorum Reginam [55] intelligens. Vide Thuanum in Henr. iii. part. 2. pag. 47[18][56][57]

La femme d’un conseiller de Bordeaux [58] étant à confesse [59] au cardinal de Sourdis[60] lui confessa, entre autres choses, qu’elle avait dit qu’il était fou. Il s’en mit en telle colère qu’il la chassa d’auprès de lui, sans absolution et par dépit ; et envoya avertir son mari qu’il avait une méchante femme, et qu’il se gardât d’elle. Le roi défunt [61] se plaignant de ce cardinal, Messire Guy Hurault de L’Hospital, archevêque d’Aix, [62][63] dit au roi : « Il est vrai, Sire, qu’il est bien fou » ; le roi lui répliqua tout à l’heure, Medice cura te ipsum[19][64] Cet archevêque d’Aix était néanmoins extrêmement savant, et grand personnage, mais un peu débauché ; et de fait, obiit Parisis ex antiqua syphilide[20][65][66] l’an 1625. Il était frère de M. de Belesbat, maître des requêtes, qui mourut l’an 1623. [67] Leur père était Messire Michel Hurault de L’Hospital, [68] sieur de Foy et de Belesbat (c’est lui qui a fait les Libres discours de 1588), chancelier de Navarre, qui avait épousé Olympe du Faur, [69][70] fille de M. de Pibrac, [71] président au Parlement de Paris. Ce chancelier de Navarre, qui mourut à Quillebeuf [72] l’an 1592, était fils de Robert Hurault, [73] maître des requêtes, qui avait épousé Magdeleine de L’Hospital, [74] fille unique de cet incomparable héros, Michel de L’Hospital[75] chancelier de France, lequel était fils d’un médecin d’Aigueperse en Auvergne. [76][77] Voyez la généalogie des Hurault dans les Mémoires du chancelier de Chiverny, [78] pag. 46. [21] Le père du chancelier de L’Hospital était médecin du duc et connétable de Bourbon, [79] qui fut [page 21] tué devant Rome l’an 1527. Étant chancelier, il commençait toujours ses harangues par quelque comparaison prise de la médecine, comme fils de médecin. Il était gendre du lieutenant civil Morin ; [80] sa femme se fit et mourut huguenote. [22][81][82] Pour lui, il était fort homme de bien, juge fort entier, fort avisé et fort savant. Étant fait chancelier, le roi Charles [83] et la reine Catherine [84] savaient bien qu’il était pauvre et ne laissait pas de refuser ce qu’ils lui offraient souvent. Enfin, au grand voyage de Charles ix, auquel il fit le tour de la France, l’an 1564, il prit cinquante mille francs pour en payer les frais. Il y a inter ejus epistolas un beau poème de sa fortune, qui commence Durus et agrestis videor, que Rapin a traduit en français fort élégamment. [23][85][86][87]

M. de Champvallon[88] archevêque de Rouen, [89] faisant son entrée dans Dieppe, [90] une femme dit tout haut : « Hélas, le bel homme ! C’est dommage de l’avoir fait prêtre. » Il est de fait bel homme, mais il a l’esprit bien brouillé, et un style bien obscur ; il croit néanmoins être un des grands hommes du monde. [24]

Il y avait à Paris un Grec, prêtre schismatique fort savant, nommé Demisianus[91] Il était charlatan [92] comme un Grec. Il avait force pistoles cousues dans son habit. Son compagnon l’empoisonna pour les avoir, et fit courir le bruit qu’il était mort de la peste, [93] au faubourg Saint-Germain. [25][94]

Ferrier[95] qui avait été ministre longtemps, assistant un jour à une première messe [96] avec d’honnêtes gens, en montrant le crucifix, leur dit : « Voyez, Messieurs, voilà le successeur de Jupiter. » [97] Ce ministre révolté n’était guère chrétien. [26] Un neveu de Pena [98] l’empirique [99] dit un jour, en bonne compagnie, où j’étais, qu’il avait été « Vingt ans juif[100] quinze ans huguenot ; mais, dit-il, je veux être dorénavant catholique, car les plus honnêtes gens en sont. Nullus homo nunc est qui fuit omnis homo ». C’est Lazare Pena, médecin de Paris. [27][101] On dit que les deux familles des Fortia [102] et des Forget viennent des juifs, qui étaient fort riches. Un vendredi saint, à l’adoration de la Croix, M. Nicolas, secrétaire du roi, voyant M. de Fresnes Forget, [103][104] secrétaire d’État[28] lui montra la Croix et lui dit : « Hé bien, Monsieur, voilà de vos jeux ! » L’autre lui répondit : « Pourquoi dites-vous cela, vous qui n’avez jamais cru en Dieu ? C’est beaucoup d’avoir parlé le premier et d’avoir gagné l’attention du peuple. » Nam fortasse Theodorus Tragœdus [105] non errabat in eo, quod nulli unquam ne abjecto quidem histrioni, ut ante se in scenam prodiret, concedebat, propterea quod spectatorum animi primis auditionibus capiantur, quod idem in hominum atque rerum consuetudine accidit : nam prima quæque magis delectant : inquit Aristoteles lib. 2 Politic. cap. 70. [106] Vide Paraphrasim D. Heinsii in eum locum, p. 907, [107] et Mich. Piccarti Comment. p. 1137[29][108] Ainsi M. Corneille aura l’honneur entier pour son Cid[109] s’étant premièrement acquis la réputation et l’applaudissement du public ; et tout ce qu’on fera contre lui ne lui nuira guère. [30]

Le Père Petau [110] a eu tort d’écrire contre Scaliger sur la matière des temps : [111] Scaliger s’était mis avant que mourir en telle réputation qu’elle ne se pouvait plus détruire après sa mort ; joint que ce P. Petau a trop dit d’injures pour être cru, et qu’il n’est qu’un petit carabin au prix de Scaliger, qui est un grand capitaine et un héros en fait de lettres. On ne peut plus entamer la réputation de ces grands hommes-là après qu’ils l’ont fondée sur l’applaudissement du public, et sur le consentement unanime de tous les savants et de toutes les nations. Parmi les jésuites mêmes, le P. Petau y est haï, et n’y est pas tant suivi que Joseph Scaliger. [page 22] Ainsi, Garasse, [112] qui est un autre médisant, a voulu déchirer Étienne Pasquier pour ses Recherches[113] mais Pasquier néanmoins dure encore et durera plus que lui. [31]

Quand Fernel [114] fut mort, on trouva dans son cabinet vingt-cinq mille demi-écus d’or ; mais l’écu d’or ne valait en ce temps-là guère que 50 sols. [32]

M. Nicolas[115] secrétaire du roi, était de Dijon. Il était venu à Paris pauvre garçon, avec cinq sols dans une pochette et un quignon de pain dans l’autre. Il disait qu’il se reconnaissait vieux à deux choses, savoir qu’il trouvait le vin bon, et qu’il prenait goût à l’Évangile. Il fut saluer le feu roi après la reddition de Paris, et lui dit qu’il était et qu’il avait toujours été son serviteur durant toute < la > Ligue : [116] « Si partant n’avez-vous bougé de Paris durant icelle », dit le roi, – « Il est vrai, Sire, fit-il, mais j’ai toujours eu l’esprit en régale. » [117] Il ne fut jamais marié ; il donna, avant que mourir, au curé de Saint-Germain, [118] cent pistoles, qui lui promit de bien faire prier Dieu pour lui ; [33] d’où il disait à ses amis : « J’ai opinion que je serai quelque grand saint, car mon curé m’a promis merveilles, je serai bien haut en paradis. » C’est de ce M. Nicolas, comme d’un libertin, [119] que l’on dit ces vers suivants (voyez La Doctrine curieuse du P. Garasse, p. 906) :

« J’ai vécu sans souci, et je meurs sans regret,
Personne ne me plaint et je ne plains personne,
De savoir où je vais, je n’en ai le secret,
J’en laisse la dispute à Messieurs de Sorbonne. » [34][120]

Matthieu, l’historien, [121] était fils d’un Suisse de Lyon. Il avait été grand lig[ueur] et avait maintes fois dit que les enfants de Henri ii [122] étaient plus propres aux larmes qu’aux armes : c’est dans un sien poème, intitulé La Guisiade ou La Henriade. Il s’est néanmoins bien dédit de tout cela en son Histoire, qui est in‑fo, laquelle j’ai ouï dire être fort bonne. [35] J’ai vu autrefois une oraison latine de lui sur les états et le massacre de Blois, de l’an 1588, laquelle est bien ligueuse. Son fils était naguère secrétaire de M. de Saint-Chaumont. [36][123]

1637. Quand Henri iii [124] passa par Venise [125] en rentrant de Pologne, un Parisien nommé Dorron [126] lui fit une harangue au nom des Français qui se trouvèrent là. Ce Dorron était un jeune avocat savant, fils d’un procureur du Châtelet. Il a un fils qui est aujourd’hui père de l’Oratoire. [37][127] Il s’insinua dans les bonnes grâces de M. de Pibrac, qui lui fit donner la charge de montrer le latin à Henri iii, dont fut fait cet épigramme :

Declinare cupit, vere declinat et Ille, etc.

Voy. Pasquier en ses lettres, tome i<i>, p. 483. [38] Henri iii le fit, à cause de cela, conseiller au Grand Conseil, puis maître des requêtes ; et d’autant qu’il n’avait d’autre bien que les simples gages de la charge, le roi lui donnait quelquefois deux mille écus. Mais étant allé un jour à Saint-Germain-en-Laye, [128] y saluer le roi qui y demeurait caché depuis un mois, le roi lui ayant demandé « Dorron, que dit-on de moi à Paris ? », il lui répondit brusquement : « Sire, on dit qu’il fait bien plus chaud à Saint-Germain-en-Laye qu’à Paris, et que vous suez ici la vérole » ; [129] dont le roi se fâcha si fort qu’il ne le voulut plus voir. Il fut fait, durant la Ligue, intendant de la justice dans l’armée de M. de Longueville, [130] qui disait qu’on lui avait donné un pédant pour intendant de sa justice. [39]

On dit à Paris qu’il n’y a pas de sages Nicolas, [131] de sains Barthélemy, [132] ni de pauvres Hannequin ; et que parmi les Hannequin, il y a plus de fous que de coquins. [40][133][134]

Louis Dorléans[135] qui a commenté le Tacite[136] était fils d’un tavernier de Paris. [page 23] Il avait plusieurs frères. Il avait été fort affectionné à la Ligue. [41] Il avait beaucoup de vanité et d’ambition.

M. Bernard[137] le Pauvre Prêtre, qui a refusé de M. le cardinal l’abbaye de Saint-Crépin de Soissons, [138] est frère du lieutenant général de Chalon-sur-Saône, [139][140] lequel lieutenant général est véritablement bien riche, mais ce n’est pas de patrimoine. Leur père était Étienne Bernard, [141] de Dijon, [142] qui fut député aux états de Blois de l’an 1588, [143] d’où s’en étant retourné à Dijon à cause du massacre des Guise, [42][144][145] il maudissait Blois et disait :

Blæsa Valesiacos nunquam tacitura furores[43]

Il était si grand que, combien qu’il fut à genoux en haranguant aux dits états devant le roi Henri iii, on ne laissait pas de lui crier qu’il se baissât, parce qu’il paraissait encore trop grand. Il fut aussi à la conférence de Suresnes [146] où M. de Beaune, archevêque de Bourges, [147] le saluant, qui ne l’avait vu depuis le massacre de Blois, lui dit Tu quoque relliquiæ Danaum ; et Bernard lui répondit sur-le-champ Nec sum mutatus ab illo, c’est-à-dire « Je suis encore ici autant ligueur que j’étais à Blois en 1588 ». [44]

M. Mareschal[148] conseiller clerc de la Grand’Chambre, était natif de Bourges, fort savant, fantasque et mélancolique : [149] il regrettait quelquefois sa pauvreté, et disait qu’il eût eu un carrosse s’il eût été larron. M. Gouthière, [150] avocat (qui a fait le livre de Jure Manium, et qui est oncle de Dom Juliot, [151] chartreux), parlant un jour à lui, se mit à rire ; M. Mareschal lui demanda de quoi il riait : « Monsieur, c’est ma coutume », ce fit Gouthière ; « Corrigez-vous-en », dit M. Mareschal, « c’est une sotte coutume. » [45]
Il disait que tout était perdu, qu’il n’y avait plus de justice.
La reine mère, [152] sachant qu’il était malade et peu riche, à la prière de MM. de Villeroy [153] et de Châteauneuf, [154] lui envoya mille écus, il les refusa en disant : « Rapportez-lui ses mille écus. Mordieu ! je n’en veux point : elle me ferait faire mille injustices pour cela. » Il disait que la reine mère faisait de la France ce qu’un certain voyageur fit d’un arbre chargé de beaux fruits : « Premier, elle s’est mise à coucher sous les branches ; puis, l’orage passé, en a mangé petit à petit les fruits, sous ombre de se rafraîchir ; enfin, non contente, en a arraché les branches et les fruits, et a tout ruiné. » [46]
Étant un jour à vêpres dans les Cordeliers, [155] fort pressé, un sien ami qui était avec lui vit M. de Bourbon, professeur du roi, et lui dit : « Voilà M. de Bourbon, faisons-lui une place. » Aussitôt, il se leva et, allant au-devant du sieur de Bourbon, lui dit : « Non pas une, mais il faut lui en faire six, à ce grand personnage, sa vertu ne sera jamais dignement récompensée, Ha le maudit siècle ! » Et le fit asseoir près de lui pour entendre les orgues.
Il mourut de la pierre, et donna sa charge de conseiller à son clerc nommé Borace. [47][156] Il entra un jour chez le premier président de Verdun, [157] qui le salua et pria sa femme, [158] assise sur un lit vert, de lui faire bonne chère ; elle ne répondit rien à la première prière de son mari ; à la seconde, elle dit qu’elle le voyait bien, et lors, M. Mareschal dit : « Je te vois bien aussi, mordieu, mais je ne viendrai jamais céans en dépit de toi. » [48]
Un gentilhomme demandait un jour qu’on lui adjugeât une terre par retrait lignager ; [159] les parties avaient gagné la plupart des juges, lesquels faisaient difficulté de lui adjuger la terre, < et > lui demandai<en>t quel bien il avait pour acheter cette terre qui était de grand prix ; M. Mareschal se leva et demanda au premier président de Verdun : « Qu’est-il besoin de savoir s’il a assez de bien pour cela ? Cela [page 24] ne nous importe, c’est assez qu’il a le droit en son procès. S’il vous demandait “ Monsieur, de quoi avez-vous payé votre maison de Conflans [160] depuis peu ? ” Et toi », dit-il à M. de F., « de quoi as-tu payé ta chanoinie de la Sainte-Chapelle [161] que tu as achetée ? » Et ainsi aux autres juges qu’il soupçonnait gagnés par les parties de ce gentilhomme prétendu pauvre. [49][162]
Il conseilla à M. de Bévilliers [163] de donner son bien à sa femme, qui se nommait Marguerite de Chantecler, [164][165] fille d’un maître des requêtes, [166] à laquelle, étant visité d’elle malade, il fit faire une superbe collation, pour trois testons [167] qu’il avait donnés à son clerc Borace, qui y dépensa encore vingt écus, parce qu’il l’avait prier de n’y rien épargner. [50]
M. d’Épernon [168] le mena un jour jusqu’à la porte de la Grand’Chambre, lui recommandant un procès ; et comme il finissait, M. Mareschal lui demanda : « Toutes vos pièces ne sont-elles pas dans votre sac, [169] Monsieur ? – Oui, dit M. d’Épernon. – Vous devriez, dit M. Mareschal, vous y mettre vous-même, car il n’y en a pas une qui parle si bien que vous. » Il disait que le président de Thou [170] avait tort d’avoir loué par éloges tant de ministres d’Allemagne, vu qu’il avait connu la plupart de ces gens-là, et qu’ils n’en savaient pas plus que nos curés de village. [51]
Il dit un jour quelque chose un peu libre contre le gouvernement de la reine mère, dont il fut averti par ses amis qu’il était en danger que la reine ne l’envoyât quérir, et même prisonnier ; tandis qu’il en était en crainte, on lui vint dire en sa chambre que le chevalier du guet [171] était à sa porte, qui le demandait ; aussitôt, pensant qu’on le vînt prendre prisonnier, il se fit habiller de ses plus beaux habits, pour aller en prison comme en triomphe, puis fit monter le chevalier du guet qui, lui ayant fait une grande et profonde révérence, lui recommanda un procès qu’il avait à la Cour ; dont M. Mareschal, tout étonné, lui dit brusquement : « Le diable vous emporte, je pensais que vous me vinssiez prendre pour me mener en prison, je m’étais fait brave exprès ! » [52]
Après la mort du marquis d’Ancre, [172] M. de Luynes [173] le fut prier pour la vérification du don des biens de ce marquis ; M. Mareschal lui répondit : « Oui, va, tu l’auras, mais bel exemple pour toi ! » Durant la faveur de ce M. de Luynes, le roi fit faire duc et pair de France M. de Chaulnes, [174] qui fut en prier pour la réception M. Mareschal, qui, lui ayant demandé pourquoi il voulait être duc et pair, lui dit que le roi le voulait et que, depuis peu, on en avait fait autant à M. de Lesdiguières : [175] « Ce n’est pardieu pas de même, dit M. Mareschal, il avait lui seul pris plus de villes que tous trois ensemble nous n’avons jamais pris d’oiseaux ni de moineaux. » C’est que M. de Luynes avait fait fortune par ces petites bêtes. [53]
Il déplorait ordinairement le malheur du temps et disait qu’il n’y avait que les méchants qui étaient à leur aise. Il avait regret qu’il lui fallait aller à pied, et disait souvent : « Si j’étais larron, j’aurais un carrosse. » Il avait bien étudié. On le pria, à la mort de Cujas, [176] de lui faire une harangue funèbre sur-le-champ ; il ne demanda qu’une demi-heure pour y penser, et fit merveille. [54]
Il laissa son office de conseiller à la Cour à son clerc nommé Borace, qui depuis a été fort aimé de Madame des Portes-Bevilliers, et laquelle lui a laissé du bien par testament. Ce Borace est aujourd’hui fort ri[che], il a bien fessé Mathieu [177] depuis le temps que M. Mareschal est mort.
Durant la Ligue, que les Espagnols étaient dans Paris, et qu’ils voulaient faire [page 25] casser la loi salique, [178] M. Mareschal ayant à dire son avis des premiers, se leva et dit : « Messieurs, je suis d’avis que la loi salique demeure en ce royaume, pour les raisons que M. du Vair [179] vous allèguera à son rang. » Ils s’entendaient ensemble contre les Espagnols. [55]

Macrobe était un païen, mais il a dit un petit mot des Innocents [180] que fit tuer Hérode [181] à la naissance de Jésus-Christ. Joseph Scaliger [182] disait que c’était un trait de la providence de Dieu qui a permis que ce païen ait touché ce massacre, duquel trois évangélistes n’ont point parlé, ni aucun autre historien. [56] Érasme in Ciceroniano[183] page 229, l’appelle Æsopica cornicula, [184] utpote qui ex aliorum pannis suos contexuit centones : itaque sua < lingua > non loquitur, et si quando loquitur Græculum Latine balbutire credas. Il a tout pris d’Aulu-Gelle, [185] et d’autres auteurs qui ont péri. Il vivait environ le temps des empereurs antonins. [57]

Pie iv [186] fit faire le procès fort rigoureusement à Charles Carafe, [187] neveu de Paul iv[188] son successeur : combien qu’il fût cardinal, il le fit étrangler, et décapiter ses frères. [189] Le lacet dont on l’étranglait rompit, dont il en fallut chercher un autre pour achever, ce qui fit faire ce distique à Muret : [190]

Extinxit laqueus vix te, Caraffa, secundus
nam tanto sceleri vix satis unus erat.

Non legitur in Carminibus Ant. Muretiti. [58] De hoc cardinale strangulato, et quali homo fuerit, vide tom. 3 Prosopogr. Verderii, [191] pag. 2520, Thuanum sub Carolo ix, pag. 36, et sub Henrico ii, pag. 321, Pierre Matthieu sous Henri ii, pag. 145, et D. Lambinum, [192] in sua præfatione in part. 2a Commentar. in Horatium[59]

Le cardinal d’Ossat [193] était fils d’un pauvre maréchal de village, près d’Auch [194] en Gascogne (les jésuites, par une modestie loyolitique qui leur est commune à tous, [195] le disent fils bâtard d’un bateleur qui vendait du mithridate, [196] et ont fait dire la même chose à Dupleix, [197] sous Henri iv, l’an 1604). [60] Il fut écolier de Ramus [198] à Paris, et écrivit pour lui de unica Methodo adversus Carpentarium ; [61][199] puis devint avocat, et a maintes fois plaidé de petites causes au Châtelet de Paris ; [200] puis fut fait secrétaire de l’ambassade de M. de Foix [201] à Rome, qui y mourut archevêque de Toulouse l’an 1584. Vide Thuanum sub hoc anno, in Henr. iii, parte i, pag. 715[62] Depuis, M. d’Ossat fut fait évêque de Bayeux, [202] puis de Rennes, [203] enfin cardinal et mourut l’an 1604. Il est le premier cardinal qui ait été nommé princeps Ecclesiæ en une thèse de théologie [204] que lui dédia le fils de M. de Châteauneuf, [205] qui depuis a été évêque d’Orléans. [206][207] Son neveu est aujourd’hui curé du Mesnil-Aubery près Écouen. [63][208][209]
Dans les lettres de M. d’Ossat, il y en a une en laquelle il remercie M. de Villeroy [210] de la thèse que lui avait dédiée M. de Châteauneuf ; et néanmoins, Rabelais appelle prince le cardinal de Châtillon [211] lorsqu’il lui dédie le Quatrième Livre de son Panurge[212] l’an 1552. Le cardinal d’Ossat avait régenté au Collège de Beauvais à Paris, [213] Ramus y étant principal. Il savait fort bien les mathématiques, lesquelles il allait montrer en ville à ceux qui le désiraient, moyennant telle somme par mois ; et même, M. le président de Thou, qui a fait l’Histoire, m’a dit qu’il les avait apprises de lui de la sorte, d’argent comptant. Avant qu’il fût cardinal, M. de Thou lui écrivait souvent ; mais le bruit étant venu que son bonnet était rougi, ce M. de Thou, qui ne l’appelait auparavant que M. d’Ossat, douta s’il fallait l’appeler Monseigneur : [page 26] il fut le demander à M. de Villeroy, qui lui dit qu’oui, et lui vit é[crit sur] le dessus de la lettre : « À Monseigneur, etc. » [64]

L’an 1605, la veille des Rois, le feu roi, revenant de Saint-Germain, fut attaqué par un nommé de L’Isle[214] qui tira un poignard sur lui. On le mit prisonnier sans bruit et le roi ne voulut point qu’on lui fît son procès. Messieurs du Clergé, qui étaient alors députés à Paris, [215] prièrent le roi de permettre qu’on lui fît son procès ; il les remercia du soin qu’ils avaient de sa conservation et leur dit qu’il s’étonnait fort comment ils voulaient qu’on fît le procès à un insensé. Le roi était las qu’on parlât de tant [de] meurtriers et assassins qui avaient entrepris sur sa personne quand il eut promis aux jésuites de les rétablir. Le Parlement lui envoya des députés pour lui remontrer que, par bonne raison, ils ne méritaient pas d’être rétablis. Il les remercia de leur bon soin et de leurs bonnes raisons, mais qu’il y en avait encore de meilleures. Le premier président de Harlay [216] lui ayant répliqué encore quelque chose, il leur dit : « Mais si je ne les rétablis, qui m’assurera de ma vie ? » À cela, le Parlement se tut. Le bon roi pensait adoucir l’humeur de ces bourreaux, mais il a lui-même éprouvé que bête farouche ne s’apprivoise jamais bien, car si Ravaillac [217] n’a été instruit de leur bouche, au moins leur doctrine lui a fait faire le coup malheureux du vendredi 14e de mai 1610. [65]

Henri iii allait souvent voir Christophe de Thou, premier président au Parlement, et comme il parlait d’Italie, le roi lui demanda s’il entendait l’italien, qui lui répondit que non, parce que les mœurs et la langue de ces gens-là lui déplaisaient également. Le roi lui demanda derechef en quel temps il était à Rome ; M. de Thou lui répondit : du temps que le pape fit étrangler le cardinal Carafe. C’était afin qu’il se souvînt qu’il en pouvait faire autant aux cardinaux de Lorraine et de Guise qui brassaient la Ligue contre lui. [66]

M. de Caumartin [218] priait un jour son beau-frère, l’évêque d’Angers, [219][220] de quelque chose, dont il s’excusa, sur ce qu’il avait bien de la charge et qu’il avait à nourrir tous les enfants du comte de Caravas. [221] M. de Caumartin se voyant refusé lui dit : « Vous pouvez bien les nourrir car ils sont à vous. » Et l’évêque lui répondit : « Puisqu’ils sont à moi, je puis bien les nourrir ; vous en nourrissez bien qui ne sont pas à vous. … … dubiæ semper fuit pudicitiæ sub Henrico iii et aliis[67][222] On trouva un jour un Italien Bandini avec elle dans Sainte-Catherine-du-Val-des-Écoliers, etc. [223] Depuis la mort du père, ses enfants ont eu ensemble, contre elle et entre eux, de grands procès. De quoi, comme l’on s’étonnait en bonne compagnie, il y en eut un (l’abbé de Saint-Acheul) [224] qui dit : « Les enfants, Messieurs, n’ont garde de se bien accorder. Ils sont bien de même mère, mais ils sont de divers pères, et par conséquent de différentes humeurs. » [68]

Une bonne mère qui s’était abandonnée toute sa vie, se voyant près de la mort, fit venir ses enfants et leur dit : « Vous, votre père est untel, et à vous, untel, et ainsi aux autres » ; ce que voyant, un petit lui dit innocemment, « Ma mère, donnez-moi un bon papa ! » [69][225]

Madame de Sourdis [226] était une grande putain : nemini negavit unquam si quis argentum daret, aut probe paratus esset a salace fascino[70] Le chancelier de Chiverny l’entretenait, et plusieurs autres aussi. L’archevêque de Bordeaux d’aujourd’hui ressemble tout à fait à ce chancelier. Quand il fut baptisé à Saint-Germain, le feu roi fut son parrain, et Mad. d’Angoulême [227] sa marraine. Elle disait qu’elle n’avait jamais tenu [page 27] enfant si lourd, « Ma cousine, ne voyez-vous point que les sceaux lui pendent au cul, lui répondit le roi. Il peut bien être lourd ! » [71] Elle était de la Maison de La Bourdaisière, d’où on dit que jamais ne sortit femme de bien. Un gentilhomme la fut prier d’amour un vendredi ; elle dit qu’au moins elle se retenait ce jour-là. Comme il la pressa plus fort, elle se laissa aller en disant qu’au moins qu’elle n’y consentait pas. Elle disait que ce n’était point par volupté ce qu’elle en faisait, mais pour sa santé, et que les médecins lui avaient ainsi ordonné. Son mari [228] la trouva un jour couchée avec un seigneur, dont il se fâcha : elle lui dit qu’il était bien fou, qu’il y en avait encore plus qu’il ne lui en fallait ; joint que ce qu’elle y gagnait était pour payer ses dettes et entretenir sa maison. Quand son fils aîné fut fait cardinal de Sourdis par la recommandation du feu roi, on mit au pasquil à Rome ces quatre lettres P.P.P.P., c’est-à-dire Pro Præmio Prostratæ Pudicitiæ factus sum cardinalis : ce fut à cause de Madame Gabrielle, [229] qui était sa tante, qu’il fut fait cardinal. [72] Quand Madame de Sourdis couchait avec le chancelier de Chiverny, elle se relevait la nuit le voyant dormir et, dérobant les sceaux qu’il avait sous son chevet, s’en allait dans une autre chambre où un avocat du Conseil, nommé du Fos, [230] lui tenait prêtes quantité de rémissions et abolitions à sceller, pour lesquelles passer ils tiraient grand argent des parties ; et comme le lendemain, en la chancellerie, on voyait distribuer ces lettres scellées la nuit, on y disait « Madame a scellé cette nuit ». Ce du Fos est par ce moyen devenu riche : son aîné [231] est conseiller de la Cour, gendre de M. de La Nauve ; [232][233][234] ses enfants se disent nobles, comme descendus d’un bâtard de la Maison de Foix ; cela est faux car leur grand-père était un vigneron près de Bordeaux ; et leur père était un pauvre garçon en son commencement, natif de Toulouse, lequel ne manquant pas d’esprit, avec beaucoup d’adresse qui lui était naturelle, fit belle fortune à Paris, tant par le moyen de Madame de Sourdis que la faveur qu’il eut chez M. le chancelier de Bellièvre, [235] qui lui donna de grands et bons emplois. L’histoire scandaleuse disait à Paris qu’il couchait aussi avec la femme du chancelier de Bellièvre ; [236] mais c’est une calomnie, pour envie que l’on portait à la faveur qu’il avait chez ce chancelier, duquel l’épouse était fort femme de bien. [73]

Le Père Cotton [237] a fait un livre intitulé Institutions de la religion chrétienne. Un certain, l’ayant vu, demanda au cardinal Duperron, [238] qu’il trouva le lisant, ce qu’il en pensait, qui répondit en ces deux mots : « Ouvrage de Forez, Monsieur ! » Le Père Cotton était de Forez, [239] où on fait force couteaux, dont la douzaine ne coûte guère : c’est marchandise commune et à bon marché, comme ce livre était vulgaire et ne contenait rien d’excellent. [74]

L’hypocrisie est bien plus grande au monde que la religion : il y a bien plus d’hypocrites que de gens de bien. Beaucoup de gens vont au sermon par curiosité ; les femmes vont à vêpres pour causer ; et plusieurs vont à la messe afin qu’on les croie plus gens de bien qu’ils ne sont. Les tyrans, les partisans, les faussaires, les usuriers, les putains, et tant d’autres méchants qui sont au monde vont à la messe afin de couvrir de ce manteau les désordres de leur vie. La belle Garetière avait donné une de ses nuits à un financier nommé … ; comme le lendemain matin on eut apporté à ce monsieur pour déjeuner un consommé et des œufs frais, il pria cette femme de déjeuner avec lui, ce qu’elle lui refusa vertement, [page 28] disant qu’elle n’avait garde, d’autant qu’elle n’avait point été à la messe : voilà comment une infâme putain se moque de Dieu et des hommes, voilà l’hypocrisie du siècle superstitieux auquel Dieu nous a réservés. [75]



Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits. Ana de Guy Patin : Bornoniana 4 manuscrit

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(Consulté le 04/12/2024)

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