L. latine 18.  >
À Christiaen Utenbogard,
le 27 janvier 1651

[Brant, page 197 | LAT | IMG]

À Christian Utenbogard, docteur en médecine à Utrecht.

Très distingué Monsieur, [a][1]

Voici qu’au milieu d’une quantité d’empêchements qui me pressent de tous côtés, je satisfais enfin à mon obligation de vous faire savoir qu’en un seul et même jour, à deux heures d’intervalle, j’ai reçu votre lettre datée du 3e de janvier 1651 et, par le messager de Rouen, un paquet de livres où se trouvaient les quatre opuscules que vous y avez mentionnés. Je vous en adresse de très grands remerciements et en fais fort grand cas, car ils me sont parvenus par vos soins, et je m’empresse de vous faire réponse. Je vous laisse le soin de me rembourser les Opuscula anatomica de M. Riolan et vous prie une fois de plus de vous en souvenir. [2] J’approuve tout à fait notre Lucrèce traduit en français et vais donc vous l’envoyer, [1][3][4] avec un nouveau livre en français de Jean Riolan, intitulé Curieuses recherches sur les Écoles de médecine de Paris et de Montpellier[2][5] Vous y admirerez les connaissances infinies d’un homme très savant et je vous prie, dès qu’on vous le remettra, de le lire [Brant, page 198 | LAT | IMG] du début à la fin. Sachez que j’ai reçu votre Apulée de Price, [3][6][7] dont je vous remercie, et que j’habite une nouvelle maison que j’ai achetée neuf mille écus dans le voisinage. Quand vous voudrez m’écrire, continuez à commencer par la même suscription, mais changez l’adresse : au lieu de rue des Lavandières, mettez dans la place du Chevalier du Guet[4][8][9] Riolan m’a fait espérer qu’il vous mentionnerait dans la seconde partie de son Encheiridium, je lui en ferai souvenir et lui tirerai l’oreille pour qu’il tienne sa promesse. Il est maintenant tout absorbé à préparer son traité de usu emeticorum, contre les chimistes, qu’il destine à la publication. [5][10][11][12][13] On a ici disséqué le cadavre d’un brigand dont le foie occupait l’hypocondre gauche, et la rate le côté droit ; le même Riolan médite d’écrire un petit traité sur cette remarquable inversion et disposition extraordinaire des viscères. [6][14][15] Je vous enverrai avec empressement tout ce qu’il publiera. Achetez et gardez près de vous le Sennert qu’on vient de publier à Lyon, c’est l’édition la meilleure et la plus complète. [7][16] Nos libraires de Paris, qui sont de très infâmes et misérables grippe-sous, en vendent 27 livres tournois les trois tomes mal reliés ; [17][18] je ne doute pas que vous vous les procurerez pour moins cher à Amsterdam ; mais je vous y exhorte à nouveau, achetez et lisez-les, vous ne regretterez pas de l’avoir fait. Cet auteur est tout plein de bon fruit, et à mettre en tête de tous les modernes, juste [Brant, page 199 | LAT | IMG] derrière Fernel. [19] Oui, ce Fernel que Sennert a lui-même vénéré comme la grande étoile, et mis devant tous les autres. Quant à moi, je le tiens pour celui qui dirige et marche au premier rang des auteurs médicaux, devant qui trois meneurs hors du commun ont ouvert le chemin : Hippocrate, Celse et Galien, hommes tout à fait incomparables et auro contra chari[8][20][21][22] dont vous devez préférer la lecture à celle de tous les anatomistes et botanistes, en laissant de côté toute cette superfluité qu’on trouve partout et bien trop souvent chez les auteurs plus récents, et qui trompe et incommode fort les lecteurs non avertis. Je ne dédaigne pas cette histoire de la vie et des actions du cardinal de Richelieu qu’on imprime chez vous en français ; [9][23][24] je la conserverai parmi vos pieuses offrandes car tout ce que vous m’aurez envoyé me sera toujours très cher ; mais en tout premier, je vous prie de vous souvenir des lettres de Barlæus. [10][25] L’abrégé de notre histoire de France rédigé par un jésuite, dont je vous ai précédemment écrit, gémit encore sous la presse, j’en ai seulement vu quelques feuilles ; occupé à d’autres tâches, l’auteur n’a pas encore pu l’achever. [11][26] Quand il aura paru, si je le pense utile pour vous, je vous l’enverrai avec d’autres livres que j’aurai trouvés, quels que soient ceux qui se présenteront alors. Pour l’empourpré, notre ministre de la reine, [27][28] il n’y a rien de plus certain [Brant, page 200 | LAT | IMG] que la haine ou la suspicion que tous lui portent ici : on le tient pour un ennemi de la patrie et de tous les honnêtes gens, et même de toute vertu ; il vit pourtant aux côtés de la reine, avec une immense autorité, même si elle n’est pas universelle ; et fruitur etiam Diis iratis, interea victrix provincia ploras[12][29] Pour les graines de cyprès que vous demandez, j’en parlerai à mon collègue et ami M. Blondel, [30][31] qui est notre professeur de botanique, et j’accomplirai de très bon cœur ce qu’il faudra pour satisfaire vos intérêts et vos vœux. Il en va de même pour le Geranium odoratum, dont j’ai déjà entendu dire que sa graine est si rare qu’on la dit très chère ; [13][32] j’y veillerai pourtant et je ferai mon possible pour pouvoir vous être agréable. Avec d’autres ouvrages, vous recevrez aussi les nouveaux livres de Nicolas Caussin, issu du troupeau loyolitique, de Regno et Domo Dei, où se trouvent beaucoup d’excellentes choses concernant les qualités requises chez les rois et les grands princes. [14][33] L’auteur a déplu au Mazarin, ce qui a fait que, par arrêt de la reine, il a été contraint de quitter cette ville, pour être relégué en Bretagne, en guise d’exil. C’est ainsi qu’au milieu de beaucoup de mauvais esprits qui sont ici soutenus et excellemment traités, un honnête homme endure le bannissement. Dat veniam corvis, vexat censura columbas[15][34] Mon fils aîné a obtenu son diplôme de docteur, il a présidé en son rang une question quodlibétaire, à laquelle a répondu un bachelier ; vous trouverez ses quatre [Brant, page 201 | LAT | IMG] thèses dans le même paquet, [16][35][36][37][38][39][40] ainsi que des poèmes contre certains charlatans et médicastres qui non seulement usent du vénéneux antimoine, mais en abusent misérablement au plus grand dam des malades. [17][38][41] Par la crue des fleuves du voisinage, qui a été très abondante et telle qu’on ne l’a presque jamais vue, l’écoulement et le débordement des eaux dans le lit de la Seine ont ici été et demeurent si grands qu’ils ont provoqué une immense terreur par toute notre ville. La montée des eaux a emporté de solides ponts et aussi renversé en partie des maisons ; elle diminue un peu depuis deux jours, lentement pourtant et trop doucement pour satisfaire les besoins pressants et les souhaits de nos citoyens. [42] Je n’ai rien d’autre à vous écrire. Vale et vive, continuez d’aimer celui qui est votre fidèle ami et prenez occasion de la présente lettre pour saluer notre ami Canter. [43] Vale, très éminent Monsieur.

Vôtre de tout cœur.

Guy Patin, natif de Beauvaisis, docteur en médecine de Paris et doyen de la Faculté.

De Paris, le 27e de janvier 1651.


a.

Lettre de Guy Patin à Christiaen Utenbogard, imprimée dans Brant, Epistola lxiii (pages 197‑201), avec des coquilles que j’ai corrigées dans la transcription latine.

1.

Le poète Lucrèce, {a} latin et français, de la traduction {b} de M.D.M. {c}


  1. V. note [131], lettre 166.

  2. Prose française et vers latins juxtalinéaires.

  3. Michel de Marolles (v. note [72], lettre 183), Paris, Toussaint Quinet, 1650, in‑8o ; avec ces deux vers d’Ovide (Amours, livre i, élégie 15, 23‑24) en exergue du titre :

    Carmina sublimis tunc sunt peritura Lucreti,
    Exitio terras cum dabit una dies
    .

    [Les poèmes du sublime Lucrèce périront le jour où disparaîtra le monde].

    V. note [50], lettre 549, pour la réédition de Paris, 1659, avec son éloge de Marolles à Guy Patin.


Les « Opuscules anatomiques » de Jean ii Riolan étaient ses Opuscula anatomica nova [nouveaux] qui composaient la quatrième partie de ses Opuscula anatomica vetera [anciens] (Paris, 1649) contenant la réédition de son Anthropographia (v. note [25], lettre 146).

2.

V. note [13], lettre 177, pour l’ouvrage (non signé) de Jean ii Riolan (en probable coopération avec Guy Patin lui-même) contre les médecins et l’Université de Montpellier, qui prolongeait la querelle engagée entre la Faculté de médecine de Paris et Théophraste Renaudot.

3.

V. note [38], lettre 222, pour l’édition (Gouda, 1650) des Métamorphoses d’Apulée par John Price.

4.

VLa maison de Guy Patin, place du Chevalier du Guet, pour la vaste et belle demeure qu’il venait d’acquérir moyennant la somme de 27 000 livres tournois ; ce montant a oscillé, selon les lettres qu’il a écrites, entre 25 000 et 30 000  livres ; il le paya en partie sous la forme d’une rente annuelle de 555 livres qu’il servait encore aux anciens propriétaires en 1669, et qu’il leur servit probablement jusqu’à sa mort (1672), en dépit de son dénûment profond (vComment le mariage et la mort de Robert Patin ont causé la ruine de Guy).

5.

V. note [30], lettre 282, pour les Opuscula anatomica varia et nova [Opuscules anatomiques divers et nouveaux] (Paris, 1652) de Jean ii Riolan qui étaient des additions à son Encheiridium [Manuel] anatomique et pathologique (ibid. 1648, v. note [25], lettre 150). Je n’ai pas su y trouver le nom de Christiaen Utenbogard (ni découvrir la raison pour laquelle Riolan aurait pu l’y citer car Utenbogard n’avait alors et n’eut jamais aucun renom en anatomie).

V. note [18], lettre 252, pour le traité de Riolan « sur l’emploi des émétiques », qui est resté inédit.

6.

V. sa note [11], lettre 254, pour la Disquisitio de transpositione partium naturalium et vitalium in corpore humano [Recherche de Jean Riolan sur la transposition des parties naturelles et vitales dans le corps humain] de Jean Riolan, parue dans ses Opuscula anatomica varia et nova (Paris, 1652), sur un cas de situs inversus (v. note [13], lettre 253), qui suscita l’admiration de toute l’Europe savante.

7.

V. notes [17] et [20], lettre 150, pour les Opera de Daniel Sennert (Lyon, 1650, 3 tomes in‑fo), par les soins de Charles Spon, en connivence avec Guy Patin et après une longue querelle de privilège avec les libraires parisiens qui avaient publié le même ouvrage en 1641 (3e référence citée dans la note [12], lettre 44).

8.

« qui valent leur pesant d’or » (v. note [5], lettre 76).

9.

Histoire du ministère d’Armand Jean du Plessis cardinal duc de Richelieu, sous le règne de Louis le Juste, xiii e du nom, roi de France et de Navarre. {a} Avec des Réflexions politiques, et diverses Lettres, contenant les négiations des affaires de Piémont et du Montferrat. Divisée en iv tomes. Corrigée en cette édition, et mise en meilleur ordre. {b}


  1. Couvrant les années 1624 à 1633.

  2. Leyde, Jean Sambix, 1652, en deux volumes in‑12 ; ouvrage du P. Charles Vialart, interdit en France, où il avait été précédemment publié à Paris, 1640 et 1649 (v. note [24], lettre 220).

10.

La première édition des lettres de Barlæus {a} est bien plus tardive :

Casparis Barlæi Med. Doct. ac Philosophiæ in ill. Amstel. Gymnasio dum viveret Professoris Epistolarum Liber.

[Livre des lettres de Caspar Barlæus, docteur en médecine et, jusqu’à sa mort, professeur de philosophie en l’illustre Collège d’Amsterdam]. {b}


  1. Caspar van Baerle, mort en 1648, v. note [71], lettre 150.

  2. Amsterdam, Johann Blaeu, 1667, deux parties en un volume in‑8o de 1 025 pages (505 lettres de correspondance, dont aucune échangée avec à Guy Patin, et 10 épîtres dédicatoires), éditées par Gerardus Brant, gendre de Barlæus.

Un recueil de « Lettres ecclésiastiques et théologiques » précédemment paru (Amsterdam, 1660) contient aussi quelques lettres de Baerle (v. note [2], lettre 657). V. note [38] du Borboniana manuscrit (triade 72), pour ses Poemata.

11.

Annonce précoce de l’Historia Francica du jésuite Jean de Bussières (Lyon, 1661, v. note [38], lettre 242).

12.

« il jouit des dieux irrités contre lui, tandis que toi, province victorieuse, tu gémis » (Juvénal, v. note [19], lettre 247).

13.

J’ai remplacé par Geranium le mot Sibanium qui est dans la lettre imprimée (et qui ne correspond à rien de connu) : v. note [1], lettre latine 77, pour le Geranium noctu olens [qui sent bon la nuit] (ici odoratum, parfumé) dont Christiaen Utenbogard souhaitait se procurer des graines.

14.

V. note [50], lettre 176, pour les deux livres du P. Nicolas Caussin intitulés Regnum Dei [Le Royaume de Dieu] et Domus Dei [La Maison de Dieu], tous deux parus à Paris en 1650.

15.

« La censure acquitte les corbeaux, mais condamne les colombes » (Juvénal, v. note [25], lettre 432).

Tous les biographes du P. Nicolas Caussin ont parlé de son exil breton en décembre 1637, sur l’ordre de Richelieu ; il ne reparut à Paris qu’en 1643, après la mort de Louis xiii (v. note [5], lettre 37). Seul Guy Patin a pourtant parlé de ce second bannissement, et Bayle en a fait la remarque à la fin de sa biographie de Caussin :

« Je viens de lire une lettre, {a} où l’on assure que la reine mère le fit sortir de Paris, et le relégua en Bretagne pour complaire au cardinal Mazarin à qui il avait déplu ; et que la raison de cette disgrâce vint du livre de Regno et Domo Dei, qu’il avait publié l’an 1650, et dans lequel il avait dit de très bonnes choses sur les qualités que doivent avoir les princes. » {b}


  1. « De Guy Patin, imprimée avec celles de quelques autres Illustres, à Amsterdam » (note de Bayle).

  2. S’il a vraiment eu lieu (c’est-à-dire si la mémoire de Guy Patin ne s’était pas embrouillée), l’exil du P. Caussin fut bref puisque dans sa lettre du 5 juillet 1651 (v. sa note [15]), Patin écrivait à Claude ii Belin : « Le P. Caussin […] fut avant-hier enterré ici aux pères de Saint-Louis, rue de Saint-Antoine. »

16.

V. notes [24], lettre 255, pour la première thèse que présida Robert Patin, tout nouvellement reçu docteur régent de la Faculté de médecine de Paris, le 19 janvier 1651, et [1], lettre 157, pour les deux quodlibétaires et la cardinale qu’il avait soutenues en 1649, quand il était bachelier.

17.

V. note [20], lettre 252, pour l’épigramme intitulée Stibii noxiæ vindiciæ [Dénonciation du tort provoqué par l’antimoine], contre les médecins stibiaux de Paris.

s.

Brant, page 197.

Epistola lxiii.
Christ. Utenbogardo,

M.D.
Ultrajectum.

Ecce tandem supra quam plurima impe-
dimenta quibus undequaque urgeor, Vir
Clariss. datam fidem exolvo, liberoque, ut
Tibi notum faciam, me uno et eodem die,
duabus horis interpositis, librorum fascicu-
lum accepisse, per tabellarium Rothomagen-
sem in quo libelli 4. latebant à Te comme-
morati, de quibus gratias ago amplissimas ;
quosque ideo magnifacio, quia per te cu-
risque tuis ad me devenerunt : et epistolam
tuam datam 3. Jan. 1651. cui statim respon-
deo. Opusculorum Anatomicorum D. Riolani
curam tibi relinquo, rogoque iterum me-
mineris. Lucretium nostrum Gallicè ver-
sum valde probo, ideoque Tibi missurus
sum, cum novo libro Gallico Jo. Riolani,
hujus lemnatis, Curieuses recherches sur les
Escholes en Medecine de Paris et de Montpe-
liers
 : in quo postremo, miraberis infinitam
eruditissimi viri lectionem, rogoque ut quam
primùm redditus Tibi fuerit, integrum per-

t.

Brant, page 198.

legas. Velim quoque scias, me Apulejum
tuum Pricæi accepisse, de quo gratias ago :
meque novam domum incolere, quam in hac
vicinia emi, novem millibus aureorum : quum
ad me scribere volueris, eodem titulo quo
cœpisti perge, mutate tamen loco, et pro
la rue des Lavandieres, scribe, dans la pla-
ce du Chevalier du Guet
. Spem mihi fe-
cit Riolanus de Te, mentionem facturum
in 2. parte sui Enchiridii : monebo, eique
aurem vellam, ut stet promissis : nunc totus
est in concinnando tractatu de usu emetico-
rum
, adversus Chymistas, quem ad editio-
nem destinat. Hic dissectum est cadaver cu-
jusdam latronis, in quo hepar sinistrum hy-
pochondrium occupabat, lien vero dextrum :
super illa insigni viscerum mutatione, situque
extraordinario, tractatum vernaculum idem
meditator : quidquid in lucem emiserit, ad
Te sedulo mittetur. Sennertum Lugduni, nu-
per editum eme et Tibi habe : est illa am-
plissima editio, eaque optima : hîc Biblio-
polæ nostri, lucriones turpissimi et miserri-
mi, male compactos tres tomos vendunt
27. libellis Turon. non dubito Te Amste-
lodami
viliori pretio eos habiturum : sed ite-
rum moneo, eme et lege : si utrumque fe-
ceris, non pœnitebis ; author est bonæ fru-
gis plenissimus, et omnibus Neotericis, uno

u.

Brant, page 199.

excepto Fernelio, anteponendus : Fernelium
dico, quem Sennertus ipse tanquam magnum
sidus coluit, aliisque singulis prætulit : ego
vero eum habeo tanquam omnium artis
nostræ scriptorium ducem et antesignanum,
si tres eximii principes præiverint, nim.
Hippocrates, Corn. Celsus, et Galenus, vi-
ri planè Incomparabiles, et auro contrà cha-
ri, quorum lectionem singulis Anatomicis et
Botanicis debes præferre, omissa omni
περιεργια, quæ in scriptis Recentiorum, mul-
tiplex et nimis frequens reperitur, maximo
studiosorum non advertentium offendiculo et
incommodo. Historiam illam vitæ et facto-
rum Card. Rich. quæ Gallico idiomate apud
vos excuditur, non recuso : eam inter dona-
ria tua asservabo, eritque mihi semper caris-
simum quidquid miseris ; imprimis vero ro-
go Te, ut memorem habeas animum Episto-
larum Barlæi. Brevarium illud historiæ
nostræ Gallicæ
a quodam Loyolita adorna-
tum de quo antehac ad Te scripsi, adhuc
gemit sub prælo : aliquot ejus folia dumta-
xat vidi : aliis curis distractus Auctor non-
dum potuit absolvere : ubi in lucem prodie-
rit, si Tibi utile futurum cognovero, cum
aliis mittem, quæ ad manum habuero, et
quæcumque occurrent. De purpurato no-
stro Reginæ Administro, nihil est tam cer-

v.

Brant, page 200.

tum, quàm eum hîc omnibus esse odiosum
aut suspectum : patriæ hostem haberi et
omnium bonorum, imò et ipsius virtutis :
vivit tamen juxta Reginam, in multa, si non
omnimoda auctoritate, et fruitur etiam Diis
iratis, interea victrix provincia ploras
. De
cypressi seminibus à Te requisitis, agam cum
amico et college nostro, Botanices professo-
re, D. Blondel, et quid è re tua, votoque
tuo faciendum fuerit, libentissimè præstabo :
ut et de Sibanio odorato, de quo antehac ali-
quid audivi : quantulumcumque est postre-
mum istud semen, summi dicitur esse pretii :
videbor tamen, et tentabo, ut Tibi gratus
esse possim. Cum aliis libris accipies quoque
novum librum Nic. Caussini, ex Loyolitico
grege, de regno et domo Dei, in qua multa
habentur optima, de conditionibus in Regi-
bus et summis Principibus requisitis : unde,
quia ipse Auctor Mazarino displicuit, ex
hac Urbe, Reginæ mandato, secedere coa-
ctus est, et in Armoricam provinciam, exi-
lii specie relegatus est : sic exilium patitur
vir bonus inter multos pravos, qui hîc lau-
tè habentur et retinentur. Dat veniam corvis,
vexat censura columbas
. Filius meus major
natu Doctorali laurea est insignitus, et ordi-
ne suo præfuit quodlibetariæ quæstioni, de
sua respondit Baccalaureus : quatuor ejus
The-

w.

Brant, page 201.

Theses in eodem fasciculo invenies : ut et
carmina quædam in quosdam agyrtas et me-
dicastros venenato stibio non dumtaxat uten-
tes, sed et pessimis ægrorum rebus miserè
abutentes. Tantus hic nuper fuit, et adhuc
viget aquarum per Sequanæ alveum conflu-
xus et concursus, ex vicinorum fluminum
nimia et pene inaudita plenitudine, ut toti
nostræ Urbi summum terrorem incusserit,
validos pontes concusserit, quocum ædes
etiam ex parte prostraverit impetus suo, qui à
biduo quoquomodo imminuitur lentè tamen
et pigre admodum pro ratione necessitatis,
et civium nostrorum voto. Aliud non habeo
quod scribam : vive et vale, meque constan-
tem amicum amare perge, et Canterum no-
strum cum præsentibus salute. Vale vir præ-
stantissime.

Tuus ex animo

Guido Patinus, Bell. Doctor Me-
dicus Parisiensis, et Decanus Facultatis.

Datum Parisiis 27. Jan. 1651.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Christiaen Utenbogard, le 27 janvier 1651

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(Consulté le 10/10/2024)

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