L. 113.  >
À Charles Spon,
le 21 octobre 1644

Monsieur, [a][1]

J’ai reçu votre dernière avec la feuille des Institut. de C. Hofmannus. [2] Utinam brevi perducatur ad umbilicum[1] tant pour l’honneur de l’auteur, de l’érudition singulière duquel je fais grand cas, que pour le bien public. J’ai aussi le même jour, savoir le 21e de septembre, reçu le paquet de la voie de Gesselin, [3] où j’ai trouvé pour moi Epitome Instit. Sennerti[4] Fr. Ranchini Posthuma[5] la Thériaque[6] la thèse de philosophie et l’Idea regia du P. Labbé, [2][7] et les deux autres paquets que j’ai le même jour rendus moi-même à MM. Moreau [8] et Masclari. [3][9] Je vous remercie de tout bien humblement, utinam aliquando possim retaliare[4] Je n’ai langui dans l’attente des vôtres le mois passé que pour la peur que j’avais qu’il ne vous fût arrivé quelque chose. Je me réjouis bien fort de ce qu’êtes en bonne santé et souhaite de tout mon cœur qu’y demeuriez longues années avec Mlle Spon [10] et le fils [11] que Dieu vous a donné. [5] Ce que vous me dites des libraires de Paris est très vrai, il y a longtemps que je le sais très bien, sunt pessimi nebulones et lucriones tenacissimi, villissimi, mendacissimi[6][12] Il n’y a rien que je déteste et que je haïsse plus que le mensonge, que j’abhorre plus que les démons de Loudun [13][14] et de Louviers ; [15] et cette espèce de gens me déplaît encore davantage de ce qu’ils mentent à toute heure fort impunément et sans aucune nécessité. Ce sont gens qui n’ont non plus de foi que d’esprit et qui sont purement indignes de ce beau nom de marchand. J’en excepte les bons, comme vous, qui sont en petit nombre. Le Macé [16] que vous m’indiquez est un tyran en son métier, rude et barbare, et qui n’y connaît rien ; mais il n’est pas tout seul, il y en a encore plus d’une douzaine d’autres qui ne valent pas mieux que lui et qui sont aussi ignorants. [7][17] Dieu les veuille bien amender, autrement ils gâtent un beau et très innocent commerce. Ils sont si sots et si superbes qu’ils s’imaginent qu’on leur doit encore de reste quand on les a bien payés. M. Meyssonnier [18] se trompe sur le fait de Louis Guyon, [8][19] qui ne fut jamais médecin de Paris. Je doute pareillement s’il a gagné tant de bien à la pratique ; ce n’est point qu’il n’eût bon esprit, mais il paraît en beaucoup d’endroits qu’il ne pratiquait pas le métier dont il parle. Il avait beaucoup voyagé et beaucoup lu, mais il n’a jamais guère vu de malades. Je sais bien qu’il était trésorier, mais je ne crois point qu’il ait beaucoup pratiqué, ce qu’il eût fallu faire en ce temps-là aussi bien qu’en celui-ci pour gagner 100 000 écus ; outre que je voudrais savoir quand il est mort et en quel lieu. [9] Puisque M. Meyssonnier a changé de casaque, voilà les affaires de la Prétendue en mauvais état, et le parti du pape fortifié ex tanta accessione[10][20] J’ai peur qu’il ne fasse bien du bruit, mais je n’ai pas peur que de papiste il devienne fou, car il l’est déjà et y a longtemps que je le tiens pour tel. Quiconque lira ses écrits ne manquera pas de le deviner. La sainte bigotise du siècle superstitieux dans lequel nous vivons a fêlé la cervelle à beaucoup d’autres ; mais la folie de M. Meyssonnier n’est pas de cette nature, elle ne lui est venue que par la bonne opinion qu’il a de soi. Il eût pu enfin quelque jour devenir savant s’il n’eût pensé l’être déjà, mais ce sien malheur est commun à beaucoup d’autres. Il n’a plus qu’à continuer, il fera fortune puisqu’il s’est avisé de ce grand secret de mettre le pape, les cardinaux et les moines de son côté, Romanos, rerum dominos gentemque togatam[11][21] M. Moreau vous baise les mains, et est bien aise quand il entend parler de vous et que je lui raconte de vos nouvelles après que j’ai reçu vos lettres. J’apprends ici de bonne part que le P. Théophile Raynaud [22] a de nouveau fait un livre intitulé Heteroclita christiana que les sotériques [23] ont supprimé. [12] Je vous prie de vous en enquérir et de savoir si nous ne pourrions pas en avoir un à quelque prix que ce fût. On dit ici que ce père est petit-fils de La Renaudie [24] qui avait fait la conspiration d’Amboise [25] et qui, pour l’avoir lui-même révélée, en fut mauvais et malheureux marchand[13] Qu’en croyez-vous, Monsieur, l’avez-vous jamais ouï dire ? J’ai vu ici la Chirurgie de Fabricius Aquapendente [26] en français, nouvellement imprimée à Lyon par M. Ravaud. [27] Je vous prie de m’apprendre qui en est le traducteur. [14] Enfin les cardinaux nous ont fait un pape qui se nomme Pamfili, et a voulu être appelé Innocent x[28] Utinam nemini noceat, præsertim Gallis, quibus parum faviturus creditur[15] Je suis bien aise d’avoir vu la feuille des Institutions de Hofmannus, je souhaite de les voir bientôt achevées. Je vous prie de me mander à votre loisir ce qu’en pensez et si vous ne savez rien de l’auteur, ou s’il fait imprimer quelque chose de nouveau, et dans quel temps ce livre présent pourra être achevé d’imprimer et de quelle grosseur il pourra être. J’ai grand dessein de le voir et ai bien envie de le recommander si fort que j’espère d’en faire débiter ici bon nombre. Gesselin, libraire du Pont-Neuf à qui j’en ai donné l’avis, m’a promis qu’il traitera avec M. Huguetan [29] pour en avoir quelque nombre des premiers par le moyen d’un frère qu’il a à Lyon. Il serait bien à propos que plusieurs en eussent afin de le faire connaître ; au contraire du Zacutus [30] qui n’est ici que chez Robert Le Duc, [16][31] qui est un petit garçon capable de faire enrager les marchands, et qui est aussi impertinent en son art que votre Macé, que vous m’avez fort bien dépeint. Si plusieurs en avaient, il s’en ferait un plus grand débit. Je serais bien marri que les Institutions de C. Hofmannus n’allassent tout autrement mieux.

Quelques jours avant l’élection du pape, est mort à Rome, hors du conclave, [32] le bon et sage cardinal Bentivoglio [33] qui méritait mieux d’être pape que la plupart des autres. Il avait fait un livre de Vita sua [17] et des emplois qu’il avait eus durant icelle ; j’aurais grand regret que ce livre ne fût enfin imprimé comme il est en danger d’être perdu. Le pape d’aujourd’hui a eu autrefois un oncle cardinal sous Clément viii [34] qui s’appelait Hieronymus Pamphylius. [35] Celui-ci est un fort habile homme, grand politique, combien que peu savant, mais bien résolu et fort intelligent aux affaires. De malheur pour lui, il est vieux, âgé de 72 ans. Il a fait loger dans son même palais deux siens favoris cardinaux, savoir Pallotta [36] et Panciroli, [18][37] desquels ce dernier est ennemi juré de notre cardinal Mazarin. [38] Ce pape a été autrefois dataire du cardinal Barberin [39][40] in legatione Gallica et Hispanica, puis nonce à Naples [41] et enfin, en Espagne ; à la fin de laquelle nonciature il a été fait cardinal en l’an 1630. Il a bâtards et bâtardes qui sont des marques de son humanité ; aussi est-il d’une Maison qui est descendue d’une bâtarde d’Alexandre vi[19][42] Il a un neveu qui épousera, par accord fait avant son élection, la nièce du cardinal Barberin ; et par ce mariage toute la case barberine prétend se maintenir, [20] malgré la haine qu’on leur porte à Rome et malgré tous les ennemis qu’ils y ont. Deux maréchaux de France sont morts depuis peu, savoir le maréchal de Saint-Luc [43] à Bordeaux et M. de Vitry [44] à six lieues d’ici. [21] Si Dieu vous a donné un fils comme vous avez pu le désirer, vous et mademoiselle votre femme, il nous a donné aussi une fille [45] qui vient de naître, laquelle était summa votorum uxoris meæ : en sororculam quatuor habentem fratres, et quorum unusquisque sororem habet[22]

J’attends de vous et espère que vous me manderez ce qui sera arrivé du procès entre les apothicaires [46] et les jésuites [47] de Lyon. [23] On travaille de deçà contre eux, mais l’impression ne va pas fort vite pour la peur qu’on a du chancelier [48] qui les favorise trop. M. le cardinal Mazarin [49] est malade à Fontainebleau [50] d’une double-tierce. [51] M. de Noyers, [52] vehementissimus et acerrimus fautor gregis loyolotici[24] a eu charge de se retirer de la cour, en laquelle il se fourrait trop avant pour tâcher d’y être employé, et de s’en aller en sa maison des champs où il a tout loisir de planter des choux. [25] Le cardinal Mazarin ne l’aime point, ni les jésuites non plus, qui sont autant de couteaux pendants qu’il a à son service. Il est ici arrivé de Hollande un petit livre nouveau intitulé Religio medici, fait par un Anglais [53] et traduit en latin par quelque Hollandais. C’est un livre tout gentil et curieux, mais fort délicat et tout mystique[26] Vous le recevrez dans le premier paquet ou par la première commodité que je trouverai. M. Le Roy, [54] marchand de Lyon, est ici, je pourrai bien lui bailler en s’en retournant. L’auteur ne manque pas d’esprit, vous y verrez d’étranges et ravissantes pensées. Il n’y a encore guère de livres de cette sorte ; s’il était permis aux savants d’écrire ainsi librement, on nous apprendrait beaucoup de nouveautés ; il n’y eut jamais Gazette qui valût cela ; [55] la subtilité de l’esprit humain se pourrait découvrir par cette voie. Nous attendons tous les jours de Hollande un livre nouveau de M. de Saumaise, [56] intitulé de Cæsarie, touchant une querelle qui est survenue en ce pays-là, s’il est plus séant à un ministre de faire son prêche avec de courts cheveux qu’avec une grande perruque. Au même temps, un professeur nommé Polyander [57] a écrit un autre livre de Coma sur le même sujet. [27] Et de tout cela rien n’est encore arrivé, ils sont en chemin. M. le cardinal Mazarin a enfin fait conclure l’affaire depuis deux mois, qui était sur le bureau il y a plus de quatre ans, savoir de faire revenir M. de Saumaise en France, ce qui lui est accordé sans aucune condition ni restriction. Il viendra demeurer ici moyennant 6 000 livres de pension annuelle qu’on lui donne à prendre sur l’élection de Paris. M. le président de Bailleul, [58] surintendant des finances, est aussi fort de ses amis, ce qui lui aidera fort pour être bien payé. [28]

Ce 11e d’octobre. Le nonce [59][60] du pape est aujourd’hui parti d’ici pour aller à Fontainebleau présenter à Leurs Majestés les lettres du nouveau pape, qu’il leur a écrites de sa main. [29] M. le Mazarin se porte mieux, il n’a plus que de petits ressentiments de sa fièvre. Je vous remercie du bon accueil qu’il vous a plu faire à un jeune homme de Beauvais [61] nommé M. Pol [62] qui venait de Valence [63] où il avait pris ses degrés de médecine ; comme aussi du Divorce céleste [64] que vous lui avez donné et qu’il m’a rendu. [30] Je souhaiterais fort qu’il me vînt quelque occasion pour me pouvoir revancher de tant de courtoisies et de tant d’obligations que je vous ai. Les tailles-douces du Suétone [65] du Louvre [66] ne sont pas encore achevées, il y a neuf mois qu’on y travaille, mais le corps du livre est fait. [31] Le nouveau pape commence à se gaudir du papat : il a donné tous les offices et bénéfices vacants, a fait du bien à tous ses domestiques, mais n’a pas fait encore de cardinaux, dont il a plein pouvoir et dix lieux vacants. [32] Nous avons eu nouvelles comme le duc d’Enghien [67] a pris Trèves [68] et Coblence, qui sont places sur le Rhin, difficiles à garder, mais qui seront bien propres à faire hiverner nos troupes. [33] D’un autre côté, le roi d’Espagne [69] se rend le plus fort dans la Catalogne [70] et reprend petit à petit les places qui l’avaient abandonné. [34] Don Francisco de Melo, [71] qui était chef du Conseil en Flandres, [72] a été remandé ; il a passé par ici, s’en va en Espagne, redditurus rationem suæ villicationis[35] Quelques politiques disent ici qu’il sera, étant arrivé à Madrid, employé pour les affaires du Portugal ; et que, comme il est homme de grande négociation, il sera employé à faire révolter ce royaume, duquel il est natif, par les intelligences qu’il y a. M. Le Roy, marchand de Lyon, m’a fait l’honneur de me venir voir céans et m’a promis de ne point partir d’ici qu’il ne m’en avertisse ; je vous enverrai de mes nouvelles par cette voie. Quand vous prendrez la peine de m’écrire, qui sera tout à votre loisir, s’il vous plaît, je vous prie de me mander dans quel temps vous espérez que seront achevées les Institutions de Caspar Hofmannus et quels autres livres on imprime présentement à Lyon, de médecine. L’Hippocrate de Foesius [73][74] serait bien à propos et fort bon ici, [36] tandis qu’il ne vient rien ou fort peu d’Allemagne. Nos libraires de deçà n’impriment rien que des livres de dévotion et des romans. Le malheureux siècle auquel Dieu nous a réservés, sot, impertinent, profane et superstitieux, ne requiert que ces bagatelles et ne pourrait qu’à peine souffrir quelque chose de meilleur. Toute la cour revient de Fontainebleau. Il n’y a ici de nouvelles, sinon que l’on croit à la mort de l’archevêque de Bordeaux [75] par la nouvelle qui est venue de son grand mal ; si celui-là meurt, ce sera une bonne chape-chute, [37] tant de son archevêché que de trois bonnes abbayes. J’ai vu ici un honnête homme lyonnais, M. Van Schore, [38][76] qui vous connaît bien et qui vous entretiendra quand il retournera à Lyon. Je lui ai dit et lui ai fait connaître que j’étais et comme je serai toute ma vie, de cœur et d’affection, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,

Patin.

De Paris, ce 21e d’octobre 1644.


a.

Ms BnF no 9357, fos 23‑24 ; Triaire no cxvi (pages 425‑433) ; Reveillé-Parise, no clxxix (tome i, pages 337‑341). Au revers, de la main de Charles Spon : « 1644, Paris 21 octobre ; Lyon, 27 dudit ; Risposta, adi 1er novembre. » Quelques phrases de la fin ont été transférées par Reveillé-Parise, dans sa lettre no clxxx (tome i, pages 341‑342), datée du 10 novembre 1644 : premier cas de tronçonnage du manuscrit aboutissant, dans cette édition, à la fabrication de pseudo‑lettres.

1.

« Dieu fasse que ce soit rapidement achevé ».

L’umbilicus est le bouton aux extrémités du cylindre qui servait à enrouler les manuscrits, d’où le cylindre lui-même ; ad umbilicum adducere (Horace, Épodes, xiv, vers 8), c’est amener au cylindre, c’est-à-dire achever (Gaffiot).

V. note [12], lettre 92, pour les Institutions médicales de Caspar Hofmann, dont le libraire Jean-Antoine i Huguetan achevait alors l’impression à Lyon.

2.

Jean Gesselin, né en 1598, était libraire-imprimeur à Paris ; il exerça jusqu’en 1644 au moins (Renouard).

V. note [23], lettre 104, pour l’Épitomé des Institutions de Daniel Sennert. Les autres ouvrages cités ici sont :

3.

Gaspard de Masclari (ou Masclary, 1619-après 1687), coreligionnaire et sans doute ami de Charles Spon, avait débuté comme avocat aux conseils, puis été nommé secrétaire du roi en 1639 par résignation de son père. Il exerça cette charge jusqu’en 1664. Ancien de l’Église de Charenton (v. note [18], lettre 146), il partagea le sort des calvinistes en 1685 : d’abord exilé, il fut ensuite emprisonné en divers endroits jusqu’à sa mort (La France protestante).

4.

« Dieu fasse que je puisse vous rendre un jour la pareille. »

5.

Naissance de Mathieu (1644-1657), premier enfant du couple Spon. Il mourut en décembre 1657 (v. note [1], lettre de Charles Spon, datée du 28 décembre 1657).

6.

« ce sont les pires vauriens et les rapaces les plus acharnés, les plus vils, et les plus menteurs. »

V. notes [1], lettre 18, pour la diablerie de Loudun, et [11], lettre 97, pour celle de Louviers, dans la phrase qui suit.

7.

Le libraire-imprimeur Guillaume i Macé avait commencé d’exercer à Paris avant 1610 et poursuivit son activité jusqu’après 1644 (Renouard). L’inimitié de Guy Patin à son encontre avait quelque chose de prémonitoire : c’est à son fils, Guillaume ii, que Catherine Barré, veuve de Robert Patin, fils aîné de Guy, vendit en 1674 les dernières dépouilles de la bibliothèque de son beau-père (v. note [26] de La Bibliothèque de Guy Patin et sa dispersion).

8.

Le Miroir de la beauté et santé corporelle, contenant toutes les difformités, maladies, tant internes qu’externes, qui peuvent survenir au corps humain. Par M. Louis Guyon,… sieur de La Nauche. Dernière édition, revue… et augmentée d’un Traité des maladies extraordinaires et nouvelles par M. L. Meyssonnier [v. note [3], lettre 72] (Lyon, Claude Prost, 1643, in‑8o).

9.

Tout ce commentaire porte sur Louis Guyon (v. note [27], lettre 97).

10.

« d’une aussi grande addition. »

Comme l’avait laissé pressentir sa dissertation sur saint Luc et saint Paul (v. note [35], lettre 106), Lazare Meyssonnier venait d’abjurer le protestantisme (la R.P.R., Religion Prétendue Réformée) à l’âge de 42 ans. Il allait publier l’histoire de sa conversion : Apologie de Lazare Meyssonnier sur ce qui s’est passé depuis sa conversion à l’Église catholique (Lyon, chez l’auteur, in‑12, 1646). Il devint plus tard chanoine de Saint-Nizier à Lyon.

11.

« les Romains, maîtres du monde, peuple de citoyens en toge » (Virgile, Énéide, chant i, vers 282).

12.

Malgré la censure des sotériques, {a} le R.P. Théophile Raynaud parvint plus tard à publier ses :

Heteroclita spiritualia, et anomala pietatis cœlestium, terrestrium et infernorum. i. Quæ circa Deum, Christum, ac Cœlites, et præcipue Deiparam. ii. Quæ circa nostratia pietatis instrumenta. iii. Quæ circa vita functos fideles. Ad solidæ pietatis regulas directa…

[Irrégularités spirituelles et anomalies de la pitié des êtres célestes, terrestres et infernaux. i. Ce qui touche à Dieu, au Christ et aux êtres célestes, et en particulier la mère de Dieu. ii. Ce qui touche aux instruments courants de piété. iii. Ce qui touche aux fidèles défunts. Réglées suivant les règles de la ferme piété…] {b}


  1. Ses confrères les jésuites, v. note [5], lettre 82.

  2. Grenoble, Claudius Bureau, 1646, in‑4o de 528 pages ; réédition à Lyon, 1654. V. note [2], lettre 651, pour la seconde partie (Lyon, 1665).

L’abbé Gallois (in Bayle, note G) en a donné cet avis :

« Cet auteur y traite plusieurs coutumes suspectes que l’excès du zèle ou le relâchement ont introduites dans le culte de Dieu et des saints, dans les bonnes œuvres que l’on fait pour soulager les âmes qui sont en purgatoire, dans l’usage des sacrements et dans tous les autres exercices de piété. Il examine toutes ces dévotions douteuses avec beaucoup de sévérité : il condamne les unes, il défend les autres, et il appuie son jugement de quantité de savantes remarques tirées de l’Histoire ecclésiastique et des Pères. C’est particulièrement dans cette matière qu’il a triomphé, car comme il était piquant et satirique, il ne réussissait jamais mieux que lorsqu’il fallait critiquer et reprendre. »

13.

Godefroi (ou Jean) de Barry, seigneur de La Renaudie, dit La Forest, calviniste natif du Périgord, fut le chef ostensible de la conjuration d’Amboise (autrement nommée conspiration, attentat ou tumulte) : complot protestant fomenté en mars 1560, elle a été l’événement inaugural des huit guerres de Religion qui ensanglantèrent la France (1562-1598) ; Louis ier de Condé en était l’âme, elle visait à s’emparer de la personne du roi François ii, pour le soustraire de la tutelle ultracatholique des Guise. Vendu par un ami, La Renaudie fut tué d’un coup de feu au moment où il commençait d’exécuter l’entreprise (17 mars). Son cadavre fut pendu sur le pont d’Amboise.

La Renaudie avait épousé Guillemette de Louvain, les généalogies consultées leur donnent deux filles, Jeanne et Madeleine, dont aucune ne fut mère du P. Théophile Raynaud (natif de Sospelle dans le comté de Nice).

14.

Les Œuvres chirurgicales de Jérôme Fabrice d’Aquapendente [v. note [10], lettre 86], divisées en deux parties, dont l’une contient le pentateuque chirurgical, l’autre, toutes les opérations manuelles qui se pratiquent sur le corps humain. Le tout fidèlement traduit de latin en français, en faveur des vrais amateurs de chirurgie (Lyon, Pierre Ravaud, 1643, in‑8o ; rééditions en 1658, 1666, 1674) sont la traduction (sans nom du traducteur) des Opera chirurgica in duos partes divisa [Œuvre chirurgicale divisée en deux parties] (Padoue, 1617, in‑fo).

15.

« Dieu veuille qu’il ne nuise à personne, surtout pas aux Français, car on croit qu’il leur est peu favorable » (v. note [2] et suivantes, lettre 112, pour l’élection d’Innocent x, et ses conséquences politiques).

16.

Rollet Le Duc, d’abord apprenti de Rolet Boutonné en 1628, avait été reçu libraire en 1643 pour exercer au moins jusqu’en 1645, rue Saint-Jacques « près la Poste » (Renouard). V. note [7], lettre 68, pour les Opera omnia d’Abraham Zacutus.

17.

« sur sa propre vie ».

Sans nom d’auteur, mais écrits à la première personne, les Memorie del cardinale Bentivoglio, con le quali descrive la sua Vita, e non solo le cose alui successe nel corso di essa, ma insieme le più notabili ancora accorse nello Città di Roma, in Italia, et altrove. Divise in due libri [Mémoires du cardinal Bentivoglio, où est décrite sa vie : non seulement les choses qui lui son arrivées, mais aussi ce qui s’est passé de plus notable dans la vielle de Rome, en Italie et ailleurs] ont paru pour la première fois à Venise (Paolo Baglioni, 1648, in‑4o) et, sous un titre plus bref, à Amsterdam (Jan Jansson, in‑8o).

La suite reprend, parfois mot pour mot, des informations et des commentaires contenus dans la précédente lettre à Claude ii Belin.

18.

Giambattista Maria Pallotta (Caldarola 1594-Rome 22 janvier 1668), archevêque de Thessalonique (1628), nonce extraordinaire puis ordinaire en Autriche (1628-1630) avait reçu le chapeau de cardinal en 1631.

V. note [3], lettre 112, pour le cardinal Panciroli.

19.

Roderigo de Borja y Borja, puis Rodrigo Borgia (Jativa, Espagne 1431-Rome 1503), élu pape en 1492 sous le nom d’Alexandre vi, était neveu d’Alfonso Borgia (le pape Calixte iii). Avant d’être nommé cardinal en 1456, il avait eu au moins cinq enfants légitimés, dont deux sont restés célèbres, César et Lucrèce Borgia. Son pontificat fut marqué par les menées politiques les plus outrancières (G.D.U. xixe s.).

20.

Case pour maison (casa en italien).

21.

Timoléon d’Espinay (vers 1580-1644), marquis et maréchal de Saint-Luc, comte d’Estelan, avait succédé à son père dans le gouvernement de Brouage et suivi Sully dans son ambassade en Angleterre. Remarqué pour sa valeur dans diverses actions, il était devenu maréchal de camp en 1617 et s’était ensuite signalé dans la guerre contre les Rochelois révoltés. Nommé vice-amiral (1622), il s’était démis de son gouvernement, que désirait Richelieu, et avait obtenu en échange le titre de lieutenant général de la Guyenne. Il avait reçu en 1628 le bâton de maréchal (G.D.U. xixe s.).

V. note [6], lettre 112, pour la mort de Nicolas de L’Hospital, duc et maréchal de Vitry.

22.

« le plus cher des vœux de mon épouse : voici une petite sœur qui a quatre frères, et chacun d’eux qui a une sœur. »

Née après quatre garçons alors en vie (Robert, Charles, second du nom, Pierre et François, second du nom ; v. note [29], lettre 106), Gabrielle-Catherine Patin avait été baptisée le 4 octobre ; ses parrain et marraine étaient son oncle et sa tante maternels, Antoine et Gabrielle de Janson ; son père n’a reparlé d’elle qu’une fois, dans sa lettre du 24 mars 1648 à Charles Spon (note [4]). Le fils de Spon, qui venait de naître, était Mathieu (v. supra, note [5]).

23.

Suite de l’affaire déclenchée par la poudre purgative vendue par les jésuites de Lyon, au grand mécontentement des apothicaires (v. lettre du 26 octobre 1643 à Charles Spon ).

24.

« partisan le plus impétueux et le plus acéré du troupeau loyolitique ».

25.

« On dit proverbialement d’une personne reléguée à la campagne, ou qui est obligée d’y demeurer, qu’on l’a envoyée planter des choux » (Furetière).

26.

Thomas Browne (Londres en 1605-Norwich 1682), fils d’un marchand de Londres, était entré vers 1623 au Collège de Pembrocke à Oxford où il fit ses humanités, reçut la maîtrise, puis se consacra à l’étude de la médecine. Il avait voyagé ensuite en Irlande, à Montpellier, à Padoue, puis à Leyde où il prit le bonnet de docteur en médecine. Vers 1634, il était rentré en Angleterre pour se faire agréger au collège d’Oxford et s’établir à Norwich. Membre honoraire du Collège de Londres en 1667, il fut créé chevalier par Charles ii en 1671. Browne obtint de son vivant un immense renom par son Religio medici [Religion d’un médecin], publié pour la première fois en anglais à Londres en 1642, avec de multiples rééditions et traductions. L’édition de Leyde (Franciscus Hackius, 1644, in‑12, réimprimée à Paris, sans nom, la même année), dont parlait ici Guy Patin, avait été traduite en latin (seule langue étrangère qu’il savait lire) par John Merryweather. Une traduction en français a paru en 1668.

Le Ms BnF no 9357, (fo 377) contient une pièce intitulée « Jugement de M. G.P. D.M. à P. sur l’auteur du livre intitulé Religio Medici ». Cette note n’est pas de l’écriture de Guy Patin. Trouvant qu’elle ne correspond pas à sa manière et qu’elle est en contradiction avec l’éloge qu’il faisait ici de l’œuvre de Browne, Paul Triaire l’a jugée apocryphe ; en voici tout de même la transcription :

« < L’auteur > de ce livret se dit anglais, et peut-être l’est-il ; mais de quelque pays qu’il soit, il est chrétien, huguenot, bigot et superstitieux : il hait les cérémonies de l’Église romaine ; il souhaite la réunion de tous les chrétiens ; il se plaint d’être excommunié du pape comme huguenot, combien qu’il ne lui veuille point de mal ; il prétend que sa religion est toute judicieuse, fondée sur la philosophie et le raisonnement. Il n’est pas bien confirmé en sa créance : sa bigotise l’empêche d’aller à l’athéisme, où peut-être enfin parviendra-t-il avec sa philosophie, qui n’est guère assurée ; mais il n’est pas encore assez méchant pour cela, son esprit scrupuleux et superstitieux le retient. C’est un mélancolique contemplatif, un solitaire méditatif ; il n’est peut-être pas aussi homme de bien qu’il dit ; il n’est pas si fort huguenot qu’il ne se fît plutôt papiste que d’en mourir ; il croit bien les anges gardiens et les miracles du Japon, mais il se défie des jésuites ; il ne voudrait pas tout à fait nier l’intercession des saints ; il croit des sorciers et le retour des esprits très fréquent, tant il est sot, page 122. {a} Il est mélancolique à devenir fou, et glorieux cagot ; il se défie de la fin du monde et ne sait qu’en croire ; il croit fort en Dieu, en l’immortalité de l’âme et en la vie éternelle, et in Christum crucifixum, in quo solo salutem reponit ; {b} il ne sait que croire de l’entrée du ciel et n’est pas en cet article ferme huguenot ; il s’attend de voir au grand jugement plusieurs grands effets de la miséricorde de Dieu. Il avoue qu’il est médecin, mais il me semble sot et fat quand il veut si fort qu’on fasse état de ses prières vers Dieu. Non requirit æger medicum precantem, sed sanantem. {c} Il n’est pas encore marié et n’a pas grande envie de l’être, non plus que de besoin. Il est médecin et n’en raisonne pas mal : il tient la mort pour le plus grand remède qui soit en la Nature, en tant qu’elle remédie à tous nos maux et qu’elle nous ouvre la porte de l’immortalité. Il croit au diable autant que le plus sot et le plus bigot de tous les moines, car il croit que cette vilaine bête métaphysique se trouve partout ; mais de malheur pour lui, il n’est pas si fin que nos moines qui font provision d’eau bénite pour le chasser à toute heure. Il a cela de bon qu’il se tient très heureux et très content : il avoue qu’il est naturellement mélancolique et saturnien ; {d} il voudrait ne servir Dieu qu’en songe ; il est bien bigot pour un réformé ; il fait grand état du sommeil et n’oserait s’endormir sans avoir prié Dieu. Il est fort bon homme, fort charitable et < a > beaucoup d’esprit. Il réduit la félicité humaine à trois choses, savoir < foi > en la conscience, commandement sur les passions et piété envers < Dieu > et notre prochain, qui est la charité chrétienne et la vraie < répli>que d’un homme de bien contre un hypocrite ; et c’est la meilleure < chose > qui soit en tout son livre. » {e}


  1. Allusion au § 30 de la première partie :

    For my parts, I have ever believed, and do now know, that there are Witches ; they that doubt of these do not only deny them, but Spirits ; and are obliquely, and upon Consequence a Sort, not of Infidels, but Atheists. Those that to confute their Incredulity desire to see Apparitions, shall questionless never behold any, nor have the Power to be so much as Witches : The Devil hath them already in a Heresy, as capital as Witchcraft ; and to appear to them, were but to convert them. Of all the Delusions wherewith he deceives Mortality, there is not any that puzzleth me more than the Legerdemain of Changelings ; I do not credit those Tranformations of reasonable Creatures into Beasts, or tha the Devil hath a Power to transpeciate a Man into a Horse, who tempted Christ (as a tryal of his Divinity) to convert but Stones into Bread. I could believe tha Spirits use with Man the Act of Carnality, and in both Sexes ; I conceive they may assume, steal, or contrive a Body, wherein there may be Action enough to content decrepit Must, or Passion to satisfy more active Veneries ; yet in both, without a Possibility of Generation : And therefore the Opinion that Antichrist should be borne of the Tribe of Dan, by conjunction with the Devil, is ridiculous, ad a Conceit fitter for a Rabbin than a Christian. I hold that the Devil doth really possess some Men ; the Spirit of Melancholy others ; the Spirit of Delusion others ; that as the Devil is concealed and denied by some ; so God and good Angels are presented by others, whereof the late Defection of the Maid of Germany hath left a pregnant Example.

    [Quant à moi, j’ai toujours cru aux sorciers et sais maintenant qu’il en existe : ceux qui doutent de leur existence ne se contentent pas de les nier, car ils nient aussi les esprits ; ce sont obliquement, et par conséquent, des sortes non pas d’infidèles, mais d’athées. Ceux qui pour rejeter leur incrédulité désirent voir des fantômes vont assurément n’en voir jamais aucun, ni jamais posséder le pouvoir de devenir sorciers ; leur apparition serait impuissante à les convertir, car le démon les tient déjà en une hérésie bien plus grande que la sorcellerie. De tous les stratagèmes qu’il utilise pour tromper les mortels, aucun ne me trouble tant que la substitution des espèces. Je ne crois pas que des créatures douées de raison se transforment en bêtes, ni que le diable ait le pouvoir de changer un homme en cheval, lui qui (pour éprouver sa divinité) a incité le Christ à convertir de simples pierres en pain. Je pourrais croire que les esprits ont des rapports charnels avec les humains, et ce dans les deux sexes. Je conçois qu’ils puissent s’approprier, voler ou forcer un corps où il peut y avoir suffisamment d’action pour contenter une lubricité décrépite, ou suffisamment de passion pour satisfaire de plus actives copulations ; sans pour autant qu’il y ait dans les deux cas possibilité de génération. L’idée que l’Antéchrist doive naître de la tribu de Dan par accouplement avec le diable se trouve donc ridicule, et plus convenable à un rabbin qu’à un chrétien. {i} Je crois que le diable possède réellement certains hommes, que l’esprit de mélancolie en possède d’autres, et celui de fantasme, d’autres encore ; que si certains nient et dissimulent le diable, alors d’autres inventent Dieu et les bons anges, ce dont la récente apostasie de la jeune fille d’Allemagne a laissé un exemple lourd de sens]. {ii}

    1. L’Apocalypse de saint Jean ne range pas la tribu de Dan comme l’une des douzes tribus d’Israël. Certains exégètes en on déduit que l’Antéchrist (v. note [9], lettre 127) devrait en être issu, par l’union du diable avec un humain.

    2. Pour la défense de Browne, toutes ses pensées ne sont pas de la même veine.

  2. « dans le Christ crucifié, en qui seul réside le salut. »

  3. « Un malade n’a pas besoin d’un médecin qui prie, mais d’un médecin qui soigne » : Non quærit æger medicum eloquentem, sed sanantem [Le malade ne cherche pas un médecin qui parle bien, mais qui guérit] (Sénèque le Jeune, Lettres à Lucilius, épître lxxv).

  4. « Qui est mélancolique, d’humeur sombre, celui sur qui Saturne [v. note [31] des Deux Vies latines de Jean Héroard] domine, ou a présidé à sa naissance. Il est opposé à jovial » (Furetière).

  5. Les crochets indiquent des lacunes du manuscrit avec proposition de reconstitution.

    Il est difficile de trouver plus éclatante preuve du libertinage érudit de Patin, mais est-elle authentique ?


V. notes [20], lettre 237, et [27] du Patiniana I‑1 pour d’autres détails sur la Religio medici de Browne.

Édités par Simon Wilkins, les Sir Thomas Browne’s Works including his life and correspondence [Œuvres de Thomas browne, incluant sa vie et sa correspondance] (Londres, William Pickering, 1836, 3 volumes in‑8o) contiennent les lettres échangées par Browne et son fils Edward, pendant son séjour à Paris pour étudier la médecine.

27.

Iudicium et consilium de comæ et vestium usu et abusu, deductum ex i ad Corint. cap. 12., i ad Timoth. et Tit. c. 2. atque I Petr. cap. 3, a Iohanne Polyandro a Kerckhoven… [Jugement et avis sur l’us et l’abus de la chevelure et des vêtements, tirés de la première (épître de saint Paul) aux Corinthiens, chap. 12, de sa première à Timothée et de son épître à Tite, chap. 2, et de la première de saint Pierre, chap. 3, par Iohannes Polyander van Kerckhoven (théologien protestant, Metz 1568-Leyde 1646)…] (Leyde, Elsevier, 1644, in‑8o). V. note [7], lettre 111, pour le de Cæsarie [de la chevelure] de Claude i Saumaise.

28.

V. note [6], lettre 111, pour la rente versée à Claude i Saumaise sous la garantie de l’Élection de Paris. La lettre du 21 octobre s’arrête ici dans les éditions antérieures à Triaire. Toute la partie supprimée, plus ou moins modifiée, est reportée à la lettre du 10 novembre 1644.

29.

Nicolo Guido di Bagno (Mantoue 1583-Rome 27 août 1663), frère cadet de Gianfrancesco (v. note [12], lettre 59), avait d’abord eu une vie laïque : marquis de Montebello, il avait épousé une marquise italienne et mené une carrière militaire au service du pape Urbain viii ; général des troupes pontificales en 1634, il s’était tourné vers la carrière ecclésiastique après la mort de sa femme. Nonce apostolique à Paris d’avril 1644 à décembre 1656, il fut nommé cardinal en 1657.

30.

V. note [16], lettre 98, pour l’ouvrage sulfureux de Ferrante Pallavicino.

31.

Caius Suetonius Tranquillus : De xii Cæsarum vitis, De illustribus Grammaticis, De claris Rhetoribus, Horatii vita, Plinii vita, Lucani vita [Suétone : Vies des douze Césars, Les Grammairiens illustres, Les Rhéteurs célèbres, Vie d’Horace, Vie de Pline, Vie de Lucain] (Paris, Imprimerie royale du Louvre, 1644, in‑12).

32.

Se gaudir, se réjouir. La première promotion de quatre cardinaux par Innocent x fut annoncée le 4 novembre 1644 ; une autre nomination de sept cardinaux suivit, le 6 mars 1645.

33.

Après la prise de Philippsbourg, le duc d’Enghien acheva par lui-même ou par ses lieutenants, dont le plus illustre était Turenne, la conquête du Palatinat. Il prit Worms, Oppenheim, Mayence, Bingen, Creutznach, Landau, Neudstadt, Trèves, Coblence, etc. L’armée française occupa ainsi toutes les places fortes du Rhin, depuis Bâle jusqu’à Mayence (Triaire).

34.

La guerre de Catalogne avait commencé, en mai 1644, par des revers pour la France : le maréchal de La Mothe-Houdancourt (v. note [10], lettre 115), battu à Lérida (v. note [10], lettre 107), n’avait pas mieux réussi en assiégeant Tarragone (v. note [5], lettre 111) ; il fut rappelé, emprisonné, et remplacé par le comte d’Harcourt qui devait reprendre le dessus sur les Espagnols.

35.

« pour rendre compte de son gouvernement. »

Francisco de Melo (Estremoz 1597-Madrid 1651), marquis de Tor de Laguna, comte d’Assumar, était un diplomate portugais au service de l’Espagne. Gouverneur des Pays-Bas espagnols de 1641 à 1644, il avait été le vaincu de Rocroi (19 mai 1643). Rappelé à Madrid, il allait être nommé vice-roi de Catalogne.

36.

V. note [6], lettre 68, pour l’Hippocrate d’Anuce Foës.

37.

Chape-chute : « bonne aubaine due à la négligence ou au malheur d’autrui » (Littré DLF).

Le cardinal Henri d’Escoubleau de Sourdis (v. note [5], lettre 29) mourut à Auteuil le 18 juin 1645.

38.

Descendants d’une famille flamande établie à Lyon à la fin du xvie s., les quatre frères Van Schore (Vanechore, Vanscore ou Vanscort), nés entre 1600 et 1610, se prénommaient Joachim, Martin, Mathieu et Jacques ; ils étaient associés dans la banque (Jean Tricou, À propos d’un jeton anonyme. Les Van Schore, banquiers à Lyon, Revue numismatique, 6e série, tome 11, 1969, pages 225‑228 ; référence aimablement comuniquée par M. Benoît Faure-Jarrosson, président de la Société d’Histoire de Lyon, qui identifie l’aîné, Joachim, comme étant très probablement celui dont Guy Patin parlait ici à Charles Spon).


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 21 octobre 1644

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(Consulté le 19/04/2024)

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