Je vous demande bien humblement pardon si je ne vous ai fait réponse à vos deux dernières plus tôt que je n’ai fait ; de quoi j’espère que m’excuserez aisément, vu que j’en ai commis le crime nec negligentia aliqua, nec contemptu, sed dulcedine cessationis et fiducia amoris, [1][2] quantité d’affaires m’ayant diverti aux champs et à la ville tout l’automne passé ; joint qu’outre le désir que j’avais de vous confirmer le service que je vous ai voué, je n’avais rien à vous mander qui fût digne de vous interrompre de vos bonnes affaires. Je vous remercie de l’avis que m’avez donné de la conférence de Suresnes, [2][3][4] je l’ai maintenant : M. Du Laurens, [5] conseiller à la Cour et neveu de l’anatomiste, [3][6][7][8][9][10] me l’a donné. J’ai céans toute l’Histoire de M. de Thou, [11][12] en quatre volumes en latin, in‑fo ; mais je vous assure que telle conférence ne s’y lit que fort brièvement décrite et [assez] dissemblable à l’autre. [4] Les Opuscules de Ranchin [13] en blanc ne valent au plus que 35 sols. [5] monsieur votre frère [14] m’a fait l’honneur de me venir voir, qui m’a rendu la vôtre et m’a réellement témoigné qu’il est habile homme pour les diverses choses desquelles avons traité le peu de temps qu’avons été ensemble. Je n’ai pu encore l’aller visiter en son logis, ne me l’ayant pas voulu enseigner. [6] Je vous remercie de l’avis que vous m’avez donné de celui qui a écrit contre M. Moreau, [15] j’en conférerai avec lui et vous en écrirai par ci-après plus amplement. [7] Nous avons un nouveau doyen nommé M. Boujonnier, [16] fort honnête homme et de notre bon pays de Picardie, lequel fera bientôt imprimer le catalogue des docteurs vivants de notre École, [17] que je ne manquerai de vous envoyer tout à l’heure, et autre chose aussi s’il se présente. Les trois tomes de la Pratique de Sennertus [18] se vendent ; on travaille à achever trois autres pièces de lui, savoir de febribus, de consensu chimycorum, [8] et le quatrième de sa Pratique, qui est de morbis mulierum et infantium, [9] tout nouveau apporté d’Allemagne, dédié à la reine de Suède. [10][19] J’ai vu ici un petit libraire de Troyes [20] avec Cottard, [21] qui m’a fait reproche que le Sanctorius in Gal. [11][22] ne valait que 40 sols, vu que dans Lyon il lui coûtait davantage. Je m’offris de lui faire bailler tout ce qu’il y en avait à Paris à 35 sols pièce, et me moquai de lui. Lucriones istos improbos probe novi. [12] Cottard et lui valent autant l’un que l’autre, il s’en faut défier quand on s’en approche. Le roi [23] est à Versailles. [13][24][25][26] La reine [27][28] n’est pas encore arrivée de Languedoc. M. le cardinal [29][30] y est malade d’un abcès, [14][31] ce dit-on, au fondement. [15][32] Monsieur, [16][33][34][35] frère du roi, est à Bruxelles. [17][36][37] Pour tout livre nouveau, il n’y a que la Vie de Henri iv, [38] in‑fo, par Dupleix. [18][39] Je vous baise les mains et suis, Monsieur, votre très humble et affectionné serviteur.
Patin.
Ce 7e de décembre 1632.
Ms BnF no 9358, fo 18 ; Triaire no xiii (pages 50‑53) ; Reveillé-Parise, no x (tome i, pages 18‑19).
Juste Lipse (v. note [8], lettre 36), Epistolarum selectarum Chilias [Millier de lettres choisies] (Avignon, 1609, v. note [12], lettre 271), lettre xxxi, centurie i, page 36, à Theodorus Leewius (v. note [7] des Triades du Borboniana manuscrit) :
Ita certe oportuit, in viam, inquam, officii redire, a qua exorbitavimus uterque nimium diu, non negligentia aliqua, ut scio, aut contemptu : sed fortasse dulcedine cessationis, et fiducia amoris. Id enim de me fateor ; de te opinor.[Il a ainsi certainement fallu, dirais-je, me remettre dans le chemin du devoir, d’où nous avons tous deux dévié depuis bien trop longtemps, non, que je sache, par quelque négligence, ni par mépris, mais peut-être pour le charme de la lenteur et la confiance que donne l’amitié. Pour moi, du moins, je l’avoue ; et pour vous, je le crois aussi].
Il se tint à partir du 29 avril 1593, à Suresnes (Hauts-de-Seine), pendant les états généraux qui avaient commencé le 26 janvier, des conférences entre catholiques et protestants, à la suite desquelles Henri iv embrassa la religion catholique. Elles amorcèrent la fin des guerres de Religion, mais elle ne fut complète et définitive que cinq ans plus tard.
L’avis dont parlait Guy Patin pouvait être la Lettre écrite par les députés des princes, officiers de la Couronne et autres seigneurs catholiques qui reconnaissent le roi, pour la conférence faite à Suresnes et autres lieux. Aux députés de l’Assemblée qui est de présent à Paris, du 23e jour de juin, 1593 (Melun, sans nom, 1593, in‑4o).André i Du Laurens ou Dulaurens (Laurentius, Tarascon 1558-Montpellier 1609) étudia la médecine à Montpellier, selon Astruc, et quoi qu’en ait prétendu Guy Patin, v. notes [5], lettre 196, [18], lettre 368, et [51] de L’ultime procès de Théophraste Renaudot contre la Faculté de médecine de Paris. En 1586, il y obtint la chaire que la mort de Laurent Joubert (v. note [8], lettre 137) laissait vacante. En 1598, Du Laurens fut nommé médecin ordinaire du roi Henri iv. En 1601, à la mort de Jean Martin (v. note [3], lettre 31), il devint premier médecin de la reine, Marie de Médicis, et fut nommé chancelier de l’Université de Montpellier en 1603. Henri iv fit de lui son premier médecin en 1606. Guy Patin a contesté cette biographie dont Astruc a affirmé la véracité (v. note [5], lettre 196). Du Laurens profita de la haute faveur dont il jouissait à la cour pour accumuler les honneurs et les richesses dans sa famille : deux de ses frères furent archevêques, un troisième, général des capucins, et le quatrième, Richard, avocat au Conseil (J. in Panckoucke et G.D.U. xixe s.). L’ouvrage qui a fondé sa réputation d’anatomiste dogmatique est intitulé :
Andreæ Laurentii, Doctoris Medici, et in celeberrima Monspeliensi Academia Regii Professoris Opera anatomica in quinque libros divisa : in quibus Historia singularum partium, primum accurate describitur, mox quæ in ea occurrunt controversa enodantur, Hippocratis libri Anatomici illustrantur, et a recentiorum pene innumeris calumnis Galenus vindicatur. Cum triplice Indice, capitum quidem, et controversiarum totius operis fronti præfixus est, ad calcem autem rerum et verborum copiosissimus reiectus. [Œuvres anatomiques d’André Du Laurens, docteur et professeur royal de médecine en la très célèbre Université de Montpellier, divisées en cinq livres : d’abord est présentée la description de chacune des parties ; ensuite les controverses qui s’y rencontrent sont dénouées, les livres anatomiques d’Hippocrate sont éclairés, et Galien est lavé des calomnies presque infinies des auteurs récents. Avec un triple index : celui des chapitres et des controverses est inséré au début de l’ouvrage ; et celui, très riche, des matières et des mots, à la fin]. {a}
- Lyon, Ioannes-Baptista Buysson, 1593, in‑8o de 840 pages, non illustré ; préface au lecteur curieusement écrite par le médecin Richard Du Laurens (1564-1629), frère puîné de l’auteur qui l’a probablement aidé à mettre son travail en beau latin (voire plus).
Cet ouvrage didactique a connu un grand succès. Parmi ses nombreuses rééditions, celle de Paris, Marc Orry, 1600, in‑4o de 602 pages, contient 12 livres, et brille par la qualité de son impression et par ses planches anatomiques, principalement empruntées à la Fabrica d’André Vésale (v. note [18], lettre 153).
Une annexe entière de notre édition analyse les Opera omnia [Œuvres complètes] de Du Laurens publiées par Guy Patin en 1628.
V. notes [1], lettre latine 341, pour l’édition en français de Toutes les Œuvres de Du Laurens par Théophile Gelée (Paris et Rouen, 1613), et [4] du Borboniana 10 manuscrit, pour les faveurs dont aurait joui Du Laurens auprès de l’influente Claude-Catherine de Clermont-Tonnerre, duchesse de Retz et de Gondi.
Patin a souvent évoqué la branche parisienne et parlementaire de la famille Du Laurens, dont il était le médecin. Le « conseiller à la Cour et neveu de l’anatomiste » était Antoine Du Laurens, fils aîné d’Antoine-Richard et d’Anne Robert. Reçu conseiller clerc au Parlement de Paris le 11 mars 1632, en la deuxième Chambre des enquêtes, il mourut le 11 mai 1640 (Popoff, no 1544).
Jacques-Auguste i de Thou (Thuanus, Paris 1553-ibid. 1617) fils de Christophe de Thou, premier président du Parlement de Paris, mena des études dans plusieurs universités françaises, notamment celle de Valence, en Dauphiné, pour y suivre les leçons de Jacques i Cujas qui y professait le droit en 1571. Sa famille le destinait à l’état ecclésiastique et le plaça, en 1572, auprès de son oncle, Nicolas de Thou, alors chanoine de Notre-Dame, et qui fut peu après nommé évêque de Chartres. Jacques-Auguste accompagna ensuite Paul de Foix en Italie (v. note [31] du Borboniana 3 manuscrit). À son retour en France, il fut pourvu par son père d’une charge de conseiller clerc au Parlement de Paris (1576), puis envoyé pour négocier une entente avec les chefs du parti protestant réunis à Bordeaux (1581), où il connut Montaigne qui était alors maire de la ville. Conseiller d’État en 1588, de Thou accompagna Henri iii aux états généraux de Blois, mais n’assista pas à l’assassinat du duc de Guise ; six jours auparavant, le roi l’avait envoyé à Paris, chargé d’une mission secrète qu’il eut beaucoup de peine à remplir car la nouvelle de la mort de Guise, arrivée presque en même temps que lui, avait violemment soulevé la capitale. Il fut ensuite chargé, avec Schomberg et Duplessis-Mornay, de négocier l’accord du roi de France avec le roi de Navarre, puis il alla solliciter, en Allemagne et en Italie, des secours d’hommes et d’argent pour Henri iii. Ce fut à Venise qu’il apprit la mort de ce prince et il accourut aussitôt auprès de Henri iv, qui lui témoigna la même confiance que son prédécesseur. Toujours au premier rang, avec Sully, parmi les conseillers du monarque, il négocia, en 1594, le raccommodement du jeune duc de Guise avec la cour, figura aux conférences de Loudun et eut enfin l’honneur de rédiger les articles de l’édit de Nantes qui opéra la pacification du royaume (1598). En 1600, de Thou assista, en qualité de commissaire, à la Conférence de Fontainebleau (v. note [3], lettre 548) et y défendit avec force les libertés de l’Église gallicane, qu’une partie du Clergé attaquait pour complaire au pape. En 1616, il négocia encore le traité de Loudun, conclu entre le prince de Condé et la régente, Marie de Medicis. Ce fut son dernier acte politique.
En 1591, de Thou avait commencé d’écrire, sous le titre d’Historiæ sui temporis [Histoires de son temps], une des plus vastes compositions historiques qu’on eût jusqu’alors entreprises. Il en publia les 18 premiers livres en 1604, mais les idées de tolérance qu’il y exprimait soulevèrent contre lui de telles clameurs de la part du Clergé qu’il fut sur le point de renoncer à terminer son ouvrage. Henri iv ne put pas même le défendre des censures de la cour de Rome. Les Historiæ furent mises à l’index en 1609. Sous la régence, de Thou se remit à son grand livre, qu’il voulait pousser jusqu’à la mort de Henri iv ; mais il s’interrompit une seconde fois pour écrire ses Mémoires ; son Histoire universelle fut achevée par un de ses amis, Nicolas Rigault (v. note [13], lettre 86).
L’édition que possédait Guy Patin, en cinq tomes reliés en quatre volumes in‑fo, est la seconde :
Illustris viri I.-A. Thuani… Historiarum sui temporis ab anno… 1543 usque ad annum 1607, libri cxxxviii, quorum lxxx priores multo quam antehac auctiores, reliqui vero lviii nunc primum prodeunt… Accedunt Commentariorum de vita sua libri vi hactenus inediti.Les Commentaria de vita sua ou autobiographie (v. note [27] du Borboniana 10 manuscrit) rédigés en partie par de Thou (parlant de lui-même à la troisième personne du singulier), en partie par Rigault sur ses notes et manuscrits, sont insérés à la fin du dernier volume.[Les 138 livres des Histoires de son temps, de l’illustre J.‑A. de Thou, depuis l’an… 1543 jusqu’à l’an 1607, dont les 80 premiers ont été beaucoup augmentés, et les 58 autres paraissent véritablement pour la première fois… Avec six livres de commentaires sur sa vie, jusqu’ici inédits].
- Volume 1. [1505-1560] Orléans, Pierre de La Rovère, 1620 ; volume 2. [1560-1574] Genève, même nom, 1620 ; volume 3. [1574-1589] sans lieu et Genève, même nom, 1620 ; volume 4. [1589-1607], sans lieu, 1621.
En 1659, Pierre Du Ryer (v. note [9], lettre 441) en a donné une traduction française partielle (1505-1574). Notre édition a recouru à la traduction complète parue à Londres en 1734 (Thou fr, v. note [1], lettre 1017).
Le récit de la conférence de Suresnes se trouve au début du livre cvi de l’Histoire universelle (Thou fr, volume 11) ; il est surprenant que Guy Patin l’ait trouvée « fort brièvement décrite » car elle occupe les pages 719 à 750. Tout au long de sa correspondance, Patin s’est montré affectueusement attaché aux fils du président de Thou, et profond admirateur de son Histoire universelle, qu’il a souvent citée à l’appui de ses dires.
Aujourd’hui, ce monumental ouvrage n’est plus tenu pour une référence solide : elle n’a jamais été rééditée depuis les xviiie s. On reproche à son auteur d’avoir énormément emprunté à d’autres sources, sans généralement les citer, d’avoir laissé trop libre cours à ses préjugés politiques ou religieux, et de s’être parfois grossièrement mépris dans ses récits (v. citation 2, note [9] du Grotiana 1, pour un exemple particulièrement flagrant). Néanmoins, L’Histoire universelle de de Thou était très volontiers citée au xviie s. : plus de 80 notes s’y réfèrent dans notre édition. L’ayant donc beaucoup consultée, j’oserai en dire qu’elle est plus démodée qu’erronée.
François Ranchin (Montpellier 1565-ibid. 30 avril 1641) avait été reçu docteur de l’Université de médecine de Montpellier en 1592 et s’y était fait connaître en remplaçant Du Laurens dans ses leçons de chirurgie. Ranchin avait obtenu en 1605 la chaire vacante par la mort de Jean Saporta (v. note [2] du Naudæana 4), et devint chancelier en 1612. Premier consul de Montpellier lorsque la peste ravagea cette ville en 1629 et 1630, Ranchin s’était acquitté avec un courage éclairé des fonctions d’administrateur. Quoique marié, il possédait plusieurs bénéfices ecclésiastiques, ce qui le mit à même de couvrir sa Faculté de bienfaits (R. Desgenettes in Panckoucke).
Ranchin était l’un des rares médecins de Montpellier que Patin honorait de son estime ; il entretint même avec lui des relations cordiales (v. lettre à Spon du 7 juin 1649). Il citait ici ses :
Opuscula medica ; utili iocundaque rerum varietate referta. In gratiam Φιλιατρων publici Iuris facta, cura et studio Henrici Gras, Phil. et Med. Doctoris Monspeliensis, et Practici Lugdunensis Aggregati. Cum amplissimis Capitum, Sectionum et rerum præcipuarum Indicibus.[Opuscules médicaux : emplis d’une utile et heureuse variété de faits. Édités au profit de l’intérêt public des philiatres, par les soins et l’étude de Henri Gras, {a} docteur en philosophie et médecine de Montpellier, et agrégé au Collège des praticiens de Lyon. Avec de très amples index des chapitres, sections et principales matières]. {b}
- Henri Gras a correspondu avec Patin.
- Lyon, Pierre Ravaud, 1627, in‑4o de 731 pages, contenant :
- Apollinare sacrum [Le culte d’Apollon] ;
- In Hippocratis Iusiurandum commentarius [Commentaire sur le Serment d’Hippocrate] ;
- Pathologia universalis [Pathologie universelle] ;
- De Morbis puerorum [Maladies des enfants] ;
- De Morbis virginum [Maladies des vierges] ;
- De senum Conservatione et senilium morborum curatione [Conservation des vieillards et traitement des maladies séniles] ;
- De Morbis subitanæis [Maladies soudaines] ;
- De Curatione morborum et symptomatum quæ otiosam purgationem aut comitantur aut consequuntur [Traitement des maladies et des symptômes qui soit sont liés soit sont consécutifs à la purge tardive] ;
- De consultandi Ratione [Raison de débattre en consultation].
Ce frère de Claude ii Belin, bien plus honorable que leur autre frère Sébastien (v. note [4], lettre 10), se prénommait Nicolas. Il était chanoine de l’église Saint-Étienne à Troyes. Ces maigres renseignements proviennent du Procès-verbal de l’expulsion des jésuites (28 avril 1638, v. note [1], lettre 41) où notre chanoine figure parmi les membres du clergé présents à l’assemblée des trois Corps réunie en la Chambre de l’échevinage de la ville de Troyes. Guy Patin a signalé la mort de Nicolas Belin en 1659.
Attaque contre René Moreau que je n’ai pas identifiée et sur laquelle Guy Patin n’est pas revenu dans les lettres qu’on a conservées de lui.
Daniel Sennert (Paris, Société de libraires [apud Societatem], 1633, in‑4o) :
[Quatre livres sur les fièvres… Troisième édition augmentée, à laquelle s’ajoute un fascicule des médicaments contre la peste] ; {a}
[Accord et désaccord des galénistes et des aristotéliciens avec les chimistes, avec un appendice sur l’établissement de la chimie… 3e édition…] {b}
Practicæ medicinæ liber quartus, qui est de morbis mulierum et infantium. Authore Daniele Sennerto… Editio secunda, priori longe castigatior.
[Quatrième livre de la Pratique médicale {a} de Daniel Sennert… qui traite des maladies des femmes et des petits enfants. Seconde édition mieux corrigée que la première]. {b}
- V. note [5], lettre 8.
- Paris, apud Societatem, 1633, in‑4o.
La dédicace de ce quatrième livre de la Pratique médicale est datée de Wittemberg (Saxe-Anhalt), le 1er septembre 1632 :
Serenisimæ ac Potentissimæ Principi et Domina, Dominæ Mariæ Eleonoræ, Suecorum, Gothorum ac Vandalorum Reginæ Magnæ, Finnoniæ Principi, Esthoniæ, Careliæque Duci Dominæ Ingriæ, etc. Natæ Marchionissæ ex Electorali Brandeburg. prosapia…, Dominæ meæ clementissimæ, salutem et felicitatem perpetuam P.
[Je souhaite la santé et la félicité perpétuelle à la sérénissime et toute-puissante princesse et souveraine, Marie Éléonore, grande reine des Suédois, des Goths et des Vandales, {a} princesse de Finlande, d’Estonie et de Carélie, duchesse souveraine d’Ingrie, etc. Née marquise de la famille électorale de Brandebourg…, ma clémentissime souveraine].
Marie-Éléonore de Brandebourg (Königsberg 1599-Stockholm 1655), fille de l’électeur de Brandebourg, Jean-Sigismond de Hohenzollern, avait épousé en 1620 Gustave ii Adolphe, roi de Suède. Ce dernier venait d’être tué, le 6 novembre 1632, à la tête de ses troupes, lors de la bataille de Lützen, gagnée par les Suédois contre les troupes impériales que menait Albrecht von Waldstein (v. note [8] du Borboniana 9 manuscrit). Un seul enfant était né de leur union, en 1626, Christine (v. note [11], lettre 127), qui allait être proclamée reine le 14 mars 1633.
« J’ai bien appris à connaître ces hommes cupides et malhonnêtes. »
En 1623, Louis xiii avait fait construire un modeste pavillon de chasse à Versailles (Yvelines). Ayant plaisir à s’y rendre, il le faisait agrandir et embellir depuis 1631. Louis xiv commença à y entreprendre de nouveaux travaux en 1662, et y séjourna de plus en plus souvent à partir de l’année suivante.
Dans l’ère pré-infectieuse où Guy Patin écrivait, on donnait le nom d’abcès, ou apostume, à tout « amas d’humeurs corrompues qui se fixent en quelque partie du corps, et qui y forment une tumeur » (Académie). Il pouvait s’agir de pus (infection), de sang (hématome organisé) ou de tout tissu ramolli ou liquéfié (nécrose tissulaire par infarctus ou cancer). Les abcès superficiels (sous-cutanés) étaient accessibles au drainage (incision, cautère). Les abcès internes (profonds) touchaient principalement le foie, le mésentère, le poumon, le rein et le cerveau.
La collection de l’abcès est une modalité essentielle dans la défense de l’organisme contre les agressions : elle circonscrit et séquestre l’inflammation (v. note [6], lettre latine 412) pour permettre l’évacuation de son produit, par rupture spontanée ou provoquée (incision chirurgicale). Tuméfaction et douleur en sont les signes majeurs ; rougeur, chaleur et pusatilité (due à l’augmentation du flux artériel) s’y associent dans les abcès chauds, mais sont absentes dans les abcès froids, particulièrement provoqués par la tuberculose et par la syphilis (gommes).
Armand Jean du Plessis, cardinal-duc de Richelieu (Paris 1585-ibid. 4 décembre 1642), principal ministre d’État, était alors au faîte de sa puissance. D’abord voué à la carrière militaire, il était devenu en 1606 évêque de Luçon, en succession de son frère aîné, Alphonse-Louis, qui s’était fait chartreux. Président des représentants du Clergé aux états généraux de 1614-1615 (v. note [28] du Borboniana 3 manuscrit), Armand Jean s’était fait remarquer par Marie de Médicis, dont il gagna la faveur.
Nommé aumônier de la jeune reine, Anne d’Auriche (v. note [8], lettre 38), conseiller d’État et secrétaire des commandements de la reine mère, il était entré au Conseil comme secrétaire d’État en 1616. En 1617 (assassinat de Concini), il avait suivi Marie de Médicis dans son premier exil, à Blois ; en 1619, il était parvenu à obtenir une difficile réconciliation de Louis xiii avec sa mère, ce qui lui avait valu le chapeau de cardinal, reçu en 1622 des mains du roi. De nouveau et définitivement admis au Conseil en 1624, dont il était très rapidement devenu le chef, Richelieu avait mené avec succès la guerre visant à réduire le pouvoir protestant en France, venant à bout du parti huguenot par le traité d’Alais (ou Alès), signé le 28 juin 1629. Le 21 novembre de la même année, il était nommé principal ministre.
Marie de Médicis prit alors ombrage de l’ascendant irrésistible que son ancien protégé avait pris sur le roi. Elle avait tissé un réseau d’intrigues pour obtenir sa destitution, mais l’habile cardinal avait déjoué tous les pièges et par un incroyable retournement de situation (Journée des Dupes, 11 novembre 1630, v. note [10], lettre 391), obtenu de Louis xiii la disgrâce de la reine mère, qui avait dû s’exiler définitivement à Bruxelles (18 juillet 1631).
Dans ses lettres, Guy Patin s’est montré déférent et respectueux à l’égard de Richelieu jusqu’à sa mort ; il a ensuite parlé de lui comme d’un tyran sanguinaire, lui reprochant tout spécialement l’exécution de François-Auguste de Thou, le 12 septembre 1642 à Lyon.
Monsieur était le titre qu’on réservait au frère puîné du roi de France, autrement nommé S.A.R., Son Altesse Royale, fils (et non prince) de France.
Gaston-Jean-Baptiste (Fontainebleau 1608-Blois 1660), duc d’Anjou à la naissance, puis d’Orléans en 1626, était le troisième fils de Henri iv et de Marie de Médicis. Il était devenu Monsieur, « frère unique du roi », en novembre 1611, après la mort du second de ses frères, Nicolas, le petit duc d’Orléans, plus âgé que lui d’un an. Gaston était le fils préféré de la reine mère et ne pouvait guère s’entendre avec son frère aîné, Louis xiii, car la stérilité préoccupante du couple royal faisait de lui l’héritier présomptif du trône, avec, chaque jour, plus de probabilité. La mauvaise santé de Louis et sa longue brouille avec sa mère (1617-1620) n’avaient guère arrangé les choses.
La première conspiration de Gaston, en 1626, avait été tramée avec divers complices : son précepteur, le maréchal d’Ornano ; la duchesse de Chevreuse (v. note [37], lettre 86), confidente et favorite de sa belle-sœur, Anne d’Autriche ; César et Alexandre de Vendôme, ses demi-frères légitimés ; le comte de Chalais. Le complot visait à empêcher le mariage de Gaston avec la duchesse de Montpensier (v. note [55] du Borboniana 5 manuscrit) pour le laisser libre d’épouser Anne d’Autriche et devenir roi de France après qu’on aurait soulevé les protestants et qu’on se serait allié avec l’Espagne pour éliminer Louis xiii et son ministre Richelieu. L’affaire fit long feu : on arrêta les Vendôme (Blois, 11 juin), on maria Gaston à Marie de Montpensier en le faisant duc d’Orléans (Nantes, le 5 août), on coupa la tête à Chalais (19 août), on enferma d’Ornano à Vincennes où il mourut bien vite (2 septembre) ; Mme de Chevreuse s’enfuit en Lorraine.
Marie de Montpensier, la première duchesse d’Orléans (v. note [55] du Borboniana 5 manuscrit), était morte le 4 juin 1627, une semaine après avoir accouché. La cour avait redouté la naissance d’un fils, qui aurait renforcé la légitimité de Gaston, mais ç’avait été une fille, Anne-Marie-Louise d’Orléans, la Grande Mademoiselle. Gaston avait plus tard voulu se remarier avec Marie de Mantoue, mais le roi et la reine n’y avaient pas consenti. Furieux d’une opposition où il savait que Richelieu avait la plus grande part, Gaston avait quitté la cour et s’était retiré en Lorraine (1631) auprès du duc Charles iv. Ayant qualifié le cardinal de « prêtre inhumain et pervers » qui « a réduit la France à l’extrémité », dans un manifeste lancé à Nancy le 30 mai 1631, il avait dû se réfugier à Bruxelles auprès de sa mère, Marie de Médicis, en exil.
Le 3 janvier 1632, Gaston avait épousé, sans approbation royale, Marguerite de Lorraine (v. note [10], lettre 18), la sœur de Charles iv, inaugurant ce qu’on a appelé la « grande cabale ». La première manche venait de s’en jouer : accompagné d’une petite troupe, Gaston, par la Lorraine, la Bourgogne et l’Auvergne, avait gagné le Languedoc pour s’allier au gouverneur de la province, le duc Henri ii de Montmorency, qui se rebellait contre la transformation de son pays d’états en pays d’élections (v. note [15], lettre 12) ; cette conjuration avait abouti à la défaite de Castelnaudary (1er septembre 1632), à la décapitation du duc de Montmorency (30 octobre suivant) et au retour précipité du duc d’Orléans à Bruxelles, son point de départ, d’où il ne put revenir qu’en octobre 1634 avec l’agrément du roi son frère.
Les autres épisodes de l’existence tourmentée de Monsieur Gaston sont évoqués en leurs temps dans la suite des lettres. Ses innombrables rébellions contre la Couronne (Louis xiii puis Louis xiv) et contre ses deux principaux ministres (Richelieu puis Mazarin) n’ont valu de représailles qu’à ses comparses (les plus célèbres, le marquis de Cinq-Mars et François-Auguste de Thou, l’ont payé de leur vie, v. note [6], lettre 75). Gaston n’avait rien à craindre : en tant que premier prince du sang royal, il jouissait d’une complète impunité car, sauf mort au cours d’une bataille rangée, l’atteindre physiquement eût été un crime de lèse-majesté, punissable des plus cruels supplices.
Cette phrase résume un grand nombre d’événements politiques.
Louis xiii, après avoir parcouru le Languedoc pour y rétablir son autorité, et suivi le procès puis la condamnation de Montmorency, était reparti pour Versailles le lendemain de l’exécution.
Le duc d’Orléans ne se sentant pas en sécurité entre les mains de son frère, malgré « l’arrangement » qu’il avait conclu avec lui, s’était réfugié à Bruxelles.
Richelieu avait, de son côté, quitté Toulouse et s’était dirigé vers Bordeaux, ramenant avec lui la reine, Anne d’Autriche, qui avait accompagné Louis xiii pendant son voyage. À Bordeaux, le cardinal tomba gravement malade. Simon Mingelousaulx, médecin juré de la ville de Bordeaux, en a donné un récit détaillé dans une remarque (second tome, pages 723‑725) qu’il a ajoutée au chapitre sur La manière de faire pisser par le moyen de la chirurgie de sa traduction de La grande chirurgie de Maître Guy de Chauliac (Bordeaux, Jacques Mongiron Millanges, Pierre DuCocq, Simon Boé, 1672, in‑8o) :
« Défunt mon père, Jean de Mingelousaulx, maître chirurgien juré de la ville de Bordeaux, au lieu d’algalie, {a} se servait de bougies canulées qu’il poussait si habilement dans la vessie que le malade ne ressentait aucune douleur, ou elle était très petite, et ne pouvait pas être blessé ni écorché dans le canal de la verge, ni dans le col, ni dans sa capacité. {b} Il fut assez heureux pour rendre un service très considérable à toute la France, par le moyen de ces bougies, en la personne de l’Éminentissime cardinal de Richelieu ; lequel, en l’an 1632, au mois de novembre, revenant d’assoupir les troubles du Languedoc, et passant par Bordeaux malade, fut obligé d’y faire quelque séjour, pendant lequel il tomba dans une suppression d’urine causée par un abcès qui s’était formé vers l’extrémité des muscles fessiers ; lequel procédait d’un dégorgement des hémorroïdes auxquelles il était sujet. Le voisinage de cet abcès fit une inflammation {c} et une compression du col de la vessie, qui causèrent à cette Éminence une suppression d’urine dans laquelle il demeura plus de trois jours. Les grandes douleurs de cet abcès, les fréquentes envies d’uriner, la tension de tout le bas-ventre, mirent ce grand ministre sur le bord de la fosse. M. Seguin, {d} médecin de la reine régente, depuis mère de notre invincible monarque, M. Citois, médecin de cette Éminence, et Leroy, son chirurgien, se trouvèrent bien embarrassés dans cette conjoncture. Ils appelèrent à leur secours MM. François Lopès {e} et Jean Maures, tous deux professeurs du roi en médecine dans l’Université de Bordeaux, et médecins jurés de la ville, sous lesquels j’ai eu l’avantage d’avoir appris les premiers éléments de la médecine, d’avoir été cultivé par leurs soins dans leurs Écoles, et d’avoir été enfin reçu par eux à mon agrégation parmi les médecins jurés de cette ville. Le premier est mort depuis quelques années, également regretté des grands et du peuple ; son grand âge, les belles lumières qu’il possédait par une étude assidue, et par des longues et fréquentes expériences, accompagnées d’un jugement solide, lui avaient justement acquis la réputation d’un des premiers médecins du royaume ; et pour le second professeur, M. de Maures, il est encore vivant, tandis que j’écris, et tous savent avec quelle prudence, probité et capacité il a fait la médecine, dont il a abandonné l’exercice depuis quelques années à MM. ses collègues, pour s’occuper tout entier du service divin. C’est lui qui peut encore rendre témoignage de la vérité de ce que je dis, et ce fut par eux que mon défunt père fut appelé dans cette célèbre consulte qu’on fit pour Son Éminence, en présence de M. le cardinal de La Valette, du R.P. Joseph, de M. de Chavigny {f} et de beaucoup d’autres personnages très qualifiés ; dans laquelle mon père proposa de faire pisser Monseigneur le cardinal de Richelieu par le moyen de ses bougies canulées ; et comme elles étaient inconnues aux médecins de la cour, il les fallut faire voir, et leur faire observer que, par leur corps doux, souple et pliant, elles ne pouvaient en aucune manière blesser ni piquer le col de la vessie, comme font d’ordinaire les algalies ; ce qui ayant été reconnu et goûté par tous les consultants et par les assistants, on le fut dire à M. le cardinal malade, qui n’avait pas à vivre vingt-quatre heures. On lui présenta mon père, il voulut voir les bougies ; savoir de lui s’il lui ferait beaucoup de douleur, et comme il devait se situer puisque son abcès ne lui permettait pas de demeurer assis et qu’étant couché sur le dos ou sur le côté, sa situation n’était pas avantageuse, ni pour introduire la bougie, ni pour rendre l’urine. Mon père lui proposa de se tenir debout en se faisant soutenir par ses valets de chambre sous les bras. Son Éminence prit ce parti et mon père fut si adroit et si heureux que la première bougie canulée passa fort doucement, et Son Éminence pissa si commodément, et avec tant de joie, qu’elle l’appela son père par plusieurs fois ; et l’urine vint si abondamment qu’elle en rendit 4 livres poids de marc, {g} car elle fut pesée, gardée et vue de toute la cour. Son Éminence eut une joie inconcevable de se voir hors de ce grand péril, tous ses amis en furent ravis, et peut-être jamais chirurgien du royaume ne fut si caressé ni loué par de grands hommes que mon père le fut dans cette occasion ; lequel, à cause de son âge avancé et des douleurs de la pierre qu’il avait dans la vessie, s’excusa de suivre Monseigneur le cardinal qui le voulait mener à Paris et lui donner des appointements très considérables.
{h} Ces bougies étaient faites de cire blanche trempée durant trois jours dans de l’eau-de-vie ; on en faisait fondre une livre avec quatre onces de mastic réduit en poudre impalpable, qu’on mêmait peu à peu ; et cette cire préparée de la sorte et fondue, était jetée avec une petite cuillère dans un moule de cuivre jaune qui était percé ; et sur les divers trous et canaux de ce moule, on mettait trois ou quatre chanterelles de luth bien tendues, {i} et dans le milieu de la cire fondue, on poussait une longue aiguille de fil d’archal ointe d’huile d’amandes douces ; {j} et par cette industrie, il préparait ces bougies canulées. C’est un travail long et qui demande beaucoup de patience car souvent, on jette au moule cinquante bougies et l’ouvrant, on n’en trouve pas deux qui soient bonnes. »
- « Instrument de chirurgie, ou une sonde creuse qui sert à faire pisser ceux qui ont une rétention d’urine » (Furetière) ; v. note [6], lettre 527, pour ce qu’est une bougie.
- La capacité ou corps de la vessie est sa partie principale, qui forme le réservoir où l’urine s’accumule ; elle se rétrécit dans sa partie basse ou col, en forme d’entonnoir, qui donne naissance à l’urètre par où l’urine s’évacue.
« La manière de faire pisser par le moyen de l’algalie est fort ancienne, comme on le peut juger par ce qu’en dit notre auteur [Guy de Chauliac], et quoiqu’elle soit aujourd’hui plus en usage qu’elle ne l’était assurément de son siècle [xive], elle n’est pourtant pas exempte de crainte ni de douleur ; et rarement l’introduit-on dans la vessie sans en blesser le col, qui est charnu, et sans qu’il en sorte du sang, ce qui fait beaucoup de peine au malade et aux médecins, qui craignent qu’il ne s’y fasse inflammation et tumeur, et qu’il ne survienne quelque suppression d’urine, laquelle est toujours fâcheuse et terrible. M. [Jean ii] Riolan dans son Manuel [anatomique et pathologique] appelle avec raison l’algalie la clef de la vessie, puisque par son moyen, on pénètre dans sa capacité, et qu’on ouvre son entrée lorsqu’elle est fermée, ou par quelque phlegme ou par quelque pierre, ou par quelque tumeur et inflammation de son col. Mais il n’appartient pas à toutes sortes de chirurgiens de se bien servir de cet instrument ; il faut être fort exercé pour le pousser adroitement, et je conseillerais toujours qu’on appelât pour cela ceux d’entre eux qui font une profession particulière de tailler de la pierre, car comme ils sont obligés de manier souvent des algalies, soit pour sonder les [explorer la vessie des] pierreux, soit pour les tailler, soit pour les faire pisser, ils sont beaucoup plus adroits que les autres qui ne font pas cette opération, car ils font moins de mal en la poussant, et n’y a pas tant de risque à les employer » (Simon Mingelousaulx, ibid. pages 722‑723).- V. note [6], lettre latine 412.
- Pierre i Seguin, v. note [12], lettre 5.
- François Lopès eut un fils de même prénom, qui devint docteur régent de la Faculté de médecine de Paris en 1652 (v. note [46], lettre 442).
- V. notes [12], lettre 23, pour Louis de Nogaret d’Épernon, cardinal de La Valette, [8], lettre 19, pour François Leclerc du Tremblay, en religion le P. Joseph (dit l’Éminence grise), et [5], lettre 46, pour Léon Bouthillier, comte de Chavigny.
- Soit 64 onces, qui font environ 2 litres.
- Richelieu mourut dix ans plus tard, sans avoir jamais cessé d’être incommodé par ses abcès à rechutes.
- Corde la plus aiguë (fine) d’un luth.
- L’archal est le laiton ; v. note [25], lettre 242, pour l’huile d’amandes douces.
« Nous avons en outre, ajoute Triaire, sur la maladie qui retint le cardinal à Bordeaux sa lettre à Bouthillier (v. note [5], lettre 46), datée de cette ville, le 13 novembre 1632 » (Lettres, instructions diplomatiques, et papiers d’État du cardinal de Richelieu, publiés par Avenel, tome iv, pages 402-403) :
« Depuis ma lettre écrite, je vous dirai en un mot que le mal est le même que le roi eut à Lyon, avec cette différence toutefois que là où l’aposthume {a} survint {b} à la fièvre, la fièvre est survenue {c} à mon aposthume. Il est vrai que la fièvre ne me tient pas toujours et me donne quelques relâches. J’attends la suppuration de l’abcès, à quoi les médecins emploient tous les remèdes que l’art leur enseigne pour parvenir à cette fin. Quant à ma suppression d’urine, il s’est trouvé un chirurgien en cette ville qui a un secret admirable : avec de la bougie de cire canulée, il m’a fait vider maintenant toute l’urine qui était dans la vessie qui me tuait, et qui me donne un soulagement indicible. {d} J’espère que cela mettra le roi hors de peine. » {e}
- Le phlegmon.
- Succéda.
- A succédé.
- V. note [10], lettre 209.
- Les soins de Mingelousaulx ne suffirent pas, et une lettre de Charpentier adressée le 22 novembre à Bouthillier nous apprend qu’on dut faire venir de Paris « M. Mesnard et un autre chirurgien, le plus expert et le plus fidèle qu’il pourra trouver ». Un passage chiffré exclut Jacques Juif (v. note [10], lettre 35) qui, « comme nous le savons, est à Monsieur. »
Bruxelles, villes du Brabant espagnol, se situait alors au centre des Pays-Bas, dont elle était la capitale administrative, siège du gouvernement, dirigé par le vice-roi ou la vice-reine, qui était alors Isabelle d’Espagne (1566-1633), fille du roi Philippe ii.