L. 282.  >
À Charles Spon,
le 5 mars 1652

Monsieur, [a][1]

Ce vendredi 2d de février. Je vous envoyai ma dernière le mardi 30e de janvier, laquelle était de quatre grandes pages, avec une autre d’une page, et des vers latins sur la bibliothèque du Mazarin [2][3][4] et une lettre pour M. Falconet. Depuis ce temps-là, je vous dirai que je suis obligé de vous détromper d’une fausseté qui est en ma dernière : Montauron, [5] roi des partisans, n’est point mort, mais bien un nommé Montaurin, [6] qui avait autrefois été maître des requêtes, autrement dit Rocher-Portail, homme fort riche de Bretagne. [1] Nouvelles ne sont point encore arrivées que le Mazarin soit encore dans Poitiers, [7] mais il en est bien près puisqu’il était à Loches [8] il y a plus de huit jours. [2] M. du Coudray de Géniers, [9] conseiller de la Cour (qui s’était sauvé lorsque M. Bitault [10] son compagnon fut arrêté par les cavaliers du maréchal d’Hocquincourt [11] qui conduisait le Mazarin), est enfin arrivé à Paris et est en sa maison en bonne santé. [3] On continue toujours de vendre la Bibliothèque mazarine, [12] on dit qu’il y en a déjà la moitié de partie à plusieurs particuliers qui l’ont achetée. M. de Saumaise [13] n’est point encore à Leyde. [14] Sa maladie l’a arrêté au deçà de Hambourg, [15] c’est sa goutte [16] qui lui est fort ordinaire. Les troisième et quatrième tomes des Mémoires, lettres et instructions de M. Duplessis-Mornay [17] ont été imprimés à Amsterdam [18] et sont ici arrivés. Ce sont deux gros volumes in‑4o que l’on estime 15 livres ; ad populum phaleras[4][19] c’est trop cher, il faut attendre qu’ils soient meilleur marché ; peut-être que ceux de Rouen ou de Genève, les imprimeront in‑fo.

Un de nos compagnons nommé M. Claude Germain [20] fait ici imprimer un livre contre l’Antimoine[21] qui ne peut être achevé devant deux mois. L’affaire du jeune Chartier [22][23][24] n’est point encore jugée. Il fuit tant qu’il peut et ne jouit de rien tandis qu’il est chassé de la Compagnie, dont il a grande douleur. Son rang était venu de disputer le 11e du mois passé, je l’empêchai d’être mis sur la thèse [25] quamdiu litigabit adversus Facultatem, pro nullo reputabitur[5] Il a voulu nous chicaner encore sur cet article, mais c’est en vain, il ne fait que s’empêtrer et s’embarrasser davantage, et dépenser de l’argent. Il est porté de Guénault l’aîné, [26] et n’y fait que dépenser son crédit et son temps en attendant que l’affaire se juge à fond, [6] ce que tous deux empêchent de tout leur pouvoir.

Ce 9e de février. Le Mazarin a été reçu en grande joie à Poitiers et après y avoir séjourné quelques jours, ils en sont sortis et sont allés à Saumur. [27] M. de Bitault, [28] conseiller de la Cour que le Mazarin tenait prisonnier, a été mis en liberté et est ici attendu. [7] Gardez-vous bien de vous fier à la médisance du peuple qui dit des choses horribles contre l’honneur de la reine : [29] ce que l’on en dit ne peut pas être vrai car le jour que le Mazarin arriva dans Poitiers, elle avait communié dans les carmélites ; [30] le peuple s’est toujours laissé emporter à la détraction et à la calomnie, même contre les meilleurs princes. Ce n’est pas que le Mazarin mérite louange d’être revenu, ni même la reine de l’avoir fait revenir, puisque nous voilà bien avant dans une guerre civile qui s’en va embraser toute la France, Et fuit ante Helenam mulier teterrima belli causa ; [8][31] mais c’est que ces horribles et extrêmes médisances contre l’honneur d’une femme dévote me déplaisent. [9] La vente de la bibliothèque est achevée. [10] M. Naudé [32] a pris tous les livres de médecine pour 3 500 livres. Les libraires ont acheté une bonne moitié de ces livres qu’ils ont étalés à la foire de Saint-Germain, [33] il y en avait grand nombre qui n’étaient point trop bons. J’ai vu ici un livre in‑fo nouvellement imprimé à Amsterdam, intitulé Pauli Zacchiæ Medici Romani Quæstiones medico-legales[34] que l’on veut vendre 16 livres en blanc ; il a autrefois été imprimé à Rome en sept parties, in‑4o qui ont été revues et augmentées par l’auteur ; et outre plus, deux parties y ont été nouvellement ajoutées, savoir la huitième et la neuvième. Ce livre est curieux et peut-être bon, mais il est trop cher à ce commencement ; quand nous aurons un peu attendu, il ramendera, comme font tous les livres de Hollande. [11] Le prince de Condé [35] étant allé en Périgord, ses troupes y furent attaquées par M. de Sauvebeuf [36] qui est un des lieutenants du comte d’Harcourt ; [37] mais ce Sauvebeuf a bien eu de la peine à s’y sauver lui-même, il y a perdu 600 hommes et 300 chevaux. [12] Le Conseil est à Tours [38] et M. de Châteauneuf [39] pareillement.

Aujourd’hui, 14e de février, M. Du Prat [40] m’est venu voir céans et m’a apporté un livre pour vous faire tenir, c’est un petit in‑fo grec, Galien de Usu partium[13][41] Il servira à faire un paquet pour vous envoyer en y ajoutant le livre de M. Germain contre l’antimoine qui sera achevé dans un mois. Ce matin, lundi 19e de février, un bruit a couru que la ville d’Angers [42] s’était rendue au roi ; [43] mais deux heures après, il a été convaincu de faux et combien que les fauteurs du Mazarin aient tâché de le publier par tout Paris, néanmoins on ne le croit point, tant il y a peu d’apparence de le croire ; au contraire, on dit ici que le peuple de Tours a menacé les fourriers du roi qui voulaient y marquer les logis si le Mazarin y venait, et qu’ils en sont sortis sans rien faire. [14] Il y a ici un maître des requêtes nommé M. Gaulmin, [15][44] savant homme mais ennemi du Parlement, grand mazarin et fort incommodé en ses affaires, qui, pensant flatter le cardinal Mazarin qu’il voit revenu à la cour, a fait des vers sur le débris de la bibliothèque, dont voici la copie que je vous envoie afin que vous puissiez en juger.

De bibliotheca cardinalis Mazarini,
senatusconsulto Parisiensi hastæ subiecta.

Iuliades toto libros dum colligit orbe,
Et vocat Aonias ad sua tecta Deas :
Tecta, Deas, libros, infami Curia lege
Vendidit, in medio prostituitque foro :
Hoc sceleris pretium, sævi commercia pacti,
Diraque promissas auctio monstrat opes :
Nec mirare nefas, emptus probat empta Senatus,
Vendidit hic libros, vendere iura solet
[16]

On dit que Montauban [45] a pris le parti du prince de Condé, [17] que Verdun [46] en a fait de même et que M. de Longueville [47] fait lever des troupes en Normandie pour le même parti.

À l’approche des troupes du roi près d’Angers, il y eut des coups tirés, le deuxième fils du maréchal d’Hocquincourt, [48] qui était là venu avec son père dans l’espérance d’entrer dans la ville, y fut tué, et le fils du maréchal de Grancey [49] blessé d’un coup de mousquet, dont il est mort depuis. [18][50] Voilà deux pères récompensés du mauvais service qu’ils ont rendu à la France d’y avoir ramené ce tyran de Sicile. On a ici parlé de la disgrâce du P. Paulin, [51] jésuite confesseur du roi, qu’il avait été chassé de la cour pour avoir parlé contre le retour du Mazarin, et qu’en sa place on avait mis un théatin ; [52][53] mais cela est faux : quand le jésuite aurait agi si imprudemment qu’il eût mérité d’être chassé, à peine le Mazarin aurait-il osé l’entreprendre, de la peur qu’il aurait eue d’irriter cette forte et noire machine qui étend ses bras jusqu’à la Chine ; [54] et même en ce cas-là, on n’y aurait pas mis un moine nouveau tel que sont ces théatins, qui sont gens sans crédit et encore gueux[19] On dit aussi que la reine a demandé à la duchesse d’Aiguillon [55] qu’elle eût à remettre entre les mains du roi Le Havre-de-Grâce, [56] ce qu’elle a refusé tout à plat. Si la reine tenait cette place, elle ne manquerait point d’y mettre son Mazarin afin qu’il fût là en toute assurance contre les atteintes et les embûches de ses ennemis, principalement tandis que le pape [57] d’aujourd’hui vivra, quo vivo numquam audebit Romam repetere[20] On s’en va ici imprimer un volume in‑fo d’Ambassades de feu M. le maréchal de Bassompierre, [58] contenant les trois qu’il a faites en sa vie, Angleterre, Espagne et Suisse. Le Socrate chrétien de Balzac [59] est achevé, in‑8o[21] On a fait un tableau à Poitiers que l’on a jeté dans la rue quelques jours avant que le roi en sortît, le Mazarin y était tout étendu, les quatre parlements de Paris, Toulouse, [60] Bordeaux et Rouen, [61] lui tiraient chacun un membre, et une femme encore belle, sed annosa, trahebat penem longuissimum[22]

Ce 25e de février. J’ai vu aujourd’hui lettre, laquelle nous apprend que M. de Vendôme [62] lève des troupes en Bretagne pour le parti du duc d’Orléans [63] et que M. de La Meilleraye [64] a refusé la conduite de l’armée pour assiéger Angers, qu’il est malcontent du Mazarin et qu’on ne sait point de quel parti il est, et qu’il y a apparence qu’il prendra celui des princes afin de conserver ses charges et son bien qui est très grand, on dit qu’il passe 25 millions. La duchesse d’Aiguillon fait ce qu’elle peut pour s’attacher au duc d’Orléans contre la reine, afin que Le Havre-de-Grâce lui demeure et que ledit duc lui aide à faire sa paix avec le prince de Condé avec lequel elle est fort mal dès la fin de l’an 1649. [23] On dit ici que le comte Du Dognon [65] est alentour de La Rochelle [66] avec grande quantité de vaisseaux et que ladite ville est si fort pressée qu’elle ne peut manquer d’être prise si on ne leur envoie du secours. Mais d’où viendrait ce secours ? ni la reine, ni le comte d’Harcourt ne sont point en état de cela, ils n’ont presque rien au prix de ce qu’il faudrait pour chasser de là tant de vaisseaux et une armée navale qui menace puissamment cette ville-là, en laquelle on a poignardé un pauvre capitaine qui y tenait pour le prince de Condé contre le parti du Mazarin ; si bien qu’ils sont à la veille de s’en repentir. [24]

Je viens de voir lettres du 22e de février, lesquelles nous apprennent que toute la cour est fort empêchée à Saumur, qu’ils n’ont point d’argent et qu’ils ne savent où aller ; que l’on a envoyé quérir le surintendant des finances [67] pour trouver de l’argent à quelque prix que ce soit. [25] Les uns disent que c’est pour délivrer 200 000 écus à M. de Rohan [68] et qu’en ce cas-là, il rendra Angers (mais cela est faux) ; c’est plutôt pour trouver de l’argent pour payer quelques montres à l’armée du comte d’Harcourt quæ alias defectionem minatur[26] et d’où sont déjà sortis quatre régiments de cavalerie qui ont pris le parti du prince de Condé. Les troupes que M. de Nemours [69] était allé quérir à Stenay [70] et en Flandres [71] sont entrées dans le royaume, elles ont passé devers Saint-Quentin, [72] devers Compiègne, [73] près de Beauvais ; [74] delà sont venues à Mantes [75] où elles doivent passer la Seine puis entrer dans le pays chartrain ; et après, aller joindre les 5 000 hommes qui sont en ces quartiers, qui font l’armée de M. le duc d’Orléans commandée par M. le duc de Beaufort [76] et le baron de Sirot, [77] qui est un des plus excellents capitaines de l’Europe ; c’est celui qui gagna la bataille de Rocroi [78] l’an 1643, trois jours après la mort du feu roi. [27]

On commence ici l’impression du Sidonius Apollinaris [79][80] in‑4o avec les notes du P. Sirmond, [81] jésuite, la première édition était in‑8o[28] On commence aussi en deux tomes in‑fo le recueil de toutes les œuvres de M. de La Mothe Le Vayer. [29][82] On commence pareillement un recueil d’opuscules anatomiques de M. Riolan, [83] lequel sera divisé en deux parties, où seront : Addenda ad Encheiridium anatomicum et pathologicum[30] divers traités de Circulatione Sanguinis qui seront des réponses à Harvæus, [84][85][86] à M. Gassendi, [87] à Highmorus, [88] médecin anglais, à M. Bartholin [89] notre ami, à Marquardus Slegelius, [90] médecin de Hambourg, [31] et autres. Mais à propos de livres, quand est-ce que M. Rigaud [91] veut commencer l’impression des trois traités de feu M. Hofmann ? [92] ne vous en a-t-il point parlé ? avez-vous pris garde à ce chapitre, où il déchire Fernel ? [93] je vous prie de vous en souvenir. [32]

M. Riolan ajoutera aussi à ce que dessus un traité de Transposito situ hepatis et lienis [94] qui se trouva ici au corps d’un voleur l’an 1650, au mois de novembre, avec une réponse au traité de ce jeune médecin de Dieppe [95] nommé Pecquet. [33][96][97][98]

Le roi de Danemark [99] a loué pour plusieurs années le revenu de son détroit du Sund [100] sur la mer Baltique aux Hollandais, moyennant grande somme. [34][101] Les Anglais se voyant obligés par ce traité de baisser la voile et de rendre hommage aux Hollandais, [35] sont entrés en querelle avec eux et delà s’en vont en guerre. On dit que toutes les villes de Hollande offrent déjà une grande contribution d’argent, avec plusieurs vaisseaux, pour cette guerre contre les Anglais, dans laquelle ils s’embarquent très volontiers. Vous diriez qu’ils s’ennuient déjà de la paix qu’ils n’ont pourtant que depuis trois ans.

Les troupes sont enfin par delà Mantes où elles ont passé la rivière de Seine ; mais voici d’autres nouvelles contraires : on nous baille pour chose certaine que le duc de Rohan voyant que le secours ne lui pouvait pas venir assez à temps et qu’il n’était point en assurance avec la bourgeoisie d’Angers, a traité avec le roi et lui a rendu la ville par composition, à la charge que le roi et son armée n’entreraient point dans ladite ville et autres articles favorables. [36] Maintenant, on dit que le roi revient de deçà avec son armée, tête baissée contre les gens de M. de Beaufort et de M. de Nemours ; et puis après, qu’il sera ici alentour de Paris avec toute son armée pour nous harasser jusqu’à ce que le Mazarin soit bien rétabli ; et alors, peut-être que la reine sera contente. Les princes soulevés contre ce bonnet rouge ont maintenant à aviser à leurs moyens d’opposition pour empêcher ce progrès. M. le Prince, qui est en Guyenne, [102] ne demeurera point les bras croisés, non plus que dix ou douze mille hommes qui sont de deçà pour le duc d’Orléans ; pour auxquels résister, on dit que la reine fait venir de deçà toutes les garnisons des villes de Champagne et de Picardie pour achever de tout manger. Je suis bien certain qu’elle ne peut point tirer grand secours des garnisons de ces villes où il n’y a presque rien. M. de La Ferté-Senneterre [103] a quelques bonnes troupes, mais il en a très fort besoin pour la conservation de la Lorraine [104] dont il est gouverneur ; car autrement, le duc Charles [105] ne manquerait pas de s’en rendre le maître. [37] M. le Prince a défait le marquis de Saint-Luc [106] près de Miradoux [107] en Guyenne ; il y a eu 2 000 hommes tant de tués que de prisonniers. Le prince de Condé est dorénavant le maître en toute la Guyenne par le moyen de cette défaite. [38] Le duc de Saint-Simon, [108] gouverneur de Blaye, [109] est malcontent de la cour faute qu’on ne lui a envoyé de l’argent. On dit qu’il a traité avec M. le Prince qui achète sa place de Blaye 200 000 écus. [39] Le comte d’Harcourt a demandé son congé, et toutes ses troupes malcontentes pour de l’argent.

Le roi est prêt de sortir de Saumur. Delà, il viendra à Tours et à Amboise, [110] Chinon [111] et Blois, [40][112] puis après à Chartres ; [113] mais d’autant que les troupes du duc d’Orléans sont de ce côté-là, il lui faut plus de forces qu’il n’en a pour en approcher ; aussi n’y peut-il être devant un mois en çà[41] Le Grand Conseil, qui fut ici mandé pour suivre la cour dès janvier, a donné un arrêt de main levée pour la jouissance du revenu des bénéfices du cardinal Mazarin ; [42] et ont député huit de leur troupe pour aller saluer ce ministre rappelé ; < ce > qui s’en va être cause de nouvelles guerres en France si Dieu n’y met la main. Il s’est fait donner la qualité de généralissime des armées du roi, et < dit > qu’il veut porter l’affaire à l’extrémité d’une bataille : ne voilà pas un grand capitaine fort porté au bien de l’État ? Si l’on en vient jusque-là, on y pourrait tuer 10 000 hommes sans qu’il perdît rien. Peut-être que Dieu aura pitié de la France et qu’il y mettra la main. Quand ce rouge faquin voudrait donner bataille, à moins que d’y être lui-même en personne, peut-être qu’elle ne se donnerait point ; joint que nous pouvons encore espérer, qu’il se pourra trouver à la cour quelques gens de bien qui redresseront par leur prudence le malheureux train de nos affaires qui sont en si mauvais état par la faveur de ce ministre italien, qui coûte si cher à la France. Mais faute de matière et de nouvelles, enfin il est temps de vous quitter ; et après vous avoir dit que vous me donnerez de vos lettres quand il vous plaira, je vous proteste que je suis et serai toute ma vie, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,

Guy Patin.

De Paris, ce mardi 5e de mars 1652.


a.

Ms BnF Baluze no 148, fos 23‑24 « À Monsieur/ Monsieur Spon,/ Docteur en médecine,/ À Lyon. » ; Jestaz no 64 (tome ii, pages 840‑851). Note de Charles Spon au revers : « 1652/ Paris 5 mars/ Lyon 11 dud./ Risp./ Adi 15 dud. »

Le contenu de cette lettre se retrouve fort abrégé dans une courte lettre sans doute fabriquée, et qui n’a donc pas été reprise ici, datée du 5 mars 1652, dans les précédentes éditions : Du Four (princeps, 1683) no xxxix (pages 134‑135), et Bulderen, no lxviii (i, pages 195‑196) à Spon ; J.‑H.R.‑P. no ccccv (iii, pages 2‑3) à André Falconet.

1.

Pierre Ruellan, sieur de Montaurin et de Bourgon, avait été reçu en 1615 conseiller au Grand Conseil, maître des requêtes en 1631 puis conseiller d’État ordinaire. Il avait épousé Isabelle de Maupeou, mais démarié en 1624 pour cause d’impuissance ; sa femme était ensuite devenue religieuse à Montmartre (Popoff, no 1711).

Son père, Gilles Ruellan, initialement valet d’un marchand de voiles de Saint-Malo, s’était acquis une grande fortune et le titre de sieur du Rocher-Portail (Ille-et-Vilaine) et du Tiersant (Tallemant des Réaux, Historiettes, tome i, pages 154‑156).

V. note [46], lettre 280, pour la fausse nouvelle de la mort de Pierre Puget, sieur de Montauron.

2.

Mazarin était arrivé Poitiers le 28 janvier, après une étape à Loches pour se faire soigner (v. note [22], lettre 280).

3.

Dubuisson-Aubenay (Journal des guerres civiles, tome ii, page 157, janvier 1652) :

« Samedi au soir, 27, le conseiller Coudray-Géniers, camarade de Bitault et s’étant sauvé des dragons de Broglio de Pont-sur-Yonne à Sens, puis de la ville, où l’on fait perquisition de lui, en une maison secrète de la campagne, retourne à Paris. »

4.

« clinquant bon pour le peuple [À d’autres, mais pas à moi !] » (Perse, v. note [16], lettre 7).

Mémoires de messire Philippe de Mornay, seigneur du Plessis Marly {a} baron de La Forêt sur Sèvre, etc., conseiller du roi en ses conseils d’État et privé, capitaine de cent hommes d’armes de ses ordonnances, gouverneur et lieutenant général pour Sa Majesté en la sénéchaussée, ville et château de Saumur, etc. Contenant divers discours, instructions, lettres et dépêches par lui dressées, ou écrites aux rois, reines, princes, princesses, seigneurs et plusieurs grands personnages de la chrétienté, depuis l’an m dc, jusques à l’an m dcxxiii. Ensemble quelques lettres des susdits au dit sieur du Plessis. À la fin est ajouté un supplément des pièces qui ont été omises dans les deux volumes des Mémoires ci-devant imprimés. {b}


  1. V. note [19], lettre 81.

  2. Amsterdam, Louis Elsevier, 1652, in‑4o de 1 207 pages ; une précédente édition avait paru en 1624.

5.

« aussi longtemps qu’il sera en procès contre la Faculté, on le tiendra pour inexistant. »

V. notes [2], lettre 276, pour l’Orthodoxe… de Claude Germain, et [16] des Actes, dans les Commentaires de la Faculté de médecine de 1651‑1652, pour la thèse de Daniel Arbinet où Guy Patin interdit à Jean Chartier de disputer comme examinateur.

6.

Sur le fond (que Guy Patin a écrit fonds), par opposition à la forme.

7.

Journal de la Fronde (volume ii, fos 20 vo et 21 ro, premiers jours de février 1652) :

« Les avis qu’on a eus de la cour cette semaine confirment que […] < le > cardinal étant arrivé à dix lieues près de Poitiers, y avait été reçu par les gendarmes et chevau-légers du roi et de la reine qu’on lui avait envoyés au-devant ; que le roi même lui était allé au rencontre une petite lieue à cheval, et M. le duc d’Anjou {a} aussi en carrosse, et étaient revenus de même ; que ce cardinal était entré à cheval avec Sa Majesté dans Poitiers le 28 {b} à trois heures après midi ; qu’il avait trouvé la reine au cercle avec MM. de Châteauneuf, le premier président, le comte de Brienne et autres ; et qu’après y avoir été bien reçu, il en était parti pour s’aller reposer dans le logis qui lui avait été préparé […] ; qu’on y avait percé une muraille et fait une porte, pour avoir communication de ce logis-là dans celui de Sa Majesté ; qu’après qu’il fut sorti du cercle, l’on y tint Conseil où il n’assista point ; que le roi le traita ce soir-là à souper et lui donna le divertissement de la comédie ; que le maréchal d’Hocquincourt fut aussi extraordinairement bien reçu ; que les deux jours suivants on y tint encore Conseil où il n’assista pas ; que le maréchal de Villeroy ayant accompagné Sa Majesté au-devant de ce cardinal, avait fait une action fort généreuse et qui avait été fort remarquée, en ce que pour compliment il lui tint d’abord ce discours : “ Monseigneur, je ne suis pas venu ici pour vous faire excuse de ce que j’ai tâché de dissuader la reine de vous faire revenir si tôt. Ma conscience et le zèle que j’ai pour le service du roi m’y ont obligé parce que votre retour est le plus grand malheur qui peut arriver à l’État, et vous le verrez par la suite ” ; que ce discours surprit fort ce cardinal qui s’était imaginé que ce maréchal n’était venu là que pour lui faire la cour et rechercher son amitié ; que celui-ci, ni les commandeurs de Souvré et de Jars, et le marquis de Roquelaure {c} n’avaient pas voulu se trouver au souper que le roi donna au cardinal ; que M. de Châteauneuf, après avoir montré visage fort indifférent au cardinal pendant trois jours, avait demandé son congé le 31 pour se retirer ; mais que n’ayant pas voulu demeurer, la reine lui avait fait dire qu’elle voulait donc qu’il se retirât à Leuville {d} sans venir à Paris, et qu’il devait partir le 3 {e} pour s’en venir {f} par Tours ; que la cour en devait aussi partir le même jour pour le voyage d’Anjou ; que pour cet effet elle devait aller coucher ce jour-là à Mirebeau, {g} où elle devait séjourner le 4 et en partir le 5 pour aller à Loudun ; et le 7 à Saumur où elle prendra ses mesures pour l’attaque des Ponts-de-Cé ; {h} que le Conseil allait à Tours ; que l’on avait résolu de rendre M. Bitault ; qu’on enverrait M. de Senneterre à Angers pour traiter avec le duc de Rohan, que quelques-uns disent avoir envoyé un gentilhomme au cardinal Mazarin pour le prier de faire son accommodement, mais cet avis n’est pas cru, Son Altesse Royale n’ayant reçu aucune nouvelle ; et que M. le duc de Damville devait encore partir le même jour pour venir à Paris faire des propositions d’accommodement de la part de Leurs Majestés à Son Altesse Royale {i} qui a dit qu’elle ne tenait rien tant que le cardinal Mazarin serait en France. Les mêmes avis confirment que le prince de Tarente, ayant tiré 200 hommes de sa garnison de Taillebourg et 400 de celle de Saintes, a repris Pons où il a fait prisonnier le chevalier d’Albret, les gentilshommes qui étaient entrés avec lui et les principaux habitants du lieu, et pris 13 ou 14 000 livres que ce chevalier avait reçues de son fermier, et qu’on travaillait à échanger ce chevalier avec le marquis de Lévis. »


  1. Philippe, frère du roi.

  2. Janvier.

  3. V. notes [15], lettre 983, pour Jacques de Souvré, et [10], lettre 39, pour François de Jars, tous deux commandeurs de l’Ordre de Malte, et [34], lettre 524, pour Gaston-Jean-Baptiste de Roquelaure.

  4. Leuville-sur-Orge (Essonne), à 27 kilomètres au sud-ouest de Paris.

  5. Février.

  6. S’y rendre.

  7. Bignon-Mirabeau (Loiret).

  8. V. note [38], lettre 280.

  9. Gaston d’Orléans.

8.

« Et avant Hélène une femme très horrible fut la cause d’une guerre » ; Horace (Sermons, livre i, 3, vers 107-108) :

Nam fuit ante Helenam cunnus {a} tæterrima belli
causa
.


  1. Cunnus (vulve) est un mot bien plus cru que mulier pour désigner une femme.

9.

Guy Patin ne s’étant jamais privé de colporter les sous-entendus galants, voire grivois sur les relations d’Anne d’Autriche avec Mazarin ; mais la suite de la lettre (v. infra note [22]) convainc qu’il était ici ironique.

10.

Journal de la Fronde (volume ii, fos 21 vo et 22 ro, 6 février 1652) :

« Le procureur général du Parlement, {a} suivant l’ordre qu’il en avait reçu de la cour par lettre de cachet, signifia au Parlement qu’il s’opposait à la vente de la bibliothèque du cardinal Mazarin ; et les chambres s’étant assemblées là-dessus, députèrent MM. Doujat et Ménardeau vers Son Altesse Royale pour la prier de se trouver le lendemain à l’assemblée, comme elle fit ; mais on n’y parla point de la bibliothèque parce qu’elle est toute vendue, à la réserve des manuscrits qui en ont été enlevés par ordre du roi, qui a mandé qu’ils lui appartenaient. »


  1. Nicolas Fouquet.

11.

V. note [18], lettre 279, pour « les “ Questions médico-légales ” de Paolo Zacchias, médecin de Rome ».

12.

Journal de la Fronde (volume ii, fo 24 vo, 9 février 1652) :

« On eut avis que le colonnel Baltazar, qui était avec M. le Prince à Périgueux, avait défait les troupes de M. de Sauvebeuf {a} qui n’étaient que 600 hommes ; […] que le comte d’Harcourt était parti de < Bordeaux > pour venir en Saintonge ; que M. le prince de Conti avait pris un poste avantageux sur la Garonne au delà d’Agen, nommé Caudecoste, {b} où le régiment de la reine avait été défait par celui de Chouppes ; {c} que les barques de Blaye ayant voulu prendre quelque farine qu’on menait à Libourne, avaient été coulées à fond par celles de M. le Prince ; et que le marquis de Bourdeille ayant accepté quelque avantage que la cour lui avait promis pour quitter ce parti, Son Altesse {d} l’alla trouver et le pria de lui déclarer nettement ses sentiments là-dessus, et le voyant dans cette disposition, consentit qu’il se retirât dans sa maison, comme il a fait, après lui avoir laissé toutes ses troupes qui prêtèrent un nouveau serment de fidélité parce qu’elle les avait soudoyées ; et qu’elle s’était assurée de la ville de Périgueux, y ayant mis bonne garnison du consentement des habitants. Depuis, on a eu nouvelle par un courrier de M. le Prince arrivé hier au matin que M. de Marchin avait défait 200 chevaux et autant de fantassins que le baron de Biron menait au comte d’Harcourt, et que ce baron y ayant été fort blessé, avait longtemps demeuré par terre feignant être mort ; et après, s’était sauvé pendant qu’on poursuivait le reste de ses troupes. »


  1. V. note [6], lettre 235.

  2. Dans le département du Lot-et-Garonne.

  3. Ancien régiment de Bellenave, donné en 1646 à Aymard, marquis de Chouppes (1612-1673), qui avait alors pris le parti des princes.

  4. Condé.

13.

« Sur l’utilité [des parties du corps humain] » : édition grecque de ce traité de Galien en 17 livres dont je n’ai pas su trouver la trace exacte ; Charles Daremberg en a publié une traduction française intégrale (Paris, 1854-1856, vnotre bibliographie).

14.

Fourrier : « officier qui marque les logis pour le roi et toute sa cour quand il voyage. On est fort incommodé en suivant la cour quand on n’est point logé par fourriers » (Furetière).

15.

Gilbert Gaulmin (Moulins 1585-5 décembre 1665), sieur de Montgeorges et de la Guyonnière en Bourbonnais, avait été lieutenant criminel en Bourbonnais puis avocat au Grand Conseil, avant d’être nommé maître des requêtes en 1631 et plus tard, conseiller d’État. Son nom est resté attaché aux mariages à la gaulmine qui, contractés par des protestants en présence d’un prêtre catholique mais sans bénédiction des époux, étaient pourtant réputés valides. Gaulmin était aussi un orientaliste érudit qui savait l’hébreu, l’arabe et le persan, et qui composait des poésies latines et grecques (G.D.U. xixe s.).

16.

« Sur la bibliothèque du cardinal Mazarin mise à l’encan par un arrêt du Parlement de Paris.

Lorsque du monde entier il {a} eut rassemblé les livres de Jules {b} et invité les Muses à les abriter, par un inique arrêt de la Cour, on a vendu et prostitué et l’abri, et les muses, et les livres, au beau milieu de la place publique. La vente à l’encan expose là des richesses promises à l’enchère des scélérats, aux trafics d’accommodement impitoyable et aux présages funestes. Sans en considérer l’infamie, le Parlement corrompu approuve les corruptions, il a vendu ici les livres, il est habitué à vendre les droits. »


  1. Gabriel Naudé.

  2. Mazarin.

17.

Montauban resta fidèle au roi pendant toute la guerre de Guyenne (Histoire de Montauban… tome 2, pages 345‑348 ; v. note [6], lettre 173) :

« il fut décidé dans un Conseil général que la ville serait mise en état de défense pour résister au moins à un coup de main. On nomma aussitôt vingt capitaines et un major ; on fit fondre des canons ; on chargea le vieux Dujeau et Fraissinet, très entendus aux fortifications, de tracer quatorze bastions qu’on se pressa d’élever. Non contents de mettre leur ville en sûreté, ils lèvent de nouvelles troupes pour tenir la campagne. […]

Aussitôt après cette guerre, Louis xiv loua les Montalbanais de leur belle conduite dans les lettres patentes pleines d’éloges qu’il leur adressa au moins d’octobre. {a} Ceux-ci, encouragés par cette marque de la bienveillance du souverain, lui demandèrent une indemnité pour les dépenses considérables qu’ils avaient faites, soit en reconstruisant leurs fortifications, soit pour l’entretien des troupes qu’ils avaient levées pour le service de Sa Majesté. »


  1. 1652.

18.

Journal de la Fronde (volume ii, fo 26 ro, 16 février 1652) :

« Hier au soir, on eut avis de Saumur du 13 que la cour y était encore, attendant le succès de l’entreprise du maréchal d’Hocquincourt, lequel ayant attaqué un faubourg d’Angers, l’a pris après avoir souffert un combat où il a perdu 100 ou 120 hommes ; entre lesquels est son fils aîné qui a été tué sur la place d’un coup de fauconneau, et le comte de Médavy, fils du maréchal de Grancey, y a été fort blessé ; que cela n’empêchait pas que la ville se défendît fort bien, le duc de Rohan y étant le maître avec mille hommes de guerre. »

Jacques de Monchy d’Hocquincourt, tué lors de ce combat, était le troisième (et non aîné ni deuxième) fils du maréchal d’Hocquincourt et d’Éléonore d’Étampes ; leur deuxième fils, Armand, allait devenir évêque-comte de Verdun en 1668 ; v. note [4], lettre 525, pour l’aîné, Georges.

Pierre Rouxel de Médavy (1626-1704), fils aîné du maréchal comte de Grancey (v. note [159], lettre 166), survécut à sa blessure ; il avait été nommé maréchal de camp en novembre 1651.

19.

V. note [46], lettre 99, pour la forte et noire machine… comme métaphore de la Compagnie de Jésus.

Les théatins sont un ordre religieux de clercs réguliers fondé par Gaetàno de Tiene et Gian Pietro Carafa, évêque de Theato dans le royaume de Naples (aujourd’hui Chieti), en 1524 par le consentement du pape Clément vii. Carafa se démit de son évêché et se fit élire leur supérieur, mais conserva le nom d’évêque théatin, qu’il attacha aussi à ces religieux ; il fut élu pape en 1555 sous le nom de Paul iv (v. note [9], lettre 317). Ordre principalement dévoué à la réforme des mauvaises mœurs ecclésiastiques et à la conversion des infidèles, les théatins avaient essaimé à partir de l’Italie dans le monde entier. En 1644, Mazarin leur avait fondé une maison à Paris (v. note [6], lettre 685), la seule qu’ils eurent en France. Ils en avaient plus de 80 en d’autres royaumes et leurs églises étaient des plus belles d’Europe. La principale vue de leurs fondateurs a été de rétablir l’ancienne manière de vivre des apôtres en s’abandonnant entièrement à la Providence, en sorte qu’ils ne demandent rien et ne possèdent aucun revenu, ne vivant que de dons. Leur habit était noir et ne se distinguait de celui des jésuites que par leurs bas qui étaient blancs (Thomas Corneille et G.D.U. xixe s.).

V. note [3], lettre 204, pour le P. Charles Paulin, jésuite qui conserva jusqu’à sa mort (12 avril 1653) la charge de confesseur du roi.

20.

« lequel vivant, il [Mazarin] n’osera jamais attaquer de nouveau Rome. » Le pape d’alors était Innocent x.

21.

Annonce fort anticipée de trois volumes in‑12 :

V. note [18], lettre 270, pour le Socrate chrétien de Jean-Louis Guez de Balzac (Paris, 1652).

22.

« mais chargée d’années, lui tirait un pénis extrêmement long. »

23.

En décembre 1649, Condé avait machiné le mariage clandestin du duc de Richelieu, neveu de la duchesse d’Aiguillon, avec Anne de Pons (v. note [25], lettre 223). Mazarin et les siens ne portaient pas la duchesse dans leur cœur (Journal de la Fronde, volume ii, fo 34 ro, Paris, 1er mars 1652) :

« Le marquis de Richelieu {a} étant venu ici il y a 20 jours, avait disposé Mme d’Aiguillon, sa tante, de lui bailler de l’argent pour acheter la charge de premier écuyer du roi ; mais le cardinal Mazarin, qui la veut avoir pour son neveu, a fait refuser à M. de Beringhen {b} la permission d’en traiter ; et pendant le voyage de ce marquis, le petit Mancini {c} a pris son temps pour faire diminuer la faveur qu’il a auprès du roi. »


  1. Frère puîné du duc.

  2. Henri de Beringhen, premier écuyer en titre depuis 1645.

  3. Paul.

24.

V. note [19], lettre 274, pour la prise de La Rochelle par le comte d’Harcourt à la fin de novembre 1651, avec l’atroce assassinat du capitaine Besse.

25.

Charles de La Vieuville était alors surintendant des finances.

26.

« qui autrement est menacée par la désertion ».

27.

Charles-Amédée de Savoie, duc de Nemours, avait quitté Paris le 26 janvier pour se rendre à Bruxelles auprès de l’archiduc Léopold et réunir des troupes afin de défendre ce même parti contre l’armée royale.

Claude de Létouf, baron de Sirot (1600-1652), brillant capitaine de la guerre de Trente Ans, avait joué un rôle décisif dans la victoire de Rocroi aux côtés du prince de Condé (19 mai 1643, v. note [8], lettre 83) ; il avait alors rejoint le parti des princes. Les Mémoires et la vie de Messire Claude de Létouf, baron de Sirot, lieutenant général des camps et armées du roi sous les règnes des rois Henri iv, Louis xiii et Louis xiv ont été publiés par la comtesse de Pradines en 1683 (Paris, Osmont, 2 volumes in‑12) ; ils s’achèvent à l’année 1650.

28.

Caïus Sullius Sidonius Apollinaris (Sidoine Apollinaire, Lyon 430-Clermont 489) était issu d’une famille de notables gallo-romains. En 452, il épousa Papianelle, fille d’Eparchus Avitus, noble Arverne qui devint empereur romain d’Occident en 455 (mort en 456) et investit son gendre d’importantes charges à Rome et à Lyon. Sidoine Apollinaire renonça ensuite à la vie laïque, devint évêque de Clermont-Ferrand en 472 et fut canonisé peu après sa mort. Il a laissé 24 pièces de poésie et neuf livres de lettres.

Guy Patin signalait ici les :

C. Sol. Apollin. Sidonii Arvernorum episcopi Opera, Iac. Sirmondi, Societ. Iesu presb., cura et studio recognita, notisque illustrata. Editio secunda, ad eiusdem Autographum prælo iampridem paratum diligenter exacta.

[Œuvres de C. Sol. Sidonius Apollin., évêque de Clermont en Auvergne, {b} éditées par les soins de Jacques Sirmond, {a} prêtre de la Compagnie de Jésus, et illustrées de ses notes. Seconde édition, soigneusement fidèle au manuscrit qu’il avait jadis fait imprimer]. {c}


  1. Mort en 1651, v. note [7], lettre 37.

  2. Une Vita S. Sidonii Episcopi Arvenorum [Vie de saint Sidoine, évêque d’Auvergne] en cinq pages figure dans les pièces liminaires.

  3. Paris, Sébastien Cramoisy, 1652, in‑4o de 418 pages de texte et 168 pages de notes ; ibid. et ibid. 1614, in‑8o de 397 et 280 pages, pour la première édition.

29.

Première des nombreuses éditions des :

Œuvres de François de La Mothe Le Vayer, {a} conseiller d’État ordinaire. [b}


  1. François i La Mothe Le Vayer, mort en 1672 (v. note [14], lettre 172).

  2. Paris, 1654, Augustin Courbé, 2 volumes in‑fo ; Seconde édition revue, corrigée et augmentée, ibid. et id. en 1656 (tome premier, 926 pages, et tome second, 850 pages) ; ouvrage dédié (en date du 2 juillet 1653) au cardinal Mazarin par l’abbé François ii La Mothe Le Vayer (v. note [33], lettre 390), fils de l’auteur et éditeur des œuvres de son père.

30.

« Additions à l’Encheiridium anatomicum et pathologicum ». {a} Il s’agit de la deuxième série des Opuscula anatomica de Jean ii Riolan :

Opuscula anatomica varia et nova. Imprimis de Motu sanguinis, eiusque circulatione vera, ex doctrina Hippocratis. Aliorum seriem, et titulos sequens pagina dabit.

[Opuscules anatomiques divers et nouveaux. Particulièrement sur le Mouvement du sang et à sa véritable circulation, tirée de la doctrine d’Hippocrate. La page suivante donne la liste et les titres des autres]. {b}


  1. « Manuel anatomique et pathologique », v. note [25], lettre 150.

  2. Paris, Gaspard Meturas, 1652, in‑4o : première partie (176 pages) et seconde partie (381 pages).

Ce livre contient :

31.

Paul Markward Schlegel (Marquardus Slegelius ; Hambourg 1605-ibid. 21 février 1653) avait reçu le bonnet de docteur en médecine de l’Université de Padoue en 1637. Désirant se perfectionner en médecine, il avait voyagé par toute l’Europe, avant d’obtenir en 1638 une chaire de médecine à l’Université d’Iéna où il enseigna avec beaucoup de réputation comme professeur de botanique et directeur du jardin des plantes. Il suivit quelque temps Guillaume iii, duc de Saxe-Weimar, qui l’avait nommé son premier médecin. Il était retourné en 1642 dans sa ville natale pour en être le premier physicien et médecin pensionnaire. (Z. in Panckoucke)

Contre Jean ii Riolan qui, aux dires de Guy Patin, avait été l’un de ses maîtres, Schlegel fut l’un des plus zélés défenseurs des théories de William Harvey sur la circulation du sang. L’ouvrage qu’il a consacré à ce sujet est intitulé :

De sanguinis motu Commentatio, in qua præcipue Riolani, V. C. sententiam inquiritur…

[Commentaire sur le mouvement du sang, où l’on examine particulièrement l’opinion du très brillant M. Riolan…] {a}


  1. Hambourg, Jacobus Rebenlinus, 1650, in‑4o de 133 pages et 15 chapitres. La critique principale de Schlegel est exposée dans le quatrième : Nova j. riolani opinio [Opinion nouvelle de j. Riolan (pages 15‑19).

32.

V. note [26], lettre 277.

33.

V. notes [13], lettre 253 et [11], lettre 254, pour le traité « sur la transposition du foie et de la rate », et [15], lettre 280, pour les Experimenta nova anatomica… [Expériences anatomiques nouvelles…] de Jean Pecquet sur les voies du chyle.

34.

L’Øresund ou Sund sépare de la Suède l’île danoise de Sjælland où se situe Copenhague. Détenir son débouché du sud revenait à contrôler la principale communication entre la mer du Nord et la mer Baltique, région de commerce stratégique avec la Suède, la Pologne et la Russie.

La première guerre anglo-hollandaise (mai 1652-août 1653) allait éclater, fondée sur les rivalités commerciales et politiques entre les deux premières nations maritimes d’Europe.

35.

Baisser (caler) la voile, c’était l’amener pour céder le passage au navire dont on croisait la route. Dans les coutumes maritimes, on abaissait plutôt le pavillon que la voile. Comme lords of the seas (maîtres des mers) les Britanniques entendaient que les Hollandais les saluassent. V. note [20], lettre 288, pour le refus précis de cette courtoisie qui déclencha la guerre maritime anglo-hollandaise.

36.

Le duc de Rohan avait rendu Angers aux troupes royales le 28 février.

Journal de la Fronde (volume ii, fo 42 ro, Paris, 15 mars 1652) :

« Le 9 du courant, on sut la vérité de ce qui s’était passé au siège et à la reddition d’Angers, par l’arrivée du sieur de Fontenailles qui était auprès du duc de Rohan, de la part de Son Altesse Royale, pendant tout le siège. Il rapporta que ce duc avait été très mal servi, premièrement par le chevalier de Jarzé qui avait laissé prendre le poste de La Pointe où il commandait avec 600 fantassins que M. de Rohan lui avait donnés, et où il se pouvait défendre avec d’autant plus de facilité qu’il n’était attaqué que par 70 dragons de Senneterre, qui s’emparèrent seuls de ce poste, où il ne voulait pas seulement mettre l’épée à la main et se laissa amener prisonnier à Saumur, dont on le laissa sauver trois jours après. En second lieu, ce duc fut trahi par le marquis de La Barre qui avait fait son traité particulier avec la cour deux jours auparavant que les habitants commençassent à capituler, comme ils firent, contre le sentiment de ce duc après que quatre pièces qu’on y avait mises en batterie eurent fait une grande brèche et que le mineur y fut attaché. Les principaux articles de leur traité sont qu’ils recevront quatre compagnies des gardes dans la ville et dans le château où elles ne feront aucun désordre ; que les habitants payeront les arrérages des tailles qu’ils doivent ; qu’il y aurait amnistie générale de tout le passé ; que le marquis de La Barre pourrait reprendre quelques pièces d’artillerie qu’il y avait fait conduire. Quant au duc de Rohan, on lui fit quantité de belles offres pourvu qu’il voulût aller à la cour ; mais il ne voulut pas s’y fier, et toute la composition qu’il fit pour lui fut qu’il sortirait comme d’une place de guerre avec son bagage et toutes ses troupes qui lui restaient, et pourrait se retirer partout où bon lui semblerait, excepté dans les Ponts-de-Cé ; et que la duchesse sa femme pourrait demeurer huit jours dans Angers pour donner ordre à ses affaires et après, se retirer où bon lui semblerait. Ce duc ayant mené 250 hommes qui lui restaient à l’armée de Son Altesse Royale, M. de Beaufort, fâché contre lui, ne les avait pas voulu recevoir ; mais dès le 9 au matin, Son Altesse Royale lui envoya ordre de les recevoir, ayant été informée de la façon dont tout s’était passé ; et M. de Rohan, pour lui en rendre compte, arriva ici [à Paris] le 11 au matin et fut fort bien reçu de Son Altesse Royale qui lui dit d’abord qu’elle savait bien qu’il n’y avait pas de sa faute et qu’il y avait procédé en homme d’honneur. »

37.

Le duc Charles était Charles iv, duc de Lorraine et de Bar. Tout se mettait donc en place pour les affrontements décisifs qui allaient mettre fin à la Fronde ; elle avait alors pris les dimensions d’une authentique guerre civile nationale entre les princes et le roi.

38.

Miradoux (Gers) se trouve à 25 kilomètres au sud d’Agen.

Journal de la Fronde (volume ii, fos 39 vo et 40 ro) :

« Les avis de Bordeaux du 26 {a} portent que M. le Prince étant allé avec une diligence extraordinaire joindre Monseigneur son frère {b} au-dessus d’Agen, ils avaient attaqué conjointement auprès de Miradoux l’armée du marquis de Saint-Luc, {c} qui était de 2 000 fantassins et 700 chevaux, et l’avaient défaite entièrement, ce marquis s’étant sauvé avec quelque cavalerie dans Lectoure ; {d} que 900 des siens s’étant retirés dans Miradoux sous la conduite du sieur Marin, maréchal de camp, y avaient été assiégés, et que M. le Prince les voulait contraindre à se rendre prisonniers de guerre ; que Son Altesse {e} lui avait pris les 12 drapeaux qu’il avait avec son bagage ; que cette défaite assurait toute la Haute-Guyenne à M. le Prince ; […] et que Messieurs les princes étant retournés à Bordeaux, y avaient fait chanter le Te Deum pour cette victoire. Les lettres du 29 confirment cette défaite, mais non pas si grande, avouant qu’il n’y avait que 200 hommes tués et que les 900 hommes qui s’étaient retirés dans Miradoux y étaient encore assiégés par M. le Prince qui ne les voulait recevoir que prisonniers de guerre, d’autant plus qu’ils n’avaient ni vivres, ni secours à espérer ; que le comte d’Harcourt ayant voulu passer la Dordogne avec mille chevaux pour les aller secourir, le général Marchin lui en avait défait 300 ; que M. le Prince avait fait prisonnier un commissaire qui portait à ce marquis un ordre d’envoyer ses troupes en Anjou, accompagné de commissions pour lever dans la généralité de Montauban 14 régiments d’infanterie et 10 de cavalerie ; et que les habitants de Mont-de-Marsan avaient battu le marquis de Poyanne qui les voulait assiéger. »


  1. Février 1652.

  2. Conti.

  3. V. note [10], lettre 248.

  4. À 25 kilomètres au sud-ouest de Miradoux.

  5. Condé, M. le Prince.

39.

Dans ses Mémoires, Saint-Simon (tome i, pages 77‑80) a vanté la fidélité du gouverneur de Blaye (v. note [46], lettre 226) à la cause royale durant toute la Fronde. Il décrit le duc, son père, comme totalement imperméable aux tentatives de corruption, qu’elles vinssent de Condé, des Espagnols ou même de la cour. Toutefois, si Anne d’Autriche et son premier ministre avaient offert au duc de choisir entre un bâton de maréchal et un titre de prince étranger, c’était sans doute qu’ils craignaient de le voir sombrer dans le parti contraire, comme Saint-Simon le laisse vaguement percer :

« La reine et le cardinal Mazarin, charmés de la fidélité et des importants services de mon père, jugèrent qu’il était à propos de les récompenser pour le bon exemple, ou peut-être de s’en assurer de plus en plus. »

40.

Chinon en Touraine (Indre-et-Loire), sur la Vienne, à 45 kilomètres au sud-ouest de Tours, était un fief des Richelieu.

41.

D’ici à un mois.

La cour allait quitter Saumur le 7 mars pour atteindre Richelieu le 8, Tours le 10, et Blois le 13, « où elle est encore [le 15] et parle de venir à Orléans, quoique les habitants témoignent à Son Altesse Royale [le duc d’Orléans] beaucoup de disposition de refuser l’entrée à la cour » (Journal de la Fronde, volume ii, fo 42 vo).

42.

La main levée est un « acte qui détruit une saisie » (Furetière).

Journal de la Fronde (volume ii, fo 17 ro) :

« Le 29 {a} au matin, le Grand Conseil ayant reçu ordre d’aller en cour, {b} résolut d’y obéir et fit commandement à ses avocats, procureurs et huissiers de le suivre. Quelques conseillers de cette Compagnie sont déjà partis et les autres doivent partir demain {c} ou lundi prochain. {d} On croit que c’est pour justifier le cardinal Mazarin et contrecarrer le Parlement de Paris. » {e}


  1. Janvier 1652.

  2. À Poitiers.

  3. 3 février.

  4. 5 février.

  5. Depuis Tours où il s’était installé le 22 février, le Grand Conseil cassait l’un après l’autre les arrêts du Parlement de Paris visant à lever des fonds pour soutenir l’effort militaire des princes, à vendre les biens du cardinal Mazarin et à saisir le revenu de ses bénéfices.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 5 mars 1652

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0282

(Consulté le 10/05/2024)

Licence Creative Commons "Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron." est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale 4.0 International.