L. 30.  >
À Claude II Belin,
le 29 août 1636

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 29 août 1636

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(Consulté le 26/04/2024)

 

Monsieur, [a][1]

Je vous dirai brièvement, pour réponse à la vôtre datée du 26e de ce mois, que in præsenti rerum nostrarum tumultu[1] après la prise du Catelet, [2][2] le roi [3] ayant demandé du secours au Parlement et autres grandes compagnies de cette ville, [3] les autres s’étant mises en leur devoir, en cas si urgent, notre doyen [4] assembla notre Faculté speciali articulo[4] où il fut conclu que nous donnerions pour cet effet au roi, ex ærario nostro[5] 1 000 écus comptant, ce qui a été fait, avec bonne quittance qu’en a tirée notre doyen. On n’a point laissé, outre ce, de nous faire demander par chaque capitaine des quartiers que nous donassions encore quelque chose pour avoir de la cavalerie, mais fort peu ont donné ; [6] joint que cette seconde demande ne regardait que les plus riches. Pour moi, j’ai dit à ceux qui me sont venus trouver que tout, ainsi que la terre, ne rapportait qu’une fois l’an et que mes rentes ne m’étaient payées qu’à peine une fois l’an, < que > je ne pouvais aussi donner qu’une fois et que je ne pouvais davantage. Je me contente d’avoir donné une douzaine d’écus pour ma part. Pour la garde, [5] nous en sommes exempts ici, et jamais n’y avons été ni envoyés. Nous en avons des exemptions en nos registres, qui ont été en diverses occasions confirmées, lesquelles notre doyen nous a fait imprimer. Je vous en envoie quatre pour vous et vos amis. Nos compagnons s’en sont servis, en les montrant à leurs capitaines qui honnêtement les en ont dispensés. Les mêmes causes qui nous en dispensent vous sont communes ; je prie Dieu qu’en soyez exemptés. Le roi partira, dit-on, lundi prochain, avec nos troupes nouvelles ; et il n’y a rien autre chose de nouveau. Je vous baise les mains et suis, Monsieur, votre très humble et affectionné serviteur,

Patin.

Ce 29e d’août 1636.


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L. 31.  >
À Claude II Belin,
le 10 septembre 1636

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 10 septembre 1636

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(Consulté le 26/04/2024)

 

Monsieur, [a][1]

Je vous écrivis la semaine passée fort à la hâte, à cause que je reconnus qu’étiez en peine de ma réponse, pour laquelle vous faire tenir je délivrai vitement la mienne à celui qui m’apporta la vôtre. Je ne sais si la mienne vous aura contenté, mais je vous ai dit de ces matières-là ce que j’en savais. Pour le présent, on ne fait plus ici la garde [2] comme par ci-devant, étant survenu quelque désordre en une des portes contre des gens qui se disaient être à M. le cardinal [3] et qui voulaient entrer, et que plusieurs plaintes ont été faites contre plusieurs qui tiraient leur mousquet et blessaient du monde. On a ordonné que l’on ne gardera plus les portes que de jour ; et ce, douze hommes seulement de chaque compagnie l’un après l’autre, sans piques et mousquets, mais seulement avec une hallebarde en la main ; ce qui a été exécuté, mais le bourgeois criant qu’on le voulait désarmer, ils recommencent à y reporter leurs piques et mousquets ; mais en petit nombre, comme j’ai vu moi-même aujourd’hui en deux diverses portes de Buci [4] et Saint-Honoré. [1][5] Le roi [6] et Son Éminence partirent d’ici lundi, 1er de ce mois, avec le plus de monde qui se pût rencontrer. Il y a quelques jours qu’une partie de notre infanterie passa la rivière de Somme, faisant mine d’aller vers nos ennemis ; mais un gros de cavalerie ennemie, venant fondre sur eux, les obligea de repasser et de revenir en-deçà. Ils n’entreprendront plus de la repasser que toute l’armée ensemble, laquelle on range pour cela. S’il s’en passe quelque chose de remarquable, je vous en donnerai incontinent avis. [2] On imprime ici un commentaire très docte in Hippocratem, de Morbis internis, de feu M. Martin, qui mourut < l’an 1601 >, premier médecin de la reine. [3][7][8][9][10] Erat origine Parisie<nsis, et > alius a vestro Trecensi, qui obiit anno 1625[4][11] Le texte y < sera grec > et latin, et le commentaire après de plus petite lettre ; < ce sera un > in‑4o de la grosseur et grandeur du Baillou[12] Je pense qu’avez < ouï > dire des vers latins qui furent faits contre M. le Prince [13] plus de 15 jours avant qu’il eût levé le siège de Dole ; [14] je vous les mettrai néanmoins ici, de peur que ne les ayez :

Stat Dola, stant muri, frustra, Condæe, laboras,
Non est illa tuis Urbs ruitura dolis ;
Te tarde genuit Mater, tu tardius Urbem
Vinceris, excelso quæ stat in auxilio :
Si per tot menses quot quondam matris in alvo
Ante Dolam steteris, bis pudor inde tibi
[5]

Il court ici d’autres vers sur l’état présent que voici.

Qu’est-il besoin de savants politiques
Pour gouverner nos affaires publiques,
N’espérant plus aucun soulagement ?
On voit la France en sa dernière crise
Entre les mains d’un prince de l’Église,
Donnez-lui donc son dernier sacrement.

Je vous écrirais volontiers des nouvelles qui se disent ici, mais il y a si peu de vérité en tous ces contes, et si peu d’assurance, que je vous prie de m’en dispenser. On dit que le colonel Gassion [15] a amené au roi 3 000 bons chevaux et qu’il nous vient 9 000 hommes de pied de Bourgogne pour grossir notre armée de Picardie. [6] Sa Sainteté [16] nous a envoyé un jubilé [17][18][19] que l’on commencera à célébrer ici la semaine qui vient. [7] Il me semble qu’il fût venu à propos quand nous eussions chassé les Espagnols de Picardie, vu que les esprits des princes semblent être moins disposés à la paix avant la bataille, et qu’il faut pour les humilier qu’il précède quelque perte qui les dispose à la paix, laquelle je souhaite de tout mon cœur. Je vous baise très humblement les mains et suis, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

Patin.

De Paris, ce 10e de septembre 1636.


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L. 32.  >
À Claude II Belin,
le 16 novembre 1636

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(Consulté le 26/04/2024)

 

Monsieur, [a][1]

J’ai jusqu’ici attendu de faire réponse aux deux vôtres pour vous mander la reddition de Corbie, [2] de laquelle on vient de nous assurer et pour laquelle on chantera demain sans faute le Te Deum à Notre-Dame. [1][3][4] On continue le livre de M. Martin, [5] duquel je vous donnerai avis quand il sera fait. [2] Je vous prie de croire que quand je prise ce vieux Martin, c’est à cause de son mérite premièrement ; et puis après, par une obligation particulière que j’ai à sa mémoire, laquelle votre bonne affection envers moi me permettra de vous dire : feu mon père [6] étant en cette ville député pour notre pays, y tomba malade, l’an 1601, d’une fièvre continue [7] et échut à avoir M. Martin pour médecin ; lequel ne voulut prendre de lui aucune récompense restituta valetudine[3] lui disant qu’il ne prenait jamais d’argent de plus pauvres que lui quand ils étaient gens de bien, comme il le tenait pour tel. Cela lui acquit une rente d’un pâté de venaison qui lui a été payé tous les ans jusqu’à sa mort ; mais cela n’empêche pas que je ne prise fort vestratem Martinum, in cuius iactura [4][8] j’ai perdu un bon ami, et qui m’aimait extrêmement. Je l’ai quelquefois gouverné assez particulièrement et ai consulté quelquefois avec lui. [5][9][10] Huit jours avant le malheur fatal qui lui ôta la vie, je lui avais fait signer une consultation [11] pour un gentilhomme qui avait la pierre ; [12] et lui donnant un écu d’or que j’avais reçu pour lui, il me témoigna tant de ressentiment d’affection et d’amitié pour moi que je l’ai toujours extrêmement regretté ; ce que je ne ferais pas moins quand je ne l’aurais pas connu particulièrement, vu qu’au jugement de tous nos anciens, il était le premier de l’École entre ceux de son âge. M. Piètre [13] même, notre ancien, [14] que je tiens comme un oracle, et qui de soi est parcus laudator[6] me l’a maintes fois haut loué et fort extollé. Quiescat igitur uterque Martinus, quorum memoriam apud me nulla ætas, nulla unquam delebit oblivio[7] Pour monsieur votre beau-frère, [8][15][16] il m’est extrêmement recommandé, comme me sera aussi tout ce qui me sera adressé de votre part. Je l’en ai assuré et lui confirmerai quand il voudra. Je vous prie d’en assurer M. Sorel, [17] son père, et de le remercier à mon nom de la peine qu’il a prise de m’écrire ; auquel je fais aussi un petit mot de réponse pour l’assurer que son fils m’est fort recommandé et qu’il a tout pouvoir sur moi. M. Mégard [18] m’a adressé cette semaine passée une consultation pro epileptico adolescente Trecensi, dicto Michelin[9][19] Je lui ai fait ample réponse ; je vous prie pourtant de ne lui en rien dire s’il ne vous en parle le premier, vu qu’il ne m’a nullement parlé de vous. Ex eius epistola et consilio, facile suspicor atque coniicio eum esse virum bonum, minime malum[10] Je vous baise très humblement les mains et suis, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,

Patin.

Ce 16e de novembre 1636.


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L. 33.  >
À Claude II Belin,
le 18 janvier 1637

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 18 janvier 1637

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(Consulté le 26/04/2024)

 

Monsieur, [a][1]

Je ne sais par où je dois commencer cette lettre : ou à vous remercier de votre beau pâté, [2] ou à me réjouir avec vous et vous congratuler de la nouvelle amie qu’avez faite. [3][4] Utrique vestrum omnia læta faustaque precor. Si tu gaudes et ego tecum gaudeo. Erit mihi tecum hæc congratulatio κοινη ut παντα τα των φιλων. Gaudeo tibi contigisse quod paucis contigit, ut bonam bonis prognatam, divitem, formosam sis nactus. Quare unum tum beatiorum potes dicere : itaque hoc unum enixe cupio, [5]

Omnis ut tecum meritis pro talibus annos
Exigat, et pulchra faciat te prole parentem
[1]

Je voudrais bien savoir quelque bonne nouvelle de ce pays pour vous mander, mais nous ne sommes pas si heureux que d’en savoir. Le jeudi 8e de ce mois, on joua ici à l’hôtel de Richelieu une comédie qui coûta 100 000 écus, quod notandum in ista qua versamur temporum difficultate ; [2][6] et le lendemain, vendredi 9e, entre sept et huit < heures > du matin, la rigueur de la saison joua une rude tragédie sur l’eau, qui fit enfoncer plus de cent bateaux [7] de la Grève, [3][8] chargés de vin, de blé, d’avoine, de poisson, de bois et de charbon, qui est un malheureux désastre pour les pauvres marchands. On met ici de nouveaux impôts [9][10][11][12] sur ce qu’on peut, entre autres sur le sel, le vin et le bois. J’ai peur qu’enfin on n’en mette sur les gueux qui se chaufferont au soleil et sur ceux qui pisseront dans la rue, comme fit Vespasien. [4][13] On dit ici qu’il y a eu sédition à Marseille, [14] et quelques maisons pillées. Dii meliora[5][15] Le commentaire de feu M. Martin [16] sur l’Hippocrate avance fort ; [6] j’espère que nous l’aurons ce carême. On s’en va ici imprimer de nouveau les préfaces et les poésies de M. Jean Passerat, [17] qui olim fuit vestros, nimirum Trecensis, vere nobilis, flos delibatus populi Suadæque medulla[7][18][19][20]

Toutes ses préfaces sont extrêmement bonnes, mais j’en prise particulièrement deux, savoir celle de Ridiculis, et de Cæcitate[8] dans la première desquelles graphice depictus legitur grex Loyoliticus[9][21] On parle ici d’un emprunt que veut faire le roi [22] sur toutes les bonnes villes de France, et que Paris y est taxé pour sa part à douze cent mille livres, et les autres à moins, chacune selon son pouvoir ; mais il me semble que ce n’est point argent prêt, tant pour les villes de la campagne que pour Paris même, quelque richesse qui semble y avoir ; car c’est chose horrible de savoir l’incommodité et la pauvreté qui se rencontrent partout ; et plût à Dieu que le roi sût par la bouche d’un homme de bien le malheureux état de son royaume et la disette de son peuple ; il y donnerait infailliblement tout autre ordre qu’il ne fait. Il y a quelques mois que M. Duret, sieur de Chevry, [23] président des comptes, qui était fils de Louis Duret, [24] qui a commenté les Coaques d’Hippocrate, [10][25] mourut en cette ville, le troisième jour après avoir été taillé de la pierre ; [11][26][27] pour lequel on a fait l’épitaphe que verrez au dos de la présente. [12] Je vous baise très humblement les mains, et à madame votre femme, et suis, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,

Patin.

De Paris, ce 18e de janvier 1637.

Épitaphe du président de Chevry

Ci-gît qui fuyait le repos,
Qui fut nourri dès la mamelle
De tributs, tailles, [28] impôts,
De subsides et de gabelle ; [29]
Qui mêlait dans ses aliments
Du jus de dédommagements,
De l’essence du sol pour livre. [30]
Passant, songe à te mieux nourrir,
La taille aussi l’a fait mourir !


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L. 34.  >
À Claude II Belin,
le 26 mai 1637

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 26 mai 1637

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(Consulté le 26/04/2024)

 

Monsieur, [a][1]

Je vous remercie avec toute affection de vos beaux présents, savoir des deux thèses [2] de feu monsieur votre père, [1][3] de l’entrée du roi [4] en votre ville, [2] de la thèse de votre jeune collègue et du poème de Passerat. [5] M. Martin [6] mourut l’an 1609 < sic pour 1601 >, premier médecin de la reine, qui est aujourd’hui reine mère. [7] Le bonhomme Seguin [8] a oublié à marquer sa mort, mais il n’a pas oublié d’appeler Grammaticus [3][9] le plus savant de tous les hommes, Jos. Scaliger ; mais c’est le jésuitisme, quem sectatur acerrime bonus ille vir[4][10] qui lui a fait dire cette injure au plus digne de tous les savants. Ce vieux Seguin est si bigot et si hypocrite qu’il en est tout fou. Scaliger non indiget patrocinio eiusmodi virorum ; fuit Scaliger origine Princeps noblissimus, et vere Princeps litteratorum[5][11] et n’a jamais donné le fouet à < de > pauvres petits enfants écoliers innocents dans la quatrième du Cardinal Lemoine, [6][12] comme a fait ce boiteux de Seguin, qui est plus estropié de l’esprit que du corps, adeo acriter eius animum perculit detestandum virus Cerbereæ Societatis loyoliticæ[7] Scaliger fait à Seguin ce que la lune fait aux chiens, qui ont mal à la tête de la voir :

Et canis allatrat Lunam, nec Luna movetur[8]

Il y a de la doctrine dans le livre de M. Martin, mais vous y trouverez quelque chose à désirer sur l’explication des remèdes d’Hippocrate [13] et sur la façon que l’on doit traiter aujourd’hui ces maladies, lesquelles ne peuvent guérir que par les remèdes qu’il a proposés. Pour le portrait de M. Passerat, je l’ai vu de deçà, en taille-douce, avec ces deux vers au-dessous :

Nil opus est sculptore : tuos quicumque libellos
Viderit, ille tuam noverit effigiem
[9]

Mais je n’ai pu en recouvrer la planche en cuivre ; si vous connaissiez quelqu’un de delà qui l’eût en sa possession, je m’offre ou de l’acheter, ou d’en payer le prêt, en cas qu’on me la veuille prêter pour en faire tirer deux ou trois cents que je ferai mettre dans ses Préfaces ; et vous prie d’y penser. Si vous la recouvrez, à quelque prix que ce soit, pourvu qu’il soit raisonnable, faites-moi la faveur de me l’envoyer par votre premier messager ; j’en paierai tous les frais et donnerai contentement à ceux qui vous la prêteront ; sinon, achetez-la, j’en paierai tel prix qu’en aurez arrêté. Pour les titres des Préfaces de Passerat, je ne vous l’envoie point, vu que le tout et la table même sont imprimés il y a plus de 15 jours ; on n’est plus que sur les préfaces et les premières feuilles, dans lesquelles il y aura près de 50 pages d’éloges, lesquels vous verrez in capite libri[10] et tout le premier celui de M. le président de Thou. [14] J’ai affaire à des imprimeurs qui ne se hâtent guère. [15] J’ai pourtant espérance de vous en envoyer dans dix ou douze jours ; et si vous reconnaissez au dit livre que vous ayez quelque prose de lui digne d’y être insérée, vous me ferez la faveur de me la préparer pour la seconde impression, laquelle, Dieu aidant, sera bientôt. Je n’en parlerai pas à M. Grangier, [16] j’attendrai que vous ayez vu le livre. Le bonhomme Grangier qu’avez connu n’est plus principal de Beauvais : [11][17] il s’est marié à sa servante pour la décharge de sa conscience, de laquelle il avait déjà quelques enfants ; et hæc humanitus contingunt melioribus[12][18] Je vous enverrai par ci-après copie de vos deux thèses, [1] de ma propre main, combien que les originaux seront toujours à vous et à votre service. Je n’ai aucune bonne nouvelle à vous mander, sinon la prise entière des îles de Saint-Honorat et Sainte-Marguerite [19] par les nôtres sur les Espagnols, qui les ont quittées avec plusieurs pièces de canon. [13] Le cardinal de La Valette [20] est en Picardie, vers lequel tendent toutes les troupes de deçà. On dit qu’en Limousin, la Marche, [14][21] l’Auvergne et le Poitou sont élevées plusieurs troupes de gens, sous le nom de croquants, [22] lesquelles font une guerre aux partisans, et qu’on parle de deçà d’envoyer vers eux pour les apaiser. [15] Nous n’avons plus rien en la Valteline, [23] faute qu’on n’a envoyé de l’argent à M. de Rohan ; [24] si bien que, faute de 27 000 écus, nous avons perdu en un jour ce qui a coûté 40 millions de livres au roi depuis l’an 1618. [16] Le sieur Dupleix [25] est ici, qui fait imprimer en deux volumes in‑fo l’Histoire romaine, de même ordre et même style que sa française. [17] Elle commence à la fondation de Rome et finit après la bataille de Pharsale, [26] laquelle fit Jules César [27] premier empereur. [18] On a ici parlé de la mort du pape, [28][29] on ne parle plus que de sa maladie. [19] Le roi, Son Éminence et toute la cour sont à Rueil [30] et à Saint-Germain. [31] Je vous baise très humblement les mains et à madame votre femme, avec désir d’être à jamais, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,

Patin.

De Paris, ce 26e de mai 1637.


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Monsieur, [a][1]

Comme j’étais lundi matin, 14e de septembre, fort en peine de vous et de votre santé, et que j’avais délibéré de vous écrire exprès pour en savoir des nouvelles, votre lettre datée du 3e de septembre fut apportée céans ; par laquelle ayant reconnu que M. Lombard pourrait être arrivé, je fus sur l’heure de midi le chercher ; [1][2] et lui ayant montré votre lettre qu’à peine voulut-il voir, il me délivra votre paquet avec tout honneur, m’alléguant que si l’adresse du dit paquet n’eût été perdue (comme de fait elle était), qu’il m’eût envoyé le paquet plus tôt et que je n’eusse eu la peine de l’aller quérir. Je le remerciai bien humblement de sa courtoisie et lui ayant offert pour le port du dit paquet, qu’il refusa, m’en revins bien content d’avoir le paquet, et bien obligé à vous de votre bon souvenir et de la grande affection qu’avez pour moi, combien que je n’aie jamais rien mérité de semblable envers vous. Le lendemain matin M. Denise, [3] notre ancien ami, m’apporta de sa grâce votre troisième < lettre >. [2] En voilà donc trois pour lesquelles je vous dois réponse, quod faciam libentissime, et quam potero brevissime[3] Premièrement je ne manquerai point de vous envoyer copie des thèses [4] de feu monsieur votre père. [4][5] 2o Je ferai de vos paquets ce que me mandez et l’exécuterai soigneusement, en retenant de chacun d’iceux ce qui pourra servir à la deuxième édition, [5][6] et vous renvoyant le reste dans sa propre liasse. Je voudrais bien, en récompense de tant de peine que prenez pour moi, pouvoir vous rendre de deçà quelque bon service, et peut-être que quelque jour nous en aurons le moyen. En attendant quoi, je vous dirai que mercredi, 9e de ce mois, est ici morte Mme de Longueville, [6][7] âgée de 35 ans, d’une fièvre maligne [8] qui l’a prise en revenant de boire des eaux de Forges. [7][9] Le jeune Seguin [10] était son médecin, qui est extrêmement blâmé de l’avoir menée à Forges et de l’avoir traitée mal à propos, comme il a fait, et contre le conseil des autres médecins. C’est un coup de barre que la mort lui a donné sur la tête afin de l’humilier ; non plus, était-il trop arrogant. M. de Bussy-Lameth [11] a été tué devant La Capelle, [8][12] et M. de Rambure [13] y a été tellement blessé qu’on le tient pour mort. [9] On a néanmoins fait partir d’ici dès samedi deux célèbres chirurgiens, savoir Juif [14] et Fourmentin, [15] pour le traiter ; [10] je n’en ai rien appris depuis. On a achevé ici les Éloges latins de Papire Masson [16] en deux volumes in‑8o[11] avec de nouvelles lettres de Balzac, [17] dont le volume sera mi-partie : les françaises seront devant et les latines seront après. On vend ici l’Histoire de la République romaine en deux volumes in‑fo du sieur Dupleix. [12][18] Pendant un mois j’espère que nous aurons huit volumes du Galien grec-latin de M. Chartier ; [13][19][20][21][22] il est délibéré de les vendre tandis qu’il achèvera les six autres. [14] Je vous baise très humblement les mains, et à mademoiselle votre femme, en demeurant, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,

Patin.


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Monsieur, [a][1]

Il faut premièrement que je vous demande pardon d’avoir été si longtemps à vous écrire, avant que de vous dire que, depuis tantôt trois mois, j’attends, de jour en jour, d’avoir les deux livres que je vous envoie, lesquels je vous prie d’avoir agréables. Les libraires sont si longtemps à achever leurs livres que c’est une misère. Le libraire qui a imprimé la Pathologie de Fernel [2] me l’a dédiée, pour cause que je vous ferai voir quelque jour. [1] Pour le Riolan[3] c’est un médecin agrégé de Lyon, nommé M. Sauvageon, [4] qui a pris le soin de le faire réimprimer ; [2] mais n’en ayant pas la meilleure copie, je lui donnai la mienne où j’avais fait d’étranges remarques et corrigé bien des fautes, dont il en est néanmoins resté encore quelques-unes. Quidquid est muneris libenter precor accipe[3] Je vous renvoie aussi vos papiers et folia sparsa Passerati[4][5] desquels je vous remercie bien humblement. J’en ai retenu quelques-uns, par le moyen desquels je pourrai enrichir la première édition qui se fera de ses œuvres. Si néanmoins ceux à qui ces pièces appartiennent les requéraient, je ne désire en aucune façon vous être importun, ni à eux aussi. Dicto citius[5] je vous renverrais le tout, vous n’aurez qu’à m’en faire savoir votre volonté. Il y a entre autres des vers d’un Franc. Insulanus ad Ios. Scaligeri epistolam[6] dont ledit Scaliger [6][7] a parlé dans ses Épîtres, que je suis bien aise d’avoir. On m’a ici assuré que l’on imprime en Hollande les Épîtres de Casaubon, [8] dont il doit y en avoir plusieurs à Scaliger ; [7] lesquelles seront excellentes, vu que dans celles de Scaliger il y en a plusieurs fort bonnes à Casaubon. Plût à Dieu que nous eussions ce livre, j’en ai extrêmement bonne opinion. On a réimprimé en quatre volumes in‑fo à Anvers [9] les œuvres de Lipse, [10] de fort belle impression, mais la guerre nous empêche d’en avoir librement. [8] J’en ai vu ici un exemplaire qui est venu par Angleterre, qui revient à 25 écus à cause des frais du port. Je vous baise très humblement les mains et suis, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

Patin.

De Paris, ce 8e de décembre 1637.


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L. 37.  >
À Claude II Belin,
le 3 janvier 1638

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 3 janvier 1638

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(Consulté le 26/04/2024)

 

Monsieur, [a][1]

Je vous remercie bien humblement de la vôtre, comme aussi du pâté [2] que vous nous avez envoyé. Je suis honteux que nous fassiez tant de présents, vu que je n’ai aucune occasion de deçà pour m’en revancher ; mais je vois bien aussi que par ci-devant il y a eu quelqu’une de mes lettres qui vous a échappé et ne vous a pas été rendue, par laquelle je vous priais de ne m’envoyer jamais de pâté ni autre chose quelconque, vu que, outre que je suis tout à fait indigne de vos présents, les présents mêmes, et particulièrement entre amis, sont importuns et suspects. J’en ai dit davantage dans ma lettre autrefois, laquelle je crois avoir été perdue : ces présents-là vous incommodent, et moi, qui n’en mange jamais, suis obligé de les donner à des gens qui ne le méritent pas toujours ; et outre la prière de jadis, je vous la réitère, et vous en prie bien humblement. Je suis tout honteux et confus en moi-même quand je pense et repasse par mon esprit toutes les obligations que je vous ai et tous les bienfaits que j’ai reçus de vous en diverses occasions, combien que je n’en aie jamais mérité la moindre partie. Vous me ferez donc la faveur de vous en souvenir ; et pour les petits services que je vous pourrai rendre de deçà, si tant est que je sois assez heureux de vous en pouvoir rendre quelques-uns, vous m’obligerez de me conserver en vos bonnes grâces. Quant à M. Le Bé, [3] je n’ai pu avoir le bonheur de le rencontrer. [1] Le petit Sorel [4] m’a dit qu’il s’était chargé des livres et des papiers que je vous renvoyais. Utinam procul a vobis fuget Loyolitas[2][5] M. de Fresne-Canaye [6] les a accommodés comme il faut. J’ai tout lu son troisième tome, où ils sont dépeints naïvement : [3] je m’en rapporte aux pages 17, 19, 34, 35, 66, 79, 82, 85, 86, 119, 143, 154, 177, 186, 405, 406 ; Ordre entrant et pénétrant comme celui-là, pag. 413, 443. [4][7] Le P. Caussin [8] a perdu sa place pour avoir imprudemment entretenu le roi [9] de la protection qu’il donne aux protestants, et de la reine mère. [5][10] Le cardinal [11] dit que c’était un fin moine et qui, en ses entretiens particuliers avec le roi, ne débattait de rien moins que des Hollandais, des Suédois et de la reine mère. [6] On a mis à sa place un P. Sirmond, [7][12] Auvergnat, qui sera plus fin que lui, que l’on a envoyé à Rennes, [8][13] où il aura loisir de corriger les sottises et les fautes qu’il a faites en sa Cour sainte, et principalement au troisième tome. Ce P. Sirmond est un très savant homme, mais néanmoins jésuite. C’est lui-même dont parle le cardinal d’Ossat [9][14] au fait de Marthe Brossier, [10][15][16][17] l’an 1599 et 1600. [11] Il n’y a ici rien de nouveau. Toute la cour est à Saint-Germain. [18] Je vous donne le bon jour et suis, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

Patin.

De Paris, ce 3e de janvier 1638.


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L. 38.  >
À Claude II Belin,
le 10 mars 1638

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(Consulté le 26/04/2024)

 

Monsieur, [a][1]

Je sais bien que vous avez toute occasion de vous plaindre de ma négligence. J’espère néanmoins en obtenir pardon de vous quand vous considérerez que je n’ai rien de nouveau digne de vous être mandé, puisqu’il n’y a rien de deçà qui vous vaille ; joint que l’on m’a donné en nos Écoles une charge cette année d’examinateur [2][3] qui m’empêche bien, et de laquelle je ne serai dépêtré qu’à Pâques. [1] Tant de gens me viennent voir et courtiser que j’en suis étourdi, vu que je ne veux faire à aucun autre faveur que celle qu’il méritera. Multa nihilominus sibi deberi putat officiosissima natio candidatorum[2] comme les appelle Cicéron. [4][5] Je me réjouis, en attendant mieux, de ce que les loyolites [6] ne sont pas les plus forts in gente vestra[3] S’ils n’y peuvent mettre pied ni aile, je louerai tout ensemble votre courage et votre honneur, et dirai a Domino factum est istud[4][7] On nous assure ici que Jean de Werth [8] a été pris prisonnier par le duc de Weimar. [5][9] Il semble que cette prise nous soit aussi avantageuse que si c’était le duc de Hongrie. [6] Je suis du même avis que le poète qui a fait les vers suivants : [10][11]

Cum Ianum veterem clausum tenuere Quirites,
Florentis signum pacis ubique fuit :
Nulla salus bello, pax toto poscitur orbe,
Nos Ianum viridem clausimus ? ecquid erit ?
 [7]

Je prie Dieu qu’il nous donne une bonne paix. On espère toujours bien de la grossesse de la reine. [8][12][13][14][15] La paix et un dauphin, [16][17] ou un dauphin et la paix seraient les bienvenus. [9] Après ces souhaits en général, je n’en puis faire d’autres que pour votre conservation et celle des vôtres, auxquels tous je baise les mains, et à vous particulièrement, < moi > qui désire être toute ma vie, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

Patin.

De Paris, ce 10e de mars 1638.


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L. 39.  >
À Claude II Belin,
le 7 avril 1638

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(Consulté le 26/04/2024)

 

Monsieur, [a][1]

Je vous aurais fait réponse par votre chirurgien lorsqu’il s’en est retourné, [1][2] n’eût été que j’avais dans la tête une affaire qui m’empêchait d’écrire avec liberté à mes amis : notre Faculté m’a fait cette année examinateur, [3] dont je me suis acquitté du mieux qu’il m’a été possible. Nous reçûmes en vertu de cette charge samedi dernier, 27e de mars, neuf bacheliers [4] en médecine, [2] pro biennio proximo[3][5][6][7] Maintenant que je suis déchargé de ce fardeau, [4] je vous dirai que pour les thèses [8] de feu monsieur votre père, [9] ce sera pour cet été que je les transcrirai moi-même, et vous les enverrai fidèlement ; ne vous en mettez pas en peine. Toute la cour est ici à Saint-Germain. [10] On espère toujours en la grossesse de la reine, [11] laquelle n’a encore senti aucun mouvement de son enfant. Vendredi 26e de mars fut ici exécuté à la Croix du Trahoir [5][12] un homme âgé de 66 ans, natif de Nérac, [6][13] qui, par intelligence qu’il avait avec le duc de Lorraine, [14] avait, ce dit-on, entrepris un étrange dessein sur la vie de M. le cardinal ; [15] il fut rompu tout vif. [7][16] Le jour d’auparavant on avait mis dans la Bastille [17] prisonniers trois bourgeois qui avaient été chez M. Cornuel [18] et l’avaient en quelque façon menacé, sur le bruit que l’on veut arrêter les rentes de l’Hôtel de Ville [19][20] et convertir cet argent in usus bellicos[8] Ces trois rentiers se nomment de Bourges, [21] Chénu [22] et Celoron, [23] et sont tous trois boni viri optimique mihi noti ; [9] je prie Dieu qu’il ne leur arrive pas de mal. Le chevalier de Jars [10][24] est hors de la Bastille à la prière du roi [11][25][26] et de la reine d’Angleterre, [12][27][28] qui ont obtenu cette faveur du roi pour lui. M. de Créqui, [29][30] maréchal de France, a été tué d’un coup de canon au Milanais, [31] le 17e de mars. [13] On dit que les Espagnols perdent et ravagent tout en Picardie. Je ne sais quel ordre on y donnera, mais on n’en dit rien ici. Le roi [32] a envoyé en Piémont [33] M. le comte de Guiche [34] y porter ses ordres, [14] à cause de la mort de M. de Créqui ; on dit que par ci-après M. le cardinal de La Valette [35] ira. Son Éminence a été en colère contre la Sorbonne [36] et en a menacé quelques-uns de là-dedans ; je ne sais ce que cela deviendra. Samedi 27e de mars est ici mort in ædibus Sorbonnæ [15] M. Filesac, [37] plusquam octogenarius, vir magnæ doctrinæ et virtutum cumulo insignis[16][38] Il était le doyen et l’ancien maître de Sorbonne ; c’est le vieux Du Val [39] qui lui succède. [17] On a pendu en Lorraine [40] un jésuite qui avait des intelligences sur Stenay [41] avec le duc Charles. [18] Le pape [42] a fait retirer de Savoie un autre jésuite, nommé le P. Monod, [43] qui avait rendu la duchesse de Savoie [44] d’inclination tout espagnole ; et a fallu que le pape s’en soit mêlé parce que M. le cardinal et le roi même n’en avaient pas pu venir à bout. [19] On dit que Casal [45][46] est en grand danger d’être pris cette année par les Espagnols, à cause qu’ils se sont rendus maîtres d’une ville dénommée Brême, [47] laquelle nous tenions et qui couvrait Casal. Elle nous avait merveilleusement coûté à fortifier et néanmoins, nous est échappée par la pusillanimité du gouverneur qui l’a rendue aux Espagnols avant qu’il n’y eût brèche. [20] Cela obligera le roi d’envoyer de nouvelles troupes en Italie si on veut conserver Casal. En récompense, le duc de Weimar [48] a pris Rhinfeld. [21][49] M. le Prince [50] est parti pour la Guyenne. [51] M. de Longueville [52] s’en va en la Franche-Comté, [22][53] et M. de Châtillon [54] s’en va, à ce qu’on dit, en Flandres. [55] On dit que le roi est d’accord avec les Hollandais pour dresser une armée navale, à laquelle chacun contribue force vaisseaux, et que l’archevêque de Bordeaux [56] sera celui qui y commandera pour le roi. On dit que c’est pour assiéger Gravelines [57] ou Dunkerque, [58] des garnisons desquelles les Hollandais sont trop incommodés. [23] On dit encore beaucoup d’autres choses que je ne vous mande point parce qu’elles ne sont pas encore trop certaines. Je vous prie seulement de croire pour très certain que je suis et serai toute ma vie, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,

Patin.

De Paris, ce 7e d’avril 1638.

Le roi a fait commandement à MM. les présidents Champrond [59] et Barillon [60] de se retirer en leurs maisons, [24] comme aussi à quatre conseillers, qui sont MM. Thibeuf, [61] Foucault, [62] de Sallo [63] et Sevin, [25][64] pour avoir parlé des rentes de l’Hôtel-de-Ville.


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