Je vous envoyai ma dernière datée du 7e de mars par la voie de M. Garnier, [2] votre confrère, auquel j’avais fait réponse pour une lettre qu’il m’avait fait l’honneur de m’écrire. Les Anglais avaient retenu prisonnier jusqu’ici le troisième fils de leur feu roi, [3] que l’on nomme le duc de Gloucester. [4] Enfin, ils l’ont mis en liberté et l’ont envoyé à Calais avec 50 000 écus qu’ils lui ont donnés. On dit qu’il ne vient point de deçà, mais qu’il s’en va en Hollande y trouver sa sœur la princesse d’Orange, [5] qui est veuve. Il y a un proverbe grec qui chante que Stultus ille est qui occiso patre sinit vivere liberos, [1][6] mais les Anglais témoignent par ce fait qu’ils ne craignent rien. Ils lui ont défendu de rentrer de sa vie en Angleterre et que si on l’y trouvait jamais, ils le feraient mourir.
Le roi [7][8] a tant dansé pour son ballet qu’il en est devenu malade. [9] Il a été saigné [10] le dimanche 9e de mars pour la fièvre qui le tenait bien fort. Le même jour on l’a fait jouer, [11] il a gagné 3 000 pistoles, cela l’a si fort réjoui qu’il en est guéri. [2] Le Mazarin [12] a envoyé demander permission de manger de la viande ce carême [13] au curé de Saint-Germain-l’Auxerrois. [14] Il lui a refusé. Le Mazarin lui a renvoyé faire la même demande avec une attestation signée de deux médecins de la cour. Il l’a derechef refusée, alléguant qu’il ne connaissait point ces gens-là. Le même curé a été voir la reine [15] et l’a priée d’empêcher qu’en ce saint temps de carême on ne dansât plus le ballet. Elle ne lui a rien promis, mais elle a trouvé mauvais pourquoi il voulait empêcher les plaisirs et divertissements du roi. Le Conseil du roi a résolu d’assiéger Bellegarde, [16] on en fait ici les apprêts, les pionniers et mineurs sont ici qui n’attendent qu’après de l’argent. [3] On [a] déjà envoyé devant dix compagnies du régiment des gardes pour commencer, avec les troupes qui < se > joindront dans la province par les ordres de M. d’Épernon [17] et des états de la Bourgogne. [18] On [dit] pareillement qu’il faudra que Bordeaux [19] se rende bientôt au roi, étant enfermée tantôt [de] tous côtés. [4] On dit que le roi et la reine ne bougeront d’ici et que le Mazarin ira en Bourgogne à cause de Bellegarde, et delà qu’il passera à Bordeaux.
Ce 14e de mars. Mais Dieu merci, voilà que je reçois votre lettre du 7e de mars, laquelle m’a fort réjoui. Je suis bien aise de savoir des nouvelles de votre santé et vous remercie très affectueusement des quatre livres du P. Th. [20] que m’avez envoyés, et du petit cinquième pareillement. J’ai envoyé au coche de Lyon tout à l’heure mon second fils, [21] lequel sur-le-champ m’a apporté et rendu le paquet, lequel a été maltraité dans le coche par quelque ferraille qui a gâté six feuilles de l’in‑4o du P. Th., mais il n’importe. J’ai envoyé le tout à mon relieur sur-le-champ, et moi-même ai porté la lettre et le paquet à M. Moreau [22] que je pensais prendre à la fin de son dîner, mais il était déjà sorti. J’ai jeté l’œil sur l’in‑4o du P. Th. où je l’ai entre autres vu fort en colère contre le bon Érasme, [23] nec tamen miror, cum probe meminerim authorem libri esse hominem Loyoloticum : [5] ces gens-là sont liés par le ventre et n’osent dire la vérité malgré les supérieurs de peur que l’on ne les mette à la porte. Au reste, j’ai reçu le tout franc de port. Je vous prie de tenir compte pour moi, tant du prix que vous ont coûté lesdits livres que pour le port même, et de m’en envoyer le billet afin qu’en payant comptant, je m’acquitte envers vous de ce côté-là puisque je ne le puis faire de l’autre, vous étant trop particulièrement obligé en tant d’autres façons. Faites-moi pareillement le bien de me mander si ce P. Th. est aujourd’hui à Lyon ou en Savoie [24] et si l’on n’imprime rien de nouveau de lui à Lyon. Il a autrefois pr[omis] un livre de apostatis religiosis où il avait dessein de mettre Judas tout le premier. [6][25] Je pense que cet ouvrage serait fort curieux, il n’oublierait point là-dedans Érasme, qui a été en sa jeunesse moine de l’Ordre de Saint-Augustin, [26][27] Buchanan, [28] ni Scaliger le père, [29] que Génébrard [30] et Scioppius [31] ont accusés d’avoir été cordeliers, [32] et tant d’autres quos fama obscura recondit. [7]
L’Histoire des conclaves sera un livre bien friand, mais l’imprimeur [33] qui le fera doit se garder que les loyolites, qui sont les janissaires du pape, ne le découvrent et ne le mettent en peine p[ar un] procès ; cela se ferait plus sûrement près du lac Léman. [8]
Si l’impression des œuvres de M. Rivière [34] est commencée, [9] vous me pouvez bien mander si c’est in‑fo et quels traités cet ouvrage contiendra : y aura-t-il quelque théorie, comme j’ai ouï dire ? Je voudrais qu’il y eût ajouté quelque belle pathologie avec une bonne méthode générale qui ne fût pas tant pharmaceutique et guère chimiste. Ces deux dernières pièces [10] donnent trop de mauvais exemples aux jeunes gens qui ne sont pas encore confirmés in fide neque in operibus artis, [11] et qui en abusent trop légèrement, pessimo multorum detrimento et publico incommodo. [12] Le Sennertus [35] in‑fo avance-t-il, en deux tomes, quand sera-t-il achevé ? M. Rigaud [36] ne travaillera-t-il jamais pour nous sur le manuscrit de notre bon et cher ami, feu M. Hofmann ? [13][37] On imprime quelque chose de lui à Nuremberg, [38] j’espère que M. Volckamer, [39] à qui j’ai écrit depuis peu, m’apprendra ce que c’est par sa première réponse ; il m’a mandé que c’étaient des questions de médecine.
Cette nuit dernière a été, par commandement du roi, arrêté prisonnier un conseiller de la Cour, nommé M. de Croissy-Fouquet. [40] Il était un des exilés, avec défense de rentrer dans Paris. On a découvert qu’il y était, caché chez un tonnelier, on l’a mené à la Bastille. [41] Il a jusqu’ici merveilleusement été du parti du prince de Condé, [42] cela met sa personne en plus grand danger. [14] On dit que le roi sortira de Paris au premier beau temps et qu’il ira prendre l’air à Fontainebleau, [43] mais que la reine demeurera à Paris. [15]
J’ai fait présent à M. Riolan [44] d’un petit livret fraîchement imprimé à Londres et fait par M. Caspar Bartholin, [45] de lacteis thoracicis. [16] Il l’a, ce dit-il, lu avec grand plaisir et puis l’a réfuté. Il en a fait un petit livret d’environ quatre feuilles qu’il fera imprimer bientôt ; [46] c’est contre l’opinion de Pecquetus : [47] il dit qu’il a bien raffiné là-dessus et que ni Bartholin, ni Pecquet n’entendent pas ce mystère. [48][49]
M. Du Buisson, [50] libraire de Montpellier, est enfin arrivé, il étalera la semaine prochaine ses livres dans une boutique de la rue Saint-Jacques [51] qu’un libraire lui prête, aussi bien que son nom, afin de les pouvoir ici débiter impunément. [17] Je tâcherai d’y aller et vous manderai ce que j’en aurai vu ou acheté. Il s’est vanté d’avoir beaucoup de livres rares et curieux, et principalement d’histoires.
Le duc de Damville [52] est disgracié et congédié de la cour, on croit que c’est quelque soupçon que l’on a eu de quelque faveur du roi envers lui. [18] On parle de faire le procès de M. de Croissy-Fouquet : M. le chancelier [53] a été au Parlement, où ont été nommés des commissaires pour l’interroger ; c’est la garce de son valet de chambre qui l’a trahi et fait prendre ; on dit pourtant qu’il n’en mourra point, pour la crainte et la conséquence des représailles.
M. le chancelier est retourné au Parlement le 18e de mars y porter l’amnistie pour le comte Du Dognon [54] qui remet son gouvernement au roi moyennant un bâton de maréchal de France et 500 000 livres qu’on lui promet ; on n’en tient pourtant encore rien d’assuré. [19]
Le même jour, le roi est parti pour aller à Fontainebleau avec le Mazarin. [15] On dit que c’est pour divertir le roi de la pêche d’un étang ; d’autres, que le duc d’Orléans [55] s’y doit rendre ou tout au moins, y envoyer de sa part pour y faire son accord, sed omnia sunt incerta. [20] il en est revenu trois jours après.
Je vous supplie de présenter mes très humbles recommandations à Messieurs vos confrères, MM. Gras, Garnier et Falconet. On a ici reconnu quelques capitaines de M. le Prince qui y ont été arrêtés et mis dans la Bastille. On nous promet ici un jubilé [56] pour quelque temps avant Pâques, c’est une consolation pour ceux qui y croient, et même pour ceux qui n’y croient point car il y a beaucoup de gens qui y gagnent.
< Ce > samedi 22e de mars. J’ai vu passer ce matin en grande pompe dans la rue un chariot couvert d’un deuil superbe, tiré de six beaux chevaux bien enharnachés, suivi de plusieurs cavaliers et de quelques autres carrosses à six chevaux qui prenaient le chemin de la rue de la Harpe. [21][57] C’est le corps de feu M. de Nemours [58] que l’on porte à Annecy [59] en Savoie [60] pour être mis dans le tombeau de ses ancêtres. C’est celui que M. de Beaufort, [61] son beau-frère, tua en duel [62] le mois de juillet passé. Et tout cela n’est que malheur et vanité de prince, sorte de gens qui ne font la plupart bien que lorsqu’ils meurent. S’il ne se fût point laissé tuer, il pourrait encore être en vie et avoir épargné toute la dépense de ses funérailles. Il n’est rien tel que de vivre, bonum est nos hic esse. [22][63]
Je voudrais bien m’empêcher de vous donner des commissions, mais pardonnez-moi, s’il vous plaît, en voici encore une qui me presse : je vous supplie de me chercher un livre imprimé à Lyon intitulé Breviarium Chronologiæ sacræ et humanæ, auct. Theop. Raynaudo, cum Auctario Claudii Clementis, in‑fo grandi, [64] et du même auteur, De Modo procedendi in Societate, in‑8o, Preces sanctorum, in‑8o, De sacra Synode Bisontina, etc., De origine Carthusianorum ; [23] et en même temps, je vous demande pardon de tant de peines que ma curiosité vous donne.
Ce 25e de mars. Le prince de Condé a ici envoyé un trompette en faveur du conseiller arrêté nommé M. de Croissy-Fouquet. Il était au Bois de Vincennes, [65] on l’a ramené à la Bastille ; l’on dit qu’il doit être examiné cette semaine, mais l’on doute si on ira jusqu’à la mort, pour la juste appréhension des représailles dont le prince de Condé menace. On tient ici pour mort votre cardinal de Lyon [66] et qu’il en est venu un courrier exprès à M. le maréchal de Villeroy. [24][67] On [dit] aussi que M. d’Aisnay [68][69] aura l’archevêché de Lyon, et que le Mazarin aura la charge de grand aumônier et ses abbayes : sic omnes fluvii currunt ad mare, quod numquam redundat. [25][70]
On dit ici, après la reine, que le roi de Pologne [71] est mort de poison que ses sujets lui ont donné, [72] ayant reconnu qu’il avait envie de se rendre souverain dans son royaume. Il a un frère [73] qui pourra bien être son successeur comme fils de roi et frère des deux derniers rois. Ce dernier avait été jésuite, par après cardinal, enfin roi ; et puis le voilà mort : Omnia fuit, et nihil expedit, [26][74] il est venu au gîte, comme tous les hommes y viennent tous les jours.
Je vous supplie très humblement de faire mes recommandations à M. Duhan, [75] libraire de Lyon, et de le remercier en mon nom du livre du P. Théophile, qu’il m’a envoyé. [5]
Je suis bien en peine de M. Musnier, [76] médecin de Gênes, [77] duquel je n’ai reçu aucune lettre il y a longtemps. Je vous prie de faire en sorte que M. Ravaud [78] vous délivre le paquet qu’il doit recevoir pour moi de ce pays-là et d’en payer tout ce qu’il faudra ; et puis après, nous aviserons du moyen de les faire venir de deçà tandis que vous l’aurez chez vous en votre garde. Je suis fort en peine de ce M. Musnier et en ai quelque sinistre opinion en l’esprit.
Votre Sennertus en deux tomes sera-t-il bientôt achevé ?[13] Imprime-t-on à Lyon en français ou en italien, in‑8o ou in‑4o, les conclaves des papes et depuis quel temps ?[8] A-t-il commencé devant 100 ou 200 ans en çà ? Ce livre doit être bien curieux et bien agréable.
On dit ici que ceux de Bordeaux se sentant fort pressés et se voyant en danger, commencent à vouloir se bien remettre au service du roi et à demander l’amnistie. [4] J’ai délivré la Vie de M. Dupuy, [79][80] faite par M. Rigault, à un honnête homme lyonnais nommé M. de Caimis, [81] qui l’a mis dans sa valise et qui m’a promis de vous le faire délivrer dès que sa valise sera à Lyon. Voyez-y à la page 39 et 40 où le cardinal de Richelieu [82] est déchiffré ; [27] et recevez ce petit présent en bonne part en attendant que le paquet, que je vous envoie par la voie et dans une des balles de M. Jost, [83] vous soit rendu, comme il me promet que ce sera, avant la fin du mois présent.
Ce 1erd’avril. J’ai reçu nouvelles ce matin de M. Musnier de Gênes, lequel a pensé mourir, il a été cinq semaines au lit. Son paquet de livres était encore à Gênes lorsqu’il m’a écrit, mais il me mande qu’il s’en va bientôt l’envoyer à Marseille. Les troupes du prince de Condé ont repris la ville de Sarlat. [28][84] Le P. Faure, [85] cordelier qui suis histrionicis concionibus [29] avait gagné l’an passé l’évêché de Glandèves, [86] a attrapé depuis quelque temps l’évêché d’Amiens. [87]
Un autre cordelier nommé le P. Ithier, [88] avec de l’argent qu’il avait touché de deçà, avait entrepris une conspiration dans Bordeaux pour remettre cette grande ville entre les mains de M. de Vendôme [89] et de M. de Candale, [90] qui étaient là tout près. Les moines et les moinesses étaient de la partie, mais le tout a été découvert. Le P. Ithier a été fait prisonnier, et même est déjà pendu si le prince de Conti, [91] qui autrement était perdu, n’a eu quelque respect pour la conséquence des représailles. [30]
On dit que les Espagnols menacent Calais [92] du siège, on y a envoyé d’ici quelques troupes. Le procès de M. de Croissy-Fouquet va fort lentement, il y a grande apparence qu’on ne lui fera rien. C’est peut-être de peur que le prince de Condé ne se venge de deçà sur quelqu’un qui serait innocent. Le Mazarin a le cordon bleu [93] et est grand aumônier à la place de votre défunt cardinal, [31] mais on ne dit point encore assurément qui aura l’archevêché de Lyon ; néanmoins, on croit que ce sera M. l’abbé d’Aisnay. [25] Unum mihi superest quod scribam : [32] faites-moi la faveur de me conserver en vos bonnes grâces et de croire que je serai toute ma vie, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,
Guy Patin.
De Paris, ce 1er d’avril 1653.
1. |
« Est insensé celui qui, ayant tué le père, permet à ses enfants de vivre » (Aristote, v. note [29], lettre 86). Henry, duc de Gloucester (v. note [5], lettre 277), troisième fils de Charles ier d’Angleterre et de Henriette de France, était frère de Marie, veuve de Guillaume d’Orange depuis le 6 novembre 1650 (v. note [11], lettre 252). Le jeune prince avait lui-même demandé au Parlement la permission de quitter l’Angleterre, qui la lui accorda. Pour Cromwell, c’était mettre fin à la tentation d’asseoir Henry sur le trône et assumer implicitement la charge de Lord Protecteur qu’il allait recevoir en décembre 1653. Selon Fraser (page 516), Gloucester ne reçut que 500 livres sterling pour financer sa traversée de la Manche. |
2. |
V. note [39], lettre 307, pour le ballet que jouait alors Louis xiv. Antoine Vallot (Journal de santé du roi, pages 80‑81, année 1653) a fourni des précisions sur sa maladie :
Le cristal minéral n’était pas de l’antimoine, mais « du nitre mis dans un creuset et dans un fourneau, qu’on fait fondre, sur lequel on jette diverses fois une once de fleur de soufre, qu’on y fait brûler et consumer » (Furetière). Le même Journal relate que sur la fin du même mois de mars 1653 survint un « flux de ventre du roi, fort opiniâtre, qui approchait de la dysenterie et de la nature du flux mésentérique [v. note [4], lettre 69], lequel dura plus de huit mois ». Vallot attribuait cette maladie à un abus de breuvages sucrés et artificiels, particulièrement de limonades, et d’oranges du Portugal, et à ce que le roi « voulut à son ordinaire, et contre les avis que j’avais donnés, garder religieusement le carême; » après la survenue des premiers symptômes. Cette dysenterie prolongée peut évoquer une amibiase ou une typhoïde (v. note [1], lettre 717). Le roi en guérit enfin, probablement moins par le fait des multiples remèdes qu’administra Vallot, que des bons effets d’une solide nature. |
3. |
V. note [27], lettre 307, pour le siège de Bellegarde (Seurre en Bourgogne). Pionniers et mineurs représentaient aux armées ce qu’on appelle aujourd’hui le génie. |
4. |
Journal de la Fronde (volume ii, fos 198 vo et 199 ro) :
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5. |
« et je n’en suis cependant pas surpris car je ne perds nullement de vue que l’auteur du livre est homme loyolitique ». Dans les Erotemata [Interrogations] du P. Théophile Raynaud sur les « bons et mauvais livres » (v. note [7], lettre 205) où Guy Patin avait « jeté un œil », la critique d’Érasme (1466-1536, v. note [3], lettre 44) se trouve dans la Partitio i (Libri Atheorum, num damnandi [Livres des athées à condamner maintenant] Erotemata iv (Libri eorum proscribendi ; ac primum impie facetorum, ut Rabelesii, atque Erasmi [Leurs livres qu’il faut proscrire, et en premier ceux dont les facéties sont impies, comme Rabelais et Érasme]) (pages 22‑23) :
V. note [15], lettre 745, pour un autre extrait de ce chapitre contre Érasme. |
6. |
V. note [15], lettre 300, pour le livre du P. Théophile Raynaud « sur les religieux apostats ». |
7. |
« qu’un nom obscur a laissé oublier » (Virgile, v. note [11], lettre 251). Gilbert Génébrard (Riom 1537-Semur-en-Auxois 1597) entra dans l’Ordre des bénédictins puis se rendit à Paris où, sous les meilleurs maîtres du temps, il étudia le grec, la philosophie et la théologie. Reçu docteur en théologie (1563), il fut appelé à occuper une chaire d’hébreu au Collège royal (1566). Plus tard, Génébrard se jeta dans le parti de la Ligue dont il devint un des champions les plus exaltés, attaqua avec acharnement Henri iv dans des sermons remplis de provocations séditieuses et obtint du duc de Mayenne, en récompense de son zèle fanatique, l’archevêché d’Aix. Lorsque la Ligue fut vaincue à Paris et en Provence, il se réfugia à Avignon où il composa et publia un traité De sacrarum electionum Iure [Du Droit des élections sacrées] (1593) où il établissait que les évêques devaient être élus par le Clergé et le peuple, et non point nommés par le roi. Sur l’ordre de Henri iv, le parlement d’Aix condamna ce livre aux flammes et bannit l’auteur qui obtint cependant d’aller finir ses jours au prieuré de Semur. Rien n’autorise à affirmer que Jules-César Scaliger et George Buchanan aient été moines cordeliers, mais Érasme eut une jeunesse ecclésiastique : ses parents étant morts, on l’envoya à neuf ans (1475) étudier à l’école capitulaire de Deventer (Overijssel), puis à Bois-le-Duc ; en 1487, il entra au cloître des Augustins de Steyn où il prononça ses vœux en 1488 et fut ordonné prêtre en 1492 par l’évêque d’Utrecht. V. note [25] du Borboniana 9 manuscrit pour un distique latin attaquant le monachisme d’Érasme. |
8. |
Guy Patin allait reparler de ce projet dans une lettre datée du 28 octobre 1663 ; il n’était alors toujours pas édité. Une histoire des conclaves a paru à Genève, en italien, en 1667 (v. note [1], lettre 943). |
9. |
10. |
Matières. |
11. |
« dans la foi ni dans les œuvres de l’art ». |
12. |
« pour le plus grand préjudice de beaucoup de gens et au désavantage du public. » |
13. |
V. notes [33], lettre 285, pour les Opera de Daniel Sennert (édition de Lyon, 1656) et [1], lettre 274, pour l’édition des Chrestomathies de Caspar Hofmann confiée au libraire lyonnais Pierre Rigaud. |
14. |
Antoine Fouquet de Croissy (v. note [13], lettre 202), fidèle partisan de Condé, avait été l’un des parlementaires exilés en octobre 1652 (v. note [33], lettre 294). Revenu clandestinement à Paris, il y était arrêté aussitôt que découvert. Journal de la Fronde (volume ii, fo 198 ro et vo, 18 mars 1653) :
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15. |
Journal de la Fronde (volume ii, fo 198 vo, 18 mars 1653) :
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16. |
Thomas Bartholin (et non Caspar i, son père, comme l’écrivait ici Guy Patin) : De lacteis thoracis in hominis brutisque nuperrime observatis, Disputatio : Respond. Michaele Lyser [Thèse sur les lactifères thoraciques récemment observés chez les hommes et les bêtes : Michel Lyser (ami et préparateur de T. Bartholin), répondant] (Copenhague, 1652, in‑4o pour la première édition ; Londres, 1652, in‑8o pour la seconde). A.‑J.‑L. Jourdan in Panckoucke :
V. note [15], lettre 280, pour les Experimenta nova anatomica… (1651, 1654) de Jean Pecquet où il a relaté sa découverte de la circulation lymphatique en 1647. La réponse de Jean ii Riolan à Thomas Bartholin est contenue dans sa troisième série (v. note [7], lettre 51) d’Opuscula anatomica, Opuscula nova anatomica : Iudicium novum de venis lacteis tam mesentericis quam thoracicis, adversus Th. Bartholinum. Lymphatica vasa Bartholini refutata. Animadversiones secundæ ad Anatomiam reformatam Bartholini. Eiusdem Dubia Anatomica de lacteis thoracicis resoluta. Hepatis funerati et ressuscitati Vindiciæ. Authore Ioanne Riolano [Opuscules anatomiques nouveaux : Nouveau jugement sur les veines lactées, tant mésentériques que thoraciques, contre Thomas Bartholin ; réfutation des vaisseaux lymphatiques de Bartholin ; secondes animadversions contre l’Anatomie révisée de Bartholin ; résolution de ses doutes sur les lactifères thoraciques ; Défense du foie qui a été enterré et que voilà ressuscité, par Jean Riolan] (Paris, Vve de Mathurin Dupuis, 1653, in‑8o ; achevé d’imprimer le 8 novembre 1653). On trouve sur Medicasous la même reliure, chez le même éditeur, la même année et au même format cinq réimpressions des opuscules de Bartholin :
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17. |
Étaler : « Exposer de la marchandise en vente, la mettre à l’étalage à la vue du public » (Furetière). Le système du prête-nom et de « prête-officine » avait été fixé par un édit de décembre 1649 : tout marchand forain devait présenter pour contrôle ses balles au syndic de la Communauté des libraires ou à ses adjoints ; il ne pouvait débiter ses livres à Paris que par l’intermédiaire d’un libraire de la capitale ; son séjour ne pouvait excéder trois semaines (Jestaz). |
18. |
Journal de la Fronde (volume ii, fo 198 ro, 18 mars 1653) :
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19. |
Journal de la Fronde (volume ii, fo 198 vo, 18 mars 1653) :
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20. |
« mais tout cela est incertain. » Il n’y eut alors pas de réconciliation entre le roi et son oncle, Gaston d’Orléans. Pêcher un étang, c’était, tous les trois ans, le vider pour y ramasser tous les poissons qu’on y avait élevés. |
21. |
La rue de la Harpe (dont il subsiste un tronçon dans le ve arrondissement de Paris) était alors une importante artère du Quartier latin. Elle suivait le tracé de l’actuel boulevard Saint-Michel, montant depuis la rue Saint-Séverin jusqu’à la porte Saint-Michel (actuelle place Edmond-Rostand, au niveau de la rue Soufflot). |
22. |
« il est heureux que nous soyons ici » (Marc 9:5, paroles de Pierre à Jésus lors de sa transfiguration). V. note [42], lettre 292, pour le duel où le duc de Beaufort tua son beau-frère, Charles-Amédée de Savoie, duc de Nemours. |
23. |
Je n’ai identifié que trois ouvrages du P. Théophile Raynaud dans cette liste :
Sommervogel n’a recensé aucun titre sur les trois autres sujets : « de la manière de réussir dans la Société de Jésus », « du concile sacré de Besançon » (tenu en 444, qui aboutit à la déposition de Célidonius, évêque de Besançon qui avait épousé une veuve), et « de l’origine des chartreux ». |
24. |
Alphonse-Louis du Plessis de Richelieu, frère aîné du cardinal-duc de Richelieu, cardinal-archevêque de Lyon était mort d’hydropisie le 23 mars. Le maréchal de Villeroy (v. note [5], lettre 133) était alors gouverneur du Lyonnais. |
25. |
« ainsi tous les fleuves vont-ils à la mer, qui jamais ne déborde. » Guy Patin s’inspirait sans doute ici d’une diatribe de Johann Leonhard Weidner (v. note [6], lettre 114) contre les jésuites comme « insatiables prédicateurs » (Elixir iesuiticum…, sans lieu ni nom, 1645, in‑12, page 353‑354) :
Le frère cadet du maréchal de Villeroy, Camille de Neufville (Rome 1606-1698), abbé d’Aisnay (Ainay ou Esnay), allait être nommé par le roi archevêque et comte de Lyon le 28 mai 1653, puis sacré à Lyon le 29 juin 1654 (Gallia Christiana). Mazarin prenait les deux abbayes de Saint-Étienne de Caen et de Saint-Victor de Marseille rendues vacantes par la mort du cardinal de Lyon, Alphonse-Louis du Plessis de Richelieu. Quant à sa charge de proviseur de Sorbonne, « Messieurs de Sorbonne ont élu en sa place le cardinal de Retz, quoique prisonnier » (Journal de la Fronde, volume ii, fo 200 vo, 28 mars 1653). |
26. |
« Il a tout été, et ça ne lui a servi à rien » : Omnia fui et nihil expedit, paroles de Septime Sévère (Histoire Auguste [v. note [31], lettre 503], Severus, chapitre xviii, § 11, page 333). En tête de ce paragraphe, Guy Patin a ajouté falsum [c’est faux] : Jean ii Casimir, roi de Pologne, après avoir été jésuite et cardinal (v. note [12], lettre 263), mourut en 1672 à Nevers, ayant abdiqué en 1668. Son frère cadet, Charles Vasa (1613-1655), duc de Ratibor, quatrième fils de Sigismond iii et de Constance d’Autriche, était évêque de Breslau (v. note [6], lettre de Charles Spon, datée du 24 avril 1657). Au début du paragraphe, « après la reine » signifie probablement que la fausse nouvelle émanait de l’entourage d’Anne d’Autriche. |
27. |
La censure a établi des différences entre les pages 39 et 40 des deux éditions (1652 et 1653) de la Vita Petri Puteani [Vie de Pierre Dupuy] de Nicolas Rigault (v. note [7], lettre 307) :
V. note [3], lettre 325, pour une autre altération du texte entre les deux éditions. |
28. |
Guy Patin était mal informé car c’était tout le contraire : Sarlat (aujourd’hui Sarlat-la-Canéda, Dordogne) se délivrait des condéens. Marchin, à la tête d’une armée frondeuse, avait entrepris le siège de la ville le 25 décembre 1652. Malgré une résistance farouche, Sarlat s’était rendue le 1er janvier 1653 sans voir arriver le secours promis par la Couronne. Marchin avait repris sa campagne en laissant dans la ville une garnison de 1 200 hommes formée des régiments d’Enghien et de Marchin placés sous le commandement de François de Chavagnac. Ayant habilement conspiré, les Sarladais avaient chassé leurs occupants le 23 mars avec l’aide des forces royales (vicomte G. de Gérard, La Fronde à Sarlat, Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, 1910, tome 37). Journal de la Fronde (volume ii, fo 205 ro et vo, Bordeaux, 275 mars 1653) :
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29. |
« qui par ses harangues bouffonnes » ; v. note [13], lettre 298, pour les évêchés successivement attribués au P. François Faure. |
30. |
Principal auteur de ce complot fomenté à la cour, le P. Berthod, agent de Mazarin, en a donné un récit détaillé dans ses Mémoires (pages 600‑612). Le P. Jean-Dominique Ithier, ancien confesseur d’Anne d’Autriche, y joua le rôle d’agent double auprès du prince de Conti et de Mme de Longueville dont il s’était acquis la confiance. Le plan capota au dernier moment. Journal de la Fronde (volume ii, fo 202 ro et vo, 6 avril 1653) : Le P. Berthod parvint à s’échapper, mais Ithier fut arrêté prisonnier. Il ne fut pas condamné à mort, mais sa punition n’en fut pas moins rude (ibid., fo 205 ro, de Bordeaux du 25 mars) :
En récompense de ses services à Bordeaux, le P. Ithier fut nommé évêque de Glandèves en juin 1654 ; il y siégea jusqu’à sa mort, en 1672. |
31. |
Le cardinal Mazarin ne fut nommé ni chevalier de l’Ordre du Saint-Esprit, ni grand aumônier de France. Ces honneurs échurent à son compatriote le cardinal Antonio Barberini. |
32. |
« Il me reste une seule chose à vous écrire ». |
a. |
Ms BnF Baluze no 148, fos 64‑65, « À Monsieur/ Monsieur Spon,/ Docteur en médecine,/ À Lyon » ; Jestaz no 88 (tome ii, pages 1044‑1053). Note de Charles Spon au revers de l’enveloppe : « 1653/ Paris 1 avril/ Lyon 6 dudit./ Rispost./ 15 dud. » |