L. latine 4.  >
À Jan van Beverwijk,
le 19 juillet 1640

[Beverwijk a, page 152 | LAT | IMG]

Guy Patin, natif de Beauvaisis, docteur en médecine de Paris, adresse ses profondes salutations [1] à Jan van Beverwijk, patricien et médecin de Dordrecht.

Très distingué Monsieur, [a][1]

Il y a déjà longtemps qu’un jeune homme de Dordrecht, [2][2] fort intelligent et savant, m’est venu voir et m’a très poliment salué de votre part ; il m’a donné de vos nouvelles qui n’ont guère peiné à attiser mon affection pour vous. J’ai eu à cœur de vous la manifester sans retard et de vous prier qu’en retour vous exprimiez quelque témoignage de votre bienveillance à mon égard. À mon tour, je brûle du désir et de m’adresser à vous, dont la réputation m’était depuis longtemps familière, et de vous connaître plus intimement. J’ai maintes fois feuilleté avec grande ardeur vos livres qu’on m’a procurés ; je les ai de bon cœur montrés à votre jeune compatriote, rangés en bonne place dans mon cabinet de travail. [3] [Beverwijk a, page 153 | LAT | IMG] Il s’agit en particulier de votre dernier, de Calculo : [3] je ne l’ai pas sitôt eu en mains que je l’avais lu tout entier, tant il m’est apparu savant et érudit, et assurément digne d’être usé par les doigts de tous ceux qui s’occupent tant soit peu de médecine ; surtout quand aujourd’hui, par je ne sais quel mauvais sort, tant de gens souffrent de lithiase urinaire, [4] et en tout premier, presque tous ceux qui vénèrent les muses les plus raffinées et les plus gracieuses. Nous en avons pour très brillant témoignage votre Érasme, qu’on peut vraiment dire ερασμιος, [4] de très loin le prince de la meilleure littérature, qui s’est si souvent plaint de ce mal terrible et cruel en ses lettres, qui valent leur pesant d’or ; à tel point qu’avec grande finesse, il l’appelait son bourreau. [5][5][6] Notre très illustre de Thou, fort méritant auteur des Historiæ sui temporis[6][7] en a même dit plus là-dessus dans ses éloges de Claude Dupuy, [7][8] de Jan van Heurne, [8][9] et d’autres encore. Je vous l’avoue pourtant sincèrement, ce qui m’a fait le plus apprécier ce dernier fruit de votre génie est l’immense joie d’y avoir trouvé, enchâssé là comme une gemme, le nom du très distingué M. Gabriel Naudé, qui est de loin le plus cher de mes amis. [9][10] Je me réjouis que vous ayez fait mention de cet homme [Beverwijk a, page 154 | LAT | IMG] à qui me lie, depuis longtemps déjà, une très solide et sincère affection, dénuée de tout fard ; et pendant tout le temps qu’il a vécu en Italie, il a tant daigné me faire honneur qu’il m’a rendu une abondance de services, non seulement par les savantes lettres qu’il m’écrivit, emplies d’érudition sur toutes sortes de sujets, mais aussi par les excellents opuscules, à tenir pour des œuvres chéries des Muses, qu’il m’envoya avec son plein amour. De ceux-là, il en est un qui vaut tous les autres, c’est son tout dernier Syntagma de studio militari[10] que les savants hommes me semblent unanimement applaudir, notamment Nicolas Bourbon, ancien professeur royal de langue grecque et très éminent juge en la matière. [11] Cet homme aime en effet profondément les lettres et tous les lettrés ; je lui avais réservé la primeur de ce livre dès que son auteur me l’avait envoyé, il en a parcouru les pages, et n’a pu que le louer au plus haut point et l’honorer volontiers de son propre suffrage ; et ce par une extrêmement élégante épigramme (genre où Nicolas Bourbon brille et excelle), écrite à la louange de Naudé, dont j’ai sur-le-champ envoyé une copie à Rome pour notre ami. [11] J’ai su le rude jugement [Beverwijk a, page 155 | LAT | IMG] qu’a porté sur lui le très noble et distingué Hugo Grotius, que les Suédois ont envoyé comme ambassadeur auprès du roi très-chrétien, et que la terre presque tout entière admire pour son extraordinaire érudition. [12][12][13] René Moreau a aussi lu cet ouvrage qui vaut de l’or ; jadis mon précepteur et désormais mon collègue, je puis véritablement dire de lui que c’est une bibliothèque ambulante ; [14] il l’a lu, dis-je, et l’a loué pour la puissance de sa pénétration. En somme, tout le monde admire ce livre, pour sa remarquable érudition, et pour la science qui y est enfouie et qu’on y lit partout. C’est pourquoi je souhaite vivement qu’un homme de si vaste science, qui est mon très grand ami, tout comme le vôtre, vive les années de Pylos [13][15] et jouisse longtemps d’une bonne santé, afin qu’il continue à honorer la république des lettres et à orner l’art médical. Il le connaît absolument à fond, mais son immense esprit, né pour des exercices distingués, ne trouve guère d’intérêt à embrasser les limites de cette science, dont le pourtour s’étend à l’infini ; même si dès à présent, étant instruit et parfaitement rodé, il possède l’encyclopédie de toutes les connaissances, non sans provoquer la stupéfaction des princes empourprés d’Italie. Mais pour revenir e diverticulo ad viam[14][16] [Beverwijk a, page 156 | LAT | IMG] et de mon ami Naudé à votre opuscule de Calculo, je ne puis, croyez-moi bien, que le louer au plus haut point, étant donné que les malades souffrant de lithiase, tout comme les médecins qui les soignent, en tireront grand profit. Je vous exhorte donc, très distingué Beverwijk, à continuer d’embellir et d’augmenter, par les fruits de vos très doctes veilles, la gloire de notre art contre les calomnies des souffleurs et des charlatans appartenant au troupeau de Paracelse. [15][17][18] Ce faisant, vous mériterez la bienveillance de tous les honnêtes gens et la gloire de votre renom se répandra en tous sens par la terre entière. J’ai en outre appris de mon jeune et intelligent visiteur que vous allez bientôt publier un ouvrage sur les plantes et les médicaments domestiques ; [16] c’est pourquoi je lui ai montré un livre publié en français sur le même sujet, dont je vous envoie la page de titre. Si vous pensez qu’il pourra vous être d’une quelconque utilité, il me sera très agréable que vous vous en usiez comme s’il était de vous. [17][19][20] Vous vous attaquez vraiment à un sujet qui est à la fois fort plaisant et parfaitement digne de votre talent, mais aussi extrêmement utile à l’exercice de notre métier : si, grâce à vous et par votre aide, les médecins n’ont plus besoin des marchandises qu’on fait venir de loin et qu’on importe des derniers confins du monde, ils pourront se mettre à soigner les maladies avec des médicaments qui sont vite et simplement produits chez eux. [Beverwijk a, page 157 | LAT | IMG] Continuez donc, très distingué Beverwijk, à illuminer la médecine et à la développer par le pouvoir que vous donne un esprit toujours en éveil. Antoine Mizauld, natif de Montluçon, eut jadis à peu près le même dessein dans son Hortus medicus et auxiliaris ; [18][21] il y a décrit quantité de remèdes faciles à se procurer et à préparer, dont les bienfaits libéreraient et soulageraient le peuple de la tyrannie des pharmaciens. [22] Ceux-là pensent qu’à moins de l’avoir payé au prix fort, absolument aucun médicament n’est efficace contre les maladies. On peut, aussi bellement que justement, leur répondre par ces vers d’Hésiode : [23]

Νηπιοι ουδε ισασιν οσω πλεον ημισυ παντος,
ουδ οσον εν μαλαχη τε και ασφοδελω μεγ ονειαρ.

Stulti neque sciunt quanto plus dimidium sit toto,
Neque quam magnum in Malva et Asphodelo bonum
[19][24][25]

Continuez, dis-je, et si je puis vous servir si peu que ce soit, je ferai en sorte que jamais vous ne manquiez de mon aide, de mes conseils et de mon affection pour vous. Du reste, je vous envoie mon portrait, à la seule condition que vous m’envoyiez aussi le vôtre ; [20][26][27] je le tiendrai pour un splendide cadeau [Beverwijk a, page 158 | LAT | IMG] et j’en chérirai l’original comme mes yeux. [21][28] Vive, mon cher Beverwijk, et aimez toujours celui qui demeurera entièrement disposé à tout pour vous,

Guy Patin, docteur en médecine de Paris, natif de Beauvaisis.

De Paris, le 19e juillet 1640.

Très distingué Monsieur,

Après avoir entièrement lu votre opuscule de Calculo, quelques vétilles me hantent l’esprit, et j’en attends et désire de vous l’éclaircissement.

Quel livre avez-vous donc écrit sur la conservation de la santé ? J’ai vu les deux éditions du livre de Fatali vitæ termino, in‑8o et in‑4o[22] j’ai vu le traité de Calculo, j’ai vu l’Idea medicinæ Veterum, considérée par les non-médecins, [23] mais je n’ai jamais vu votre livre sur la conservation de la santé, et n’en ai jamais entendu parler. [24]

[Beverwijk a, page 159 | LAT | IMG] Qu’avez-vous donc écrit, et où cela, contre notre Michel de Montaigne [25][29] (que Juste Lipse, jadis la gloire et le remarquable ornement de votre Flandre, appelait le Thalès français), [26][30][31] pour la défense de notre médecine, qu’il jugeait être très méprisable ? Je n’ai jamais entendu parler de ce livre de vous.

Pour ce qui est dit aux pages 5 et 6 de votre livre de Calculo sur le fonctionnement combiné des deux reins, [27] parmi quantité d’autres cas observés de toutes parts dans ma pratique médicale, qui contredisent ce genre de combinaison et affaiblissent le jugement de Louis Duret, de Forestus, de Riolan et d’autres encore, [28][32][33][34] j’en ai vu un l’an dernier qui est tout à fait digne de vous être rapporté. Vers la fin février, le très noble et excellent Jacques Miron, conseiller au Parlement de Paris, [29][35] doté d’une texture fragile et d’une faible santé, tomba en une fièvre continue, [36] qui s’est transformée en lente symptomatique, telle que l’a exactement décrite Jean Fernel, qui fut jadis la très brillante lumière de notre École, vers la fin du chapitre xvi du livre iv de sa Pathologie ; [30][37] elle provenait d’un énorme abcès rompu dans le mésentère, [38] avec quelques funestes symptômes, mais principalement une diarrhée bilieuse et séreuse[39] une insomnie perpétuelle, des hémorroïdes [40] et une fonte de tout le corps. Après avoir tenu la chambre pendant presque cinq mois, durant lesquels, jour après jour, pugnatum est arte medendi, mais à la fin, exitium superavit opem quæ victa jacebat[31][41] le noble conseiller périt d’une mort lente, sans nul tourment ni douleur, [Beverwijk a, page 160 | LAT | IMG] telle qu’Auguste lui-même  n’aurait jamais pu en souhaiter et espérer une plus paisible, sans torture ni supplice, et qu’il avait coutume d’invoquer sous le nom d’ευθανασια. [32][42][43][44] Douze heures après sa mort, on a ouvert son cadavre en ma présence et celle de nombreux autres. [45] Entre autres observations dignes de remarque, que j’ai soigneusement consignées (le moment venu, je vous en enverrai la liste complète que j’ai dressée à l’intention de sa famille), il y eut celle-ci de particulière : on a trouvé le rein droit (dont l’indisposition l’avait tant de fois affligé de coliques néphrétiques pendant plus de dix ans) [46] entièrement pourri et atrophié, et on a découvert dans ses calices et son bassinet un calcul oblong et oblique, anguleux et ayant, pour ainsi dire, la forme d’un cimier de casque. Depuis déjà fort longtemps, sans aucun doute, ce rein était non seulement pourri et gâté, mais aussi entièrement ruiné et tout à fait corrompu par la gangrène ; il ne fonctionnait plus du tout et avait perdu sa faculté propre de filtrer le sang et de sécréter le sérum. [33][47] Comment l’aurait-il pu en effet avec cet énorme calcul qui obstruait sa voie excrétrice, et avec sa propre substance corrompue à un tel point de pourrissement qu’il n’avait plus de ressemblance avec un rein que par la forme et la membrane, et qu’au lieu de parenchyme rénal, [Beverwijk a, page 161 | LAT | IMG] il ne renfermait plus qu’un pus pur et très noir ? Et pourtant, durant tout le cours de sa maladie, jamais le patient n’a souffert de suppression d’urine. [48] C’est ce que j’ai très souvent et facilement observé depuis quinze années dans cette ville fort peuplée et très féconde en calculs. Il n’est donc pas toujours vrai que quand un rein est obstrué, l’autre cesse aussitôt de fonctionner, étant donné que grâce à leur autre rein, quantité de malades urinent jusqu’à l’ultime moment de leur vie.

Je vous soumets tout cela, très distingué Beverwijk, et attends que vous me disiez par lettre votre jugement sur ces questions, si vos très chers travaux vous en laissent le loisir et si vous avez à cœur de m’écrire. Vale, encore et encore.

Votre très affectueux et très obéissant Guy Patin, natif de Beauvaisis, docteur en médecine de Paris.


a.

Lettre de Guy Patin à Jan van Beverwijk, imprimée dans Beverwijk a, pages 152‑158 ; reprise dans Triaire, lettre li, pages 168‑172 (sans traduction) avec omission du long post-scriptum. Elle ouvre la brève, mais fort intéressante correspondance qu’ont échangée les deux médecins.

Grâce à son remarquable talent bibliographique, Marie-France Claerebout, l’inlassable relectrice de notre édition, a trouvé que Charles Nisard a traduit, publié et commenté cette lettre et sa réponse. {a} Il a expliqué les circonstances de son travail à la fin de son introduction :

« Je dois à l’amabilité et à l’obligeance du savant docteur Cusco, à ce bibliophile délicat et de fin goût, la communication des deux lettres qui suivent. Elles sont contenues (p. 152 à 171) dans un tout petit livre imprimé chez les Elsevier en 1641, d’assez piètre mine sous son enveloppe de carton couleur de tuile, mais dans l’attente d’un bel habit de maroquin qui le rendra digne de figurer dans la superbe tannerie où il est appelé à prendre sa place. {b} Il a pour titre : Joh. Beverovici Exercitatio in Hippocratis aphorismum de Calculo, et est dédié à Saumaise. {c} Il va sans dire que ces lettres sont en latin et qu’on n’en donne ici que la traduction. »


  1. D’abord sous sa signature, dans la La Revue médicale française et étrangère (1882), puis dans une brochure anonyme (1883) : v. notes [11] et [c] des Avis critiques sur les Lettres de Guy Patin.

  2. Je n’ai pas identifié le bibliophile Cusco, mais son ami Nisard semblait le brocarder affectueusement en donnant à sa bibliothèque le nom de tannerie. C’est le mot que Jean de La Bruyère a employé pour ridiculiser un faux bibliomane dans ses Caractères (1687, xiii, De la mode) :

    « Mais quand il ajoute que les livres en apprennent plus que les voyages, et qu’il m’a fait comprendre par ses discours qu’il a une bibliothèque, je souhaite de la voir ; je vais trouver cet homme qui me reçoit dans une maison où, dès l’escalier, je tombe en faiblesse d’une odeur de maroquin noir {i} dont les livres sont tous couverts ; il a beau me crier aux oreilles, pour me ranimer, qu’ils sont dorés sur tranche, ornés de filets d’or, et de la bonne édition, me nommer les meilleurs l’un après l’autre, dire que sa galerie est remplie, à quelques endroits près, qui sont peints de manière qu’on les prend pour de vrais livres arrangés sur des tablettes, et que l’œil s’y trompe ; ajouter qu’il ne lit jamais, qu’il ne met pas le pied dans cette galerie, qu’il y viendra pour me faire plaisir ; je le remercie de sa complaisance, et ne veux, non plus que lui, visiter sa tannerie, qu’il appelle bibliothèque. »

    1. V. note [66] de La maison de Guy Patin.

  3. V. le début de la présente note pour Beverwijk a, qui est l’« Essai de Jan van Beverwijk sur l’aphorisme d’Hippocrate à propos du calcul urinaire », plutôt opposé que dédié à Claude Saumaise.

J’ai admiré les élégantes mais trop libres traductions que Nisard a données de ces deux lettres ; je n’ai pris en compte que quelques-unes de ses savantes annotations.

1.

S.P.D., abréviation latine de Salutem Plurimam Dicit.

2.

V. note [2] de la lettre écrite à Guy Patin par Jan van Beverwijk, le 30 juillet 1640, pour ce jeune médecin, dénommé Bastiaan Hoogendijk, qui avait rendu visite à Guy Patin sur la recommandation de Beverwijk. C’est à cette circonstance, dont Gabriel Naudé avait probablement été l’intermédiaire (v. infra note [9]), que nous devons la courte correspondance entre les deux médecins.

3.

V. note [11], lettre 72, pour le livre de Jan van Beverwijk De Calculo Renum et Vesicæ… [Sur le Calcul des reins et de la vessie…] (Leyde, 1638).

4.

V. note [3], lettre 44, pour les deux prénoms que s’était lui-même attribués Érasme, Desiderus Erasmus, qui sont les traductions latine (desideratus) et grecque (érasmios) du mot « désiré », ou « charmant ».

5.

Dans au moins cinq de ses lettres, Érasme a parlé de la lithiase urinaire (carnifex [bourreau]) qui le torturait ; la note 3 (page 6) de Charles Nisard m’a procuré les deux premiers extraits. Les liens renvoient au 31 livres de l’édition de Londres, 1642 (v. note [14], lettre 71).

  1. Livre xviii, lettre 20, colonne 785, repères B‑C, sans lieu ni date, au pape Adrien vi (v. notes [26] et [27] du Borboniana 7 manuscrit) :

    Sed cogor edictis tyranni sævisismi parere. Cujus, inquies ? Longæ Mezentio et Phalaride crudelioris, calulus illi nomen est.

    [Mais je suis contraint d’obéir aux édits du plus cruel des tyrans. Qui est-ce donc, me demanderez-vous ? Il est plus cruel que Mézence et Phalaris, {a} et porte le nom de calcul].


    1. Dans l’Énéide de Virgile, Mézence est un roi légendaire des Étrusques et ennemi d’Énée ; on lui donnait le surnom de blasphémateur.

      Dans la Politique d’Aristote, Phalaris, tyran d’Acragas, en Sicile, au vie s. av. J.‑C., était réputé faire rôtir ses victimes dans un taureau d’airain (v. notule {a}, note [37], lettre 291).


  2. Livre xviii, lettre 30, colonne 798, repère C, de Bâle, le lendemain des Innocents (29 décembre) 1524, à Leonardus, official de l’archevêque de Besançon :

    Ubi sum factus paulo firmior, aperuit se calculus, qui latuerat insidiis. Eum ejeci, sed cum summa vitæ desperatione.

    [Quand je fus un peu plus solide, un calcul se fit jour, qui se tenait en embuscade. Je l’ai expulsé dans des douleurs qui m’ont plongé dans l’absolu désespoir de la vie].

  3. Livre xxiii, lettre 5, colonne 1208, repère C, de Bâle, à Jodocus Gaverus, le 1er mars 1523 (déjà citée dans la note [6], lettre 579), parlant du supplice de la crucifixion :

    Tum quam multi morbi sunt, qui vincunt virgas, ungulas, secures et cruces ? Quot annis multos discruciat podagra ? Quot excoriatio renum ac vesicæ ? Quot calculus meus carnifex : Quæ crux conferenda cum pleuritidis cruciatu ?

    [Alors, pourquoi y a-t-il tant de maladies qui surpassent les verges, les crocs, les haches, les croix ? Pourquoi la podagre {a} torture-t-elle tant de gens pendant tant d’années ? Pourquoi cette déchirure des reins et de la vessie ? Pourquoi ce calcul, mon bourreau, cette croix qui n’a d’égale que le supplice de la pleurésie ?]


    1. Goutte du pied (v. note [30], lettre 99), en lien fréquent avec la lithiase urinaire.

  4. Livre xxi, lettre 12, colonne 1083, repère D, de Bâle, à Joannes Carondiletus, archevêque de Palerme, le mercredi suivant Pâques de l’an 1524 :

    Hoc anno crebro quidem, sed præcipue mensibus Iulio et Decembre, sic me tractavit meus carnifex calculus, ut mors fuerit in votis, vita in desperatione. Nulla enim mors potest esse calculo crudelior.

    [Bien souvent cette année, mais surtout aux mois de juillet et décembre, mon bourreau, le calcul, m’a si maltraité que j’ai souhaité mourir, ma vie étant transformée en désespoir. C’est que nulle mort ne peut être plus cruelle que le calcul].

  5. La lettre 11 le livre xxii, colonnes 1138‑1139, au médecin Franciscus, sans lieu ni date, est entièrement consacrée aux manifestations de la lithiase d’Érasme, avec ce début :

    Quod sacerdos est animis nostris, hoc medicus est corpusculis. Celare suum malum non debet, qui remedium expectat. Nec dubito quin tua prudentia soleat eam silentii fidem præstare, quam Hippocrates magna religione exigit ab ejus artis professoribus. Jam annis aliquot me crudeliter tractavit calculus renum, nec erat parturiendi, pariendi, concipiendi finis, ut mirer hoc copusculum tot cruciatibus successisse. Cruciatus frequenter extorquebat vomitum : postea stomachus sedecim totos dies, nullum omnino cibum recipiebat, præter sorbitiunculas. Et in dies ingravascebat malum, tandem adeo exacerbatum, ut desponderem animum, tam acerbi fuerunt nixus. Deinde mutato vino, quod tenue quidem, sed levius, quam hæc sunt vernacula, ad hæc dilutum aqua ex glycirrhiza cocta, bibere cœperam, idque modice, menses aliquot eo cruciatu carui.

    [Le prêtre est à nos âmes ce qu’est le médecin à nos misérables corps. Qui attend remède ne doit point celer son mal, et je ne doute pas que votre coutumière sagesse ne respecte la fidélité au silence que la grande dévotion à Hippocrate exige de ceux qui professent son art. Un calcul des reins m’a cruellement affligé depuis déjà quelques années, sans cesser d’en souffrir pour m’en délivrer et en apercevoir le terme, et je m’émerveille que ce petit corps ait surmonté tant de tortures. Elles m’ont fréquemment fait vomir ; après quoi, seize jours durant, mon estomac n’admettait aucune nourriture autre que de maigres bouillons ; et le mal allait empirant de jour en jour, jusqu’à s’exacerber au point d’en perdre courage, tant le travail d’expulsion était âpre. Enfin, je me suis mis à boire du vin clair, mais en petite quantité et plus léger que celui qu’on produit ici, que je diluais dans une décoction de réglisse, et j’ai été libéré de ce supplice durant quelques mois].

Quant à lui, Jan van Beverwijk a parlé d’Érasme en au moins deux endroits de son traité de Calculo Renum et Vesicæ… (v. supra note [3]).

  1. Page 141 :

    Hinc eleganter Aretæus, Calculorum, inquit, procreationem e fœcunda sterilem reddere nemo potest. Facilius est enim uterum a pariendo prohibere, quam calculosos renes calculis vacuare. Urbane, ut solet, Erasmus noster lib. Epist. xxi. ad Christophorum, Episc. Basileensem : Fœminæ sterilescunt ætate : me senectus reddit fœcundiorem : aut enim concipio, aut pario, aut parturio. Sed partus est viperinus, et vereor ne quando parentem interimat. Certe semel atque iterum gravi periculo sum enixus. Quod si parum favente Iunone et Lucina niti cœpero, vixerit Erasmus.

    [Là-dessus, Arétée dit avec élégance, Chez qui en est fécond, personne ne peut stériliser la production de calculs ; car il est plus facile d’empêcher l’utérus de procréer que de vider des reins pierreux de leurs calculs. {a} Avec sa grâce coutumière, notre Érasme, au livre xxi de ses Épîtres, écrit à Christophorus, évêque de Bâle : {b} Les femmes deviennent stériles avec l’âge ; moi, la vieillesse me rend plus fécond, ou je conçois, ou je couve, ou j’accouche ; mais mon fruit est vipérin, et j’appréhende qu’alors il ne tue son père. À plusieurs reprises, j’ai lutté pour échapper à un grave danger ; car si je commence à compter sur la défaveur de Junon et sur Lucine, {c} c’en sera fait d’Érasme].


    1. Aretæi Cappadocis Ætiologica, Simeiotica et Therapeutica morborum acutorum et diuturnorum… [Étiologie, Sémiologie et Thérapeutique des maladies aiguës et chroniques, d’Arétée de Capadoce (v. note [3], lettre 407)] (édition gréco-latine d’Augsbourg, 1603, v. note [15], lettre 841), livre ii, De diuturnorum morborum curatione [Le traitement des maladies chroniques], début du chapitre iii (page 260), De calculi renum atque ulceris curatione [Traitement du calcul et de l’ulcèration des reins], dans un latin de syntaxe différente, mais de même sens :

      Nempe ut innata calculorum fæcunditas ad sterilitatem commutetur, fieri non potest. Facilius enim uterum concipiendo fætui inhabilem quis reddat, quam calculis generandis aptos renes, a calculorum generatione prohibeat.

      [Il est impossible de stériliser la propension innée à fabriquer des calculs. Il est en effet plus facile de rendre fécond un utérus inapte à engendrer, que d’empêcher des reins à produire des calculs quand ils y sont prédisposés].

    2. Livre xxi, lettre 15, colonne 1085, repères B‑C.

    3. Dans la mythologie romaine, Junon présidait aux cycles lunaires (à la fécondité) et Lucine (ou Hécate) aux accouchements.

  2. Pages 147‑148 :

    Leges, quum maxime sæviunt, dissecant vivum in quatuor partes, priusquam attingant vitalia. At ego crediderim minus sensurum cruciatus, si cui membratim corpus dissecetur, quam qui sentit calculum sub imis costis, ac circa venarum, quas meseraicas appellant medici, (eas non tangit calculus, ureteres debuit dicere) angustias sævientem. Quanquam medici veteres inter extremos cruciatus, qui subitam mortem adferunt, primas tribuunt calculo vesicæ. Qui fortassis hoc est acerbior, quod fere sit immedicabilis, nisi velis remedium morte crudelius, atque ipsam plerunque mortem. Certe huic proximum malum est renum calculus, quum sævit acerbius. Me vero tamen subinde repetit, tamque capitaliter adoritur, ut, si quis odit Erasmum, merito jam inimicus esse desinere debeat, nimirum odio tot malis saturato. Porro cruciatum tam immitem secum affert calculus, ut quamvis validum ac robustum corpus, intra triduum nonnunquam interimat, et si se remittat dolor, in hoc remittit, ut mox atrocius sæviat. Quid hos est aliud, quam frequenter regustare mortem ? Quis autem cuperet reviviscere, paullo post iterum moriturus ? Erasmus lib. xxiii. Epist. ad Iod. Gaverum.

    [Dans leur plus extrême rigueur, les lois coupent le condamné tout vif en quatre morceaux, avant d’attaquer ses parties vitales. Pour moi, si on me tranchait le corps membre à membre, je croirais éprouver un moindre supplice que celui de sentir le calcul s’acharner avec fureur sous les basses côtes et autour des resserrements des veines que les médecins appellent mésaraïques (mais le calcul ne les touche pas, il aurait donc dû dire les uretères). {a} Les anciens médecins classaient parmi les extrêmes tortures celles qui provoquent une mort subite, {b} mais les rangeaient après la pierre vésicale. Peut-être est-elle plus cruelle parce qu’elle est incurable, à moins de vouloir un remède plus cruel que la mort, et lui-même mortel la plupart du temps. {c} Le calcul des reins est sans doute un mal approchant, quand il sévit très cruellement. Il me reprend pourtant souvent et m’assaille avec tant d’acharnement que, si quelqu’un hait Érasme, il devrait bien cesser à tout jamais de lui être hostile, car voilà sa haine repue par tant de maux. De plus, le calcul procure un supplice si affreux qu’il tue parfois en l’espace de trois jours, même quand le corps est sain et robuste ; et si la douleur se relâche, elle ne le fait que pour bientôt sévir plus atrocement. Cela est-il autre chose que regoûter fréquemment à la mort ? Qui donc désirerait revivre la mort, quand il remourra peu après ? Érasme, livre xxiii des Épîtres, à Iodocus Gaverus]. {d}


    1. Les veines mésaraïques sont celles qui drainent le mésentère ; la parenthèse corrective est de Jan van Beverwijk.

    2. V. note [15], lettre 554.

    3. La taille de la vessie (cystotomie ou lithotomie) pour en extraire le calcul.

    4. Lettre datée de Bâle, le 1er mars 1524 (3e citée supra).

6.

V. note [4], lettre 13, pour Jacques-Auguste i de Thou (1553-1617), auteur des « Histoires de son temps ».

7.

Jacques-Auguste i de Thou a donné un éloge de son cousin Claude Dupuy (1545-1594), père de Pierre et Jacques (v. note [5], lettre 181), dans le livre ciix de ses Histoires. Reproduit à la fin (pages 221‑224) de la Viri eximii Petri Puteani Vita [Vie de l’insigne Pierre Dupuy] (1652, v. note [7], lettre 307), on y lit pages 223‑224 :

Ad extremum morbo studiosis fatali correptus est, ingenti calculorum strue, velut rupe in renibus enata, quæ meatibus interclusis ventriculum subvertit […] et bonis omnibus Kal. Decembr. eripuit.

[À la fin, il fut atteint de la maladie qui est fatale aux gens d’études, avec un immense amas de calculs, comme un rocher qui lui est né dans les reins, qui a détruit le bas-ventre en en bouchant les orifices (…) et il a été enlevé à tous les gens de bien le 1er décembre].

8.

V. note [3], lettre 802, pour l’éloge de Jan i van Heurne (Heurnius, 1543-1601) par Jacques-Auguste i de Thou, avec les pierres vésicales qu’on lui trouva à l’autopsie, « tristes effets d’un trop grand acharnement à l’étude ».

Jan van Beverwijk a augmenté ce témoignage sur van Heurne aux pages 121‑122 de son traité de Calculo Renum et Vesicæ… (v. supra note [3]) :

Multi enim sæpius arenulas cum urina reddunt, qui nunquam nec renum, nec vesicæ calculo afficiuntur. Multi etiam calculo laborant, nec tamen fundunt arenulas, aut sabulosa. Testatur clarissimus Heurnius, se aliquando secuisse illustrem quendam virum, cui innati erant maximi calculi renibus, nec unquam ejus indicium editum fuerat, nisi quod iterdum ab equitatione sanguinem mejeret. Erant autem carni renis innati. Et in ipsius Heurnii vesica post mortem septem reperti sunt calculi, forma et magnitudine nucis juglandis majoris, æqualis ponderis duarum drachmarum : qui tamen viventi nullum sabulosæ urinæ indicium dederant ; uti olim audivisse memini ex doctissimo et humanissimo præceptore meo Othone Heurnio, magno parenti eruditionis et Professorii nuneris successore.

[Bien des gens passent très souvent des grains de sable dans leur urine, sans être jamais affectés de calcul rénal ou vésical. Beaucoup aussi souffrent de calcul sans pourtant rejeter de sable ou de matières sablonneuses. Le très distingué van Heurne témoigne qu’il a un jour fait l’autopsie d’un homme illustre, chez qui de très gros calculs s’étaient formés dans les reins, sans pourtant jamais aucune manifestation, hormis qu’il lui arrivait d’avoir des urines sanglantes après être monté à cheval ; mais ils étaient incrustés dans la chair du rein. Et après la mort du dit van Heurne, on lui a trouvé sept pierres dans la vessie, ayant chacune la forme et la taille d’une grosse noix, et pesant deux drachmes ; {a} de son vivant, elles n’avaient pourtant jamais donné lieu à des urines sableuses, comme je me rappelle l’avoir autrefois appris de mon très aimable et très docte précepteur, Otto van Heurne, {b} héritier de son illustre père pour son érudition et dans sa charge de professeur].


  1. Environ 6,5 grammes.

  2. V. note [3], lettre 463.

9.

La première pièce de l’Appendix, sive Observationes de calculo [Appendice, ou Observations sur le calcul] qui clôt le livre de Jan van Beverwijk (pages 211‑213, édition de 1638, v. supra note [3]) est une lettre datée de Dordrecht, le 4 novembre 1637, adressée :

Perillustri et Excellentissimo viro D. Gabrieli Naudæo, Consiliario regis Christianissimi, et Legatorum ejus ad eruditum Principem Urbanum viii medico celeberrimo.

[au très brillant et excellent M. Gabriel Naudé, {a} conseiller du roi très-chrétien et très illustre médecin de ses ambassadeurs auprès du savant prince Urbain viii]. {b}


  1. V. note [9], lettre 3.

  2. V. note [19], lettre 34, pour Urbain viii, qu’en bon calviniste, Beverwijk répugne à appeler pape.

Beverwijk y complimentait Naudé pour son Syntagma de Studio liberali [Traité sur les Arts libéraux] (Urbino, Mazzantinus et Aloysius Ghisonus, 1632, in‑4o), se réjouissait d’y avoir découvert que Naudé était aussi médecin, et lui annonçait qu’il préparait un livre de Calculo, avec des lettres de quelques amis sur le sujet, où illustre nomen tuum aliquando splendeat, optem [je souhaiterais que votre illustre nom resplendît un jour].

10.

Reçu docteur en médecine de l’Université de Padoue en 1626, Gabriel Naudé (1600-1653) a vécu de nouveau en Italie de 1628 à 1642, dans le proche entourage du cardinal Bagni (Gianfrancesco Guidi di Bagno qui avait été nonce apostolique en France de 1627 à 1630, v. note [12], lettre 59). Il n’est rien resté de la correspondance, sans doute abondante, qu’il a échangée avec Guy Patin durant ce long séjour.

Le Gabrielis Naudæi Syntagma de Studio militari. Ad Illustrissimum Iuvenum Ludovicum ex Comitibus Guidiis a Balneo [Traité de Gabriel Naudé sur l’Art de la guerre. À l’intention de l’illustrissime jeune Luigi, de la famille des comtes Guidi di Bagno] (Rome, Iacobus Facciotus, 1637, in‑8o) complétait son Syntagma de studio liberali (v. supra note [9]). Jan van Beverwijk en a aussi parlé dans sa lettre de 1637 à Gabriel Naudé (citée dans la même note) :

Utinam aliquando, ut spem facis, vidre liceat Syntagma de studio militari. Ejus capitum lemnata misi incomparabili Salmasio, qui vestra lingua idem tractat argumentum.

[Dieu fasse que bientôt, comme vous le faites espérer, nous puissions voir votre Syntagma de studio militari. J’ai envoyé les titres de ses chapitres à l’incomparable Saumaise, qui traite du même sujet en votre langue]. {a}


  1. La très minutieuse et exhaustive bibliographie de Claude i Saumaise établie par l’abbé Papillon ne contient pas d’ouvrage en français sur l’art militaire. On y remarque seulement un manuscrit latin inédit intitulé De Militia [Du Métier de soldat].

    L’Appendix du de Calculo Renum et Vesicæ… transcrit (pages 232‑235) une lettre de Saumaise à Beverwijk, datée de Leyde le 15 juillet 1637, mais il n’y parle pas d’un tel projet.

Dans sa note 6, pages 7‑8, Charles Nisard a ajouté ces remarques sur l’« Art de la guerre » :

« Ce traité a été écrit à la prière du comte Luigi dei Bagni et lui est dédié. Le comte était fils du marquis de Montebello et neveu du cardinal Bagni, duquel Naudé […] était alors bibliothécaire. Ayant écrit pour cette éminence sa dissertation de Imperiorum arcanis, c’est-à-dire ses Considérations politiques sur les coups d’État, {a} un traité de Studio liberali pour le comte Fabbrizzio, frère puîné du comte Luigi, enfin, pour le marquis de Montebello, une espèce de tableau, gentis seriem, des membres de sa famille qui s’étaient distingués depuis sept cents ans dans la profession des armes, Naudé n’avait pu se refuser à écrire pour le comte Luigi, qui exerçait cette profession, un livre qui en exposât tout le mécanisme dans les temps modernes, et tous les devoirs. Il dit tout cela dans sa préface (p. 2), où il s’excuse également d’avoir été peu préparé par ses études habituelles à un pareil travail. Ce travail n’en est pas moins extrêmement curieux, et il y a lieu d’être surpris que la traduction n’en ait pas tenté quelque ancien militaire lettré, dans le calme d’une retraite inoccupée. Naudé y a déployé une érudition considérable et variée, quoique un peu prolixe ; mais il s’y montre bien renseigné sur l’état de la milice en Occident aux xvie et xviie siècles. Un certain Arion Nolagi, dans un distique placé à la fin de la table, exprime assez heureusement l’association des deux principaux éléments qui ont concouru à l’exécution de < l’>ouvrage :

Quæ castris Pallas studiis præest alma Minerva,
Præsidet in chartis utraque juncta suis
. » {b}


  1. Rome, 1639, v. note [5], lettre 925.

  2. « En son livre, il a réuni Pallas, qui préside aux sièges, et Minerve, qui règne sur les belles-lettres ».

    Minerve, Pallas ou Athéna des Grecs (v. note [13], lettre 6), était la déesse de toutes les belles productions de l’esprit, qui incluaient l’art de mener les batailles.

11.

Nicolas Bourbon (1574-1644, v. note [2], lettre 29) avait été nommé professeur royal de grec en 1611, puis avait quitté sa chaire en 1620 pour entrer à l’Oratoire. Dans sa note 7 (page 8), Charles Nisard a transcrit (sans la traduire) la De Syntagmate militari
et Commentario viri doctissimi Gabrielis Naudæi, Epigramma
[Épigramme sur le Traité militaire et sur le commentaire du très savant Gabriel Naudé]. Elle est imprimée (entre autre) dans les Opera omnia… [Œuvres complètes…] de Bourbon (Paris, 1654, v. note [22] du Borboniana 1 manuscrit), page 180 (seconde partie, Poemata exposita [Poèmes délaissés]) :

Miretur Latium quas vir sermone latino
Romulea chartas Gallus in urbe dedit :
Cernat inexhaustæ quam larga scientia mentis.
Ausoniis quantas advena portet opes :
Miror ego hæc eadem, ceu solo dissitus axe
In Tyberim socias Sequana volvat aquas :
Et me docta capit Naudæi pagina. Verum
Quam præstat res est prodigiosa magis,
Romam Marte satam, Romanos Martis alumnos
Quando in Martis opus, militiamque docet
.

[L’Italie s’étonne qu’un Français publie à Rome un livre en latin, où il se distingue par la très vaste érudition d’un inépuisable esprit, et qu’un étranger procure de si grandes richesses aux Italiens. Pour moi, je m’étonne pareillement qu’en dépit de leur éloignement, la Seine mêle le tourbillon de ses eaux à celles du Tibre, et que les doctes pages de Naudé me ravissent tant. Ce qu’il y présente est vraiment fort prodigieux : il nous y fait connaître Rome engendrée par Mars, les Romains enfants de Mars, l’art et l’armée de Mars].

Membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres (en 1875) mais interprète peu pointilleux du latin de Patin, Nisard a assorti ce poème d’un rude commentaire (que je n’oserais me permettre) :

« Il est à remarquer que Guy Patin en parle sans en faire l’éloge, se bornant à dire que Bourbon excellait dans ce genre de poésies. {a} On ne le croirait pas à lire cette épigramme, qui est assez terne. »


  1. Ma fidèle traduction contredit celle de Nisard. Pour servir son propos, il y a, entre autres inélégances, omis les mots elegantissimo nimirum [extrêmement élégante] :

    « Dès que ce véritable ami des lettres et des lettrés eut lu les premières lignes de ce traité qui m’avait été envoyé et que je lui avais recommandé, il ne put s’empêcher d’en faire le plus grand éloge et de lui donner son approbation entière. Il fit une épigramme, genre dans lequel il excelle, à la louange de Naudé, épigramme dont je fis incontinent passer une copie à Rome. »

V. note [2], lettre 100, pour les vers de Bourbon louant le triomphe de Patin dans son procès contre Théophraste Renaudot, en 1642, qui sont imprimés sur la même page de l’Appendix.

12.

Hugo Grotius {a} était ambassadeur de Suède en France depuis 1634. Il connaissait bien les affaires militaires pour y avoir consacré ses :

De Iure belli ac pacis libri tres. In quibus ius naturæ et Gentium : item iuris publici præcipua explicantur.

[Trois livres sur le Droit de la guerre et de la paix. Où sont expliqués le droit de la nature et des peuples, ainsi que les principes du droit public]. {b}


  1. Mort à Rostock en 1645, v. note [2], lettre 53.

  2. Paris, Nicolas Buon, 1625, in‑4o.

Dans sa lettre à Guy Patin datée du 30 juillet 1640, Jan van Beverwijk a de nouveau évoqué ce mauvais jugement de Hugo Grotius sur l’ouvrage de Gabriel Naudé, mais je ne suis pas parvenu à en savoir plus sur la teneur de ses propos.

13.

Pylos en Messénie (au sud-ouest du Péloponnèse) était la patrie de Nestor : les « années de Pylos » (Pylii anni) sont synonymes des « années de Nestor » (Nestorei anni, traduction choisie par Charles Nisard), elles symbolisent la grande longévité (v. note [31], lettre 146).

14.

« de cette digression à mon propos initial » (Érasme, v. note [7], lettre latine 62).

Les « princes empourprés » étaient le pape Urbain viii et ses cardinaux, avec allusion probable à la condamnation de Galilée par l’Église et sa sainte Inquisition en 1633 (v. note [19], lettre 34).

15.

V. note [7], lettre 7, pour le Suisse Paracelse (Philippus Theophrastus Aureolus Bombastus von Hohenheim, 1493 ou 1494-1541), le plus grand rénovateur de la médecine à la Renaissance, et l’une des plus insignes bêtes noires de Guy Patin et des médecins dogmatiques de son temps.

16.

Joh. Beverovicii Batavi, Aυταρκεια Bataviæ, sive Introductio ad Medicinam indigenam [L’Autarcie de la Hollande, ou Introduction à la médecine domestique, par Jan van Beverwijk] (Leyde Jean Maire, 1644, in‑8o ; première édition en néerlandais, Dordrecht, 1642).

Ce petit livre veut promouvoir la pharmacopée batave, permettant de se dispenser de l’exotique (étrangère), dont les médicaments sont importés à grands frais des contrées lointaines. On y lit, page 12, cette dédicace en vers que Nic. Borbonius, Prof. regius, senex et cæcus, propria manu scripsit Lutetiæ [Nicolas Bourbon, professeur royal, vieux et aveugle, a écrits de sa propre main] :

Flos Asclepiadum, Beverovix, sume libelli
A titulo, spondet quod tibi fama decus :
Utque frui longum possit te sospite sospes
Dordracum, Batavi regia prisca soli,
Non trux, promeriti se diam largitor honoris
In te Doctorum calculus omnis eat
.

[Tire du titre de ton petit livre, ô Beverwijk, fleur des Asclépiades, {a} la gloire que te promet le public. En t’ayant pour sauveur, puisse Dordrecht, la plus ancienne cité du pays batave, demeurer longtemps saine et sauve. Elle n’est pas farouche, elle dispense toujours les honneurs à ceux qui les ont bien mérités ; puisses-tu recueillir le suffrage unanime des savants].


  1. Les fils d’Esculape (Asklêpios, v. note [5], lettre 551).

17.

Sans doute une épreuve imprimée de la première page d’une des multiples rééditions du Médecin charitable (Philibert Guybert, v. note [25], lettre 6), contenant le Traité de la Conservation de santé de Guy Patin.

18.

« Jardin médical et secourable » :

Hortorum secreta, cultus, et auxilia, amœnæ voluptatis, et inenarabilis utilitatis abunde plena : rerumque variarum accessione nunc primum aucta et illustrata. Autore Antonio Mizaldo Monluciensi, Medico.

[Secrets, culture et ressources des jardins, abondamment emplis d’un charmant plaisir et d’une indicible utilité ; désormais enrichis et augmentés d’une annexe englobant divers sujets. Par Antoine Mizauld, {a} médecin natif de Montluçon]. {b}


  1. V. note [30], lettre 277.

  2. Paris, Federicus Morellus, 1574, in‑4o ; première édition en 1560.

    Dans sa note 14 (page 11), Charles Nisard a signalé la traduction de ce livre par André Caille : Le Jardin médicinal enrichi de plusieurs et divers remèdes et secrets. Composé par Antoine Mizald, de Montluçon en Bourbonnais, docteur en médecine. Mis nouvellement en français (sans lieu [Genève], Jean Lertout, 1578, in‑8o).


19.

Hésiode (Les Travaux et les Jours, vers 40‑41) :

« Les insensés ! ils ignorent que souvent la moitié vaut mieux que le tout et combien, et quel grand avantage il y a à la mauve et à l’asphodèle. »

La mauve est une « herbe rafraîchissante et émolliente qui entre dans les lavements » (Furetière).

La racine d’asphodèle (Thomas Corneille) :

« a quelquefois jusqu’à quatre-vingts bulbes, et on s’en sert dans la médecine, tant intérieurement qu’extérieurement. Elle est chaude et sèche, et abstersive et résolutive {a} selon Galien, qui dit que lorsqu’on a brûlé cette plante, sa cendre est encore plus chaude, plus sèche et plus subtile, et même plus digestive ; ce qui rend cette cendre fort propre pour faire renaître le poil tombé par l’alopécie ». {b}


  1. Purgative et drainante.

  2. Calvitie.

20.

V. notes [2], lettre latine 231, pour le portrait de Guy Patin gravé en 1631-1632, et [17], lettre de Jan van Beverwijk datée du 30 juillet 1640, pour le sien, achevé seulement en 1643.

21.

In oculis feram est un tour cicéronien : Balbum… in oculis fero [Je chéris Balbus… comme mes yeux] (Lettres à Quintus, livre iii, lettre i) ; « lequel je tiendrai pour un présent considérable de l’homme qui sera pour moi un modèle », pour Charles Nisard (page 11).

Ce passage (imprimé en 1641) n’a pas échappé à Théophraste Renaudot : pour dénigrer ce qu’il estimait être la vaniteuse espérance que nourrissait Guy Patin de figurer parmi les hommes illustres de son temps, il l’a repris ce passage dans sa Réponse à l’Examen de la requête présentée à la reine par Me Théophraste Renaudot, portée à son auteur par Machurat, compagnon imprimeur (Paris, 1644, page 4, v. notule {h}, note [9], lettre 96).

22.

Joh. Beverovicii epistolica Quæstio de vitæ termino, fatali, an mobili ? Cum doctorum responsis, et Secunda editio triplo auctior.

[Question par lettre de Jan van Beverwijk sur le terme de la vie : est-il fatidique ou modifiable ? {a} Avec les réponses de savants hommes], {b} et [Seconde édition, augmentée du triple]. {c}


  1. La question posée sur le terme de la vie est plus complétée à l’intérieur du livre :

    Num ita fatalis et immutabilis, ut nec incuria, violentia, aut morbis abbreviari ; nec diligentia, aut artis medicæ præsidiis prolongari possit.

    [Car il est à ce point fatidique et immuable qu’il ne peut être avancé par l’absence de soins, par la violence ou le fait des maladies ; et ne peut être retardé par les secours de l’art médical].

  2. Dordrecht, Henricus Essæus, pour le compte de Jean Maire, 1634, in‑8o, avec le frontispice représentant Anna Maria von Schurman : v. note [18], lettre de Jan van Beverwijk datée du 30 juillet 1640, qui cite aussi la réédition de 1639.

  3. Leyde, Ioannes Maire, 1636, in‑4o.

23.

Idea Medicinæ Veterum. Ioh. Beverovicius concinnavit.

[Idée que les Anciens se sont faite de la médecine, par Jan van Beverwijk]. {a}


  1. Leyde, Elsevier, 1637, in‑8o ; ouvrage que Guy Patin a cité (avec le même ajout sur les non-médecins) dans sa lettre française du 9 novembre 1642 à Charles Spon (v. sa note [11]).

24.

Livre en néerlandais, jamais traduit en latin :

Ioh. van Beverwyck Schat der Gesontheyt. Met verssen verçiert door Heer Iacob Cats Ridder etc. Eerste Raedt-Pensionaris der Stadt Dordrecht, ende Curateur des Universtiteys tot Leyden.

[Trésor de la santé de Jan van Beverwijk. Avec un poème de M. le chevalier Jacob Cats, {a} etc., premier pensionnaire de la ville de Dordrecht et curateur de l’Université de Leyde]. {b}


  1. Le poète et juriste Jacob Cats (Brouwershaven 1577-La Haye 1660) fut pensionnaire de Dordrecht de 1623 à 1636, puis grand-pensionnaire Hollande, de 1636 à 1651 -garde des sceaux en 1648).

  2. Dordrecht, Hendrick van Esch, 1636, in‑8o illustré de belles gravures.

25.

Ioh. Bev. Med. Medicinæ Encomium. Eiusdem Montanus ελεγχομενος : sive, Refutatio argumentorum, quibus necessitatem Medicinæ impugnat Mich. Seigneur de Montaigne.

[Éloge de la médecine, par Jan van Beverwijk. {a} Du même auteur, Montaigne désapprouvé, {b} ou Réfutation des arguments que Mich. seigneur de Montaigne avance pour attaquer l’utilité de la médecine]. {c}


  1. L’Encomium (35 pages) est dédié à Gerardus Johannes Vossius (v. note [3], lettre 53).

  2. Dédié à Erycius Puteanus (v. note [19], lettre 605), le Montanus est une lettre de 17 pages, datée de Dordrecht le 22 juillet 1631 et adressée à Iacobus Crucius (Jacques de la Croix ou de Crucque, Anvers 1579-Delft 1655), gymnasiarque (directeur de collège) à Delft.

    V. note [15], lettre 126, pour la vive critique des médecins par Michel de Montaigne (v. note [24], lettre 99), contre laquelle se dressait Beverwijk.

  3. Dordrecht, Henricus Essæus, 1633, in‑8o, en deux parties, dont les frontispices sont pourvus du même emblème représentant Hygie (υγιεια, v. note [2], lettre de Jean de Nully, datée du 21 janvier 1656). La première est précédée de cet exergue :

    Te facimus Medicina Deam,
    Cæloque locamus,
    Et nomen numenque tuum celebra-
    mus, et artem
    .

    [Nous te faisons déesse pour la Médecine et t’établissons dans le ciel, en célébrant et ton nom, et ta majesté, et ton art].


Ces deux textes ont été réédités au moins trois fois :

Je remercie M. Hervé Baudry, chercheur en littérature humaniste à l’Université nouvelle de Lisbonne, d’avoir corrigé en mai 2021 les approximations de l’analyse que j’avais précédemment donnée de cet ouvrage.

26.

Thalès de Milet, philosophe et savant grec du vie s. av. J.‑C., doit aujourd’hui sa célébrité au théorème de trigonométrie qu’on lui a attribué.

Dans son Montanus, Jan van Beverwijk s’associe aux détracteurs de Montaigne en réfutant l’éloge de Juste Lipse à son sujet (4e page de la lettre à Crucius, v. supra note [25], notule {b}) :

Equidem quamvis mihi tantum non arrogem, ut de scriptis eius judicium (quod ille in aliis sibi sumit liberrimum) ferre ausim : animadverti tamen iis inesse, quod de medicamentis Ægypti dicebat Homerus,

Πολλα μεν εσθλα μεμιγμενα πολλα δε λυγρα,
Pharmacia multa quidem bona mista, et noxia multa :

ita ut non mereatur ubique cum clarissimo Lipsio Gallicus dici Thales, aut septem Græciæ Sapientibus annumerari.

[Quant à moi, sans avoir l’arrogance d’oser porter un jugement sur ses écrits (comme lui se l’est très librement permis sur ceux des autres), j’ai pourtant remarqué que s’y trouvait ce qu’Homère a dit des médicaments de l’Égypte :

« Il s’y mêle assurément quantité de substances bienfaisantes et quantité de nocives » ; {a}

si bien qu’il ne mérite pas partout d’être appelé Thalès, comme a fait Juste Lipse, {b} et d’être compté parmi les sept Sages de la Grèce]. {c}


  1. L’Odyssée, v. note [17], lettre 17.

  2. Juste Lipse (v. note [8], lettre 36), Epistolarum selectarum Chilias [Millier de lettres choisies] (Avignon, 1609, v. note [12], lettre 271), lettre xliii, centurie i, page 47, datée de Leyde le 25 mai 1583, adressée à Theodorus Leewius {i} à La Haye :

    Plantinus nunc adest, serio a me monitus de Thalete illo Gallico, serio ad suos iterum scripsit : et illi responderunt iam Lutetia se petiise, apud nos scilicet sapientia illa non habitat.

    [Plantin {ii} est ici présentement, j’ai sérieusement rappelé ce Thalès français {iii} à son bon souvenir, et il a sérieusement écrit à ses associés ; ils lui ont répondu l’avoir déjà demandé à Paris. Pareille sagesse ne nous est pas coutumière]. {iv}

    1. V. note [7] des Triades du Borboniana manuscrit.

      Les indications fournies par Charles Nisard (note 19, page 12) et par Hervé Baudry (v. supra note [25]) m’ont aidé à trouver cette lettre.

    2. L’imprimeur anversois Christophe Plantin (mort en 1589, v. note [8], lettre 91).

    3. Note marginale de Lipse, à propos des Essais de Montaigne (mort en 1592) :

      Ita indigitavi Michaelis Montani librum Gallicum titulo : probrum, sapientem, et valde ad meum gustum.

      [Ainsi invoquai-je le titre du livre français de Michel de Montaigne : honnête, sage et tout à fait à mon goût].

    4. V. note [30], lettre 293. En dépit de cette louable diligence, je n’ai pas trouvé d’édition plantinienne des Essais.

  3. V. notule {e}, note [24] du Borboniana 9 manuscrit pour les sept Sages de Grèce antique dont Thalès est aujourd’hui le plus célèbre.

Beverwicjk montrait moins de retenue encore dans la conclusion de sa lettre à Crucius :

Præcipua Montani refellere conati sumus, reliqua fere vel vulgi et poetarum in malos medicos calumniæ, vel servorum in comœdiis dicteria ; pleraque certe nec Thalete digna, nec nostra refutatione.

[Nous avons entrepris de démentir les préceptes de Montaigne, en laissant presque entièrement de côté les calomnies du public et des poètes sur les mauvais médecins, comme n’ayant guère plus de valeur que les sarcasmes des esclaves dans les comédies ; la plupart n’étant dignes ni de Thalès, ni de notre réfutation].

27.

Jan van Beverwijk écrivait (de Calculo, pages 5‑6) :

Non semel vidi uno rene obstructo, alterum inutile ac vietum reddi, propriaque facultate destituum, urinæ fluxum intercipere : quod etiam a Dureto Comm. in Hipp. iv. Coacar. prænot. xlv. Foresto xxiv. Observat. xxvi. Riolan. v. Anat. xix. et aliis sæpius observatum est.

[J’ai vu plus d’une fois l’écoulement de l’urine s’interrompre quand un seul rein est obstrué, car alors l’autre devenant inutile, il se ratatine et cesse de fonctionner ; {a} comme l’ont aussi très souvent remarqué Duret commentant le 45e paragraphe du 4e traité des Prénotions coaques d’Hippocrate, {b} Forestus dans l’observation 26 de son 24e livre, {c} Riolan au chapitre xix de la 5e section de son Anatomie, {c} et d’autres].


  1. Contraire à la logique et à la réalité des faits, qui d’habitude est exactement opposée, cette bizarrerie va faire l’objet de copieux échanges entre Guy Patin et Beverwijk.

  2. Page 539 (lignes 28‑31) des Hippocratis magni Coacæ Prænotiones… commentées par Louis Duret (1588 ; v. note [10], lettre 11), avec cette déclaration :

    Atque id mirum videri debet in renis unius afflictione, sisti urinam, vel micturiendo stillatim ægre transmitti : cum ita comparata sit ratio amborum renum, ut cessante uno, alter officium suum faciat. Sed magna vis est sympathiæ in societate officii. Propterea sympathia renis alterius, crebro et parce urina emittetur.

    [Et quand seul un rein est atteint, on doit tenir pour étonnant que cesse la production d’urine, ou qu’elle s’écoule péniblement de la vessie, goutte à goutte ; car l’action des deux reins est si bien coordonnée que quand l’un cesse de fonctionner l’autre continue de travailler ; mais dans une association, le partage des tâches est une puissante force. C’est donc par sympathie de l’autre rein qu’il persiste peu fréquemment une émission d’urine].

  3. Observationum et curationum medicinalium, sive, Medicinæ Theoricæ et Practicæ, Libri xxviii… In quibus eorundem caussæ, signa, prognosis et curationes graphice depinguntur, Auctore Petro Foresto, Alcamrino, Med Dlephensi. Auctiores et limatiores cum universalum rerum, locorum, observationum, morborumque Indice.

    [Vingt-huit livres d’observations et de guérisons médicales, ou de médecine théorique et pratique… Petrus Forestus, {i} médecin de Delft natif d’Alkmarr, y dépeint exactement les causes, les signes, le pronostic et les traitements des affections. Revus et augmentés avec un index de toutes matières, les citations, des observations et des maladies]. {ii}

    1. Peter Van Foreest, v. note [13], lettre 401.

    2. Francfort, Paltheninana Officina, 1602, in‑4o de 776 pages.

    L’observation xxvi, livre xxiv, pages 478‑483, est intitulée De Calculo renis in uretere impacto ; cum crudelissimo dolore, et urinæ omnimoda suppressione, cui et antea ex sanguine coagulato etiam urina suppressa fuerat, cum sævissimis symptomatis [Sur un calcul du rein bloqué dans l’uretère, avec très cruelle douleur et suppression complète d’urine, chez un malade qui avait précédemment déjà souffert de suppression d’urine par un caillot de sang, avec de très cruels symptômes].

    Dans sa Scholia [son commentaire], où il cite Fernel, Forest invoque (page 478, bas de la 1re colonne) la sympathie (v. note [4], lettre 188) existant entre les deux reins pour expliquer que l’obstruction du seul uretère gauche par un calcul provoque une anurie ; mais sans écarter de manière convaincante la possibilité que le rein droit ait précédemment été détruit par la lithiase.

  4. Anatome [Anatomie] de Jean i Riolan (le père), chapitre xix, De Renibus [Des Reins], page 131 de ses Opera omnia (Paris, 1610, v. note [9], lettre 22) :

    Renes geminos natura condidit, utrimque unum, non tam ad æquilibrium corporis, quam actionis suæ continuatem : Ne uno præpedito et obturato cessaret humoris serosi profusio, etiamsi non seml observaverim monitus a Foresto, uno rene obstructo, alterum inutilem et vietum reddi, propriaque actione destitutum urinam transitu prohibere.

    [La nature nous a pourvus de deux reins, l’un semblable à l’autre, non tant pour le bon équilibre du corps, que pour assurer la permanence de leur action : c’est afin que, quand l’un des deux est empêché et obstrué, l’écoulement de l’humeur séreuse ne s’interrompe pas ; même si, plus d’une fois, prévenu par Forestus, j’ai observé que quand un rein est bloqué, l’autre est rendu inutile ; s’atrophiant et perdant sa fonction, il empêche l’excrétion de l’urine].

    V. note [20], lettre latine 154, pour la reprise de ce thème par Jean ii Riolan (le fils) en 1649.


28.

V. note [20], lettre latine 154, pour les jugements de ces trois auteurs sur la question de l’anurie survenant quand un seul des deux reins est atteint.

29.

Jacques Miron, conseiller à la Cour des aides, était le frère aîné de Robert ii (v. note [9], lettre 82) ; il est mentionné dans la note [29] de la lettre 106 comme époux de Marie (ou Anne) Charpentier, marraine de Pierre Patin, 3e fils de Guy.

Avec sa note 21, page 13, Charles Nisard s’est égaré dans les méandres de la famille Miron. Sa traduction et ses commentaires des passages médicaux de la lettre ne sont pas non plus à recommander.

30.

Guy Patin renvoyait au dernier paragraphe de ce chapitre intitulé Les degrés, causes et signes de la fièvre hectique (pages 285‑286 de La Pathologie de Jean Fernel, traduction de 1655, v. note [1], lettre 36) :

« On compte encore une troisième espèce de fièvre hectique, laquelle provient de l’affection de certaine partie, principalement du foie, de la rate, de l’estomac, des poumons, de la poitrine, des reins ou des intestins, où il y a eu quelque inflammation {a} qui n’est pas bien guérie, et surtout si elle devient purulente. Car la chaleur fébrile persistant longuement en ces parties-là et continuant d’attaquer le cœur, elle devient certainement fort difficile à guérir et dessèche extrêmement, tant le cœur que le reste des parties. Au reste, cette fièvre ne peut être estimée proprement hectique, mais c’est une fièvre symptomatique, {b} et qui souvent est de longue durée et lente. »


  1. V. note [6], lettre latine 412.

  2. C’est-à-dire secondaire à une maladie (et non une maladie en soi) : deutéropathique (et non protopathique ou essentielle) ; v. notule {j}, note [6] de la Consultation 12, pour Fernel sur cette distinction, qui subsiste dans la médecine moderne.

31.

« On employa l’art pour y remédier, […], le désastre surpassait tous les secours et tous les secours furent vains » (Ovide, v. note [2], lettre 866).

32.

Euthanasie (euthanasia) est à entendre dans le sens étymologique de « belle mort » que lui a donné Suétone dans sa Vie d’Auguste (chapitre xcix) :

Sortitus exitum facilem et qualem semper optaverat. Nam fere quotiens audisset cito ac nullo cruciatu defunctum quempiam, sibi et suis ευθανασιαν similem (hoc enim et verbo uti solebat) precabaturi.

[Le sort lui a accordé une mort douce, et telle qu’il l’avait toujours désirée ; car, presque chaque fois qu’il entendait dire que quelqu’un était mort promptement et sans douleur, il priait les dieux de lui accorder, comme aux siens, une pareille euthanasie (tel était le mot qu’il avait coutume d’employer)].

Il ne faut pas ici se référer aux sens modernes de mort volontaire par refus de soins (autres que palliatifs), ou par administration de médicaments toxiques (suicide dit médicalement assisté) : v. note [51] du Borboniana 7 manuscrit.

33.

Description exacte de la fonction des reins qui consiste à filtrer la partie liquide du sang (le sérum, ou plus exactement le plasma, quand le sang est fluide, non coagulé) pour en extraire l’eau et les substances diluées (urée, ions, etc.) qui formeront l’urine. Le plasma est riche en substances nutritives, et notamment en protéines : en très grande majorité produites par le foie, leur concentration (protidémie) est comprise entre 65 et 85 grammes par litre) ; la principale d’entre elles est l’albumine (35 et 50 grammes par litre).

Les calices sont les cavités qui collectent l’urine émise par chaque rein ; ils se réunissent pour former le bassinet qui s’évacue dans la vessie par l’uretère.

q.

Beverwijk a, page 152.

Johanni Beverovicio,
Patricio et Medico Dordrechtano,
Guido Patinus Bellovacus,
Doctor Medicus Parisiensis
S.P.D.

Vir Clarissime,

Iamdudum est ex quo me convenit ingenuus sane ac eruditus adolescens Dordrechtanus, qui cum humanissimo tuo nomine me salutavit, tum vero ea mihi de Te retulit quæ amorem erga Te meum haud difficulter accenderunt : neque prius destitit animus, quam illum per literas statim exhiberem, Teque rogarem, ut vicissim aliquam tuæ in me benevolentiæ testificationem depromeres : gestio etiam et Te deinceps affari, cujus nominis fama jamdudum ad me pervenerat, et Tibi penitus innotescere, cujus libros ad me delatos tanta cum alacritate animi semel ac iterum evolvi : illos sane in Musæo nostro

r.

Beverwijk a, page 153.

collocatos non invitus ostendi illi juveni tuo populari ; præcipue vero postremum illum de Calculo quem non prius e manibus deposui quam totum legissem, adeo scilicet doctus et eruditus mihi visus est : dignusque certe qui omnium quotquot Medicinæ dant operam manibus teratur : hoc præsertim tempore, quo nescio quo fato tam multi laborant Calculo : atque inprimis omnes fere qui elegantiores atque politiores Musas colunt : cujus rei locupletissimum testem habemus vestrum illum Erasmum, vere ερασμιον, melioris literaturæ facile principem, qui tam sæpe in aureis illis suis Epistolis de diro ac crudeli illo morbo conqueritur : quemque ideo scite admodum vocat suum carnificem. Plura etiam in hanc rem refert Illustrissimus Thuanus noster, historiarum sui temporis scriptor dignissimus, in Elogiis Claudii Puteani, Ioan. Heurnii et aliorum. Illud vero, ut libere fatear, postremum illum ingenii tui fœtum mihi maxime commendavit, quod in eo Clarissimi Viri D. Gabr. Naudæi, mihique longe charissimi nomen summa animi voluptate deprehendi, velut gemmam aliquam intertextum. Gaudeo quippe de illo viro mentionem fieri,

s.

Beverwijk a, page 154.

quicum jampridem certissimo sinceri minimeque fucati armoris vincula junctus sum ; quemque ipse toto illo tempore quo in Italia versatur usque adeo colere dignatus est, ut omnibus officiis me abunde cumularit, non modo doctis ac omni eruditione plenis Epistolis, quas non raro ad me scribit ; verum etiam egregiis illis libellis, quos a se accurate elaboratos identidem chari muneris loco Musarum ille vere amasius ad me transmittit. Ex quibus singulis unus est mihi instar omnium, nuperrimum illud syntagma de Studio Militari, quem ab omnibus doctis tantopere probatum video, præcipue a dignissimo illo hujusce rei arbitro Nicolao Borbonio, Linguæ Græcæ Ex-professore Regio. Is enim Vir litterarum omniumque literatorum vere amans, ubi vel primas ejus libri quem ad me ab Authore missum ei commendaveram, lineas delibavit, non potuit quin summopere laudaret, suoque calculo lubens approbaret ; elegantissimo nimirum Epigrammate (cujus ipse Nicolaus Borbonius mirus est atque egregius artifex) in Naudæi laudem contexto, cujus exemplar illico Romam ad amicum nostrum transmisi. Audivi et acre de illo

t.

Beverwijk a, page 155.

judicium Clariss. et Nobiliss. Viri Hugonis Grotii, quem ad Regem Christianissimum Sueci Oratorem legarunt : quemque eximiæ eruditionis nomine universus pene orbis demiratur. Legit et opus illud aureum Renatus Morellus Regius Medicinæ Professor, quondam præceptor, nunc Collega meus, quem bibliothecam ambulantem vere possim appellare : legit inquam, et quo pollet ingenii acumine laudavit. Denique nemo est qui librum hunc non miretur ob eximiam illam polymatheiam, et reconditam doctrinam, quæ ubique diffusa in hoc opera legitur : quamobrem tantæ doctrinæ virum et Tibi pariter et mihi amicissimum, optarim certe vel Pylios annos vivere, diuque bona valetudine frui, ut pergeat et rei literariæ esse honori, et arti Medicæ, quam apprime callet, ornamento : quanquam istius disciplinæ, quæ ambitu suo latissime patet, finibus circumscribe non valet illius ingens et ad egregia quæque natus animus, si jam ea ætate rerum omnium encyclopædia non sine purpuratorum Italiæ Principum stupor cernitur instructus ac plane expolitus. Sed ut e diverticulo ad viam, et a Naudæo meo ad librum tuum

u.

Beverwijk a, page 156.

de Calculo regrediar, non possum, crede mihi, quin opusculum illud tuum summopere laudem, utpote quod et curantibus Medicis, et languentibus a Calculo ægrotis valde sit profuturum : quamobrem, Clarissimo Beverovici, hortor Te ut pergas doctissimis tuis lucubrationibus Artis nostræ gloriam illustrare et augere adversus ciniflonum atque argytarum de Paracelsi grege calumnias ; tum ut hac ratione bonorum omnium benevolentiam promerearis, tum vero ut tui nominis Gloria per universum orbem longe lateque diffundatur. Audivi præterea ab ingenuo illo juvene Te propediem editurum opus de plantis et medicamentis indigenis : quare ejusdem argumenti librum lingua nostra vernacular editum illi ostendi, cujus titulum ad Te mitto. Si speras illum aliquatenus tibi profuturum, pergratum erit mihi ut eo utaris tanquam tuo : rem sane aggrederis et jucundissimam, tuoque ingenio dignissimam, tum vero in Artis nostræ operibus longe utilissimam : si nempe tua ope, tuoque beneficio longe accitis et ab ultimis mundi finibus deportatis mercibus Medici amplius non indigebunt, sed tuto et facile natis apud se medicamen-

v.

Beverwijk a, page 157.

tis, morborum curationem aggredi poterunt. Perge igitur, Elegantissime Beverovici, et rem Medicam illustrare et augere eo quo polles ingenio nunquam intermittente. Tale prope fuit olim consilium eruditi scriptoris Antonii Mizaldi Monluciensis, in suo Horto Medico et auxiliari, dum in eo describeret multa remedia ευποριστα et paratu facilia, don’t les bienfaits, quorum beneficio liberaretur et eximeretur populus a tyrannide Pharmacopœorum, qui nulla omnino præsidia nisi caro empta quidquam putant prodesse in morbis : quibus non minus pulchre quam vere potest objici illud Hesiodi :

Νηπιοι ουδε ισασιν οσω πλεον ημισυ παντος,
ουδ οσον εν μαλαχη τε και ασφοδελω μεγ ονειαρ.
Stulti neque sciunt quanto plus dimidium sit toto,
Neque quam magnum in Malva et Asphodelo bonum.

Perge inquam et si vel modicum juvare te possim, efficiam certe ut operam, studium et amorem in Te meum nunquam desideres. Cæterum mitto ad Te meam effigiem stipulatione solita, ut vicissim mittas tuam, quam magni muneris loco ha-

w.

Beverwijk a, page 158.

bebo, ut cujus exemplar in oculis feram. Vale igitur, mi Beverovici, eumque semper ama qui ad omnia Tibi paratissimus futurus est

Guido Patinus Bellovacus
Doctor Medicus Parisiensis.

Datum Lutetiæ Parisiorum xiv
Kal. Aug. m. dc. xl.

Ex perlecto libello tuo de Calculo quidam animo meo hærent scrupuli, quorum solutionem a Te, Vir Clarissime, expeto et expecto.
Quemnam scripsisti librum de sanitate tuenda ? Vidi duplicem editionem libri de fatali vitæ Termino, in 8 et in 4. Vidi librum de Calculo : Vidi Ideam Medicinæ Veterum ex non Medicis : sed librum hunc tuum de sanitate tuenda nunquam vidi, nec audivi.
Quidnam et ubinam scripsisti adversus nostrum Mich. Montanum, (quem Belgii olim vestri decus et ornamentum singulare Iustus Lipsius Thaletem Gallicum appellabat) super Medicinæ nostræ patrocinio, quam ille viliorem esse voluerat ? de hoc tuo opere nihil quidquam audivi.

x.

Beverwijk a, page 159.

Ad ea quod spectat quæ narrantur in tuo libro de Caculo, Pag. 5 et 6 de Renum consensu, inter alia multa quæ passim in operibus Artis exempla deprehendi, quæ consensum ejusmodi destruunt, et Lud. Dureti, Foresti, Riolani, aliorumque sententiam elevant, unum occurrit mihi anno superiore dignissimum quod Tibi enarrem. Vir nobilissimus idemque optimus Iacobus Myro, Senator Parisiensis, cum esset raræ texturæ et infirmæ valetudinis, circa initium Februarii incidit in febrim continuam, quæ ex prægrandi abscessu rupto in Mesenterio cum pravis aliquot symptomatis, præsertim vero Diarrhœa biliosa et serosa, jugibus vigiliis, Hæmorrhoidibus et universi corporis colliquatione, versa est in lentam symptomaticam, qualem graphice descripsit Clarissimum olim Scholæ nostræ lumen Io. Fernelius, lib. 4. Pathol. cap. 16. sub finem. Ex hoc affectu postquam decubuisset nobilis Senator, per quinque fere menses, quibus in dies pugnatum est arte medendi, tandem exitium superavit opem quæ victa jacebat, fatisque cessit morte lentissima, sine ulla vi ullaque torsione : quaque placidiorem nullam potuisset un-

y.

Beverwijk a, page 160.

quam sperare, neque optare Augustus ipse, sine ullo cruciatu et tormento, quam ευθανασιας nomine indigitare solebat. Transactus ab excessu horis xii dissectum fuit cadaver me præsente, et aliis multis. Inter cætera observatu dignissima quæ consulto annotavi (quorum omnium seriem tunc temporis in cognatorum gratiam a me exaratam ad Te mitto) et hoc unum fuit. Ren dexter (ex cujus vitio supra annos decem sævissimis doloribus Nephriticis multoties fuerat divexatus) totus putris et in tabum redactus deprehensus : in cujus media substantia et cavitate oblongum et obliquum calculum comperi angulosum et, ut ita dicam, cornicularem. Iam multum temporis erat ex quo haud dubie ren ille non solum putris et saniosus, verumetiam totus gangrænosi affectus, et corruptissimus, sui muneris nihil quidquam edebat, et propria secernendi sanguinis et seri excernendi facultate destitutus erat : qui enim potuisset obstructo meatu a grandiore Calculo, et corrupta ad eum putredinis gradum propria substantia, ut ipsius renis nihil aliud quidquam haberet præter figuram et tunicam, quæ pro renis substan-

z.

Beverwijk a, page 161.

tia merum tabum idque nigerrimum continebat ? et tamen nulla unquam laboravit per totum morbum urinæ suppressione. Quod sane sæpius quoque a xv. annis in hac populosa urbe calculosorum feracissima facile observavi. Ergo non est semper verum uno rene obstructo, alterum statim cessare ab officio, cum ægrorum plurimi urinam profundant alterius renis beneficio ad ultimum usque vitæ momentum.
Verum hæc omnia Tibi subjicio, Clarissime Beverovici, et judicium tuum super his quæsitis expecto per epistolam, si quid Tibi a melioribus studiis supersit otii, et si animus fert ad me scribere. Vale igitur iterumque Vale.

Tui amantissimus et obsequentissimus

Guido Patinus Bell.
Doct. Med. Paris.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Jan van Beverwijk, le 19 juillet 1640

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(Consulté le 20/04/2024)

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