Je crois qu’avez reçu ma dernière datée du 5e de novembre que j’avais enfermée dans celle de M. Falconet. Le même jour au soir je reçus une lettre de M. Volckamer, [2] par laquelle il me donne avis qu’il a reçu le paquet de M. Riolan ; [3] mais que de malheur, il a trouvé un cahier tout entier de manque à l’Anthropographie, [4] qu’il me prie de lui envoyer, ce que je ferai. Outre plus, il me prie aussi de lui envoyer encore deux exemplaires de l’Anthropographie et autant de l’Encheiridium, [1][5] et de lui indiquer le vrai prix d’iceux afin qu’il puisse retirer l’argent de ceux qui les désirent avoir ; et à tout cela je m’en vais y travailler, ce que je ne puis entièrement effectuer sans votre aide, dont je vous prie très humblement de continuer envers moi votre bonne volonté pour l’avenir, comme je vous rends grâce de tout mon cœur pour toute la peine qu’avez prise pour ces affaires par ci-devant.
Enfin, nous avons deux surintendants des finances, savoir M. d’Avaux, [6] frère du président de Mesmes, [7] et qui a par ci-devant été plénipotentiaire à Münster ; [8] l’autre est M. d’Émery-Particelli, [9] qui est un rappelé à la même charge. Il faut souhaiter qu’il y réussisse mieux qu’il n’a fait par ci-devant. Beaucoup de gens se flattent et se promettent qu’il fera bien ; mais j’ai peur que l’intérêt qu’ils y prennent ne les fasse parler de la sorte. [2] Le blé est encore ici bien cher, combien qu’il y en ait beaucoup ; mais c’est que tel qui en a déjà en achète encore dans l’appréhension qu’il a du futur. Il y en a beaucoup aussi dans les provinces que l’on n’amène point ici, dont on allègue diverses causes.
M. Huguetan [10] l’avocat m’a fait l’honneur de me venir voir. Je l’ai entretenu fort agréablement une bonne demi-heure, mais la nuit survenant en fit la dissolution. Il est d’un puissant entretien, bon et sage, et il y a beaucoup à apprendre avec lui. Il m’a fait le bien de m’enseigner sa maison, je ne manquerai pas de l’aller visiter.
Tout ce qu’on dit ici de la paix de Bordeaux, [11] est fort incertain : on dit qu’on a embarqué du monde vers Abbeville, [12] pour mener contre eux ; qu’il y avait 1 200 hommes, mais qu’ils se défilent ; que faute d’argent, ils ne veulent point aller et même, qu’ils soupçonnent qu’on les veut envoyer en Catalogne [13] sous ombre d’aller à Bordeaux. Il est vrai que nous avons besoin d’hommes en Catalogne, mais nos gens n’y veulent pas aller. Le comte < Du > Dognon, [14] gouverneur de Brouage, [15] a équipé trois vaisseaux pour envoyer contre Bordeaux au secours de M. d’Épernon, [16] mais il manque de matelots, qui refusent d’aller contre Bordeaux. Tant y a que si ceux de Bordeaux sont rudement attaqués, on dit aussi qu’ils se défendront bien et qu’ils mettront toute pierre en œuvre pour ne pas retomber dans les pattes de leur traître et enragé gouverneur. [3]
On m’a dit aujourd’hui que le livre que M. de Saumaise [17] fait imprimer à Leyde [18] pour le roi d’Angleterre [19] sera in‑fo, d’assez grosse lettre. [4] On dit que M. d’Émery promet de faire en sorte que tout ira bien et que tout le monde sera content ; il nous veut faire espérer de la bonace, mais je n’oserais m’y fier, Mare momento vertitur. [5][20] Cet homme est un tigre ou un lion qui ne s’apprivoisera jamais guère bien, au moins n’y aura-t-il guère d’assurance. Un petit libraire du Palais, grand vendeur de pièces mazarinesques [21] depuis notre guerre, a été surpris distribuant quelques papiers diffamatoires contre ledit sieur. [6] Il a été mis au Châtelet [22] où il a été condamné aux galères [23] pour cinq ans, sauf son appel à la Cour où il y a apparence qu’il n’y sera pas si rudement traité. Ce pauvre malheureux s’appelle Vivenay. [7][24] Il y a ici beaucoup de gens fort incommodés d’avoir prêté au roi [25] ou aux partisans. La plupart de ces gens-là ont grande peine à se soutenir, et sont à la veille de faire une honteuse banqueroute s’ils ne reçoivent quelque douceur et faveur de M. d’Émery, de qui la plupart ont souhaité le retour aux finances pour cet effet ; et néanmoins, il n’y a rien de si incertain, il y a de l’apparence qu’il fera premièrement pour le roi qui le met en besogne et puis après, pour le Mazarin [26] et pour tous ceux qui l’ont rétabli en cette grande charge, ou au moins qui lui ont rendu bon service et qui lui ont bien aidé. Par après, il travaillera pour soi-même, sa famille et pour tous ses amis. Enfin, j’ai peur que le reste ne soit bien court pour beaucoup de gens qui s’y attendent, pour le grand besoin qu’ils en ont. Ledit sieur d’Émery est ici actuellement malade de quelques douleurs podagriques, [27][28] et reçoit dans son lit les compliments et les visites de tous ceux qui le vont saluer, [8] et se réjouir avec lui de ce qu’il est rétabli (qui est une espèce de prodige à la cour qu’un homme haï comme celui-là et chassé comme il a été soit néanmoins enfin rétabli par ceux mêmes qui l’avaient ou chassé ou éloigné).
Je vous donne avis que le samedi 13e de novembre 1649, j’ai délivré un petit paquet à un jeune homme de Lyon pour faire emballer avec de la marchandise qui appartient à M. Devenet, [29] libraire de Lyon, qui est celui qui a imprimé Praxis Riverii ; [9][30] et c’est celui-là qui vous doit rendre ledit paquet franc de port, quod utinam fiat cito. [10] Vous trouverez dans icelui un paquet pour M. Volckamer contenant deux Anthropographies et deux Encheiridiums de M. Riolan cum aliis paucissimis. [11] Je prends la hardiesse de vous recommander ce paquet et de vous supplier de prendre le soin de l’adresser à notre ami à Nuremberg, [31] qui m’a demandé lesdits exemplaires et qui est fort en peine d’un cahier qui manque à ce que je lui ai envoyé par ci-devant. Vous y trouverez pareillement un petit paquet pour vous, dans lequel sont contenus les trois portraits de Salmasius, Grotius [32] et du père Cousinot [33] qui mourut ici l’an 1645. [12] Je n’en ai trouvé des deux premiers chez aucun marchand en taille-douce de la rue Saint-Jacques. [34] J’en ferai venir tout exprès d’autres de Hollande et en attendant, je vous envoie les deux miens afin que vous ayez le plaisir de les voir aussi bien que j’ai eu par ci-devant. De plus, vous y trouverez Phil. Guyberti Medicus officiosus, [13] qui est le Médecin charitable [35] en français que M. Sauvageon [36] m’a dédié, l’ayant tourné en latin pour tâcher de faire dépit à M. Jost [37] qui en a le privilège en français et qui n’a pas voulu acheter à son mot son Perdulcis. [14][38] Il y a encore une autre chose qui l’a porté à entreprendre ce travail, savoir l’argent que lui en a donné le libraire hollandais nommé Vlacq [39] qui en a fait ici faire l’impression à ses dépens et qui tôt après, l’a envoyée en Angleterre et en Hollande, où il a grand trafic et où il est de présent ; combien que l’on imprime encore ici un livre de M. Grotius pour lui, qui est le reste de ses commentaires sur le Nouveau Testament, [40] et principalement sur l’Apocalypse ; et d’autant que le volume ne peut être gros, ils ont dessein de l’augmenter du traité du même auteur De Veritate religionis Christinæ, cum notis, tel qu’il fut ici imprimé l’an 1640, in‑12. [15][41] Et après que cela sera achevé et que ce livre sera en vente, il m’a dit qu’il imprimera son Histoire de Hollande en latin, in‑fo, [16] que l’on dit être une fort belle pièce ; au moins je l’ai ouï dire à un témoin oculaire, qui est un des plus habiles hommes du monde, à qui la veuve de l’auteur l’a donné à voir, savoir à M. Le Bignon, [42] avocat général au Parlement, qui a été un des grands amis de feu M. Grotius, mais qui est extrêmement capable d’en bien juger. De plus, vous y trouverez un petit livret intitulé Præcautiones Tridentinæ fait ici par un homme [43] qui autrefois a été jésuite et qui l’est encore en quelque façon, contre les jansénistes, [44] que les jésuites [45] tiennent pour leurs ennemis. [17] Franc. Vavassoris liber de Forma Christi [46] est de beau latin et m’a été donné comme tel par excellence. [18] Dissertatio de Tridentini Concilii autoritate et interpretatione est un ouvrage du P. Petau [47] contre quelque janséniste. [19] Le livre de M. de Launoy [48] intitulé Dissertatio duplex veut prouver qu’il n’y eut jamais de saint René et qu’il ne fut jamais évêque d’Angers. [49] C’est le même qui a écrit contre saint Denis l’Aréopagite, [50] disant qu’il n’est jamais venu en France, et je pense qu’il dit vrai. Il a pareillement écrit contre la Madeleine, [51] prétendant qu’elle n’est jamais venue en Provence, et je suis de son avis. Il a écrit aussi et fort bien réfuté le scapulaire des carmes. [20][52] C’est un docteur en théologie de Navarre, [53][54] Normand, homme de mauvaise mine, mais savant et principalement en l’histoire ecclésiastique. Il y en a ici qui l’appellent esprit ferré et âme damnée, disant qu’il se faut garder de lui, qu’il ôte tous les ans un saint du paradis et qu’il y a du danger qu’il n’en ôte Dieu même à la fin ; et néanmoins, jusqu’ici personne ne lui a répondu. [21] Je me suis laissé dire par un de ses amis, qu’il avait été longtemps espion et pensionnaire des jésuites (et hoc est de patria) [22] qui se servaient de lui pour approuver leurs livres ; mais qu’enfin ils l’ont cassé aux gages et lui ont ôté sa pension pour n’avoir point voulu donner quelque approbation à une nouvelle doctrine qu’ils voulaient publier. [23] Vous trouverez aussi la Rome ridicule de Saint-Amant, [55] avec le scazon de Jos. Scaliger [56] sur Rome à la fin, lequel vaut mieux que Rome même avec toute sa moinerie. [24] M. Du Monstier, [57] par ci-devant recteur de l’Université [58] auparavant M. Hermant, [59] ayant été fait professeur du roi par monsieur votre archevêque, [60] a fait l’an suivant imprimer sa harangue afin d’avoir quelque chose à présenter à Messieurs du Grand Conseil où il plaidait un canonicat de Rouen qu’il n’a pas encore. [25] Pour le rôle des médicaments que M. de Saint-Jacques [61] l’aîné fit autrefois imprimer, il parle de lui-même : cela fut présenté en l’an 1623 à Messieurs du Parlement pour un procès qu’il avait alors contre les apothicaires. [26][62] L’épitaphe de M. Godefroy [63] est de la façon du fils de feu M. Cousinot, [64][65] premier médecin du roi. [27] C’est un jeune homme d’environ 20 ans, fort bien né, point débauché, qui s’adonne fort à l’étude. Il a environ 6 000 livres de rente en bénéfices, est un grand garçon bien fait qui n’a que de bonnes et louables inclinations, et duquel M. Bouvard, [66] son grand-père, et Madame sa mère [67] ont très grand contentement. Voilà une bien longue anatomie, et un ennuyeux discours pour un si petit et si chétif paquet. Si Dieu le veut, je pourrai vous en envoyer une autre fois un plus gros et plus précieux.
On dit que M. de Mercœur [68] partira pendant huit jours pour s’en aller en Catalogne où l’état de nos affaires requiert du secours présent. La flotte d’Espagne est arrivée des Indes, [69] ce qui fortifie avantageusement le parti de nos ennemis. C’est pourquoi il serait à souhaiter que la paix de Bordeaux fût faite afin qu’on y pût envoyer tant plus de troupes, de peur qu’enfin nous ne perdions cette province qui s’est donnée à nous de si bonne sorte ; ce qui ne peut arriver qu’à notre extrême confusion et à notre grande perte. [28] Les trois nièces du Mazarin [70][71][72][73][74] étaient logées dans le Palais-Cardinal. [75] On les a envoyées dans le faubourg de Saint-Jacques au monastère du Val-de-Grâce, [76] où elles sont comme dans un fort. [29] Et dans leur appartement vide, on y a logé M. d’Émery, le nouveau surintendant, afin qu’il soit là plus en assurance contre les attaques du peuple si d’aventure il venait à se remuer, ou à cause de la trop grande cherté du blé ou pour quelque autre sujet. [30] Je vous prie de me permettre que je vous consulte sur une difficulté qui me vient de naître : en cherchant quelque chose dans le livre de notre ami M. Hofmann, [77] de Medicamentis officinalibus, j’ai eu recours à la grande table dans laquelle, page 607, col. 1, lignes 9 et 10, j’ai lu ces mots qui m’ont étonné et que je n’entends point, combien qu’autrefois j’aie lu le livre tout entier, Galeni codices accusantur, etc. In India longe alii sunt quam nostri ; [31] le chiffre suivant ne me fait rien connaître, c’est pourquoi je suis en grand doute ; y a-t-il apparence que dans les Indes il y ait des volumes et quelques tomes de Galien ? J’ai peur que cela ne soit faux et qu’il ne faille rapporter cela à quelque autre article. Faites-moi le bien de m’en donner l’éclaircissement si vous le savez. Pour moi, je vous le confesse, hic agnosco tenuitatem et inscitiam meam. [32] Vous serez peut-être en ce cas-là mon oracle, comme vous l’avez déjà été par ci-devant en beaucoup d’autres occasions. M. Ravaud [78] m’a fait l’honneur de m’écrire et m’a invité de lui faire réponse à l’offre qu’il m’a faite, me priant de trouver bon qu’il me dédie son Sennertus. [79] Vous savez ce que je vous en ai écrit par ci-devant : si vous en êtes d’avis, je le veux bien, et j’en ferai tout ce que vous voudrez et qu’il vous plaira me conseiller. Je lui ai fait réponse dans le même dessein, si bien que vous n’avez plus qu’à ordonner ce que vous voulez que je fasse ; et en cas que cela arrive, faites-moi le bien de me mander ce que je dois faire et comment il faut que je me gouverne avec MM. Ravaud et Huguetan. [80] Totus enim a tua lege iudicioque tuo pendebo. [33]
J’ai rencontré ce matin M. Riolan [81] qui est fort affligé : son second fils, [82] qui est avocat de la Cour, s’est marié contre son gré et lui a donné beaucoup d’affaires ; il a reçu de l’argent, fait de fausses quittances, etc. ; bref, il a fait comme font la plupart des enfants de Paris, bonne mine et bonne chère sans s’enquérir aux dépens de qui ce sera. J’ai grand peur que cette affliction n’abatte ce bonhomme et qu’il ne nous donne plus de livres. Il n’a nul contentement en sa maison : sa femme [83] a été mauvaise toute sa vie, criarde, acariâtre, ménagère outre mesure ; son fils aîné, [84] qui est un bénéficier de 6 000 livres de rente, est un débauché qui ne donne nul contentement à son père ; il avait une fille aînée, [85] belle et sage, laquelle mourut tout en vie et presque subitement, [86] laquelle a laissé beaucoup de petits enfants qui ne sont pas trop accommodés, [34] d’autant que leur père depuis qu’il est veuf, a eu des pertes et a mal fait ses affaires. [35][87][88][89] Il n’avait de la consolation que de cet avocat qui avait beaucoup de bonnes qualités, et entre autres un esprit vif et tout de feu ; et je suis bien marri de ce malheur qui pourra être cause que M. Riolan n’achèvera peut-être rien de tout ce qu’il a commencé. Sa fille aînée mourut inopinément d’une perte de sang fort excessive en revenant de l’église. Il ne voit point sa seconde, [90] d’autant qu’elle est mariée aux champs. Les bons pères sont sujets d’avoir de mauvais enfants. [36]
On dit ici que ceux de Bordeaux sont les plus forts et qu’ils sont en état de donner la loi à M. d’Épernon ; [3] que si on envoie de grandes forces contre eux, qu’ils sont pareillement assurés de bons secours ; qui est une nouvelle qui me réjouit, en dépit du Mazarin et du duc d’Épernon ; et je prie Dieu qu’ils soient si forts qu’ils puissent heureusement résister à cette tyrannie qui ruine la France. Il se débite ici une nouvelle de la part de l’ambassadeur de Portugal, savoir que le grand vizir [91][92] qui est à Constantinople [93] a fait étrangler son maître le Grand Turc, [94] âgé de dix ou douze ans ; et qu’il s’est rendu maître de ce grand Empire. Je ne sais si cela est vrai, mais il y a environ deux mois qu’un pareil bruit courut encore ici. [37] Dieu nous doint sa paix, et à moi vos bonnes grâces, désirant être toute ma vie, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,
Patin.
De Paris, ce mardi 16e de novembre 1649.
M. d’Émery est au lit malade d’une fièvre quarte, [95] il est fort exténué. [30] On m’a dit aujourd’hui que les médecins de cour qui le pansent ont peur qu’il ne devienne hydropique. [96] La reine [97] se plaignait hier qu’il n’était point guéri, vu qu’il avait été purgé [98] plusieurs fois et même qu’il avait été saigné 32 fois depuis le commencement de sa maladie, qui avait été à Châteauneuf [99] près d’Orléans. [38] Vous voyez comme les chimistes [100] et les charlatans [101] se trouvent obligés de se servir de ce divin remède malgré tous les secrets de Paracelse. [102] S’il est en l’état que j’ai ouï dire, il est mal ; mais peut-être que ces charlatans-là, entre les mains de qui il est, font comme ceux dont a parlé Tertullien, [103] qui morbum extollunt ut maiore gloria sanasse videntur. [39] On dit que les troupes qui sont en Provence [104] partent pour aller au secours de M. d’Épernon. [40] Adieu Monsieur, et amorem tuum mihi perenna. [41]
Ms BnF no 9357, fos 65‑66 ; Reveillé-Parise, no ccxvii (tome i, pages 494‑499) ; Jestaz no 20 (tome i, pages 540‑549.
Certains passages se lisent dans Du Four (édition princeps, 1683), no xxix (pages 101‑104), Bulderen, no xlix (tome i, pages 139‑141), lettre bizarrement datée du 18 novembre 1650 et certainement fabriquée par les premiers éditeurs.
V. notes [25], lettre 146, pour l’Anthropographie (Opera anatomica vetera…), et [25], lettre 150, pour l’Encheiridium de Jean ii Riolan.
Les deux récipiendaires avaient déjà exercé la surintendance des finances : Claude de Mesmes, comte d’Avaux, de 10 juin 1643 au 16 juillet 1647, et Michel i Particelli d’Émery, du 16 juillet 1647 au 9 juillet 1648. Cette double nomination (v. note [5], lettre 205) avait une haute valeur politique.
Journal de la Fronde (volume i, fo 129 ro, novembre 1649) :
« Le 6 du courant, la charge de surintendant des finances fut donnée à MM. d’Avaux et d’Émery pour l’exercer conjointement, et le premier fut nommé devant celui-ci dans la commission pour contenter M. le duc d’Orléans qui s’opposait à la réception de M. d’Émery porté par M. le Prince, Son Altesse Royale n’ayant point voulu se relâcher qu’à condition que M. d’Avaux l’exercerait aussi. Les deux ou trois jours précédents le sieur d’Émery avait été ici incognito et s’en était retourné à Saint-Cloud, d’où il revint en cette ville le 7 après que son affaire fut faite. Il reçut en même temps quantité de visites et notamment de tous les partisans, lesquels furent se conjouir avec lui de son retour. Les secrétaires de la chancellerie y furent aussi et l’on remarqua qu’il leur dit qu’il avait été obligé ci-devant, par les intérêts de l’État, de leur faire du mal, mais qu’ils connaîtraient à l’avenir, avec tout le monde, qu’il avait des bons desseins pour eux, et qu’il voulait mettre bon ordre aux affaires et tâcher de contenter un chacun. Il promet de bien faire payer les rentes de la Ville et de faire venir du blé à Paris en abondance. L’on dit même qu’il offre de rendre compte de son administration pour l’avenir et qu’enfin, il promet merveille. Le 8 il fut au Palais-Royal où il fut reçu et commença d’entrer au Conseil. Il a proposé quantité de moyens pour faire venir de l’argent dans les coffres du roi, entre autres de permettre à tous les évêques et abbés de France d’élire un coadjuteur pour leurs bénéfices à condition d’en donner à Sa Majesté une année de revenu payable dans deux ans, savoir la moitié comptant et l’autre moitié l’année suivante ; et quant à ceux qui ne voudront point de coadjuteur, que le roi en nommera un qui payera par avance la première année du revenu du bénéfice qu’on lui assurera. L’on parle encore d’une autre proposition qui est à remarquer, savoir de faire revivre une ordonnance du roi Charles v, laquelle obligeait tous les meuniers à rendre le même poids de farine qu’ils avaient reçu du blé pour moudre, et par ce moyen le roi en prenait 8 sols de chaque setier, ce qui ce se pratique encore en quelques endroits du royaume ; mais toutes ces propositions ont déjà été faites il y a longtemps. »
Brouage en Saintonge était un port de mer fortifié situé à 35 kilomètres au sud de La Rochelle, flanqué au sud d’un bourg dénommé Hiers, les deux formant aujourd’hui la commune de Hiers-Brouage (Charente-Maritime). Le port avait été au Moyen Âge une île du golfe de Saintonge. Sa première richesse, le commerce du sel produit par les marais du voisinage, était en train de causer lentement sa perte : avant de charger leur précieuse cargaison les bateaux vidaient en mer le sable qui leur avait servi de lest pour venir jusque-là sans encombre ; tout ce sable s’accumulant, l’île se rattacha au continent, puis la mer s’éloigna d’elle peu à peu ; le port de Brouage, voué à la guerre et au commerce, connaissait alors son dernier siècle de rayonnement grâce à son profond canal ; aujourd’hui 4 kilomètres de marais séparent la forteresse ensablée du littoral.
Louis Foucault de Saint-Germain-Beaupré (1616-Paris 10 octobre 1659), comte Du Dognon (ou Daugnon), avait d’abord été page du cardinal de Richelieu. Il était ensuite entré dans la marine : vice-amiral en 1639 sous Armand de Maillé-Brézé, il avait fait les campagnes de 1640 à 1642, battant les Espagnols devant Cadix et sur les côtes de Catalogne. Il avait obtenu en récompense de ses services le gouvernement de Brouage en 1643, puis ceux d’Aunis et des îles de Ré et d’Oléron. Pendant la Fronde, il servit d’abord les intérêts du roi en repoussant plusieurs fois la flotte des Bordelais frondeurs ; mais l’année suivante, Du Dognon se rangea, moyennant finances, dans le parti du prince de Condé et fut destitué de toutes ses charges. On parvint pourtant à l’en détacher en 1653 et pour le dédommager de la perte de son gouvernement, il fut fait maréchal de France et reçut un brevet de duc et pair, avec 500 000 livres, somme qui était à la hauteur du fruit de sa défection puisqu’elle contribua à la chute de Bordeaux et à la défaite de Condé (Michaud, G.D.U. xixe s. et Jestaz).
La prise du château Trompette, le 18 octobre (v. note [38], lettre 203), par les parlementaires n’avait pas mis fin à la guerre de Bordeaux ; Journal de la Fronde (volume i, fos 124 ro et vo, 130 ro et 139 vo) :
« De Bordeaux, du 28 octobre. […] On eut hier avis ici que le comte du Dognon est à L’Épineuil, demi-lieue de la ville de Saintes, malade d’une fièvre tierce, et que son secrétaire y était arrivé en poste venant de Paris et lui avait apporté les ordres de la cour pour se tenir prêt à se mettre en mer avec les vaisseaux qui doivent venir au secours de M. d’Épernon du côté de la Bretagne. Les mêmes avis ajoutaient que M. le marquis de Montauzier, gouverneur de Saintonge, était aussi arrivé audit Épineuil revenant de Paris ; qu’il avait fort maltraité le maire de la ville de Saintes pour avoir permis que quelques gentilshommes de son gouvernement aient levé des troupes pour notre parlement. […]
Le 10, on eut ici {a} avis par courrier extraordinaire que le comte du Dognon était entré dans la rivière de Bordeaux avec neuf vaisseaux qu’il a amenés au duc d’Épernon ; et que le Périgord s’étant révolté avec une partie du Limousin, ce duc y avait envoyé quelques troupes commandées par M. de Biron, qui avait commencé à les réduire. […]
L’on a eu nouvelles {b} que M. d’Épernon a reçu du secours, entre autres le régiment d’Uxelle, qui n’est que de 150 hommes. Il attend les deux < régiments de > Navailles et < de > la Couronne. On dit que le régiment colonel de la cavalerie l’a joint. On a aussi avis que le comte du Dognon a des vaisseaux prêts, bien armés, pour entrer en la rivière. On se résout à la défense et à faire toutes les choses nécessaires pour cela. »
- Novembre 1649 à Paris.
- À Bordeaux, le 22 novembre.
« La mer se retourne en un clin d’œil » ; Sénèque le Jeune (Lettres à Lucilius, épître iv, § 7) :
Noli huic tranquillitati confidere : momento mare evertitur.
[Défie-toi du calme : un instant bouleverse la mer].
Mazarin.
Nicolas Vivenay (Vivenet pour Guy Patin), libraire-imprimeur de Paris reçu en 1646, s’était établi bien plus tôt et avait été obligé de céder son imprimerie. Il en avait fait, avant décembre 1644, une vente fictive à Honoré Le Beau pour 17 000 livres, bien qu’elle ne lui eût coûté que 9 000 livres. Il fut imprimeur du prince de Condé et exerça jusqu’en 1652 au moins (Renouard). Interrogé le 9 novembre par Simon Dreux d’Aubray (v. note [8], lettre 180), lieutenant civil du Châtelet, Vivenay fut condamné le 12 novembre. Son appel devant le Parlement lui valut une réduction de peine à cinq ans de bannissement de la prévôté et vicomté de Paris. Vivenay dut effectivement quitter Paris quelque temps car aucune mazarinade ne porte son adresse typographique en 1650, ni pendant les six premiers mois de 1651 [Hubert Carrier, Les Presses de la Fronde (1648-1653) : Les Mazarinades, tome i, La Conquête de l’opinion, page 140 (Genève, Droz, 1989)].
Podagrique : lié à la podagre (goutte du pied).
Journal de la Fronde (volume i, fo 129 ro et vo, novembre 1649) :
« Ledit sieur d’Émery, qui a depuis demeuré malade au lit, envoya le 9 de ce mois visiter et faire compliment à M. le coadjuteur, lequel fit réponse à celui qui fut de sa part : “ Dites à M. d’Émery que je suis son serviteur, mais que je le prie de ne m’envoyer plus visiter parce qu’en ce faisant il donnerait jalousie à la cour, et moi, si je l’envoyais visiter, je me rendrais suspect au peuple ; mais je lui saurai bien rendre cette visite en temps et lieu. ” »
Le libraire lyonnais Jean-Baptiste Devenet venait de publier « la Pratique médicale de Lazare Rivière » (v. note [5], lettre 49), Editio quarta, supra omnes alias adornata, et ab admissis haud levibus erratis diligenter emaculata [Quatrième édition, parée au-dessus de toutes les autres et soigneusement débarrassée des fautes non négligeables qu’on y avait laissées] (Lyon, 1649, in‑8o).
Fils d’orfèvre, Devenet avait ouvert une librairie rue Mercière, à Lyon, Au Saint-Esprit puis À la Croix d’or. D’abord associé de Claude Prost, il édita seul à partir de 1649. De 1656 à 1659, il s’associa au libraire Laurent Anisson (Jestaz). Guy Patin a signalé sa mort dans sa lettre du 25 août 1660 à Claude ii Belin.
« Dieu fasse que ça aille vite. »
« avec d’autres bagatelles. »
Traduction en latin, par Guillaume Sauvageon (v. note [2], lettre 36), du Médecin charitable : Medici officiosi opera, viro nobili Philib. Guiberto… authore, centies antehac gallice edita, nunc primum latine reddita [Les œuvres du médecin charitable, par noble homme Philibert Guybert… déjà éditées une centaine de fois en français, maintenant traduites pour la première fois en latin] (Paris, Vve de Théodore Pepingué et Étienne Maucroy, 1649, in‑8o).
L’épître dédicatoire, datée du 17 septembre 1649 porte le titre de Clarissimo et eruditissimo viro Domino D. Guidoni Patin, Bellovaco, in saluberrima medicinæ Paris. Facultate doctrori eximio, veteri et suavi amico, G. Sauvageon S. [G. Sauvageon salue Maître Guy Patin, natif de Beauvaisis, très brillant, savant et remarquable docteur en la Faculté de médecine de Paris, son ancien et doux ami]. Patin dut prendre plaisir à y lire ce passage contre ses détracteurs :
Hæret siquidem, hærebitque semper eorum mentibus memoria illius diei, 15. Martij, æræ Christianæ ann. 1647 ; quo, cum coram Regijs in Senatu Parisiensi Triumviris, Tibi litem intendissent, ob explosas in Scholis Medicis publico programmate quisquilia ac vana remedia, quibus plebecula et ipsi quoque Magnates plerumque de cipiuntur : Ut ab eo die uerbium Regina Lutetia, multas inutiles remediorum formula atque farragines dediscendo didicerit, Tibi tuoque Ordini (secundum Deum) gratias immortales referendo […].
[Le souvenir de ce 15e de mars 1647, reste et restera donc à tout jamais gravé dans la mémoire de ceux qui vous ont intenté un procès au Parlement devant les Gens du roi, à cause de la canaille que les Écoles de médecine, par affichage public, ont chassée, en raison de leurs vains remèdes qui ont trompé le petit peuple aussi bien même que la plupart des grands ; de sorte que Paris, la reine des villes, a appris qu’il faut laisser de côté quantité de fatras et maintes inutiles formules de remèdes, et qu’il faut vous témoigner (après Dieu) une reconnaissance éternelle, ainsi qu’à votre Compagnie (…)]. {a}
- V. note [6], lettre 143, pour le procès que les apothicaires de Paris avaient engagé et perdu, le 15 mars 1647, contre les propos que Guy Patin avait tenus dans sa thèse « sur la Sobriété », disputée la veille à la Faculté.
De Patin lui-même se trouvent dans ce livre :
Mot : « prix qu’on demande d’une marchandise, et de l’offre qu’on en fait » (Furetière) ; v. note [49], lettre 166, pour l’édition du Perdulcis par Guillaume Sauvageon.
Hugonis Grotii Annotationum in Novum Testamentum Pars tertia ac ultima. Cui subiuncti sunt eiusdem auctoris libri Pro veritate Religionis Christianæ. Ita digesti ut annotata suis quæque Paragraphis sint subnexa .
[Troisième et dernière partie des Annotations de Hugo Grotius {a} sur le Nouveau Testament. {b} On y a adjoint les livres du même auteur pour la Vérité de la Religion chrétienne, {c} présentés de façon que toutes soient annotations des paragraphes correspondants]. {d}
- Les précédentes parties avaient paru :
- à Amsterdam en 1641, pour les Évangiles (v. note [2], lettre 53) ;
- à Paris, Guillaume Pelé, 1646 in‑4o de 935 pages, pour les Actes des Apôtres et les Épîtres de Paul.
- Épîtres de Pierre et de Jean, et Apocalypse.
- V. note [36] du Grotiana 1 pour ses six livres De Veritate religionis christianæ. Editio nova… [La Vérité de la religion chrétienne. Nouvelle édition…] (Paris, Sébastien Cramoisy, 1640, in‑12).
- Paris, veuve de Théod. Pepingué et Steph. Maucroy, 1650, in‑fo en deux parties de 286 et 211 pages.
Les Annales et historiæ de rebus Belgicis [Annales et histoires des affaires flamandes] de Hugo Grotius ont paru en 1657 (Amsterdam, Jan Blaeu, v. note [4], lettre 276).
Ce passage nous renseigne sur les manières d’Adriaan Vlacq (v. note [44], lettre 192), libraire-imprimeur anglo-hollandais spécialisé dans les contrefaçons : il ouvrait une diffusion européenne aux livres écrits en latin, qu’il faisait imprimer par des libraires sous-traitants (v. les noms de ceux qui ont édité les livres cités dans ce paragraphe, où jamais n’apparaît celui de Vlacq).
Præcautiones Tridentinæ adversus novitates in fide. Précautions tirées du concile de Trente, {a} contre les nouveautés en la foi dédiées à la reine régente. Par Nicolas Forest Duchesne, abbé d’Escurey. {b}
Nicolas Forest-Duchesne (Reims vers 1595-vers 1650), entré chez les jésuites vers l’âge de 17 ans, passa, avec leur permission, dans l’Ordre de Cîteaux. « Il conserva, au reste, sous son nouvel habit, tout son attachement pour son premier état, et les principes qu’il y avait puisés, comme le témoignent la plupart des écrits qu’il composa depuis, relativement aux opinions alors débattues ; ce qui l’a rendu fameux dans l’histoire du jansénisme » (Michaud).
V. note [17], lettre 195, pour le « livre de François Vavasseur sur l’Apparence physique du Christ ».
Ouvrage antijanséniste anonyme du R.P. Denis Petau : {a}
De Tridentini Concilii Interpretatione, et S. Augustini Doctrina Dissertatio.[Dissertation sur l’Interprétation du concile de Trente et la Doctrine de saint Augustin]. {b}
- V. note [6], lettre 54.
- Paris, Sébastien et Gabriel Cramoisy, 1649, in‑8o de 248 pages.
Ioannis Launoii Constantiensis Paris. Theologi duplex Dissertatio. Una continens iudicium de auctore vitæ sancti Maurilii Andegavensis Episcopi, ex ms. Andegavensi erutæ. Altera Renati, Andegavensis Episcopi, historiam attingens. In qua etiam cuidam pro eodem Renato Apologiæ passim respondetur. Subiicitur Apologia pro Nefingo huius nominis primo Andegavensi Episcopo, adversus eum, qui Apologiam pro sancto Renato Scripsit. Item Ægidii Menagii ad Guillelmum fratrem epistola. Edition tertia auctior et correctior.
[Dissertation double de Jean de Launoy, {a} natif de Coutances, théologien parisien. La première contient un jugement sur l’auteur de la vie de saint Maurille, évêque d’Angers, déterrée d’un manuscrit découvert à Angers. La seconde touche à l’histoire de René, évêque d’Angers, {b} et répond aussi en tout point à une Apologie en faveur du dit René ; avec une Apologie en faveur de Nefingus, {c} premier évêque d’Angers à avoir porté ce nom, contre celui qui a écrit l’Apologie de saint René ; ainsi qu’une lettre de Gilles Ménage adressée à son frère Guillaume. {d} Troisième édition augmentée et plus correcte]. {e}
- V. note [9], lettre 91.
- Saint Maurille, évêque d’Angers au ve s. qui fut l’auteur de nombreux miracles, est fêté le 13 septembre. Mort tout enfant sans avoir été baptisé, saint René fut ressuscité par saint Maurille qui en fit son chanoine puis son successeur ; il est fêté le 12 novembre.
- Néfingue, évêque d’Angers de 966 à 973.
- Guillaume Ménage (1618-1653) frère puîné de Gilles, était conseiller lieutenant du roi au siège présidial d’Angers.
- Paris, Edmundus Martinus, 1663, in‑8o de 238 pages ; première édition ibid. et id. 1649.
L’aréopage était un « tribunal des Athéniens devenu fameux par saint Denis l’Aréopagite qui a été un de ses membres. {a} Il se tenait dans un petit bourg où il y avait un temple de Mars qui lui a donné son nom. Cette justice était en grande réputation chez les Grecs. Ils étaient juges perpétuels et ne jugeaient que la nuit, afin d’avoir l’esprit plus recueilli et qu’aucun objet de haine, de pitié, ne pût surprendre leur religion » (Furetière). Launoy a écrit deux traités de controverse contre l’assimilation, faite par , avec Denis l’Aéropagite :
[Observations sur le Palladium de France, ou Denis l’Aréopagite, de Samblançat, {a} très utiles aux lecteurs…] ; {b}
[Jugement sur les Areopagitica d’Hilduin {c}…] {d}
[Le Palladium {i} de la Gaule, ou Denis l’Aréopagite, par Jean de Samblançat, {ii} Toulousain]. {iii}
- V. note [33], lettre 223.
- V. note [3], lettre 214.
- Toulouse, Petrus d’Estey, 1642, in‑4o : pompeuse défense des légende attachées à Denis l’Aréopagite.
[Aréopagitiques, ou quelques opuscules inédits de saint Clovis, pieux empereur romain à tout jamais auguste, et véritablement premier roi très-chrétien de France, etc., {i} et de Dom Hilduin, ancien et très docte abbé, voilà environ 800 ans, {ii} du monastère du très saint Denis et de ses compagnons martyrs, sur la vie et les écrits du bienheureux Macaire d’Ionie, Denis l’Aréopagite, qui fut d’abord archevêque de l’Église d’Athènes, puis aussi premier apôtre des Gaules {iii}…] {iv}
- Clovis i er a régné de 481 à 511.
- Hilduin, abbé de Saint-Denis de 815 à 841, mais le livre contient (si j’ai bien compris son index) deux lettres qu’il aurait échangées avec Clovis…
- La querelle portait sur le point de savoir si l’Aréopagite était venu à Paris pour en être le premier évêque, ou s’il s’agissait d’un autre Denis, venu de Rome au iiie s.
- Cologne, Maternus Cholinus, 1563, in‑8o de 294 pages.
Guy Patin évoquait aussi ici la :
Dissertatio duplex : una de Origine et Confirmatione privilegiati Scapularis Carmelitarum ; altera de Visione Simonis Stochii Prioris ac Magistri Generalis Carmelitarum. Authore Ioanne de Launoy Theologo Parisiensi.[Dissertation double : l’une sur l’origine et la confirmation du scapulaire privilégié des carmes ; l’autre sur la vision de Simon Stock, prieur et général des carmes. {a} Par Jean de Launoy, théologien parisien]. {b}
- Cette dispute est détaillée dans la note [12], lettre 311, avec la parution de trois dissertations supplémentaires de Launoy sur le sujet (Paris, 1653).
- Leyde, Elsevier, 1642, in‑4o de 51 pages.
Pécheresse des Évangiles qui s’attacha aux pas de Jésus pour le suivre jusqu’au pied de la croix et être le premier témoin de sa résurrection, la Madeleine (Marie de Magdalena, sainte Marie Madeleine) a été la source d’une légende qu’on alimente encore. Certains l’ont fait mourir à Éphèse, où elle aurait suivi Marie et Jean, quand d’autres l’ont conduite en Provence pour placer son tombeau au sommet de la Sainte-Baume (v. note [7], lettre 596). V. note [9], lettre 91, pour ce que Launoy, le Dénicheur de saints, a écrit sur la légende de Madeleine. Au temps de Guy Patin, nul n’avait encore débité la fable d’une union de Madeleine au Christ, qui lui aurait donné une descendance terrestre.
Le Collège de Navarre (regia Navarra) ou de Champagne, fondé en 1304 à Paris par les bienfaits de Jeanne de Navarre épouse de Philippe le Bel, était initialement situé rue Saint-André-des-Arts ; quelques années plus tard, il fut transféré rue de la Montagne-Sainte-Geneviève dans un bâtiment spécialement construit à son intention (sur le terrain aujourd’hui occupé par l’ancienne École polytechnique, dans le ve arrondissement). Appartenant à la Faculté des arts (v. note [8], lettre 679), le Collège de Navarre était aussi l’un des collèges de la Faculté de théologie avec ceux de Sorbonne, du Cardinal Lemoine et des Cholets. Navarre délivrait donc des doctorats en théologie.
Louis xiii avait réuni au Collège de Navarre ceux, voisins, de Tournai (1636) puis de Boncourt (1638), pour en faire le plus grand des collèges de Paris, capable de rivaliser avec la Sorbonne.
Jean de Launoy avait été reçu docteur en théologie au Collège de Navarre en 1634. Le curé de Saint-Eustache de Paris disait (Bayle, note H) :
« Quand je rencontre le docteur de Launoy, je le salue jusqu’à terre, et ne lui parle que le chapeau à la main et avec bien de l’humilité, tant j’ai peur qu’il ne m’ôte mon saint Eustache qui ne tient à rien. »
En 1648, pour avoir déclaré devant les bacheliers en théologie que la récitation du bréviaire (v. note [55] du Borboniana 7 manuscrit) n’est pas obligatoire pour les clercs, Launoy avait perdu sa résidence au Collège de Navarre tout en continuant à y enseigner (Dictionnaire de Port-Royal, pages 600‑601).
« et cela est bien [dans les mœurs] de leur engeance ».
« On dit qu’un homme est cassé aux gages pour dire qu’on a rompu avec lui, qu’il n’est plus en faveur » (Furetière).
En 1643, le Chancelier Pierre iv Séguier, fort lié aux jésuites, avait nommé Jean de Launoy l’un des quatre censeurs royaux pour les livres de théologie, offices dont la principale intention était de supprimer tout ce qui tendrait à propager la doctrine de Jansenius et d’Antoine ii Arnauld. Launoy était resté en poste au moins jusqu’en 1648. En 1649, quand éclata en Sorbonne l’affaire des Cinq Propositions de Jansenius (v. note [16], lettre 321), Launoy se singularisa par sa position : il donnait à la fois raison aux deux partis en affirmant qu’il n’y avait pas sur cette matière de véritable tradition et qu’on en pouvait croire ce qu’on voulait ; il ajoutait encore que Jansenius avait fort bien entendu saint Augustin et qu’on avait tort de le condamner, mais que saint Augustin s’était lui-même trompé et que c’étaient les semi-pélagiens (jésuites, v. note [7], lettre 96) qui avaient raison. De là naquit le bruit, dont Guy Patin se faisait ici l’écho, que Launoy était pensionnaire des loyolites (Michaud).
Bayle (note D) a parlé des relations de Launoy avec le P. Jacques Sirmond, jésuite :
« Il lui allait proposer ses doutes, on lui répondait sans criailler et sans s’échauffer. Cette manière contentieuse de s’entretenir sur les sciences, trop ordinaire parmi les savants, n’entrait point dans le caractère de ce jésuite. […] Il marquait doucement à son ami les autorités des Pères et des conciles sur lesquelles il sondait ses sentiments. M. de Launoy les examinait avec une grande exactitude et allait revoir le P. Sirmond qui, l’ayant ouï discourir sur ces matières, lui répondait : “ Au commencement j’y étais plus éclairé que vous ; mais à cette heure vous les possédez beaucoup mieux que moi. ” Il n’y avait aucun jésuite qui eût plus de part que Launoy à la confidence de celui-là et cette conduite ne plaisait point aux confrères. »
Dans la suite de son existence, Launoy « ne trouva point d’antagoniste qui gardât moins de mesures avec lui que le P. Théophile Raynaud », et prit, en 1656, sans devenir lui-même janséniste, la défense d’Antoine ii Arnauld contre la censure de la Sorbonne et des jésuites, ce qui lui valut d’être définitivement radié de l’Université de Paris.
Ce passage, depuis « Le livre de M. de Launoy… » forme presque mot pour mot le 1er paragraphe des lettres xlix à Spon de l’édition Bulderen (tome i, 139-140) et ccclzzzix à Falconet de l’édition Reveillé-Parise (tome ii, 568‑570), datées du 18 novembre 1650, qui sont donc des fabrications (v. note [12], lettre 201).
Scazon est un terme de poésie latine (Furetière) :
« espèce de vers qui avait en son cinquième pied un ïambe, {a} en son sixième un spondée, {b} ne différant au reste en rien de l’ïambique. On l’appelait ïambe boiteux ; et ce mot vient du grec skazein, qui signifie boiter. » {c}
- Une syllabe brève suivie d’une longue.
- Deux longues.
- La métrique (rythme) ou scansion (alternance régulière des longues et des brèves), sans rime, fonde toute la poésie gréco-latine, antique comme moderne.
À la fin de La Rome ridicule de Marc Antoine Gérard, sieur de Saint-Amant (v. note [2], lettre 91) se trouve en effet une virulente invective en 19 vers latins, intitulée In Romam, Iosephi Scaligeri Scazon [Scazon de Joseph Scaliger contre Rome] :
Spurcum cadaver pristinæ venustatis,
[Rome, immonde cadavre de ta beauté d’antan, honteux spectre de ton antique pureté ! tu n’es plus maîtresse de toi-même, pourtant tu es Rome, mais Rome qui ne peux répondre de Rome ; mais qui auras encouragé à la fourberie, qui nourris la fourberie ; ville qui es plus débauchée qu’une putain languissante, et languissant à la manière d’une putain débauchée, qui es presque surpassée par la lie des prostituées ; prostituée, tu te surpasses toi-même dans ton lupanar et tu t’es toi-même faite lupanar. Adieu ville sans pudeur ni justice, dissipatrice de ta propre pudeur et de ton renom, honteux enduit des affaires sans mérite, jadis joyau, désormais fossé de la fortune, mère affairée des oisifs. Adieu, maquerelle impure, abominable, débauchée, corrompue, incestueuse des jeunes gens romains ! Pourquoi donc m’étonnerais-je que tes mœurs soient pourries, puisque ta manière de vivre pourrira tout ?].
Imago turpis puritatis antiquæ,
Nec Roma Romæ compos, sed tamen Roma,
Sed Roma quæ præstare non potes Romam,
Sed quæ foveris fraude, quæ foves fraudem,
Urbs prurienti quæ obsoletior scorto,
Et obsoleti more pruriens scorti,
Quæ pæne victa fæce prostitutarum
Te prostituta vincis et tuum facta es
Tibi lupanar in tuo lupanari :
Vale pudoris urbs inanis et recti,
Tui pudoris nominisque decoctrix,
Turpis litura non merentium rerum,
Ocelle quondam, nunc lacuna fortunæ,
Negotiosa mater otiosorum ;
Vale nefanda, constuprata, corrupta,
Incesta cælibum Quiritium manceps
Contaminata : quippe quid tuos mirer
Putere mores, quando vita computret ?
Guy Patin a cité ailleurs (v. note [25], lettre 529) les vers 14‑16, et s’est aussi servi deux fois isolément du vers 15 (v. notes [9], lettre 53, et [28], lettre 332). Suit (dans certaines éditions), pour clore cet ouvrage antiromain en apothéose, un Desiderii Erasmi, Vale dicentis Romanæ Urbi, Distichum [Distique de Désiré Érasme, disant adieu à la ville de Rome] :
Roma, vale, vidi : satis est vidisse :revertar
[Adieu Rome, j’ai vu ; c’est assez d’avoir vu ; je reviendrai quand je serai maquereau, putain, bouffon ou mignon]. {a}
Cum Leno, Meretrix, Scurra, Cinædus ero.
- Preuve, s’il en fallait une brève, des sympathies d’Érasme pour la Réforme.
François Du Monstier (Amiens 1616-Tours août 1661), élève des jésuites et bachelier de Sorbonne, avait enseigné les humanités au Collège de Navarre avant d’être recteur de l’Université d’octobre 1643 à octobre 1646, à la suite de Louis Gorin de Saint-Amour. Godefroi Hermant (v. note [12], lettre 79) lui avait succédé d’octobre 1646 à mars 1648. V. les Décrets et assemblées de 1650‑1651 dans les Commentaires de la Faculté de médecine de Paris pour l’élection tumultueuse de Du Monstier dans la charge de procureur fiscal de l’Université de Paris, le 7 juin 1651, contre l’avis des théologiens de Sorbonne dont il ne devint jamais docteur).
Gallican convaincu, Du Monstier avait marqué son rectorat par des attaques répétées contre la doctrine de ses premiers maîtres, les jésuites, dont il voulait empêcher l’enseignement au Collège de Clermont. En 1647, il avait été nommé professeur d’éloquence au Collège royal sur l’intervention du cardinal Alphonse de Richelieu, archevêque de Lyon. Sa harangue d’installation, prononcée le 15 janvier 1648, avait été imprimée sous le titre de Eminentissimo principi Alphonso Richelio cardinali Franciscus Du Monstier nuncupatum se professorem regium gratulabatur [Remerciements de François Du Monstier à son éminence le prince cardinal Alphonse de Richelieu pour l’avoir fait nommer professeur royal] (Paris, sans nom 1648, in‑4o).
Fidèlement attaché au parti de Port-Royal contre les jésuites, Du Monstier ne devint jamais chanoine et fut exilé à Tours par lettre de cachet en avril 1659 (Dictionnaire de Port-Royal, page 371).Gabriel Hardouin de Saint-Jacques l’aîné (v. note [15], lettre 54), mort en 1645, avait été doyen de la Faculté de médecine de Paris de novembre 1620 à novembre 1622. Entre avril et octobre 1623, les Comment. F.M.P. (tome xii, fos 25 vo‑33 ro) font plusieurs allusions au procès qui opposa alors les pharmaciens à la Faculté ; il y est en effet question du « rôle des médicaments » dont parlait ici Guy Patin (qui n’est pas le Codex de 1638), mais je n’en ai pas retrouvé la trace imprimée.
L’auteur de l’épitaphe (non répertoriée dans les catalogues consultés), alors étudiant, était Jacques iii Cousinot, fils de Jacques ii (mort en juin 1646, v. note [26], lettre 7) et d’Anna Bouvard, fille de Charles i Bouvard et d’Anne Riolan.
Théodore Godefroy (Genève 1580-Münster 1649), d’abord avocat au Parlement de Paris, avait consacré sa vie aux études historiques. Historiographe de France en 1617, il intervint dans la conclusion de la paix de Westphalie. Il avait réuni tous les matériaux d’une monumentale histoire de France qu’il n’eut pas le temps de rédiger.
La Fronde de Bordeaux n’était toujours pas éteinte. La nécessité d’envoyer des troupes royales en Guyenne affaiblissait la défense de la Catalogne, alors occupée par la France depuis plusieurs années, contre une Espagne que revigoraient l’or et l’argent frais apportés par le convoi d’Amérique. Le duc de Mercœur avait été nommé vice-roi de Catalogne en octobre.
« Un courrier de Catalogne arrivé le 4 apporta nouvelle que les Espagnols y ont fait entrer dix mille fantassins et trois mille chevaux, qui vont droit à Barcelone pour s’en emparer par le moyen des grandes intelligences qu’ils y ont ; que leur armée navale y est devant au nombre de 19 galères, 22 vaisseaux et quelques galions ; que M. de Marchin y a envoyé 500 chevaux et fait prendre les armes partout ; et qu’il n’a que 3 800 chevaux et 1 500 fantassins, avec quoi il tient la campagne et a envoyé ce courrier pour demander promptement secours d’hommes et d’argent, et un vice-roi. Sur cela l’on expédia hier les routes {a} pour y faire passer les troupes que le comte d’Alais retient encore en Provence, et l’on parle d’y envoyer le comte d’Harcourt pour vice-roi ; mais de l’argent il ne s’en est point trouvé et l’on y a envoyé des pierreries. »
- Ordres de marche.
Ibid. fo 120 ro (octobre 1649) :
« Le 26 arriva ici un courrier envoyé par les Catalans à leur ambassadeur pour demander un prompt secours d’hommes et d’argent, à cause que l’armée d’Espagne, qui est de 13 à 14 mille hommes, s’est avancée par terre jusqu’à cinq lieues de Barcelone, ayant pris en passant les forts de Constantin et Sallo, qui mettaient la Catalogne à couvert des courses de la garnison de Tarragone, dont leur armée navale était partie forte de 19 galères et 23 vaisseaux qui tendaient droit à Barcelone. Sur cela, l’on a envoyé d’ici le 27 un courrier à M. de Marchin avec 80 mille livres, et trois ou quatre commis de l’Épargne partirent en même temps pour aller recevoir à Narbonne 200 mille livres qu’ils lui doivent envoyer aussitôt, ayant pris des lettres de change pour cet effet ; à quoi l’on ajoute qu’on a aussi envoyé ordre au comte d’Alais d’envoyer promptement toutes ses troupes en Catalogne et de s’en revenir ici. On assure toujours que le duc de Mercœur doit aller en qualité de vice-roi. »
Ibid. fo 136 ro (23 novembre 1649) :
« M. de Mercœur n’est pas encore prêt à partir pour Catalogne, quoique la reine lui ait donné la plupart des personnes qui y doivent aller à sa suite, et l’on croit que le mécontentement de son père {a} le pourra encore arrêter ici, outre qu’il n’a encore reçu qu’une assignation de dix mille écus. »
- César de Vendôme.
Fondée dans le faubourg Saint-Jacques de Paris en 1621 par Anne d’Autriche, qui s’y retirait volontiers, l’abbaye du Val-de-Grâce (ve arrondissement) fut progressivement construite entre 1624 et 1643. L’église, bâtie entre 1645 et 1667, a consacré la naissance de Louis xiv ; souvenir que perpétuent ces mots sur le fronton : iesu nascenti virginiq matri [À Jésus qui naît et à la Vierge mère].
Journal de la Fronde (volume i, fo 131 ro, 19 novembre 1649) :
« Les nièces de M. le cardinal {a} ayant été mises la semaine passée dans le couvent du Val-de-Grâce, et son neveu {b} dans le Palais Mazarin, M. d’Émery fit meubler les appartements qu’elles avaient dans le Palais-Royal {c} où il doit aller loger aussitôt qu’il sera guéri de la fièvre quarte dont il est toujours fort malade, afin d’être plus en sûreté (car on dit qu’il s’était brassé quelque conspiration contre lui à son arrivée et qu’elle fut détournée par M. le coadjuteur) ; mais on croit que le principal sujet pour lequel il prend ce logement est afin de n’être pas obligé d’aller travailler chez M. d’Avaux {d} qui sera par ce moyen obligé d’aller au Palais-Royal pour régler les affaires des finances dans la Chambre du Conseil et non dans l’appartement de M. d’Émery, lequel nonobstant sa maladie, ne laisse pas de travailler ; et depuis qu’il est remis dans les finances, il a fait donner 22 000 livres d’augmentation aux rentiers de l’Hôtel de Ville par semaine, et fait encore trouver 20 000 livres toutes les semaines dans les coffres du roi, outre ce qui s’est trouvé d’ordinaire depuis le retour de la cour. Il a donné ordre de faire venir du blé à Paris tant qu’il en faudra, lequel ne coûtera que 21 livres le setier du plus beau, 17 livres le méteil {e} et 13 livres le seigle pur. À cette fin, on dit qu’il a avancé 50 000 écus. Il a ôté à M. Tubeuf les affaires de l’Extraordinaire des guerres qui ont été données au sieur Pépin, premier commis de M. d’Avaux ; et les comptants de l’Épargne, on les a donnés au sieur Guérapin, commis de M. d’Émery. »
- Laure Martinozzi, et Laure et Olympe Mancini.
- Paul Mancini.
- Ci-devant Palais-cardinal.
- L’autre surintendant des finances.
- Seigle et blé mêlés.
V. note [7], lettre 134, pour les deux livres des Medicamentis officinalibus de Caspar Hofmann (Paris, 1646). Guy Patin s’interrogeait sur deux entrées la page 607 de l’index (haut de la première colonne), sur Galien, où chaque série de trois nombres donne le livre, le chapitre et le paragraphe.
En consultant la table de la seconde édition (Francfot, 1667, v. note [7], lettre 134), je n’ai pas obtenu de meilleur résultat qu’avec la première. Quoi qu’il en soit, ce passage prouve, comme ailleurs dans ses lettres, que Guy Patin était grand amateur des index et déplorait légitimement qu’ils fussent inexacts.
« je reconnais ici ma faiblesse et mon ignorance. »
« Je serai en effet tout entier suspendu à votre loi et votre jugement. » Charles Spon était l’éditeur scientifique du Sennertus, que Jean-Antoine ii Huguetan et Marc-Antoine Ravaud achevaient alors d’imprimer à Lyon (v. note [20], lettre 150). Dans sa lettre du 17 septembre, Guy Patin lui avait fait part de son embarras à accepter l’insigne honneur d’en être le dédicataire (v. note [34], lettre 197).
Accommodés : débrouillés.
Neuf enfants naquirent du mariage (1607) de Jean ii Riolan avec Élisabeth Simon, six filles et trois fils :
La querelle qui s’engageait alors entre Jean ii et son fils Henri mena à un procès qui gâcha les vieux jours du père, et que Guy Patin a évoqué à plusieurs reprises dans la suite des lettres.
Jean ii Riolan prit sous sa tutelle une de ses petites-filles, Marie de Procé (v. notes [2] des Leçons au Collège de France et [29], lettre 372), qui était fille de ce veuf dénommé Thomas de Procé, écuyer sieur de la Cosnardière. Conseiller du roi, receveur des tailles à Vendôme et pays vendômois, conseiller et trésorier général de la Maison et Finances des ducs et duchesse de Vendôme, il avait épousé en 1627 Marguerite, fille aînée de Riolan.
Guy Patin n’avait alors qu’à se glorifier des siens, au moins ses deux aînés, Robert et Charles, qui menaient de belles études. On peut sentir ici un certain plaisir sournois qu’il aurait pris aux malheurs familiaux de son tyrannique mentor, Jean ii Riolan : allait-il enfin se taire, ne plus écrire d’insanités contre la circulation du sang et de la lymphe qui obligeaient l’élève à acquiescer cauteleusement, eu égard à tout ce qu’il lui devait déjà, et allait lui devoir encore ? Patin allait lui succéder au Collège royal en octobre 1654.
Ce passage, depuis « J’ai rencontré ce matin… » forme presque mot à mot le 2e paragraphe des lettres fabriquées dans Bulderen et dans Reveillé-Parise (v. supra note [23]).
La nouvelle était fausse en effet (v. note [3], lettre 193), c’était même tout le contraire : le Grand Turc Mehmed iv, né en 1642, ne mourut qu’en 1691 après avoir régné jusqu’en 1687 ; quant à son grand vizir Sofu Mehmed Pasha (1648-1649), il avait eu la tête tranchée au mois d’août.
Châteauneuf-sur-Loire (Loiret) se situe sur la rive droite de la Loire, environ 25 kilomètres en amont d’Orléans. Le gendre de Particelli d’Émery, Louis Phélypeaux de La Vrillière (v. note [1], lettre 222), était marquis de Châteauneuf, dont il acquit le château en 1653.
« qui exagèrent la maladie pour qu’on leur confère une plus grande gloire à les guérir », adaptation abrégée d’un passage de Tertullien (Contre Marcion, livre i, chapitre xxii, § 9) :
Quid de tali medico iudicabis qui nutriat morbum mora præsidii et periculum extendat dilatione remedii, quo pretiosius aut famosius curet ?
[Quelle idée auriez-vous d’un médecin qui, entretenant avec complaisance une maladie qu’il pourrait guérir, irriterait le mal en différant le remède afin d’accroître sa renommée ou de mettre ses soins à l’enchère ?]
Journal de la Fronde (volume i, fo 136 ro, 23 novembre 1659) :
« On envoie en Guyenne 800 officiers réformés, avec la plupart de l’armée de Flandres, pour secourir M. d’Épernon. On a fait embarquer à cette fin trois régiments d’infanterie à Calais. Ceux de Piémont et Navarre marchent par terre et l’on dit qu’ils sont embarqués à Orléans sur la rivière de Loire, et la cavalerie s’y achemine aussi en grand nombre. »
« et conservez-moi longtemps l’amour que vous me portez. »