Paris, 1701, pages 90‑118 (et dernière) [1]
Magni sæpe viri mendacia magna loquuntur. [39][112]
Ingenio haud poterat tam magnum æquere parentem
Filia quod potuit corpore fecit opus. [49]
J’ai appris que quand les écoliers de ce grand homme allaient badiner avec sa fille, ils appelaient cela « commenter les œuvres de Cujas ». [50] Il disait qu’il n’avait jamais lu de livre où il n’eût appris quelque chose, excepté Arnobe [138] sur les Psaumes. [51][139]
Quisquis es rogat te Aldus Manutius, ut si quid est quod se velis, per paucis agas, deinde abeas, nisi tanquam Hercules defesso Atlanti veneris suppositurus humeros, semper enim erit quod tu agas et quotquot huc attulerint pedes. [54]
Son commentaire sur les Épîtres de Cicéron [149] est fort bon, mais il est de Parrhasius. [55][150]
Fin du Patiniana I
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1. |
« d’abord ». Cet article du Patiniana imprimé figure en partie à la page 73 du manuscrit de Vienne (v. note [12] de l’Introduction aux ana de Guy Patin). Guy Patin n’a jamais parlé de Michel Servet dans ses lettres : le mémoire qu’il a écrit pour son procès contre Jean Chartier en 1653 (v. sa note [49]) contient la seule mention autographe qu’il ait faite de ce curieux médecin, astrologue et théologien. Il y parlait, comme ici, de l’hérésie trinitaire, pour laquelle Servet fut supplicié par Jean Calvin, à Genève en 1553. N’ayant pas lu le livre, intitulé Christianismi Restitutio [Restitution du christianisme] (Vienne en Dauphiné, 1553), qui le fit monter sur le bûcher, Patin ne pouvait faire allusion à la surprenante description de la petite circulation du sang qu’on y trouve, et pour laquelle Servet s’est fait un nom dans l’histoire de la médecine. Ces quelques lignes, aujourd’hui célèbres, avaient aussi pu échapper à Gabriel Naudé. |
2. |
Claudii Ptolemæi Alexandrini Geographicæ Enarrationis Libri Octo. Ex Bilibaldi Pirckeymheri tralatione, sed ad Græca et prisca exemplaria à Michaele Villanovano secundo recogniti, et locis innumeris denuo castigati. Adiecta insuper ab eodem Scholia, quibus et difficilis ille Primus Liber nunc primum explicatur, et exoleta Urbium nomina ad nostri seculi morem exponuntur. Quinquaginta illæ quoque cum veterum tum recentium Tabulæ adnectuntur variisque incolentium ritus et mores explicantur. Accedit index locupletissimus hactenus non visus. [Les huit livres de la Description géographique donnée par Claude Ptolémée d’Alexandrie. {a} D’après la traduction de Bilibaldus Pirckeymherus, {b} mais Michael Villanovanus {c} l’a collationnée une nouvelle fois avec d’anciens exemplaires grecs, et de nouveau corrigée en d’innombrables endroits. Il y a en outre ajouté des annotations éclairant pour la première fois ce premier livre fort ardu, et a adapté au vocabulaire de notre temps les noms de villes tombés en désuétude. Il y a aussi joint ces cinquante cartes des contrées tant anciennes que modernes, et expliqué les rites et les mœurs des habitants de divers endroits. Avec un très riche index, inédit jusqu’ici]. {d}
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3. |
Ioan. Sleidani, De Statu Religionis et Reipublicæ, Carlo quinto, Cæsare, Commentarii [Commentaires de Johann Sleidan sur l’état de la religion et de la politique sous l’empereur Charles Quint], {a} année 1553, livre xxv, page 446 vo, Servetus Genevæ exustus [Servet brûlé à Genève] : Sub finem Octobris, Genevæ sumptum est de Michaele Serveto Hispano supplicium. Is multis ab hinc annis varios ediderat libellos inter alia, de Triniata, prorsus alienos a sententia totius Ecclesiæ. Quumque hoc demum anno Genevam venisset, senatus de illo certior factus, comprehendi jubet, ac deinde Calvino, qui tam antea scriptis eum oppugnaverat, et cæteris Ecclesiæ ministris iniungit, ut sermonem cum eo coferant. Itaque multa fuit inter eos et acerba disceptatio ; quum ille sæpenumero mendacij Calvinum insimularet, admodum immodeste. Senatus vero, ne quid in causa tam gravi temere fieret, doctores de iis dogmatis consulit, Bernates, Tigurinos, Basilienses, Schafusianos. Hi respondent omnes ad summam Dei contumeliam illa pertinere. Quum autem non modo de sententia non decederet, sed conviciis et maledictis etiam sua propugnaret, damnatus est capitis. Ut ad locum supplicij venit, horante Gulielmo Farello, Christum, æternum Dei filium invocare noluit, et quum pœnitentiæ signum nullum daret, causam tamen ad populum minime defendit. Necis invidiam plerique constabant in Calvinum. Is autem edito libro, doctrinam eius et rem omnem actam commemorat, et in hæreticos gladio vindicandum esse docet. {b} |
4. |
« Ce Servet était Espagnol natif d’Aragon. Diverses de ses œuvres ont été publiées en 1531 et 1532. Voyez Sponde à l’an 1531, no 6, et à l’an 1533, no 14. {a} Pour sa doctrine, etc., voyez l’Historia del Concilio Tridentino de Pietro Soave, à l’année 1554. » {b}
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5. |
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6. |
V. note [10], lettre 73, pour Guillaume Du Val, natif de Pontoise (ville alors considérée comme normande, v. note [1], lettre 237). Guy Patin a rapporté son bon mot dans sa lettre à Charles Spon datée du 5 septembre 1659 (v. sa note [1]). Cet article du Patiniana imprimé ne figure pas dans le manuscrit de Vienne. |
7. |
Reprise d’un jeu de mots géographique de Jean-Pierre Camus, évêque de Belley (v. note [9], lettre 72), que Guy Patin a rapporté à André Falconet dans sa lettre du 15 août 1659 (v. sa note [8]). Cet article du Patiniana imprimé ne figure pas dans le manuscrit de Vienne. |
8. |
Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (page 75). Il reprend mot pour mot, sous forme narrative, un article du Naudæana : v. note [6] de sa 4e partie, qui contient un commentaire détaillé sur la date du 10 mars 1642. |
9. |
Cet article complétant le précédent, je l’ai transféré ici (pages 92‑93) depuis les pages 100‑101 du Patiniana imprimé. Il figure dans le manuscrit de Vienne (page 80). V. note [9], lettre 3, pour la biographie de Gabriel Naudé et ses liens d’amitié avec Guy Patin. En 1620, ils achevaient leurs études au collège (obtention de la maîtrise ès arts) et s’apprêtaient à prendre leur première inscription à la Faculté de médecine. |
10. |
Cet article complétant les deux précédents, je l’ai transféré ici (pages 92‑93) depuis les pages 111‑112 du Patiniana imprimé. Il ne figure pas dans le manuscrit de Vienne. Guy Patin a pleuré la mort de Gabriel Naudé dans sa lettre du 26 août 1653 (8e paragraphe). V. notes :
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11. |
« au nom de la Religion » : ce terme incluait luthériens et calvinistes (huguenots proprement dits, v. note [1], lettre 63), car la suite de l’article mêle les deux confessions, ainsi que les anglicans et les puritains britanniques (v. infra note [12]). |
12. |
V. notes :
Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (page 75). Comme le précédent, consacré à Michel Servet et à Jean Calvin (v. supra notes [1]‑[5]), qui provient de la même source, il reflète plus probablement le scepticisme de Gabriel Naudé que celui de Guy Patin ; et ce même si ses inclinations pour le protestantisme ont pu transpirer dans certaines lettres adressées à son ami calviniste Charles Spon (v. note [15], lettre 97). Comme bien de ses maîtres à penser (Hugo Grotius, Nicolas Bourbon le Jeune, etc.), aucune religion ne semblait satisfaire pleinement Patin : cela pourrait certes faire de lui un « libertin érudit », voire un athée prosélyte (que d’aucuns vont jusqu’à soupçonner d’avoir écrit le Theophrastus redivus, v. note [38], lettre 477), mais sans le moindre reniement de Dieu et avec une constante profession des préceptes évangéliques (qu’il estimait malmenés par toutes les confessions chrétiennes). Il faut savoir prudemment lire entre les lignes des ana de Patin pour essayer d’y deviner le peu qui peut lui être raisonnablement attribué. |
13. |
V. note [1], lettre 188, pour l’anatomiste vénitien Emilio Parisano, l’un de ceux que Jean ii Riolan avait étrillés dans la 3e édition de son Anthropogaphie (Paris, 1649, Opera anatomica vetera [Œuvres anatomiques anciennes], v. note [25], lettre 146). Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (page 19). |
14. |
Guy Patin a rejeté cette fable à la fin de sa lettre du 4 mars 1659 à André Falconet : v. sa note [12], où j’ai transcrit l’extrait du Mascurat (Paris, 1650, v. note [127], lettre 166) dans lequel Gabriel Naudé réfute les rêveries du grammairien et érudit italien Benvenuto dei Rambaldi da Imola (Benevenutus de Rambaldis Imolensis, Imola 1330-Ferrare 1390), commentateur de la Divine Comédie de Dante (v. note [10] du Patiniana I‑3). Le Romuleon (manuscrit traduit en français, 1485-1490) et les autres œuvres historiques de Benvenuto n’ont pas été imprimés. Dans le manuscrit de Vienne (page 76), cet article est assorti d’un commentaire : « Dans cette religion il y a 9 sectes principales qui sont autant d’hérésies. Les Turcs ont pareillement leurs athées qui dicuntur Aladini sive de secta Aladin. {a} Si vous voulez savoir des nouvelles de Mahomet, voyez Guillaume Postel in libro de orbis terræ concordia ; {b} Michel Baudier en son Histoire des Turcs ; {c} Historiam Sarracenicam ; {d} Baronium in Annalibus Eclesisaticis, {e} etc. » |
15. |
Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (page 76), mais rappelle ce que Guy Patin a écrit dans sa lettre du 20 février 1665 à André Falconet, au sujet du théologien espagnol Amadæus Guimenius (v. ses notes [4] et [5]) : « Un docteur de Sorbonne m’a dit qu’il faut que cet auteur soit un méchant homme, et même un athée ; et néanmoins Platon a dit que jamais un homme ne mourut athée, mais au moins il y a bien au monde des fourbes, des imposteurs, sans mettre en ligne de compte les charlatans de notre métier, qui ne valent pas mieux. » Robert Fludd (Fluddus ou de Fluctibus ; Milgate House, Kent 1574-Londres 1637), docteur en médecine d’Oxford en 1605, était un adepte du paracelsisme et de l’occultisme mystique. Collègue de William Harvey {a} au sein du London College of Physicians, Fludd fut l’un des tout premiers à défendre publiquement la circulation du sang. Rangé parmi les néoplatoniciens chrétiens, {b} il a laissé plusieurs ouvrages ésotériques, dont une : Apologia Compendiaria, Fraternitatem de Rosea Cruce suspicionis et infamiæ maculis aspersam, veritatis quasi Fluctibus abluens et abstergens : Auctore R. de Fluctibus, M.D. Lond. Platon a entre autres débattu de l’athéisme dans le livre x de ses Lois (chapitres i‑iii, traduction d’Émile Chambry) : « (L’Athénien) Celui qui croit, comme l’enseigne la loi, qu’il y a des dieux, ne commettra jamais volontairement aucun acte impie et ne lâchera jamais un mot contre la religion. Si on le fait, c’est pour une des trois causes que voici : la première, c’est que, comme je l’ai dit, on ne croit pas à l’existence des dieux ; la seconde, qu’on pense qu’ils ne s’occupent pas des affaires humaines ; et la troisième, qu’il est facile de les fléchir par des sacrifices et de les séduire par des prières. (Clinias) Alors que faire et que dire à ces gens-là ? (L’Athénien) Commençons, mon bon ami, par écouter ce que je devine qu’ils nous diront d’un ton à la fois insultant et moqueur. (Clinias) Que nous diront-ils donc ? (L’Athénien) Ils pourraient nous dire, pour se jouer de nous : “ Étrangers d’Athènes, de Lacédémone et de Cnossos, vous dites vrai. Il y en a parmi nous qui ne croient pas du tout à l’existence des dieux ; {a} d’autres se les figurent tels que vous dites. En conséquence, nous demandons qu’avant de nous menacer durement, vous essayiez d’abord, comme vous l’avez jugé bon à propos des lois, de nous persuader et de nous prouver par des raisons concluantes qu’il y a des dieux, et qu’ils sont d’une nature trop excellente pour se laisser enjôler et détourner de la justice par des présents. Comme nous entendons tenir ces propos et d’autres semblables à des gens qui passent pour être très capables – poètes, orateurs, devins, prêtres, sans parler d’une infinité d’autres personnes – la plupart d’entre nous ne se sentent pas portés à ne pas faire le mal, mais < le sont à > y remédier après qu’il est commis. Nous avons droit d’attendre des législateurs, qui prétendent préférer la douceur à la brutalité, qu’ils commencent à user avec nous de la persuasion, et qu’ils nous tiennent sur l’existence des dieux des discours sinon meilleurs, du moins plus vrais que les discours des autres. Peut-être nous laisserons-nous persuader. Essayez, si notre demande est raisonnable, de nous dire ce que nous demandons. ” (Clinias) Ne te semble-t-il pas, étranger, facile de démontrer véritablement l’existence des dieux ? (L’Athénien) Comment ? (Clinias) D’abord la terre, le soleil, les astres et l’univers, le bel ordre des saisons, la répartition des années et des mois, et tous les Grecs et les barbares qui croient qu’il y a des dieux. (L’Athénien) J’ai peur, mon bienheureux ami, que les méchants ne nous méprisent, car de dire que j’en rougis pour vous, c’est ce que je ne ferai jamais. Vous ne connaissez pas la cause de leur désaccord avec nous ; vous croyez que c’est uniquement parce qu’ils ne peuvent pas dominer les plaisirs et les passions qu’ils se jettent dans l’impiété. (Clinias) À quelle autre cause faut-il donc l’attribuer ? (L’Athénien) À une cause que vous ignorez et qui vous reste cachée, à vous qui vivez en dehors de la Grèce. (Clinias) Que veux-tu dire par là ? (L’Athénien) Je veux dire une affreuse ignorance qu’ils prennent pour la plus haute sagesse. (Clinias) Comment dis-tu ? (L’Athénien) Il y a chez nous des discours, soit en vers, soit en prose, consignés dans des écrits qui n’existent pas chez vous, à cause, je crois, de l’excellence de votre constitution. Les plus anciens disent au sujet des dieux que les premiers êtres furent le ciel et les autres corps, puis peu de temps après leur naissance, ils placent celle des dieux, et racontent les traitements qu’ils se firent les uns aux autres. Que, sous certains rapports, ils soient utiles ou non à ceux qui les entendent, il n’est pas facile, vu leur antiquité, d’y trouver à redire ; mais en ce qui regarde les soins et les égards dus aux parents, je ne saurais pour ma part les approuver ni avouer qu’ils sont utiles, ni même qu’ils soient vrais. Laissons donc ces anciens écrits ; qu’il n’en soit plus question, et qu’on en dise ce qu’il plaira aux dieux. Tenons-nous en aux écrits des modernes et des sages, et montrons par où ils sont une source de mal. Voici l’effet que produisent leurs discours. Lorsque, pour prouver qu’il y a des dieux, nous alléguons ce que tu disais, le Soleil, la Lune, les astres et la Terre comme autant de dieux et d’êtres divins, les disciples de ces sages répondent que tout cela n’est que de la terre et des pierres, incapables de s’intéresser en quelque façon que ce soit aux affaires humaines, et ils donnent à leurs arguments une forme brillante, propre à persuader. […] Parlons donc ; mais comment garder son sang-froid, quand on se voit réduit à prouver que les dieux existent ? On ne peut s’empêcher de voir de mauvais œil et de haïr ceux qui ont été et sont encore aujourd’hui cause de la discussion où nous allons entrer ; qui n’ont pas foi aux contes que, dès leur plus jeune âge, alors qu’ils étaient encore à la mamelle, ils ont entendu de la bouche de leur nourrice et de leur mère, lesquelles enchantaient leurs oreilles sur un ton tantôt badin, tantôt sérieux ; qui ont entendu leurs parents prier dans les sacrifices et les cérémonies dont ils sont accompagnés, toujours si agréables à voir et à entendre pratiquer lorsqu’on est jeune ; qui ont vu leurs parents appliqués avec le plus grand zèle à offrir des sacrifices pour eux-mêmes et pour leurs enfants, et s’adressant aux dieux dans leurs prières et leurs supplications, dans la persuasion la plus assurée qu’ils existent ; qui savent et voient de leurs yeux que tous les Grecs et tous les barbares se prosternent et adorent les dieux, au lever et au coucher du Soleil et de la Lune, dans toutes les situations malheureuses ou heureuses de leur vie, parce que, loin de penser que les dieux n’existent pas, ils sont convaincus que leur existence est aussi réelle que possible et qu’il n’y a jamais lieu de soupçonner qu’il n’y a pas de dieux. Et maintenant, au mépris de toutes ces leçons, et sans aucune raison valable, comme le pensent tous ceux qui ont tant soit peu de sens, ils nous forcent à leur tenir le langage que nous leur tenons. |
16. |
« que mon âme meure de la mort des philosophes » : v. note [51], lettre Naudæana 1 pour de propos d’Averroès, son athéisme et sa négation de l’immortalité de l’âme. Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (page 76). |
17. |
Banni de Cordoue pour irréligion, Averroès mourut à Marrakech en 1198. La fable (un peu modifiée) qui a couru sur les circonstances de son décès vient, selon Bayle, du livre ii, chapitre xxviii, page 151, De plusieurs hommes de lettres anciens et modernes, lesquels moururent misérablement, des Diverses Leçons d’Antoine du Verdier sieur de Vauprivas, {a} etc., suivant celles de Pierre Messie, contenant plusieurs histoires, discours et faits mémorables, recueillis des auteurs grecs, latins et italiens… : {b} « Averroès fut rompu par une roue qu’on lui mit sur l’estomac. » {c} Albert le Grand (v. note [8], lettre 133) a été un des éminents commentateurs d’Aristote au Moyen-Âge, en faisant la critique de ce qu’Averroès avait écrit sur le sujet un siècle avant lui. |
18. |
V. note [12], lettre 164, pour Jérôme i Bignon, que Guy Patin a dit avoir été intime ami de Hugo Grotius (v. note [2], lettre 53). Le souhait qu’avait exprimé Grotius de se convertir au judaïsme n’était pas totalement invraisemblable : v. note [20] du Grotiana 2. Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (pages 76‑77). |
19. |
« On pardonne à l’Antiquité d’avoir mêlé les dieux aux choses humaines, car cela donne plus de lustre à la naissance des villes. » Cette finesse sceptique de Tite-Live (Ab Urbe Condita [Histoire de Rome], Préface, § 7) faisait ici l’admiration de Guy Patin, par comparaison avec les autres anciens historiens ou moralistes qu’il citait ; mais tout cela n’égalait pas sa vénération pour La Sagesse de Pierre Charron (qui s’était fait prêtre après avoir été avocat, v. note [7], lettre 73) : « Lisez la Sagesse de Charron tous les ans deux fois », écrivait-il à Hugues ii de Salins (fin de sa lettre du 6 mars 1655). |
20. |
« punition et récompense », Catéchisme du concile de Trente, iii, chapitre ii, § 29 : Omnis enim lex ad præcepta servanda homines pœna et præmio inducit. [Car toute loi incite les hommes à respecter ses préceptes, par punition et récompense]. Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (page 77). |
21. |
Tommaso (Thomas) de Vio fut surnommé Cajetanus parce qu’il était natif de Gaète dans le Latium (1469-Rome 1534). Entré chez les dominicains (frères prêcheurs) en 1484, il abandonna son prénom de Jacopo pour celui de Tommaso. Docteur en théologie, il avait enseigné à Pavie et à Rome, et fit une brillante carrière ecclésiastique : maître général de son Ordre (1508-1518), il fut nommé cardinal en 1517 et doté d’éminentes charges pontificales. The cardinals of the Holy Roman Church ont inséré cette remarque (traduite de l’anglais) dans leur article sur Vio : « Légat a latere {a} à la diète d’Augsbourg en 1518, {b} à la demande de l’Électeur de Saxe, {c} on lui confia la tâche d’examiner et d’évaluer les enseignements de Martin Luther. L’année précédente, le cardinal avait écrit, sans connaître les thèses de Luther, qu’il avait raison de dire que l’Église n’était pas encore parvenue à une position ferme sur la doctrine de la dispense ; {d} quant à la doctrine de la confession, {e} le cardinal Cajetan semblait aussi la tenir pour un sujet ouvert à controverse. Luther arriva avant lui à la diète d’Augsbourg ; l’entrée du cardinal, dans toute la splendeur de la pompe ecclésiastique, ne servit qu’à en faire, pour Luther, une caricature du curial romain profondément détesté par les Allemands. En outre, la philosophie thomiste représentée par le cardinal {f} avait traditionnellement été en compétition avec la philosophie augustinienne de l’Ordre religieux {g} auquel appartenait Luther. En 1519, le cardinal Cajetan contribua à rédiger la bulle d’excommunication contre Luther. » {h} |
22. |
« il l’avait détruit par son venin, et lui, en a ensuite infecté quantité d’autres. » L’audacieux Tractatus de Immortalitate animæ [Traité sur l’immortalité de l’âme] (1516) de Pomponace, qui lui avait valu l’animosité de l’Inquisition (v. note [67], lettre Naudæana 1), s’était en partie inspiré du commentaire de Cajetan sur le De Anima [De l’Âme] d’Aristote (paru en 1510), comme l’a confirmé Annalisa Cappiello dans son article intitulé Tommaso de Vio Gaetano, Pietro Pomponazzi e la polemica sull’immortalità dell’anima. Status quæstionis e nuove scoperte [Thomas de Vio Cajetan, Pomponace et la polémique sur l’immortalité de l’âme. État de la question et nouvelles preuves] (Noctua, Anno v, n. 1). Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (page 77). |
23. |
V. supra note [4] (citation b) pour l’Histoire du concile de Trente de Paolo Sarpi (première édition française en 1621). Il s’agissait probablement ici de la réédition de 1655 (Troyes, Nicolas Oudot, in‑fo). Dans ses lettres, Guy Patin a plusieurs fois parlé avec dédain de la riposte romaine, rédigée en italien par le cardinal jésuite Francesco Maria Sforza Pallavicino et parue en 1656-1657 sous le titre d’Istoria del concilia di Tento (v. note [26], lettre 477). Dès celle qu’il a écrite à André Falconet le 7 février 1662, Patin a annoncé l’impression à Anvers (1670) de ce livre en latin et expliqué comment Sarpi, pour écrire le sien, avait eu accès aux archives de la Secreta de Venise (v. ses notes [4] et [5]). Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (page 78). |
24. |
« en son for intérieur, la primauté de la belle vie et de la bonne chère l’enchantait et réjouissait. » Roger-bontemps (Furetière) : « Ce proverbe vient d’un seigneur nommé Roger, de la maison des Bontemps, fort illustre dans le pays du Vivarais, dans laquelle le nom de Roger est toujours affecté et propre à l’aîné depuis plusieurs siècles. Et parce que le chef de cette maison fut un homme fort estimé pour sa valeur, sa belle humeur et sa bonne chère, on tint à gloire en ce temps-là de l’imiter en tout ; et plusieurs se firent par honneur appeler Roger Bontemps, ce qui par corruption a été étendu à tous les fainéants et aux débauchés. » V. note [9], lettre 17, pour François Rabelais, idole littéraire de Guy Patin, qui le surnommait « M. François », dans un mélange de respect et d’affectueuse complicité. |
25. |
Dans le manuscrit de Vienne (page 80), les « mauvais mots » sont remplacés par les « mots de gueule », et « les autres lieux qu’il fréquentait », par « le bordel ». Dans son Rabelais (Paris, Biographies nrf Gallimard, 2011, chapitre iii), Mireille Huchon établit que, dans les dix années précédant son inscription à l’Université de médecine de Montpellier (1530), Rabelais a été moine dans deux abbayes : chez les franciscains (en Touraine), puis chez les bénédictins de Maillezais (v. note [23] du Borboniana 2 manuscrit), près de Fontenay-le-Comte ; v. note [53] du Borboniana 10 manuscrit pour de plus amples détails sur la vie cléricale de Rabelais. Poggio Bracciolini (Terranova, Toscane 1380-Florence 1459), dit en français le Pogge Florentin, est un humaniste qui a assuré de nombreuses charges au service de la papauté et de la République de Florence. Il a mis au jour et édité les manuscrits de plusieurs anciens auteurs latins (dont le plus remarquable a été le De Natura rerum [La Nature des choses] de Lucrèce, v. note [131], lettre 166) et publié des œuves morales plus légères. Elles ont été réunies au xvie s. dans le recueil intitulé Poggii Florentini Oratoris clarissimi ac sedis apo. secretarii Operum [L’Œuvre du Pogge Florentin, très célèbre orateur et secrétaire apostolique] (Strasbourg, Johannes Schot, 1513, in‑fo de 368 pages), dont le sommaire de couverture illustre la diversité, et fait du Pogge un précurseur italien d’Érasme.
V. note [19], lettre 488, pour Merlin Coccaye. Les Colloques familiers, les Adages et l’Éloge de la folie sont parmi les œuvres d’Érasme (v. note [3], lettre 44) qui ont pu inspirer Rabelais. |
26. |
« il dépend entièrement de sa bonne fortune. » V. note [10], lettre 223, pour l’abbé Mondin, mort (de maladie) en 1650, homme de confiance de Mazarin, à qui il servait de « mercadent », vieil italianisme tiré de mercadente [marchand], c’est-à-dire d’intermédiaire dans l’achat et la vente d’objets de valeur (bijoux, œuvres d’art), dont le cardinal était fort friand. Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (page 81). |
27. |
« en cet an 1649. » Cette indication est tout à fait erronée (et ne figure pas dans l’article homologue du manuscrit de Vienne, page 81) : Bernardino Telesio (Benardinus Telesius), natif de Cosence, Cosenza en Calabre, « dans le royaume de Naples », en 1509, y était mort en 1588. Philosophe et médecin, il enseigna l’aristotélisme à Rome et fut l’un des premiers à en ébranler les principes, avec ses : De rerum Natura iuxta popria principia libri ix. De même, en médecine, Telesio voulut secouer le joug de Galien. Ses conceptions naturalistes ont été réunies dans le : Varii de natularibus rebus Libelli, ab Antonio Persio editi. Quorum alij nunquam antea excusi, alij meliores facti prodeunt. Sunt autem hi : De Cometis et Lacteo Circulo ; De His, quæ in Aere fiunt ; De Iride ; De Mari ; Quod Animal universum ; De Usu Respirationis ; De Coloribus ; De Saporibus ; De Somno. Unicuique libello appositus est capitum Index. |
28. |
« Riolan est péripatéticien car il ne croit que ce qu’il voit. » La préface Lectori [au lecteur] des Ioannis Riolani Opuscula philosophica [Opuscules philosophiques de Jean i Riolan] qui ont été réunis dans ses Opera omnia [Œuvres complètes] {a} ne contient pas ce propos, mais donne un intéressant aperçu sur la mentalité du clan Piètre-Riolan (page 201) : Si requiras hic lectiora verba et e medio foro studiosius quæsita, memineris imprimis orationem rebus accommodandam, nec eundem esse dicendi atque docendi modum, quia res de quibus Philosophi disserunt dicere ornate velle, puerile est : plane et perspicue expedire posse, docti et intelligentis viri : non enim minus peccat qui desiderat in Philosopho loquutionem oratoriam, quam qui in oratore Philosophorum ακριβειαν, quia Philosophus est interpres veritatis, magister rerum non verborum : Candor autem veritatis postulat ut oratione tractetur simplici, sine fuco, sine ullo verborum apparatu : ne videatur doctori plus inesse loquentiæ quam sapientiæ. Quamobrem ut Asclepiodorus olim pingebat eleganter sine coloribus : ita nuda veritas exponi debet, nullo fuco exornata. Videndum tamen dum Academica verborum maiestas negligitur, aut affectata Stoïcorum loquutio devitatur, ne in Epicuri barbaram et aridam nimis orationem incidamus, qualem a trecentis annis affectarunt Latini Aristotelis interpretes : Sed medium dicendi ut docendi genus cum Peripateticis sequendum est : proprijs et significantibus verbis plane et perspicue veritas docenda. Vale e Lyceo Calvico : Anno Domini 1570. Cet article du Patiniana imprimé (qui ne figure pas dans le manuscrit de Vienne) est à tenir pour précieux s’il traduit la sincère conviction philosophique de Guy Patin : elle est plausible car elles est un écho fidèle des options qu’il a souvent défendues dans ses lettres et autres écrits, où il a affiché un grand mépris pour les phénomènes occultes et surnaturels (hormis ceux qui ressortissent au pur dogme catholique). |
29. |
« La religion ne tolère pas les parricides, l’Église ne connaît par le sang. » V. notes [52], lettre 176, et [4], lettre 224, pour la Defensio regia pro Carolo i de Claude i Saumaise (Leyde, 1649), traduite en Apologie royale pour Charles ier (Paris, 1650), dont cet extrait montre la virulence des attaques contre les members of Parliament qui avaient condamné leur roi à être décapité (pages 135‑136) : « Qui se peut légitimement appeler serviteur de Dieu, sinon celui qui fait sa volonté ? Et quelle est la volonté de Dieu, sinon que nous soyons sujets au roi ? Ceux qui, sous prétexte de liberté, ne leur veulent être sujets, se rendent par cette même action désobéissants à Dieu ; et comme rebelles à la volonté de Dieu, ni ils ne sont serviteurs du vrai Dieu, ni ils ne sont aussi vraiment libres, pource qu’ils empruntent le manteau d’une fausse liberté pour la faire servir de couverture à leur mauvaise vie. N’est-ce pas proprement ce que font aujourd’hui ces monstres dénaturés, qui font gémir la malheureuse Angleterre sous le poids d’une insupportable servitude ? Peut-on dire d’eux autre chose, sinon qu’ils ont couvert, sous le masque d’une liberté effrénée, de s’abandonner à des crimes monstrueux, et à exécuter des parricides auparavant inouïs et inconnus ? Quant à leurs personnes, en fut-il jamais de moins libres qu’eux, que nous voyons esclaves de tous les vices, et sous l’empire absolu de toutes les fureurs des plus farouches passions ? Et quant au peuple, eut-il jamais moins de liberté que depuis qu’il s’est laissé duper à cette fausse image qu’ils lui en ont présentée, et qui est un joug plus pesant et plus dur que tous ceux qu’il avait soufferts sous le plus impérieux de ses rois ? » |
30. |
« Le nez est l’ornement du visage » : v. note [1], lettre 392. Ce propos visait Jacques iii Stuart (1451 ou 1452-1488), roi d’Écosse de 1460 à sa mort. Il périt au cours de la bataille de Sauchiebum qu’il perdit contre ses seigneurs rebelles. Dans son Rerum Scoticarum historia [Histoire des affaires écossaises] (Amsterdam, 1643, v. note [7], lettre 470, première édition en 1582), George Buchanan a prétendu qu’il avait été assassiné lors des combats (livre douzième, page 439) : Initio cum satis acriter pugnaretur, procerumque prima acies loco cederet, Annandiani et eorum vicini, qui ad Occidentalem Scotiæ limitem accolunt, acriter gradum promoverunt : hi, cum longioribus uterentur hastis, quam qui ex adverso stabant, statim Regis mediam aciem fuderunt : ipse, equi casu debilitatus, in molas aquarias, non longe a loco ubi pugnatum erat, se recepit, eo (ut videbatur) consilio, ut naves, quæ non longe aberant, conscenderet. Ibi, cum paucis deprehensus, occiditur. Tres eum fugientem proxime secuti, Patricius Graius, familiæ suæ princeps, Sterlinus Kerius, et Sacrificulus, cognomento Borthicus : incertum, a quo eorum percussus. Eius cædis fama, licet incerta, per utrunque exercitum divulgata, fecit, ut, victoribus minus acriter instantibus, fugentium multo pauciores cæderentur : cum Rege enim, non cum civibus, proceres, bellum susceptum videri, volebant. V. notes [32], lettre 554, et [39] du Naudæana 3, pour le funeste destin des parents de Jacques ier, roi d’Angleterre, dont Charles ier était le fils et successeur : décapitée en 1587 sur ordre d’Élisabeth ire s., sa putative rivale pour la couronne d’Angleterre, Marie Stuart avait elle-même, en 1567, fait assassiner son mari, Lord Darnley, roi consort d’Écosse, par son amant, lord Bothwell, qu’elle épousa ensuite. |
31. |
« les Anglais sont, à mon sens, des loups parmi les hommes, et ils sont à mettre au rang des bêtes sauvages. » Cet article du Patiniana imprimé ne figure pas dans le manuscrit de Vienne. Dans ses lettres, Guy Patin s’est ainsi plusieurs fois récrié contre les Anglais : pour leur langue qu’il ne comprenait pas, pour leur religion, pour leurs guerres civiles couronnées par un régicide ; de l’autre côté de la Manche, ils représentaient, au début des années 1650, le pire de ce que la Fronde et ses princes pouvaient faire redouter à un « bon Français ». |
32. |
« Parfois aussi, il a déliré et s’est montré avoir moins de sagesse qu’un enfant. » Sur les deux ouvrages de Jérôme Cardan que cite cet article (qui ne figure pas dans le manuscrit de Vienne), v. notes : |
33. |
Cet article du Patiniana imprimé ne figure pas dans le manuscrit de Vienne. V. note [47], lettre 229, pour Claude Favre, seigneur de Vaugelas, mort le 26 février 1650.
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34. |
« “ Juliana Morella, native de Barcelone, jeune fille qui était en sa 12e année d’âge, l’an 1606, connaissant à la fois le latin, le grec et l’hébreu, a proposé et défendu des thèses, tant de logique que de morale, dans la maison de son père, à Lyon. Nous les avons vues, dédiées à Marguerite d’Autriche, reine d’Espagne ” (tiré de la Bibliotheca d’Andreas Schott, page 343). »
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35. |
« Il y a bien des choses à lire sur lui dans les Annales minimorum. »
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36. |
Les anonymes Bons avis sur plusieurs mauvais avis {a} ont été publiés en 1650, dans le feu croisé des mazarinades. {b} Ils sont attribués à Mathieu de Mourgues, abbé de Saint-Germain, {c} fidèle serviteur des intérêts du roi et de son gouvernement, pour défendre la décision d’emprisonner les princes (Condé, Conti et Longueville) en janvier 1650. {d} Le début (pages 3‑4) en résume éloquemment l’ensemble et le style : « Il est expédient {e} de faire connaître à ceux qui écrivent contre les intentions du roi que, s’il échappent à la justice de Sa Majesté, ils n’éviteront pas la censure de ses fidèles serviteurs. Les mieux instruits disent que la vanité a persuadé à ces feux follets qu’ils passeront pour des étoiles en faisant briller les étincelles de leurs esprits, encore qu’elles soient des allumettes de sédition. Les sages avouent que ces gens-là rangent mieux leurs paroles qu’ils ne règlent leurs pensées, lorsqu’ils s’imaginent que tout ce qui agréera aux curieux sera bien reçu par les sérieux. Ce qui est plus fâcheux est que les auteurs de ces ouvrages cherchent plutôt la réputation de polis écrivains que de bons citoyens : ils blâment avec hardiesse le gouvernement de l’État, qui a des secrets semblables aux mystères divins, auxquels nous devons la créance et la soumission, sans entreprendre de les pénétrer avec présomption pour les contrerôler {f} avec arrogance. Nous pouvons dire aussi à ces Messieurs que leurs plumes paraissent légères lorsqu’elles volent en fort peu de temps d’une extrémité à l’autre, et ne s’arrêtent point dans le milieu, où est la vertu. Il y a quinze mois qu’elles employaient leur encre pour noircir les actions et les desseins de Monsieur le Prince ; elles s’exercent maintenant non seulement à les blanchir, mais à les farder. Ainsi, celui que ces beaux discours on appelé souvent le mauvais génie de la France, lorsqu’il était à Saint-Germain, {g} est devenu dans le Bois de Vincennes l’ange tutélaire de ce grand royaume. {h} Puissante prison qui as pu faire ce changement ! Infortunée liberté qui arrêtais un grand honneur pour ce prince, et un noble avantage pour nous ! » La Réponse au libelle intitulé Bons avis, sur plusieurs mauvais avis, {a} attribuée à la moins bonne plume de Jean Le Laboureur, {b} commence ainsi (pages 3‑6) : « Le cardinal Mazarin, après avoir commis la plus noire perfidie dont l’âme du monde la plus ingrate soit capable ; après avoir, par une injustice sans exemple, contre toutes les lois du royaume, fait emprisonner Monsieur le Prince, son bienfaiteur qui, l’année passée, par les ordres de la reine et les conseils de Monsieur le duc d’Orléans, employa sa valeur pour le sauver des mains de la justice ; {c} cet ingrat, dis-je, ne croirait pas avoir pleinement satisfait à sa lâcheté s’il ne déchirait la réputation et s’il ne tâchait d’obscurcir la gloire de Monsieur le Prince qui, par ses belles actions, {d} n’a pas donné moins d’éclat au sang royal qu’il en a reçu de lui par sa naissance. C’est peu au cardinal Mazarin d’avoir sacrifié à sa vengeance une victime ornée de tant de couronnes ; c’est peu d’avoir insolemment triomphé de la liberté du Conservateur de l’État pour achever le crime qu’il a si heureusement commencé ; il faut employer toutes sortes d’artifices afin de rendre les peuples irréconciliables avec Monsieur le Prince, et les faire complices de l’indignité la plus barbare, des desseins les plus énormes, et de la plus injuste violence qui leur puisse jamais être reprochée par la postérité. Cet article du Patiniana imprimé ne figure pas dans le manuscrit de Vienne. |
37. |
Défrayer : « payer la dépense faite par quelqu’un, au lieu de lui » (Furetière), qui reste le sens propre de ce verbe aujourd’hui. Ayant quitté Leyde pour la Suède au mois d’août 1650, Claude i de Saumaise en était reparti, dépité, en octobre 1651 (v. note [27], lettre 291). V. note [5], lettre 95, pour son épouse, née Anne Mercier. Cet article du Patiniana imprimé ne figure pas dans le manuscrit de Vienne. |
38. |
Cet article du Patiniana imprimé ne figure pas dans le manuscrit de Vienne. V. note [1], lettre 116, pour Stephanus Rodericus (Estevan Roderigo de Castro), mort en 1637. |
39. |
Marcellus Palingenius, Zodiacus vitæ… [Le Zodiaque de la vie…] (Amsterdam, 1628, v. note [24], lettre 925), au signe du Verseau (Aquarius, page 282, lignes 10‑17), avec mise en exergue du vers cité par le Patiniana : Quare non tutum est facile omnia credere cuivis, Cet article du Patiniana imprimé ne figure pas dans le manuscrit de Vienne. |
40. |
« Ce sont fables et sornettes bonnes à duper les princes ». Seule cette première phrase de l’article se retrouve à peu près dans le manuscrit de Vienne (page 10). Le Patiniana imprimé y a déjà puisé ce propos contre les astrologues : v. note [22] du Patiniana I‑1 ; le latin en diffère légèrement ; en outre, la suite n’y est pas et fait allusion à des événements survenus en 1650 (v. infra note [41]). |
41. |
V. supra notule {h}, note [36], pour l’emprisonnement du prince de Condé avec son frère, le prince de Conti, et leur beau-frère, le duc de Longueville, le 18 janvier 1650. |
42. |
Les « versions » sont ici les traductions du texte original (hébreu ou grec) en latin (infiniment variables en matière biblique).
La seule Bible d’Angleterre dont Guy Patin a parlé dans sa correspondance est la Biblia Sacra polyglotta [Sainte Bible polyglotte] de Brian Walton. {a} Ce qu’il faut entendre par la « Bible de Thècle » est expliqué dans le premier volume de cette Bible anglaise, § 32, page 65 vo, du Prolégomène ix, De Versionibus Græcis, præcipue lxxii Seniorum [Des Versions grecques, principalement celle des 72 Anciens] : {b} Descriptus est hic liber Alexandriæ per Theclam, fœminam nobilem, cujus nomen (jam obliteratum) ad finem libri olim inscriptum fuisse, testatur idem Cyrillus ; cujus verba ipsius manu initio libri exarata hæc sunt. Liber iste Scripturæ sacræ Veteris et Novi testamenti, prout ex traditione habemus, est scriptus manu Theclæ, nobilis fœminæ Ægyptiæ, ante mille et trecentos annos circiter, paulo post Concilium Nicanum. Nomen Theclæ in fine libri erat exaratum, sed extincto Christianismo in Ægypto a Mahumetanis, et libri una Christianorum in similem sunt redacti conditionem : extinctum ergo et Theclæ nomen et laceratum, sed memoria, et traditio recens observat. Hæc Cyrillus. Quænam hæc Thecla fuerit, nolo anxie inquirere. Cet article du Patiniana imprimé ne figure pas dans le manuscrit de Vienne. |
43. |
V. notes [7], lettre 37, pour le R.P. Jacques Sirmond, mort le 7 octobre 1651, l’un des rares loyolites dont Guy Patin estimait les écrits, et [2], lettre 381 pour le Collège parisien jésuite de Clermont. V. infra note [57] pour un vol impie dont le P. Sirmond a été accusé en 1650. Cet article du Patiniana imprimé ne figure pas dans le manuscrit de Vienne. |
44. |
V. notes :
Cet article du Patiniana imprimé ne figure pas dans le manuscrit de Vienne. |
45. |
V. notes [63] du Patiniana I‑2 pour l’avortement criminel de Mlle de Guerchy et pour le poème de L’Avorton de Jean Dehénaut, et [8], lettre 715, pour le poète libertin Claude-Emmanuel Luillier dit Chapelle. En 1662, Molière (v. note [1], lettre 865) avait épousé Armande Béjart (morte en 1700), fille ou jeune sœur de Madeleine Béjart (Paris 1618-ibid. 1672), actrice et cofondatrice de l’« Illustre Théâtre », la première troupe de Molière en 1643. Ils eurent une relation amoureuse à éclipses et les plus méchants racontaient que le comédien avait épousé sa propre fille. Les historiens s’échinent encore démêler le vrai du faux dans sa vie affective. Cet article du Patiniana imprimé ne figure pas dans le manuscrit de Vienne. |
46. |
« sans jamais l’horrifier, mais seulement pour l’empêcher » (v. infra note [47] pour le commentaire de cette phrase latine). V. note [2], lettre 50, pour François Pithou. Ses bons mots, recueillis dans le Pithœana (Amsterdam, 1740, v. note [2], lettre 50), ont inspiré en grande partie, voire en totalité, cet article du Patiniana (qui ne figure pas dans le manuscrit de Vienne) et les quatre suivants. V. note [1] du Patiniana I‑1 pour le démon familier de Jean Bodin. Gabriel Naudé a longuement disserté sur celui de Socrate (v. note [4], lettre 500) dans son Apologie pour tous les grands hommes qui ont été accusés de magie (Paris, 1625, v. note [5], lettre 608), pages 226‑229 de la réédition parue à Paris en 1669 :« Pour moi, je crois que l’on pourrait dire assez véritablement que ce démon familier de Socrate, qui lui était in rebus incertis prospectator, dubiis præmonitor, periculosis viator, {a} n’était autre que la bonne règle de sa vie, la sage conduite de ses actions, l’expérience qu’il avait des choses et le résultat de toutes ses vertus, qui formèrent en lui cette prudence, laquelle peut être à bon droit le lustre et l’assaisonnement de toutes les actions, l’équerre et la règle de toutes les affaires, l’œil qui tout voit, tout conduit et ordonne et, pour dire en un mot, l’art de la vie, comme la médecine est l’art de la santé. De sorte qu’il y a bien plus d’apparence de croire que l’âme de ce philosophe, autant épurée de ses passions plus violentes qu’enrichie de toutes sortes de vertus, était le vrai démon de sa conduite ; que non pas de s’imaginer qu’il se soit embarrassé parmi les illusions et fantômes, leur ait ajouté quelque foi, ou suivi leur conseil ; étant une chose du tout absurde, et laquelle Plutarque même semble nous vouloir déraciner de la fantaisie, quand il dit, au livre qu’il a composé sur ce démon, {b} que Socrate ne méprisait point les choses célestes comme les Athéniens lui voulurent persuader en sa condamnation, mais qu’il est bien vrai que beaucoup d’apparitions, de fables et choses superstitieuses s’étant glissées dans la philosophie de Pythagore {c} et de ses disciples, qui la rendaient totalement ridicule et contemptible, il s’efforça de la manier avec prudence, de la nettoyer de tous ces contes et de n’en croire que ce qu’il jugeait raisonnable. À quoi, si l’on ajoute que toutes ses actions ont été bonnes et qu’il n’avait d’autre but que d’acheminer son prochain par les sentiers de la vertu, je crois qu’il n’y aura nulle apparence de conclure que ce génie ait été un mauvais démon ; ce qu’il faudrait néanmoins croire puisqu’il ne peut avoir été un bon ange, vu que, ou il l’avait eu volontairement ou par permission divine, ce qui est un secret qui n’a point encore été révélé jusqu’ici, ou par la force de ses conjurations, lesquelles ne pouvaient être que vaines en ce temps-là, auquel les anges commandaient plutôt aux hommes et ne se maniaient pas avec tant de facilité que depuis la passion de Jésus-Christ, qui nous a tirés de la servitude du péché pour nous rendre compagnons des anges ; témoin ce qu’ils ne voulurent être adorés par saint Jean l’Évangéliste, comme ils l’avaient autrefois été par Abraham. » {d} |
47. |
« Bodin était sorcier, comme m’a raconté M. le président Fauchet, {a} qu’un jour ils parlaient d’aller ensemble, un escabeau {b} se remua, et Bodin dit : “ C’est mon bon ange qui dit qu’il n’y fait pas bon pour moi. ” |
48. |
Cette Sœur Augustine est intervenue dans un obscur épisode de la vie de Jacques i Cujas (mort en 1590, v. note [13], lettre 106). On la lit, sous forme d’une allusion laconique dans le Pithœana (page 502) : « J’ai brûlé le procès contre Monsieur Cujas pour le fait de sœur Augustine. » La Vie de Pierre Pithou ; avec quelques mémoires sur son père et ses frères de Pierre-Jean Grosley (1718-1785) {a} a donné quelques détails sur cette affaire, sans pour autant l’éclaircir (tome 2, pages 162‑163) : « François Pithou partagea en 1590 la douleur de son frère {b} sur la mort de Cujas. Ce grand homme, que l’on peut appeler le Descartes de la jurisprudence, leur était également attaché ; le commerce et les liaisons qu’il entretenait avec eux leur étaient communs ; cependant, il ne se souvint que de François dans le testament qu’il fit quelques heures avant sa mort. Ce dernier dut sans doute cette distinction à un service important qu’il lui avait rendu, ainsi qu’il nous l’apprend lui-même en ces termes : J’ai brûlé le procès de M. Cujas pour le fait de Sœur Augustine. Parmi une foule d’écrivains qui ont écrit la vie de Cujas, je n’en connais aucun qui ait parlé de ce fait, dont les circonstances détaillées ne peuvent rien diminuer de la gloire du grand Cujas. » {c} Cet article du Patiniana imprimé ne figure pas dans le manuscrit de Vienne. |
49. |
« Ne pouvant égaler un si grand père en intelligence, la fille a fait comme elle a pu avec son corps. » Les Éloges d’Antoine Teissier (Leyde, 1715, v. note [12] du Faux Patiniana II‑2) contiennent cette addition sur Jacques i Cujas (tome quatrième, pages 74‑75) : « Cujas épousa en 1557 Madeleine du Roure, fille de François, médecin d’Avignon, et en 1586, Gabrielle Hervé. Du premier mariage naquit Jacques < ii > Cujas, qui promettait beaucoup. En 1573, son père lui dédia ses quatre derniers traités sur l’Africain ; {a} mais Jacques < ii > Cujas mourut fort jeune et fort débauché. Du second mariage, Cujas eut une fille nommée Suzanne. On dit qu’il avait tiré l’horoscope de sa fille et qu’il souhaitait de pouvoir arrêter l’accouchement de sa femme parce que l’étoile n’était pas encore heureuse, ayant lu dans les astres que si sa femme mettait au monde un fils, il mourrait par les mains du bourreau, et que si elle accouchait d’une fille, cette fille serait prostituée. Mais M. Catherinot dit que c’est un conte qu’on a tiré de la Vie de Cardan, et qu’on a appliqué à Cujas. {b} Quoi qu’il en soit, Cujas ne vécut que quatre ans après la naissance de cette fille et ainsi, il n’eut pas le déplaisir de voir sa conduite déréglée. M. de Mérille fit cette épigramme sur l’impudicité de la fille de Cujas,Viderat immensos Cujaci nata labores |
50. |
« Commenter les œuvres de Cujas » est passé en proverbe (Dictionnaire étymologique, historique et anecdotique des Proverbes et des locutions de la langue française… de Pierre-Marie Quitard, Paris, P. Bertrand, 1842, in‑8o, page 280) : « Le célèbre juriste Cujas laissa en mourant une fille âgée de treize ans, {a} nommée Suzanne, laquelle fut bien loin d’être aussi chaste que sa patronne. {b} Le président de Thou, qui s’intéressait beaucoup à elle, se hâta de la marier, aussitôt qu’elle eut atteint sa quinzième année, pour prévenir les suites de son tempérament amoureux ; mais il ne put empêcher, dit Bayle, {c} qu’elle ne devançât le mariage ; et depuis ses noces, elle continua si ouvertement ses galanteries que son mari, qui était un honnête gentilhomme, en mourut de chagrin. Elle en épousa un autre, et alla de mal en pis. Les élèves en droit, qui étaient toujours bien reçus chez elle, désertaient l’école pour lui faire la cour. Ils appelaient cela commenter les œuvres de Cujas, et cette expression passa en proverbe pour désigner les privautés des écoliers avec la fille du maître. Le professeur de droit Edmond Mérille, dépité de voir Suzanne Cujas enlever tous les jours quelque étudiant à son cours, fit contre elle cette épigramme latine qui est assez bien tournée. » {d} |
51. |
Cette phrase se trouve à l’identique dans le Pithœana (page 503). Jacques i Cujas n’avait pas trouvé son bonheur, malgré leur titre, dans : Arnobii Aphri, vetusti pariter ac laudatissimi scriptoris in omnes Psalmos commentarii, iuxta pij ac eruditi. D. Erasmi Roterodami in autorem præfatio ad Adrianum vi Pont. Max. |
52. |
Aimar de Ranconnet (ou Rançonnet, Périgueux 1498-Paris 1559), fils d’un avocat au parlement de Bordeaux, devint lui-même conseiller en cette juridiction, puis monta à Paris, où il fut nommé président en la deuxième des Enquêtes. Il était réputé pour l’immense étendue de son savoir (Popoff, no 347). Pithœana (page 491) : « Les quatre plus grands hommes de notre siècle sont Cujas, Ranconnet, Scaliger,Turnèbe ; {a} le reste ne sont que vendeurs de coquilles. {b} […] Ranconnet était pauvre et servit quasi de correcteur à Robert i et à Charles Estienne. Le Dictionnaire de Charles Estienne est de lui. {c} Sa fille est morte sur un fumier, son fils exécuté, sa femme du tonnerre, {d} et lui en prison. Jacques-Auguste i de Thou a aussi rendu hommage à cet extraordinaire personnage (Thou fr, livre iii, année 1559, règne de François ii, volume 3, pages 417‑418) : « Une littérature universelle, une connaissance exacte de l’Antiquité sacrée et profane, et de toutes les sciences, sans en excepter aucune, faisaient avec justice admirer Ranconnet. Il possédait au plus haut degré toutes ces sciences, dont une seule eût rendu le nom d’un autre illustre à la postérité. Il fut le premier qui puisa dans les sources du droit romain. Son goût par rapport aux belles-lettres se forma par la lecture des auteurs grecs et latins. Il savait à fond la philosophie et les mathématiques : rien n’échappait à la vivacité de son esprit et à la justesse de son jugement. Il fut d’abord conseiller au parlement de Bordeaux et eut ensuite une charge de second président aux Enquêtes {a} du Parlement de Paris, qu’il exerça avec une grande réputation ; jusqu’à ce que, nos démêlés sur la foi ayant excité des troubles, il fut enveloppé dans les malheurs où tant de grands hommes se trouvèrent engagés ; quoique le crime énorme, qu’on lui imputa faussement, n’eût aucun rapport à la religion. {b} Ayant été conduit à la Bastille (comme il l’avait prévu depuis longtemps, par la connaissance qu’il avait de l’astrologie judiciaire, qu’il avait étudiée avec Jérôme Cardan), il y finit ses jours à l’âge de plus de soixante ans, par un genre de mort extraordinaire. {c} Barnabé Brisson, « seigneur de La Boissière, né à Fontenay-le-Comte, en Poitou, fut d’abord avocat plaidant au Parlement de Paris, où il se distingua tant que le roi le pourvut, l’an 1570, de la charge d’avocat général au même Parlement, qu’il exerça jusqu’au < blanc > août 1580, qu’il fut reçu président à mortier. Il fut contraint par les ligueurs de prendre la charge de premier président d’Achille de Harlay, prisonnier à la Bastille [v. note [19], lettre 469]. Les plus furieux de la Ligue se saisirent de lui et l’enfermèrent en prison où < ils > l’étranglèrent cruellement, il mourut le 13 novembre 1591 » (Popoff, no 68). V. note [57] du Borboniana 10 manuscrit pour la manière dont la veuve du président Brisson vengea l’inique exécution de son mari. Les raisons et le circonstances de sa sinistre fin se lisent en grand détail dans Thou fr, livre cii, année 1591, règne de Henri iv (volume 11, pages 440‑444) : il fut « pendu à une échelle attachée à une poutre » avec deux de ses collègues ; puis « les corps de ces trois magistrats ayant été tirés le lendemain de la prison, furent attachés à trois gibets devant l’Hôtel de Ville, dans la place de Grève, avec des écriteaux contenant des faussetés. Après avoir été exposés pendant deux jours à la fureur de la populace, enfin, quelques amis les enlevèrent durant la nuit et leur donnèrent la sépulture. »« Ses Formules sont de Ranconnet » (Pithœana, page 492) : Brisson a laissé plusieurs ouvrages dont les De Formulis et sollemnibus populi Romani verbis libri viii [Huit livres des Formules et des expressions coutumières du peuple romain] (Paris, Sébastien Nivelle, 1583, in‑fo), précieux et copieux lexique pourvu de deux index. Mon œil s’est arrêté sur cette limpide explication du mot Vale qui se lit communément à la fin des lettres latines (page 846) : Atque ut Epistolarum principiis salutem adcribere moris erat, ita et eas publico et communi verbo vale claudebant. Quod quia notius est quam ut exemplis firmari debeat, unum Ovidium testem citabo qui lib. v. Trist. Eleg. xiii.Accipe, ait, quo semper finitur epistola, verbo, L’intérêt de Guy Patin pour Ranconnet venait peut-être de ce que lui en avait raconté Nicolas Bourbon : v. notes [61] et [62] du Borboniana 5 manuscrit. Cet article du Patiniana imprimé ne figure pas dans le manuscrit de Vienne. |
53. |
Pithœana (page 493) : « Ranconnet fut mis en prison à cause que le cardinal de Lorraine, {a} voulant reconnaître les opinions de la Cour {b} touchant les punitions des hérétiques, la fit assembler ; et là, Ranconnet porta Sulpice Sévère et leur lut le lieu là où il est parlé du fait de Trèves de Priscillian en la Vie de saint Martin. » Une note de Pierre Des Maizeaux, éditeur du Pithœana (pages 493‑494) précise les faits : « Sulpice Sévère {a} nous apprend que saint Martin, {b} étant allé à Trèves, {c} s’opposa à la violence d’Ithacius et de quelques autres évêques qui persécutaient les hérétiques, {d} et qu’il supplia l’empereur Maxime {e} de ne pas répandre le sang des ces malheureux. Il ajoute que tant que saint Martin demeura à Trèves, on ne procéda point contre eux, et que lorsqu’il partit, il fit promettre à Maxime qu’il ne les ferait point mourir ; mais qu’après son départ, Magnus et Ruffin, {f} évêques, ayant perverti ce prince, il condamna à la mort Priscillien et ceux de son parti, lesquels furent exécutés. Sulpice Sévère remarque ensuite que la mort de Priscillien, bien loin d’éteindre l’hérésie, ne fit que lui donner de nouvelles forces ; et que ceux qui avaient regardé Priscillien comme un saint pendant sa vie l’honorèrent comme un martyr après sa mort. » {g} Le président de Thou a écarté la responsabilité de cette audace religieuse de Ranconnet comme cause de son fatal emprisonnement (v. 2e notule {b}, note [52] supra) ; il faut donc s’en tenir à l’accusation (réputée injuste) de mœurs inavouables (incestueuses). |
54. |
Cet article du Patiniana imprimé ne figure pas dans le manuscrit de Vienne. Il reprend mot pour mot du Pithœana (pages 512‑513), mais elle est tronquée en deux endroits. Voici le texte exact de l’écriteau que les Alde (Aldo Manuzio et son fils Paolo, v. note [16], lettre latine 38) avaient placé à l’entrée de leur imprimerie vénitienne : Quisquis es : rogat te Aldus etiam : |
55. |
« Le Commentaire sur les Épîtres ad Atticum de Manuce, {a} est de Janus Parrhasius. » {b} |
56. |
Dans sa section intitulée Quelques mots de M. Le Fèvre, {a} précepteur du roi Louis xiii, le Pithœana relate différemment (mais de manière plus confuse) la même anecdote (pages 519‑520) : « Lui demandant si l’Eunapius Rhetor de l’Histoire des Huns était perdu, {b} et que le P. Sirmond m’avait dit qu’il avait un mémoire de Fulvius Ursinus des livres manuscrits des bibliothèques d’Italie, là où cet Eunape était, mais que Fulvius ne marquait que la première lettre de la Bibliothèque du Vatican, et l’avait demandé (étant en délibération de le faire imprimer) au cardinal Sirlet, {c} qui était bibliothécaire, lequel lui dit que le pape l’avait défendu, et que c’était un libro empio e scelerato. » {d} Cet article du Patiniana imprimé ne figure pas dans le manuscrit de Vienne. |
57. |
Les deux derniers articles du Patiniana ne se lisent ni dans le manuscrit de Vienne ni dans le Pithœana.
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58. |
« de savoir s’il a montré plus de talent à écrire ou plus de bonheur à faire des enfants » : v. notule {c}, note [6], lettre 159. |